Dieu est-il un tyran ou un
libertaire à notre égard ? Impose-t-Il sa loi à tous les hommes sans que
ces derniers ne puissent ne rien faire pour se défaire de son emprise ? Ou
leur accorde-t-Il toute liberté sans leur imposer la moindre contrainte si ce n’est
celle de la nature ou de leur imagination ? Dans les deux cas, Il n’est
guère Celui qui aime. Le tyran comme le libertaire n’aiment guère ceux qu’Il
soumet soit à sa tyrannie soit à leurs propres envies.
Dieu veut nous sauver d'un désir infini
Dieu veut nous sauver d'un désir infini
Certes, Dieu est
Tout-puissant et nul ne peut résister à sa volonté. Sa souveraineté est sans
limite et qui pourrait la contester ? Dieu veut la sanctification de tous
les hommes. Selon notre Credo, qui remonte aux premiers temps du christianisme,
nous professons que Notre Seigneur Jésus-Christ est mort pour sauver tous les
hommes. Pourtant tous les hommes
sont-ils sauvés ? Le Verbe est venu ici-bas et Il n’a pas été reçu. Non,
il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Dans la prière que Notre Seigneur
Jésus-Christ nous a laissée, la prière par excellence de tout chrétien, que
disons-nous ? Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel
! Nos paroles remettent-elles en cause la toute-puissance de Dieu ? Quelle folle pensée ! Nous exprimons à
Notre Père notre désir de soumettre notre volonté à la sienne et celle de
toutes les créatures. Pourtant, tout est soumis à Dieu. Les choses
pourraient-elles vraiment se faire hors de la volonté de Dieu ? Non,
évidemment. En Dieu il n’y a ni impuissance ni ignorance. Il est la perfection
même. Que signifie donc cette demande ?
Y aurait-il contradiction ?
La volonté divine de
sauver tous les hommes est un désir de Dieu au sens où Dieu le souhaite mais ne
l’impose pas. Dans la prière du Pater, nous demandons que ses souhaits se
réalisent, en particulier en nous. Dieu aurait-Il des désirs ou des souhaits
comme tout homme ? Nous ne pouvons guère parler de Dieu sans user de notre
vocabulaire et de notre façon de parler. Nous n’avons pas d’autres moyens de
nous exprimer. Pauvres et misérables moyens dont nous disposons…
Quand un ange vient
présenter sa salutation à Sainte Marie et lui annonce le divin mystère de
l’Incarnation, elle lui répond par un fiat. « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon sa
parole. »(Luc, I, 38) Et par sa réponse, le mystère peut s’accomplir. Elle
aurait pu dire non. Abraham aurait pu refuser de sacrifier son fils. Jérusalem
aurait pu ne pas être détruite ni par Nabuchodonosor ni par les troupes
romaines si la volonté de Dieu était de la préserver comme Il l’a souvent dit. Quand Notre Seigneur « fut proche de Jérusalem, à la vue de cette
ville, il pleura sur elle » (Luc, XIX, 41). Que signifieraient
ces larmes si elles ne venaient pas d’un cœur désireux de la sauver tout
en voyant sa perte « parce que tu
n’as pas connu le temps où tu as été visitée. » (Luc, XIX, 44) Si Dieu
avait voulu, tout cela n’aurait pas eu lieu. Sa volonté aurait été faite sans
aucune difficulté. « Le Verbe était
la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. Il était dans le
monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a point connu. Il est
venu dans son héritage, et les siens ne l’ont pas reçu. » (Jean,
I, 9-11) Sans liberté en l’homme, l’histoire de la chute et de la Rédemption n’aurait
pas eu lieu. « A tous ceux qui l’ont
reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants
de Dieu » (Jean, I, 13).
Imaginons un époux et son
épouse. S’ils s’aiment vraiment, l’un ne cherche-t-il pas à toujours répondre à
la volonté de l’autre ? Que l’un des deux ait soif, l’autre ne voudrait-il
pas étancher sa soif ? L’un est épuisé, l’autre ne voudrait pas lui
apporter le réconfort dont il a besoin ? Dans une véritable amitié, y
a-t-il la place à l’ordre et au commandement ?
La logique de Calvin est
sans faille. Si Dieu est tout-puissant tel qu’il l’entend, l’homme ne mérite
rien, ses œuvres sont sans mérite. De même, Luther peut accuser la folle
prétention humaine de vouloir gagner son salut s’il pense qu’il n’est qu’un
être corrompu. Mais c’est finalement oublier que Dieu peut émettre des désirs. Tout
en Lui n’est pas volonté absolue. Le désir n’est pas incompatible à la
puissance. Il est aussi puissant pour proposer sans imposer, appeler sans être
entendu, parler sans être écouté.
Si on ne L’entend pas, si
on ne L’écoute pas, si on Lui désobéit, est-ce la faute de Dieu ? Est-ce
de sa faute que les Hébreux aient murmuré dans le désert, que David et Salomon
aient péché, que des Juifs aient adoré Balaam ? Est-ce de sa faute que
Judas ait trahi Notre Seigneur Jésus-Christ et que des Juifs n’aient pas voulu
Le suivre ? Pire encore. Si sa volonté s’imposait en toute circonstance,
Dieu serait sans aucun doute l’auteur de nos péchés. Emporté dans leur logique,
certains Luthériens ont prêché cette abomination, affirmant que le mal comme le
bien venaient de Dieu. Effectivement, si l’homme n’a aucune liberté, comment
pourrait-on lui rendre responsable des maux qui l’accablent ?
Dieu impose-t-il les
vérités de foi ? Saint Jean nous le dit bien. Ce sont ceux qui L’ont reçu qui
peuvent devenir ses enfants. Écoutant parler Notre Seigneur Jésus-Christ, une
femme est admirative. « Heureux le
sein qui vous a porté, et les mamelles que vous avez sucées ! ».
Mais Il lui répond : « Heureux
plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ! »(Luc,
XI, 27-28) Que signifieraient ces paroles si l’homme n’avait aucune
liberté ? Que signifierait même croire si Dieu imposait notre
croyance sans que nous puissions rien dire ?
Dieu désire notre salut, Il ne l'impose pas
Dieu désire notre salut, Il ne l'impose pas
Dieu nous propose les
vérités de foi à croire et Il veut que nous y croyions. Il veut qu’elles soient
crues par tous les hommes sans néanmoins les imposer à leur âme. « Dieu ne nous signifie sa volonté que comme
un désir de sa part, c’est-à-dire sans un vouloir absolu. »[1]
Cela explique pourquoi certains croient, d’autres non. Nous pouvons Lui obéir
ou Lui désobéir, lui être fidèles ou nous égarer dans notre propre vision du
monde. Comprenons bien que si Dieu voulait absolument, nous ne pourrions que connaître
et non croire.
Dieu nous permet de Lui résister
par désobéissance, même s’Il veut que nous Le suivions par obéissance. « Il veut que nous puissions résister, Il
désire que nous ne résistions pas ; il permet néanmoins que nous
résistions si nous le voulions. »[2]
Lorsque nous résistons, Dieu n’y est pour rien. C’est parce que nous sommes libres que nous pouvons résister. La
résistance manifeste notre liberté car Dieu nous permet de laisser notre
volonté à notre libre-arbitre. La multiplicité des croyances et des religions
traduisent la capacité humaine d’agir selon sa volonté. Dieu le permet. Il
laisse faire. Mais quand Dieu désire que nous suivions sa volonté, « il appelle, exhorte, incite, inspire,
il vient à notre aide et nous secourt. »[3]
Quand il appelle les ouvriers à sa vigne, le père de famille ne leur impose pas
le travail. Ils viennent parce qu’ils acceptent d’être embauchés mais avant
d’être embauchés, faut-il qu’ils soient appelés.
La volonté de Dieu de nous
sauver ne relève pas de sa volonté absolue mais bien d’un véritable désir. Et
pour que son désir soit réalisé, Dieu nous donne tous les moyens nécessaires. Le
médecin veut que nous guérissions. Pour cela, il nous fournit les remèdes
nécessaires et nous impose parfois un régime draconien. Mais en fait, il
n’exprime qu’un désir. Nous pouvons ne pas l’écouter et vivre sans ses remèdes
et sans suivre le régime. Si nous résistons à ses préconisations, le mal risque
d’empirer et la dégradation de notre état, nous ne la devrons qu’à nous-mêmes.
C’est parce que Dieu désire notre salut qu’Il nous en donne les moyens. Là se
manifeste toute sa volonté. Et non seulement Il nous éclaire de sa lumière mais
Il nous réchauffe, nous soutient jusqu’au jour où la lumière nous embrasera.
Aucun moyen ne nous manque pour que nous suivions sa voie jusqu’au bout. Mais,
par notre seule volonté, nous pouvons prendre un autre chemin et nous cacher de
sa lumière. Il suffit de se détourner de Lui…
Ainsi la volonté de salut
que Dieu a souvent exprimée est une vraie volonté. Il nous accorde suffisamment
de grâces pour que nous parvenions au bonheur éternel sans cependant agir
contre notre nature. Sa bonté nous sauve, notre mépris nous condamne.
Dieu nous donne tous les moyens pour nous sauver
Dieu nous donne tous les moyens pour nous sauver
Cependant, pour être
sauvé, il ne suffit pas de vouloir être sauvés et d’en prendre les moyens. Il
faut aussi recevoir toutes les grâces qu’Il nous a préparées pour nous et qu’Il
nous offre. « Il faut, avec la plus
ferme résolution, vouloir et saisir les grâces que Dieu nous réserve. Notre
volonté doit en effet correspondre en toutes choses à celles de Dieu. La
volonté divine veut nous sauver, nous le voulons aussi ; elle nous montre
les moyens, nous voulons les prendre ; elle nous offre ses grâces, à nous
de les faire nôtres, puisque nous désirons le salut, comme elle le désire pour
nous, et parce qu’elle le désire » [4].
Le salut est ainsi l’union de deux volontés, l’une qui propose, l’autre qui s’y
soumet librement. La volonté de Dieu est première, gratuite, miséricordieuse.
Sans elle, point de salut. La volonté de l’homme est une réponse à celle de
Dieu. Nous dirions même que le salut résulte de la rencontre et de l’union de deux
désirs.
Mais un désir est toujours
précédé d’un amour. On ne désire que ce que l’on n'aime pas. Si Dieu désire notre
salut, c’est qu’Il nous aime. Si nous résistons à son désir, c’est que nous ne
désirons pas son salut, que nous L'aimons pas. Et c’est l’amour qui porte la volonté à se soumettre à
celle de Dieu. Pourquoi l’homme ne désire pas son salut ? Pourquoi sa
volonté rejette-t-elle le désir de Dieu ? Parce que l’amour n’habite pas
en lui. Pour comprendre cela, nous devons nous pencher plus longuement sur la
volonté et le désir…
Qu'est-ce que la volonté ?
Qu'est-ce que la volonté ?
Nous ne pouvons pas parler
de la volonté sans parler du bien. C’est même parce que nous sommes attirés à
un bien que nous le voulions. Le bien est souvent défini par ce que chacun
désire. Mais la volonté est aussi la faculté qui tend au bien, du moins à ce
qu’elle tient pour tel. « La volonté
donc, apercevant le bien que lui indique l’intelligence, éprouve aussitôt un
certain plaisir, une certaine complaisance, qui la font se mouvoir et incliner
doucement mais puissamment vers ce bien qu’elle aime, afin de s’unir à lui. Et
pour parvenir à cette union, l’intelligence se met en quête des moyens les plus
appropriés. » [5]
Il y a une telle convenance entre la volonté et le bien qu’elle génère de la « complaisance » qui elle-même meut
la volonté et, dans un mouvement qui tend à l’y unir, la pousse vers le bien.
Tel est l’amour.
L’amour n’est ni la
volonté elle-même ni la complaisance. « Le véritable amour, c’est le mouvement et l’écoulement du cœur dans ce
qui est aimé. » [6]
Certes sans complaisance, il n’y a pas d’amour. Elle naît en elle et ne peut
durer sans elle sans se confondre avec elle. Le mouvement dure jusqu’à la
jouissance de l’union.
Qu'est-ce que le désir ?
Qu'est-ce que le désir ?
On parle de désir quand le
bien se trouve éloigné ou absent, ou que l’union ne peut se réaliser autant
qu’on le souhaiterait. Le désir est le mouvement d’amour par lequel le cœur
aspire à cet objet absent. « Le
désir n’est pas autre chose que l’appétit ou la convoitise des choses que nous
n’avons pas, mais que nous aimerions avoir.»[7] L’amour procure de la joie si le bien est atteint, de l’espérance quand on
estime pouvoir l’obtenir sinon le désespoir. Il procure de la crainte quand on
fuit ce qui lui est contraire. Si ce qui lui est contraire advient, il y a
tristesse. Si l’objet est considéré comme un mal, nous le haïssons. Il n’y a
plus mouvement vers l’union mais recul pour s’en éloigner. Si le mal est
présent, la tristesse est là. Toutes ces sentiments, amour, désir espérance,
désespoir, haine, tristesse, etc. sont des passions ou des émotions qui meuvent
la volonté. Toutes ont affaire
avec le bien ou le mal [8],
ou estimées comme tel. Mais comme nous l’avons dit, le bien et le mal meuvent
la volonté tant que la volonté veuille bien y consentir. Tant qu’elle ne
consente pas, la volonté domine. Et lorsqu’elle consente à une passion, c’est
elle qui la domine.
Si les biens sont inatteignables, le désir n’est qu’une velléité, des vœux sans lendemain. Et lorsqu’elle prend conscience de cette impossibilité ou de l’extrême difficulté à les atteindre, la volonté cesse tout mouvement. Un désir peut aussi s’arrêter quand il demeure incompatible avec un autre plus fort. Le désir de ne pas rendre malade son ami peut être supérieur au désir de l’embrasser.Une volonté est donc gouvernée par un amour mais « la volonté n’aime que ce qu’elle veut aimer »[9]. Mais lorsqu’elle s’attache à un amour, c’est ce dernier qui s’empare d’elle et elle s’y soumet tant que cet amour subsiste en elle. Mais la volonté peut aussi s’en défaire pour s’attacher à un autre. Si l’homme résiste aux désirs de Dieu, c’est que sa volonté ne veut point se détacher d’un autre amour, l’amour de soi et du monde par exemple.
Si les biens sont inatteignables, le désir n’est qu’une velléité, des vœux sans lendemain. Et lorsqu’elle prend conscience de cette impossibilité ou de l’extrême difficulté à les atteindre, la volonté cesse tout mouvement. Un désir peut aussi s’arrêter quand il demeure incompatible avec un autre plus fort. Le désir de ne pas rendre malade son ami peut être supérieur au désir de l’embrasser.Une volonté est donc gouvernée par un amour mais « la volonté n’aime que ce qu’elle veut aimer »[9]. Mais lorsqu’elle s’attache à un amour, c’est ce dernier qui s’empare d’elle et elle s’y soumet tant que cet amour subsiste en elle. Mais la volonté peut aussi s’en défaire pour s’attacher à un autre. Si l’homme résiste aux désirs de Dieu, c’est que sa volonté ne veut point se détacher d’un autre amour, l’amour de soi et du monde par exemple.
Ainsi la volonté se lie à
un bien au point de chercher tous les moyens pour parvenir à atteindre ce bien
et à s’y unir. Elle se meut tant qu’elle ne parvient pas à cette union,
c’est-à-dire tant que le bien lui est absent. Le désir meut donc la volonté
tant que l’union n’est pas réalisée. Mais la volonté n’est qu’une faculté.
C’est bien l’homme qui par sa volonté se porte au bien. Quand nous parlons
d’union entre la volonté et le bien, nous désignons en fait l’union de l’homme qui
exerce sa volonté avec ce qu’il considère comme un bien. L’affinité entre
l’amant et la chose aimée est la source de l’amour comme sa finalité consiste
dans leur union.
Aimer Dieu, se conformer à sa volonté
Aimer Dieu, se conformer à sa volonté
Si l’homme voit en Dieu un
bien, son cœur cherchera à se conformer à Lui, c’est-à-dire à s’unir à Lui de
manière à n’être qu’un. Pendant des siècles, on a enseigné que cet amour à
l’égard de Dieu est naturel. Comme nous l’avons déjà vu, l’athéisme est une
notion nouvelle dans l’histoire des hommes alors que l’idée de religion était
aussi vieille et répandue sur terre que l’homme lui-même. Mais l’idée d’une
inclination naturelle de l’homme vers Dieu est aujourd’hui combattue ou plutôt
méprisée ; on n’en parle même plus.
Mais en nous, cet amour de
Dieu n’est qu’imparfait. Nous sentons en nous cette volonté de tendre vers Dieu
mais elle est impuissante dès le commencement. « Ce n’est qu’un certain vouloir, sans vouloir, un vouloir qui voudrait
mais qui ne veut pas, un vouloir
stérile, un vouloir sans effet »[10].
Cette impuissance vient de notre nature blessée par le péché originel. Laissés
à nos seules forces, nous ne pouvons donc pas aimer Dieu autant que nous
voudrions, c’est-à-dire par-dessus tout. Cette inclination n’est pas rien. Elle
peut être un moyen pour Dieu de nous attirer à Lui plus facilement.
Dieu nous aime
Notre amour à l’égard de Dieu, s’il est naturel, demeure ainsi bien imparfait. Mais Dieu aime l’homme. Notre Seigneur Jésus-Christ est mort pour nous sauver ! Quelle plus belle preuve d’amour que de livrer sa vie pour d’autres ? Que faut-il de plus pour le prouver ? Quel autre témoignage faut-il donner ? Parce que Dieu nous aime, Dieu veut nous sauver. Son amour nous conduit donc à notre salut. Mais par le salut, Il nous ouvre son cœur. Notre salut nous conduit à son amour. Et pour ceux qui ne comprennent pas, Il nous demande expressément de L’aimer et de L’aimer par-dessus tout. Or l’amour tend à l’union. Dieu veut nous unir à Lui ! Tel est son désir.
Dieu nous aime
Notre amour à l’égard de Dieu, s’il est naturel, demeure ainsi bien imparfait. Mais Dieu aime l’homme. Notre Seigneur Jésus-Christ est mort pour nous sauver ! Quelle plus belle preuve d’amour que de livrer sa vie pour d’autres ? Que faut-il de plus pour le prouver ? Quel autre témoignage faut-il donner ? Parce que Dieu nous aime, Dieu veut nous sauver. Son amour nous conduit donc à notre salut. Mais par le salut, Il nous ouvre son cœur. Notre salut nous conduit à son amour. Et pour ceux qui ne comprennent pas, Il nous demande expressément de L’aimer et de L’aimer par-dessus tout. Or l’amour tend à l’union. Dieu veut nous unir à Lui ! Tel est son désir.
Or comment pouvons-nous
L’aimer si naturellement nous ne pouvons que L’aimer imparfaitement ?
L’amour n’aime guère la demi-mesure. Il tend à croître puisque sa fin est de
parvenir à l’union. Il embrase le cœur et Le pousse à l’unir à l’être aimé tant
que ce désir se maintient en lui et domine sur tout autre désir.
Et puisque Dieu veut nous
unir à Lui, Il nous en donne aussi les moyens. « Il ne se contente pas de faire connaître à tous son extrême désir que
nous l’aimions, de telle sorte que tout le monde le sache. Il va même jusqu’à
frapper de porte en porte »[11] pour témoigner toutes sortes de bontés. Il
nous donne tout ce qu’Il faut pour L’aimer et même au-delà du juste suffisant.
Son amour n’a pas de limite. Il met tout en œuvre. Or qui pourrait résister à
son amour si ce n’est le refus de l’être aimé ?
Le bon samaritain |
Notre Seigneur a témoigné
tant d’amour lorsqu’Il était près des siens que nous pouvons ne rien comprendre
à l’aveuglement de beaucoup de Juifs. Les miracles n’ont pas suffit pour leur
ouvrir leurs esprits. La Sainte Écriture leur a été sourde et donc inutile. Que
de signes et de faveurs ! Dieu ne les a pourtant pas exclus de son
amour. Notre Seigneur Jésus-Christ est aussi mort pour eux. Dieu ne les a pas
rejetés, ce sont eux qui L’ont rejeté. Dieu était à la porte. Ils n’ont jamais
voulu Lui ouvrir. Ils ont préféré s’enfermer dans leur certitude que de
s’ouvrir à la miséricorde de Dieu et à se conformer à sa volonté. « Nous recevons la grâce de Dieu en vain,
lorsque nous la maintenons à la porte de notre cœur, sans que notre cœur y
consente. »[12] Parce que libres, nous avons mal usé de notre liberté. Mais ce qu’il s’est
passé en terre sainte il y a plus de 2000 ans se répète chaque jour…
L’abîme sépare l’homme de
Dieu. Notre misère est grande. Et cet abîme a été comblé par une chose qui
devrait non seulement nous effrayer mais aussi et surtout nous réjouir. Notre Seigneur
Jésus-Christ est mort pour sauver tous les hommes. Quel plus beau témoignage
d’amour ! Que le sang versé pour nous ne soit pas vain ! Soyons
toujours attentifs aux grâces divines. Nul n’est condamné si ce n’est pas
lui-même...
Notes et références
[1] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre VIII, chap. III, n°627.
[2] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre VIII, chap. III, n°627.
[3] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre VIII, chap. III, n°627.
[4] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre VIII, chap. III, n°635.
[5] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre I, chap. VII, n°68.
[6] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre I, chap. VII, n°70.
[7] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre I, chap. VII, n°72.
[8] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre I, chap. III, n°49.
[9] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre I, chap. I, n°55.
[10] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre I, chap. XVII, n°128.
[11] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre II, chap. VIII, n°172.
[12] Saint François de Salle, Traité de l’Amour de Dieu, livre II, chap. XI, n°184.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire