Comment
pourrions-nous professer notre foi sans parler des miracles tant ils sont
présents dans la Sainte Écriture et dans notre histoire ? Est-il possible
aussi de témoigner de Notre Seigneur Jésus-Christ sans raconter ses œuvres
miraculeuses ? Pourrions-nous les négliger quand Notre Seigneur
Jésus-Christ Lui-même leur accorde une réelle importance ? Après avoir
défini dans l’article précédent ce qu’est un miracle, nous allons nous pencher
davantage sur les miracles du Nouveau Testament et sur leur importance.
Des miracles très présents dans le Nouveau Testament
En
lisant les textes sacrés du Nouveau Testament, nous pouvons déjà faire un
constat : nous ne pouvons pas ignorer les miracles tant ils sont nombreux.
Selon les auteurs, les Évangiles relatent 38, 39 ou 41
miracles distincts. Rappelons aussi que les évangélistes ne rapportent pas tous
les miracles que Notre Seigneur Jésus-Christ a accomplis. « Jésus a fait encore en présence de ses
disciples beaucoup d’autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre. »
(Jean,
XX, 30) Les négliger ou les oublier revient donc à mutiler de manière
conséquente les Évangiles. Peuvent-ils même être compréhensibles si nous
les omettons ?
Des
miracles dont Jésus-Christ est l’objet
Ce
sont ceux que Dieu a accomplis en sa faveur. Nous pouvons citer l’apparition
des Anges, l’étoile des Mages, sa conception virginale, la descente du
Saint-Esprit au moment de son baptême, la transfiguration sur une haute
montagne, l’obscurcissement du soleil et le tremblement de terre qui ont eu
lieu à sa mort, etc.
Des
miracles de Notre Seigneur Jésus-Christ
Peinture médiévale serbe (Dečani) |
Ce
sont les miracles, les plus nombreux, dont Notre Seigneur Jésus-Christ est
l’agent. Saint Thomas d’Aquin les regroupe en quatre catégories selon les
genres de créatures concernées. Certains miracles sont accomplis sur des êtres
dénués de raison, et plus précisément sur des éléments naturels. Ce sont des
miracles d’ordre physique. L’eau est changée en vin à Cana. Une tempête est
apaisée. Des pains et des poissons se multiplient. Un figuier se dessèche. A
deux reprises, une pêche est miraculeuse.
D’autres
sont réalisés sur des hommes. La plupart sont des guérisons miraculeuses. Notre
Seigneur Jésus-Christ guérit le fils de l’officier royal, la belle-mère de Simon,
des lépreux, le paralytique de Capharnaüm, l’homme à la main desséchée, le
serviteur du Centurion, la femme atteinte d’hémorroïsse, la fille de la
Cananéenne, le sourd-muet, des aveugles, un hydropique, l’infirme de la piscine
probatique, Malchus à Gethsémani.
D’autres
encore portent sur des morts comme le fils de la veuve de Naïm, la fille de
Jaïre et Lazare.
Jésus-Christ guérissant un jeune possédé du Démon (Forestier XIXe) |
Enfin,
les démons sont la cible de certains miracles. Notre Seigneur Jésus-Christ
chasse des possédés dans la synagogue de Capharnaüm, dans le pays des
Gadaréniens, un démoniaque muet sans oublier ceux qui possédaient un enfant et
une femme.
N’oublions
pas enfin le plus grand des miracles : la Résurrection de notre Seigneur
Jésus-Christ …
Des
miracles au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ
Enfin,
des miracles ont été accomplis par les Apôtres en son nom. Saint Pierre nous
explique que c’est par Lui qu’il opère de tels prodiges. « Hommes d’Israël, pourquoi vous étonnez-vous
de ceci, ou pourquoi nous regardez-nous, comme si c’était par notre seul vertu
ou par notre puissance que nous avons fait marcher cet homme ? […] Or
c’est par la foi de son nom, que son nom a affermi cet homme que vous voyez et
connaissez, et c’est la foi qui vient par lui qui a opéré, en votre présence,
cette entière guérison. » (Ac., III, 12-16) Notre Seigneur
Jésus-Christ nous a prévenus. Il peut communiquer son pouvoir à ceux qui
croient en Lui. Ils réaliseront même de plus grands prodiges.
Différents
modes d’action
Giotto, La Résurrection de Lazare,
Cappelle degli Scrovegni, Padoue
|
Nous
pouvons aussi classer les miracles selon les modes d’action. Notre Seigneur
Jésus-Christ se sert parfois d’un élément naturel pour guérir des malades. Un
muet et un aveugle sont guéris par l’implication d’un peu de salive.
Le
corps est aussi l’instrument des miracles. L’imposition des mains est souvent
utilisée. « On lui amena un sourd,
et on le suppliait de lui imposer les mains. Le tirant de la foule à l’écart, il
lui mit les doigts dans les oreilles, et toucha sa langue avec la salive ;
puis levant les yeux au ciel, il soupira et dit : Ephétha,
c’est-à-dire ouvre-toi. Et aussitôt ses oreilles s‘ouvrirent, et le lien de sa
langue se rompit, et il parlait distinctement. » (Marc, VII, 32-35) Un
« toucher » guérit aussitôt
la femme malade.
Une
simple parole, parfois un ordre, peut également être à l’origine d’un prodige. « Lève-toi, prends ton grabat et marche. Et
aussitôt cet homme fut guéri, et il prit son grabat et il marchait. »
(Jean,
V, 8-9)
Enfin,
le simple fait de vouloir suffit même pour provoquer le miracle. « Il s’approcha, toucha le cercueil [...], et
il dit : « jeune homme, lève-toi, je te le commande,
lève-toi. » Et celui qui était mort se mit sur son séant, et commença à
parler ; et Jésus le rendit à sa mère. » (Luc, VII, 14-16)
Notre Seigneur Jésus-Christ
guérissant l'aveugle.
Détail. Nicolas Poussin. XVIIe.
|
Plus
rarement, Notre Seigneur Jésus-Christ agit à distance comme dans le cas du fils
du Centurion. « Dites seulement une
parole et mon serviteur sera guéri. » (Matth., VIII, 8)
Dans
tous ces nombreux miracles, nous constatons l’absence de préparation et de
traitement. Tout est spontané, d’une grande simplicité, sans artifice, sans
éclat. Les guérisons sont subites et définitives. Notre Seigneur Jésus-Christ
agit parfaitement en maître. Contrairement aux miracles de l’Ancien Testament, Il
exerce directement un pouvoir comme un souverain et non comme un délégué de
Dieu. Ce pouvoir, Il a la capacité de le transmettre à ses disciples. « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui
qui croit en moi fera aussi lui-même les œuvres que je fais, et il en fera de
plus grandes encore » (Jean, XIV, 12). Il est maître de sa
puissance.
De
l’étonnement à l’envie
Les
miracles de Notre Seigneur Jésus-Christ provoquent deux attitudes de la part de
ceux qui en sont témoins.
La
plupart des gens sont étonnés, stupéfaits, éblouis par ce qu’ils voient.
« Jamais rien de semblable ne s’est
vu en Israël. » (Matth., IX, 33) La foule
enthousiaste Le suit et Le recherche, avide de recevoir ses bienfaits. « Des troupes nombreuses venaient pour
l’écouter et pour être guéries de leurs maladies. » (Luc,
V, 15) Notre Seigneur Jésus-Christ devient ainsi très réputé. « Et sa renommée se répandit promptement dans
tout le pays de Galilée. » (Marc, I, 28)
Pourtant,
Notre Seigneur tente de freiner cet enthousiasme. Après la guérison d’un
sourd-muet, « il leur défendit de le
dire à personne, plus il défendait, plus ils le publiaient, et plus ils étaient
dans l’admiration » (Marc, VII, 36-37) Il parvient aussi
à se défaire de la foule qui l’entoure et le presse. « Il se retirait au désert, et priait. »
(Luc,
V, 16)
C’est
aussi à cause de ses miracles que les ennemis de Notre Seigneur Jésus-Christ se
manifestent. « Maître, nous voulons
voir un miracle de vous.» (Matth., XII, 38) Cette curiosité se
transforme en envie. Au lieu d’en être enthousiasmés, ils cherchent en effet à
retourner les miracles contre Lui. « Celui-ci
ne chasse les démons que par Béelzébuth, prince des démons. »(Matth.,
XII, 24) Leur attitude devient presque ridicule. « Cet homme n’est pas de Dieu, puisqu’il ne garde point le sabbat. »
(Jean,
IX, 16) En effet « est-il permis de
guérir un jour de sabbat ? » (Matth., XII, 10) Les
miracles peuvent être l’objet d’une véritable enquête comme dans le cas de
l’aveugle-né. Le miraculé et les siens sont interrogés à plusieurs reprises par
les pharisiens. Mais ils ne veulent pas y croire. « Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un
aveugle-né. »(Jean, IX, 32) Leur véritable
motivation réside en fait dans la peur et la crainte. « Que faisons-nous, car cet homme opère
beaucoup de miracles ? Si nous le laissons faire ainsi, tous croiront en
lui, et les Romains viendront et ruineront notre pays et notre nation. »
(Jean,
XII, 47-48)
A
l’image de son enseignement
Giotto, Les Noces de Cana.
Basilica San Francesco (basilica inferiore)
Assisie
|
Remarquons
que Notre Seigneur Jésus-Christ n’exerce pas sa puissance contre ses ennemis.
Dans le jardin des Oliviers, Il n’oppose aucune résistance aux gardes qui
viennent L’arrêter, non par impuissance mais par libre volonté. « Penses-tu que je ne puisse pas prier mon
père, et qu’il ne m’enverra pas à l’heure même plus de douze légions
d’anges ? » (Matth., XXVI, 53)
Les miracles qu’Il
accomplit tendent au contraire au soulagement des hommes. Ce sont des œuvres de
miséricorde et de bonté. Il guérit même celui qui l’a frappé lors de son
arrestation. Jamais non plus Il n’accomplit un miracle pour se glorifier
Lui-même. Il ne recherche que la gloire de Dieu. Ainsi cherche-t-Il à rester
discret. Ses miracles sont finalement conformes à son enseignement, à
l’humilité qu’Il prêche.
Valeur
pédagogique
Ses
miracles servent parfois à éclairer davantage son enseignement. Ce sont des
leçons adaptées à la foule. Après un discours sur le véritable sens du sabbat,
Notre Seigneur Jésus-Christ guérit un homme dont la main est desséchée
justement à un jour de sabbat. « Je
vous le demande, est-il permis, les jours de sabbat, de faire du bien ou du
mal, de sauver une âme ou de la perdre ? » (Luc, VI, 9) « Le Fils de l’homme est maître du
sabbat. » (Luc, VI, 5) Il guérit un aveugle pour montrer qu’Il est la
lumière. Dans cet exemple, nous voyons le véritable motif de ses actions :
le salut des âmes.
Parlons
en effet des buts de ces miracles. Pourquoi Notre Seigneur Jésus-Christ a-t-Il
accompli autant de prodiges ?
Un
signe messianique
Comme
nous l’avons longuement évoqué dans les articles sur les prophéties, le Messie
est attendu par un peuple qui a été longuement préparé à le recevoir. Selon la
Sainte Écriture, il doit accomplir des miracles. La puissance d'accomplir des miracles est donc un
signe de sa messianité. Les Juifs sont alors aux aguets. Entendant parler de
Notre Seigneur Jésus et de ses œuvres, Saint Jean Baptiste a envoyé de sa
prison des disciples pour savoir effectivement ce qu’Il est. Il obtient alors
une réponse claire de la part de Notre Seigneur Jésus-Christ : « Allez, rapportez à Jean ce que vous avez
entendu et vu. Des aveugles voient, des boiteux marchent, des lépreux sont
guéris, des sourds entendent, des morts ressuscitent, des pauvres sont
évangélisés. » (Matth., XI, 4-5). Il rapporte la
prophétie d’Isaïe. Les œuvres qu’Il accomplit témoignent de lui. Il est bien
Celui qui doit être envoyé…
L’origine
divine de sa mission
A
plusieurs reprises, Notre Seigneur Jésus-Christ réalise devant la foule un
miracle afin que les gens croient en sa mission. Ainsi avant de ressusciter
Lazare, Il s’adresse à Dieu le Père dans ses termes : « Mon Père, je vous rends grâces que vous
m’écoutiez toujours ; pour moi, je savais que vous m’écoutiez toujours,
mais c’est à cause de ce peuple qui m’environne que j’ai parlé, afin qu’ils
croient que c’est vous qui m’avez envoyé. » (Jean, X, 41) A la vue de
ce miracle, certains croiront, d’autres persisteront dans leur incrédulité.
« Si
celui-ci n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » (Jean, IX,
33) Le pouvoir des miracles ne peut provenir que de Dieu. Par conséquent, par
ses prodiges, Notre Seigneur Jésus-Christ montre combien Il est proche du
Tout-Puissant. « Ces œuvres que je
fais moi-même rendent témoignage de moi, que le Père qui m’a envoyé a rendu
lui-même témoignage. »(Jean, V, 37) Il prouve l’origine divine de sa
mission.
Cette
proximité est une filiation. A qui s’adresse-t-Il en effet quand Il ressuscite
Lazare ? « Mon Père, je vous
rends grâces que vous m’écoutiez toujours » (Jean, X, 41). Notre
Seigneur Jésus-Christ parle à Dieu comme un fils parle à un père. C’est
son Père qui L’a envoyé. « Les
œuvres que mon Père m’a donné à accomplir, ces œuvres que je fais moi-même,
rendent témoignage de moi, que le Père m’a envoyé. » (Jean,
V, 36-37) Ces paroles sont fortes. Tout ce qu’Il fait est fait au nom de son
Père. « Je suis venu moi-même au nom
de mon Père » (Jean, V, 43)
Manifestation
d’un événement extraordinaire
Les
miracles révèlent encore un sens plus profond. Par ses oeuvres, Notre Seigneur Jésus-Christ
montre ce qu’Il est véritablement. Il fait en effet des choses que personne n’a encore faites. « Jamais nous
n’avons rien vu de semblable. » (Marc, II, 12) Il a une puissance
qu’aucun autre Patriarche ou Prophète n’a détenue. « Quel est celui-ci que les vents et la mer obéissent ? » (Matth.,
VIII, 27) Il a même le pouvoir de communiquer cette puissance à ses disciples.
Ces
miracles ont un but. Que dit Notre Seigneur Jésus-Christ aux villes qui ne
voudront pas recevoir ses disciples ? « Malheur à toi Corozaïn ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car si
dans Tyr et Sidon s’étaient opérées les miracles qui ont été opérés au milieu
de vous, elles auraient autrefois fait pénitence sous le cilice. »
(Luc, X, 13) Ils doivent conduire les hommes à la pénitence. Car ils annoncent
une chose extraordinaire. « Heureux
les yeux qui voient ce que vous voyez ! » (Luc, X, 23)
Reflet
d’une puissance plus grande encore
Notre
Seigneur Jésus-Christ montre enfin que ces miracles ne reflètent qu’une partie
de sa puissance. A un paralytique, Il lui déclare que ses péchés sont remis.
Les scribes et les pharisiens s’étonnent de son affirmation. « Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu
seul ? » (Luc, V, 21) Alors connaissant leur
fond de leurs pensées, Il les interroge : « Que pensez-vous en vos cœurs ? Quel est le plus facile de
dire : tes péchés sont remis ; ou de dire : lève-toi et
marche ? » (Luc, V, 22-23) La rémission des
péchés est en effet invisible, sans effet sensible, contrairement à la guérison
d’un paralytique. Ainsi pour montrer qu’Il peut remettre les péchés, Il guérit
le paralytique. « C’est à toi que je
parle ; lève-toi, prends ton lit et va t’en en ta maison. »
(Luc,
V, 24) La foule semble avoir compris le sens de ce miracle. « La stupeur les saisit tous, et ils
glorifiaient Dieu. Et ils furent remplis de crainte, disant : Nous avons
vu des merveilles aujourd’hui. » (Luc, V, 26)
Un
témoignage de ce qu’Il est
A
la Cène, Notre Seigneur Jésus-Christ réunit une dernière fois ses Apôtres avant
de souffrir la Passion. Philippe Lui demande de montrer son Père. Sa réponse
est amère. « Il y a si longtemps que
je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? » (Jean,
XIV, 9) Les mots qui suivent définissent en quelques sortes ce qu'Il a voulu montrer au cours de sa vie publique. « Ne
croyez-vous pas que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi ?
Croyez-le au moins à cause de mes œuvres. » (Jean, XIV, 12) Voilà ce
que prouvent ses miracles. Ces œuvres témoignent qu’Il est en son Père comme
son Père est en Lui. Emmanuel est bien là. Dieu est avec nous. Voilà la chose
extraordinaire qu’annoncent ses miracles…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire