" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


dimanche 21 juillet 2019

La constitution civile du clergé : division et persécution de l'Église

La nuit de 4 août 1789
haut-relief en bronze
statue de la République, Paris
Revenons en ce jour où des hommes enthousiastes s’apprêtent à supprimer dans un moment de folie toutes les bases d’un régime agonisant. Pourtant, le temps n’est pas à la joie. Le trouble règne à Versailles. Les députés ont peur. Le tocsin a sonné dans les campagnes, propageant la panique. Un duc, fort de la deuxième fortune de France, propose aux paysans de racheter les droits seigneuriaux à des conditions modérés. Un noble sans fortune renchérit. Il propose d’en finir avec les droits féodaux. Un évêque demande à son tour d’abolir les droits de chasse. Ce sacrifice peut nous faire sourire. Un duc furieux d’une telle proposition se venge en proposant la suppression de la dîme en nature. Et peu à peu, pris dans un engrenage de jalousie et d’insouciance, une société s’écroule avec fracas. Des applaudissements et des joies accompagnent ces déclarations. C’est l’ivresse générale, l’exaltation enivrante, l’enthousiasme universel. Lorsque ce vent retombera, les députés prendront le temps de réfléchir. Trop tard. Le mal est fait…

Emportée par une logique implacable, la journée du 4 août 1789 a conduit à bien d’autres décisions. Enfermée dans ses convictions, savamment travaillée et forte du pouvoir qu’elle s’est donnée, l’assemblée nationale décrète loi après loi, construisant une nouvelle société sur la base, dit-elle, de la seule raison. Rien ne lui échappe, y compris l’Église. Elle exhorte à sa régénération et prône la réforme. D’elle-même, elle la transforme comme si elle était une administration comme tant d’autres. Elle dicte son organisation, commande les nominations, ordonne sa soumission. Mais l’Église peut-elle accepter de telles décisions ? Car Notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas donné mission aux juristes et magistrats de sauver l’âme des fidèles. Comme le prévoyaient certains évêques, de telles immiscions dans la vie de l’Église au mépris d’elle-même ne peuvent être sans conséquence. Le trouble et la division gagnent les fidèles. Le schisme est proche. La violence aussi…
La fin des désillusions

Le 12 juillet 1790, les députés votent et approuvent la constitution civile du clergé. Elle a été préparée par un comité constitué de juristes et de curés principalement, sans aucune relation avec le Saint-Siège. Le rapporteur est un avocat, Martineau. Aucun concile n’est réuni pour en discuter. Certains évêques protestent contre cet abus de pouvoir. D’autres espèrent encore des accommodements, voire la christianiser. Ils veulent négocier. Le gallicanisme est encore vivace. Dans leur diocèse, des évêques jouent l’indifférence au contraire de nombreux curés qui l’acceptent pour diverses raisons. Certains n’hésitent pas à la célébrer dans leur paroisse. En très grande majorité, les autorités ecclésiastiques la refusent. Hésitant, et en dépit des mises en garde du pape Pie VI, le roi finit par l’approuver le 22 juillet. Certains ouvrages et articles reprochent le silence du pape et justifient le geste de Louis XVI par l’absence de déclaration pontificale formelle. Ignorent-ils tous les échanges qui ont eu lieu entre le pape, le roi et les évêques ? Beaucoup de clercs hésitent aussi. Certains comme les archevêques Champion de Cicé et Lefranc de Pompignan espèrent encore des compromis. Toutefois, un évêque dénonce le silence du clergé. Il craint la division de l’Église.

Mais, le pape Pie VI condamne formellement la constitution civile du clergé et dénonce l’odieuse usurpation. L’heure de la vérité a sonné. Les volontés indépendantistes que le royaume de France a exprimées tout le long du XVIIIe siècle en matière religieuse arrivent à son terme…

Les évêques comprennent vite que les négociations n’ont plus raison d’être. Ce n’est plus le temps de la discussion et des compromis. Des députés veulent appliquer la constitution. Le 16 puis le 20 août 1790, le député et avocat Charles Bouche (1737-1795) se plaint à la tribune de la lenteur de son application. Ce député s’est souvent illustré pour exterminer « l’oppression aristocratico-épiscopale ». C’est lui qui demande un projet de loi pour permettre aux religieux et religieuses de sortir de leur cloître. Cependant, le décret de la constitution n’est toujours pas diffusé. Le roi a en effet retardé sa proclamation. Pressé par des députés, Louis XVI cède de nouveau…

La division du clergé : les assermentés et les insermentés, les jureurs et les réfractaires

Jean Voidel (1758-18/12)
Beaucoup d’évêques protestent contre la constitution civile du clergé. Ce n’est pas aux laïcs de réformer l’Église. Le 26 novembre 1790, Voidel, député de la Moselle, évoque la formation d’une ligue « contre l’État et contre la religion, entre quelques évêques, quelques chapitres et quelques curés. »[1] Il nomme les différents évêques qui refusent d’appliquer la loi ou protestent contre la constitution en attendant la réponse du pape. Son discours décrit les résistances et les oppositions du clergé à l’encontre des décisions prises par l’assemblée.

Son rapport donne alors lieu à un décret qui oblige « tous les évêques et curés » de jurer solennellement « de veiller avec soin sur les fidèles des diocèses et cures qui leur sont confiés, d’être fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout leur pouvoir la constitution décrétée par l’assemblée nationale et acceptée par le roi »[2]. Pour cela, ils ont huit jours[3] pour faire ce serment, un jour de dimanche, à la fin de la messe (art. III). Le maire dressera un procès-verbal du serment (art. IV). Si l’évêque ou le curé ne prêtent pas serment dans le délai prescrit, ils seront réputés avoir renoncé à leurs offices et devront être remplacés (art. VI). En cas de refus ou d’opposition, ils perdront tous leurs traitements et seront déchus des droits de citoyens (art. VII). Le décret n’oublie pas tous ceux qui occupent des offices que la constitution civile a supprimés. Ils seront poursuivis comme perturbateurs du repos public et punis (art. VIII). Toutes personnes ecclésiastiques ou laïques qui s’opposeront aux décrets de l’assemblée nationale sanctionnés par le roi seront considérés comme perturbateurs de l’ordre public (art. IX).

Le roi Louis XVI, « la mort dans l’âme », approuve le décret le 26 décembre 1790. Les évêques et les curés ont désormais huit jours pour prêter serment. Le 3 janvier, l’assemblée oblige les prêtes à jurer dans les 24 heures.
Le décret ainsi voté conduit inévitablement à diviser l’Église de France. Il y avait déjà les « assermentés », les clercs élus selon la constitution, et les « insermentés », ceux qui officient sans être élus. Maintenant, il y a les « réfractaires », ceux qui refusent tout serment, et les « constitutionnels » ou dits encore « jureurs », ceux qui acceptent de prêter serment.

La prestation des serments commence en janvier 1791, le plus souvent à l'issue de la messe paroissiale et en présence des autorités civiles. Elle donne lieu à des fêtes patriotiques. Dans son ensemble, le clergé résiste aux menaces. L'immense majorité des évêques et des prêtres refusent catégoriquement de prêter serment[4]. Cependant, poussés par l'abbé Grégoire, 62 prêtres prêtent serment. Sur les 160 évêques, sept seulement acceptent de jurer, parmi lesquels seuls quatre titulaires de diocèses : Mgr de Talleyrand, Mgr Loménie de Brienne, Mgr de Jarente, évêque d'Orléans, et le Font de Savines, évêque de Viviers. Parmi les membres de l'Assemblée, seuls quatre députés acceptent de jurer. Les premières consécrations épiscopales ont lieu le 24 février en l'église de l'Oratoire. Mgr Talleyrand consacre Expilly, évêque du Finistère et Marole, évêque de l'Aisne. Plus tard, Mgr Gobel, évêque auxiliaire de Berne, est élu métropole de Paris. Une nouvelle Église voit ainsi le jour, l'Église constitutionnelle.

Face à l’Église constitutionnelle, se dresse une autre Église, l'Église réfractaire, qui rejette la constitution et les folles prétentions du pouvoir temporel. Les clercs réfractaires émigrent ou acceptent de rester en France pour finir dans la clandestinité ou sur l'échafaud. Il reste en France une vingtaine d'évêques. Beaucoup de prêtres réfractaires continuent d’exercer leur ministère auprès de leurs fidèles et concurrencent avec succès les prêtres jureurs...

La réaction du pape : une condamnation sans appel

Le pape Pie VI réagit rapidement aux événements. Dès le 10 juillet 1790, il répond à un mémoire de Louis XVI, que lui a remis le cardinal Bernis, représentant de la France au Saint Siège. Il alerte le roi sur les dangers de la constitution : « si vous approuvez les décrets relatifs au clergé, vous entraîné par cela même votre nation entière dans l'erreur, le royaume dans le schisme et vous allumez peut-être une guerre de religion ».

Apprenant le vote de la constitution civil du clergé par le roi, le pape est consterné. Louis XVI tente de se justifier et d'obtenir son approbation. Dans un bref du 17 août, Pie VI rappelle qu'il appartient à l'Église seule de statuer sur les choses spirituelles à l'exclusion de toute assemblée politique. L'abus de compétence de l'assemblée nationale est ainsi condamné.


Le 10 mars 1791, Pie VI réagit de nouveau à une lettre de Mgr Boisgelin qui lui a fait parvenir son Exposition des principes sur la constitution civile du clergé [5]. Il condamne de nouveau la constitution et la rejette. Par le bref Quod aliquantum, adressé le même jour à Louis XVI, il affirme son caractère hérétique et rappelle au roi le serment qu’il a prêté au sacre. Il lui communique aussi les censures qu'il a infligées à Mgr de Talleyrand et à Mgr Loménie de Brienne.

Bref du pape Pie VI,
1791



Le 13 avril 1791, Pie VI envoie aux archevêques et évêques de France le bref Charitas quae et une nouvelle lettre au roi. Il condamne formellement la constitution comme schismatique et hérétique, annule toutes les élections épiscopales faites sans son consentement et suspend les prélats consécrateurs.

Finalement, le pape condamne clairement et formellement les mesures définies dans la constitution civile du clergé. Dans un troisième bref, daté du 12 mars 1792, elle est déclarée comme « hérétique, sacrilège, renversant les droits de l'Église [...] contraire à la discipline ecclésiastique ». Il excommunie les évêques et les prêtres élus selon la loi nouvelle, et exige leur rétractation dans un délai de quatre mois. L'Église constitutionnelle devient schismatique...

Mais le pouvoir civil réagit de telle sorte que la condamnation pontificale est ignorée de la masse des prêtres français. Cependant, elle ne peut être méconnue. La décision du pape jette la confusion parmi les jureurs. En apprenant cette condamnation, des assermentés se rétractent, voire démissionnent. D'autres prêtres refusent de prendre contact avec leur évêque constitutionnel.

Ainsi, deux Églises s’opposent, la constitutionnelle condamnée par le pape, la réfractaire condamnée par le pouvoir politique. La première attire mépris et indifférence, la seconde,  reconnaissance et admiration.

Le temps de la persécution



Mais rapidement, les réfractaires sont confondus avec les émigrés et les aristocrates. Ils deviennent des ennemis de la nation et de la patrie. Les révolutionnaires prennent alors toutes les mesures pour imposer la constitution civile du Clergé. Une lente et inéluctable persécution s’abat sur les insermentés...

Le 29 novembre 1791, l'assemblée législative étend l'obligation du serment à la constitution civile de 1791 à tous les ecclésiastiques sous peine « d'être réputés suspects de révolte contre la loi et de mauvaises intentions contre la patrie ». Elle demande de dresser la liste des jureurs et des réfractaires, ces derniers devant être surveillés et tenus pour responsables en cas de troubles d'origine religieuse. « Quel est ce droit que l'Assemblée s'attribue non de faire des lois pour punir les crimes, mais de créer des crimes par des lois ? »[6] Les prêtres réfractaires sont donc traités en suspects.

Le 27 mai 1792, un décret soumet à la déportation, c'est-à-dire à l'exil, tout ecclésiastique que vingt citoyens dénonceront comme insermentés et que le district reconnaîtra comme tel. Tout prêtre passible de déportation qui sera pris en France sera condamné à dix ans de détention. Le roi Louis XVI finit par imposer son veto. Cependant, par dénonciation, les prêtres sont arrêtés, les « patriotes » envahissent les lieux de culte et les maisons des suspects. Des massacres de prêtres sont perpétués en Normandie, au Limousin et en Provence. « C’est dans un climat de demi-folie, dans une psychose de trahison, dans la carence grandissante de toutes les autorités régulières, débordées par les masses et les sans-mandats, qui se produit l'atroce événement qui va, entre la Révolution et l'Église, mettre l'inexpiable, un fleuve de sang »[7]. Le 14 août 1792, les députés ajouteront encore un serment, dit « à la liberté et à l’égalité. » Les insermentés seront renvoyés en Guyane.

Puis arrive le paroxysme de l'horreur : le massacre de septembre. Le 2 septembre, tous les suspects entassés dans les prisons parisiens sont tués. Sont ainsi massacrés environ 250 prêtres dont le vieil archevêque d'Arles, Mgr des Lau et deux évêques de la Rochefoucauld, évêques de Beauvais et de Saintes[8]. Ce massacre se répète dans d'autres villes, à Versailles, Meaux, Lyon, Antibes, en Normandie, etc. Les réfractaires entrent en clandestinité ...

Le 14 août 1793, l'Assemblée Législative impose encore un nouveau serment pour tous, y compris les prêtres : « je jure d'être fidèles à la Nation, et de maintenir la liberté et l'égalité, ou de mourir en les défendant ». Ce serment cherche à désigner les partisans et les adversaires de la Révolution. La formule est assez vague pour que les prêtres puissent ne pas y refuser, n'ayant aucun sens religieux.

L'Assemblée continua de décréter des mesures d'exception contre les prêtres réfractaires, provoquant le soulèvement de l'Ouest de la France, de tout le pays qui s'étend du Nord de Poitou à la Bretagne et aux confins de la Normandie. La fidélité à l'Église est une des causes majeures de cette guerre héroïque et légendaire. C’est le début d’un long conflit entre la France catholique et une France violemment anticléricale, antichrétienne...

La paix religieuse de retour en France ?

Finalement, le 18 septembre 1794, par voie de décret, la convention déclare que « la République ne paie plus les frais d'aucun culte ». Les prestations accordées aux assermentés jureurs sont supprimées. C'est la séparation de l'Église et de l'État, la fin de la constitution civile du clergé et donc de l'Église constitutionnelle 
.
Cependant, les événements soulèvent rapidement une nouvelle question. Par abus de compétence et par violence, les révolutionnaires ont écarté l’Église restée fidèle à Rome de la révolution et donc de la république naissante. Les réfractaires ne peuvent guère accepter un tel régime. Le pouvoir temporel est alors partagé entre un régime de tolérance et un régime de sévérité à leur égard. À plusieurs reprises, les terribles décrets de 1792 et 1793 sont remis en vigueur. Des prêtres réfractaires sont désormais déportés à la Guyane.


Afin de s’assurer de la loyauté de la population et celle des clercs, le 5 septembre 1797, un nouveau décret est signé. Il demande à tous les électeurs de se soumettre à un nouveau serment : « je fais serment de haine à la royauté et à l'anarchie, d'attachement et de fidélité à la République et à la Constitution de l'an III ». Un tel serment divise de nouveaux l'Église. Des fidèles considèrent la restauration de la religion comme intimement liée à celle de la royauté. Ils ne peuvent donc prêter un tel serment. En outre, les termes mêmes du serment soulèvent de l’indignation. Comment un chrétien et surtout un prêtre peuvent-ils haïr ? Pourtant, d'autres ne voient pas dans le serment une haine envers une personne, en particulier celle du roi, mais un rejet d'un régime monarchique comme contraire au gouvernement de fait. Le serment, selon eux, se réduit donc à une simple soumission au pouvoir établi. Beaucoup d'évêques et de clercs se rallient au serment. Une nouvelle persécution, diversement appliquée selon les régions, s’abat de nouveau. Elle s'étend dans les pays rattachés à la France comme la Belgique et la Suisse.

Conclusions

La constitution civile du clergé a voulu mettre en place une nouvelle Église, totalement insérée dans l’État. Elle est comme le résultat d’un ensemble de théories et de doctrines qui ont été diffusées et défendues en France depuis le XVIe siècle. Elle est la conséquence pratique d’un gallicanisme radicale mêlé du richerisme. Elle est aussi la conséquence immédiate de l’état d’esprit des gens du droit, des députés et des révolutionnaires, de leurs folles prétentions de vouloir imposer leur conception de l’État, un État tout puissant, considéré comme l’incarnation de la nation.


La constitution et le serment associé ont divisé l’Église de France comme le pressentaient Pie VI et d’autres contemporains. Deux Églises s’opposent, se dressant l'une contre l'autre, l'une constitutionnelle, disposant d'un clergé réduit, qui a les faveurs d’un pouvoir temporel de plus en plus antichrétien, l'autre réfractaire, clandestine ou en fuite, rapidement persécutée, qui réussit à s'organiser et à rester fidèle à Rome. Division et haine, persécution religieuse et guerre civile, telle est l'œuvre néfaste de la constitution civile du clergé. Telle est la prétendue régénération de la révolution… « Fille de l'orgueil conjuré des gallicans, des philosophes et des jansénistes, en dépit de la note d'austérité dont on l'avait revêtue », l’Église constitutionnelle « allait s'amenuiser peu à peu, puis disparaître avec le concordat, tandis que le catholicisme romain que la persécution croyait avoir anéanti, surgirait de l'ombre avec une jeunesse renouvelée »[9] Faut-il attendre que des idées néfastes produisent des maux terribles pour s’apercevoir de leur nocivité ?

La constitution civile du clergé a aussi pour conséquence de lier deux mouvements, celui des catholiques réfractaires et celui des partisans royalistes, et d'associer l'Église à la contre-révolution. Le catholique n’incarne plus le civisme mais le réactionnaire ou pire encore le défenseur des privilèges. Les XIXe et XXe siècles seront l’histoire de cette alliance. L'Église a éprouvé de grandes difficultés pour dissocier ces deux causes et rappeler qu'elle ne peut être liée à aucun régime. Nous revenons alors au cœur du problème, aux conséquences d’une trop grande proximité entre les pouvoirs temporel et spirituel.

La constitution civile du clergé a cependant, et malgré elle, régénéré l'Église de France, qui, sortie des catacombes, s’est retrouvée purifiée des idées et des doctrines qui l'ont conduit à cette catastrophe. Elle s’est rapprochée de Rome au point de se caractériser par sa fidélité à l’égard du pape. Le gallicanisme a vécu ses dernières heures sur les échafauds de la révolution. Lorsque l’Église est insérée dans l’État, le laissant intervenir dans son domaine de responsabilité, non seulement elle perd sa liberté mais elle ne peut plus être à la hauteur de sa vocation. Elle finit par agonir…







Notes et références
[1] Rapport fait par Voidel au nom des comités d’aliénation, ecclésiastique, des rapports et des recherches réunis, séance extraordinaire du vendredi 26 novembre 1790, dans Collection ecclésiastique, ou Recueil complet. Des ouvrages faits depuis l’ouverture des états généraux, relativement au clergé, à sa constitution civile, décrétée par l’assemblée nationale, sanctionnée par le roi, abbé Augustin Barruel, volume 6, 1791.
[2] Abbé Augustin Barruel, Collection ecclésiastique, ou Recueil complet. Des ouvrages faits depuis l’ouverture des états généraux, relativement au clergé, à sa constitution civile, décrétée par l’assemblée nationale, sanctionnée par le roi, art. II, volume 6, 1791.
[3] Huit jours pour ceux qui sont présents dans leur diocèse ou paroisse. Pour les absents : quinze jours qui suivent après leur arrivée dans leur diocèse ou cure.
[4] La statistique des serments varie selon les régions : 8% de jureurs dans le Bas-Rhin, 17% dans la Mayenne, 23% dans le Pas-de-Calais, 90% dans le Loiret, 96% dans le Var. Chiffres données dans Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, 1ère partie, Les événements, Jean Tulard, chap. IV, Bouquins, 1987.
[5] Voir Émeraude, juin 2019, article « La constitution civile, un abus de pouvoir ».
[6] Mgr de Boisgelin, Observation sur le serment prescrit aux ecclésiastiques et sur le décret qui l'ordonne, imprimerie de Guerbart, 1791.
[7] Daniel-Rops, L'Église des Révolutions, En face de nouveaux Destins, chap. 1.
[8] Cela représente environ 17% des victimes du 2 septembre.
[9] Marie Henri Jette, La France Religieuse du XVIIIème siècle, Chap. III, I.

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