" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 3 juin 2016

Diffusion du christianisme, véritable sceau divin

Vers l’an 33, Notre Seigneur Jésus-Christ meurt sur la Croix, abandonné de tous, livré à une peine ignominieuse. Juda l’a vendu pour trente deniers. Saint Pierre l’a renié à trois reprises. Terrés de peur, les Apôtres se sont rapidement enfermés dans le cénacle. Ils craignent d’être arrêtés. Comme eux, les disciples du chemin d’Emmaüs frôlent le désespoir. Certes, ils ont entendu d’étranges nouvelles que colportent des femmes mais leur désarroi est grand, leur inquiétude également. Et pourtant, trois cents ans après, le christianisme s’est répandu dans tout l’empire romain et dans toute la société…
Concile de Nicée

Certes, en 313, par l’édit de Milan, l’Empire romain donne à l’Église la paix et une pleine liberté. Les Chrétiens libérés de leurs entraves, nous pourrions donner une explication simple à la diffusion rapide du christianisme. La tolérance du pouvoir impérial à l’égard de la religion nouvelle puis sa bienveillance et enfin son soutien officiel pourraient expliquer sa propagation. Son développement serait alors peu surprenant. L’expansion de l’islam peut par exemple aisément s’expliquer par des raisons purement humaines. Appuyé sur l’aide d’une riche épouse et sur la force militaire des tribus, les troupes de Mahomet ont pu terrasser deux empires cruellement affaiblis et sans défense, répandant sa doctrine par le sang et la terreur. L’expansion musulmane est en effet fortement liée à la victoire de ses armées[1].


Or en 313, le christianisme est déjà fortement répandu dans l’empire romain comme à l’extérieur de ses frontières. Le nombre d’églises est impressionnant. En 325, le concile de Nicée réunit plus de 300 évêques, essentiellement d'Orient. La paix constantinienne n’explique donc pas la diffusion rapide de la nouvelle religion. La tolérance que l’empereur Constantin lui accorde en est plutôt une conséquence.
Pour éviter tout malentendu, nous allons considérer l’expansion du christianisme uniquement durant les trois premiers siècles où laissé à ses seules ressources, il rencontre devant lui des obstacles insurmontables.

Un constat : une rapide diffusion du christianisme
Il y a un fait incontestable au point de vue historique : le christianisme s’est répandu très rapidement. Dans un article précédent, pour montrer le caractère œcuménique du christianisme et la catholicité de l’Église[2], nous avons en particulier décrit leur développement au sens géographique et social. Nous devons désormais préciser que cette expansion a été particulièrement rapide. Dès le IIIe siècle, en effet, les communautés chrétiennes étaient nombreuses et très répandues comme le montrent de nombreuses sources historiques.

Les premiers témoignages de la rapide diffusion du christianisme se trouvent dans le Nouveau Testament. Saint Marc et Saint Matthieu concluent leur écrit en annonçant que l’Évangile est prêché en tous lieux. Dans les Actes des Apôtres, nous voyons naître et se développer des communautés chrétiennes. Ils rapportent notamment la conversion de trois cent personnes (Act. Ap., I, 15), ensuite trois mille (Act. Ap., II, 41) puis cinq mille (Act. Ap., IV, 4) et enfin « des milliers de Juifs » (Act. Ap., XXI, 20). De Jérusalem, la foi atteint la Samarie, Damas, Antioche. Les épîtres des Apôtres sont adressées à de nombreuses églises implantées dans l’empire romain : Corinthe, Galatie, Éphèse, Philippe, Colosse, Thessalonique, Rome. Par ses lettres, nous pouvons parcourir les voies romaines et suivre les pas de Saint Paul, créant et visitant des communautés dispersées dans le monde romain : Chypre, Macédoine, Grèce, Phrygie, Illyrie, Dalmatie... Il projette un séjour en Espagne (Act. Ap., XV, 24-28). À la fin du Ier siècle, en 96 ou 97, selon le Pape Saint Clément de Rome, il semble l’avoir réalisé puisqu’il nous rapporte qu’il a « enseigné la justice au monde, jusqu’aux bornes du couchant »[3]. Entre 53 et 57, Saint Paul peut finalement écrire que la foi est annoncée dans le monde entier. Saint Pierre évoque aussi des églises dans la Cappadoce, en Asie Mineure et en Bithynie. Saint Jean multiplie les sièges épiscopaux en Asie Mineure.



Autre indice de la diffusion et de l’importance du christianisme : en l’an 42, à peine dix ans après la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ, les Chrétiens doivent suffisamment se distinguer des Juifs pour qu’à Antioche, ils reçoivent le nom de Chrétiens.
Rappelons aussi que la prédication du christianisme n’est pas spécifique à l’empire romain. Saint Thomas prêche dans le royaume des Parthes entre Tigre et Euphrate. Il envoie Thaddée à Abgar, roi d’Édesse. Babylonie aurait vu Saint Simon. Saint André pénètre en Scythie.
Les premières persécutions, révélatrices de l’expansion du christianisme


En l’an 64, les Chrétiens sont suffisamment connus et importants pour qu’ils fassent l’objet d’une première persécution de la part du pouvoir impérial. Rappelons les raisons qui ont conduit Néron à les pourchasser  et à les tuer…
Rome a été la proie d’un incendie dévastateur. Des rumeurs désignent rapidement Néron comme étant l’incendiaire. Sans-doute pour détourner la colère de la populace, l’empereur accuse alors les Chrétiens d’en être les véritables auteurs. « Aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires, ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d’avoir ordonné l’incendie de Rome. Pour apaiser ses rumeurs, il offrit d’autres coupables, et fit souffrir les tortures les plus raffinées à une classe d’hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens. »[4] Un édit proclame alors que la profession du christianisme devient à elle seul un délit légal, indépendamment de toute autre accusation.
Or une telle persécution n’a de sens que si le nombre de Chrétiens est assez significatif pour le pouvoir impérial et la population romaine. En outre, la chasse contre les Chrétiens ne se limite pas à Rome. S’adressant à des fidèles du Pont et de la Cappadoce, Saint Pierre soutient ceux qui vont subir le martyre. Selon Tacite, l’« exécrable  superstition » s’est déversée dans la Judée et dans Rome même.
Plus tard, l’empereur Domitien (81-96) déclenche une nouvelle persécution. Depuis la prise de Jérusalem, les Juifs doivent payer un tribut à Rome. L’empereur étend ce tribut à tous ceux qui mènent la vie judaïque, y compris aux Chrétiens. Or, refusant de s’assimiler aux Juifs, les Chrétiens refusent de payer la taxe. De plus, le christianisme se développe dans les hautes sphères du pouvoir, ce qui inquiète réellement le pouvoir impérial. En 95, la famille impériale est en effet touchée par la nouvelle religion. Flavius Clemens, alors consul, fils de Flabius Sabinus, le frère aîné de Vespasien, et son épouse Flavia Domitilla, se convertissent à la foi. Aetius Glabrio, consul en 91, est condamné parce qu’il est chrétien.

Ainsi avant que ne s’achève le premier siècle de l’ère chrétienne, le christianisme est suffisamment important pour être l’objet de la persécution populaire et pour être sérieusement inquiété par les autorités. Il est répandu dans tout l’empire romain sans être arrêté par les frontières et dans les différentes couches de la société jusqu’à atteindre la famille impériale. Vers 112, Pline le Jeune écrit à Trajan que la Bithynie et le Pont sont infectés par la nouvelle secte. Il atteste la présence d’un grand nombre de chrétiens de tous âges et conditions, tant dans les campagnes que dans les villes.
Dans un monde cruellement hostile
Pourtant, que d’obstacles à la propagation de la foi ! Dès l’origine, les Juifs de la Judée comme ceux de la diaspora luttent fortement contre sa diffusion, notamment en faisant appel à la force publique et aux passions populaires. Comme nous l’avons souvent montré dans nos articles, le monde païen s’oppose aussi violemment contre les Chrétiens avant même que les autorités impériales ne déclenchent les persécutions officielles. Ce n’est pas une simple opposition politique. Elle relève d’une véritable haine. Elle se manifeste d’abord par des calomnies, des vexations, des discriminations puis par des déchaînements populaires et de véritables massacres. Pouvons-nous imaginer cette haine qui conduit d’innombrables chrétiens à l’exil, à la déportation et aux tortures ? Nous pouvons énumérer la liste des motifs d’accusation : débauches, inceste et infanticide, sacrilège, lèse-majesté, magie, etc. Tout est bon pour les salir et les mener au cirque. « Que le Tibre monte sur les remparts, que le Nil oublie de monter sur les campagnes, qu’un ciel d’airain se ferme, que la terre tremble, qu’il survienne une famine, une mortalité, aussitôt : les Chrétiens au lion ! »[5] 
Pendant trois siècles, les édits de persécutions se succéderont pour tenter d’enrayer le développement du christianisme et de le détruire. De temps en temps, entre deux édits, entre deux pauses, selon l’humeur de la population ou des autorités locales, les Chrétiens pourront profiter d’une trêve et vivre dans une relative tranquillité, toujours éphémère et instable.
Catacombe de Porta d'Ossuna
(Palerme)
Le nom même de Chrétien est punissable de mort ! « Les Chrétiens sont les seuls auxquels la parole soit interdite pour prouver leur innocence, pour défendre la vérité, pour épargner aux juges une sentence inique. Pour les condamner, on n’attend qu’une chose, une chose nécessaire à la haine publique, c’est qu’ils avouent leur nom ; quant à l’information du crime, on n’y songe pas. »[6] S’inquiétant de la multitude des chrétiens et soucieux de les punir avec justice, Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie, demande à Trajan des instructions. L’empereur lui répond de ne point les rechercher mais de ne punir que ceux qui sont dénoncés comme chrétiens. « Trajan défend de rechercher les Chrétiens parce qu’ils sont innocents, il ordonne de les punir comme coupables ; il épargne et il sévit, il dissimule et il condamne ! Pourquoi vous contredire si grossièrement ? Si vous condamnez les Chrétiens, pourquoi ne pas les rechercher ? et si vous ne les recherchez point, pourquoi ne pas les absoudre ? […] Vous condamnez un Chrétien dénoncé, et vous défendez de le rechercher ! Il est donc punissable, non parce qu’il est coupable, mais parce qu’il a été découvert. »[7]
Tous les chrétiens n’ont pas connu la mort. La plupart ont été bannis, exilés, leurs biens confisqués, leur réputation entachée, leurs ambitions enterrées. S’ils n’ont pas succombés à leurs tortures, ils en ont portés des traces indélébiles. Imaginons ce païen prêt à se convertir. Il connaît le prix de sa conversion. Il sait ce qu’il va perdre du seul fait qu’il portera le nom de chrétien. Il n’ignore pas que sa foi, il devra la vivre avec prudence et silence. La haine, la souffrance et la mort sont désormais au pied de sa porte, à tout moment. Une simple dénonciation, une rumeur, une parole…
Le combat n’a pas seulement été fait de larmes et de sang. Des lettrés et des philosophes païens ont aussi mis tout en œuvre pour combattre la prédication de l’Évangile et s’attaquer à la doctrine et à la morale chrétienne. Nous en avons rencontré de nombreux depuis le début de notre étude : Celse, Lucien, Porphyre, Julien l’Apostat, etc. Leur puissante érudition et leur habile dialectique ont parfois été des armes plus redoutables que les tortures et la mort.
Contre de puissants intérêts
Enfin, au cours de sa propagation, la foi n’aborde pas une terre vierge ou un peuple nu, sans histoire ni culture. Elle touche des hommes déjà plus ou moins attachés à une autre religion, à d’autres cultes, parfois depuis des siècles. Durant sa diffusion, elle a rencontré les religions romaines, grecques, orientales, etc.
En se répandant, le christianisme a remis en cause les autres religions, dénonçant leurs erreurs et leur inefficacité. Des juifs et des païens se sont convertis et ont délaissé les temples et les anciens sacrifices. Revenons encore à Pline, témoin précieux de ce temps si éloigné. Il se plaint en effet que « les temples des dieux sont presque tous abandonnés, les sacrifices depuis longtemps interrompus, les victimes destinées aux dieux ne trouvant plus que de rares acheteurs. » En clair, les prêtres païens et tous ceux qui vivent des cultes anciens, notamment les artisans, voient leur situation sociale et financière dépérir. Parfois, ce sont eux qui agitent la population et la déchaînent sur des chrétiens.
En dépit de la division …
Ainsi la foi s’est développée dans un milieu particulièrement hostile. Pendant les premiers siècles, rares et fragiles ont été les moments de répit et de quiétude pendant laquelle elle a pu croître. Mais les véritables obstacles à sa propagation, les véritables ennemis contre lesquels elle a du se battre, ne proviennent pas essentiellement de l’extérieur des communautés chrétiennes. Le milieu chrétien lui-même a aussi et surtout été peu favorable à sa propre expansion. Dès le début, il fait en effet l’objet de divisions et de querelles. Dans leurs épîtres, les Apôtres dénoncent les erreurs qui minent et divisent des communautés.
Le judéo-christianisme et le gnosticisme sont les deux premières hérésies. Elles dérivent des influences juives et païennes. La première ne peut admettre que la loi mosaïque soit abrogée et remplacée par la nouvelle loi, la loi chrétienne, quand la seconde s’insurge contre la doctrine chrétienne de la Création et de l’origine du mal. Puis à peine ces erreurs sont-elles vaincues que d’autres viennent bouleverser les esprits. À la veille de la conversion de l’empire romain, l’arianisme s’abat sur l’Église, apportant division et violence. L’empereur Constantin doit même y intervenir pour apaiser les esprits et ramener une certaine unité.
En dépit de la folie de Dieu
N’oublions pas un dernier obstacle, pas la moindre, la foi elle-même ! Le Païen peut-il vraiment l’entendre sans la considérer comme une folie, sans la rejeter  ?! Comment  peut-il y adhérer ? Comment peut-il en effet pardonner les injures, aimer ses ennemis, fuir les honneurs, vivre dans l’humilité, etc. ! Ce sont des paroles difficilement audibles. Quel est ce Sauveur mourant sur la Croix comme un infâme ?! Nous sommes bien loin de l’image des divinités païennes avec leurs triomphes et leurs éclats ! Tant par sa doctrine que par sa morale, la religion chrétienne ne lui est finalement guère attrayante. D’apparence absurde et impossible, elle peut révolter l’esprit hellénique et romain comme elle peut repousser les hommes plus propres à suivre ses passions qu’à les freiner. La nouvelle religion est fondamentalement contraire à la pensée païenne et aux mœurs antiques.
Notre Seigneur Jésus-Christ ne ressemble guère non plus au Messie que s’étaient imaginés des Juifs, enfermés dans un orgueil national et dans une conception bien terrestre du Royaume de Dieu ![8]
À partir de douze hommes…
Ainsi lorsque nous envisageons tous les obstacles à la naissance et à l’expansion de la foi, nous pouvons être légitimement étonnés de sa rapide diffusion. Mais cet étonnement devient vite stupeur et vertige quand nous songeons aux premiers acteurs de l’expansion de la foi, c’est-à-dire aux Apôtres.
Écoutons plutôt les païens eux-mêmes. « Quelle vraisemblance que Paul, qui fabriquait des tentes, que Pierre, pêcheur de profession, que Jean, qui laissa en place les filets de son père, aient exprimé de si sublimes idées sur Dieu »[9]. Ils ne comprennent même pas Platon ! Porphyre souligne encore la disproportion entre le rôle dévolu à Saint Pierre, « le chef du chœur des disciples », « celui à qui fut départi le pouvoir de diriger les affaires »[10], et sa chétive personnalité. Il nous donne de nombreux exemples montrant ses faiblesses et ses contradictions. Effectivement, les Apôtres, « gens grossiers et ignorants »[11] ne sont pas très illustres par leur naissance ou par leur science. Notre Seigneur Jésus-Christ n’hésite pas à montrer leurs limites. Il ne cesse de se plaindre de leurs faiblesses. Combien de fois leur reproche-t-Il de ne rien comprendre à ce qu’ils ont entendu et vu ! L’Évangile ne cache pas leur étroitesse d’esprit, leur entêtement, leur aveuglement… Pourtant, c’est par les douze Apôtres que l’Évangile a été répandu !
Effectivement, c’est par ces hommes si peu savants et éloquents que le christianisme a pu se répandre et se diffuser en dépit des obstacles. « Ce n'était ni par la force de leur éloquence, ni par la netteté de leur méthode, ni par les autres artifices de la rhétorique ni de la dialectique qu'ils se rendaient maîtres de l'esprit de leurs auditeurs. »[12]
Quelle formidable revanche, peut alors s’exclamer ironiquement Tertullien ! « Le voilà donc, ce fils d’un charpentier ou d’une courtisane […] C’est lui que ses disciples enlevèrent en secret, pour faire croire qu’il était ressuscité ; lui qu’un jardinier a soustrait, de peur que ses laitues ne soient abîmées par la foule … »[13]

Sans soutien matériel
Les Apôtres ne peuvent finalement compter que sur leurs faiblesses pour répandre la foi. Peuvent-ils compter sur une puissance quelconque ? Contrairement à l’islam, ils n’ont pas de troupes armées pour les protéger ou ouvrir les portes des cités ! Contrairement aux religions orientales, ils n’ont pas d’écoles ou de monastères pour dispenser longuement une sagesse mûrie de longues années ! Point d’honneur ni d’éclat pour les recevoir ! Ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et sur des fidèles menacés par la populace et le pouvoir.
« Qui pourrait, sans les mêmes mouvements d'admiration, se remettre devant les yeux Jésus prédisant alors : Que son Évangile serait prêché dans tout le monde pour servir de conviction aux rois et aux peuples (Matthieu, XXIV, 14), et voir ensuite cet Évangile effectivement prêché par toute la terre, aux Grecs et aux Barbares, aux savants et aux ignorants? Il n'y a point de condition dans le monde, qui ait pu exempter les hommes de se soumettre à sa doctrine de Jésus. »[14]
Un véritable miracle
En dépit des difficultés et des obstacles, tant du dehors que du dedans, l’enseignement de Notre Seigneur Jésus-Christ a été prêché à tous les hommes, sans exception. La foi a su rapidement pénétrer la société antique et s’y développer aussi bien parmi les démunis que parmi les riches ou pauvres, ignorants ou savants, esclaves ou consuls. La diffusion du christianisme est un véritable miracle, un prodige encore plus grand que ce qu’il contient ! Admirant comme nous ce fait, Saint Augustin a pu conclure : « Ou bien les Apôtres ont fait des miracles pour établir la foi à la résurrection de Jésus, ou bien le monde y a cru sans miracles, et ce serait alors le plus grand des miracles. »[15] Le christianisme est ainsi marqué d’un véritable sceau divin.
Les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ sont encore là pour ceux qui peuvent encore en douter. Son appel à la conversion du monde peut être pris pour folie et rêverie tant par les Apôtres, pauvres et sans envergure, que par nous, conscients de l’hostilité et de la haine du monde qui allaient s’abattre sur eux. Et pourtant, aujourd’hui, sa parole est devenue accomplissement. Folie des hommes, sagesse de Dieu…
Partie de Jérusalem, la foi a ainsi conquis l’empire et s’est répandue au-delà des frontières, atteignant d’autres empires, d’autres peuples, d’autres sociétés. La rapide diffusion de la foi est un véritable prodige, le signe éclatant du sceau divin, l’un des plus grands miracles qui chaque jour se dévoilent encore devant nous sans que nous le remarquions. Sa permanence et sa diffusion demeurent encore un miracle qui ne peut que confirmer son origine divine. Quelle autre religion peut-elle prétendre détenir un tel sceau ?...

Notes et réferences

[1] Voir Émeraude, d"cembre 2012,  article "La douloureuse question de l'autorité musulmane", décembre 2014, "L'islam, une religion de la force".
[2] Émeraude, mai 2016, article "L’œcuménisme".
[3] Saint Clément de Rome, 1ère épître aux Corinthiens, V, 7.
[4] Tacite, Annales, Livre XV, 44, trad. Burnouff, dans Histoire de l’Église, Dom. Ch. Poulet, Tome I, Beauchesne, 1935.
[5] Tertullien, Apologétique ou Défense des Chrétiens contre les Gentils, XL.
[6] Tertullien, Apologétique ou Défense des Chrétiens contre les Gentils, II.
[7] Tertullien, Apologétique ou Défense des Chrétiens contre les Gentils, II.
[8] Voir Émeraude, avril 2015, article " L'idée du Messie au temps de Notre seigneur Jésus-Christ".
[9] Celse, Contre Celse, Origène, VI, 7 dans La Réaction païenne, étude sur la polémique antichrétienne du Ier au IVe siècle, Pierre de Labriolle, 2ème partie, Chap.I, V, Cerf, 2005.
[10] Porphyre, Contre les Chrétiens, Fragments n°26, Harnack, dans La Réaction païenne, étude sur la polémique antichrétienne du Ier au IVe siècle, 3ème partie, chap. I, VI
[11] Hiéroclès dans Divines Institutions, Lactance, V, II, 12 dans La Réaction païenne, étude sur la polémique antichrétienne du Ier au IVe siècle, 2ème partie, chap. III, II.
[12] Origène, Contre Celse, I.
[13] Tertullien, Des Spectacles, XXX, dans La Réaction païenne, étude sur la polémique antichrétienne du Ier au IVe siècle, 2ème partie, chap. II, VII.
[14] Origène, Contre Celse, I.
[15] Saint Augustin, La Cité de Dieu, XXII, 5.

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