" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


dimanche 27 mars 2016

Bilan sur les théories de la religion : des pensées bien partielles et limitées d'une réalité pourtant élevée

Les théories censées expliquer l’origine et le développement des religions abondent. Nous en avons décrit plusieurs dans nos derniers articles. Chacune cherche à appliquer aux faits religieux des principes, des méthodes et des philosophies particulières. De nature fonctionnaliste, structurelle, essentialiste ou historique, elles ont connu et connaissent encore une forte crédibilité dans l’opinion et continuent à influencer les pensées et les doctrines. Il est donc important de les identifier dans les discours. Mais cela ne suffit pas. Faut-il encore souligner leurs erreurs et leurs faiblesses. Car toutes ces théories, parfois considérées à tort comme des vérités d’ordre scientifique, peuvent être réfutées ou du moins être attaquées, déstabilisées, c’est-à-dire remises à leur véritable niveau


Le foisonnement des théories

Il y a en effet probablement autant de théories sur la religion que de chercheurs soucieux de l’expliquer, chacun cherchant à appliquer une philosophie, un système de pensée bien particulier. Mais dans ce foisonnement d’idées, toute théorie nouvelle doit se justifier face à celles qui l’ont précédée. Elle doit montrer l’erreur de ses devancières et apporter des gages de crédibilité. Ainsi voyons-nous le diffusionnisme s’opposer à l’évolutionnisme, les sociologues réfuter l’approche de la phénoménologie quand cette dernière s’oppose ouvertement à l’étude historique des religions, sans oublier les psychologues en lutte contre les ethnologues. Évidemment, les théoriciens attaqués se défendent et contre-attaquent, apportant encore plus de confusions et de contradictions. Vaste champ de bataille où les idées s’affrontent dans un fracas où ne ressort que le bruit de la vanité ! Le foisonnement des théories nous ramène ainsi au temps antique où abondaient les philosophies contraires. Ainsi, faut-il simplement entendre leurs concurrentes qui, parfois, apportent suffisamment d’arguments pour les réfuter ? 

Mais comme le soulignaient déjà les apologistes, un tel foisonnement d’idées confuses et de conflits intellectuels, parfois arides et funestes, ne peut qu’être signe d’erreurs. Lorsque l’esprit ne recherche la vérité qu’en lui-même sur des choses qui le dépassent, l’homme finit par se perdre dans ses pensées. 

Cependant, en dépit de leur multitude et de leur diversité, les théories sur la religion présentent des points communs. Dans un certain sens, elles refusent de se positionner sur la véracité des religions. Néanmoins, la plupart d’entre elles les considèrent comme des illusions, l’ouvrage de l’homme ou de la société. Contrairement aux philosophes antiques et chrétiens, elles refusent toute voie qui pourrait conduire à une position métaphysique, s’affranchissant ainsi de toute question surnaturelle. Le périmètre d’étude demeure cloisonné dans la sphère de la nature ou de la raison. Toute idée d’intervention divine, voire de Dieu ou d’un être transcendant, en est exclue. La réponse se retrouve nécessairement dans l’homme…

Non seulement le champ d’études et donc des interrogations est restreint à la sphère naturelle, à un certain regard de l’homme mais il est encore réduit par un des aspects de la vie humaine. Telle théorie ne voit dans les faits religieux que des faits sociaux quand d’autres ne les étudient que sous leur aspect psychologique ou historique. Telles autres ne les examinent que dans leurs manifestations visibles ou dans les traces qu’ils ont daigné abandonner à l’usure du temps, croyant connaître au travers des signes une pensée qui leur reste pourtant bien insaisissable. Avec un regard si rétréci sur des choses si complexes et essentielles, comment ne peuvent-elles pas s’égarer dans des malentendus et dans des erreurs ?

Les théories récentes n’évoquent guère l’origine "monogénèse" de la religion, révélée ou naturelle, si évoquée au XIXe siècle. Elles semblent se rejoindre dans l’idée qu’elle puisse naître partout, de manière indépendante, au gré des circonstances. L’unité des faits religieux s’expliquerait naturellement du fait que l’homme est incontestablement un « animal religieux », habité par les mêmes sentiments, structuré de la même façon. Il est en effet incontestable que le fait religieux est inséparable de l’homme et de ses activités. Si l’homme fonctionne de la même façon, avec la même structure, les mêmes pensées, les mêmes besoins, la question de son origine se pose alors, questions que les théories ne se posent pourtant pas. L’idée que l’homme puisse venir d’une même origine est pourtant une hypothèse qui apporterait bien des solutions. Mais cette idée demeure encore exclue du champ d’étude…

Finalement, il est indéniable que les faiblesses et les erreurs des théories de la religion s’expliquent en partie par la restriction de leur champ d’étude. Cette limitation s’explique aussi par certains présupposés ou dit autrement préjugés…

Un regard biaisé des religions

Les théories sur la religion présupposent notamment une certaine conception de la religion. Pour certains chercheurs, elle ne serait qu’un phénomène dépassé au sens où elle n’appartiendrait qu’au passé tout en agissant encore dans le présent. Elle ne serait alors qu’une phase d’une évolution de l’humanité, religieuse, spirituelle, intellectuelle ou encore mentale, phase aujourd’hui obsolète, certes nécessaire mais surannée. La religion est donc fortement associée à une certaine conception de l’humanité, à un regard évolutionniste du monde, à un sens orienté de l’histoire. L’étude de la religion ne devient qu’une recherche de justification d’une philosophie bien plus vaste, voire d’une pensée ou d’une histoire personnelle. Combien de penseurs ont-ils au moyen de leur étude cherché à se venger de leur propre vécu et à apaiser leurs angoisses, voyant dans le christianisme l’origine de leurs maux ? 

Certaines études nous étonnent par leur intellectualisme. Le fait religieux ne devient qu’un objet que l’esprit manipule comme des objets mathématiques, objets purement abstraits, mouvant dans un monde virtuel, un monde sans vie, ni surprise, un univers froid d’une logique implacable. Certaines théories se détachent en effet de la réalité historique et vivante des religions pour ne prendre en compte que l’étude des phénomènes religieux en soi. Relevant les constances dans les faits religieux, soulignant leur cohérence, elles les traitent en soi, absolument, pour eux-mêmes, hors de toute réalité, le but étant de saisir l’essence de la religion, sa signification, et de déterminer ses structures comme on recherche la structure des corps et des anneaux mathématiques. La religion peut alors être perçue comme l’expression de la structure de la pensée de l’Homme. Selon ces théories, elle nous indiquerait soit ses structures permanentes, soit son développement dans le temps. Elle ne résulterait que d’un mécanisme naturel inhérent à l’homme. Par conséquent, la religion nous introduirait dans la compréhension de sa nature. Mais ne pouvons-nous pas croire simplement que de telles théories ne manifestent en fait que les capacités d’abstraction de l’esprit humain appliquées sur les faits religieux ? 

Encore plus centrés sur l’homme sans chercher à l’associer à la nature humaine, des chercheurs ne voient dans la religion qu’une expérience religieuse, une forme de croyance incarnée dans la réalité ou encore l’expression personnelle d’une certaine conception de la vie. La religion ne serait finalement qu’un sentiment personnel, propre à chacun, que l’homme projetterait sur son existence. Elle ne serait que d’ordre psychologique, voire psychanalytique. Selon Freud, la religion serait « une psychologie projetée vers l’extérieur ». Toute tentative d’organisation ou toute institution religieuse ne seraient donc qu’erreur ou falsification. En comparant la vie de l’humanité à celle de l’individu, selon une vue psychique, des chercheurs finissent par ne voir dans la religion qu’une névrose, qu’un fantasme, qu’un refoulement d’un drame historique. De telles théories recherchent dans les faits religieux les structures de l’inconscience.

Enfin, pour tous ceux qui refusent une telle conception religieuse, la religion ne serait qu’un phénomène social, le ciment indispensable pour la cohésion d’un groupe ou encore l’expression collective d’une identité, le ciment d’une nation. Selon Durkheim, elle serait « un système d’interdits dans un environnement social ». La religion serait donc fortement dépendante de critères sociaux et ne pourrait être expliquée qu’au regard de la société. Elle ne s’insérerait que dans des institutions. 

Quelques lueurs de vérité

Il est vrai que les théories présentent quelques lueurs de vérité. L’une des caractéristiques de la religion, c’est d’être collectif, d’être fortement social, mais l’homme peut être religieux sans vivre nécessairement dans une collectivité. Les ermites dans le désert en sont des exemples. Nous pourrions simplement dire que « la forme sociale accompagne généralement le phénomène religieux »[1]. Il est faux de croire que le collectif en soit l’auteur. 


Il est aussi vrai que la crainte et l’angoisse peuvent élever l’âme vers le ciel comme un appel au secours ou un apaisement nécessaire d’un cœur tourmenté. Que serait la religion si elle ignorait les profondeurs de l’âme humaine ? N’est-ce pas justement un fait profondément humain ? Mais ce sentiment religieux, si ancré en l’homme, ne montre-t-il pas une aspiration naturelle de l’homme vers l’Infini, vers le Divin ? Comment ce sentiment de dépendance peut-il s’expliquer ? Est-il si puissant pour qu'il soit capable d’élever des temples, élaborer des dogmes et façonner des sociétés ? Est-il si fort qu’il traverse les siècles et forme des générations entières ? Comment pouvons-nous alors expliquer que la raison soit capable d'atteindre aussi le Divin ?

Il est encore vrai que, par leurs œuvres et leurs exploits, des hommes ont été divinisés au point de devenir des dieux. N’est-ce pas la preuve que l’homme peut s’égarer et que livré à lui-même, il finit par se soumettre à ses propres inventions et à des superstitions que la raison réprouve ? Comme l’ont montré les philosophes antiques, la raison est aussi capable d’atteindre le Divin mais elle-aussi peut tomber dans l’erreur. Les mythes et les foisonnements des théories ne sont pas les reflets de nos faiblesses et de notre impuissance

La grande faute de toutes les théories de la science religieuse est de vouloir généraliser un trait de la religion pour en faire un fondement. À force de vouloir étudier un fait réel sous un seul regard, par un seul côté, nous finissons par ne plus le comprendre et par imaginer que ce que nous concevons est la seule réalité alors qu’il n’est que l’œuvre de notre esprit. La réalité s’enferme dans un monde trop étroit, créant confusion et désordre. Or la religion n’a-t-elle pas la particularité d’élever notre regard de nous-mêmes pour nous tendre vers une réalité élevée ?

Unité et diversité

En dépit de leur divergence, toutes les théories de la religion s’accordent sur un constat : l’unité et la diversité des faits religieux et des religions. Elles cherchent alors à les expliquer. 

De manière générale, il existerait une seule religion. Pour les uns, elle serait purement humaine, inhérente à l’homme. Elle ne serait en effet que le reflet de la structure ou de la nature de l’homme. Comme l’homme est un, le fait religieux ne peut qu’être un. L’unité des formes religieuses refléterait l’unité de la nature humaine. Pour les autres, elle serait l’expression de la capacité rationnelle de l’homme à connaître une religion idéale, dite religion naturelle, ou encore le reflet d’une religion naturelle vers laquelle s’orienterait l’humanité. Enfin, selon une conception « monogenèse », aujourd’hui idée abandonnée, l’unité de la religion s’expliquerait par une même origine de toutes les religions. Toutes viendraient d’une religion primitive qui reste encore perceptible dans les différentes expressions religieuses, une religion qui au gré du temps aurait été altérée. 

La religion se diversifierait ensuite selon son environnement, son contexte socio-historique, selon l’individu ou le niveau de maturité de l’Homme, ou encore selon sa conception du monde qui elle-même évolue. « II existe une religion commune de l'humanité, elle ne se différencie en des types divers qu'au fur et à mesure que s'individualisent en se compliquant les sociétés et les hommes qui les constituent »[2].

Vanité d’une science



Depuis le XIXe siècle, autrefois considérée comme objet philosophique, théologique ou métaphysique, la religion est devenue objet de science. « Les phénomènes religieux sont, aussi bien que le langage et l’écriture, des manifestations des activités humaines. Il est donc admissible qu’ils soient, à ce titre, susceptible d’être étudiés scientifiquement, comme on le fait pour ceux-ci. »[3] Les méthodes en usage dans la science du langage, dans l’ethnologie, dans l’histoire sont donc appliquées sur les religions. Par conséquent, comme toute science à l’égard de son objet, la « science des religions » considère toutes les religions sans exception comme des faits purement naturels, placés sous la dépendance exclusive d'autres faits naturels eux-mêmes. Mais en fait, chaque théoricien tente de créer sa propre métaphysique. « M. Durkheim ne construit pas une science de la religion et de la société, il construit une métaphysique de l'une et de l'autre »[4].

Fortement influencées par les philosophies dominantes de leur époque, toutes ces théories se caractérisent par leurs ambitions démesurées, chaque chercheur prétendant avoir trouvé la vérité ou la méthode extraordinaire capable de la saisir. Dès 1870, Max Müller prétend « établir une science des religions qui reposera sur la comparaison de toutes les religions de l’humanité, ou au moins des plus importantes, ce n’est plus là qu’une question de temps »[5]. Mais confrontés à la réalité de faits innombrables, à un sujet si complexe, les théoriciens n’ont fait qu’opérer des choix arbitraires et que généraliser des cas spécifiques, tout cela relevant de jugements de valeur, bien incompatibles avec l’idée que nous avons de la science. De telles études relèvent plus de l’idéologie que de la science. Elles sont souvent l’application d’une théorie générale, d’une philosophie ou d’une idéologie appliquée à la religion. 

De telles études nécessitent beaucoup de prudence et de précautions, d’avertissements et d’hypothèses, de connaissances précises et de critiques élevées, qualités souvent bien absentes dans les articles et les revues de vulgarisation. Partagées par tant de sciences, elles sont propres à la confusion. « La pluralité, la disparate, le désaccord des différentes conceptions que sociologues, ethnologues, anthropologues se font de leur discipline, commune ou respective, de son champ, de sa portée, de ses modes d’application, sont aujourd’hui trop grands pour qu’il soit permis « aux historiens des religions » - eux-mêmes, d’ailleurs très partagés – de prendre nettement position parmi tant de confusion et par rapporte à elle. »[6]

« Se proposer d’étudier les faits religieux en eux-mêmes et pour eux-mêmes, indépendamment de tout préjugé, de tout jugement de valeur, au même titre et sur le même plan que n’importe quelle autre catégorie de faits accessibles à l’expérience et à l’observation humaine »[7] est une gageure. C’est déjà oublier ce qu’est la religion…

« On est venu – ou revenu - à l’idée qu’une religion est un système, différent de la poussière de ses éléments qu’elle ait une pensée articulée, une explication du monde. »[8] La « science des religions » apparaît de plus en plus comme une étude où se mêlent de nombreuses disciplines et spécialités. Mais si désormais plus conscientes de la réalité et de sa complexité, les théories les plus récentes de la religion se montrent plus ouvertes à sa pluridisciplinarité, la « science de la religion » ne quitte point l’erreur originale. La religion est toujours vue comme un fait naturel, hors de toute dimension philosophique, métaphysique, ce qui restreint considérablement le champ des interrogations... 

Mais de quoi parlons-nous ?

Enfin, lorsque nous examinons les différentes théories de la religion, nous sommes frappés par le manque de définition unanime, claire et précise, des expressions « religion », « fait religieux », « phénomène religieux ». Certes, elles sont unanimes pour montrer la difficulté de les définir comme elles le sont aussi pour rejeter les définitions classiques de la religion. Après avoir examiné de nombreux dictionnaires anthropologiques, une étudiante a ainsi pu conclure sur leur incapacité à donner une formule consensuelle sur la religion. « La religion est un phénomène culturel universel et un sujet d’étude central en anthropologie. Pourtant, on constate un manque flagrant de consensus sur sa définition et son origine dans les manuels d’introduction et les dictionnaires d’anthropologie. […] Le problème majeur de la discipline anthropologique rencontré lors de la consultation des dictionnaires est le manque de définition consensuelle. »[9]

Or comment est-il possible d’étudier un objet sans le définir sans ambiguïté ? Comment est-il aussi possible de différencier un fait religieux d’un autre fait sans disposer d’une définition explicite et incontestable ? Certaines théories préfèrent se pencher sur la dichotomie « sacré/profane » mais cela ne fait que repousser les difficultés. Car comment pouvons-nous parler de « sacré » ou de « profane » sans aborder la question de la religion ?

La définition que lui donnent les théories porte en fait en elle-même leurs conclusions. Parfois, elles ne sont qu’un développement de ce qu’elle contient. Ne serait-il pas plus opportun de revenir sur les définitions classiques de la religion ? Elles ont au moins l’avantage d’être indépendantes des théories…

Conclusion

Il est incontestable que l’homme est naturellement religieux. Aucune culture humaine n’ignore la croyance et la pratique religieuse. L’universalité des expériences et formes religieuses est un fait avéré, incontournable. Comment l’expliquer ? De nombreuses théories ont cherché à en déterminer l’origine et l’essence de la religion. Mais en les réduisant à l’un de ses aspects, historique, social, psychologique ou psychanalytique, elles ont mutilé la notion même de la religion, plaquant finalement leurs conceptions philosophiques à une perception limitée de la réalité. Leurs analyses ont cruellement manqué d’objectivité. C’est pourquoi contrairement à ce qu’elles prétendent, leurs études ne peuvent relever de la science. Elles ne convainquent guère. Elles demeurent insatisfaisantes...



Des études plus récentes, telles celles produites par l’anthropologie religieuse, plus ouvertes à la dimension multiple et complexe de la religion, redécouvrent le caractère premier de la religion. Elles se tournent plus vers l’étude des relations entre l’homme et le divin, c’est-à-dire entre l’homme et à une chose qui le transcende. Le temps des idéologies appliquées à l’étude des religions n’est pourtant pas fini. Pour s’opposer aux erreurs persistantes, sources de nombreux préjugés et de discours scandaleux, il est nécessaire de rappeler non seulement leurs conceptions réductrices et mutilantes de la religion mais de revenir à la notion classique de la religion, plus proche de la réalité.



En outre, les nombreuses études sur les phénomènes religieux montrent qu’en dépit de la diversité des expériences religieuses, il existe une unité profonde du comportement religieux de l’homme. Les théories que nous avons décrites s’appuient sur cette unité pour expliquer l’origine et l’essence de la religion. Mais expliquent-elles l’unité de comportement ? Elles échouent en effet dans leur tentative. Les études récentes insistent davantage sur l’aspect multidimensionnel et complexe de la religion, rendant encore plus inexplicable l’unité constatée. Pourquoi l’homme est-il en fait naturellement religieux ? Les théories sont bien incapables de répondre à une telle question…


Enfin, la quasi-totalité des théories présupposent l’illusion de la religion quand les recherches les plus sérieuses ne se préoccupent pas de sa véracité ou de sa crédibilité. Or la question mérite d’être posée. La plupart des chercheurs usent en fait du pluralisme religieux pour déterminer l’origine, la filiation ou l’essence de la religion aux moyens de méthodes comparatives ou historiques. Mais la coexistence des religions soulève la question de leur véracité. Il est vrai que certains chercheurs parlent d’efficacité religieuse. La question demeure toutefois. Pouvons-nous réellement parler d’efficacité sans aborder la question de la véracité ? Quelle serait l’efficacité d’une relation entre l’homme et le divin si elle était fausse ? Cela n’a aucun sens. Et pourtant, cette question a été le moteur des premières recherches philosophiques, celles des philosophes de l’antiquité. La réalité religieuse soulève encore inévitablement la question de la véracité des religions.


Notes et références
[1] Abbé A. Boulenger, Manuel d’Apologétique, n°143.
[2]  La grande encyclopédie, Paris, 1885-1901
[3] George Foucart, Histoire des religions et méthode comparative.
[4]  A. Loisy, Sociologie et religion, dans Revue d'histoire et de littérature religieuses, 1913.
[5]  Max Müller dans Comparatisme orienté et étymologie comparée chez Max Müller : l'équation Bráhman = Verbum, Guillaume Ducoeur, Revue de l’histoire des religions, 2-2009, mis en ligne le 01 avril 2012, http://rhr.revues.org/7227.
[6]  Henri-Charles Puech, Préface, Histoire des religions, tome I.
[7]  Henri-Charles Puech, Préface, Histoire des religions, tome I.
[8] G. Dumézil dans Henri-Charles Puech, Préface, Histoire des religions, tome I.
[8]  Roxane Deschêne, Nature et origine évolutive de la religion : Conciliation des perspectives anthropologique et psychobiologique, Université de Montréal, département d’anthropologies, mémoire en vue de l’obtention du grade de maîtrise d’anthropologie, août 2012.


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