" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 26 août 2023

Le Mystère de l'Eucharistie, sacrement et sacrifice

Il est difficile de parler de l’Église ou encore de la vie chrétienne sans évoquer le mystère de l’Eucharistie. En effet, « le point culminant et comme le centre de la religion chrétienne est le mystère de la très sainte Eucharistie que le Christ, Souverain Prêtre, a instituée »[1]. Sans elle, il est bien difficile de s’unir à Celui qui est la Vie car « c’est d’elle que se répand parmi les hommes cette vie qui est la vraie vie. »[2] Le concile de Vatican II qualifie aussi « le sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne »[3]. Il est donc difficile de vivre chrétiennement comme membre de l’Église sans nous approcher du sacrement de l’Eucharistie et donc de le connaître pour davantage l’apprécier. De même, il est certainement impossible de croire en une union entre des chrétiens si ces derniers enseignent des conceptions différentes sur ce mystère puisque l’Eucharistie est signe d’unité. Si cet « événement central du salut »[4] est remis en cause par des erreurs ou par l’ignorance, c’est bien notre vie chrétienne et notre devenir dans l’éternité qui risquent d’être remis en question. L’Église a ainsi toujours considérée l’Eucharistie comme « un trésor du plus haut prix »[5]. C’est pourquoi « le mystère eucharistique […] n’admet ni réduction ni manipulation »[6]. Enfin, le mystère de l’Eucharistie a donné lieu à un culte spécifique que l’Église a développé et défendu, culte âprement combattu ou malheureusement incompris.

Dans cet article, nous allons nous pencher sur la doctrine de l’Eucharistie telle quelle est enseignée par l’Église. Comme le déclare Jean-Paul II, la référence demeure encore le concile de Trente, qui, en trois décrets, expose clairement la doctrine en tant que sacrement et sacrifice, deux caractères complémentaires et indissociables. Le premier décret porte sur le sacrement de l’Eucharistie[7], le deuxième sur le sacrifice de la messe[8] et le dernier sur la communion sous les deux espèces et la communion des enfants[9]. Chaque décret énumère des erreurs que le concile condamne.

Sacrement et sacrifice

L’Eucharistie est un des sept sacrements[10]. Comme tous les autres, il a été institué par Notre Seigneur Jésus-Christ. Celui de l’Eucharistie a été clairement institué lors de la Dernière Cène[11] comme l’exprime encore le concile de Trente. « Notre Rédempteur a institué ce sacrement si admirable lors de la dernière Cène, lorsque, après avoir béni le pain et le vin, il attesta en termes clairs et précis qu’Il leur donnait son propre Corps et son propre Sang. Ces paroles, répétées pas les saints évangélistes et répétées ensuite par Saint Paul se présentent en un sens propre et très clair »[12] Le sacrement de l’Eucharistie n’est pas une « pure invention »[13].

Tout sacrement signifie, représente, contienne, produise la grâce et la met dans l’âme de celui qui le reçoit. Tel un canal spirituel, il l’y fait découler de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il crée en l’homme la vie divine, la conserve et la développe par des moyens, signes sensibles et extérieurs, que Notre Seigneur Jésus-Christ a établis comme instruments de la grâce.

L’Eucharistie est aussi un sacrifice. « Notre Seigneur Jésus-Christ offrit à Dieu le Père son Corps et son Sang sous les espèces du pain et du vin »[14] et ordonna aux Apôtres et à leurs successeurs dans le sacerdoce de les offrir à leur tour en prononçant ses paroles : « faites ceci en mémoire de moi »(Luc, XXII, 19).  « Dans ce divin sacrifice qui s’accomplit à la messe, ce même Christ est contenu et immolé de manière non sanglante sur l’autel de la croix »[15]. Le Christ s’offre Lui-même par le ministère des prêtres.

Le concile de Trente déclare ce sacrifice comme « propitiatoire ». Il est offert à Dieu pour la rémission des péchés. L’Eucharistie « est légitimement offerte, non seulement pour les péchés, les peines, les satisfactions et les autres besoins des fidèles vivants, mais aussi pour ceux qui sont morts dans le Christ et ne sont pas encore pleinement purifiés. »[16] Le sacrifice eucharistique n’est donc pas réduit à un sacrifice de louange et d’actions de grâces.

Ainsi, en tant que sacrement, l’Eucharistie est un moyen de salut destiné aux hommes, et, en tant que sacrifice, elle est un acte de culte envers Dieu.

La Présence réelle …

Dans le décret sur le sacrement de l’Eucharistie, «, le saint concile enseigne et professe ouvertement et sans détour que, dans le vénérable sacrement de la sainte eucharistie, après la consécration du pain et du vin, Notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme, est vraiment, réellement et substantiellement contenu sous l’apparence de ces réalités sensibles. »[17] Le concile anathématise donc celui qui dit que « dans le très saint sacrement de l’Eucharistie ne sont pas contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang en même temps que l’âme et la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, et, en conséquent, le Christ tout entier, mais dit qu’ils n’y sont qu’en tant que dans un signe ou en figure ou virtuellement »[18].

L’Église enseigne clairement la présence réelle et intègre de Notre Seigneur Jésus-Christ sous l’apparence du pain et du vin. Dans l’Eucharistie, sont en effet contenus le corps, l’âme et la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. La définition emploie trois termes « vraiment », « réellement » et « substantiellement », termes qui se complètent et se renforcent pour insister sur la réalité de cette présence. Ces termes s’opposent aux trois autres mots que sont « signe », « figure » et « virtuellement », qui peuvent remettre en question cette réalité.

Un mode de présence particulier

Mais, prétextant que Notre Seigneur Jésus-Christ ne peut être à la fois sur l’autel et dans les cieux, les calvinistes[19] refusent toute présence réelle. Pour répondre à cet argument, le concile de Trente précise que Notre Seigneur Jésus-Christ est bien présent sous l’apparence du pain et du vin « par un mode de présence que nous ne pouvons à peine exprimer par des mots, et que nous pouvons cependant reconnaître et constamment croire comme possible à Dieu par notre pensée éclairée par la foi. »[20] Notre Seigneur Jésus-Christ demeure présent à la droite de Dieu le Père « selon un mode d’existence qui est surnaturelle ». Et Il est « sacramentellement présent en de nombreux autres lieux en sa substance ». L’Eucharistie est un mystère…

Présent sous chaque espèce et dans chaque parcelle

Le concile de Trente précise que si en vertu des paroles de la consécration, il n’y a de présent sous l’espèce du pain que le corps, et, sous l’espèce du vin que le sang du Christ, Notre Seigneur Jésus-Christ est présent tout entier sous chaque espèce puisque sont désormais unis le corps et le sang de Notre Seigneur Jésus-Christ qui est ressuscité et ne meurt plus, et en raison de l’union de la divinité avec le corps et l’âme. Chacune des espèces contient autant que les deux. Même sous chaque partie réelle de chaque espèce, le Christ tout entier est présent, y compris après la division de l’hostie consacrée. Il n’est donc pas nécessaire de communier sous les deux espèces contrairement à ce que croient des protestants qui veulent obligatoirement communier sous les deux espèces.

Présence produite par transsubstantiation…

Le concile de Trente enseigne la manière dont la Présence réelle se produit. Il déclare que « par la consécration du pain et du sang se fait un changement de toute la substance du pain en la substance du corps du Christ Notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son sang. Ce changement a été justement et proprement appelé, par la Sainte Église catholique, transsubstantiation. »[21]

Quand l’Eucharistie est produite, il n’y a donc plus de pain ni de vin. Contrairement à ce que croyait Luther, les deux substances, la substance naturelle et la substance surnaturelle, ne coexistent pas. Le concile de Trente a ainsi condamné la doctrine de l’impanation et de la consubstantiation qu’enseignait Luther. Il y a bien conversion des substances naturelles en substances surnaturelles. C’est par cette conversion que Notre Seigneur Jésus-Christ est présent dans l’Eucharistie. Néanmoins, les espèces demeurent, ce qui explique que nous ne percevons que le pain et le vin. La foi seule juge. La transsubstantiation, que nous ne pouvons pas expliquer, est attribuée à la toute-puissance de Dieu.

Le terme de transsubstantiation est récusé par Luther, Calvin et les autres protestants, notamment parce qu’il n’est pas mentionné dans la Sainte Écriture.

Permanence de l’Eucharistie

La Présence réelle se réalise donc par la consécration. Par conséquent, les espèces consacrées contiennent réellement et totalement Notre Seigneur Jésus-Christ, immédiatement après la consécration. C’est pourquoi le concile de Trente condamne la doctrine selon laquelle Il est présent « seulement quand on en use en le recevant, ni avant, ni après, et que le vrai Corps du Seigneur ne demeure pas dans les hosties ou parcelles consacrées qui sont gardées ou restent après la communion. »[22]

La Présence réelle ne se limite donc pas à la communion. Selon cette erreur, il ne peut y avoir de culte eucharistique. En raison de cette permanence, il est possible de conserver l’Eucharistie et de la porter aux malades selon une très ancienne tradition. La croyance en la Présence réelle oblige aussi de la conserver en un lieu sacré et de la manipuler avec un très grand soin.

Objet d’un culte divin

La foi en la permanence de l’Eucharistie entraîne aussi le culte divin. En effet, croyant en Notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Homme et vrai Dieu dans l’Eucharistie, « selon la coutume reçue depuis toujours dans l’Église catholique », les chrétiens « rendent avec vénération un culte de latrie, qui est dû au vrai Dieu »[23]Ce culte n’est pas une « horrible abomination »[24], « un sacrilège extrême »[25], le summum de l’imposture, ou encore le signe manifeste de l’idolâtrie comme le proclame Calvin.

Notre Seigneur Jésus-Christ, dans l’Eucharistie, est alors honoré par des fêtes particulières et porté en procession, par exemple pour la fête du Saint Sacrement, appelé aussi Fête Dieu, ou encore exposé publiquement à l’adoration des chrétiens.

Faut-il enfin s’en approcher « avec grand respect et sainteté »[26]. Saint Paul nous a déjà demandé de nous éprouver nous-même avant de nous y approcher (cf. I. Corinthiens, II, 28). Si une personne a conscience d’un péché mortel, elle ne peut recevoir le sacrement de l’Eucharistie sans une confession préalable.

L’excellence et la particularité du sacrement de l’Eucharistie

Le concile de Trente précise enfin les effets du sacrement. Il est un « aliment spirituel des âmes qui nourrit et fortifie ceux qui vivent de sa vie »,  un « antidote nous libérant des fautes quotidiennes et nous préservant des fautes mortelles » et « le gage de notre gloire à venir et de notre félicité éternelle », ainsi « qu’un symbole de cet unique corps dont Il est lui-même la tête et auquel il a voulu que nous soyons attachés par les liens les plus étroits de la foi, de l’espérance et de la charité, en sorte que nous disions tous la même chose et qu’il n’y ait pas de divisions parmi nous[27].

En outre, le concile de Trente rappelle que tous les « sacrements ont la vertu de sanctifier lorsque quelqu’un y a recours ». Or, « ce que l’on trouve d’excellent et de particulier est […] que, dans l’Eucharistie, se trouve l’auteur même de la sainteté avant que nous la recevons. »[28]

Conclusion

L’Eucharistie est un des grands mystères du christianisme, qui ne peut être surtout et d’abord entendu et conçu que par la foi. Il est ainsi impossible de démontrer la transsubstantiation. « Ce que tu ne comprends pas, ce que tu ne vois pas, la foi vive l’atteste, au-delà de l’ordre naturel. »[29] Néanmoins, la raison éclairée par la foi peut apporter quelques lumières et répondre notamment aux objections de ceux qui le refusent. Elle permet également de mieux connaître « l’œuvre que Dieu fait homme a, dans sa toute-puissante miséricorde, accomplie en faveur du genre humain. »[30] Par le sacrement de l’Eucharistie, Notre Seigneur Jésus-Christ nous apporte « une véritable abondance d’une vie plus qu’humaine »[31], faisant ainsi accroître merveilleusement notre véritable dignité humaine puisqu’elle nous élève par la grâce jusqu’à la divinité.

Nourriture céleste à recevoir et à consommer précieusement en tant que sacrement, l’Eucharistie est aussi sacrifice en tant qu’elle est offerte à Dieu au cours de la Sainte Messe. Elle est « sacrifice au sens propre »[32] au point que si elle est privée de sa valeur sacrificielle, elle perd tout sens. La doctrine sur le sacrement de l’Eucharistie ne doit pas nous détourner de celle de la Sainte Messe à laquelle elle est intimement et inévitablement associée. Doté de ce double caractère, sacrement et sacrifice, l’Eucharistie est décisive pour notre salut et notre vie éternelle. Il est donc essentiel de connaître la doctrine qu’enseigne l’Église sur l’Eucharistie et de la défendre contre toute erreur.

La connaissance de la doctrine sur l’Eucharistie implique aussi d’entourer ce mystère d’une grande vénération et d’un profond respect qui exclut négligence et irrévérence. L’Église l’entoure ainsi d’un culte divin et s’efforce de lui préparer un cadre digne des rites divins, veillant à écarter tout ce qui ne lui convient pas. La Sainte Messe au cours de laquelle se réalise l’admirable mystère est ainsi un livre sacré ouvert aux fidèles qui leur ouvre les yeux de l’âme en touchant à tous leurs sens dans un cadre adapté à ce trésor divin. Comme un écrin protégeant la plus belle des pierres précieuses, elle fait davantage éclater l’œuvre divine pour la plus grande gloire de Dieu et pour notre propre sainteté.

 



Notes et références

[1] Pie XII, lettre encyclique Mediator Dei sur la liturgie et le culte eucharistique, II, I, 20 novembre 1947, laportelatine.org.

[2] Léon XIII, lettre encyclique Mirae caritatis, 28 mai 1902, Denzinger n°3360.

[3] Concile de Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium sur l’Eglise, chapitre II, n°11, 21 novembre 1964, Denzinger n°4127.

[4] Jean-Paul II, lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia sur l’Eucharistie dans son rapport à l’Eglise, chapitre I, n°11, 17 avril 2003, vatican.va.

[5] Paul VI, lettre encyclique Mysterium Fidei sur la doctrine et le culte de la sainte Eucharistie, 3 septembre 1965, vatican.va.

[6] Jean-Paul II, lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia, conclusion, n°61.

[7] Concile de Trente, 13ème session, décret sur le sacrement de l’Eucharistie, 11 octobre 1551.

[8] Concile de Trente, 22ème session, doctrine et canons sur le sacrifice de la messe, 17 septembre 1562.

[9] Concile de Trente, 21ème session, doctrine et canons sur la communion sous les deux espèces et la communion des enfants, 16 juillet 1562.

[10] Les autres sacrements sont : le baptême, la confirmation, la pénitence, l’extrême-onction, l’ordre et le mariage.

[11] Voir Emeraude, août 2023, article « La Dernière Cène, ultime repas ».

[12] Concile de Trente, Décret sur le sacrement de l’Eucharistie, chap. 2, Denzinger n°1638.

[13] Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, livre IV, p. 487

[14] Concile de Trente, doctrine et canons sur le sacrifice de la messe, chapitre 1, Denzinger n°1740.

[15] Concile de Trente, doctrine et canons sur le sacrifice de la messe, chapitre 2, Denzinger n°1743.

[16] Concile de Trente, doctrine et canons sur le sacrifice de la messe, chapitre 2, Denzinger n°1743.

[17] Concile de Trente, décret sur le sacrement de l’Eucharistie, chapitre 1, Denzinger n°1636.

[18] Concile de Trente, décret sur le sacrement de l’Eucharistie, canon 1, Denzinger n°1651.

[19] Voir Calvin Institution chrétienne, livre IV, et le pamphlet d’Antoine Marcourt (v. 1485-1561), disciple de Jean Calvin, célèbre pour l’affaire des placards. Les placards contre la messe (1534), museeprotestant.org. Le pamphlet est intitulé « articles véritables sur les horribles, grands et insupportables abus de la messe papale, inventée directement contre la sainte cène de notre Seigneur, seul Médiateur et seul Sauveur Jésus-Christ. »

[20] Concile de Trente, décret sur le sacrement de l’Eucharistie, chapitre 1, Denzinger n°1656.

[21] Concile de Trente, décret sur le sacrement de l’Eucharistie, chapitre 4, Denzinger n°1642.

[22] Concile de Trente, décret sur le sacrement de l’Eucharistie, canon n°5, Denzinger n°1654.

[23] Concile de Trente, décret sur le sacrement de l’Eucharistie, chapitre 3, Denzinger n°1643

[24] Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, livre IV, nouvelle édition revue et corrigée sur l’édition française de 1560, p. 655, Franck Baumgartner, édition E. Beroud & C., librairie de la suisse française, archive. org.

[25] Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, livre IV, p. 487

[26] Concile de Trente, décret sur le sacrement de l’Eucharistie, chapitre 7, Denzinger n°1646.

[27] Concile de Trente, Décret sur le sacrement de l’Eucharistie, chap. 2, Denzinger n°1638.

[28] Concile de Trente, Décret sur le sacrement de l’Eucharistie, chap. 2, Denzinger n°1638.

[29] Lauda Sion, chant de la fête du Très Saint-Sacrement de l’Eucharistie, dite aussi Fête-Dieu.

[30] Léon XIII, lettre encyclique Mirae caritatis sur la très sainte Eucharistie.

[31] Léon XIII, lettre encyclique Mirae caritatis sur la très sainte Eucharistie.

[32] Jean Paul II, lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia, chapitre I, n°11.

jeudi 10 août 2023

La Dernière Cène, l'ultime repas

La nuit est tombée à Jérusalem. Nous sommes le jeudi 13 Nisan[1]. Dans deux jours, ce sera la fête de Pâque, celle qui célèbre la sortie du peuple d’Hébreux hors Egypte grâce à l’intervention de Dieu. Les célébrations ont déjà commencé comme chaque année, selon un rituel précis. Au premier étage d’une maison proche de la porte de Sion, au sud de la vieille ville et en-dehors, Notre Seigneur Jésus-Christ et ses Apôtres sont étendus sur un divan ou peut-être sont-ils encore assis sur un banc, autour d’une table en forme de demi-cercle comme veut la tradition. Afin de faciliter le service des plats, les convives sont placés d’un seul côté. Maître du repas, Notre Seigneur Jésus-Christ occupe la place d’honneur, qui, selon les usages domestiques de l’époque, est située à la droite de la table[2]. À sa droite, se trouve Saint Jean, et, à sa gauche Saint Pierre. Ce sont eux qui, à la demande de Notre Seigneur Jésus-Christ, ont préparé le repas selon ses indications, un repas bien différent des autres. C’est en effet en cette nuit qu’est instituée le sacrement de l’Eucharistie, la veille de la crucifixion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce repas porte un nom, la Cène, que nombre de peintres ont su immortaliser. L’Eglise la célèbre le jour du Jeudi Saint.

Nous connaissons en détail le déroulement de cette nuit par les évangélistes et par Saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens. Le récit comporte trois événements majeurs : le lavement des pieds, l’annonce de la trahison de Judas et l’institution du sacrement eucharistique[3]. C’est pourquoi, dans le cadre de notre étude apologétique, nos regards se tournent inévitablement vers le cénacle …

La pâque

En cette nuit, Notre Seigneur Jésus-Christ et les Apôtres sont réunis pour fêter la pâque juive au cours d’un dîner pascal. Elle est l’une des trois fêtes les plus solennelles de l’année. Elle commémore l’exode du peuple Hébreu hors d’Egypte vers la Terre sainte sous la direction de Moise grâce à l’intervention divine. Elle célèbre un événement capital de l’Histoire sainte, qui, au-delà de la libération du peuple élu, lui rappelle la ferveur divine dont il a fait objet et l’espérance d’un avenir meilleur. Comme le proclame le Talmud, elle est ainsi une fête très joyeuse, pleine d’espérance. Le dernier psaume que les Juifs chantent en fin de soirée évoque la venue du Messie, qui doit renouveler ses merveilles.

Comme nous le raconte l’Ecriture Sainte, au soir de leur délivrance, sur ordre de Moïse, les Hébreux, rendus esclaves sur la terre des pharaons, ont immolé un agneau mâle sans tâche, âgé d’un an, sans lui briser les os, puis ont teint de son sang la porte de leur demeure avant de la faire rôtir. Debout, prêts à partir, ils l’ont ensuite mangé avec des pains azymes. Puis, l’ange du Seigneur a frappé tous les nouveau-nés des Egyptiens, épargnant ceux des Hébreux dont les maisons étaient marquées du sang de l’agneau. La dixième plaie divine a ainsi frappé le peuple du pharaon. Las, celui-ci finit par laisser partir le peuple hébreu. C’est ainsi que cette cérémonie est appelée « passage », ou encore en hébreu « pessah ». Le nom évoque ainsi le passage du peuple hébreu de sa captivité vers sa libération. Depuis ce jour sacré, et selon les prescriptions divines, le peuple élu fête chaque année la pâque, les premières heures du 15ème jour du mois de Nisan.

L’agneau pascal n’est immolé qu’au Temple par les prêtres au son des trompettes et au chant des psaumes. Il n’est mangé qu’à Jérusalem. C’est ainsi que pour la fête, nombreux sont les israélites présents dans la ville sainte. Venus d’ailleurs, ils couchent chez l’habitant ou sous des tentes. Après être vidé de sa graisse, alors brûlée sur l’autel, l’agneau est rendu pour être rôti et consommé à la maison avant minuit. Réunis en groupe, les Israélites, qui n’avaient pas contracté de souillures légales, se réunissent ensuite pour le festin pascal durant lequel le maître de la maison rappelle le sens de la cérémonie qui se déroule minutieusement d’après un rituel déterminé. A minuit, les portes du Temple s’ouvrent, et une foule immense s’y engouffre pour entendre le chant des hymnes et assister au sacrifice. La fête des azymes peut alors commencer. Elle dure sept jours, pendant lesquels seul du pain azyme doit être mangé…

Le rituel du repas pascal

L’un des livres du Talmud, appelé Pesahim, décrit avec minutie le rituel du dîner pascal, connu sous le nom de « seder », qui signifie « ordre », tel qu’il est pratiqué vers 150, ainsi que l’ensemble des aliments. Il se découpe en quinze étapes[4]. Certaines des pratiques décrites datent après la destruction du Temple.

La cérémonie commence par des louanges auprès de Dieu pour le vin et pour ce jour de fête. Puis, après s’être lavé les mains, ils trempent du pain azyme ou des herbes amères dans une grande coupe remplie d’une sauce épaisse rouge, appelée Haroseth. Selon la coutume, le maître de la maison trempe lui-même un morceau de pain dans la sauce puis l’offre à celui qui veut l’honorer. Les convives boivent ensuite deux coupes, séparées par quelques gouttes amères et salées. Après avoir chanté le psaume CXIV, qui raconte l’exode et le passage de la mer Rouge, ils mangent le traditionnel agneau, dont aucun os ne doit avoir été rompu, cuit à feu vif et embroché d’une baguette de grenadier, avec les herbes amères. Ils boivent ensuite une troisième coupe rituelle dite de bénédiction, en récitant des formules d’actions de grâces avant d’entonner le chant de grâces, appelé Hallel, formé des quatre psaumes CXV à CXVII. Une quatrième et dernière coupe termine la récitation de cette hymne…

Chaque geste et aliment se présentent comme un symbole qui se rapporte à la libération du peuple hébreux de l’esclavage d’Egypte ou encore au passage de la Mer Rouge. Les herbes amères trempées dans de l’eau salée rappellent par exemple les larmes versées par les Hébreux durant leur captivité. Le pain azyme, cuit rapidement, représente la rapidité avec laquelle ils ont dû fuir d’Egypte selon l’ordre de Dieu.

La dernière Cène, une nuit décisive

En cette soirée, le dîner pascal ne ressemble pas aux autres. Au-delà de la solennité que présente cette grande fête, il acquiert rapidement une gravité particulière. Comme l’annonce Notre Seigneur Jésus-Christ, ce repas pascal est son dernier. « J’ai désiré d’un grand désir de manger cette pâque avec vous, avant de souffrir. Car je vous le dis, je ne le mangerai plus désormais jusqu’à ce que soit accompli le royaume de Dieu. » (Saint Luc, XXII, 15-16) Auparavant, à Béthanie, Il leur avait déjà annoncé le drame qui allait se jouer. « Le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié. » (Saint Matthieu, XXVI, 6). Ce jour est arrivé en cette nuit de fête. Notre Seigneur Jésus-Christ associe donc son dernier dîner pascal à sa passion et à sa mort sur la croix. Les disciples en sont-ils conscients ? Comprennent-ils que toute parole dite en cette dernière nuit est comptée, que tout geste n’est pas anodin, que son discours est une sorte de testament ? C’est donc la dernière fois qu’Il mange avec les douze Apôtres l’agneau pascal jusque ce que la pleine réalité soit substituée au symbole…

Le lavement des pieds

Sans-doute avant l’étape du lavement des mains, Notre Seigneur Jésus-Christ livre à ses disciples une leçon incroyable d’humilité et d’abaissement. Il se lève de table, se dépouille de son manteau et se ceint lui-même d’un linge, prenant ainsi l’apparence d’un esclave, puis il verse de l’eau dans un bassin et lave les pieds de ses disciples avant de les essuyer avec le linge dont il est ceint. En cette nuit où se célèbre la libération du peuple juif, Notre Seigneur Jésus-Christ apprend aux douze Apôtres ce qu’est réellement la pureté et donc l’état de disposition dans lequel ils doivent se mettre pour le repas pascal.

Le lavement des pieds déclenche aussitôt une réaction de la part de Saint Pierre, saisi d’effarement devant le Fils de Dieu prosterné devant lui. « Vous, Seigneur, me lavez les pieds ? » (Saint Jean, XIII, 6) Notre Seigneur Jésus-Christ lui répond gravement et avec douceur. Il explique à ses apôtres le sens de l’acte qui vient d’accomplir, c’est-à-dire l’esprit qui devra inspirer leur vie. Cette soirée est bien différente des autres…

L’annonce de la traîtrise de Judas et du reniement de Saint Pierre

Avant de tremper le pain azyme dans le Haroseth, une autre annonce de Notre Seigneur Jésus-Christ plonge les convives dans la consternation, celle de la trahison d’un des leurs. « La main de celui qui me trahit est avec nous à cette table. » (Saint Luc, XXII, 21) Anxieux, les disciples s’interrogent entre eux. Qui serait ce traître ? Saint Pierre fait signe à Saint Jean de Lui demander de qui il est question. « C’est celui à qui je présenterai du pain trempé » (Saint Jean, XIII, 26), dit-Il discrètement à son disciple. Juda s’inquiète lui-aussi. « Est-ce moi maître ? », lui dit-il aussi discrètement. « Tu l’as dit » (Saint Matthieu, XXVI, 25). Se voyant ainsi découvert, Juda se lève de table et quitte le Cénacle pour réaliser son horrible forfait. Nul ne comprend certainement son départ précipité.

Plus tard quand Notre Seigneur Jésus-Christ annonce aux disciples qu’Il doit les quitter et qu’ils ne peuvent Le suivre là où Il va, Saint Pierre proteste de sa fidélité et de sa volonté de Le suivre jusqu’à la mort. Les autres disciples s’associent à ces paroles. En réponse de leur témoignage de tendresse, Notre Seigneur Jésus-Christ prophétise à Saint Pierre son triple reniement. Cette nuit est terriblement attristante…

L’institution du sacrement de l’Eucharistie

Alors que le repas prend fin, Notre Seigneur Jésus-Christ s’apprête à achever le rite pascal mais d’une manière encore nouvelle et étrange. Au moment des dernières bénédictions et louanges, les Apôtres assistent à un événement d’une portée extraordinaire. Selon Saint Luc, « ayant pris du pain, il rendit grâces et le rompit, et le leur donnant, disant : « ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. » Il donna de la même manière le calice, après qu’il eut soupé, disant : « c’est le calice, le nouveau testament en mon sang, qui sera répandu pour vous. » (Saint Luc, XXII, 19-20) Notre Seigneur Jésus-Christ présente ses gestes comme « un nouveau testament », qui annonce nécessairement un décès. Saint Luc semble ainsi associer ses gestes à sa mort. Saint Paul la mentionne plus clairement : « toutes les fois que vous mangerez ce pain et boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. » (I Corinthiens, XI, 26)

Saint Marc précise que ce sang sera répandu « pour un grand nombre » (Saint Marc, XIV, 24). Saint Matthieu rajoute qu’il sera répandu pour un grand nombre « en rémission des péchés » (Saint Matthieu, XXVI, 28). Les deux évangélistes précisent donc le but de sa mort et d’une mort entendue comme sacrifice

Symbole ou réalité ?

Comment faut-il interpréter les paroles « Ceci est mon corps » de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Cette phrase a fait l’objet de nombreuses analyses et d’interminables débats. Selon des protestants comme Zwingle, elles doivent être prises dans le sens symbolique. Pourtant, en cette heure décisive, il est nécessaire d’être clairement compris. S’il fallait les prendre au sens figuré, celui-ci aurait été précisé, surtout quand le pain n’est ni naturellement ni d’après les conceptions hébraïque le symbole du corps humain. De même, les termes employés signifient qu’il y a identité absolue entre le contenu du calice et le sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Le sens littéral est finalement celui qui s’imapose.

En outre, dans son récit, obtenu par une révélation divine, Saint Paul ne laisse aucun doute dans la manière d’interpréter ses paroles : « quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement sera coupable du corps et du sang du Seigneur. Que l’homme s’éprouve lui-même, et qu’il mange ainsi de ce pain et boire de ce calice. Car quiconque en mange et en boit indignement, mange et boit son jugement, ne discernant point le corps du Seigneur. » (I Corinthiens, XI, 27-29) Saint Paul insiste donc sur le sens des paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ. Celles-ci ne sont ni figuratives ni symboliques. Elles doivent être entendues au sens littéral…

Notre Seigneur Jésus-Christ ordonne ensuite aux Apôtres de faire ce qu’Il a fait « en mémoire de moi », c’est-à-dire de sa mort, rendant ainsi permanent le sacrement de l’Eucharistie. Seuls les Apôtres ont reçu cet ordre. Le Sacerdoce est ainsi institué.

Le Pain de Vie

La dernière Cène est le moment suprême de la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ. L’agneau pascal va bientôt être consommé. La Passion est proche. En cet instant solennel, Saint Jean se tait. Il n’évoque pas en effet le récit de l’institution du sacrement de l’Eucharistie, privilégiant plutôt le discours que prononce Notre Seigneur Jésus-Christ durant cette nuit, c’est-à-dire les dernières leçons, les derniers commandements, en particulier celui de la charité ainsi que les dernières annonces sur les événements qui vont se produire et qui vont éprouver ses disciples. Saint Jean nous livre ainsi l’enseignement profond de Notre Seigneur Jésus-Christ, notre véritable charte de vie au moment où l’heure décisif arrive…

Il est vrai que Saint Jean avait déjà tout annoncé contrairement aux autres évangélistes. N’avait-il pas déjà mentionné, et lui-seul, ce qui se réalise en cette soirée. « Moi, je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. » (Saint Jean, VI, 51-52) Ces mots ont soulevé un véritable scandale, même parmi ses Apôtres. Les mots sont compris au sens littéral. Pourtant, Notre Seigneur Jésus-Christ insiste sur ce sens, ne supprimant pas le scandale : « si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie éternelle ; qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment nourriture et mon sang est vraiment breuvage ; qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » (Saint Jean, VI, 54-57) Notre Seigneur Jésus-Christ nous apprend qu’il est obligatoire de nous nourrir de Lui si nous voulons la vie éternelle, et que, par cette nourriture, nous nous unissons à Lui. C’est en fait cette union qui nous assure la vie éternelle. Lors du dîner pascal, les mots prennent donc désormais sens. Les promesses de Notre Seigneur Jésus-Christ établissent ainsi un lien entre l’institution du sacrement de l’Eucharistie réalisée lors de la dernière Cène et les effets qu’il réalise.

Confiance et espérance

En quittant ses disciples, Notre Seigneur Jésus-Christ justifie son départ en rapportant la prophétie d’Isaïe à Lui : « Il faut que ceci encore qui a été écrit s’accomplisse en moi : il a été mis au rang des scélérats. Car ce qui me regarde touche à sa fin. » (Saint Luc, XXII, 27) Comme seule réponse, ses disciples Lui montrent deux glaives. « C’est assez », reprend simplement Notre Seigneur Jésus-Christ. Il n’est plus temps de parler ou d’expliquer. Il est temps de les quitter tout en leur donnant une dernière promesse, celle de la résurrection et de leur retrouvaille en Galilée. Il leur assure enfin qu’ils ne seront jamais seuls dans leur épreuve. L’espérance achève ainsi la cérémonie…

 Conclusions

La Dernière Cène est l’ultime repas avant la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ. En ce moment décisif, ses paroles ne peuvent qu’être claires, tranchantes et puissantes. Le temps des paraboles et des images est passé. Sa mort est proche. Il le sait. Ses derniers mots, son dernier discours forment un véritable testament, qui nous livre une dernière fois son enseignement et le sens même de sa mission de manière très ouverte. Et c’est au cours de ce repas d’une grande gravité qu’Il institue un rite nouveau qu’Il relie à sa mort très proche, à un véritable sacrifice pour la rédemption des hommes. Comme l’enseigne l’Eglise, il s’agit du sacrement de l’Eucharistie. Les évangélistes ainsi que Saint Paul sont concordants.

La Dernière Cène est donc indissociable de la passion et de la mort de Notre Jésus-Christ, c’est-à-dire de son sacrifice sur la Croix. Elle n’a de sens que parce que tout va être consommé selon les prophéties bibliques. La mission de Notre Rédempteur se dévoile ainsi clairement en cette nuit solennelle où le peuple élu célèbre la délivrance des Hébreux de la terre d’Egypte et leur départ vers la Terre sainte. Une autre libération s’annonce, un autre miracle se réalisera, bien plus élevé, bien plus inconcevable. Une nouvelle pâque se lève. La tristesse et la souffrance laisseront sa place à une profonde et grande joie.

Dès les premiers temps, les chrétiens ont bien compris le sens des paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ comme l’atteste Saint Paul. « Le calice de bénédiction que nous bénissons n’est-il pas la communication du sang du Christ ? Et le pain que nous rompons n’est-il pas la participation au corps du Seigneur ? » (I Corinthiens, X, 15-16) Ainsi, comme nous l’enseigne l’Acte des Apôtres (XX, 7), le premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche, les chrétiens se rassemblaient pour rompre le pain…

« Notre Rédempteur a institué ce sacrement si admirable lors de la dernière Cène, lorsque, après avoir béni le pain et le vin, il attesta en termes clairs et précis qu’Il leur donnait son propre Corps et son propre Sang. Ces paroles, répétées pas les saints évangélistes et répétées ensuite par Saint Paul se présentent en un sens propre et très clair […]

Il a voulu ce sacrement comme aliment spirituel des âmes qui nourrit et fortifie ceux qui vivent de sa vie […] et comme antidote nous libérant des fautes quotidiennes et nous préservant des fautes mortelles. […] Il a voulu, en outre, que ce soit le gage de notre gloire à venir et de notre félicité éternelle, en même temps qu’un symbole de cet unique corps dont Il est lui-même la tête et auquel il a voulu que nous soyons attachés par les liens les plus étroits de la foi, de l’espérance et de la charité, en sorte que nous disions tous la même chose et qu’il n’y ait pas de divisions parmi nous[5].

 


Notes et  références

[1] Le premier mois de l’année religieuse du calendrier hébraïque, qui a lieu entre les mois de mars et d’avril de notre calendrier.

[2] Les tableaux représentant la Cène avec Notre Seigneur Jésus-Christ au centre, comme celui de Léonard de Vinci, ne reflètent pas la réalité historique.

[3] C’est aussi au cours de cette soirée qu’est institué le Sacerdoce.

[4] Le repas ne commence vraiment qu'à la onzième étape.

[5] Concile de Trente, Décret sur le sacrement de l’Eucharistie, chap. 2, Denzinger n°1638.