" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 26 octobre 2019

Laïcité : Buisson et l'éclectisme de Victor Cousin


Selon Ferdinand Buisson[1], l’école n’est pas simplement le lieu de transmission d’un savoir. Elle ne sert pas uniquement à apprendre à lire, à écrire, à compter. Le grand promoteur de l’enseignement laïque veut aussi qu’elle inculque aux enfants le culte de l’idéal, un idéal pratique, un idéal certes inatteignable mais qu’ils doivent poursuivre comme le savant en quête de vérité, l’artiste à la recherche de beauté ou encore le héros, le saint, l’homme de devoir et de dévouement attiré par le bien. Cette trilogie du vrai, du beau et du bien forme les trois dimensions de son idéal, un idéal qui porte un autre nom : Dieu. Telle est en effet la religion pour « le père de la laïcité ». « Il n’y a qu’une religion, il n’y en a jamais eu qu’une sous les innombrables formes qui ont correspondu aux différents âges de la civilisation humaine. C’est la religion du bien, ou si l’on veut analyser davantage, c’est la religion de l’esprit aspirant à remplir sa fonction d’esprit à savoir le vrai, à aimer le beau, à faire le bien, ce dernier terme pouvant résumer les deux autres. »[2]

Ainsi l’idéal que Buisson veut inculquer aux enfants n’a pas pour but de détruire la religion mais d’inculquer une autre religion qu’il croît être authentique et universelle. S’il parle de « foi laïque » et de « moral laïque », il ne faut pas se méprendre sur le sens de ces mots. Car c’est une foi et une morale religieuse mais sans qu’elles soient attachées à une religion particulière, une religion sans dogme ni prêtre ou plus précisément une certaine forme de religiosité. Il est alors bien difficile de croire que la laïcité défend la neutralité religieuse. Le croire, ce serait trahir la pensée des pères de la laïcité.

En fait, la trilogie « vrai, beau, bien » nous renvoie à un ouvrage de Victor Cousin (1792-1867), intitulé « Du vrai, du beau, du bien », qui date de 1858. Dans une étude récente[3], nous apprenons en effet que l’œuvre de Ferdinand Buisson dans l’enseignement serait l’aboutissement de la philosophie de Victor Cousin. Par conséquent, étudions cette doctrine...

Victor Cousin, un philosophe qui compte au XIXe siècle

Victor Cousin
Victor Cousin est un philosophe et homme politique du XIXe siècle. Professeur à la Sorbonne et maître de conférences à l’École normale, il fait connaître les philosophies allemandes de Kant, Hegel, Fichte, ou encore de Schelling. Ses cours obtiennent un grand succès auprès des étudiants. En 1840, il devient ministre de l’instruction publique sous le roi Louis-Philippe. Son influence est immense. Il est l’un des principaux artisans de l’organisation de l’enseignement de la philosophie.

Cousin expose ses idées dans son livre Du vrai, du beau, du bien. Ce dernier contient des cours, sous forme de dix-sept leçons, qu’il a enseignés à la Faculté des Lettres de 1815 à 1821 à la Sorbonne. Il présente ce livre comme « l’expression abrégée mais exacte de [ses] convictions de la science philosophique » au travers de l’histoire de la philosophie. Sa philosophie est souvent appelée éclectisme. Mais son auteur préfère le terme de spiritualisme, l’éclectisme étant plus une méthode. « Son caractère est de subordonner les sens à l’esprit, et de tendre par tous les moyens que la raison avoue, à élever et à agrandir l’homme. »[4] Il considère la psychologie comme une philosophie, mieux encore « la reine de la philosophie ».

L’histoire des philosophies, matière et manifestation de l'éclectisme

Notons que Cousin ne parle pas de philosophie mais de science philosophique ou plutôt de méthodes philosophiques. Il ne cherche pas en effet à philosopher, c’est-à-dire à penser sur le monde, à élaborer une doctrine. « Il ne s’agit pas de faire de la philosophie mais de la constater ». Pourquoi ? « Il n’y a donc plus autre chose à faire aujourd’hui qu’à dégager ce qu’il y a de vrai dans chaque système, et en composer une philosophie supérieure à tous les systèmes, qui les gouvernent tous en les dominant tous. »[5] Toutes les philosophies ont donc quelques choses de vrai qu’il faut identifier puis les rassembler et les combiner pour en constituer une plus haute, un système philosophique valable du point de la  raison. « Cette prétention de ne repousser aucun système, de n’en accepter aucun entier, de négliger ceci, de prendre cela, de choisir dans tout ce qui est vrai et bon et par conséquent durable, d’un seul mot, c'est l’éclectisme. »[6]


Il ne s’agit pas d’un éclectisme aveugle ou d’une sorte de syncrétisme philosophique. « Ce que je recommande, c’est un éclectisme éclairé qui, jugeant avec équité et même avec bienveillance toutes les écoles, leur emprunte ce qu’elles ont de vrai, et néglige ce qu’elles ont de faux. Puisque l’esprit de parti nous a si mal réussi jusqu’à présent, essayons de l’esprit de conciliation. »[7] Soulignons cette volonté de rassemblement ou de paix qui semble s’exprimer dans cette méthode.

Chaque école a un point de vue exclusif et incomplet sur la vérité, n’exprimant qu’une partie en rejetant le reste. Cousin demande plutôt de perfectionner l’ouvrage des différentes écoles en réunissant toutes les vérités éparses dans les différents systèmes. « La vérité est un bien qu’il faut prendre partout où on le rencontre. » [8]

L’éclectisme se fonde donc sur l’érudition, c’est-à-dire sur la connaissance de l’histoire de la philosophie. Mais l’histoire joue un autre rôle. Elle rend manifeste l’éclectisme au sens où elle fait découvrir l’enchaînement logique des doctrines. Elle le rend nécessaire. « Qu’est-ce d’ailleurs que l’histoire de la philosophie, sinon une leçon perpétuelle d’éclectisme ? »[9] L’étude de l’histoire de la philosophie permet donc de découvrir la vérité que l’éclectisme doit révéler.

L’éclectisme semble ainsi tolérer toutes les philosophies. Cousin prône en effet « la tolérance philosophique » pour mettre fin au fanatisme et inculquer le besoin et le goût de l’étude approfondie chez les élèves. Mais, « cette prétendue tolérance s’accompagne en réalité d’un certain nombre d’exclusions radicales et arbitraires du champ philosophique. »[10] Ainsi concernant la connaissance, il ne voit que deux systèmes, celui de l’empirisme et du rationalisme. Le cartésianisme y tient une grande place. Et comme il le dit lui-même, pour reconnaître la vérité de l’erreur, faut-il déjà avoir un système philosophique.

L’éclectisme n’est qu’une méthode qui s’appuie sur une critique philosophique à partir de l’histoire philosophique. Cette dernière en est l’objet comme le lieu de la philosophie qu’il veut exposer. Il est donc étrange de vouloir à partir des « vérités éparses » construire « un système qui soit à l’épreuve de la critique, et qui puisse être accepté par votre raison et aussi par votre cœur » quand finalement l’extraction des vérités et leur combinaison s’appuient déjà sur un système préexistant.

L’éclectisme, la méthode

Dans son livre, Cousin nous livre le résultat de sa méthode. Il s’appuie sur un constat ou plutôt sur une conviction : « il y a dans tous les hommes, sans distinction de savants et d’ignorants, des idées, des notions, des croyances, des principes que le sceptique le plus déterminé peut bien nier du bout des lèvres, mais qui le gouvernent lui-même à son insu et malgré lui dans ses discours et dans sa conduite, qu’on trouve en soi pour peu qu’on s’interroge, et qui, par un contraste frappant avec nos autres connaissances, sont marqués de ce caractère à la fois merveilleux et incontestable qu’ils se rencontrent dans l’expérience la plus vulgaire, et qu’en même temps, au lieu d’être circonscrits dans les limites de cette expérience, ils la surpassent et la dominent, universels au milieu des phénomènes particuliers auxquels ils s’appliquent, nécessaires quoique mêlés à des choses contingentes, infinis et absolus à nos propres yeux, tout en nous apparaissant dans cet être relatif et fini que nous sommes. »[11] En un mot, il est convaincu d’idées absolues. « Il y a dans l’esprit humain, pour quiconque l’interroge sincèrement, des principes réellement empreints du caractère de l’universalité et de la nécessité »[12], des principes dont l’esprit n’est pas l’auteur, des principes, indépendantes de la raison, de la conscience et de l’expérience mais que la raison, la conscience et l’expérience les manifestent. Néanmoins, c’est par la raison que nous les découvrons bien qu’ils lui fournissent les lois du raisonnement.

Dans son ouvrage, Cousin traite successivement de la vérité, du beau et du bien d’abord par la méthode dite psychologique, qui consiste à constater et à décrire ce qui est, puis par la raison. Elle passe donc par l’observation ou encore par l’expérience. Il s’agit d’abord d’interroger notre conscience car la nature humaine est tout entière en nous comme en chacun des hommes. Puis, cela revient à comparer les différentes philosophies. Il ne s’agit pas non plus d’interroger n’importe qui, par exemple un sauvage dont sa nature est ébauchée. « L’homme vrai, c’est l’homme parfait dans son genre ; la vraie nature humaine, c’est la nature humaine arrivée à son développement, comme la vraie société c’est aussi la société perfectionnée. »[13] Cousin s’oppose aussi à une nature humaine imaginée comme l’a fait Rousseau par exemple. « Pour connaître la réalité, étudions-la, ne l’imaginons pas. Prenons l’humanité, telle qu’elle se montre incontestablement à nous dans ses caractères actuels ». Il ne se préoccupe que de « l’homme actuel, l’homme réel et achevé. »[14]

Après l’étude de l’expérience, Cousin fait intervenir la philosophie. Il ne s’agit pas de construire un système philosophie censé d’imposer un principe découvert car toute système philosophique est imparfait. Il est trop dépendant de son environnement. Ils « suivent leur temps bien plus qu’ils ne le dirigent ; ils reçoivent leur esprit des mains de leur siècle. »[15]

Cousin cherche ensuite à exposer puis réfuter les systèmes philosophiques relatifs au vrai, au beau et au bien. Les philosophies font ainsi l’objet de sa critique non pour les réfuter totalement mais pour en dégager les vérités qui se mêlent aux erreurs. « La critique philosophique ne se borne point à discerner les erreurs des systèmes ; elle consiste surtout à reconnaître et à dégager les vérités mêlées à ces erreurs. » Car, ajoute-il, « les vérités éparses dans les différents systèmes composent la vérité totale que chacun d’eux exprime presque toujours par un seul côté. »[16] C’est ainsi que l’histoire de la philosophie « prépare ou confirme » l’analyse psychologique. La méthode se termine alors par le rassemblement de ces vérités éparses.

Cousin insiste souvent sur la qualité scientifique de sa méthode. Il généralise ce qu’il voit de particulier, cherchant ainsi à établir des lois. Et lorsqu’il établit des lois, il cherche des axiomes qui la fondent. Ainsi explique-t-il ce qu’il a reconnu par l’expérience.

Sa méthode permet le dépassement de chaque système, ce qui est indispensable pour apporter de la paix contrairement aux discordes qu’il génère. « Le temps des théories exclusives est passé ; les renouveler, c’est perpétuer la guerre en philosophie. Chacune d’elles, étant fondée sur un fait réel, refuse avec raison le sacrifice de ce fait ; et elle rencontre dans les théories ennemies un droit égal et une égale résistance. De là, le retour perpétuel des mêmes systèmes, toujours aux prises entre eux, et tour à tour vaincus et victorieux. Cette lutte ne peut cesser que par une doctrine qui concilie tous les systèmes en comprenant tous les faits qui les autorisent. »[17] Il ne s’agit pas de concilier les systèmes philosophiques mais les faits dans la réalité.

L’application de l’éclectisme au vrai, au beau et au bien

Les conclusions de sa méthode appliquées sur le vrai, le beau et le bien sont identiques pour chacun de ces principes. Si nous percevons leur manifestation en nous, si la vérité, le beau et le bien sont bien conçues en nous, ils ne viennent pas de nous. Pour les saisir, il faut aller au-delà, c’est-à-dire il faut les saisir en Dieu.

La connaissance des vérités absolues ne vient pas premièrement de la raison. Elle vient de la première opération de l’esprit, l’intuition. Elles sont apparues d’abord sous leur forme concrète, particulière et déterminée avant de se revêtir de leur forme actuelle, abstraite et universelle par une opération d’abstraction. Reste à savoir où elles résident si elles sont hors de nous. « Dieu est la substance, la raison, la cause suprême, l’unité de toutes ces vérités. »[18] Les vérités sont Dieu. La raison dont les vérités ne peuvent suffire les rattache toutes à ce principe, à l’être qui peut les expliquer, à Dieu. Mais comment pouvons-nous l’atteindre ? « Le seul moyen qui nous soit donné de nous élever jusqu’à l’être des êtres, sans éprouver d’éblouissement ni de vertige, c’est de nous en rapprocher à l’aide du divin intermédiaire ; c’est-à-dire de nous consacrer à l’étude et à l’amour de la vérité, et, comme nous le verrons tout à l’heure, à la contemplation et à la reproduction du beau, surtout à la pratique du bien. »[19]
L’idée du beau nous introduit dans le domaine de l’art. Toutes les beautés, celles qui nous émeuvent et nous étonnent, constituent la beauté réelle. Mais au-dessus d’elle, se trouve la beauté supérieure, la beauté idéale, qui ne réside pas en nous. Pour la saisir, il faut atteindre Dieu. « Pour mieux parler, le vrai et absolu idéal n’est autre que Dieu même »[20]

Enfin, selon Cousin, l’idée du bien se confond avec la morale, totalement indépendante du sens commun ou du jugement qui permet de la saisir. « Ce serait se faire une idée fausse et étroite de la morale que de la renfermer dans l’enceinte de la conscience individuelle. »[21] Elle est aussi indépendante du caractère moral de l’action. Le bien et le mal nous sont perceptibles en raison de vérités morales indépendantes de nous et des actions dans lesquelles ils se manifestent. Ces vérités ainsi que l’obligation morale, dont elles sont les fondements, sont alors absolues, universelles, immuables. Tout cela nous ramène encore à l’être absolu qui est Dieu. « Il est certain, et bientôt nous l’établirons nous-mêmes pour le bien, comme nous l’avons fait pour le vrai et pour le beau, il est certain que d’explications en explications on en vient à se convaincre que Dieu est en définitive le principe suprême de la morale »[22].

Le vrai, le beau et le bien sont donc des êtres absolus. Cousin les définira plus tard comme des attributs absolus. Ils se réalisent dans un être absolu qui est Dieu. Ils y sont indivisiblement unis bien qu’ils soient divisés par notre esprit. « Ainsi Dieu est nécessairement le principe de la vérité morale et du bien. Il est aussi le type de la personne morale que nous portons en nous. »[23]  À partir de ce qu’il perçoit en l’homme et de ce que perçoit sa conscience, Cousin établit les qualités de Dieu comme être réel et vivant. « En pensant à un tel être, l’homme éprouve un sentiment, qui est le sentiment religieux par excellence. »[24] C’est ainsi qu’il en vient naturellement à établir un culte intérieur puis public, et enfin une religion. « Nous voici donc arrivés, de degrés en degrés, à la religion. Nous voici en communion avec les grandes philosophies qui toutes proclament un Dieu, et en même temps avec les religions qui couvrent la terre, avec la religion chrétienne, incomparablement la plus parfaite et la plus sainte. »[25]

L’esprit de la méthode

Dans sa dernière leçon, Cousin définit l’esprit qui guide sa méthode. La raison est le fondement de sa recherche. Elle est supérieure à toute autre puissance comme celle du sentiment ou de la sensation. Elle est la faculté qui permet de connaître en tout le vrai, le beau et le bien. Cependant, elle ne peut se développer seule. La raison a besoin d’une autre puissance, celle du sentiment. Elle a aussi besoin des sens. Ainsi, il ne peut condamner les philosophies du sentiment ou de la sensation. « Tels sont les fondements très simples de notre éclectisme. »[26] Cela permet d’éviter deux écueils : l’abstraction, c’est-à-dire l’abus de la dialectique et la sentimentalité, c’est-à-dire la prédominance excessive du sentiment.

L’éclectisme religieux

Cousin veut aussi appliquer sa méthode pour la religion. « Une vraie théodicée emprunte en quelque sorte à toutes les croyances religieuses leur commun principe, et elle le leur rend entouré de lumière, élevé au-dessus de toute incertitude, placé à l’abri de toute attaque. »[27] Il est vrai que pour lui, le christianisme est « incomparablement la religion la plus parfaite et la plus sainte. »[28] Si la philosophe demeure en-dessous de ces religions, avoue-t-il, elle parle aussi de Dieu.

Cousin et Buisson

Évoquant Descartes, Cousin a repris l’idée de principes absolus, dans sa trilogie « vrai, beau, bien », à partir duquel il démontre l’existence de Dieu et ses attributs. Ces principes perçus d’abord par l’intuition, si chère aussi à Buisson, sont ensuite saisis par la raison. Buisson reprend cette trilogie ainsi que le rôle de l’intuition sur laquelle il s’appuie pour élaborer sa pédagogie. Comme nous pouvons découvrir Dieu à partir d’un des principes, Buisson voit aussi Dieu caché qui se révèle par la morale. Il n’est donc pas besoin d’une Église pour Le connaître.

Enfin, Cousin tente d’appliquer sa méthode éclectique dans la religion, c’est-à-dire prendre en compte tout ce qui est vrai dans les différentes religions pour en faire une qui les surmonte toute par la combinaison de toutes les vérités. Buisson en est aussi parfaitement convaincu. C’est pourquoi il demande à l’instituteur de tolérer dans l’école la coexistence des confessions pour les dépasser par sa foi laïque.

Mais contrairement à Buisson, Cousin ne s’oppose pas à la présence de l’Église dans les écoles. Il est un acteur central de l’enseignement sous la Monarchie de Juillet, hostile à toute séparation entre les Églises et l’État. Il défend ce régime. Il tente en fait concilier le christianisme et la philosophie. « Partout nous professons la vénération la plus tendre pour le christianisme. »[29]

Pour Buisson, la religion laïque relie le vrai, le beau et le bien. C’est un lien idéal, intellectuel, spirituel. Cousin parle plutôt de religion naturelle, ce qui explique la supériorité d’un culte sur toutes les philosophies.

Cousin a créé sous la Monarchie de Juillet l’école primaire puis les écoles normales destinées et enfin l’université. Buisson poursuit son ouvrage en les laïcisant. 

Conclusion

À partir de l’individu et selon sa méthode, fondée sur l’intuition et la raison, Cousin établit une théodicée. C’est en l’homme, dans son esprit, qu’il découvre la vérité, le beau et les biens, attributs absolus, qui le renvoient vers Dieu. C’est aussi en lui et à partir de sa conscience qu’il peut distinguer les attributs divins. « Le champ de l’observation philosophique, c’est la conscience. Il n’y en a pas d’autre, mais dans celui-là, il n’y a rien à négliger ; tout est important, car tout se tient, et une partie manquante, l’unité totale est insaisissable. »[30] C’est pourquoi il se considère et il est considéré comme un tenant du spiritualisme du XIXe siècle. Pour y parvenir, il utilise toutes les philosophies, tout ce qui peut le servir. De même, il envisage une théodicée à partir de toutes les idées bonnes que nous pouvons trouver dans les religions. C’est là que nous retrouvons Ferdinand Buisson.


Cependant, Cousin justifie la religion et surtout le christianisme de manière rationnelle à partir de la conscience. Le vrai, le beau et le bien se retrouvent tout entier dans l’homme et dans la religion. Il est vrai que pour lui la philosophie est inférieure à toute religion, mais il démontre que la religion répond à un besoin humain et relève de l’individu. Elle est donc juste et garantit l’ordre. « Je défends opiniâtrement l’intervention de la religion dans l’éducation du peuple. »[31] C’est là que se différencie Ferdinand Buisson qui ne voit dans aucune religion le vrai, le beau et le bien. Ils forment eux-mêmes la religion. Si Cousin fonde la pertinence des institutions de son époque, Buisson la récuse. L’un est plutôt conservateur, soucieux de la réconciliation ; l’autre est encore habité par la révolution et l’opposition.



Notes et références
[1] Voir Émeraude, octobre 2019, article « Laïcité : éduquer les consciences, inculquer la religion laïque ».
[2] Buisson, Libre pensée et protestantisme libérale, Ferdinand Buisson et Charles Wagner, 1903, Librairie Fischbacker.
[3] Voir Le Spiritualisme au XIXe siècle en France : une philosophie pour l’éducation ?, Laurence Coeffel, collection Philosophie de l’éducation.
[4] Victor Cousin, Du vrai, du beau et du bien, 7e édition, avant-propos de 1853, Paris Sorbonne, 1858.
[5] Victor Cousin, Cours de l’histoire de la philosophie, histoire de la philosophie du XVIIIe siècle, t. II, Paris, Didier, 1841.
[6] Wilhelm Gottlieb Tennemann, Manuel de l’histoire de la philosophie, préface de Victor Cousin, Pichon-Didier, 1829.
[7] Victor Cousin, Discours prononcé à l’ouverture de cours, le 4 décembre 1817, de la philosophie au XIXe siècle.
[8] Victor Cousin, Discours prononcé à l’ouverture de cours, le 4 décembre 1817, de la philosophie au XIXe siècle.
[9] Wilhelm Gottlieb Tennemann, Manuel de l’histoire de la philosophie, préface de Victor Cousin, Pichon-Didier, 1829.
[10] Lucie Rey, agrégée et docteur en philosophie, L’héritage de Victor Cousin dans l’enseignement de la philosophie en France, revue skhole.fr, penser et repenser l’école.
[11] Première partie.
[12] Première leçon.
[13] Onzième leçon.
[14] Onzième leçon.
[15] Onzième leçon.
[16] Quatorzième leçon.
[17] Quatorzième leçon.
[18] Quatrième leçon.
[19] Cinquième leçon.
[20] Huitième leçon.
[21] Onzième leçon.
[22] Douzième leçon.
[23] Seizième leçon.
[24] Seizième leçon.
[25] Dix-septième leçon.
[26] Dix-septième leçon.
[27] Dix-septième leçon.
[28] Dix-septième leçon.
[29] Cousin, note 253.
[30] Victor Cousin, Fragments philosophiques, Philosophie contemporaine, dans Psychologie, éclectisme et spiritualisme : Maine de Biran, Victor Cousin et Féli Ravaisson, Laurent Giassi, philopsi, 2011, www. philopsi.fr.
[31] Victor Cousin, Souvenirs d’Allemagne, CNRS, édition 2011, Introduction, Dominique Bourel, directeur de recherche du CNRS, Wikipédia, article « Victor Cousin ».

samedi 19 octobre 2019

Laïcité et positivisme


Le Progrès, Miguel Ángel Trilles

Parc du Retiro, Madrid (1922)

Ferdinand Buisson[1] (1841-1932) incarne « l’esprit de la laïcité »[2]. Toute sa vie, il a surtout travaillé pour laïciser l’enseignement public, en particulier sous Jules Ferry (1832-1893). Il est donc naturellement un des partisans de la séparation de l’Église et de l’État. Il a joué un rôle important, aux côtés d’Aristide Briand, pour élaborer et faire voter la célèbre loi de 1905[3].

Souvent dans ses discours et ses écrits, Buisson justifie son action par l’évolution inéluctable de l’humanité vers le progrès. Or ce progrès nécessite d’affranchir la société d’un état de minorité dans lequel l’Église l’a placée. S’il respecte « cette grande et antique éducatrice de civilisation »[4], Buisson réclame désormais le temps de la libération. La société est suffisamment « adulte et consciente » pour prendre en main désormais l’enseignement. Elle « veut s’instruire et se conduire toute seule », elle « veut faire ses affaires elles-mêmes. »[5] Jules Ferry est encore plus radical. Il demande à la société de jeter les « béquilles théologiques »[6] sur lesquelles s’appuyait la morale afin qu’elle marche librement.

Tout ce vocabulaire n’est pas innocent. Il nous renvoie à une philosophie intitulée « positivisme », qu’a élaboré Auguste Comte. Par le rapport d’Aristide Briand[7], nous apprenons que la séparation de l’Église et de l’État a été décrétée au Brésil par « un groupe de positivistes »[8]. De nombreux articles relatifs à la laïcité prétendent enfin qu’elle trouve son origine dans le positivisme. C’est pourquoi nous allons rapidement la décrire afin d’en puiser quelques lumières sur notre étude sur la laïcité …

Le positivisme d’Auguste Comte (1798-1857)

Auguste Comte
Dans les écrits et les discours de Ferdinand Buisson, nous retrouvons plusieurs influences philosophiques. La première est celle du positivisme d’Auguste Comte. C’est d’abord une philosophie de la connaissance. Selon cette doctrine, toute connaissance passe nécessairement par trois états successifs : théologique, métaphysique et scientifique. Cette évolution continuelle est aussi valable de manière générale. L’esprit humain progresse continuellement vers le meilleur à mesure qu’il avance selon ces trois états.

Dans l’état théologique, qui correspond au Moyen-âge et à l’Ancien Régime, l’homme recherche l’origine des différents phénomènes qui l’affecte dans l’intervention des êtres surnaturels, dans la volonté des dieux et des esprits. Cet état est lui-aussi composé de trois phases : le fétichisme, le polythéisme et le monothéisme. Dans l’état métaphysique ou abstrait, qui désigne le siècle des Lumières, l’homme a recours à des entités rationnelles, abstraites et les substitue aux dieux et aux esprits. Enfin, dans l’état scientifique ou positif, l’homme renonce à chercher des causes premières ou finales pour s’en tenir aux lois établies par les faits. Selon Comte, l’observation des faits est la seule base solide des connaissances. Le progrès de la connaissance passe nécessairement par ces trois états. Chacun détient des méthodes propres qu’Auguste Comte appelle « philosophie ».

La sociologie, une nouvelle science

Auguste Comte développe sa théorie des trois états dans le Plan des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société, publié en 1822. Le titre de son ouvrage est assez explicite. Le positivisme est en effet plus qu’une philosophie de la connaissance. Car sa théorie des états est en fait étendue à la société et à chaque individu

Son but ultime est « l’établissement d’un nouvel ordre social, politique et moral »[9], devenu nécessaire après les bouleversements consécutifs à la révolution française. Pour le mettre en place, il est nécessaire de découvrir les lois qui régissent la société. La méthode scientifique nécessaire pour les trouver est la « sociologie ». Cette nouvelle science a ainsi pour but de « concevoir toujours les phénomènes sociaux comme inévitablement assujettis à de véritables lois naturelles comportant une prévision rationnelle ». Auguste Compte la considère comme une des sciences principales[10]. Elle seule n’a pas encore atteint l’âge positif.

L’enseignement du positivisme aux mains de la religion positiviste

Pour établir son nouvel ordre, Auguste Compte donne à l’école un rôle central : elle doit enseigner les valeurs morales et communes à l’ensemble de la société. Pour cela, elle doit être universelle et ouverte à tous sans exception. Elle doit enfin être dirigée par un pouvoir spirituel indépendant de tout pouvoir temporel. Alors que ce dernier a pour rôle de s’occuper de la gestion matérielle de la société, de prendre des décisions, d’influencer les actions, l’autorité religieuse a en charge le gouvernement moral de la société ou plutôt « le gouvernement de l’opinion, c’est-à-dire l’établissement et le maintien des principes qui doivent présider aux divers rapports sociaux » ou encore le gouvernement des âmes.

Pour garantir l’indépendance de l’éducation, l’autorité religieuse est séparée du pouvoir politique. Ainsi prône-t-il la séparation des Églises et de l’État. Pourtant, il nous semble que dans son système, les deux pouvoirs, temporel et spirituel, sont plutôt complémentaires et indissociables.

Enfin, cette éducation devra être intégrale, c’est-à-dire embrasser l’ensemble de la vie des individus.

Une nouvelle religion, une nouvelle morale

En 1845, Auguste Comte finit par fonder une nouvelle religion qu’il intitule « religion de l’Humanité » pour garantir le lien social indispensable aux hommes. Imitant la religion catholique, il élabore une doctrine et un catéchisme, prévoit un culte, un clergé, dessine un plan pour un sanctuaire. Il invente aussi des sacrements pour marquer toutes les principales étapes la vie de l’individu. Il élabore enfin une république dont la devise serait « ordre et progrès ».

Revenons sur la morale telle qu’elle est envisagée Auguste Comte. Comme la sociologie, elle devient une science et doit se développer par l’observation des faits historiques. Elle est fondée sur la confiance en l’homme, c’est-à-dire sur une nature humaine bonne et généreuse. Elle est tournée essentiellement vers la place de l’homme dans la société ou plutôt vers sa participation à l’élévation de la société. Sa devise est simple : l’homme doit vivre pour autrui. Le terme d’« altruisme » vient de lui. L’enseignement doit donc inculquer l’altruisme aux élèves.

L’influence du positivisme sur les pères de la laïcité

Comme de nombreux républicains, Ferdinand Buisson s’appuie sur la théorie des trois états pour réclamer l’affranchissement de tout dogmatisme, que l’Église incarne, afin d’évoluer vers le progrès, considéré comme irréversible. Il demande donc de quitter la tutelle dans laquelle se trouvent les hommes. Comme Auguste Comte, cette évolution vers un monde meilleur passe par l’enseignement, ou plutôt par une éducation intégrale en charge d’inculquer les valeurs morales. L’instituteur est un « directeur de conscience », le gardien de l’âme de ses élèves. C’est par l’école que l’homme et donc la société pourront se transformer. Buisson et Comte se retrouvent aussi dans la fonction unificatrice de la morale que doit inculquer l’école ainsi que sur le rôle spirituel qu’elle doit jouer. Enfin, l’école a pour but d’inculquer la religion de l’avenir, une religion du progrès. Contrairement à ce que nous pensons, la laïcité, telle qu’elle a été définie initialement, n’est guère neutre en matière religieuse.

Mais Ferdinand Buisson s’écarte de toutes ces idées religieuses, prônant en effet une religion sans dogme ni prêtre. Comme son ami Littré, il s’oppose aussi au positivisme en défendant l’idée d’absolu. Auguste Comte nie en effet tout absolu. Le bien, le beau et le vrai n’ont plus de sens dans sa philosophie. Tout n’est que loi extraite de l’observation de faits naturels.

Concernant l’enseignement de la morale, Buisson et Comte s’opposent formellement. Buisson demande aux instituteurs d’inculquer la morale de leurs aïeux, c’est-à-dire un ensemble de valeurs d’humanités inhérentes à l’homme, connues encore par l’intuition, pourtant notion si chère au positivisme. Comte appuie plutôt sa morale sur une méthode scientifique, donc sur la raison. C’est parce qu’elle est objet de science que la morale peut être enseignée. Pour Buisson, la morale est plutôt inculquée par le dévouement de l’instituteur, par les détails, le comportement. Elle est plus pratique qu’intellectuelle.

Jules Ferry et le positivisme

De nombreux articles rapprochent le positivisme et la laïcité. Jules Ferry est souvent considéré comme un partisan de la philosophie d’Auguste Comte ou de ses disciples. Il est vrai qu’il est initié à sa doctrine par deux de ses amis, Philémon Déroisin et Marcel Roulleaux. Il l’apprécie aussi, mieux encore, il l’admire. « C’est quelque chose, au lendemain des grandes déroutes de la liberté politique, et dans les heures de doute et de ténèbres qui les suivent, d’apporter avec soi la théorie du progrès et de relever, par la science, les esprits que l’actions a mis à terre. »[11] Dans ce moment de crise, le positivisme a apporté, dit-il encore, une philosophie politique dont la société avait besoin. « Il me souvient de l’effet immense produit, dans cette crise morale, par la lecture du Discours sur l’ensemble du positivisme. Ces pages qui avaient posé, dans la fièvre de 1848, les conditions rationnelles du problème social, restaient, au milieu du désarroi général qui avait suivi, avec leur haute et rassurante sérénité. »[12] Dans le discours de Jules Ferry qu’il aurait dû prononcer lors de son initiation maçonnique en 1875, il loue Auguste Comte comme l’« auteur de la plus grande philosophie des sciences que ce siècle ait connu. »[13] Mais il n’apprécie guère « la religion de l’Humanité ». Il en rie. Il est plus proche de Littré, qui a refusé la mutation religieuse du positivisme.

Comme il le dit lui-même, Jules Ferry est surtout intéressé par les pensées politiques que contient le positivisme, c’est-à-dire par l’idée selon laquelle la civilisation passe nécessairement par des étapes dans une marche continue vers le progrès. Il apprécie l’œuvre du christianisme. Il en a une « admiration historique très grande et très sincère ». Il trouve « qu’il s’est fait là, pendant dix-huit siècles, un travail d’hommes et de cerveaux humains qui est à confondre d’admiration, quand on l’étudie d’en haut et qu’on l’analyse dans son ensemble. »[14] Mais son œuvre relève de l’âge théologique. Il demande l’émancipation de la morale sociale. « Elle peut vivre seule, elle peut enfin jeter ses béquilles théologiques et marcher librement à la conquête du monde »[15]. La religion catholique est pour lui caduque, obsolète. Nous retrouvons la même pensée chez Ferdinand Buisson. Il voit dans la laïcité l’irrésistible progrès.

Jules Ferry revient sur le pouvoir moral. « Auguste Comte montre à merveille […] que toute société renferme dans son sein un pouvoir moral qui gouverne les volontés individuelles sans tribunal et sans gendarmes, pouvoir concentré dans les sociétés théocratiques et confié dans un caste ou un corps, pouvoir répandu, dispersé, pour ainsi dire, dans la société toute entière, et qu’on appelle opinion, dans les peuples libres. »[16] Il précise que dans l’ère théologique, il est nécessairement sous la direction de la religion. Son fondement repose sur la résignation. Dans l’ère positive, cela n’est plus possible. Le pouvoir moral se fonde sur « la prédominance du cœur sur l’esprit », sur la sympathie, l’amour universel, la paix sociale. « Ce qui caractérise la marche de l’Humanité, notamment depuis cent ans, dans la société occidentale, c’est un progrès constant de sociabilité, c’est la charité, qui prend de plus en plus le pas sur l’égoïsme individuel. » Là intervient alors le rôle de l’éducation comme l’entendait aussi Auguste Comte.

Conclusion

« Le progrès n’est pas une suite de soubresauts ni de coups de force. Non : c’est un développement lent, c’est une évolution, c’est un phénomène de croissance sociale, de transformation, qui se produit d’abord dans les idées et ensuite dans les lois »[17]. Cette idée de progrès est le point de convergence entre les positivistes et les partisans de la laïcité. Jules Ferry, Ferdinand Buisson et bien d’autres encore font souvent référence à la théorie des états et aux pensées positivistes mais le positivisme a plutôt « la fonction rassurante d'un lieu de référence, auquel on se rattache d'autant plus volontiers qu'on a une notion plus vague de ce qu'il recouvre. »[18] Est-il devenu pour certains « la philosophie de ceux qui ne pensent pas »[19] ? Le positivisme est plus utilisé comme un moyen, un appui, une référence, notamment pour intégrer leur politique dans l’idée de progrès, ce qui permet de renvoyer les ennemis de la laïcité, c’est-à-dire l’Église, à une situation caduque. Il donne un sens à l’histoire, un sens bien pratique pour défendre leurs idées. Il est ainsi une sorte de ralliement de tous ceux qui veulent combattre l’influence de l’Église et les conservateurs au nom du progrès. Mais le contenu du positivisme n’intéresse guère Buisson et ses pairs.

Cependant, Auguste Comte exclut du présent l’idée de Dieu. Certes, elle était utile au temps de l’ère théologique, mais depuis, elle est devenue obsolète, c’est-à-dire inutile. Il ne s’agit plus de s’y opposer et renier l’histoire de l’Église et ses bienfaits, bien au contraire, mais de les conjuguer au passé et les rendre vains pour le présent et surtout pour l’avenir. Les partisans de la laïcité ne peuvent donc que se réjouir de cette philosophie et d’y adhérer. L’état positif leur convient très bien.
Le positivisme n’est plus qu’un mot vidé de sa substance qu’on utilise à sa guise. Cela n’est guère étonnant. Il est l’œuvre d’un intellectuel et non d’un pédagogue ou d’un politicien. La morale qu’il veut inculquer n’est guère définie. Contrairement à ce qu’il avait prévu, Auguste Comte n’a pas écrit l’ouvrage censé la décrire ainsi que la façon de l’enseigner. Or comme il ne cesse de le répéter, Buisson veut enseigner une morale pratique et rejette toute morale intellectuelle. Il rejette tout système intellectuel. Ce qui l’intéresse, c’est le pouvoir moral...



Notes et références
[1] Voir Émeraude, octobre 2019, articles « Laïcité : Ferdinand Buisson, le "père de la laïcité" » et « Laïcité : éduquer les consciences, inculquer la religion laïque ».
[2] lexpress.fr, 23 août 2008.
[3] Voir Émeraude, septembre 2019, « Laïcité : la loi de séparation des Églises et de l'État ».
[4] Ferdinand Buisson, Discours prononcé à l’inauguration des écoles de Fontenay-le-Comte (Vendée), juillet 1887, dans La foi laïque : extraits de discours et d'écrits (1878-1911), Ferdinand Buisson, 3ème édition, Hachette, 1918.
[5] Buisson, La morale laïque se suffit-elle ?, Réponse à M. Combes, président du conseil, à la chambre des députés, séance du 26 janvier 1903.
[6] Jules Ferry, au Grand Orient de France en 1876 dans Notre Hérésie, 6 janvier 1911, revue Le Radical, dans La foi laïque : extraits de discours et d'écrits (1878-1911), Ferdinand Buisson.
[7] Voir Émeraude, septembre 2019, articles « Laïcité : la rapport d'Aristide Briand, une vision de l'histoire des rapports entre l'Église et l'État » et « Laïcité : le rapport d'Aristide Briand, erreurs, mensonges et anachronismes, un texte révélateur d'un état d'esprit ».
[8] Aristide Briand, La séparation des Églises et de l'État, Rapport fait au nom de la commission de la commission de la Chambre des députés, suivi des pièces annexes, 1905, gallica.
[9] Le positivisme d’Auguste Compte, site Maison Auguste Comte.
[10] Les sciences qu’Auguste Comte considèrent principales sont : les mathématiques, l’astronomie, la physique, la chimie, la biologie et la sociologie.
[11] Jules Ferry, « Marcel Roulleaux et la philosophie positive », La Philosophie positive, septembre-octobre 1867 dans Ferry et Gambetta face au positivisme, Pierre Barral, Romantisme 1978, n°21-22, Les positivismes, www.persee.fr.
[12] Jules Ferry, « Marcel Roulleaux et la philosophie positive », La Philosophie positive, septembre-octobre 1867 dans Ferry et Gambetta face au positivisme, Pierre Barral, Romantisme 1978, n°21-22, Les positivismes, www.persee.fr.
[13] Jules Ferry, Fonds Ferry de Saint-Dié dans L’influence du positivisme dans l’œuvre scolaire de Jules Ferry, Louis Legrand, Rivière 1961.
[14] Jules Ferry, conférence dans la salle Molière dans L’influence du positivisme dans l’œuvre scolaire de Jules Ferry, Louis Legrand.
[15] Jules Ferry, discours fait à la loge parisienne la Clémente Amitié dans L’influence du positivisme dans l’œuvre scolaire de Jules Ferry, Louis Legrand.
[16] Jules Ferry, « Marcel Roulleaux et la philosophie positive », La Philosophie positive, septembre-octobre 1867 dans Ferry et Gambetta face au positivisme, Pierre Barral.
[17] Jules Ferry, discours au Havre, 14 octobre 1883 dans Discours et opinions politiques de Jules Ferry, VI, Robiquet,  1893.
[18] Mayeur Françoise, Le positivisme et l'École républicaine dans Romantisme, 1978, n°21-22, Les positivismes,  pages 137-147, www.persee.fr.
[19] R. Thamin, ministre de l’Instruction secondaire, Éducation et positivisme, Paris, Alcan, 1892 dans Le positivisme et l'École républicaine, Mayeur Françoise.