" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 25 septembre 2021

La mort sous la lumière de l'Ancien Testament

La mort nous fait peur. Personne ne peut lui échapper. La crainte est même plus forte pour ceux qui sont plus attachés à leurs biens ou aux innombrables plaisirs que nous offre la vie. Dans notre société où le bien-être est élevé au rang de véritable bonheur, elle génère une terrible angoisse chez un grand nombre de nos contemporains. En présence de la mort, le narcissique, le solipsiste ou l’hédoniste éprouvent sans-doute une crainte suffisamment intense pour ébranler leurs certitudes et briser leurs illusions. Aucune vanité humaine ne résiste à la présence de la mort. « Voilà ce que tu seras bientôt… À quoi te serviront les grandeurs de la terre ?... »[1]

Si tous prennent le même chemin, plus ou moins hâtivement, nous ne marchons pas de la même façon selon ce que nous attendons au bout de la route. Selon Socrate, « le véritable philosophe » est celui qui « s’exerce à mourir »[2]. Puisqu’il considère la mort comme la séparation de l’âme et du corps, il « travaille plus particulièrement que les autres hommes à détacher son âme du commerce du corps. »[3] Or, si la mort se réduit à une mort physique, c’est-à-dire à l’anéantissement définitif de l’homme, nous n’avons pas d’autre destin que de jouir de la vie autant que cela nous est possible. Vaine échappatoire d’une vie alors absurde ! Il n’y a donc point de véritable bonheur puisque tout a une fin. Notre mort conditionne alors notre vie et donne sens à notre existence. Vouloir nier la mort, c’est en quelques sortes refuser de vivre…

Dans notre précédent article [4], nous avons rapidement décrit la conception chrétienne de la mort. Notons que l’Église ne présente pas la mort comme un sujet à part. Fortement liée aux œuvres de la Création et de la Rédemption, nous la rencontrons de nombreuses fois dans son enseignement. Elle est comme un passage entre la terre et le ciel, l’éphémère et l’éternité, le néant et la plénitude. Si ses paroles cherchaient à la cacher ou à la rejeter comme notre société tente de le faire, si elle la détachait de notre vie, son enseignement risquerait lui-aussi d’être inconvenant et insipide, sans consistance et finalement inutile. Car finalement, il n’y a qu’une seule vérité qui nous intéresse fondamentalement, c’est de savoir ce qui nous attend après notre dernier soupir. Socrate en était bien conscient…

Mais que pouvons-nous savoir de la mort ? Notre raison est déjà incapable de saisir ce qu’est la vie. Comment peut-elle accéder à une telle réalité ? Tournons-nous alors vers la Sainte Écriture afin de connaître ce qu’elle nous apprend sur la mort ? Commençons par l’Ancien Testament. Certes, il est courant d’entendre que l’Ancien Testament présente « un vide théologique » pour tout ce qui concerne la mort mais écoutons ce qu’il peut nous apprendre sur la mort.

La mort, d’abord un châtiment…

Dès les premières pages, la Genèse nous révèle l’origine de la mort. À sa création, l’homme ne la connaissait pas par un don que Dieu lui a fait grâce. Or, si son immortalité est un don, cela signifie que l’homme était destiné à la mort mais par la grâce divine, il a été élevé à l’immortalité. Cela signifie aussi que Dieu ne désirait pas que l’homme meure mais vive d’une vie éternelle. « Mange des fruits de tous les arbres du paradis ; mais quant au fruit de l’arbre de la science du bien et du mal, n’en mange pas ; car, au jour où tu en mangeras, tu mourras de mort. »(Genèse, II, 16-17) À plusieurs reprises dans la Sainte Écriture, Dieu nous précise qu’il ne veut pas la mort de l’homme, encore moins celle du pécheur. Car « Dieu n’a pas fait la mort. »(Sagesse, I, 13)…

Cependant, par sa désobéissance, le premier homme a perdu ce don, et par lui toute l’humanité. La mort est alors venue en ce monde en tant que châtiment. « Qu’il ne vive point éternellement. »(Genèse, III, 22) Elle n’est donc pas l’œuvre de Dieu. C’est ainsi que la Sainte Écriture explique l’origine de la mort physique aussi bien dans la nature créée que dans le péché.

La mort spirituelle

Plus tard, avec les prophètes, la Sainte Écriture nous parle d’une autre mort. Le prophète Ézéchiel nous révèle en effet que l’âme peut perdre sa vie : « l’âme qui a péché mourra » (Ézéchiel, XVIII, 5) alors que « le juste vivra de la vie, dit le Seigneur. » (Ézéchiel, XVIII, 29) Ézéchiel déclare aussi que si le père vit dans le péché, son fils qui demeure juste « ne mourra point dans l’iniquité de son père, mais il vivra de la vie. » (Ézéchiel, XVIII, 5). De quelle vie parle le prophète ? Comment un juste pourra-t-il ne pas mourir ? Comment Dieu peut-il ne pas vouloir la mort du pécheur puisqu’elle est inéluctable ? La mort dont il parle n’est en fait point celle du corps. Il n’est pas de doute en effet qu’elle évoque la mort spirituelle, celle qui peut toucher l’âme et que provoque le péché. Ce qu’il est advenu à nos premiers ancêtres advient aussi au pécheur. Punis, ils sont exclus du paradis et de la présence de Dieu alors qu’ils vivent corporellement. 

Le méchant « mourra dans son iniquité. »(Ézéchiel, III, 19) ou « dans son péché. » (Ézéchiel, III, 20). Cependant, il précise que si le pécheur se repend de son péché, il retrouvera la vie, et si le juste abandonne la voie de la justice, alors « dans le péché par lequel il a péché, il mourra. » (Ézéchiel, XVIII, 24) Le prophète Ézéchiel doit en effet proclamer ce message au peuple d’Israël avant qu’il ne soit trop tard afin qu’il se repente de ses infidélités. La Sainte Écriture nous révèle ainsi deux états de l’âme, un état de vie et de mort, qui ne sont pas définitif jusqu’au jour où la mort le fixe définitivement. Au jour de la mort cette fois-ci physique, l’âme restera définitivement dans l’état où elle se trouve.

Or comme Dieu n’a pas fait la mort, « Il ne se réjouit pas de la perdition des vivants. » (Sagesse, I, 1)

La mort soudaine, la peine des méchants ; une longue vie, la récompense des justes

Revenons sur la mort physique. Dans les premiers livres sacrés, une mort soudaine ou imprévue est perçue comme un châtiment que Dieu envoie pour châtier une faute. Nombreux sont en effet ceux qui meurent précipitamment en raison de leurs péchés. Tous ceux qui ont bravé Dieu ou douté de sa puissance dans le désert lors de l’exode ont connu une mort souvent instantanée comme une punition. Au contraire, le juste attend de Dieu une longue et bonne vie comme récompense de ses vertus et de sa fidélité. « Garde ses préceptes et ses commandements, que moi je te prescris afin que du bien t’arrive, à toi et à tes fils après toi, et que tu demeures longtemps sur la terre que le Seigneur ton Dieu va te donner. »(Deutéronome, IV, 40)

Toute infidélité ou toute offense à l’égard de Dieu seraient alors punies d’une vie de souffrance et d’une mort précipitée. N’oublions pas ce long exode du peuple élu où il découvre la loi de Dieu. « C’est par la voie qu’a prescrite le Seigneur votre Dieu que vous marcherez ; afin que vous viviez et bien vous arrive. » (Deutéronome, V, 33). S’il demeure fidèle à sa loi, ses jours se prolongeront mais en cas d’infidélité et d’iniquité, la fureur divine s’irritera contre lui. Telle est l’alliance entre Dieu et son peuple.

Mais, progressivement, les livres sacrés se tournent de plus en plus vers la responsabilité individuelle tout en ayant encore cette vision terrestre du bonheur et du malheur. « Comme le foin », les méchants « sécheront en un instant, et comme les herbes légumineuses, ils tomberont promptement. »(Psaumes, XXXVI, 2) La cessation brutale de la vie se présente comme la peine due au péché ou encore une sanction d’une faute, c’est-à-dire comme le signe d’une mauvaise vie antérieure. Cette vision de la mort soudaine souligne sans-doute la valeur de la vie, d’une vie qui se transmet de génération en génération, d’une vie que la mort interrompt brutalement. C’est sans-doute parce que la vie est un don de Dieu, et donc un bien, que la mort soudaine apparaît comme un châtiment…

La responsabilité morale est donc encore regardée à échéance terrestre. Il est vrai que toute transgression de préceptes divins conduit à des châtiments terrestres. Cependant, elle ne se réduit pas à un sens purement matériel. « Considère que je t’ai proposé aujourd’hui en ta présence la vie et le bien et d’un autre côté la mort et le mal : afin que tu aimes le Seigneur ton Dieu » (Deutéronome, XXX, 15-16).

La mort, un malheur

De manière générale, la mort se présente donc comme un grand malheur comme illustrent les obsèques, qui sont de véritables drames en Israël. Les participants déchirent leurs vêtements, se négligent dans leur toilette, se couvrent de cendres et de poussières… Tout contact avec le mort est aussi considéré comme une souillure qui les écarte des cérémonies religieuses et du peuple de Dieu. Nombreuses sont les cérémonies qui purifient les vivants lorsqu’ils ont touché à un mort.

La Sainte Écriture nous rappelle enfin que mort, le corps retourne à la poussière d’où il a été tiré. « C’est à la sueur de ton front que tu te nourriras de pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre, d’où tu as été tiré ; tu es poussière, tu retourneras à la poussière. » (Genèse, III, 19) L’évocation de la mort nous ramène alors à nos origines, c’est-à-dire à la création de l’homme. « Le Seigneur Dieu forma donc l’homme du limon de la terre, et il souffla sur son visage un souffle de vie, et l’homme fut fait âme vivante. »(Genèse, II, 7) Comme Dieu a créé l’homme à partir de la terre et l’a rendu vivant par un souffle, l’homme meurt quand Dieu lui retire son souffle. La mort illustre alors la misère humaine. L’homme comblé d’honneur ou de gloire, ou encore de fortune, périra comme tout homme.

La descente vers le Chéol [5], le monde des disparus

Même mort, l’homme ne disparaît pourtant pas. Nombreux sont les passages de l’Ancien Testament qui évoque de manière imprécise un au-delà après la mort. Sans force, il demeure en effet comme une ombre dans un lieu étrange qui porte le nom de Chéol, ou encore « profondeur de la mer », « extrémités de l’abîme » ou bien « lieu des ténèbres » (Job, XXXVIII, 17). Ce terme provient de la racine « sâ’al » ( « caverne souterraine »), ou de la racine « sa’al » (« lieu insatiable, dévorant tous les hommes »).

Le Chéol est un lieu qu’on situe en-dessous de la terre. L’âme descend en effet dans une « fosse profonde, dans des lieux ténébreux et dans l’ombre de la mort » (Psaumes, LXXXVII, 7). Ce séjour est aussi décrit comme une caverne sombre, sans joie, ténébreuse où tous les morts, bons ou mauvais, se rendent sans distinction. La mort rend en effet les hommes égaux comme s’exclame Job, qui songe à rejoindre le silence avec les princes et ceux qui bâtissent de grands palais. Tous se rejoignent dans un profond sommeil. « Quel est l’homme qui vivra et ne verra pas la mort ? Qui retirera son âme de la main de l’enfer ? » (Psaumes, LXXXVIII, 49) Il semble en effet que personne ne peut revenir de Chéol même si certains versets semblent affirmer le contraire.

Les morts demeurent dans un étrange repos, sans consolation ni joie, sans souffrance ni activité. « Parce que l’enfer ne vous glorifiera pas, ni la mort ne vous louera ; ceux qui descendent dans la fosse, n’attendront pas votre vérité. »(Isaïe, XXXVIII) Dieu ne se souvient pas des morts et les laissent dans l’oubli. Ils sont dans le royaume des ombres et Dieu « anéantit toute leur mémoire » (Isaïe, XXVI, 14). Le Chéol est ainsi le monde des disparus. Pourtant, « l’enfer et la perdition sont à nu devant le Seigneur » (Proverbe, XV, 11). Dieu y est bien présent. « Où fuirai-je devant votre face ? SI je monte au ciel, vous y êtes, si je descends dans l’enfer, vous y êtes présent. » (Psaumes, CXXXVIII, 7-8). Les relations entre les disparus et Dieu ne sont finalement pas très claires.

En fait, les auteurs sacrés utilisent de nombreuses métaphores pour décrire le Chéol. La descente du mort vers la poussière ressemble fort à l’image du cadavre dans son sépulcre. La tombe n’est pas seulement l’accès au « monde des disparus », elle est déjà la « fosse ». Le corps sans vie rejoigne le caveau quand l’âme est dans le Chéol. Les textes passant ainsi d’une image à l’autre expriment non seulement une angoisse mais aussi une certitude, la permanence de l’homme après la mort en dépit d’un corps qui se corrompt et se décompose. Leur sépulcre leur apparaît alors comme l’image de ce qu’ils attendent après la mort…

Justice au-delà de la mort

Pourtant, une autre vision plus précise et moins métaphorique s’affirme au fur et à mesure du temps. Si tous les hommes connaissent la mort, ils ne partagent en fait le même sort. Il y a bien une distinction entre les méchants et les justes. Les méchants seront « comme des brebis », qui « ont été parquées dans l’enfer. C’est la mort qui les paîtra. Et les justes domineront sur eux dès le matin ; et leur appui sera détruit dans l’enfer après leur gloire. » (Psaumes, XLVIII, 15) Au temps des malheurs d’Israël, Isaïe nous décrit l’accueil qui sera réservé au roi des Babel, « trainé dans l’enfer, au fond de la fosse » (Isaïe, XIV, 15) Il ne connaîtra pas la même sépulture que les autres. De même, Ézéchiel se lamente sur la ruine des peuples païens qui « descendent la fosse » (Ézéchiel, XXXII), eux qui ne dorment pas avec les héros. Les « rois de la terre sur la terre », ennemis de Judée, « seront assemblés dans la fosse, comme un seul faisceau, ils y seront enfermés en prison » (Isaïe, XXIV, 21-22). Dieu les visitera pour les condamner au châtiment. Car finalement, « c’est un amas d’étoupes que l’assemblée des pécheurs ; leur fin sera une flamme de feu. La voie des pécheurs est pavée de pierres ; mais, à leur fin, sont les enfers, et les ténèbres, et les tourments. » (Ecclésiastique, XXI, 10-11) Puisqu’il « est facile devant Dieu, au jour de la mort, de rendre à chacun selon ses voies. » (Ecclésiastique, XI, 28)

Au temps de l’exil, s’impose en effet l’idée qu’à leur mort, les hommes seront jugés selon leurs œuvres et connaîtront un sort différent dans l’au-delà. « Les justes vivront éternellement » (Sagesse, V, 16). L’éternité est leur récompense. Ils ne vivront pas seuls. Ils seront auprès du Seigneur. « Ils recevront le royaume d’honneur et le diadème d’éclat de la main du Seigneur » (Sagesse, V, 17). Et les méchants n’auront aucun espoir. Ils savent que c’est par leur méchanceté qu’ils ont été consumés.

La résurrection des justes pour la vie éternelle, la résurrection des méchants pour la réprobation éternelle

Daniel prophétise la résurrection des morts mais une résurrection différente selon leur état de justice. « Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre s’éveilleront ; les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, afin qu’ils le voient toujours. »(Daniel, XII, 2). Selon sa prophétie, les impies ressusciteront donc mais pour embrasser une éternité de malheurs. Le juste a un destin totalement différent comme l’espère Razzia avant de mourir martyr [6]. Il espère en la résurrection pour entrer dans la vie éternelle. L’âme n’est pas en effet condamnée à rester dans le monde des disparus comme l’affirme clairement un psaume en parlant du juste : Dieu « ne laissera point son âme dans l’enfer » et Il « ne permettra point que votre saint voit la corruption »(Psaumes XV,9-10).

Le deuxième livre des Maccabées, qui achève l’Ancien Testament, nous laisse une brillante manifestation de l’espérance qui habite les fidèles de Dieu. Sept frères d’une même famille vont souffrir le martyr devant leur mère pour avoir refusé de renier leur foi. À tour de rôle, avant de mourir, chacun réaffirme ce qu’il croit face à leurs bourreaux. Tous proclament leur espérance en la résurrection future pour une vie éternelle. « À la vérité, vous le plus criminel des hommes, vous nous détruisez dans la vie présente ; mais le roi du monde nous ressuscitera à la résurrection de la vie éternelle, nous morts pour ses lois. »(2ème livre des Macchabées, VII, 9) Et quand vient son tour, le dernier des frères, n’oublie pas ce qui est attendu des bourreaux pour leurs crimes : « vous subirez les justes peines de votre orgueil. »(2ème livre des Macchabées, VII, 26)

Ainsi, l’au-delà n’est plus un lieu sans retour. Les hommes devront ressusciter mais pour des destins différents selon les œuvres qu’ils auront réalisés de leur vivant. Ils se lèveront de la poussière, les uns pour la vie éternelle, les autres pour une réprobation éternelle. Pour les unis, la mort leur ouvre la porte à une nouvelle naissance, une nouvelle vie, pour les autres, à une seconde mort.

Conclusions

L’Ancien Testament traite peu de la mort et des destinées d’outre-tombe. « Sans-doute, l’Ancien Testament, au commencement, contient peu de précisions ou même pas de précisions du tout sur l’enfer, comme sur les questions eschatologiques en général ; mais le judaïsme d’après l’exil témoigne un vif intérêt pour les choses qui concernent la chose personnelle. »[7] Il est en fait difficile de voir dans l’Ancien Testament une vision claire et solide de la mort bien qu’elle soit déjà riche. Il semble qu’au fur et mesure de l’histoire du peuple de Dieu, quelques points se sont nettement affirmés, surtout après le temps de l’exil. Toute vérité nécessite du temps…

Puis, comme le soulignent de nombreux commentaires,  l’enseignement sur la mort et l’au-delà évolue graduellement, se précisant, s’éclairant peur à peu. Le Pentateuque et les livres de Josué, des Juges et des Rois ne distinguent pas clairement le sort des justes et des impies après la mort, demeurant ensemble dans un lieu ténébreux. Les livres moraux comme Job, les Psaumes, l’Ecclésiaste et les Proverbes considèrent surtout le malheur des justes. Ils savent que le véritable bonheur n’est pas ici-bas mais après la mort. Mais s’ils affirment les récompenses des justes, ils proclament alors implicitement la punition des méchants. Enfin, les prophètes affirment la responsabilité individuelle en face des vérités éternelles. Ils nous révèlent  qu’après la mort, chacun sera jugé selon les œuvres qu’il a réalisées au cours de son existence, la vie éternelle pour les justes, le malheur éternel pour les méchants.

Le sort de chaque individu après la mort dépend de son état spirituel au moment où elle arrive. Mais rien n’est définitif tant que l’homme reste vivant ici-bas, sachant que Dieu ne veut pas la mort du pécheur ou la perdition du juste. Puis, comme l’ont aussi nettement affirmé les prophètes et surtout la profession de foi des frères Macchabées, tous les morts ressusciteront, les justes pour vivre éternellement, les méchants pour la réprobation éternelle. Depuis Daniel, nous savons que les damnés eux-mêmes ressusciteront…

Si cette révélation paraît plutôt tardive, une autre perdure tout le long de l’Écriture sainte. Dieu nous révèle que le péché originel est à l’origine de la mort, une mort que Dieu n’a point voulue. Il nous apprend aussi que la mort peut toucher l’âme, une mort que provoque le péché, la mort spirituelle. Ainsi se distinguent les justes qui vivent de la vie et les méchants qui meurent dans leur péché. L’Ancien Testament révèle aussi qu’après la mort, si le corps sans souffle de vie se corrompt et se décompose dans son sépulcre, l’âme réside dans un étrange lieu que les écrivains sacrés décrivent d’abord comme ténébreux et sinistre à l’image de la misère de l’homme et de la fosse dans laquelle repose le corps, avant de distinguer les lieux selon l’état spirituel de l’âme, des lieux qui distinguent les justes et les méchants, finalement qui manifeste leur état définitif.

Ces vérités révélées imprègnent suffisamment la foi du peuple juif que Notre Seigneur Jésus-Christ est entendu quand Il évoque la mort dans ses paraboles et dans son enseignement. Il est aussi entendu quand Il traite du sort qui attend les justes et les méchants. Mais, son enseignement élève encore davantage notre esprit et éclaire notre chemin. Non seulement il nous met en garde sur nos choix dont dépend notre éternité et sur notre responsabilité, donnant ainsi sens à notre vie et à notre mort, mais il nous indique aussi clairement la bonne voie, celle qui conduit au bonheur éternel, ainsi que les moyens pour y arriver puisqu’Il a vaincu la mort et qu’Il est ressuscité des morts…


Notes et références

[1] Mots prononcés par Saint François de Borgia face au cadavre défiguré de l’impératrice Isabelle.

[2] Platon, Phédon, Tome I, 68a, traduit par Victor Cousin, dans Œuvres de Platon, traduites par Victor Cousin, tome I, 1903.

[3] Platon, Phédon, tome I, 65b.

[4] Voir Émeraude, septembre 2021, article "La conception chrétienne de la mort".

[5] Le terme de « Chéol » est parfois écrit « Schéol » ou « Shéol », et plus exactement « se’ôl ».

[6] Voir II, Macchabée, XIV, 46.

[7] Mgr Bernard Bartmann, Précis de théologie dogmatique, tome II, livre VI, §213, éditions Salvator, 1946.

samedi 11 septembre 2021

La conception chrétienne de la mort

Quand nous songeons à la mort, nous sommes étonnés qu’elle puisse être aussi silencieuse et invisible dans notre société. Même en ce temps d’épidémie, elle reste soigneusement cachée. Les images montrant réellement la mort sont en effet très rares. Contrairement au temps des anciennes  épidémies et dans de nombreux pays pauvres, nous ne voyons pas dans nos rues des cadavres ou des charrettes portant des morceaux de chair vers une fausse commune. Rares sont aussi les images qui nous montrent des cercueils ou encore des enterrements à l’exception des « héros de la nation », auxquels l’État offre des obsèques grandioses. Depuis longtemps, nos contemporains ne portent plus le deuil. La mort demeure inconvenante. Ils semblent vivre comme si la mort ne les concernait pas…

Il est vrai que depuis le XXe siècle, le mourant est entièrement pris en charge par l’institution hospitalière. Rares sont ceux qui ont eu le privilège de mourir chez eux auprès de leurs proches. Souvenons-nous de ces mesures détestables qui ont empêché une mère ou une épouse d’accompagner son enfant, son mari dans ses derniers soupirs ! Elles n’ont guère soulevé l’indignation générale. Puis dès que la vie le délaisse, le corps est aussitôt aux mains d’une entreprise funèbre qui veille sur tout jusqu’à son enterrement au prix d’une carte d’offres incroyables. Elle peut proposer une cérémonie funèbre, avec musique, lecture et méditation, pour accompagner les derniers instants où le corps demeure encore avec les vivants. Mais quelle profonde tristesse avons-nous éprouvé en assistant à un tel simulacre ! La mort, un objet médical, un produit de pure consommation...

En fait, tout est fait pour détacher la mort de la vie, pour nier l’existence même de la mort pour ne conserver que l’image positive de la vie. Évidemment, la mort porte ombrage au culte du bien-être qui marque si fortement notre société. Depuis les années 50, « l'attitude de dénégation s'installe et persiste : le principe du plaisir prenant le pas sur le principe de réalité, la mort est franchement niée. »[1] Mais, une telle négation de la réalité ne peut être sans conséquence sur les vivants et leur comportement. Comme le notent les psychologues, nos contemporains sont en effet de plus en plus angoissés par l’approche de la mort. Et de nos jours, nous voyons ce que cette peur et les émotions incontrôlées qu’elle provoque peuvent produire dans une société !

Le chrétien éprouve aussi une certaine angoisse devant la mort comme le témoigne Saint Augustin[2] mais son cœur demeure en paix. Il ne la renie pas. Il ne l’exclut pas non plus de son existence. Comment pourrait-il vivre sans elle quand devant lui se dresse la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Ne croyons pas que sa vie soit morbide ou qu’il soit hanté par la mort. Ce serait ne rien comprendre à ce qu’il croit et aime, à ce qu’il est. Pour bien comprendre la place que la mort occupe chez le chrétien, nous allons désormais présenter rapidement la conception chrétienne de la mort

La mort physique, un mal douloureux inévitable

           Mort de saint Guthlac            
                  XIIe siècle

Généralement, dans les différents dictionnaires, la mort est très souvent, voire toujours, définie sous sa forme négative. Elle désigne généralement la « cessation de vie »[3]. Mais, cette formule ne nous précise guère ce qu’elle est. En outre, elle réfère à la vie qui est un terme encore plus difficilement définissable.

Pour le chrétien, la mort est avant tout la séparation de l’âme et du corps. Comme nous l’avons longuement expliqué dans nos articles, l’Église enseigne en effet que l’homme est l’union d’un corps et d’une âme[4], d’une âme qui est le principe de vie du corps. L’homme meurt donc quand ce qui le compose se désunit. La mort ne se réduit donc pas à la privation de vie mais elle est surtout la fin de l’homme telle qu’il est, c’est-à-dire son anéantissement par la séparation de ce qu’il est, âme et corps. Elle met donc fin à sa nature humaine.

La mort est donc un mal en soi. Ce n’est ni une maladie ni un accident. La maladie ou l’accident peut nous conduire à la mort mais ils ne sont pas la mort. Quelles que soient les circonstances qui conduisent à la séparation de l’âme et de du corps, la mort ne peut donc qu’être douloureuse, physiquement et moralement, comme tout rupture. Elle est une violence à ce qui fait que l’homme est homme.

Cet anéantissement nous fait alors naturellement peur. Comment pouvons-nous ne pas craindre cette déchirure qui n’épargne personne ? Tout homme connaîtra la mort, quels que soient sa richesse, son rang social, sa gloire terrestre, etc. Et elle est unique. La mort ne le frappe en effet qu’une fois puisqu’« il est arrêté que l’homme meurent une fois » (Épitre aux Hébreux, IX, 27). Et rien ne peut empêcher qu’elle le frappe. C’est donc un fait unique et incontournable dans son existence. L’homme est finalement impuissant devant la mort.

« Un homme lorsqu’il est mort et dépouillé et consumé, où est-il, je vous prie ? »(Job, XIV, 10) Que deviennent en effet le corps et l’âme quand ils se séparent ? Sans la vie pour l’animer, de nature matérielle, le corps n’est plus que cadavre enclin à la corruption et à la décomposition de la chair. De nature spirituelle, l’âme demeure incorruptible et immortelle. Elle continue donc à être, mais sans lien avec le corps avec lequel elle était unie. La question est donc de savoir où va l’âme quand elle se détache du corps.

En fait, la véritable question que pose le chrétien est différente. Il ne s’agit pas pour lui de savoir où elle va mais dans quel état elle est quand survient la mort. En effet, cet état détermine sa prochaine demeure et surtout ce qu’elle va devenir. Car la mort n’est pas une fin

La mort ou la vie spirituelle

L’homme est vivant quand l’âme anime son corps, quand ces deux entités sont unies. De même, l’âme est dite vivante quand elle est unie à Dieu. Plus elle est proche de la source de vie, plus elle est vivante de la vie divine. Mais quand cette grâce n’est plus en elle, l’âme est alors dans un état de mort spirituelle. Il existe donc deux morts : la mort physique quand l’âme est séparée du corps, et la mort spirituelle quand l’âme ne vit plus de Dieu. Si la première mort est commune à tous les hommes, les bons et les méchants, les justes et les injustes, la seconde ne concerne que les méchants et les injustes.

Quand la mort frappe l’homme, dans l’état où elle est, l’âme se détache du corps et continue à exister hors du corps pour connaître un sort en fonction de la mesure de la vie spirituelle qui réside en elle. Si elle est dans un état de mort spirituelle, elle sombre dans les ténèbres infernales de manière irrévocable. Elle est consumée de douleurs tout en demeurant ce qu’elle est. Si au contraire, la vie divine est encore en elle lorsque la mort survient, elle connaîtra la paix et la joie éternelle ou encore une souffrance purifiante. Ainsi, selon son état au moment de la mort physique, l’âme est en enfer, au paradis ou au purgatoire.

Lorsqu’elle se détache du corps, l’âme n’est ni dans l’ignorance, ni dans une sorte d’abêtissement. Elle paraît devant Notre Seigneur Jésus-Christ qui la juge selon ses œuvres, selon le bien et le mal qu’elle a commis. Dans une vive lumière, elle prend parfaitement conscience de tous les actes de sa vie avec toutes les circonstances. Tout est mis à jour. Après ce jugement dit individuel, et en connaissance de cause, l’âme se rend au paradis si elle est parfaitement pure, ou au purgatoire si elle lui reste des fautes à expier, ou enfin en enfer si elle porte au moins une faute dont elle n’a point voulu faire pénitence.

La mort, une longue attente…

« Selon la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent aussitôt après leur mort en enfer,  où elles sont tourmentées de peines éternelles, et que néanmoins, au jour du jugement général tous les hommes comparaîtront avec leurs corps « devant le tribunal du Christ »  pour rendre compte de leurs actes personnels, « afin que chacun reçoive le salaire de ce qu’il aura fait pendant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en mal. »[2e épître aux Corinthiens, V, 10])[5]

Mais la séparation de l’âme et du corps n’est pas définitive. L’homme est en effet voué à ressusciter, avec son âme et son corps, de manière à être ce qu’il était. C’est bien le corps seul qui reprend vie selon un mystère qui nous échappe. Mais il n’est plus dans le même état qu’il était avant que la mort ne l’emporte. L’homme est en effet dans un état définitif et irréversible, un état de bonheur ou de malheur éternel. Et comme l’âme a comparu devant le tribunal divin, devant  Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est au tour de l’homme d’entendre la voix de la justice divine devant l’humanité entière. C’est ce que nous appelons le jugement général

Ainsi quand viendra le jour où l’âme retrouvera son corps, l’homme connaîtra alors soit le bonheur ou la vie éternelle ou brûlera dans un feu terrible sans qu’il ne soit consumé. La mort est donc un long passage entre la terre et le ciel, ou encore une porte vers la voie du bonheur ou d’un malheur éternel, ou enfin une attente heureuse ou désespérante.

Nous pouvons alors comprendre que, si la mort physique est redoutable, le juste l’attend avec impatience pour recevoir le prix de ses œuvres de la main même de Notre Seigneur Jésus-Christ. La vie qu’il anime son âme, une vie nécessairement faible, limitée et inconstante, pourra alors s’épanouir avec plénitude sans faiblesse. La mort physique est alors une délivrance qui le conduit à la vie éternelle. « La mort, ennemie de la vie, devient la voie de la vie même. »[6] Cet espoir de vie éternelle et de délivrance ne signifie pas qu’il déteste la vie ici-bas ou encore son corps par lesquels justement il a réussi à suivre le chemin de Dieu. Par la résurrection, le corps lui-même participe au bonheur avec justice[7]. Il connait la valeur de la vie comme de la mort. Ce qu’il redoute le plus est la mort spirituelle.

Mais pour l’injuste, le menteur et tous les fauteurs de mal, la mort est un malheur terrible qui n’a pas d’égal dans le monde où il a sévi. Lorsque la mort les frappe, le sort est fixé. Il est trop tard pour le pardon et le repentir. Ils avaient toute une vie pour se corriger…

Origine de la mort

« L’homme a encouru la mort en raison du péché et non en raison d’une nécessité de nature »[8]

                      Bible d’Alcuin                   
Genève, Bamberg

Mais pourquoi l’homme doit-il mourir ? La mort est la conséquence du péché originel[9]. Elle nous renvoie en effet au commencement du monde. Si Dieu l’a créé une nature mortelle, Il lui a donné la grâce de ne pas connaître la mort. Cependant, par la faute d’Adam, il a perdu ce don non seulement pour lui-même mais pour toute sa descendance, c’est-à-dire pour tous les hommes. Dans son état originel, Adam vivait aussi en présence de Dieu dans son amitié. Par sa désobéissance, il a tout perdu. Le châtiment est alors sans appel : désormais, l’homme connaîtra la mort physique et naîtra avec le péché et donc dans un état de mort spirituelle.

C’est ainsi qu’en naissant, l’homme est voué à la mort physique et son âme dans un état de mort spirituelle. Le baptême le purifie du péché originel et de tout péché puis fait renaître l’âme de la vie divine. Elle est dans un véritable état de grâce. Tant qu’elle demeure fidèle à Dieu, c’est-à-dire unie à lui par sa foi, son espérance et sa charité, c’est-à-dire par une foi vivante, elle reste dans cet état de sainteté. Mais cet état n’est ni définitif ni déterminé. À tout moment, l’âme peut le perdre. Si l’homme baptisé commet un péché mortel, alors son âme retrouve un état de mort spirituel. Elle ne pourra retrouver la vie divine que par le pardon de Dieu et la contrition, c’est-à-dire par la confession. Au cours de son existence, nombreuses sont les grâces qui lui sont données pour maintenir et accroître la vie divine, notamment par le canal admirable du sacrement de l’Eucharistie qui lui donne la source infinie de toute vie, Notre Seigneur Jésus-Christ. Aucune grâce ne manque à l’homme pour se relever de la mort spirituelle.

La mort comme instrument de salut

Lorsqu’Adam a connu son châtiment, Dieu ne l’a pas laissé dans le désespoir. Il lui a promis ainsi qu’à tous les hommes que le salut leur sera donné. Aucun homme n’est en effet destiné à la mort spirituelle. Créé à la ressemblance et à l’image de Dieu, il est voué à la vie éternelle. Mais faut-il encore que l’homme le veuille et accepte de suivre le chemin qu’Il a tracé et d’ouvrir cette porte qui lui conduira à sa fin.

Dieu nous a sauvés par la mort réelle et volontaire de Notre Seigneur Jésus-Christ, accomplissant ainsi l’œuvre de la Rédemption promise par Dieu dès le commencement. Par son sacrifice consciemment offert sur la Croix, Il nous a ouvert la porte de notre salut, et par sa Résurrection, Il a vaincu la mort. Si la mort reste pour nous la peine du péché originel, nous savons désormais qu’elle n’est plus toute puissante. Vaincue par Notre Seigneur Jésus-Christ, la mort n’a plus d’emprise sur l’homme. Tout dépend désormais de la vie qu’il mène et de ses œuvres. La vie éternelle est possible pour l’homme. La Croix lui indique le chemin...

« Nous croyons que nous avons été purifiés dans sa mort et dans son sang pour être ressuscités par lui au dernier jour dans cette chair dans laquelle nous vivons maintenant ; et nous sommes dans l’attente que nous obtiendrons de lui, soit la vie éternelle en récompense de notre bon mérite, soit la peine du supplice éternel pour nos péchés. Lis cela, tiens-le fermement, soumets ton âme à cette foi. Ainsi tu obtiendras du Christ Seigneur la vie et la récompense. »[10]

Conclusion

Depuis le péché originel, la mort est un véritable châtiment. Si l’homme est naturellement mortel, il a néanmoins été créé dans un état d’éternité, jouissant de la présence divine. Par sa désobéissance, Adam et sa descendance ont perdu cette double grâce, l’immortalité et la vie divine. La mort témoigne donc la chute de l’homme. Il est alors enfermé par les liens de la mort. Mais Notre Seigneur Jésus-Christ a rétabli notre dignité première de manière admirable. Son sacrifice nous sauve, sa résurrection nous délivre de la mort. La victoire qu’Il a emportée met ainsi un terme à son empire. Désormais, la mort n’a plus le dernier mot. Il y a « une résurrection bienheureuse ou une résurrection malheureuse. Chacun recevra ce qu’il aura choisi avant sa mort durant sa vie. Tous les saints ressusciteront pour être avec Dieu pour toujours : corps et âme. Tous les damnés ressusciteront pour être séparés de Dieu pour toujours : corps et âme. Pour les premiers, ce sera la gloire et la joie du corps et de l’âme, pour les seconds, la souffrance et le désespoir éternel. »[11]

Ainsi, le chrétien ne conçoit la mort ni comme une fin ni comme une banalité. Il ne la renie pas non plus. Il sait combien ce fait unique et irrévocable est déterminant pour son destin. La mort est comme la réalisation d’une attente qui a duré depuis sa conversion. Elle lui donne ce qu’il n’a pas cessé d’espérer et de vouloir. Elle est comme la ligne d’arrivée d’une course plus ou moins longue et difficile au-delà laquelle se trouve toute son espérance. Elle donne ainsi sens à la vie qu’il a menée. Tous son passé, qui n’est plus, prend ainsi sens et valeur. Notre vie ici-bas n’est pas vaine pour Dieu. Qui peut croire que la vie est sans valeur quand elle possède un tel prix ? S’il est triste de la mort de sa mère, Saint Augustin sait qu’elle n’est pas un malheur mais bien un bonheur pour elle puisqu’elle a gagné la vie éternelle par sa vie ici-bas.


Notes et références

[1] Louis-Vincent Thomas, Mort et pouvoir, Payot, Paris, 1978

[2] Voir Émeraude, septembre, article « La vérité devant la mort : les confessions de Saint Augustin... ».

[3] Dictionnaire Le Petit Robert, 2011.

[4] Voir Émeraude, mars 2021, article « L'homme, l'union d'un corps naturel et d'une âme rationnelle. Il n'est ni un corps, ni une âme, encore moins deux entités juxtaposées qui s'ignorent... ».

[5] Benoît XII, Constitution Benedictus Deus, 29 janvier 1336, Denzinger 1002.

[6] Saint Augustin, La Cité de Dieu, livre XIII, II.

[7] Voir Émeraude, mars 2021, article « La conception de la nature humaine au travers du mystère de la résurrection du corps ».

[8] Voir Concile de Trente, 5e session, 17 juin 1546, décret sur le péché originel, n°2, Denzinger n°1512.

[9] Voir Émeraude, février 2013, article « Péché d'origine, péché originel ».

[10] Fides Damasi,  Symbole de foi attribué au Pape Damase Ier, Denzinger n°72.

[11] Abbé Laurent Spriet, Se relever après un avortement, 2020, édition Peuple libre.