Il est commun aujourd'hui d'accuser le christianisme et l'Église catholique d'avoir suscité ou développé l'antisémitisme. Ainsi, pour plaire au monde et apaiser les voix accusatrices, on s'excuse et on multiplie les actes de repentance. On tente même d'effacer tout ce qui pourrait irriter la communauté juive. Or tout cela est bien faux et ridicule. Cette attitude est même dangereuse et contraire à la charité chrétienne.
Il ne faut pas en effet confondre les responsabilités. Si effectivement certains chrétiens se sont montrés antisémites, par conviction ou par opportunisme, leurs péchés n'engagent pas la responsabilité de l'Église. L'accusation doit porter sur son enseignement, sur sa doctrine et sa morale. Dans ce cas, le judaïsme porterait le poids des péchés de leurs ancêtres. Prions plutôt pour ceux qui ont péché...
Il ne faut pas non plus confondre la haine et l'apologétique. Le christianisme doit nécessairement se justifier pour défendre sa foi contre les objections et les acrimonies mais aussi pour défendre les chrétiens contre l'erreur et les déviations doctrinales. Au début du christianisme, les Apôtres et leurs successeurs devaient affermir la foi des jeunes communautés face à l'influence du judéo-christianisme. Ils devaient aussi se justifier devant les Juifs qui les accusaient et les maltraitaient. Il est surtout inconvenant et injuste d'accuser les premiers chrétiens d'antisémites quand ils étaient la cible des persécutions menées par les autorités et par la populace juives. Rappelons-nous aussi que les premiers qui ont engagé des débats sont les chrétiens...
Le christianisme et le judaïsme ne sont pas seulement différents. Ils s'opposent sur des points essentiels qui fondent leur existence même. Or enfermé dans la crainte d'une accusation injuste, on finit par ne plus parler de ces différences. On évite les sujets qui fâchent, on efface les différences. On en finit par oublier l'essence même du christianisme. Une telle attitude laisse les chrétiens dans une amère illusion et dans une ignorance qui peut remettre en cause leur foi. On finit par ne plus être convaincus du christianisme. On finit par ne plus savoir ce qu'est le christianisme.
Douloureuse ironie. Nous sommes aujourd'hui obligés d'imiter les premiers défenseurs de la foi. Nous devons en effet parfois montrer en quoi le christianisme et le judaïsme ne peuvent être considérés comme des religions soeurs et encore moins nées d'une même source.
Certes, il n'est pas toujours agréable de dire la vérité à ceux qui sont dans l'erreur mais il est pire encore de laisser l'homme dans ses mensonges et dans sa perte. Ce serait contraire à la charité. Ce serait confondre le respect humain et le véritable amour. C'est aussi refuser de voir l'arbre porté de bons fruits. En refusant de dire la vérité, nous finissons par ne plus la reconnaître et par vider le christianisme de tout sens. Nous mettons en danger les croyants eux-mêmes.
N'ayons donc pas peur de témoigner de notre foi avec toute la prudence et la douceur nécessaires. Ne nous enfermons pas dans un discours qui nous enferme dans les erreurs de passé. Pour cela, il est nécessaire de comprendre les différences fondamentales qui demeurent entre le christianisme et le judaïsme, différences qui conduisent nécessairement à une opposition et à une confrontation sans cependant conduire à la haine. Bien au contraire...
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