" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 29 février 2020

Sénèque et le christianisme

Lorsque nous évoquons la morale païenne, un nom revient souvent. Il est présenté comme étant le plus grand moraliste de l’antiquité au point d’être opposé à tous ceux qui évoquent la beauté de la morale chrétienne. Il en devient même un exemple de sagesse, voire un maître. Il est ainsi mis en exergue pour montrer que le paganisme peut rivaliser le christianisme en matière de morale. Des chrétiens partagent aussi cette admiration. « Il est souvent des nôtres »[1], nous dit par exemple Tertullien. Selon une rumeur, depuis longtemps démentie, il se serait converti au christianisme ou du moins il en aurait été influencé. Cet homme illustre est Sénèque.

Sénèque, un personnage important de son temps

Né à Cordoue, colonie patricienne d’Espagne, en l’an 4 avant Jésus-Christ, Sénèque est un personnage politique influent de l’empire romain. Son père, dit le Rhéteur, est aussi connu en tant qu’orateur. Parfois, il est confondu avec son fils. Plusieurs fois sénateur depuis l’empereur Caligula, Sénèque est un conseiller à la cour de Caligula avant d’être exilé en Corse. Rappelé à la demande d’Agrippine la Jeune, il est ensuite nommé précepteur de Néron en 49 puis ministre, sans-doute le plus influent durant les cinq premières années de son règne. Il obtient le titre de consul, pourtant dévolu généralement à des Italiens. Il meurt en 65 par ordre de son ancien élève. Avant de se donner la mort, il a acquis une des plus grandes fortunes de son temps.

Sénèque est surtout l’un des plus grands philosophes stoïciens de l’empire romain. Nous reviendrons plus longuement sur sa philosophie morale. Enfin, il est reconnu pour sa science et son art littéraire. Il aurait écrit neuf tragédies. Dans notre étude, nous nous concentrons uniquement sur Sénèque le philosophe…

Sénèque est avant tout un moraliste d’esprit pratique. « C’est un puissant propagateur de vérité pour l’usage, un précepteur de morale, un vrai directeur de conscient »[2]. Il relève du stoïcisme dit impérial, centré davantage sur l’homme, l’effort et sur l’intention du bien. La sagesse se définit par l’acquisition de la vertu. Parmi les plus grands stoïciens romains, nous pouvons aussi citer l’empereur Marc-Aurèle et l’affranchi Épictète.
Pour bien comprendre la pensée de Sénèque et donc sa morale, il est nécessaire de revenir sur le stoïcisme…

L’ancien stoïcisme

Rappelons que le stoïcisme[3] est une philosophie d’origine grecque. Il est enseigné par l’école dit du Portique, fondée par Zénon de Kition (v. 335-V.262) en 301 avant Jésus-Christ. Il est devenu une des plus grandes philosophies morales de l’antiquité, se propageant au-delà de la Grèce pour toucher l’empire romain et sa capitale. Au cours de sa diffusion, il a aussi connu de nombreuses évolutions et variations. Il y a peut-être autant de stoïcismes qu’il y a de philosophes stoïciens. Ainsi, le stoïcisme de Sénèque diffère de celui de Zénon ou de Marc-Aurèle (121-180). Cependant, il est possible d’identifier des principes forts et des points communs qui permettent de les rassembler sous une même dénomination.
Chrysippe
L’ancien stoïcisme[4], dit encore stoïcisme helléniste, est plutôt tourné vers la connaissance des lois qui régissent l’univers afin que l’homme puisse vivre en harmonie avec la nature. Il s’agit en effet de les suivre et de s’y adapter plutôt que de vivre sous le poids de la nécessité. « L’école stoïcienne a fait dès ses débuts de l’affirmation du destin l’un de ses dogmes fondamentaux. »[5] La sagesse consiste ainsi à reconnaître et à approuver la nécessité universelle. Vivant ainsi rationnellement, l’homme s’écarte de tout trouble que génèrent le désir, la peur et l’affliction. La passion est ainsi considérée comme une sorte de maladie de l’âme qui provient de l’erreur, source de perversion de la pensée. Elle est alors vécue comme une emprise tyrannique contre laquelle la volonté demeure impuissante. Les émotions et les passions sont donc incompatibles avec la sagesse stoïcienne qui recherche l’imperturbabilité.
Le stoïcisme se définit donc par l’impassibilité ou encore par l’indifférence à l’égard de toute chose. La connaissance des lois permet en fait de découvrir qu’il y a un sens en toute chose, et cette connaissance permet à son tour le détachement à l’égard de toute crainte, comme celle de la mort. Le destin n’est donc pas perçu comme un fatalisme aveugle et irrationnel. Il est plutôt conçu comme une force dirigeant la matière, le déploiement d’un ordre parfait qui ne peut jamais être renversé ni forcé. Il en donc illusoire de vouloir changer cet ordre. Le mal est de ne pas le reconnaître et finalement d’y être soumis par la contrainte sans rien comprendre.
Ainsi, « on peut certainement définir le stoïcisme comme une philosophie de la liberté pour autant qu’elle n’a d’autre objet que d’enseigner à l’homme une sagesse qui est avant tout libération à l’égard de l’emprise des passions résultant de sa constitution naturelle. Du moins subordonne-t-il toute la vie philosophique à cet objectif général. » [6]
Zénon de Kition
La liberté que prône le stoïcien est purement intérieure. L’indifférence ou l’apathie est en effet intérieure même si extérieurement le sage peut se comporter comme l’homme commun. Le bien réside uniquement dans la vertu, c’est-à-dire dans cette liberté intérieure sans dépendre d’aucune autre chose. Cette vertu ne connaît ni distinction ni variation. Elle est une et unique.
Le destin des stoïciens peut être comparé à la providence divine. Dieu est en fait identifié à ce destin ou encore à la nature. Leur conception se rapproche du panthéisme. Il désigne en fait soit le principe intérieur et intelligent de l’ordre du monde, soit ce monde lui-même en tant que tout. En outre, la divinité est corporelle. Le stoïcisme relève en effet du matérialisme.
Le stoïcisme impérial [7] ne s’intéresse guère aux subtilités de la pensée grecque et approfondit davantage la morale pratique sans-doute en vertu du tempérament des Romains. Il semble même que parmi toutes les philosophies grecques qui pénètrent le monde romain, le stoïcisme « correspond le mieux au tempérament latin »[8]. Il s’appuie donc davantage sur les moyens de garantir la liberté intérieure.
La morale de Sénèque
Sénèque peut étonner les chrétiens. Sa morale consiste en effet à « aimer Dieu »[9]. Pour pratiquer le bien, il faut l’imiter, c’est-à-dire lui obéir. Les mots sont attrayants. Ils ne diffèrent guère de ceux qu’emploie la morale chrétienne. Mais derrière les mots se trouve une réalité dans laquelle ils prennent leur véritable sens. Ils deviennent ainsi nous tromper lorsqu’ils sont compris en dehors du système de pensées dans lequel ils sont utilisés.
Si nous ramenons le terme de « dieu » dans sa conception stoïcienne, la pensée de Sénèque devient claire et ne peut alors qu’être réprouvée par le christianisme. Le dieu de Sénèque n’est pas celui des chrétiens. « Aimer Dieu » consiste en fait à obéir à l’ordre du monde. Au lieu de redouter le « destin », il est préférable de s’y soumettre en connaissance de cause. Le stoïcien se résout volontairement à sa condition qui lui est imposée afin de gagner sa liberté intérieure.
Cependant, plus pratique, Sénèque semble faire évoluer la notion de dieu. Notion plutôt spéculative dans l’ancien stoïcisme, le dieu de Sénèque apparaît plus présent dans l’existence de l’homme. Il est parfois comparé à un père veillant sur ses enfants. Mais en même temps, son « dieu » s’avère distant, se préoccupant davantage de l’humanité tout entière que des individus. Sénèque loue et glorifie aussi les œuvres divines, et exalte sa bonté. Cependant, il considère le sage l’égal, voire au-dessus, de dieu. Il acquiert par sa vertu, qu’il tire de lui-même, une indépendance qui le met au-dessus du Destin et de l’ordre qui régit le monde. Certes, il loue dieu de donner la vie mais il revient à la sagesse de bien en user.
Ainsi, pris isolément, les principes qu’énonce Sénèque semblent relever d’une piété étonnante, inconnue des stoïciens qui le précèdent. Mais ils sont ancrés dans une philosophie que le chrétien ne peut accepter. Sa conception de dieu est en fait difficile à saisir tant elle paraît bien floue. Certes, il est stoïcien et raisonne en stoïcien mais le stoïcisme lui paraît bien abstrait lorsqu’il évoque dieu. Aidé d’une éloquence remarquable et porté par son tempérament latin, il se le représente comme un être véritable, un être compatissant qu’il écoute la prière de ses créatures. Mais il se réfère aussi au dieu stoïcien, à l’invincible nécessité à laquelle il faut adhérer pour la dépasser. L’incompatibilité entre ces deux conceptions se ressente dans les œuvres de Sénèque. Il se montre hésitant, voire contradictoire dans certains principes.
Une morale aux multiples variations
La mort de Sénèque (David)
Croit-il à l’immortalité de l’âme ? Il semble épouser l’idée de Chrysippe [10] qui pense à une félicité après la mort mais uniquement réservée au sage, pour ensuite n’y voir qu’un rêve, un puissant motif de consolation, mais il adhère aussi à une conception différente d’un autre stoïcien Panétius. Ses divergences révèlent en fait celles du stoïcisme au sein de ses multiples variations. Pourtant, il semble privilégier l’idée de l’immortalité de l’âme sans que cela ne soit vraiment une certitude.
Voyant le bonheur dans l’indépendance de l’homme à l’égard du Destin, Sénèque défend l’idée que l’homme dispose de sa vie comme il l’entend. Il est donc en faveur du suicide. Il le défend. Il le glorifie même, voyant dans cet acte la manifestation de la liberté intérieure. Il considère le suicide comme un acte héroïque que la raison ne peut qu’approuver et comme un moyen pour se débarrasser des maux de cette vie. Cependant, Sénèque ne le légitime pas s’il répond à une fantaisie, à un caprice ou encore à la crainte de la mort ou à un refus de la vieillesse. Mais dans ses apologies du suicide, ce n’est sans-doute pas le philosophe que nous entendons mais l’homme témoin de la cruauté de son temps, lui-même menacé par le cruel Néron. « Ce n’est pas la philosophie qui parle par sa bouche mais mille sentiments souvent contraires, la crainte de la douleur, l’espérance d’une vie paisible, la peur de l’ignominie, l’amour d’un beau trépas. De là, dans ses méditations, je ne sais quel accent pathétique qui fait oublier qu’on lit un philosophe. On entend un personnage de tragédie, mais cette tragédie est de l’histoire. »[11] Cependant, qu’il parle en philosophe ou non, il ne fait que cultiver l’esprit de mépris à l’égard de la vie.
L’éclectisme de Sénèque


 
Sénèque est ainsi attaché au stoïcisme tout en la modifiant pour la rendre plus pratique et humaine. Comme il le proclame à plusieurs reprises, il ne relève d’aucun maître. « Je me suis mis sous la loi de personne. Je ne porte le nom d’aucun maître. Si j’ai souvent foi en l’autorité des grands hommes, sur quelques points c’est en moi que j’en appelle. »[12] Il refuse aussi de se restreindre à une école. Il n’hésite donc pas à adhérer à des idées qui ne relèvent pas du stoïcisme.
En fait, selon ses propres propos, il n’écrit pas pour instruire mais pour guérir. « Il préconise les remèdes qui lui semblent les mieux appropriés à la nature du mal qu’il veut combattre, sans beaucoup s’inquiéter de leur provenance. »[13] Il puise ainsi dans le platonisme ou l’épicurisme par exemple, ou encore chez ses adversaires, comme Quintilien. C’est auprès d’Épicure que Sénèque récupère l’idée de la nécessité d’un directeur de conscience. Mais il n’hésite pas non plus à dénoncer leurs erreurs. Et comme tous les moralistes de son époque, il emprunte aussi ses idées à un ouvrage intitulé Le livre d’or de Crantor, qui recense tout ce que la sagesse grecque a produit. Ainsi, pour écrire ses ouvrages, Sénèque puise ses idées dans toutes les sources qui lui sont disponibles pour répondre à ses objectifs sans se soucier de leur fondement philosophique.
Finalement, Sénèque « a conservé le fond de la doctrine de ses maîtres, mais qui l’a élargie, fécondée, propagée avec un merveilleux éclat, en y introduisant les plus nobles pensées des philosophes grecs et romains, sans distinction d’école. »[14]
Sénèque, l’éloquence au service de la morale
Le « merveilleux éclat » qu’il donne à sa morale provient de son éloquence, de son style vif et chaleureux, de l’enthousiasme qu’il parvient à communiquer. Emporté par son imagination débordante, « il cède au torrent de son esprit qu’il entraîne », « impuissant à se contenir et à se restreindre »[15]. Ses textes ne sont ni abstraits ni ennuyeux, mais réellement vivant et sincère. Il exhorte, étonne et frappe par ses pensées hardies et vivifiantes ainsi que par ses observations.
Cependant, ses textes manquent d’exactitude, de rigueur, de démonstrations qui emportent l’évidence. Il est en outre bien étrange pour un stoïcien de manquer tant d’impassibilité. Mais pour lui, l’important est d’arriver à faire éveiller chez son lecteur de solides résolutions, à décrire une morale pratique. En un mot, il se présente et agit comme un directeur de conscience. Une des marques de la morale de Sénèque est en effet le rôle accru de la conscience et de la volonté.
Sénèque, oublié et peu estimé par les auteurs païens
Pendant les trois premiers siècles, Sénèque ne fait pas l’admiration des païens. Sa morale ne semble pas non plus influencer sa société. Certes, il existe des témoignages plutôt positifs à son égard mais ils demeurent sporadiques. De manière générale, les auteurs anciens l’ont peu apprécié. Selon Tacite, Suétone ou encore Quintilien, les principaux griefs portent sur sa personnalité, son goût de l’argent et le rôle qu’il a joué auprès de Néron. Quintilien déplore notamment qu’il « soit préféré à des [auteurs] meilleurs » et soit « presque seul entre les mains des jeunes gens »[16], ce qui montre néanmoins une certaine notoriété de Sénèque à son époque. Plus tard, l’ensemble de ses pensées est considéré comme corrupteur [17].

Ainsi, il nous reste finalement peu de trace de son influence chez les auteurs païens à partir du IIIe siècle. Seul Dion Cassius l’évoque. Il le présente comme « le plus sage d’entre les Romains »[18] mais il rajoute ensuite qu’il « pratique tout le contraire de son enseignement philosophique ». Il dénonce sa flagornerie, sa recherche de la richesse et du luxe, ses pratiques sexuelles à l’égard des hommes, etc. Historien, Dion Cassius nous donne probablement ce que pensaient ses contemporains. D’autres historiens, comme Amien Marcellin, pourtant bibliographe de Néron, parlent peu de Sénèque, voire l’ignore. Sénèque sombre finalement dans l’oubli. Le plus troublant est le peu d’influence de Sénèque auprès d’autres stoïciens romains. Épictète et Marc-Aurèle ne le citent jamais.
Sénèque chez les Pères de l’Église
L’influence de Sénèque est en effet plus importante auprès des chrétiens, y compris parmi les pères apostoliques, et auprès de certains Pères de l’Église. Nombreux sont ceux qui empruntent des extraits de ses œuvres sans cependant le citer ou qui le nomment comme un maître de morale. Tertullien en est un des plus grands exemples. À plusieurs reprises, il fait appel à son autorité dans ses œuvres ou reprend des extraits de ses livres. Sénèque est aussi présent chez Minucius Félix, même s’il ne le cite pas. Saint Cyprien, évêque de Carthage, semble s’inspirer de ses ouvrages. Sénèque est plus discret dans les œuvres de Saint Jérôme et de Saint Augustin.
Lactance est sans-doute le premier à le citer abondamment au point que certaines de ses œuvres ne sont connues aujourd’hui que par lui. Il l’utilise notamment pour justifier ses thèses comme si Sénèque était maître en morale. Il le considère comme étant « le plus fin des stoïciens »[19]. Cependant, Lactance n’est guère fidèle à sa pensée et n’hésite pas non plus à s’opposer à lui quand ses paroles sont en désaccord avec sa foi. Ainsi, Lactance exploite les œuvres de Sénèque en faveur de sa doctrine.
Sénèque, source de la morale chrétienne ?
Si des Pères de l’Église et des auteurs d’œuvres de morale puisent dans les textes de Sénèque, cette présence demeure plutôt discrète. Et ceux qui le connaissent bien ou disposent de ces ouvrages l’exploitent pour mieux asseoir leurs discours, n’hésitant pas à modifier ses sentences, voire à changer ses citations de leur sens originel. Les œuvres de Sénèque apparaissent donc plus comme un moyen bien utile pour leur apologétique.
Pour mieux défendre leur foi et l’attitude des chrétiens devant les accusations des païens, les Pères de l’Église cherchent en effet un appui auprès de philosophes païens, montrant par-là la rationalité de leurs doctrines et leur légitimité. C’est ainsi qu’ils s’appuient aussi sur Platon ou Aristote. L’œuvre de Sénèque sur les superstitions est ainsi bien utilisée par Tertullien ou Saint Augustin pour s’opposer aux religions païennes.
Mais les Pères de l’Église ne montrent aucune sympathie à l’égard de Sénèque et n’hésitent pas à s’opposer à ses pensées lorsqu’elles s’opposent à la morale chrétienne. Cela explique aussi l’absence de critiques à l’égard de sa vie contrairement aux auteurs païens.
Sénèque, un chrétien ?
Certains Pères de l’Église comme Tertullien ou Lactance trouvent dans certains ouvrages de Sénèque des passages qui peuvent relever du christianisme au point qu’ils regrettent qu’il n’ait point connu la nouvelle foi. Lactance ne doute pas qu’ « il ne soit devenu l’adorateur du vrai Dieu, si on lui avait appris à l’être. »[20]
Saint Jérôme ne doute plus. Il dispose en effet d’une preuve de sa conversion. « Je ne le placerais pas, dit-il, dans cette liste des saints, si je n’y étais invité par les lettres de Sénèque à Paul et de Paul à Sénèque, qui sont dans un grand nombre de mains, et dans lesquelles le précepteur de Néron, tout puissant personnage qu’il était, déclare qu’il voudrait être aussi grand parmi les siens que Paul l’était chez les chrétiens. »[21] La lettre qu’il détient est un échange de compliments entre Saint Paul et Sénèque. Nous y apprenons par exemple que Sénèque connaît la doctrine chrétienne et la diffuse au sein du palais impérial. Cependant, cette lettre est aujourd’hui fortement considérée comme l’œuvre d’un faussaire.
Sénèque, connaissait-il le christianisme ?
Il est vrai que Sénèque aurait pu connaître Saint Paul. Son frère est Gallion, proconsul de Corinthe, celui qui a refusé d’écouter les accusateurs de l’apôtre. Burrhus est le préfet du prétoire qui a reçu Saint Paul lorsqu’il est arrivé à Rome après son appel au jugement de César. Or Burrhus est l’ami fidèle et dévoué de Sénèque. Saint Paul peut ensuite prêcher pendant deux ans à Rome. Une de ses épîtres nous apprend qu’il a réussi à convertir des hommes du palais impérial, dont la courtisane Acté selon Saint Jean Chrysostome, bien connue de Sénèque. L’entourage du philosophe a donc été plus ou moins directement touché par la nouvelle foi. Pourquoi Sénèque en serait-il écarté ?
Cependant, l’influence du christianisme auprès des proches de Sénèque serait en fait négligeable. Gallion ne se préoccupe ni des accusateurs de Saint Paul ni de l’accusé. Il méprise cette querelle entre Juifs comme toutes les autres. Il se montre en fait bien indifférent à cette histoire. En outre, quand Saint Paul parle des gens de la maison de César, il désigne par cette expression les affranchis et les esclaves de l’empereur, c’est-à-dire un nombre considérable de personnes réparties sur plusieurs domaines. S’il avait connu Sénèque, Saint Paul aurait certainement employé un autre terme. Enfin, Sénèque lui-même est bien silencieux sur le sujet.
Nous savons aussi que Sénèque méprise les Juifs, « cette misérable et criminelle nation »[22] comme il le proclame dans son traité relatif à la superstition. Les habitants de la Judée et de la Syrie sont nés pour la servitude, nous dit-il. Sa pensée à l’égard des Juifs et tout ce qui vient d’Orient n’est pas spécifique à Sénèque. Elle est partagée par toute l’élite de Rome. Ce mépris explique aussi sans-doute l’indifférence de l’empire à l’égard du christianisme. Les grands de ce monde dédaignent non seulement les esclaves mais aussi la plèbe. Ils ne peuvent guère entendre ce qui se murmure dans la foule, parmi les Juifs, les esclaves ou les affranchis. Sénèque reste un membre de cette aristocratie arrogante et dédaigneuse.
La nouvelle foi n’a-t-elle conquis que des esclaves et des affranchis ? Nous savons en effet que la nouvelle foi a gagné des aristocrates dès le premier siècle. Le mépris que les Romains affichent à l’égard des Juifs est-il réel ? En outre, la police impériale et les autorités politiques peuvent-elles vraiment ignorer les troubles que provoque indirectement le christianisme ? Elles ont pourtant banni les Juifs de Rome sous le règne de Claude en raison de ses troubles. N’oublions pas non plus que Néron désigne les chrétiens comme responsables de l’incendie de Rome. Les supplices qu’ils endurent permettent au christianisme de se montrer et de se faire connaître. Il devrait alors faire l’objet des entretiens dans toute la société romaine, y compris parmi l’élite, notamment parmi les mécontents de l’empereur. Qui pouvait être indifférent à tant d’horreurs ? Selon Tacite, les cruels traitements qui les frappent, alors qu’ils sont innocents, leur gagnent les cœurs. Ils devraient donc attirer l’attention des Romains, voire de la curiosité. Il ne serait donc pas étonnant que Sénèque ait découvert et rencontrer le christianisme.
Sénèque, une morale chrétienne ?
La Mort de Sénèque
(Rubens, Munich, huile sur toile)
Cependant, la question n’est pas de savoir si Sénèque connaissait le christianisme ou l’ignorait mais s’il a été un chrétien. Il est vrai que certaines de ses citations peuvent être agréables à tout chrétien comme nous l’avons déjà évoqué. Mais ce serait aussi oublié l’ensemble de ses ouvrages. Certes, il demande au sage de se détacher de la terre pour se tourner vers le ciel. La première des vertus est, selon ses propos, de se livrer à Dieu. « Rien n’est caché à Dieu », nous dit-il. Il nous demande aussi de nous soumettre à la divine volonté non comme un esclave à l’égard d’un maître, un impuissant envers la toute-puissance divine, mais en raison de la proximité de Dieu et ses sentiments à notre égard. Il est « un ami qui n’est jamais loin », nous dit-il encore. Nous sommes bien éloignés de la conception païenne de la divinité. Le dieu de Sénèque est un dieu personnel, toujours présent pour les hommes. Il les inspire, les soutient, les protège. Il réside en eux.
Les Pères de l’Église soulignent aussi l’élévation de sa morale. Sénèque condamne la guerre, les combats des gladiateurs et l’esclavage. Il réclame de la douceur et de la fraternité entre les hommes. Il appelait ses esclaves ses « humiles amici ». Comme les stoïciens, il proclame l’unité du genre humain quelle que soit la diversité des nations et des hommes. « Nous sommes, écrit-il, les membres d’un corps immense. La nature a voulu que nous fussions tous parents, en nous faisant naître des mêmes principes et pour la même fin. C’est de là que nous vient l’affection que nous avons les uns pour les autres, c’est ce qui nous rend sociables ; la justice et le droit n’ont pas d’autre fondement. Voilà ce qui fait qu’il vaut mieux être victime du mal que de le commettre. La société humaine ressemble à une voûte où les différentes pierres, en se tenant les unes les autres, font la sûreté de l’ensemble. »[23]
Enfin, Sénèque distingue l’âme et le corps, privilégiant le premier au détriment du second. L’homme n’est que locataire de son corps. Il doit donc le vaincre et le dompter pour que l’âme en soit la maîtresse. Sa morale est donc tournée sur la conscience, sur l’homme intérieur. Il préconise l’examen de conscience.
Fort de cette conception de Dieu et des hommes, Sénèque dicte des règles morales que le chrétien ne peut qu’approuver. « Vivez avec les hommes comme si Dieu vous voyait ; adressez-vous à Dieu comme si les hommes vous entendaient. »[24] Il demande de réduire la souffrance humaine, de donner à manger à ceux qui ont faim, à aider son ennemi…
Une morale déconcertante
Or, comme le soulignent les philosophes païens, Sénèque n’est pas rigoureux dans sa pensée au point qu’il se contredit. En fait, en raison de son éclectisme, il a plus tendance à reprendre les doctrines de ses prédécesseurs sans vraiment chercher à une cohérence d’ensemble. Il passe d’une école philosophique à une autre sans vraiment innover. Son but n’est pas de fonder un système mais de fournir des règles morales pratiques. Ainsi, il prêche la retraite à ceux qui s’épuisent à poursuivre les honneurs tout en poussant les âmes faibles dans la vie active si elles ne peuvent supporter la retraite ! Parfois, pour relever le moral d’un proche, il récuse d’abord l’immortalité de l’âme puis la récuse ensuite. La doctrine qu’il défend et les règles morales qu’il propose finissent par se contredire. La théorie se confronte en fait au sens commun. Plus il se rapproche de la réalité, du détail, plus Sénèque est proche du christianisme. Plus il s’élève dans sa pensée, plus il s’en éloigne. Et ses propositions varient selon les situations qu’il connaît.
Cependant, ne soyons pas sévères. Les contradictions qui se manifestent relèvent aussi du stoïcisme dont Sénèque est un partisan convaincu. Le stoïcisme ne reconnaît l’immortalité de l’âme que pour les sages alors que la vie du vulgaire se termine par la mort. En fait, derrière les mots, en apparence agréable au chrétien, se trouve une conception bien différente. Le dernier jour de notre vie n’est pas à redouter car « il est le premier de la vie éternelle » mais l’immortalité qu’il peint est bien différente de celle qu’espère le chrétien. Sénèque ne fait pas distinction entre le bon et le méchant. L’immortalité  n’est possible qu’aux sages. Elle n’est ni châtiment ni mérite. Si les paroles ressemblent à celles d’un chrétien, leur sens et les principes qui les fondent les éloignent en fait du christianisme.
La sagesse selon Sénèque
Néron et Sénèque
Le sage de Sénèque est un homme doué d’une exceptionnelle volonté. La sagesse consiste à se détacher de toute chose et à se maîtriser dans toutes les situations. Il ne peut rien perdre car il ne tient à rien. Il est indifférent à tout et rien ne doit le toucher. En fait, le sage est l’homme qui se suffit à lui-même. Il est en quelque sorte au-dessus de l’humanité. C’est ainsi que l’homme devient l’égal de Dieu, voire supérieur à lui. « Comme Dieu, le sage ne craint rien ; mais cette sécurité est chez Dieu l’effet de sa nature, tandis que le sage y arrive par un effort de sa volonté. »[25] Dieu est finalement inutile au sage. Le sage n’a recours qu’à lui et ne peut se fier qu’à lui. Il n’a donc pas besoin de prière. La notion de grâce est alors vide de sens. « Qu’as-tu besoin de prières ? lui dit Sénèque, tu peux te rendre heureux tout seul. » Puisqu’il n’attend rien de Dieu, il ne peut pas non plus le craindre. Mais quand Sénèque traite « de la protection divine qu’il faut implorer pour vivre », il ne s’adresse en fait qu’aux vulgaires.
Sénèque veut en fait réduire les exigences du corps pour que le sage en soit de plus en plus indifférent. Il demande d’être pauvre afin qu’au jour où le sage connaît la pauvreté, il ne puisse en souffrir. En outre, « si nous savons qu’il n’est pas pénible d’être pauvres, nous jouirons de nos fortunes avec plus de sécurité. ». Quand il propose la libération de l’esclave, il ne s’agit pas de rendre meilleure l’humanité ou de répondre à des sentiments d’humanité, mais de détacher l’âme des liens qui le rattachent à l’esclave. « La bienfaisance est surtout un exercice qui lui sera utile en lui apprenant à se détacher des biens de la terre ; elle n’est pas tout à fait désintéressée, car, même en s’occupant des autres, il songe à lui. »[26] La pitié est même une faiblesse. Le sage doit s’en détacher.
Nous sommes donc bien éloignés de la morale du christianisme. Sénèque appartient bien à la morale païenne qui se manifeste dans différentes écoles. Il est en quelque sorte la synthèse. Il n’est ni un innovateur ni un auteur de système. Il est plutôt un prêcheur qui s’appuie sur l’existant. Contrairement aux différentes philosophies morales dont il emprunte des règles, il s’attache à les rendre pratiques et vivantes comme tout prédicateur. Là réside peut-être une sorte d’originalité. Néanmoins, il ne fait que reproduire le style de ses maîtres, notamment Sextius, Attale et Fabanius. Il en l’héritier…
Sénèque, une morale ancrée dans son époque
Selon Georges Boissier, Sénèque est révélateur d’une époque. Quand les usages antiques sont suffisamment forts pour être appliqués, la philosophe ne peut guère s’intéresser à la pratique. Elle est alors plutôt portée vers la spéculation. Mais quand ils sont ébranlés et n’ont plus d’assise, générant de l’inquiétude dans l’ordre moral, il faut bien recourir à la philosophie pour avoir une direction qu’elle-seule peut donner. Elle renonce donc à la spéculation pour être davantage pratique, applicable, humaine. Or Rome connaît cette situation à partir de l’empire, et notamment sous le règne d’empereurs tels que Néron.
Le philosophe devient alors rhéteur. Il ne démontre plus. Il déclame. Il ne cherche plus à convaincre mais à persuader. Il n’éclaire plus, il émeut et presse. La force du discours ne réside plus dans la cohérence et la force de la pensée mais plutôt dans son style et sa forme. Il use désormais de tous les artifices que procure l’éloquence. Ce n’est plus un enseignement mais une prédication. « La philosophie avait donc alors deux manières de se répandre, la direction et la prédication. On pouvait préférer l’une ou l’autre, s’adresser à la foule ou à quelques élus, frapper de grands coups sur le public ou diriger discrètement quelques consciences choisies ; mais des deux façons il fallait être persuasif, et pour persuader il était bon d’être éloquent. L’éloquence, une fois entrée dans la philosophie, s’imposa bientôt à toutes les sectes. […] Avec Sénèque et ses maîtres, le stoïcisme devint éloquent. »[27] Il devient persuasif et cherche à entraîner les âmes.
Mais pour être entraîneur d’âmes, Sénèque doit épouser leur conception du monde, de l’homme et des dieux. C’est pourquoi derrière les paroles en apparence innovantes et élevées se trouve en fait le paganisme de son temps tel qu’il est vécu et les principes sur lequel est fondée la société païenne. Il ne s’oppose pas à l’exposition des enfants ou encore à l’esclavage. Il s’agit alors de mieux appliquer les principes des philosophies morales face à la situation. « Les remèdes de l’âme ont été trouvés par les anciens ; il nous reste à chercher de quelle manière et quand il faut les employer. »[28] Dans sa jeunesse, il veut appliquer ce que ses maîtres lui ont appris mais ses résolutions ne durent pas. Toutefois, leur enseignement ainsi que leur style demeurent.
Sénèque, un soutien malgré lui pour le christianisme
Bien que son esprit soit bien différent de celui d’un chrétien, Sénèque a pu jouer un rôle en faveur du christianisme. En excitant l’âme et en se focalisant sur l’homme intérieur, il a peut-être préparé les Romains à entendre le message de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est pourquoi des chrétiens ont pu voir en lui un des leurs.
En outre, Sénèque fait une guerre acharnée contre toute forme de superstition, les religions ancestrales comme les mystères orientaux. L’ouvrage dédié à ce sujet est sans-doute le plus souvent évoqué par les Pères de l’Église. Il s’oppose à la mythologie et aux cultes qui sont donnés à Jupiter et aux autres dieux. Les apologistes ne peuvent guère ignorer un païen si célèbre et pourtant en guerre contre le paganisme.
Mais, cette arme est redoutable. Par la confiance inébranlable qu’il met dans la volonté humaine, Sénèque est en fait un adversaire du christianisme. En dépit de paroles à consonance chrétienne, il est éloigné de l’esprit religieux. Le sage n’a pas besoin de Dieu. Il peut être son égal. Sénèque tend ainsi à faire naître l’incrédulité absolue. Sa morale est en fait indépendante de toute considération religieuse. Plus tard, les adversaires du christianisme s’en souviendront…
Conclusions
Après cette étude, nous pouvons comprendre l’intérêt que portent les Pères de l’Église à l’égard de Sénèque, intérêt tout relatif. Contrairement à ce que pourrait faire croire des citations ou des extraits de ce philosophe, sa morale est pourtant à l’antipode de celle du christianisme. Il a plutôt tendance à nourrir l’incrédulité et à développer une morale sans religion. Certes, il est plaisant pour un chrétien de l’entendre en raison d’un style vivant et agréable, d’une volonté de rendre applicable des règles en apparence chrétiennes, mais sa morale pratique repose en fait sur des fondements contraires à ceux du christianisme. Elle réside en effet sur une croyance ou une promesse : la volonté toute-puissante de l’homme. Par lui-même, il est capable d’égaler les dieux.
Mais sa morale ne s’adresse pas à tout homme. La sagesse n’est propre qu’au sage, c’est-à-dire à une élite. Elle n’est pas non plus désintéressée au sens où elle n’a pour but que d’accroître la maîtrise de l’homme sur lui-même afin de le parfaire et de le rapprocher des dieux. Quand il doit apporter du pain à un pauvre, son regard n’est pas tourné vers ce pauvre. Celui-ci n’est qu’un moyen pour lui de s’élever. L’esclavage ou l’exposition des enfants ne sont pas un mal à ses yeux. Il ne se pose même pas la question. Tuer un enfant ne soulève en lui aucune objection. Bien au contraire. Puisque pour lui, l’enfant est un objet inutile. La passion ou le sentiment doivent en fait être banni. Il cherche en fait à réduire le scrupule chez ses contemporains. La morale de Sénèque n’est finalement pas éloignée de celle de son temps. Elle en est même la prolongation. C’est une morale deshumanisante où le Moi prime sur tout...



Notes et références
[1] Tertullien, De anima, XX, I.
[2] Edmond Lareau, Histoire abrégée de la littérature, Montréal, J. Lovelle, 1884 dans Sénèque, Jacques Dufresne, agora.qc.ca.
[3] Le terme de « stoïcisme » est tiré du grec « Stoa poikilê » qui désigne les adeptes du Portique en référence de l’école de Zénon qui enseigne sous un portique de l’Agora à Athènes.
[4] Parmi les stoïciens grecs, nous pouvons citer Cléante d’Assos (330-232), Chrysippe (280-206), Diogène de Babylone (240-140), Antipater de Tarse (200-129).
[5] Michel Nodé-Langlois, Les stoïciens. Introduction au stoïcisme, extrait de Philopsis : Revue numérique, 2017, www.philopsis.fr.
[6] Michel Nodé-Langlois, Les stoïciens. Introduction au stoïcisme.
[7] Sénèque, l’empereur Marc-Aurèle (121-180) et Épictète (50- v. 125-130) relèvent du stoïcisme impérial. Il existe aussi un moyen-stoïcisme dont les représentants sont Panetius de Rhodes (v. 180-110)  et Poseidonios d’Apamée (135-51).
[8] Raymond Chevalier, Le milieu stoïcien à Rome au Ier siècle après Jésus-Christ ou l’âge héroïque du stoïcisme romain, dans le Bulletin de l’Association Guillaume Budé : Lettres d’humanités, n°19, décembre 1960, www.persee.fr.
[9] Sénèque, De vita beata, chap. XV, 7.
[10] Chrysippe est un stoïcien grec (-280, -206), considéré comme le second fondateur du stoïcisme après Zénon.
[11] Benjamin-Constant Martha, De la Morale pratique dans les lettres de Sénèque, thèse présentée à la faculté des Lettres de Paris, 1854.
[12] Sénèque, Lettre XLV, 4.
[13] Charles Burnier, La morale de Sénèque et le néo-stoïcisme.
[14] Charles Burnier, La morale de Sénèque et le néo-stoïcisme.
[15] Charles Burnier, La morale de Sénèque et le néo-stoïcisme.
[16] Quintilien, Inst. or., X, I.
[17] Voir Aulu-Gelle, Nuits antiques, XII, 2.
[18] Dion Cassius, Histoire romaine, LIX, 19, 7.
[19] Lactance, Institutions divines, II, 8, 23.
[20] Lactance, Institution divines, IV, 24.
[21] Saint Jérôme, Des hommes illustres, chap. 12.
[22] Sénèque, De la Superstition.
[23] Sénèque, Lettres, 95, 52.
[24] Sénèque, Lettres, 10, 5.
[25] Sénèque, Lettres, 53, 11, De provid., 6, 6.
[26] Georges Boissier, Études antiques. Le christianisme et la morale de Sénèque, dans Revue des deux mondes, XLI année, seconde période, 1871, wikisource.
[27] Georges Boissier, Études antiques. Le christianisme et la morale de Sénèque.
[28] Sénèque, Lettre LXIV.