" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 10 octobre 2015

Les Miracles de Notre Seigneur Jésus-Christ

Comment pourrions-nous professer notre foi sans parler des miracles tant ils sont présents dans la Sainte Écriture et dans notre histoire ? Est-il possible aussi de témoigner de Notre Seigneur Jésus-Christ sans raconter ses œuvres miraculeuses ? Pourrions-nous les négliger quand Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même leur accorde une réelle importance ? Après avoir défini dans l’article précédent ce qu’est un miracle, nous allons nous pencher davantage sur les miracles du Nouveau Testament et sur leur importance.

Des miracles très présents dans le Nouveau Testament

En lisant les textes sacrés du Nouveau Testament, nous pouvons déjà faire un constat : nous ne pouvons pas ignorer les miracles tant ils sont nombreux. Selon les auteurs, les Évangiles relatent 38, 39 ou 41 miracles distincts. Rappelons aussi que les évangélistes ne rapportent pas tous les miracles que Notre Seigneur Jésus-Christ a accomplis. « Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d’autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre. » (Jean, XX, 30) Les négliger ou les oublier revient donc à mutiler de manière conséquente les Évangiles. Peuvent-ils même être compréhensibles si nous les omettons ?

Des miracles dont Jésus-Christ est l’objet

Ce sont ceux que Dieu a accomplis en sa faveur. Nous pouvons citer l’apparition des Anges, l’étoile des Mages, sa conception virginale, la descente du Saint-Esprit au moment de son baptême, la transfiguration sur une haute montagne, l’obscurcissement du soleil et le tremblement de terre qui ont eu lieu à sa mort, etc.

Des miracles de Notre Seigneur Jésus-Christ

Peinture médiévale serbe
(Dečani)
Ce sont les miracles, les plus nombreux, dont Notre Seigneur Jésus-Christ est l’agent. Saint Thomas d’Aquin les regroupe en quatre catégories selon les genres de créatures concernées. Certains miracles sont accomplis sur des êtres dénués de raison, et plus précisément sur des éléments naturels. Ce sont des miracles d’ordre physique. L’eau est changée en vin à Cana. Une tempête est apaisée. Des pains et des poissons se multiplient. Un figuier se dessèche. A deux reprises, une pêche est miraculeuse.

D’autres sont réalisés sur des hommes. La plupart sont des guérisons miraculeuses. Notre Seigneur Jésus-Christ guérit le fils de l’officier royal, la belle-mère de Simon, des lépreux, le paralytique de Capharnaüm, l’homme à la main desséchée, le serviteur du Centurion, la femme atteinte d’hémorroïsse, la fille de la Cananéenne, le sourd-muet, des aveugles, un hydropique, l’infirme de la piscine probatique, Malchus à Gethsémani.

D’autres encore portent sur des morts comme le fils de la veuve de Naïm, la fille de Jaïre et Lazare.


Jésus-Christ guérissant
un jeune possédé du Démon

(Forestier XIXe)
Enfin, les démons sont la cible de certains miracles. Notre Seigneur Jésus-Christ chasse des possédés dans la synagogue de Capharnaüm, dans le pays des Gadaréniens, un démoniaque muet sans oublier ceux qui possédaient un enfant et une femme.

N’oublions pas enfin le plus grand des miracles : la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ

Des miracles au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ

Enfin, des miracles ont été accomplis par les Apôtres en son nom. Saint Pierre nous explique que c’est par Lui qu’il opère de tels prodiges. « Hommes d’Israël, pourquoi vous étonnez-vous de ceci, ou pourquoi nous regardez-nous, comme si c’était par notre seul vertu ou par notre puissance que nous avons fait marcher cet homme ? […] Or c’est par la foi de son nom, que son nom a affermi cet homme que vous voyez et connaissez, et c’est la foi qui vient par lui qui a opéré, en votre présence, cette entière guérison. » (Ac., III, 12-16) Notre Seigneur Jésus-Christ nous a prévenus. Il peut communiquer son pouvoir à ceux qui croient en Lui. Ils réaliseront même de plus grands prodiges.

Différents modes d’action


Giotto, La Résurrection de Lazare

Cappelle degli Scrovegni, Padoue
Nous pouvons aussi classer les miracles selon les modes d’action. Notre Seigneur Jésus-Christ se sert parfois d’un élément naturel pour guérir des malades. Un muet et un aveugle sont guéris par l’implication d’un peu de salive.

Le corps est aussi l’instrument des miracles. L’imposition des mains est souvent utilisée. « On lui amena un sourd, et on le suppliait de lui imposer les mains. Le tirant de la foule à l’écart, il lui mit les doigts dans les oreilles, et toucha sa langue avec la salive ; puis levant les yeux au ciel, il soupira et dit : Ephétha, c’est-à-dire ouvre-toi. Et aussitôt ses oreilles s‘ouvrirent, et le lien de sa langue se rompit, et il parlait distinctement. » (Marc, VII, 32-35) Un « toucher » guérit aussitôt la femme malade.

Une simple parole, parfois un ordre, peut également être à l’origine d’un prodige. « Lève-toi, prends ton grabat et marche. Et aussitôt cet homme fut guéri, et il prit son grabat et il marchait. » (Jean, V, 8-9)

Enfin, le simple fait de vouloir suffit même pour provoquer le miracle. « Il s’approcha, toucha le cercueil [...], et il dit : «  jeune homme, lève-toi, je te le commande, lève-toi. » Et celui qui était mort se mit sur son séant, et commença à parler ; et Jésus le rendit à sa mère. » (Luc, VII, 14-16)

Notre Seigneur Jésus-Christ 
guérissant l'aveugle.

Détail. Nicolas Poussin. XVIIe.
Plus rarement, Notre Seigneur Jésus-Christ agit à distance comme dans le cas du fils du Centurion. « Dites seulement une parole et mon serviteur sera guéri. » (Matth., VIII, 8)

Dans tous ces nombreux miracles, nous constatons l’absence de préparation et de traitement. Tout est spontané, d’une grande simplicité, sans artifice, sans éclat. Les guérisons sont subites et définitives. Notre Seigneur Jésus-Christ agit parfaitement en maître. Contrairement aux miracles de l’Ancien Testament, Il exerce directement un pouvoir comme un souverain et non comme un délégué de Dieu. Ce pouvoir, Il a la capacité de le transmettre à ses disciples. « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi lui-même les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes encore » (Jean, XIV, 12). Il est maître de sa puissance.

De l’étonnement à l’envie

Les miracles de Notre Seigneur Jésus-Christ provoquent deux attitudes de la part de ceux qui en sont témoins.
La plupart des gens sont étonnés, stupéfaits, éblouis par ce qu’ils voient. « Jamais rien de semblable ne s’est vu en Israël. » (Matth., IX, 33) La foule enthousiaste Le suit et Le recherche, avide de recevoir ses bienfaits. « Des troupes nombreuses venaient pour l’écouter et pour être guéries de leurs maladies. » (Luc, V, 15) Notre Seigneur Jésus-Christ devient ainsi très réputé. « Et sa renommée se répandit promptement dans tout le pays de Galilée. » (Marc, I, 28)

Pourtant, Notre Seigneur tente de freiner cet enthousiasme. Après la guérison d’un sourd-muet, « il leur défendit de le dire à personne, plus il défendait, plus ils le publiaient, et plus ils étaient dans l’admiration » (Marc, VII, 36-37) Il parvient aussi à se défaire de la foule qui l’entoure et le presse. « Il se retirait au désert, et priait. » (Luc, V, 16)


C’est aussi à cause de ses miracles que les ennemis de Notre Seigneur Jésus-Christ se manifestent. « Maître, nous voulons voir un miracle de vous.» (Matth., XII, 38) Cette curiosité se transforme en envie. Au lieu d’en être enthousiasmés, ils cherchent en effet à retourner les miracles contre Lui. « Celui-ci ne chasse les démons que par Béelzébuth, prince des démons. »(Matth., XII, 24) Leur attitude devient presque ridicule. « Cet homme n’est pas de Dieu, puisqu’il ne garde point le sabbat. » (Jean, IX, 16) En effet « est-il permis de guérir un jour de sabbat ? » (Matth., XII, 10) Les miracles peuvent être l’objet d’une véritable enquête comme dans le cas de l’aveugle-né. Le miraculé et les siens sont interrogés à plusieurs reprises par les pharisiens. Mais ils ne veulent pas y croire. « Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. »(Jean, IX, 32) Leur véritable motivation réside en fait dans la peur et la crainte. « Que faisons-nous, car cet homme opère beaucoup de miracles ? Si nous le laissons faire ainsi, tous croiront en lui, et les Romains viendront et ruineront notre pays et notre nation. » (Jean, XII, 47-48)

A l’image de son enseignement

Giotto, Les Noces de Cana
Basilica San Francesco (basilica inferiore)
Assisie
Remarquons que Notre Seigneur Jésus-Christ n’exerce pas sa puissance contre ses ennemis. Dans le jardin des Oliviers, Il n’oppose aucune résistance aux gardes qui viennent L’arrêter, non par impuissance mais par libre volonté. « Penses-tu que je ne puisse pas prier mon père, et qu’il ne m’enverra pas à l’heure même plus de douze légions d’anges ? » (Matth., XXVI, 53) 

Les miracles qu’Il accomplit tendent au contraire au soulagement des hommes. Ce sont des œuvres de miséricorde et de bonté. Il guérit même celui qui l’a frappé lors de son arrestation. Jamais non plus Il n’accomplit un miracle pour se glorifier Lui-même. Il ne recherche que la gloire de Dieu. Ainsi cherche-t-Il à rester discret. Ses miracles sont finalement conformes à son enseignement, à l’humilité qu’Il prêche.

Valeur pédagogique

Ses miracles servent parfois à éclairer davantage son enseignement. Ce sont des leçons adaptées à la foule. Après un discours sur le véritable sens du sabbat, Notre Seigneur Jésus-Christ guérit un homme dont la main est desséchée justement à un jour de sabbat. « Je vous le demande, est-il permis, les jours de sabbat, de faire du bien ou du mal, de sauver une âme ou de la perdre ? »  (Luc, VI, 9) « Le Fils de l’homme est maître du sabbat. » (Luc, VI, 5) Il guérit un aveugle pour montrer qu’Il est la lumière. Dans cet exemple, nous voyons le véritable motif de ses actions : le salut des âmes.

Parlons en effet des buts de ces miracles. Pourquoi Notre Seigneur Jésus-Christ a-t-Il accompli autant de prodiges ?

Un signe messianique

Comme nous l’avons longuement évoqué dans les articles sur les prophéties, le Messie est attendu par un peuple qui a été longuement préparé à le recevoir. Selon la Sainte Écriture, il doit accomplir des miracles. La puissance d'accomplir des miracles est donc un signe de sa messianité. Les Juifs sont alors aux aguets. Entendant parler de Notre Seigneur Jésus et de ses œuvres, Saint Jean Baptiste a envoyé de sa prison des disciples pour savoir effectivement ce qu’Il est. Il obtient alors une réponse claire de la part de Notre Seigneur Jésus-Christ : « Allez, rapportez à Jean ce que vous avez entendu et vu. Des aveugles voient, des boiteux marchent, des lépreux sont guéris, des sourds entendent, des morts ressuscitent, des pauvres sont évangélisés. » (Matth., XI, 4-5). Il rapporte la prophétie d’Isaïe. Les œuvres qu’Il accomplit témoignent de lui. Il est bien Celui qui doit être envoyé…

L’origine divine de sa mission

A plusieurs reprises, Notre Seigneur Jésus-Christ réalise devant la foule un miracle afin que les gens croient en sa mission. Ainsi avant de ressusciter Lazare, Il s’adresse à Dieu le Père dans ses termes : « Mon Père, je vous rends grâces que vous m’écoutiez toujours ; pour moi, je savais que vous m’écoutiez toujours, mais c’est à cause de ce peuple qui m’environne que j’ai parlé, afin qu’ils croient que c’est vous qui m’avez envoyé. » (Jean, X, 41) A la vue de ce miracle, certains croiront, d’autres persisteront dans leur incrédulité.

 « Si celui-ci n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » (Jean, IX, 33) Le pouvoir des miracles ne peut provenir que de Dieu. Par conséquent, par ses prodiges, Notre Seigneur Jésus-Christ montre combien Il est proche du Tout-Puissant. « Ces œuvres que je fais moi-même rendent témoignage de moi, que le Père qui m’a envoyé a rendu lui-même témoignage. »(Jean, V, 37) Il prouve l’origine divine de sa mission.

Cette proximité est une filiation. A qui s’adresse-t-Il en effet quand Il ressuscite Lazare ? « Mon Père, je vous rends grâces que vous m’écoutiez toujours » (Jean, X, 41). Notre Seigneur Jésus-Christ  parle à Dieu comme un fils parle à un père. C’est son Père qui L’a envoyé. « Les œuvres que mon Père m’a donné à accomplir, ces œuvres que je fais moi-même, rendent témoignage de moi, que le Père m’a envoyé. » (Jean, V, 36-37) Ces paroles sont fortes. Tout ce qu’Il fait est fait au nom de son Père. « Je suis venu moi-même au nom de mon Père » (Jean, V, 43)

Manifestation d’un événement extraordinaire

Les miracles révèlent encore un sens plus profond. Par ses oeuvres, Notre Seigneur Jésus-Christ montre ce qu’Il est véritablement. Il fait en effet des choses que personne n’a encore faites. « Jamais nous n’avons rien vu de semblable. » (Marc, II, 12) Il a une puissance qu’aucun autre Patriarche ou Prophète n’a détenue. « Quel est celui-ci que les vents et la mer obéissent ? » (Matth., VIII, 27) Il a même le pouvoir de communiquer cette puissance à ses disciples.

Ces miracles ont un but. Que dit Notre Seigneur Jésus-Christ aux villes qui ne voudront pas recevoir ses disciples ? « Malheur à toi Corozaïn ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car si dans Tyr et Sidon s’étaient opérées les miracles qui ont été opérés au milieu de vous, elles auraient autrefois fait pénitence sous le cilice. » (Luc, X, 13) Ils doivent conduire les hommes à la pénitence. Car ils annoncent une chose extraordinaire. « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! » (Luc, X, 23)

Reflet d’une puissance plus grande encore

Notre Seigneur Jésus-Christ montre enfin que ces miracles ne reflètent qu’une partie de sa puissance. A un paralytique, Il lui déclare que ses péchés sont remis. Les scribes et les pharisiens s’étonnent de son affirmation. « Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » (Luc, V, 21) Alors connaissant leur fond de leurs pensées, Il les interroge : « Que pensez-vous en vos cœurs ? Quel est le plus facile de dire : tes péchés sont remis ; ou de dire : lève-toi et marche ? » (Luc, V, 22-23) La rémission des péchés est en effet invisible, sans effet sensible, contrairement à la guérison d’un paralytique. Ainsi pour montrer qu’Il peut remettre les péchés, Il guérit le paralytique. « C’est à toi que je parle ; lève-toi, prends ton lit et va t’en en ta maison. » (Luc, V, 24) La foule semble avoir compris le sens de ce miracle. « La stupeur les saisit tous, et ils glorifiaient Dieu. Et ils furent remplis de crainte, disant : Nous avons vu des merveilles aujourd’hui. » (Luc, V, 26)

Un témoignage de ce qu’Il est


A la Cène, Notre Seigneur Jésus-Christ réunit une dernière fois ses Apôtres avant de souffrir la Passion. Philippe Lui demande de montrer son Père. Sa réponse est amère. « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? » (Jean, XIV, 9) Les mots qui suivent définissent en quelques sortes ce qu'Il a voulu montrer au cours de sa vie publique. « Ne croyez-vous pas que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi ? Croyez-le au moins à cause de mes œuvres. » (Jean, XIV, 12) Voilà ce que prouvent ses miracles. Ces œuvres témoignent qu’Il est en son Père comme son Père est en Lui. Emmanuel est bien là. Dieu est avec nous. Voilà la chose extraordinaire qu’annoncent ses miracles…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire