" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


dimanche 24 janvier 2016

De la psychologie des profondeurs

Sûrs de leurs sciences, des adversaires du christianisme ont cherché à montrer que les récits bibliques comportaient des erreurs sur le plan historique. Les Évangiles ont ainsi fait l’objet de nombreuses études et analyses à l’aide de méthodes critico-historiques. À partir de ces travaux dits scientifiques, de nombreuses « vies de Notre Seigneur Jésus-Christ » ont remis en cause l’enseignement de l’Église, faisant la première page des journaux. L’Annonciation et la Nativité ont ainsi minutieusement été scrutées,  disséquées, expertisées afin de dénoncer et de réfuter leur véracité historique. On en vint même à étudier la façon d’emmailloter les enfants au temps de Saint Marie pour y voir une preuve d’anachronisme ! Ces efforts n’avaient qu’un but : prouver que le christianisme se fonde sur des mythes.

Mais comme rien ne peut naître de rien, certains ont cherché à justifier le christianisme et à expliquer son origine. La thèse la plus classique et la plus simple est de trouver sa cause dans l’influence des religions orientales. Pour y parvenir, la méthode consiste généralement à les comparer avec les récits évangéliques, la doctrine et le culte du christianisme pour souligner ensuite les similitudes selon l’idée très répandue que deux choses identiques sont nécessairement liées par une filiation ou une dépendance. La méthode comparative des religions a donc été employée pour parvenir à des conclusions souvent hasardeuses et téméraires.

L’abandon des critiques historiques

Les critiques relèvent toujours d’une dimension historique. Elles se fondent toujours sur une même certitude, celle de la capacité de la  science ou de la raison à démasquer la vérité, c’est-à-dire à confondre le christianisme et à l’expliquer sans faire intervenir le moindre phénomène naturel et ainsi à prouver ses mensonges et ses erreurs. Mais portés par une hardiesse incroyable, de beaux penseurs ont quitté ce plan historique pour s’aventurer dans un monde étrange, celui de la démythologisation[1] et du symbolisme. Désabusés par les vains efforts des « experts historiques », ils ont en effet abandonné les questions d’historicité dans l’espoir d’atteindre le vrai sens des récits évangéliques.

Bultmann[1] est l’un des premiers à se désintéresser de la dimension historique des faits. Il a cherché à interpréter les récits selon une lecture existentiale de la Sainte Écriture. Mais cette méthode est défaillante ; elle n’explique rien. Elle se tourne vers un nombrilisme déconcertant. Ne voyant dans les récits qu’une expression de l’angoisse existentielle, elle vide notre foi pour la remplir d’un moi déprimant à l’image de l’existentialisme d’Heidegger, qu’il tente d’appliquer dans une exégèse  abêtissante.

Nous allons désormais étudier une autre piste d’interprétation qui, comme Bultmann, se désintéresse des critiques historiques et refuse les méthodes rationalistes appliquées à la Sainte Écriture. Elle ne voit dans les récits bibliques que des symboles qui expriment des vérités applicables à notre expérience. Nous allons donc étudier une autre méthode, plutôt récente, tirée de la psychologie et de la psychanalyse. Elle consiste à réinterpréter les textes religieux à partir d’images issues d’archétypes universels présentes dans des religions plus anciennes. Elle est basée sur la « psychologie des profondeurs ». L’un des auteurs de cette méthode est Eugen Drewermann.

La psychanalyse au secours de l’exégèse

Eugen Drewermann, né en 1940, interprète la Sainte Écriture par la psychologie des profondeurs. Théologien allemand, maître de conférences et psychanalyste, il a connu un grand succès dans son pays. Prêtre et psychothérapeute, il a enseigné l’histoire des religions et la dogmatique à la faculté catholique de Paderborn en Allemagne. Dans une thèse publiée à la fin des années 70, il proposait de renouveler la doctrine du péché originel en appliquant aux premiers chapitres de la Genèse la théorie de « la psychologie des profondeurs ». Mais son « interprétation "psychanalytique" de la Bible déclenche un conflit violent avec les exégètes historico-critiques qui l'accusent de détruire les bases historiques de la foi »[2] En octobre 1990, il est interdit d’enseignement par son évêque en raison de ses théories sur la conception virginale de Sainte Marie. L’année suivante, il est « suspens a divini ».

La « psychologie des profondeurs » a été élaborée par Karl Gustav Jung (1875-1861). Fils de pasteur, médecin psychiatre suisse, penseur toujours influent, il est en particulier fondateur de la psychanalyse analytique. Sa théorie est centrée sur les archétypes qui se définissent comme la structure de l’inconscient. Ils remplissent nos rêves et notre imagination. Communs à toute l’humanité, ils se manifestent cependant de manière singulière dans notre vie selon nos cultures, notre éducation, notre histoire personnelle. Drewermann applique sa méthode sur les phénomènes religieux.

Une nouvelle clé de lecture

Des « exégèses » suivent la voie de l’interprétation symbolique tout en la dépassant. Ils tentent d’expliquer les récits évangéliques dans un subjectivisme très accentué. Le problème, disent-ils, est de trouver la clé de lecture des textes bibliques. Ils prônent tous l’abandon de l’exégèse traditionnelle. Bultmann semblait l’avoir trouvée dans nos interrogations existentielles. Les récits devaient être lus selon un langage particulier, celui des mythes, un langage propre aux religions. Avant lui, les critiques historiques soulignaient les similitudes entre le christianisme et les religions antérieures pour prouver leur filiation. Une nouvelle voie consiste à unir ces deux méthodes afin de parvenir au véritable sens des textes.

Le christianisme, un mode d’expression religieuse

Selon la théorie de Drewermann, le christianisme serait un mode d’expression religieuse qui préexistait dans des religions antiques et qui survivrait à travers les générations. Il ne s’agit plus de « définir ainsi objectivement […] l’être de Jésus-Christ » mais de « décrire un champ d’expérience à l’aide d’un concept archétypique donné »[3]. Notre profession de foi serait en fait une forme d’expression très élaborée d’une expérience religieuse que d’autres, avant les Chrétiens, ont éprouvée dans d’autres religions, en particulier dans la religion ancestrale des Égyptiens. Le christianisme ne serait donc qu’une nouvelle forme d’expression de concepts anciens, les fameux archétypes.

Drewermann nous renvoie donc vers d’autres expressions d’une expérience religieuse d’un temps très lointain. La nouvelle interprétation consiste alors à lire un texte sacré ou une scène biblique selon une de ces expressions la plus adéquate. Il est donc nécessaire de la déterminer et de bien la connaître afin de saisir le champ d’expérience auquel renvoie le christianisme. Nous sommes ainsi au niveau de la psychologie des religions. Finalement, les religions ne seraient que la résurgence de « modèles d’une interprétation archétypique des expériences historiques »…

Le christianisme, copie et approfondissement de la religion égyptienne

L’idée de la filiation divine que nous trouvons dans le christianisme se retrouverait par exemple dans la religion égyptienne des temps pharaoniques. Le pharaon serait en effet considéré comme le fils de Dieu, l’image divine d’Amon-Râ. Selon Drewermann, il incarnerait la liberté et la dignité de l’homme absolu après une renaissance par la vertu du dieu égyptien, un dieu qui est descendu du ciel et qui y est remonté. « Au niveau de la symbolique de la foi, il y a identité parfaite entre la religion des chrétiens et celles des anciens Égyptiens. Du point de vue de l’histoire des religions, il nous faudrait même parler d’une dépendance parfaite du christianisme à l’égard de la religion de l’Orient ancien ». Le christianisme aurait donc finalement repris le concept de la filiation divine qu’avaient déjà élaboré les Égyptiens. « Tout le concept de fils de Dieu, né d’une vierge, couverte par l’Esprit et la lumière […], était déjà parfaitement élaboré, comme idée, plusieurs millénaires avant le christianisme dans l’Égypte ancienne, et il était une réalité vivante dans les actes cultuels. […] Aucune croyance chrétienne ne saurait nous contraindre à la malhonnêteté historique. Il nous faut donc admettre, avec reconnaissance, que la théologie de la filiation divine n’est pas une idée spécifiquement chrétienne, mais que le christianisme s’est contenté de la reprendre. » En un mot, le christianisme ne serait qu’une copie de la religion égyptienne ancestrale, « une nouvelle incarnation de l’ancienne religion de la lumière ».

Cependant, le christianisme diffère de son modèle. « Nous pouvons qualifier cette différence de différence dans l’approfondissement personnel. » La religion égyptienne reporte en effet la filiation divine sur un seul homme, le pharaon. Il incarne à lui-seul l’homme idéal. C’est la « forme archaïque de la personne corporative. » Tout est centralisé sur lui. Tout le contenu objectif de la religion est en effet projeté sur un seul homme qui en devient l’idéalité. L’expression religieuse de chacun est alors extériorisée sur le pharaon. Or cette même expression révèle dans son intériorité la dignité et la grandeur de l’homme. Il y a donc une véritable contradiction entre les expressions extérieures et intérieures de la religion égyptienne. L’approfondissement du christianisme serait alors d’ « avoir saisi le symbolisme central de l’Égypte ancienne dans sa teneur spirituelle et de l’avoir élevé, dans sa pure intériorité, au rang d’expression centrale de sa propre foi. »

L’interprétation selon la psychologie des profondeurs

Ainsi Drewermann nous propose de lire et d’interpréter les récits évangéliques selon des archétypes anciens, préexistants au christianisme. Ce dernier n’aurait fait que renouveler et approfondir certaines anciennes formes religieuses. « Il nous faut recentrer la foi au Christ dans des images symboliques, la concentrer et la laisser agir sur nous en tant que réalité concentrée ». Cela explique ainsi les similitudes entre les récits païens et chrétiens.

Cette identité ne relèverait pas de la dépendance littéraire mais nous renvoie à un processus psychologique. Les récits de la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ « sont et veulent dire : une méditation de la foi qui fait retour aux origines ». Les chrétiens primitifs auraient exprimé leur foi selon des images déterminées des profondeurs de la psyché, c’est-à-dire des forces vives de l’inconscience. Nous sommes ainsi renvoyés au niveau de « la psychologie des profondeurs ». La vérité des récits est de l’ordre de « la sphère d’expérience, dans une perspective sociologique ou psychologique ».

L’interprétation des récits bibliques consiste alors à leur associer le mythe ou l’archétype qui leur est le plus adapté pour atteindre tout leur sens symbolique. Ce sont des symboles qui, au travers du temps, expriment des mystères qui doivent nous toucher dans notre vie présente, des mystères que d’autres religions ont exprimés sous des formes d’expression différentes.

L’auteur ramène ainsi les différents épisodes de la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ à la religion égyptienne (Amon-Râ, Osiris), grecque (Esculape), orientale (Mithracisme), voire bouddhiste, associant les images similaires pour en extraire le « message » chrétien à expérimenter.

Finalement, nous ne devrions pas chercher dans les récits évangéliques la moindre explication rationaliste ou historique. « Dans les images du mythe vit une vérité qu’elles seules peuvent communiquer et dont l’unique évidence repose précisément sur le fait qu’elles échappent à toute tentative conceptuelle. » Pour la saisir, il faut « les retraduire dans le monde imagé du mythe dont ils sont issus, et c’est seulement en re-rêvant ces images, sans prétentions particulières, que nous pourrons s’ouvrir pour nous l’insondable richesse de leur expérience. » Et ce langage est universel, compréhensible pour tout homme. « Ce que les Égyptiens disaient au dieu Amon, qui est né dans le sein d’une reine comme fils de Dieu, peut être l’expérience de tout homme qui retrouve Dieu en soi-même et soi-même en Dieu. »

Ainsi, Drewermann prétend que le christianisme n’est aucunement une nouveauté. Il ne fait que reprendre sous d’autres formes d’expression des concepts anciens, ces fameux archétypes qui manifestent la structure de notre inconscience, faisant parfois œuvre d’approfondissement.

Des affirmations bien péremptoires

Que pouvons-nous dire d’une telle théorie ? Car évidemment, ce ne peut être qu’une théorie en dépit des nombreuses affirmations de son auteur. Revenons en effet sur ses déclarations. Le ton de Drewermann est d’abord agaçant et choquant. Ses certitudes nous affligent. Tout est affirmatif, certain, sans aucun doute possible. Il est sûr de ce qu’il avance. Il ne laisse aucune place à l’hypothèse, à la proposition, au conditionnel.

Prenons un exemple. Drewermann nous propose une image du jugement du défunt devant le tribunal divin que nous retrouverions aussi bien dans la religion égyptienne que dans le christianisme. Cette image est celle de la balance. Dans la religion égyptienne, le cœur du défunt est pesé sur une balance dont l’autre plateau porte une plume provenant de la chevelure de la déesse Maât, déesse de la vérité. « Le christianisme […] a repris dogmatiquement, dans tout son contenu et tous ses détails, la scène, avec toutes les représentations relatives aux châtiments infernaux des méchants » ! L’ange Saint Michel aurait remplacé Maât. Pour justifier son affirmation, Drewermann nous renvoie à un tableau du XVe, le Jugement dernier de Van der Weyden. 

Prenons le temps de réfléchir. La comparaison est d’abord rapide et vite conclue sans apporter de véritables arguments. Or elle soulève de nombreuses questions. La religion égyptienne, est-elle la seule à symboliser le jugement du défunt par une balance ? En outre, le même symbole porte-il le même sens dans les deux religions ? N’est-il pas plutôt le symbole ancestral de la justice comme nous le voyons encore arborer dans nos tribunaux ? Ce symbole vient-il des Égyptiens ou est-il commun à toute l’humanité ? Sa comparaison soulève en effet bien des questions auxquelles l’auteur ne répond guère. Elles nous poussent surtout à connaître la religion égyptienne. Nous en reparlerons.

Deux visions de la justice divine

Mais continuons l’argumentation de Drewermann. Elle est encore plus intéressante. Selon l’auteur, les conceptions de la justice divine seraient différentes entre les deux religions comme le manifesteraient les deux images la symbolisant. La balance chrétienne s’élève et s’abaisse quand la balance égyptienne reste stable, « et cette différence, qui pourrait apparaître accessoire de prime d’abord, est en fait d’une grande importance. »

Dans la conception chrétienne, faire justice consisterait à peser le bien et le mal chez le défunt quand dans la conception égyptienne, il s’agirait plutôt de conserver un certain équilibre, et plus précisément, « un équilibre interne entre essence et existence », « l’équilibre intérieur de toutes les forces de l’existence et les parties du tout », la recherche de « l’harmonie avec l’ordre du monde ». Et Drewermann conclue que « la symbolique de l’Égypte ancienne est plus pertinente que la symbolique de l’Occident chrétien ». Mais si les symboles sont si différents, est-il encore possible d’y voir identité ou similitude ? Et pourtant, n’a-t-il pas affirmé auparavant que le christianisme en avait repris tout le contenu et tous les détails ? Remarquons aussi qu’il ne parle pas du christianisme mais de l’Occident chrétien. Nous avons changé de sujet. Enfin, les termes d’ « existence » et d’« essence » ne conviennent guère. Ces concepts nous renvoient aux philosophes grecs bien loin de l’Égypte et du temps des pharaons. Nous voguons en pleine contradiction, imprécision et anachronisme.

Le christianisme, une aliénation, véritable clé de lecture…

Mais en quoi le symbolisme de l’Occident chrétien serait-il moins pertinent ? Drewermann  nous donne la raison : il « apparaît comme une moralisation très discutable de cette grandiose vision religieuse » ! En quoi serait-il discutable ? « Être chrétien semble consister à vaincre le mal et à le contrebalancer par des bonnes œuvres » C’est en effet un peu simplifier la vie chrétienne. C’est aussi et surtout résumer la vie chrétienne, si riche et si vaste, par un symbole qui peut-être n’est pas aussi révélateur du christianisme que semble prétendre l’auteur. Il existe bien d’autres scènes symboliques pour révéler la vie chrétienne, comme l'athlète cherchant à remporter la couronne, la brebis portée par le bon Pasteur, ou même le jugement divin, comme la séparation des boucs et des brebis par Notre Seigneur Jésus-Christ.

Plus loin dans son ouvrage, Drewermann explique en quoi la moralisation chrétienne est impertinente. Elle impliquerait chez l’individu « un sentiment de responsabilité exagéré », « destiné à tranquilliser sa bonne conscience », « une lutte continuelle contre soi-même », « une vie personnelle de plus en plus lourde à porter », etc. Effectivement, si nous la résumions par une balance, la vie chrétienne serait un enfer tant elles seraient remplies de scrupules. Or, la réalité est toute autre. Mais Drewermann ne cherche pas la réalité. Il reste au niveau des idées, de ses propres idées, sans chercher à les confronter à la réalité. La vie des Saints est-elle une vie d’aliénation telle qu’il la décrit avec une si grand certitude ? Plus loin encore dans son ouvrage, il décrira finalement le christianisme comme une véritable aliénation. « Il ne fait aucun doute, notamment, que dans la théologie et l’histoire de la piété chrétiennes […] la doctrine de la naissance virginale a précisément été la terre nourricière et la justification idéologique de refoulements sexuels, d’angoisse aliénante, de sentiments de culpabilité sans fin et de formations rationnelles masochistes de tout genre. » Tous les récits bibliques sont en fait vus sous ce regard, notamment le récit de la chute d’Adam et d’Ève. La doctrine du péché originel serait par exemple prisonnière « de la peur du sexe et de l’hostilité à l’égard des pulsions ».

« Pour l’Égyptien le monde est parfaitement ordonné et accompli en la personne de Maât, et il ne peut être question pour l’homme que de trouver et de conserver l’harmonie ». Remarquons que l’auteur précise la place du dieu Maât tout en oubliant celle de Dieu dans le symbolisme chrétien.

Mais qui est Amon ?

La religion égyptienne ancienne est très complexe, bien éloignée de notre manière de penser. Elle est complexe car elle évolue selon le temps ou plus précisément selon les circonstances politiques. Amon serait d’abord un des dieux secondaires de Thèbes connu dès l’époque 2140-2022 avant Jésus-Christ comme l’attesteraient des textes anciens. Puis il supplante le dieu local Montou avant de se répandre dans tout l’empire pour devenir le dieu suprême du panthéon égyptien au moment où les rois de Thèbes prennent le pouvoir. Il finit par supplanter le dieu Râ (ou Rê), le dieu dynastique des pharaons, qui disparaît. Amon est alors assimilé au dieu solaire, au dieu des dieux. Il devient Amon-Rê. Plus tard, en 664 avant Jésus-Christ, Amon sera à son tour supplanté par Osiris quand les Assyriens détruiront Thèbes…

Ainsi quand Drewermann parle de la religion ancienne d’Égypte, de quelle époque parle-t-il ? Certes, il ne parle pas en tant qu’historien mais il semble bien oublier que ses affirmations reposent très souvent sur l’histoire, c’est-à-dire sur des faits historiques. Ses propos paraîssent bien trop imprécis, généralistes, vagues…

Une interprétation peu convaincante et particulièrement orientée

Revenons à la notion de justice dans la religion égyptienne. L’interprétation de Drewermann nous paraît insuffisante et insatisfaisante. Comme nous l’avons déjà évoqué, les termes d’« essence », d’« existence » et d’« être » désignent des concepts qui nous paraissent beaucoup trop riches pour le temps des Pharaons.

Dans la religion égyptienne au temps du culte prédominant d’Osiris, le défunt comparaît devant un tribunal présidé par Osiris, seigneur du Maât, et par ses assesseurs. Il doit alors se justifier de ses œuvres. « Je suis un noble qui s'est complu en Maât, qui a pris exemple sur les lois de la salle des deux Maât, car j'avais l'intention d'arriver dans la nécropole sans que la moindre bassesse fût associée à mon nom, je n'ai pas fait de mal aux hommes, ni quoi que ce soit que réprouvent leurs dieux. »[4] Le « Maât » est la déification de la volonté royale. Il n’est pas un dieu proprement dit. Dire et faire le « Maât », c’est obéir et participer à la monarchie, c’est entrer dans l’ordre cosmique. Nous retrouvons le sens d’harmonie. La vie de l’Égyptien devait donc s’inspirer des lois du Maât. « J'ai accompli la justice pour son seigneur, c'est que je l'ai satisfait en ce qu'il aime. J'ai dit la vérité, j'ai accompli la justice, j'ai dit le bien, j'ai répété le bien, j'ai atteint la perfection, car je souhaitais avoir le bien auprès des hommes. J'ai jugé deux plaideurs de sorte qu'ils furent satisfaits. J'ai sauvé le misérable de celui qui était plus puissant que lui en ce sur quoi j'avais autorité. J'ai donné du pain à celui qui avait faim, des vêtements à celui qui était nu, un passage au naufragé, un cercueil à celui qui n'avait pas de fils. J'ai fait une barque pour qui était sans barque. […] »[5] Pour préparer sa défense, avant de mourir, l’Égyptien pouvait s’aider de la magie. Nous sommes bien loin de l’interprétation de Drewermann.

Nous pouvons prendre d’autres exemples aussi caractéristiques pour remettre en question l’interprétation de Drewermann. En dépit de ses affirmations péremptoires, le doute nous paraît parfaitement légitime. Sa méthode est donc peu satisfaisante. Drewermann développe et interprète les symboles d’une religion et ceux du christianisme pour les comparer et les juger ensuite. Mais son interprétation est toute personnelle, très subjective, unilatérale, peu convaincante. Il ne présente aucun argument pour l’appuyer de manière probante. Ses interprétations s’appuient aussi sur des représentations peu significatives, très parcellaires. Il reste dans le monde des idées, très loin de la réalité historique.

Drewermann n’hésite pas, en passant, à souligner la rupture du christianisme avec l’Ancien Testament, sans néanmoins apporter le moindre argument. Cherche-il ainsi à renforcer les liens qui pourraient exister avec les religions païennes ? En quoi le symbole de la balance est-il contraire à l’Ancien Testament ? Nous voudrions bien le savoir.

D’autres exemples de malhonnêteté

Drewermann traite longuement de la filiation divine du pharaon telle qu’elle était conçue en Égypte. Il expose ce sujet pour donner un exemple d’« intuitions qui, dans leurs premières manifestations historiques, collent à une seule personne, bien qu’en elles se révèlent quelques choses de la nature de tous les hommes ». Il relate notamment une histoire du Ve siècle avant Jésus-Christ sur l’origine divine de la Ve dynastie des pharaons. Les trois premiers souverains seraient les enfants de Rê avec une épouse d’un prêtre. Selon une gravure plus ancienne, Amon prend l’apparence d’un roi pour rencontrer son épouse vierge. De leur rencontre naît une fille que Knouhm, dieu de la Création, façonnera. Cet enfant reçoit des mains d’Amon le trône de son père, le roi Soleil, Râ (ou Rê). Drewermann voit dans ces récits égyptiens l’origine du récit de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ car « il saute aux yeux que des récits de ce type sont autrement plus proches de la scène de l’Annonciation […] que n’importe quel texte de l’Ancien Testament ». Devons-nous croire que tous les mythes racontant la naissance d'un dieu-homme provenant d'un dieu et d'une vierge viendraient de la religion égyptienne ? Car nombreuses sont ces histoires de naissance prodigieuse, mêlant divinité et humanité.

Comme tous les récits évangéliques, Drewermann interprète l’histoire de la Nativité comme une mise en scène, une légende qui prend ses origines dans les récits égyptiens. Cependant, il ne cherche pas à comprendre comment la légende originale s’est transmise et s’est développée, ce qui serait pourtant intéressant pour justifier ses affirmations. Il réfute même la pertinence d’une telle question…

Les dogmes chrétiens, une copie de la croyance égyptienne ?

Drewermann nous donne encore de nombreux exemples pour mettre davantage en évidence la « parenté théologique » entre le christianisme et les religions ancestrales. Reprenons de nouveau le cas de la religion égyptienne qu’il affectionne. Amon est considéré comme le dieu du vent, cause de tout dans tous les êtres vivants. Omniscient et invisible, Amon est ainsi dans toute chose. Il est joint à Râ (ou Rê) et à Ptah. « Il constitue une trinité – non une triade », Amon jouant le rôle de l’esprit. Drewermann  conclue alors que la Sainte Trinité est en fait un concept égyptien.

Ses conclusions ne peuvent que nous interroger et nous choquer tant elles nous paraissent bien simplistes et hâtives, voire malhonnêtes. Nous nous interrogeons aussi puisque lui-même ne se pose guère de questions. La première qui nous vient à l’esprit est simple : d’où tire-t-il ses connaissances ? Sur quel fondement bâtit-il ses certitudes ? Certes, il se justifie en nous faisant découvrir un hymne égyptien mais comment à partir d’un hymne peut-il arriver à une conclusion théologique d’une telle portée ? « Tous les dieux sont trois : Amon, Râ et Ptah ». Jouant le rôle de l’Esprit dans cette drôle de « trinité », Amon enfante une reine encore vierge d’où la parenté entre les récits égyptien et chrétien. Rappelons qu’il a fallu des siècles au christianisme pour définir la Sainte Trinité dans un vocabulaire précis et rigoureux, qui ne porte ni confusion ni malentendu. Nous sommes aussi surpris par le savoir de l’auteur. D’où vient une connaissance de concepts si approfondis des mystères d’un culte aujourd’hui disparu ? Comment parvient-il à définir ce que les Égyptiens n’ont su écrire ?... Osons le dire. Drewermann interprète la religion égyptienne à partir du christianisme. Est-ce alors étonnant d’arriver ensuite à des similitudes entre eux ? 



Prenons l’exemple du culte d’Osiris. Les mystères de la religion égyptienne nous sont parvenus grâce au traité De Isis et Osiris de Plutarque (45-140). Il est le premier à les avoir exposés puisque les Égyptiens n’ont laissé aucun traité. Des inscriptions sur les stèles ou des papyrus nous permettent certes de préciser et de confirmer le récit de Plutarque mais elles ne peuvent à elles-seules nous raconter la croyance des Égyptiens. C’est donc essentiellement par l’intermédiaire de cet érudit grec que nous sommes capables aujourd’hui de connaître une religion aujourd’hui disparue. C’est donc au regard d’un esprit grec de l’ère chrétienne qu’il nous est possible de la découvrir. Nécessairement, il relate les mythes égyptiens selon sa vision grecque. Cela expliquerait peut-être la présence de concepts philosophiques grecs dans le récit d’Osiris.

Rappelons ce que les égyptologues savent d’Amon. Il est le dieu des dieux, le dieu qui réside en tout. Le terme d’Amon est tiré de « men » qui signifie « demeurer », « durer » ou d’« imen » qui signifie « cacher », « invisible ». Il est alors associé au vent, au ciel, au souffle de la vie. Il est enfin le dieu aux noms multiples. Son nom est en effet associé à d’autres termes afin de désigner ses pouvoirs. Considéré en tant que dieu de la fécondité, il est dit « Amon-Min ». En tant que dieu des dieux, supplantant le dieu Râ, il est « Amon-Râ ». Peut-être, est-ce un moyen d’étendre le culte d’Amon dans des villes où on adorait Min pou Râ ? Il est donc bien hasardeux et audacieux de voir dans des associations le concept de la trinité. Enfin, Amon, son épouse Mout et son fils Khonsou forment une véritable triade prédominant dans la religion égyptienne.

Amon n’a ni père ni mère mais une multitude de partenaires féminines et d’enfants. Au fur et à mesure que son culte s’étend en Égypte, ses rencontres se multiplient, s’associant aux divinités locales. Bel exemple de syncrétisme et d’opportunisme politique. À Memphis, Amon fut ainsi associé à Phta.

Un regard étranger à la vision de l’Égypte antique

Drewermann nous rappelle aussi, toujours de manière vague, l’image égyptienne devenue classique de la barque descendant et montant le Nil. Il nous renvoie alors à la descente du Christ dans les enfers et à sa montée au ciel. « On revoit formellement, à l’arrière plan de cette mise en scène, les images de l’Égypte ancienne : la barque du soleil glisse à travers la nuit pour retraverser le matin, avec un nouvel éclat, l’océan du ciel. » L’identification ne nous apparaît pas bien éclatante. Nous voyons plutôt une métaphore traduisant le lever du soleil. Mais Drewermann voit plutôt ces deux images comme l’expérience de celui qui « a fait en vérité l’expérience de la figure du Christ comme « lumière dans les ténèbres », comme « le point décisif d’un changement radical dans sa vie ».

Pouvons-nous interpréter autrement cette image égyptienne qui nous ramène à un temps que des millénaires nous séparent ? Revenons encore au culte d’Amon. De nombreuses fêtes y sont consacrées, en particulier la fête d’Opet au cours de laquelle Amon va visiter son harem à Louqsor et la fête de la Vallée qui mène Amon sur la rive gauche du Nil pour visiter les tombes funéraires des pharaons. Nous pouvons imaginer tout le faste qui accompagnait les trois barques sacrées emportant les statues d’Amon, de son épouse et de son fils. Elles sortent de leur temple de Karnak. Comme les principales villes d’Égypte, les temples d’Amon sont situés le long du Nil. Compte tenu enfin du rôle primordial de ce fleuve nourricier, comment pouvons-nous ne pas imaginer le culte d’Amon sans qu’il soit associé au Nil ? Au-delà d’une interprétation marquée de christianisme, ne pouvons-nous pas voir dans l’image de la barque d’Amon une réalité purement historique sans allusion allégorique ?

La lecture de Drewermann est donc hypothétique, facilement récusable. Elle nous paraît bien éloignée d’une religion qui ne colle guère à une vision intellectualisée du monde. Son regard n’est pas égyptien. Il n’est donc pas dans l’esprit de la civilisation égyptienne. Comment peut-il alors comprendre ses cultes et ses rites ? Contrairement à ce qu’il affirme, il n’interprète pas les textes bibliques selon les récits des religions ancestrales mais au contraire, il interprète les récits ancestraux selon l’enseignement chrétien et sa terminologie, tout cela pour finalement conforter sa propre lecture biblique. Étrange méthode ! Les religions antiques ne servent finalement qu’à justifier et à légitimer des idées toutes faites. Bel exemple de manipulation de l’histoire !

Des Égyptiens philosophes sans le savoir ?

Pouvons-nous encore croire que les Égyptiens connaissaient les concepts philosophiques qu’utilise Drewermann pour définir leur croyance ? Est-il alors possible de comparer leur religion avec la nôtre ? N'ne doutons pas un instant car il prétend que « si les théologiens de l’Égypte ancienne avaient néanmoins tenté, à l’encontre de leurs convictions, d’établir des liens logiques entre leurs mystères et de les traduire dans le langage des concepts et des théorèmes abstraits, ils auraient à coup sûr abouti aux mêmes formulations que celles que nous retrouvons quelque mille cinq cent ans plus tard […] chez les premiers théologiens chrétiens d’Alexandrie, héritiers de leur univers symbolique ». Quel optimisme ! Mais d’où vient encore une telle certitude ? Et quelle ignorance ! D’où vient le terme de « trinité » ? D’Alexandrie, d'Antioche ou de Rome ? Théophile d'Antioche aurait le premier à l'employer, puis Hippolyte de Rome et surtout Tertullien. Mais passons…

Drewermann prétend que Saint Athanase n’est que l’héritier des antiques Égyptiens. Pouvons-nous croire que les théologiens chrétiens d’Alexandrie ont hérité des concepts de la religion ancestrale de l’Égypte ? Ils sont avant tout des grecs qui, formés à la philosophie grecque, pensent et parlent grec. La religion égyptienne a depuis longtemps déserté la ville d’Alexandrie, l’héritière d’Athènes ! Nous remettons donc fortement en cause l’affirmation et l’optimisme de Drewermann.

Des interprétations sans question fondamentale, sans réponse véritable

Drewermann compare les récits égyptiens ancestraux et le récit de l’Évangile selon Saint Luc pour nous montrer des similitudes et en extraire des conclusions, sans cependant nous expliquer la cause de ces similitudes. Comment en effet Saint Luc, qui est grec, fortement éloigné des conceptions égyptiennes, peut-il reprendre les récits mythiques des Égyptiens ? Le silence de l’auteur est frappant. Il ne suffit pas d’exhiber et de rapprocher des points de ressemblance pour parvenir à de telles conclusions. Il faut surtout expliquer en quoi ces similitudes démontrent une filiation, surtout lorsque rien ne prédestine des liens entre deux mondes bien étrangers.

Drewermann ne compare pas uniquement la religion égyptienne avec le christianisme. Il fait aussi intervenir Asclépios, le plus grand des dieux médecins de l’antiquité selon l’auteur car « la parenté symbolique entre cette figure grecque du Sauveur et la personne du Christ va notamment très loin dans les récits de leurs naissances ». Asclépios est le fils d’Apollon et d’une mortelle, la fille du roi Phlégyas de Thessalie. Lors d’un voyage à Épidaure, la femme donne naissance à un enfant. Alors que l’enfant est seul, gardé par un chien, une voix annonce que le nouveau-né trouvera tous les remèdes pour les malades et qu’il ressuscitera des morts. Drewermann voit alors dans ce récit des points communs avec le récit de la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ : l’abandon de l’enfant, né d’un dieu et d’une mortelle pendant que la mère est en voyage, la proximité des animaux, la voix. Encore une comparaison nette et sans contestation. Et alors ?... Nous sommes en pleine mystification !

Conclusion

Dans l’ouvrage De la naissance des dieux à la naissance du Christ, nous avons rencontré de nombreuses affirmations inconsistantes et incohérentes, parfois même absurdes tant l’anachronisme est flagrant et l’effort intellectuel exagérés. La certitude de ses propos nous choque tant elle nous paraît sans fondement ni argument solide. Elle frise la malhonnêteté et la manipulation intellectuelles. Nous sommes aussi étonnés par les nombreux silences sur des points pourtant fondamentaux qui fragilisent encore plus le discours. Et tout semble certain dans ses interprétations. Pas la moindre hypothèse de la part de l’auteur, y compris dans l’interprétation de récits égyptiens ancestraux.

Son interprétation est en fait guidée par deux fortes convictions : le symbolisme des récits évangéliques et la force aliénante du christianisme. La lecture des récits antiques et chrétiens est alors fortement biaisée. Sont aussi biaisés les choix qu’il opère. La doctrine et la vie chrétienne telles qu’elles sont décrites dans l’ouvrage sont toujours parcellaires et orientées, peu propices à dessiner un portrait exact et entier du christianisme. Or l’auteur est un prêtre, maître de conférences en dogmatique. Ses choix et ses silences sont donc volontaires. L’interprétation que donne Drewermann est donc purement orientée, subjective et partiale afin qu’elle justifie une position doctrinale contraire au christianisme. Il y a bien manipulation et imposture. Il ne fait que remplir des images de sens qui leur est étranger …

À force de considérer les récits évangéliques comme des fictions symboliques, nous arrivons à de telles manipulations. Nous pouvons en effet interpréter les textes selon une lecture complètement étrangère à l’esprit qui a guidé les écrivains sacrés. Nous pouvons attacher à des images un sens qui n’existait pas à leur conception. Sans rattachement à une réalité historique, ni lien à une conception religieuse réelle et à des faits historiques qui la manifestent, tout cela ne demeure que des idées, des rêveries, des palabres. Ce discours au ton arrogant ne sert qu’à appuyer des convictions idéologiques que la véritable Histoire rejette sans difficulté. Il y a véritablement malhonnêteté et imposture lorsque cette démarche est consciente et volontaire. Elle est aussi facile et pratique pour celui qui veut apaiser ses angoisses et refuser d’entendre les cris de sa conscience. La réalité qu’elle soit passée ou présente est parfois gênante et pesante pour ceux qui ont un cœur angoissé…

Mais n’oublions pas le véritable problème que posent Drewermann et bien d’autres exégètes révolutionnaires. Existe-t-il vraiment des similitudes entre les récits antiques et évangéliques, entre toutes les religions passées et actuelles ? Il en existe en effet. Que pouvons-nous alors en déduire sur le christianisme ? Serait-il, comme ils le prétendent, un mode d’expression religieux parmi tant d’autres? La question est cruciale, notamment dans le cadre de l’œcuménisme.


Notes et références

[1] Voir Émeraude, décembre 2015, articles "Bultmann et démythologisation" et "Contre la démythologisation".
[2] Jean-Pierre Bagot, article « Eugen Drewermann », Universalia 2003, Encyclopædia Universalis, 2003, dans Wikipédia, article « Eugen Drewermann », 21 décembre 2015.
[3] Sauf information contraire, les citations sont tirées De la naissance des dieux à la naissance du Christ, Une interprétation des récits de la nativité de Jésus d’après la psychologie des profondeurs, Eugen Drewermann, Seuil, trad.par Joseph Feisthauer.
[4] Stèle funéraire de Baki, XIVe siècle av. J.-C, cité dans Wikipédia, article « Osiris ».
[5] Fausse porte de Néferséchemrê dit Chéch, cité dans Alessandro Roccati, La littérature historique sous l'Ancien Empire égyptien, Paris, Le Cerf, 1982, Wikipédia, article « Osiris ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire