" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 17 juin 2023

Dom Parsch et la messe communautaire

En ce jour de l’Ascension 1922, des catholiques sont rassemblés dans la magnifique et grande église baroque de Klosterneuburg en Autriche, pour célébrer le jour où Notre Seigneur Jésus-Christ est monté au ciel. D’un pas solennel, une croix resplendissante s’avance lentement sur l’allée centrale, suivie d’enfants de chœur puis de prêtres vêtus de chasuble d’or. Accompagnée d’un chant retentissant, la procession se dirige vers l’autel flamboyant. Plus loin, à quelques minutes de marche, dans la chapelle de Sainte Gertrude, une autre messe vient de commencer, une messe inhabituelle, surprenante. Les fidèles chantent le Kyrie puis le Gloria en allemand ou encore des paroles aux mélodies inconnues, simples, faciles à suivre. Ils récitent des prières avec le prêtre. Avant la communion, ils se serrent la main en guise de baiser de paix, geste disparu depuis bien des siècles. Dans cette petite chapelle, sans fresque ni or, se déroule ainsi une messe étonnante, « sans-doute la première célébration de la messe dans l’esprit de la liturgie populaire en pays de langue allemande »[1] comme le déclare son auteur, Dom Pius Parsch, un des premiers représentants du mouvement liturgique en Autriche…

Pour poursuivre notre étude sur les différents mouvements liturgiques qui ont conduit à la crise actuelle, nous allons nous rendre en Autriche et rencontrer Dom Parsch.

Des rencontres déterminantes

Né en 1884 en Autriche, Pius Parsch entre en 1904 chez les chanoines réguliers de l’abbaye de Klosterneuburg. Il exerce ensuite dans la grande ville de Vienne pendant quatre ans avant de rejoindre l’abbaye pour occuper la chaire de théologie pastorale. En mai 1915, il part au front comme aumônier dans un régiment autrichien jusqu’à la fin de la guerre…

« Au contact des officiers et des soldats », Dom Parsch fait « la connaissance des hommes », apprenant « à connaître l’état d’âme de l’homme de la rue, […] ses besoins religieux. »[2] Au contact de la masse populaire dans les heures terribles de la Grande Guerre, il estime que la spiritualité d’avant-guerre est incapable de soutenir ces hommes dans les grandes épreuves, la jugeant trop individualiste et subjective. Il considère aussi que les soldats ne comprennent rien à la messe. Alors au cours du conflit, il expérimente de nouvelles pratiques liturgiques. Un jour, par exemple, pendant qu’un prêtre célèbre sa messe, il l’explique aux soldats sous forme de prières. C’est ainsi qu’il met déjà en pratique ce qu’il appellera plus tard « la messe communautaire ».

Puis, dans la dernière année de la guerre, alors que le régiment est stationné à Kiev, Dom Parsch rencontre le père Wilhelm Schmidt, lui-aussi aumônier des armées. Ce dernier lui fait découvrir la liturgie slavo-byzantine ainsi que sa volonté de mieux faire connaître la messe aux catholiques. Il est alors étonné de la participation des fidèles.

Toujours au cours du conflit, dans les Carpates et à Kiev, Dom Parsch redécouvre la Sainte Bible et la beauté des psaumes. Ainsi, il se décide d’apporter aux fidèles « une nourriture spirituelle solide fondée sur la Bible, comprise et méditée, et sur une participation active à la liturgie. » En 1918, de son retour dans son couvent, il œuvre auprès des novices pour leur faire davantage découvrir et apprécier les Évangiles. Ses sermons et ses conférences sont aussi l’occasion pour lui de présenter la Sainte Bible et de mieux la faire connaître. Dès 1919, il crée un cercle d’études bibliques d’une centaine de personnes dans lesquels il approfondit la connaissance de la Sainte Ecriture, donnant ainsi naissance à un « mouvement biblique ».

Une nouvelle orientation du Mouvement liturgique

Dom Parsch constate donc que les fidèles assistent à la messe sans vraiment la comprendre et que la liturgie leur est aussi étrangère. Pourtant depuis plus des dizaines années, des efforts ont été menés pour étudier et rénover la liturgie ainsi que pour mieux la faire connaître et l’apprécier tant par le clergé que par les fidèles. Il n’ignore pas tous les efforts du Mouvement liturgique[3] des congrégations bénédictines allemandes et autrichiennes. Cependant, il accuse ce mouvement d’être responsable de la passivité des fidèles. Certes, il « cherche à faire pénétrer les fidèles par des cours et des conférences dans l’esprit et les textes de la liturgie et à les rendre ainsi capables de participer à la liturgie en auditeurs compréhensifs et même enthousiastes », mais « nous ne nous contenterons pas de la participation passive, nous réclamons pour le peuple une participation active. » Il doit « prendre part au sacrifice », « prier et vivre avec l’Eglise » et finalement « collaborer lui-même à l’activité liturgique de l’Eglise. »

Dom Parsch critique aussi le Mouvement liturgique d’apporter du désordre et des troubles dans la messe en voulant impérativement faire réciter toutes les prières aux fidèles. « Nous avions cru que plus le peuple prie à haute voix avec le prêtre plus la célébration de la messe est liturgique. » La participation active ne consiste pas à mélanger les rôles des fidèles et du prêtre. Chacun des rôles doit en effet être préservé. Il refuse par exemple que les prières de l’offertoire et du canon soient dites en commun. Ainsi, distingue-t-il la participation active de la « participation fausse et exagérée ».

Toujours selon Dom Parsch, bien que le Mouvement liturgique ait pris conscience que la messe a été surchargée d’ajouts au fil du temps, l’accessoire se mêlant à l’essentiel, au point que les fidèles ne la comprennent plus guère, il n’a pas su faire le tri, notamment clarifier le rôle de l’offertoire et donner à la communion sa place centrale, même si Dom Parsch considère que « sacrifice et communion vont ensemble », et que la communion est le « complément nécessaire du sacrifice. » La préparation au sacrifice est même propice à la participation active des fidèles. C’est ainsi qu’il développera l’offertoire et, imitant une expérience de Dom Casel[4], il remettra en vigueur la procession antique des chrétiens apportant la matière du sacrifice jusqu’à l’autel.

Enfin, Dom Parsch accuse le Mouvement liturgique d’avoir plutôt favorisé la messe basse, à laquelle les fidèles assistent en silence ou en chantant et priant, qu’il juge trop portée vers la piété subjective, contrairement à la messe chantée, qu’il considère comme « la forme idéale, le rôle du prêtre, de la schola et de l’assistance y est nettement marqué ».

La participation active des fidèles à la messe

Dom Parsch considère que personne ne s’est vraiment intéressé à la participation des fidèles à la messe, les laissant vaquer à leur occupation, « habitués à rester tranquillement assis et à entendre, à recevoir, à se replier sur son propre moi. » Selon ses propos, ils demeurent absolument passifs. « La manière actuellement en usage d’entendre la messe est telle que chacun se livre plus ou moins à des dévotions personnelles et n’accorde que rarement un peu d’attention à ce qui se passe à l’autel. »[5]

« Le chrétien ne doit pas se comporter passivement à la messe. Il ne doit pas se contenter de l’entendre, il ne doit pas être un auditeur muet, mais il est appelé à la participation active et il en est capable », en raison de son sacerdoce universel et de son appartenance au Corps mystique du Christ. Dom Parsch veut donc rendre les fidèles « acteurs dans le drame sacré », laissant au prêtre ce qui est exclusivement du ressort sacerdotal, la consécration et la dispensation des saints mystères. Il veut donc modifier l’attitude des fidèles.

Les objectifs de Dom Parsch sont alors très clairs : il veut réduire la séparation qu’il existe entre les fidèles et la liturgie tout en respectant le rôle du prêtre et en évitant les excès dont il a déjà été témoin. Pour cela, il veut employer la langue vernaculaire, améliorer la compréhension de la liturgie et développer tout ce qui leur permet de jouer un rôle actif dans les cérémonies, par exemple, en refaisant revivre des usages antiques comme la procession de l’offertoire ou le baiser de paix. L’autel doit aussi être placé au centre de la réunion liturgique et ne plus être adossé au mur de l’abside. De même, il doit être tourné vers les fidèles de manière à ce que le prêtre ne leur tourne pas le dos mais célèbre la messe face à l’assistance. « C’est ce que réclame la participation active du peuple […] à la messe. » Enfin, puisque le chant favorise la participation active des fidèles, Dom Parsch refuse d’attribuer le monopole du chant à des chorales et de la laisser seule dans un coin de l’église ou dans une tribune ne vivant que pour leur art sans néanmoins la supprimer. Il recherche plutôt « une union harmonieuse du chant artistique et du chant populaire. […] La chorale peut chanter certaines parties polyphoniques pour ensuite revenir au chant populaire. »

Mais il comprend qu’il ne peut atteindre son objectif que lentement, par l’instruction et l’éducation liturgique afin de modifier l’attitude des fidèles.

Le développement de la communauté liturgique

Dom Parsch est conscient des difficultés qu’il devra surmonter pour parvenir à ses fins. Comme il l’avoue, la « participation active » ne se fonde sur aucune coutume ni usage traditionnel. Il rencontra donc des résistances au changement d’habitude, notamment auprès des fidèles âgés. Il sait aussi que le clergé et les autorités ecclésiastiques ne sont guère favorables à ses idées. Par conséquent, il ne veut pas imposer la « participation active » au risque de les brusquer ou de soulever leur opposition. Il est donc indispensable d’« avancer à tâtons » par des expériences avec une très grande prudence.

En outre, contrairement aux autres mouvements en faveur de la participation active, mouvements qu’il juge intellectuels, trop académiques ou théoriques, Dom Parsch veut davantage atteindre les fidèles par la pratique. En effet, il veut mettre en pratique ses idées fondamentales, qu’il juge nouvelles, innovantes, par des expériences progressives et répétées.

Pour cela, Dom Parsch s’appuie sur la création d’une communauté au sein de la paroisse et sur le développement de la vie communautaire. Il la considère comme un « corps mystique en miniature » propice à ses expériences. L’église de Sainte Gertrude devient ainsi le premier lieu de ses expérimentations avant de diffuser ses idées en Autriche. Les cercles bibliques qu’il a créés deviennent en fait lentement des « communautés liturgiques ». Ses communautés prennent rapidement de l’ampleur. En 1930, la communauté de Sainte Gertrude est composée d’environ trois cent cinquante personnes.

Dom Parsch est ainsi convaincu que le renouveau liturgique tel qu’il entend doit partir des « communautés liturgiques », plus soucieuse de développer « une intense vie communautaire »[6], surtout quand tous ses membres sont gagnés à la cause liturgique. Il défend donc l’idée d’une communauté idéale, « pratiquant et célébrant la liturgie à la perfection, cherchant aussi à créer à partir d’elle un nouveau style de vie. » Il définit les conditions requises pour obtenir une telle communauté, notamment un prêtre dévoué uniquement à cette tâche et des cercles d’étude servant à l’approfondissement des connaissances liturgiques et au développement de l’esprit communautaire.

Une nouvelle piété, une nouvelle église

Dom Parch s’oppose à la piété populaire qu’il juge « subjective et individualiste », « à la périphérie de la foi », « pauvre et maigre »[7]. Pour établir une nouvelle attitude de piété, il veut lui redonner « l’esprit de l’Église primitive, d’un christianisme authentique et non altéré »[8] par la participation plus active à la messe. Il remet aussi en cause la forme habituelle et traditionnelle des exercices de piété, comme l’exposition et la bénédiction du Saint Sacrement, inadaptée à l’homme moderne. Il désire alors de moins les attacher au culte eucharistique et de les exercer davantage dans le cycle liturgique. Ainsi, contrairement au Mouvement liturgique qui met en place des exercices liturgiques à partir du bréviaire, qu’il juge trop complexes et trop difficiles pour les fidèles, Dom Parsch développe une piété liturgique qui ressemble à la première partie de la messe, consistant en une ouverture, suivie d’une lecture d’un texte biblique puis par un chant et une prédication, ensuite par une prière communautaire, des litanies par exemple, et enfin par la prière du prêtre. 

Afin de contribuer au développement de la vie communautaire, Dom Parsch redéfinit le rôle de l’église. Celle-ci ne doit plus désormais servir à la dévotion privée des fidèles.  Elle ne doit avoir qu’un seul rôle, celui de les rassembler, ne plus qu’être « un local de réunion confortable et pas comme une halle de rassemblement des masses » et finalement « une maison de famille » ou encore « une salle familiale intime »[9]. Rien ne peut nuire à la communauté « fixée par la liturgie ». Ainsi, faut-il déplacer tous les objets de la piété privée, statues et images saintes, ou encore chemin de croix et autels particuliers dans leurs propres chapelles. L’église doit ainsi être structurée pour répondre à la nouvelle piété qu’il veut développer…

L’évolution progressive de la liturgie au sein des paroisses

Pour poursuivre ses travaux et réaliser d’autres expériences, Dom Parsch se fonde sur le rôle du curé, considéré comme le formateur et l’animateur de la liturgie Celui-ci peut chercher à expérimenter d’autres formes de messes afin de favoriser la vie communautaire et la participation active des fidèles tout en se gardant d’expériences risquées. Le prêtre s’appuie sur une communauté dynamique qu’il doit considérer comme une avant-garde.

La communauté se forme par différentes activités, études, conférences, travaux liturgiques… Une semaine consacrée à la liturgie au cours de l’année permet ensuite de faire participer l’ensemble de la paroisse dans les travaux tout en approfondissant leurs connaissances liturgiques. L’aspect théorique n’est guère développé. L’important réside surtout dans la pratique afin de familiariser les fidèles à la messe communautaire. Cette semaine est accompagnée de soirées communautaires destinées aussi à façonner la communauté. Pour s’opposer à la résistance des fidèles, Dom Parsch recommande d’initier les jeunes enfants et de ne célébrer la nouvelle messe qu’une fois par mois, de manière progressive

Ses efforts portent aussi sur le clergé et plus particulièrement sur les séminaires au moyen de revues, de journées de recollection et de conférences pastorales. « Notre grand espoir repose dans la jeune génération sacerdotale. Nous pouvons dire sans exagération : le temps travaille pour nous, dans deux ou trois dizaines d’années tout le clergé sera acquis au Mouvement liturgique. »[10]

Pour diffuser ses idées, Dom Parsch publie des brochures et des fascicules à la portée de tous les fidèles, puis la revue Bibel und Liturgie et enfin un hebdomadaire Leb mit Kirch. Il offre aussi un témoignage sur ses réalisations en matière d’activités liturgiques. Il met enfin en place des retraites liturgiques dès 1931 à Vienne pour dame et jeunes filles.

Une nouvelle messe

Dom Parsch modifie ainsi la messe de manière graduelle et progressive de manière à rendre plus participatifs les fidèles sans les heurter selon ses idées fondamentales. Il insiste sur l’aspect pratique du développement de la liturgie et sur l’expérimentation liturgique, laissant ainsi les fidèles intervenir directement dans la mise en place de nouveaux usages afin de créer la « messe communautaire », qu’il célèbre en 1922 puis la messe dite de Parsch, ou la « Betsingmesse », en 1933, celle qui finit par être la plus répandue en Autriche et en Allemagne. Elle est marquée par la position du prêtre face au peuple, la restauration de la procession de l’offertoire et l’importance de l’usage de la langue vulgaire.

Certes, Dom Parsch insiste sur la progressivité des développements et le respect des traditions, cependant, dans la pratique, il est bien difficile, voire impossible, de maintenir une continuité liturgique. Il l’avoue lui-même que ses idées sont innovantes, que la participation active s’oppose aux usages et aux coutumes. Comment peut-il alors garantir le respect des traditions ? Si les gestes qu’il insère dans la messe sont antiques, leur usage est une nouveauté…

Revenons aussi sur les méthodes qu’utilise Dom Parsch. Il est convaincu que seule la pratique, une pratique prudente, progressive, lente permettra de modifier la manière des fidèles de participer à la messe. Son objectif est de former les jeunes fidèles et les jeunes clercs, qui, eux, se chargeront d’imposer naturellement ses idées. Il implique aussi les fidèles dans les modifications liturgiques. Dom Ses méthodes sont redoutablement efficaces.

Conclusions

Pour Dom Parsch, la liturgie est l’instrument idéal pour résister à la sécularisation et à la déchristianisation de la société. Elle apparaît ainsi un outil remarquable d’apostolat. Or, par son expérience, il considère que la voie suivie par le Mouvement liturgie, initié par Dom Guéranger et poursuivi par ses disciples, est mauvaise. L’objectif de Dom Parsch est différent. Au lieu de mieux faire comprendre et apprécier la liturgie, il veut plutôt modifier la piété des fidèles et par conséquent leur manière de participer à la messe et à la liturgie. Pour arriver à ses fins, il modifie la liturgie, reprenant notamment de vieux gestes liturgiques dans un sens nouveau. Plus porté sur la pratique et finalement sur l’activisme, Dom Parsch expérimente ainsi de nouvelles formes afin de favoriser la participation active des fidèles et la vie communautaire en les impliquant davantage dans les modifications liturgiques. Il n’hésite pas non plus à modifier l’église afin qu’elle s’adapte à ses idées.

C’est ainsi que, guidé par ses idées et aussi influencé par Dom Casel, ou encore par ses différentes rencontres, Dom Parsch n’hésite pas à modifier la Sainte Messe de manière habile, sans précipitation ni heurt, à partir d’une « communauté liturgique », notamment pour réduire ou contourner la résistance des fidèles âgés et du clergé. Il veut surtout toucher la jeunesse et les séminaristes, plus à même de l’entendre et de le suivre. Finalement, sans aucune autorisation des autorités ecclésiastiques, et par lui-même, il impose finalement des modifications importantes à la messe. Et progressivement, par l’habitude, il parvient à les faire accepter.

Dom Parsch donne donc à la messe une nouvelle finalité. La messe n’a pas en effet pour vocation première de développer la vie communautaire ou, dit autrement, elle n’est pas un instrument aux mains des fidèles pour les unir davantage dans une communauté. Elle est d’abord destinée à glorifier Dieu et à sanctifier les fidèles. Ce changement implique nécessairement une nouvelle orientation de la messe, désormais tournée vers le fidèle comme le manifeste clairement la nouvelle orientation de l’autel, une messe qui rejette toute spiritualité individuelle et refuse de nourrir et d’élever l’âme intérieure pour se consacrer à la communauté locale, c’est-à-dire à la vie paroissiale. C’est finalement la communauté locale présidée par le curé, qui, d’elle-même et par elle-même, modifie la forme de la messe pour l’adapter à son regard. La messe est ainsi livrée aux expériences sans aucun contrôle de l’autorité ecclésiastique ni continuité avec son histoire. Porté sur la pratique, Dom Parsch pousse les paroisses à l’activisme en matière liturgique. C’est ainsi que naît une nouvelle messe ou plutôt une multitude de nouvelles messes, toujours évolutives, jamais fixées, peu appropriées à l’Église, une et universelle, c’est-à-dire catholique. Car, finalement, la communauté que constitue Dom Parsch, est-elle vraiment le « corps mystique réduit » ? Peut-elle faire l’objet d’expérimentation ?


Notes et références

[1] Dom Plus Parsch, Le Renouveau liturgique, Castermann, 1950.

[2] Dom Pius Parsch, Le Renouveau liturgique au service de la paroisse – sens et portée de la liturgie populaire, traduction française par M. Grandclaudon, Mulhouse, Salvator, 1950. La plupart des citations proviennent de cet ouvrage.

[3] Voir Émeraude, avril 2023, article « Dom Guéranger et le vrai sens de la liturgie ».

[4] Voir Émeraude, mai 2023, article «Dom Herwegen, Romano Guardini et Dom Casel : l'Effort liturgique, vers la transformation de la liturgie ».

[5] Dom Pius Parsch, Le Renouveau liturgique au service de la paroisse – sens et portée de la liturgie populaire.

[6] Dom Parsch, Méthode pour un travail de liturgie populaire.

[7] Dom Parsch, article Ist das Laeinbrevier berechtigt ?, 1926, dans Bibel und Liturgie, 1, 1926-1927.

[8] Dom Parsch, article Die objektive und subjektive Frômmingkeit, 1926, dans Bibel und Liturgie, 7, 1931-1932.

[9] Dom Parsch, Le Renouveau liturgique au service de la paroisse – sens et portée de la liturgie populaire.

[10] Dom Parsch, Le Renouveau liturgique au service de la paroisse – sens et portée de la liturgie populaire.