" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


lundi 8 juillet 2024

La liberté de conscience

Au XIXe siècle, Newman était exaspéré de voir ses concitoyens changer d’églises selon leurs humeurs au nom de la liberté de conscience. De même, aujourd’hui, au nom de cette même liberté, il est devenu très difficile, voire impossible, de mener des actions de prosélytisme. Si ce n’est pas l’État qui nous contraint au silence et à l’inaction sous prétexte de la laïcité, les autorités de l’Église elles-mêmes s’y interdisent parfois ou se refusent de les couvrir, sans-doute pour éviter tout scandale ou toute attaque d’une minorité agressive. Le terme même est exclu de tout discours, voire de toute pensée. Or qu’est-ce que le prosélytisme si ce n’est que de l’apostolat organisé et dirigé, ou encore le zèle du chrétien soucieux de convertir son prochain et de répandre la foi sur toute la surface de la terre comme nous le demande Notre Seigneur Jésus-Christ ? C’est ainsi que d’autres religions ou adversaires de l’Église, moins scrupuleuses, se répandent ici-bas, occupant le terrain ainsi devenu libre…

« Personne ne peut se convertir sans renoncer à sa liberté morale et mentale », nous dit le premier ministre anglais, W. E. Glastone (1809-1898). Il craint qu’après la proclamation du dogme de l’infaillibilité du pape au premier concile de Vatican, en 1870, les catholiques anglais soient contraints à obéir au pape au mépris de leur fidélité à l’égard de la couronne. Sans songer à ce dogme ou encore au patriotisme, l’homme moderne ne pense pas autrement. Ainsi, il refuse la foi sous prétexte de la liberté de conscience ou encore accuse-t-il l’Église de ne point la respecter contrairement à la société moderne qui en a fait sa loi. Sans-doute est-ce l’un des principaux reproches à l’égard de l’Église. Ainsi, devons-nous étudier plus longuement le sujet de la liberté de conscience dans le cadre de notre essai apologétique…

La liberté de conscience et le droit universel

Quand nous songeons à la liberté de conscience, nous pensons probablement aux droits fondamentaux de l’homme que définit la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. »[1] Cette définition soulève quelques remarques.

Il assimile d’abord, dans un même article, la liberté de pensée, la liberté de conscience et la liberté de religion avant d’exposer plus concrètement ce qu’elles impliquent sans vraiment les définir formellement. Nous constatons ainsi que l’article défend ce qui était autrefois appelé la liberté de culte. Il ne doit avoir aucune contrainte en matière religieuse pour exprimer ou enseigner sa foi, seul ou en commun, en privé comme en public. Ces différentes formes de libertés protègent l’individu et la religion à l’égard d’une autorité extérieure, politique ou religieuse. Cependant, remarquons aussi que l’article les associent à la « liberté de changer de religion », introduisant alors une notion d’autonomie de l’individu au sein de la religion. Notons enfin qu’il n’est pas formulé la liberté d’adhérer à une religion.

L’évolution de la conception de la liberté de conscience en matière religieuse

En Occident, la notion de liberté de culte a précédé celle de croire. Initialement, il s’agissait de permettre à chacun et à toute religion de pouvoir professer sa foi publiquement sans craindre le pouvoir politique pour les protéger et défendre de toute contrainte provenant de l’État. Le libre exercice public de sa foi a d’abord été considéré comme une tolérance, c’est-à-dire comme « un régime d’acceptation de la différence sans préjuger de l’ampleur des libertés de chaque personne »[2]. La tolérance n’est pas un droit naturel. Elle est en effet inutile dans le cadre d’une véritable unité religieuse ou d’indifférentisme religieux de la part des autorités politiques et religieuse. Elle apparait nécessaire quand une différenciation entraîne discrimination, répression et violence de la part de l’État ou d’une population. La persécution des chrétiens au temps de l’antiquité ou encore les guerres de religion ont soulevé la nécessité de la tolérance.

Au XVIe siècle, Montaigne plaide pour la liberté de conscience sans prôner la liberté de culte. Il considère que la liberté de culte peut conduire à des excès de zèle et remettre en cause la stabilité sociale. Il prend pour exemple l’empereur Julien, qui, après avoir publié un édit de tolérance, déclenche beaucoup de haine lorsqu’il veut restaurer les cultes païens. « La passion pousse hors les bornes de la raison. »[3]

Au XVIIIe siècle, le débat ne porte plus sur la tolérance mais sur le droit de juger et d’agir de sa propre autorité en matière de religion. Il ne s’agit plus de protéger et de défendre l’exercice d’un culte, l’enseignement d’une doctrine ou encore la manifestation de sa foi mais elle tend à l’autonomisation de l’individu en matière religieuse comme en toute matière. Kant fait éloge de son élève Mendelssohn, qui a « exposé la nécessité d’une liberté de conscience illimitée à l’égard de toute religion »[4] dans son livre intitulé Jérusalem. Il partageait lui-même cette idée. Telle est la nouvelle conception de la liberté qui apparaît et se développe dans nos sociétés occidentales. C’est une véritable révolution dont nous subissons encore les impacts. En effet, jusqu’aux XVIe siècle, la liberté est liée à la notion objective de la vérité. Elle n’est ni illimitée ni une fin en soi. L’erreur ne peut avoir les mêmes droits que la vérité. Ainsi, est libre la vraie religion alors que les autres religions ne peuvent qu’être tolérées.

Au XIXe siècle, la liberté religieuse s’inscrit principalement dans le cadre de la lutte contre l’hégémonie de l’Église[5]. Il s’agit essentiellement de réduire le pouvoir de l’Église sur l’individu et le peuple au profit d’un État qui veut étendre sa domination. Elle est encadrée par l’État qui se propose surtout d’émanciper l’individu par l’éducation publique chargée d’inculquée une morale universelle. Telle est la laïcisation de la société qui a été entreprise depuis plus d’un siècle. Elle porte sur la formation de la conscience.

Le XXe siècle est marqué par un revirement de l’Église qui soulève la question de la liberté de conscience en matière religieuse. Pourtant, contrairement aux discours[6] que nous pouvons entendre, son changement de position porte uniquement sur la liberté de culte et la liberté de professer publiquement toutes les opinions et les convictions[7]. Dénoncée à plusieurs reprises comme une erreur, elle finit par la proclamer lors du deuxième concile de Vatican dans la déclaration Dignitatis Humanae sur la liberté religieuse, qui traite du « droit de la personne et des communautés à la liberté sociale et civile en matière religieuse. »

De nos jours, les questions actuelles portent désormais davantage sur la liberté de conscience. Les évolutions sociales comme l’interruption volontaire de grossesse, l’euthanasie et bien d’autres sujets posent des cas de conscience et soulèvent de nouveau de manière fulgurante la question de la liberté de conscience, et plus simplement celle de la liberté. Peut-elle être sans limite ?

La notion de liberté au sens physique, le for interne et le for externe

Qu’est-ce que la liberté ? La « liberté » peut être définie comme l’absence de liens dans trois domaines : physique, qui exclut toute contrainte d’ordre physique, moral et psychologique qui désigne le libre arbitre.

Quand nous devons parler de liberté physique, nous devons distinguer ce qui relève du « for interne » et du « for externe ». Le terme « for » signifie tribunal. Il provient du mot latin « forum », qui, durant l’antiquité, désignait la place où étaient traitées les affaires publiques. Le « for interne » désigne le tribunal de la conscience alors que le « for externe » désigne les tribunaux jugeant des actes publics. Ainsi le « for interne » relève de tout ce qui appartient à la conscience, et, dans sa notion plus étendue, ce qui concerne notre vie privée, notre vie religieuse. Le « for externe » porte sur notre personne publique, sur nos paroles, nos actions, nos comportements publics au regard de la société. Les différentes lois distinguent ainsi la vie privée et la vie publique.

En droit canonique, la distinction est encore plus précise. Le « for interne » est le jugement d’un acte par rapport à sa conscience personnelle. Le « for externe » correspond au jugement d’un acte par rapport à des critères objectifs externes. Par exemple, la confession relève du for interne. Cette distinction, issue du vocabulaire ecclésiastique et du droit canonique, permet d’éviter des confusions, de ne sanctionner que des délits correspondant à des actions effectives, et non des délits d’opinions.

La liberté de conscience au for interne

La liberté de conscience porte d’abord sur le droit à la liberté religieuse au for interne. Tout homme a droit à l’immunité de contrainte, une immunité totale, en matière religieuse dans la vie privée. Aucune autorité, aucune puissance ne peut nous forcer à prier dans notre foyer ou nous refuser de prier.

Pour l’Église, la contrainte pour forcer à croire est un mal, qu’elle a toujours condamné comme le rappelle le pape Léon XIII : « C’est d’ailleurs la coutume de l’Église de veiller avec le plus grand soin à ce que personne ne soit forcé d’embrasser la foi catholique contre son gré, car, ainsi, l’observe sagement Saint Augustin, l’homme ne peut croire que de plein gré. »[8] Ou, comme le dit Saint Thomas d’Aquin, si « croire est en effet le propre de la volonté »[9], il n’est pas permis de forcer à croire car, quelle que soit la religion, elle dénature l’acte de foi. Si elle n’est pas la vraie religion, cela est encore plus condamnable. Saint Thomas interdit ainsi toute contrainte à la foi aux païens et aux juifs pour qu’ils croient.

Cependant, Saint Thomas ajoute que « les fidèles doivent néanmoins les contraindre, si la chose leur est possible, pour les empêcher de mettre obstacle à la foi par leurs blasphèmes, leurs mauvaises persuasions ou par des persécutions ouvertes ». La véritable question porte sur la liberté de conscience au for externe. Pour Saint Thomas d’Aquin, l’usage de la contrainte en matière religieuse n’est justifié que pour éviter des obstacles à la foi et la protéger. Dans la vie publique, la liberté de conscience n’est pas aussi évidente. Nous devons alors faire une nouvelle distinction selon le type de contraintes, celles qui forcent à agir et celles qui empêchent d’agir.

La liberté de conscience au sens moral

Un de nos précédents articles[10] traite de la liberté de conscience selon Newman mais uniquement au sens moral. Il reproche à ses contemporains anglicans de réduire la liberté de conscience aux droits qu’elle implique sans songer aux devoirs  qu’elle  implique, à ce qu’elle commande, notamment à se tourner vers Dieu dont la voix résonne par la conscience. En un mot, la conscience oblige.

Pour celui qui dispose d’une conscience éclairée, il est prédisposé à croire en Lui. Mais, tout homme a-t-il le droit moral de croire ou de ne pas croire, de pratiquer tel culte à Dieu ou tel autre ? Newman montre que l’homme doit se soumettre à sa conscience puisqu’elle est le sanctuaire où résonne la voix de Dieu. Elle implique des exigences. Ainsi, comme le demande aussi Saint Thomas d’Aquin, il y a un impératif d’obéissance… Agir contre sa conscience reviendrait même à un péché selon Saint Thomas.

Or, comme ses prédécesseurs, le pape Léon XIII refuse que « chacun peut indifféremment, à son gré, rendre ou ne pas rendre un culte à Dieu »[11]. Cela signifie que nous n’avons pas la liberté morale d’adhérer à une fausse religion, à la pratiquer et à la propager. En effet, la liberté morale se réfère toujours à quelque chose de vrai ou de juste. « Le vrai et le faux ne peuvent avoir les mêmes droits »[12]. Quelles que soient les décisions d’un État, il est ainsi moralement interdit de tuer. S’il nous donnait la liberté de tuer une personne, quel que soit le motif, nous ne pourrions moralement exercer cette liberté. Ainsi, au sens moral et en matière religieuse, le seul droit dont nous disposons est de pratiquer la vraie religion, c’est-à-dire de servir Dieu comme Dieu entend être servi. Cela ne signifie pas que les personnes qui pratiquent une fausse religion soient condamnables. Son erreur peut s’expliquer par un ensemble de circonstances qui ne leur sont pas imputables.

La question de la conscience erronée

Pouvons-nous alors obéir à notre conscience qui nous demande de professer une fausse religion ? Les positions de Newman et de Léon XIII sont-ils en effet conciliables ? Ou dit autrement, la conscience peut-elle nous éloigner de la vraie religion ? Ou encore, une conscience erronée nous oblige-t-elle ?

Selon Saint Thomas d’Aquin et bien d’autres docteurs de l’Église, une conscience, même erronée, nous oblige. Celui qui agit contre sa conscience agit mal. Cela ne signifie pas que le jugement de la conscience est bon ou mauvais. Cela ne signifie pas non plus que tout ce que nous croyons est vrai. La question ne porte pas en effet sur le jugement de la conscience, c’est-à-dire sur la connaissance, mais sur la volonté du sujet. Cela ne signifie pas non plus que toute action conforme à la conscience de celui qui agit est bonne et que par conséquent, elle est autorisée…

Une volonté bonne ou mauvaise

Saint Thomas d’Aquin nous rappelle que le bien et le mal appartiennent à la volonté quand le vrai et le faux relèvent de la raison. La bonté de la volonté dépend évidemment de son objet. Voler une banque est un acte mauvais, aider son prochain, un acte bon. Mais comme la volonté tend aussi à un bien que la raison perçoit, la bonté dépend aussi de la raison. Or, « toute volonté qui est en désaccord avec la raison, que celle-ci soit droite ou erronée, est toujours mauvaise. »[13] En effet, l’objet de la volonté n’est pas considéré suivant ce qu’il est dans la nature, bon ou mauvais en soi, mais selon qu’il est perçu. Elle est ce que la raison lui propose. C’est pourquoi la volonté est mauvaise quand elle veut le mal perçu comme tel, non ce qui est mal en soi, mais ce qui est mal d’après la raison. Si la raison présente une chose comme mauvaise, la volonté serait mauvaise si elle se porte vers elle, non pas parce que la chose en elle-même, c’est-à-dire par substance, est mauvaise mais parce qu’elle est mauvaise d’après l’idée que s’en serait faite la raison, ou encore mauvaise par accident.

La conscience selon Saint Thomas d’Aquin

Or, la conscience est, selon Saint Thomas, « comme le dictamen [14] de la raison, puisqu’elle est l’application de la science à l’acte »[15], ou encore les jugements que nous portons sur les actes que nous avons faits, ou encore, les actes que nous pensons faire. Nous faisons ainsi un jugement de conscience quand nous appliquons notre connaissance à nos propres actions. Il s’agit de prendre conscience d’avoir fait quelque chose, de juger de la bonté ou du mal de quelque chose que nous avons faite, ou encore de juger qu’un acte futur possible est quelque chose que nous devrions faire (chose obligatoire) ou devrions ne pas faire (chose interdite) ou pourrions faire (chose facultative).

Or, la conscience peut se tromper et être trompée. Ce qu’elle présente comme bien peut être en effet faux. Le contraire est aussi possible. Saint Thomas appelle « conscience erronée » quand « elle vient à dire à quelqu’un qu’il est tenu ex praecepto de faire ce qui est mauvais en soi, ou qu’elle lui défende des choses qui sont bonnes en elles-mêmes. »[16]

Cependant, que la conscience soit droite ou erronée, celui qui ne se soumet pas à sa conscience agit mal. S’il choisit ce que sa conscience lui présente comme un mal, alors il consent au mal et donc il commet une action mauvaise.

Il ne s’agit pas de laisser toute personne agir selon sa conscience

Cela ne signifie pas que l’action d’un individu est bonne ou qu’elle est rendue bonne puisque la volonté est en accord avec sa conscience. Cela ne signifie donc pas non plus que nous devons le laisser agir ou ne pas le condamner.

Pour Saint Thomas, le fait que la volonté soit conforme à la conscience, bien que nécessaire pour que la volonté soit bonne, n’est pas en effet une condition suffisante. Le jugement de conscience doit aussi être vrai. Finalement, le simple fait que la volonté soit conforme à la conscience n’autorise pas à la mettre en œuvre. Il serait donc absurde de laisser une personne commettre quelques choses de mal, l’excuser ou la disculper, voire la soutenir, sous prétexte qu’elle agit selon sa conscience, une conscience qui l’a jugée à tort comme un bien. Ce serait même une très grave erreur puisqu’elle laisserait la personne dans l’erreur au lieu d’éclairer sa conscience. Pourtant…

En outre, si la raison ou la conscience est erronée sur des choses qu’elle est tenue de savoir, la volonté qui est conforme à la raison ou à la conscience erronée est alors mauvaise. En effet, le bien et le mal moral consiste dans l’acte en tant qu’il est volontaire. Nous pouvons agir par ignorance. Cela relève de l’involontaire. Mais si l’ignorance est voulue, soit directement c’est-à-dire par un acte volontaire ou indirectement c’est-à-dire par négligence, cela ne devient plus de l’involontaire. Parmi les choses à connaître, Saint Thomas cite la loi de Dieu. Ainsi, une volonté qui est conforme à une raison qui agit par ignorance volontaire ou par négligence est mauvaise puisque son erreur provient d’une ignorance voulue.

Conclusion

La liberté de conscience est liée à la connaissance. Si celle-ci est erronée, elle peut conduire à des actes mauvais. Elle devient alors une liberté pour mal agir. Comme le demande l’Église, la conscience doit donc être élevée, formée, éduquée afin que la raison perçoive ce qui est bon et mauvais, qu’elle sache faire cette distinction. Que servirait en effet notre liberté si elle nous conduisait à la perte du véritable bien ?

Or, depuis le XIXe siècle, l’État s’est donné pour mission de protéger la liberté de conscience des individus, c’est-à-dire de former leur conscience afin de les convertir aux principes républicains ou d’une société qu’il veut ériger. L’école publique a été fondée et développé comme « le lieu de passage d’une doctrine philosophique, politique et religieuse dans le réel. » ou encore « un outil pour asseoir la République »[17] au détriment de l’Église. Mais, cette mission évangélisatrice des valeurs républicaines s’oppose à l’idée d’émancipation de l’individu. Ou plutôt, elle permet à l’État de se substituer à l’Église, qui se présentait comme un contre-pouvoir.

Aujourd’hui encore, que fait l’État en donnant libre accès dans les écoles à des idéologies de toute sorte ? Elle tente de former la conscience des enfants et futurs adultes afin que ce qui est mauvais en soi soit désormais perçu bon dans le but de modifier leur comportement. De même, de manière insidieuse, les médias les plus accessibles essayent de normaliser des choses mauvaises afin de modifier la perception des individus et ainsi former les consciences à des actes autrefois considérés comme mauvais, mais qui demeurent mauvais en soi. Est-ce un hasard si les plus fragiles, les plus influençables commettent, sans le savoir, des actes répréhensibles, voire abominables ? Le recours à la liberté de conscience n’est finalement pour des idéologies qu’un moyen simple et puissant pour s’imposer dans les esprits et transformer la société selon leur bon vouloir, surtout lorsque se dissolvent les structures capables de les éduquer comme la famille …

 

 Notes et références

[1] Déclaration universelle des droits de l’homme, article 18, phchr.org. L’article est repris dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, Titre III, article 10, Journal officiel de l’Union Européenne C 303/17, 14 décembre 2007, european union agency for fundamental rights, fra.europa.eu.

[2] Dominique Avon, Liberté de conscience : histoire d’une notion et d’un droit, Annuaire de l’École pratique des hautes Études, résumés des conférences et travaux, 124, 2017, https://doi.org.

[3] Montaigne, Essai, II, 19.

[4] Kant, Lettre à Mendelssohn, 16 août 1783.

[5] Voir Émeraude, décembre 2019, article « Laïcité : la suprématie de l’État mais l’échec d’un idéal ». De nombreux articles retracent l’histoire de la laïcité (août à décembre 2019).

[6] Voir par exemple ‘l’article de Wikipédia sur la liberté religieuse, lu le 9 juin 2024. L’Église aurait considéré comme un « délire » la liberté de religieuse. Or, les textes de référence portent sur la liberté de culte.

[7] Voir encyclique Syllabus complectens praecipuos nostrae aetatis errores, Syllabus sur les principales erreurs de notre temps, Pie IX, n°79, 8 décembre 1864.

[8] Léon XIII, encyclique Immortale Dei, 1er novembre 1885, vatican.va.

[9] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, II, II, 10, 8.

[10] Voir Émeraude, mai 2024, article « Le développement de la doctrine chrétienne selon Newman », juin 2024, article « La fonction religieuse de la conscience selon Newman »

[11] Léon XIII, encyclique Libertas, 20 juin 1888, vatican.va.

[12] Léon XIII, encyclique Libertas, 20 juin 1888, vatican.va.

[13] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 1a 2ae, article 5, conclusion, trad. de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com.

[14] « ce qui est dicté », cnrtl.fr.

[15] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 1a 2ae, article 5, conclusion.

[16] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 1a 2ae, article 5, conclusion.

[17] Louise Ferté, Au miroir de la liberté de conscience : l’utopie laïque et son destin, dans Le Télémaque, 2017/1, n°51, cairn.info.

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