" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 10 septembre 2016

"Hors de l'Église, point de salut"

Dans son discours d’ouverture, le Pape Jean XXIII souhaitait que le second concile de Vatican clarifie l’enseignement de l’Église pour favoriser l’unité des Chrétiens dans un contexte favorable au rapprochement. La constitution dogmatique Lumen Gentium [1] définit notamment ce qu’est l’Église. En effet, il n’est guère possible de parler de l’unité des Chrétiens sans définir ce qu’est l’Église et des relations qui existent entre l’Église et les communautés dites séparées. Le texte conciliaire distingue l’Église du Christ, l’Église catholique et les autres communautés.


Le second concile de Vatican ne définit pas l’Église en fonction de sa nature ou de ses membres mais en fonction des instruments de salut qu’elle possède. Il est dit que l’Église catholique possède seule en plénitude les moyens de salut que Notre Seigneur Jésus-Christ a fournis à l’Église alors que les autres communautés les possèdent partiellement. Ainsi ces dernières possèdent des moyens de salut même si leur force est tirée de l’Église catholique. De même, l’Église catholique possède seule en plénitude la vérité, les autres églises les possédant partiellement. C’est dans ce sens que l’Église « subsiste dans » l’Église catholique[2].

L’objectif de clarification voulu par l’initiateur du concile ne nous semble pas atteint, bien au contraire. La doctrine que nous venons de résumer nous semble trop succinctement définie dans la constitution dogmatique et soulève de nombreuses questions. L’ambiguïté des termes employés et le manque de précisions ont ainsi obligé la congrégation de la foi à intervenir à plusieurs reprises pour définir le sens du texte. Aujourd’hui encore, elle désoriente les catholiques. Elle semble en effet remettre en cause l’enseignement traditionnel de l’Église au point de favoriser le relativisme ou l’indifférence religieux. Que devient en effet l’adage : hors de l’Église, point de salut ? Doit-il être abandonné pour suivre l’orientation du second concile de Vatican ? Notre article revient sur cette citation célèbre...

Selon Saint Cyprien de Carthage

La phrase est tirée d’une œuvre de Saint Cyprien de Carthage, intitulée De l’Unité de l’Église. Elle a été écrite pour s’opposer à des schismatiques[3]. L’Église est l’« épouse du Christ », nous dit-il. « Elle nous garde pour Dieu, elle met au monde des enfants pour son Royaume. » Ainsi, continue-t-il, celui qui quitte l’Église commet un adultère. « Il ne pourra pas obtenir ce que l’Église promet. Celui qui abandonne l’Église du Christ ne recevra pas les récompenses du Christ. » Par conséquent, « c’est un étranger, un adversaire et un ennemi. » En effet, « on ne peut pas avoir Dieu pour Père quand on n’a pas l’Église pour mère. » Comme seul le bateau de Noé a pu sauver l’humanité du déluge, « personne ne peut se sauver en dehors de l’Église. »[4]

La position de Saint Cyprien est claire. Les textes post-conciliaires reviennent souvent sur son ouvrage pour légitimer le mouvement œcuménique sans évoquer sa doctrine de l’exclusivisme salutaire. Notons qu’elle donnera lieu à un conflit avec le Pape car elle s’inscrit dans son refus de reconnaître la validité des baptêmes conférés par des prêtres schismatiques.

Saint Cyprien soutient en effet qu’ils font rebaptiser ceux qui ont reçu le baptême par des hérétiques ou des schismatiques. Dans une lettre qu’il adresse à Quintus, il justifie sa position : « il est manifeste que ceux qui ne sont pas dans l'Église du Christ sont au nombre des morts, et qu'on ne peut recevoir la vie de celui qui n'est pas lui-même vivant, attendu qu'il n'y a qu'une Église qui, ayant obtenu la grâce de la vie éternelle, tout ensemble vit éternellement, et vivifie le peuple de Dieu. »[5] La citation est explicite dans deux des lettres de Saint Cyprien[6].

Selon Origène

Toujours au IIIe siècle, en Orient, Origène a le même discours : « que personne donc ne s’illusionne, que personne ne se trompe lui-même : hors de cette demeure, c’est-à-dire hors de l’Église, personne n’est sauvé. » Ainsi « celui qui en sort est lui-même responsable de sa mort »[7]. Le texte est tiré d’une homélie sur le récit historique de Josué et de l’installation des Juifs en Palestine. Il interprète la conquête de la Terre promise sous la conduite de Josué comme l’image charnelle de la conquête spirituelle du Royaume des Cieux sous la conduite de Jésus, le chef du nouvel Israël qu’est l’Église. L’homélie daterait de 239-242. Origène évoque aussi le récit de Rahab. Sa maison, figure de l’Église, est seule sauvée de la destruction de Jéricho[8] car elle-seule a recueilli les envoyés de Josué. Tous ceux qui y demeurent sont sauvés de la mort. Hors du bercail, dont Notre Seigneur Jésus-Christ est la seule entrée, aucune brebis ne peut être sauvée.

Deux remarques

Saint Cyprien et Origène parlent essentiellement de ceux qui ont quitté l’Église en rompant l’unité de foi ou l’unité de gouvernement en adhérant à une hérésie ou à un schisme. Ils traitent aussi des apostats et des excommuniés, c’est-à-dire ceux que l’Église a retranchés de son sein. Mais ils ne traitent pas du cas des incroyants et des croyants des autres religions sans oublier les chrétiens qui, sans jamais avoir appartenu à l’Église, ne vivent pas en communion avec elle.

La deuxième remarque concerne le terme de l’Église. Saint Cyprien et Origène évoquent l’Église comme étant visible et non d’une éventuelle Église invisible ou spirituelle. Leurs discours traitent de problèmes concrets, ancrés dans une réalité bien comprise.

Sens de l’adage « Hors de l’Église, point de salut » 

L’adage exprime que, hors de l’Église, l’homme ne peut pas se sauver. Il n’existe pas d’autres portes de salut, d’autres voies pour gagner son éternité. Saint Cyprien compare l’Église à une mère qui par définition donne la vie. Certes elle n’est pas cause de la vie mais plutôt le canal par lequel elle se donne. Mais il ne suffit pas de renaître pour vivre, encore faut-il garder cette vie. L’Église donne donc aussi les moyens de la préserver, de la développer, de la fortifier. C’est pourquoi Saint Cyprien compare les hérétiques et les schismatiques à des morts. Ils ont reçu la vie mais ils ne l’ont plus. Le salut appartient à ceux qui possèdent la vie que seule l’Église peut donner et maintenir…

L’adage définit donc l’Église comme seule dispensatrice du salut. Il s’oppose donc clairement à l’idée selon laquelle d’autres religions détiennent des moyens de salut. Face au monde, elle affirme son exclusivité.

Si Saint Cyprien ou Origène sont les premiers auteurs chrétiens connus à avoir explicitement formulé l’adage « Hors de l’Église, point de salut », la vérité qu’elle exprime est nettement plus ancienne.

Un Pasteur, une Église

Rappelons d’abord qu’à plusieurs reprises, Notre Seigneur Jésus-Christ s’affirme comme seul Sauveur et unique Pasteur. Il est « le chemin, la vérité et la vie », nous dit-Il (Jean, XIV, 6). Hors de lui, point de salut. Sa mission est justement de sauver les hommes. Il est le Messie tant attendu qui doit établir le Royaume de Dieu. Il est le Pasteur qui doit rassembler le troupeau. « Je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jean, IX, 9). Il est l’unique Sauveur…

Les Apôtres prêchent la même nécessité, la même exclusivité. « Le salut n’existe pas en aucun autre ; car il n’y a pas sous le ciel un autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. »(Actes des Apôtres, IV, 12)

L’Église, institution de salut

Avant son Ascension, Notre Seigneur Jésus-Christ avertit les Apôtres qu’Il doit les laisser. Puis, il « fut enlevé au ciel » (Marc, XVI, 19). Il ne les laisse pas seuls. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles. » (Matthieu, XXVIII, 20) Pour poursuivre son œuvre, Il fonde l’Église. Selon la doctrine catholique, Notre Seigneur Jésus-Christ « a résolu de construire la Sainte Église dans laquelle, comme dans la maison du Dieu vivant, tous les fidèles seraient réunis par le lien d’une seule foi et d’une seule charité » afin de « rendre durable l’œuvre du salut de la Rédemption »[9].

Notre Seigneur Jésus-Christ a acquis les moyens de salut au profit de l’homme. L’Église doit désormais les appliquer. Ainsi les Apôtres sont les « serviteurs du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu. »(I Épître aux Corinthiens, III, 11). Elle est bien une institution de salut. Elle précède la communauté, la fonde et la maintient. Elle est ensuite la société des fidèles. Cela ne signifie pas qu’elle n’est qu’institution de salut…

L’ordre de mission que reçoivent les Apôtres est une conséquence de la mission dévolue à l’Église. L’évangélisation n’a pas de sens si elle n’est pas liée à l’idée du salut. « Allez par tout le monde et prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc, XVI, 15-16) Les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ signifient d’une part que le baptisé peut être sauvé. Mais cela ne suffit pas. Pour être sauvé, il y aussi une deuxième condition, l’obligation de croire. Cette dernière est si importante que celui qui n’a pas la foi est nécessairement perdu. « Celui qui ne croira pas sera condamné. »

Mais que croire ? Ce qu’enseignent les Apôtres. À ses disciple, Notre Seigneur leur dit bien : « celui qui vous écoute, m’écoute, et celui qui vous méprise, méprise celui qui vous a envoyé. » (Luc, X, 16) Sodome et Gomorrhe, qui ont été détruites par Dieu pour leur immoralité, seront mieux jugées que ceux qui ont repoussé la prédication chrétienne. Dans leurs lettres, les Apôtres rappellent alors aux différentes communautés qu’elles doivent demeurer fidèles à leur enseignement. Saint Paul prévient aux Galates que, « quand nous-mêmes, quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! »(Galates, I, 8) Saint Jean avertit du danger des séducteurs. « Prenez garde, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine récompense. Quiconque va au-delà et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, n’a point Dieu : celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils.» (II Jean, 8).

Il faut demeurer dans la lumière pour vivre de la lumière. « Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurez aussi dans le Fils et dans le Père. »(I Jean, II, 20) Car Notre Seigneur Jésus-Christ est la lumière, « la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jean, I, 9) Et l’Église porte cette lumière et la répand. Tout l’enseignement de Saint Jean tourne autour de cette fidélité à Notre Seigneur Jésus-Christ et à son enseignement afin qu’Il demeure en nous. « Nous savons que le Fils de Dieu est venu, qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître le vrai Dieu, et nous sommes en ce vrai Dieu, étant en son Fils Jésus-Christ. C’est lui qui est le Dieu véritable et la vie éternelle. » (I Jean, V, 20)

Mais l’évangéliste ne s’arrête pas là. Il demande de ne pas recevoir celui qui répand la mauvaise parole, c’est-à-dire le séducteur et le faux docteur. « Si quelqu’un vient à vous et n’apporte point cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! Car celui qui dit : Salut ! participe à ses œuvres mauvaises. » (II Jean, 10-11) Nous retrouvons l’idée de Saint Paul. Nous devons rompre avec les chrétiens qui sont indignes de leur titre de peur de les encourager dans le péché et de diminuer la gravité de leur faute. Ce qui est vrai dans la moralité l’est aussi dans la vérité. Accueillir le mensonge, c’est favoriser sa diffusion ; c’est encourager les hommes à donner confiance aux séducteurs et aux faux docteurs. Ainsi l’Église a le devoir de dénoncer le mensonge et l’erreur, et d’exclure ceux qui pervertissent la doctrine de Notre Seigneur Jésus-Christ.


L’Église est donc la continuation de l’action de Notre Seigneur Jésus-Christ dans le temps et dans l’espace. Certains saints verront même une pleine identification entre l’Église et Notre Seigneur. Selon Bossuet, « c’est Jésus-Christ, mais Jésus-Christ répandu et communiqué. »[10]

Enfin, Notre Seigneur Jésus-Christ ne veut « qu’un seul troupeau et un seul pasteur » (Jean, X, 16). Il prie « pour que tous soient un » (Jean, XVII, 21). L’Église est une et indivisible par nature. Saint Paul définit précisément l’Église comme un corps dont la tête est Notre Seigneur Jésus-Christ. Les membres qui forment ce corps vivent de sa vie tant qu’ils restent attachés à la tête. Lorsqu’ils se détachent, ils meurent. La parabole de la vigne en est aussi une belle illustration. Le sarment qui n’est plus rattaché au cep n’en reçoit plus la sève et meurt. La vie n’y circule plus. Hors de l’Église, il n’y a plus de vie.  Il est nécessaire d’appartenir à l’Église pour être sauvé.



Mais quel sens faut-il donner à « appartenir à l’Église » ? Plusieurs cas se présentent. Avant de poursuivre, rappelons brièvement la doctrine catholique sur la sanctification de l’âme.

La grâce sanctifiante

Dieu peut nous communiquer sa vie divine dans une certaine mesure. La vie surnaturelle est cette participation à la vie divine. Le moyen de la verser en nous est la grâce. C’est un don surnaturel que Dieu nous accorde à cause des mérites de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est donc par la grâce que Dieu nous conduit à la vie éternelle. Elle est le seul moyen d’atteindre le ciel. Elle est aussi un don, c’est-à-dire une chose gratuite. Elle est enfin surnaturelle puisqu’elle dépasse les exigences de notre nature.

La doctrine catholique distingue deux sortes de grâces : la grâce actuelle, de caractère transitoire, et la grâce habituelle, de caractère permanent. La grâce habituelle réside dans notre âme et la rend juste et sainte aux yeux de Dieu. Elle est ainsi appelée grâce sanctifiante. C’est par elle que Dieu nous fait enfants adoptifs. Par le péché mortel, nous perdons toute grâce. Sans la grâce sanctifiante, il n’est point possible de vivre de la vie divine. 

La question d’appartenance

Par le baptême, le fidèle appartient à l'Église mais s'il ne possède pas la grâce sanctifiante ou s'il n'a pas la foi, il n'appartient qu'extérieurement à l’Église ou encore au corps de l’Église. Il est incorporé à l’Église mais sans avoir la vie divin qui lui assure le salut.

Revenons aux paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ. « Celui qui ne croira pas sera condamné. » Remarquons qu’Il ne dit pas « celui qui ne sera pas baptisé et ne croira pas sera condamné ». D’autres fidèles de Dieu, comme les Justes de l’Ancien Testament, sont justifiés tout en n’ayant jamais reçu le baptême. Des enfants qui meurent sans baptême sont-ils damnés ? Des hommes n’ayant connu que leur île, sans aucun contact avec le monde extérieur, comment peuvent-ils être baptisés ? Selon la doctrine catholique, nous pouvons en effet gagner le salut sans connaître l’Église, notamment dans le cas de l’ignorance invincible[11]. Ces hommes appartiennent en fait intérieurement à l’Église ou encore à l’Âme de l’Église. L’Âme de l’Église comprend tous ceux qui vivent de la grâce sanctifiante.

Enfin, des hommes peuvent appartenir extérieurement et intérieurement à l’Église. Ils appartiennent au Corps et à l’Âme de l’Église. Cette règle est une nécessité de moyen pour tous ceux qui ont une connaissance suffisante de l’Église ou pourraient l’avoir mais restent dans une ignorance volontaire.

Rappelons encore un point essentiel : Dieu peut sauver qui Il veut. Il pourrait conduire l’humanité au salut sans Église. Mais ce n’est pas la voie normale qu’Il a choisie et qu’Il nous a donnée. Par ailleurs, personne autre que Dieu ne sait qui est hors de l’Âme de l’Église ou hors de l’Église. Il est donc inutile de vouloir traiter ces cas particuliers.

Appartenir à l’Âme de l’Église

Pour être sauvé, il faut donc appartenir à l’Âme de l’Église. C’est une nécessité de moyen. « Le moyen doit être saisi tout au moins en désir par celui qui veut atteindre le but auquel est ordonné ce moyen. »[12] Cela signifie que nul ne peut se sauver s’il n’appartient pas à l’Âme de l’Église. Cette loi ne souffre d’aucune exception.

Ceux qui sont dans l’erreur invincible, ceux qui observent leur religion de bonne foi et qui s’efforcent de plaire à Dieu selon les lumières de leur conscience peuvent appartenir à l’Âme de l’Église alors qu’ils ne font pas partie de son corps, du moins extérieurement et implicitement. Selon Pie IX, « nous savons et vous savez qui souffrent d’une ignorance coupable invincible à l’égard de Notre sainte religion, et qui, observant avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le cœur de tous, et disposés à obéir à Dieu, mènent une vie honnête et droite, peuvent, avec l’aide de la lumière et de la grâce divine, acquérir la vie éternelle ; car Dieu, qui voit parfaitement, scrute et connaît les esprits, les âmes, les pensées et les habitudes de tous, ne permet pas, dans sa souveraine bonté et clémence, que celui qui, n’est pas coupable de faute volontaire soit puni par les supplices éternels. »[13]

Ceux qui sont dans l’ignorance volontaire, qui refusent d’entrer dans l’Église, d’accepter sa doctrine et de pratiquer ses commandements ne peuvent être sauvés. « Il est aussi très connu, ce dogme catholique : que personne ne peut se sauver hors de l’Église catholique, et que ceux-là ne peuvent obtenir le salut éternel qui sciemment se montrent rebelles à l’autorité et aux définitions de l’Église, ainsi que ceux qui sont séparés de l’unité de l’Église et du Pontife romain, successeur de Pierre, à qui a été confiée par le Sauveur la garde de la vigne. » [14]« Ils peuvent donc se sauver car Dieu les jugera sur ce qu’ils auront connu et accompli, non sur ce qu’ils auront ignoré la loi. »[15]

Conclusion





L’Église est ouverte à tous les hommes, sans exception. Tous ont donc la possibilité d’y entrer et d’y demeurer. Rien ne peut entraver l’entrée au Royaume de Dieu. La langue, la culture, la civilisation ne peuvent y faire obstacle. Notre Seigneur Jésus-Christ l’a fondée en lui dotant des pouvoirs et des moyens pour sauver tous les hommes et les ramener à l’unité en Dieu. Mais faut-il encore que l’Église soit connue, qu’elle ait des ouvriers pour répandre la bonne parole et que cette parole soit comprise. Elle a donc pour vocation de se développer et de se répandre afin de rassembler tous les hommes en Dieu. Mais si son rôle est de continuer l’œuvre rédemptrice de Notre Seigneur Jésus-Christ, elle ne peut aller à l’encontre de l’homme au sens où il peut refuser d’y entrer en connaissance de cause. Par conséquent, libre de son choix, il porte la responsabilité de sa perte. De même, celui qui entre dans l’Église puis la quitte est condamné. Mais celui qui demeure dans l’ignorance invincible, non volontaire, qui peut le juger si ce n’est Dieu ? Soyons certains que Dieu accorde à tous les moyens d’atteindre le ciel et de vivre de son éternité. Nul ne peut échapper à sa miséricorde. Cependant, s’Il est cause de notre bonheur, l’homme est seul responsable de sa perte…

« Hors de l’Église, point de salut » ne doit donc pas être considéré comme une application stricte à tous les cas. L’adage ne peut englober toute la Miséricorde divine. Aucune expression. Il doit être vu comme un principe. « À nouveau nous devons mentionner et blâmer la très grave erreur dans laquelle malheureusement se trouvent certains catholiques qui pensent que des hommes vivant dans l’erreur et loin de la vraie foi et de l’unité catholique peuvent parvenir à la vie éternelle. Or cela est contraire au plus haut point à la doctrine catholique. »[16] Il signifie aussi que selon la volonté divine, quiconque reconnaît l’Église comme une institution divine a le devoir d’y entrer et qu’il ne lui est pas loisible de chercher son salut soit isolément soit dans une autre religion. Celui qui enseigne la Parole de vie doit donc prévenir son auditeur. Qui peut en effet être agréable à Dieu et L’aimer véritablement s’il laisse l’homme demeurer hors de l’Église en toute connaissance de cause ?  Là est la véritable charité…




Notes et références
[1] Voir Émeraude, "Le Concile de Vatican II : Lumen Gentium, source d'interrogations et d'inquiétudes", juillet 2017.
[2] Voir Émeraude, "Mouvement œcuménique : expression "subsistit in" dans Lumen Gentium", juillet 2017.
[3] Voir Émeraude, "La Tunique sans couture", Juin 2017.
[4] Saint Cyprien, De l’unité de l’Église, n°6, texte latin du Corpus Christianorum, séries Latina III, Brepols, 1972, trad. Pierre de Labriolle, www.patristique.org, mise en ligne 2004.
[5] Saint Cyprien, Lettre 71.
[6] Voir Saint Cyprien, Lettre 4, 4 et Lettre 73, 21,2
[7] Origène, Homelia in librum Jesu nave, III, 5.
[8] cf. Juges, II, 17-19.
[9] Concile de Vatican I
[10] Bossuet dans Histoire de l’Église, Dom. Ch. Poulet, chapitre préliminaire, Tome I, Beauchesne, 1935.
[11] L’ignorance est dite invincible lorsque l’ignorant n’a pas les moyens d’être instruit ou de s’instruire.
[12] Précis de théologie dogmatique, Tome II, §139.
[13] Pie IX, encyclique Quanto conficiamur moerore aux évêques d’Italie, 10 août 1863, Denzinger 2866.
[14] Pie IX, encyclique Quanto conficiamur moerore, Denzinger 2866.
[15] Abbé Boulanger, La Doctrine catholique, 1ère partie, Le Dogme (Symbole des Apôtres), n°130, 7ème édition, 1925.
[16] Pie IX, encyclique Quanto conficiamur moerore, Denzinger 2865.

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