" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


jeudi 29 décembre 2022

L'Immaculée Conception (2/2) : élévation progressive vers un mystère ...

Un protestant ne croit pas en l’Immaculée Conception. Un pasteur nous en explique les raisons : « L’Immaculée Conception, c’est le fait, pour Marie, d’être conçue sans péché. C’est donc qu’elle serait une personne à part dans l’humanité. Mais alors que vaut l’Incarnation ? Si sauver, c’est habiter pleinement notre condition humaine, que vaut l’Incarnation ? Mais alors Marie n’a pas besoin de Pâques. Si le salut est universel et que Marie a un régime spécial dès le début, elle anticipe les mérites du Christ : il n’y a nulle légitimation de cela dans la Bible. Que signifie Pâques si Jésus peut agir différemment de ce qu’il a fait ? Si Marie a été conçue sans péché, que signifie son humilité, son obéissance ? Serait-elle libre d’accepter la Bonne Nouvelle ?..[1]

Les objections du pasteur s’enchaînent hâtivement au point de semer le trouble au lieu d’éclairer. Il tente de montrer les contradictions que semble contenir le dogme de l’Immaculée Conception pour ensuite le rejeter et dénoncer les catholiques de s’écarter davantage des protestants.

Il est vrai que dogme de l’Immaculée Conception n’est pas sans difficulté. Son développement n’a pas été non plus sans obstacle ni contestation. Dans le regard hâtif du pasteur, qui mêle beaucoup de choses de différentes natures et valeurs, pouvant même désorienter ses auditeurs, nous pouvons y trouver d’anciens griefs qui expliquent bien des résistances. Mais avec un regard plus posé et plus profond[2], nous pouvons aussi comprendre leurs raisons et ainsi davantage nous éclairer sur le sens de l’Immaculée Conception. C’est ainsi qu’au lieu de s’arrêter au pied d’un mur en apparence infranchissable, l’Église a pu avancer prudemment dans la connaissance du mystère de la Rédemption

Pour justifier ou illustrer leur rejet du dogme de l’Immaculée Conception, des commentateurs citent souvent de grands docteurs de l’Église en sa défaveur, par exemple Saint Anselme, Saint Bernard ou encore Saint Thomas d’Aquin. Nous allons donc les écouter afin de trouver dans leurs paroles quelques lumières …

Saint Augustin et le mystère du privilège de Sainte Marie …

     Saint Joachim et Sainte Anne,   
  parents de Sainte Marie  
Avant d’écouter les grands scolastiques, nous allons débuter par Saint Augustin, grand docteur du péché originel et Père de l’Église, qui est aussi souvent cité pour réfuter le dogme de l’Immaculée Conception. Au Ve siècle, il doit combattre le pélagianisme[3] qui défend l’idée selon laquelle l’homme est capable d’observer la loi morale et de vivre sans péché par lui-même, par ses propres forces. Cette hérésie nie notamment le péché originel. Pour justifier sa doctrine, Pélage s’appuie sur l’exemple de nombreux saints et plus particulièrement sur celui de Sainte Marie qu’il décrit comme une femme exempte de péché par sa volonté propre. Pour réfuter sa doctrine, Saint Augustin doit alors traiter de ce qu’il appelle le privilège de Sainte Marie.

Saint Augustin enseigne en effet que sa sanctification est un privilège qu’elle a obtenu par la grâce divine au titre de sa qualité de Mère de Dieu pour l’honneur de son Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ. « De la sainte Vierge Marie, pour l’honneur du Christ, je ne veux pas qu’il soit question lorsqu’il s’agit de péchés. Nous savons en effet qu’une grâce plus grande lui a été accordée pour vaincre de toutes parts le péché par cela même qu’elle a mérité de concevoir et d’enfanter celui dont il est certain qu’il n’eut aucun péché. »[4] Saint Augustin refuse donc de parler de Sainte Marie quand il traite du péché puisque « celle qui a mérité de concevoir et d’enfanter l’innocence même, le Verbe incarné, pouvait-elle ne pas recevoir toutes les grâces par lesquelles elle serait victorieuse de tout péché quel qu’il fût ? »[5]

Saint Augustin, y inclut-il le péché originel ? De nombreux commentateurs[6] voient dans ses paroles une acceptation implicite de l’Immaculée Conception quand d’autres les limitent aux péchés personnels[7]. Néanmoins, nous pouvons noter que pour Saint Augustin, Sainte Marie est complètement exempte de péché pour l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ en raison de sa dignité de Mère de Dieu. Or, le péché originel porte aussi atteinte à son honneur. La formule est alors suffisamment claire pour que le bienheureux Pie IX en fait référence dans son encyclique Ineffabilis Deus proclamant le dogme de l’Immaculée Conception…

Saint Augustin doit encore se positionner à l’égard de Sainte Marie pour réfuter Julien d’Eclane, disciple de Pélage. Ce dernier l’accuse de la livrer au démon en la soumettant aux conditions de la naissance humaine. Il lui rappelle que le péché originel rend tout homme esclave de l’ennemi de Dieu. Saint Augustin réplique que « nous ne livrons point Marie au démon par la condition de sa naissance ; cette condition pour elle est abrogée par la grâce de la renaissance. »[8] Que veut-il nous dire par l’expression « grâce de la renaissance » ? Ces commentateurs l’ont interprétée de deux façons, aussi défendables l’une que l’autre : soit la « grâce de la renaissance » abroge la condition commune du genre humain en empêchant qu’elle se réalise en Marie, soit la sanctification est ultérieure au péché originel ou à sa naissance selon le sens que nous donnons au terme de « renaissance » puisqu’il n’y a renaissance que s’il y a eu mort…

Finalement, faute de précisions suffisantes dans ses différents écrits, les paroles de Saint Augustin peuvent faire l’objet de multiples interprétations en faveur ou en défaveur de l’Immaculée Conception. Probablement, Saint Augustin n’a tiré aucune conclusion sur les privilèges de Sainte Marie sinon que lorsqu’il traite du péché, il en exclut Sainte Marie. C’est sans-doute un mystère qu’il n’a pas identifié ou qu’il ne peut pas éclaircir. Chaque chose en son temps…

La notion de « conception »

Pour comprendre les docteurs qui vont suivre et ainsi éviter les malentendus, nous devons d’abord entendre ce que signifie pour eux le terme de « conception », terme qui s’inscrit dans l’anthropologie chrétienne selon laquelle l’homme est l’union d’un corps et d’une âme[9].

La scolastique distingue plusieurs temps ou phases dans la conception. Il y a d’abord l’acte générateur ou l’acte charnel des parents que désigne l’expression « génération active ». Selon de nombreux théologiens de cette époque, cet acte est considéré comme entaché d’une souillure physique qui résulte du péché originel et qui est capable de souiller le fruit de la génération. C’est ainsi qu’ils expliquent la transmission du péché originel des parents à leurs enfants. Ils mêlent la concupiscence au péché lui-même.

Dans le ventre de la mère, la scolastique distingue le temps qui précède l’union de l’âme dans le corps et celui qui y succède. Quand l’embryon est suffisamment développé, l’âme est infusée dans le corps. Cette phase est dite « animation ». C’est au cours de cette animation qu’aboutit l’homme puisque celui-ci est l’union d’une âme et d’un corps. Cette phase est appelée « génération passive ».

La scolastique a encore détaillé le déroulement de la conception en d’autres termes philosophiques. Mais, pour la compréhension de notre article, il n’est pas nécessaire de revenir à ces détails.

Saint Anselme, la possibilité de l’Immaculée Conception 

                      Saint Anselme             
Revenons aux Docteurs de l’Église. Commençons par Saint Anselme (1033-1109). Celui-ci ne traite pas directement de la sainteté de Sainte Marie. Son regard porte d’abord sur le mystère de Notre Seigneur Jésus-Christ. Un de ses disciples lui demande comment Notre Seigneur Jésus-Christ est né indemne de tout péché originel alors qu’Il provient de Sainte Marie…

Saint Anselme rappelle d’abord que les fruits de la Rédemption ne sont pas réservés à ceux qui ont vécu après la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Les autres en ont aussi bénéficié par la foi au futur Rédempteur et ont été purifiés de leurs péchés. Les justes de l’Ancien Testament seraient-ils en effet exclus de l’œuvre de la Rédemption sous prétexte qu’ils sont nés avant la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Saint Jean-Baptiste serait-il aussi hors de la justification puisqu’il est mort avant sa Passion ? De même, selon Saint Anselme, par un acte de foi semblable, Sainte Marie a été purifiée par une application anticipée des mérites de son Fils, et c’est alors de la Vierge purifiée que le Christ a été conçu. « Il convenait que cette Vierge resplendisse d’une pureté telle que, en dehors de Dieu, aucune ne puisse être pensée »[10]. Cela ne signifie pas qu’il a un lien nécessaire entre la pureté de Saint Marie concevant et celle de Notre Seigneur Jésus-Christ conçu.

Saint Anselme précise que le péché n’a pour objet que l’âme et qu’il ne peut alors se trouver qu’à l’instant de l’animation. C’est pourquoi il n’est pas contenu dans aucun élément qui concourt à la formation de l’embryon. S’il considère que la concupiscence est inhérente à la génération active, Saint Anselme refuse donc d’y voir le mode de propagation du péché originel contrairement à l’opinion commune de son époque. Il rejette donc l’idée de toute transmission du péché originel par la chair au moment de la génération active. Ainsi, Sainte Marie peut ne pas contracter de péché originel en dépit de l’acte générateur de ses parents. C’est une possibilité…

Pourtant, Saint Anselme n’envisage pas que Sainte Marie soit exclue de l’universalité du péché originel. Il attribue plutôt à une purification préalable cette pureté absolue dont Sainte Marie jouie au moment de devenir mère. Mais serait-elle inférieure à Saint Jean-Baptiste qui a été sanctifié dans le sein de sa mère ? En conclusion, pour Saint Anselme, Sainte Marie est sanctifiée avant sa naissance dans le sein de sa mère après la phase d’animation en raison d’une application anticipée des mérites de son Fils.

C’est donc en traitant de la pureté absolue de Notre Seigneur Jésus-Christ et de ses relations avec sa Mère sur la demande d’un de ses disciples, que Saint Anselme en vient à étudier l’état de Sainte Marie à sa naissance et à préciser des notions fondamentales sur le péché originel, ouvrant ainsi la voie à la question de l’origine de sa sainteté

Les disciples de Saint Anselme en faveur de l’Immaculée Conception

                                    Saint Anselme                         

Au moment même où Saint Anselme traite indirectement de la sanctification de Sainte Marie, la fête de sa conception[11] se réveille en Angleterre et s’étend en Europe. Or, ce culte venu d’Orient fait l’objet de vives contestations. C’est en défendant sa légitimité que les disciples de Saint Anselme, Traité de la sainte conception de Marie, Sainte Eadmer  (v. 1100-v. 1160) vont approfondir la pensée de leur maître…

Dans son Traité de la sainte conception de Marie, Sainte Eadmer décrit la sainteté de la Sainte Vierge comme la base de l’édifice qu’inaugure sa naissance. Il revient sur les exemples du prophète Jérémie et de Saint Jean-Baptiste qui ont été sanctifiés avant leur naissance. Or ce privilège, serait-il concevable que la demeure de Dieu en soit privée ? En cas de souillure, il y aurait même dissonance et disproportion entre le fondement de l’édifice que Dieu se propose de construire et l’édifice lui-même. Ainsi, Saint Eadmer croit en la sainteté de Sainte Marie avant sa naissance. Mais à quel moment de sa conception ?

Selon Saint Eadmer, si l’acte générateur se réalise dans l’iniquité, seuls les parents sont en cause, et non son fruit. Cet obstacle enlevé, il rend possible la sainteté originelle de Sainte Marie. Dès le commencement de son existence dans le sein de sa mère, elle n’a pas été souillée par le péché originel par la toute-puissance divine. Dieu « l’a pu ; si donc Il l’a voulu, il l’a fait. »[12]

Saint Eadmer considère donc le début de l’œuvre de la Rédemption dans la naissance de Sainte Marie. Ce sont les prémices. Nous retrouvons la même idée chez Osbert de Clare, autre disciple de Saint Anselme. « La fête que les fils de la Mère de grâce entendent célébrer n’a pas pour objet l’acte du péché », c’est-à-dire la génération active, « mais les prémices de notre rédemption, source de saintes joies. »[13] Ainsi, Osbert de Clare étend la sanctification originelle à toute la personne de Sainte Marie, dès lors « toute pleine de la grâce du Saint Esprit » et « purifiée même corporellement et de toute tache » dès les premiers instants. Comme Saint Eadmer, il ne semble pas distinguer les différentes phases de la conception comme le feront plus tard les théologiens. S’ils défendent explicitement la sainteté originelle de Sainte Marie dès son existence dans le sein de sa mère, leur doctrine reste encore imprécise …

Saint Bernard, opposé à la fête de la conception de Marie  

L’institution de la fête de la conception à Lyon chez les chanoines de la primatiale au XIIe siècle provoque l’intervention de Saint Bernard (1090-1153) en sa défaveur. Vers 1138, il leur écrit une lettre dans laquelle il les admoneste. Tout en louant les vertus de Sainte Marie et ses privilèges conformes à la tradition mariologique, il proteste contre une innovation malheureuse et répréhensible. La fête est « étrangère au rite de l’Église, dénuée de fondement rationnel et d’appui dans l’ancienne tradition ».

Après avoir rappelé que cette fête a été instituée sans l’approbation de Rome, Saint Bernard porte sa critique sur son objet, c’est-à-dire sur la conception sainte de Sainte Marie. Certes, comme la plupart des théologiens de son époque, il croit que la Sainte Vierge a été sanctifiée dans le sein de sa mère mais il refuse d’aller plus loin et de vénérer en elle-même sa conception selon le motif que l’une suppose l’autre. « D’où viendrait donc la sainteté de cette conception ? Veut-on dire que Marie, préalablement sanctifiée, aurait été déjà sainte ? Ainsi la dit-on sanctifiée dans le sein de sa mère, pour que sa naissance, elle aussi, fût sainte. Mais Marie n’a pas pu être sainte avant d’exister, et elle n’existait pas avant d’avoir été conçue. Dira-t-on que, pendant l’acte générateur, la sainteté se serait mêlée à sa conception, et que de la sorte, il y aurait eu en même temps conception et sanctification ? […] Comment l’Esprit Saint aurait-il pu s’associer au péché ? Ou comment n’y aurait-il pas péché quant il y a volupté charnelle. » Sainte Marie « a reçu le don de la sainteté qu’après sa conception alors que déjà, elle existait dans le sein de sa mère, don qui fait disparaître en elle le péché ». Saint Bernard finit sa lettre en se remettant à l’autorité pontificale qu’il aurait fallu consulter avant d’instituer la fête de la conception de Marie.

Dans sa lettre, Saint Bernard englobe manifestement dans le terme de « conception » l’acte générateur ainsi que le temps précédent l’infusion de l’âme dans le corps. En outre, sa pensée trahit la théorie de son époque qui voit dans l’acte générateur le moyen de transmission du péché originel. Puisqu’elle a été conçue selon la loi commune, elle a nécessairement contracté le péché originel qu’une sanctification postérieure a donc fait disparaître. Saint Bernard s’en tient à la raison tirée des rapports qu’il suppose exister ente la concupiscence dans l’acte générateur et la transmission de la tache héréditaire…

Au XIIe siècle, la lettre de Saint Bernard provoque des réactions de la part des défenseurs de la fête de la conception de Sainte Marie, en particulier Abélard (1079-1142), Comestor (v. 1100-1179) et Cantor, mort en 1197. Ces derniers reprennent les arguments de Saint Eadmer et d’Osbert de Clare tout en distinguant clairement la génération active de la génération passive.

Abélard défend ainsi l’idée selon laquelle l’acte générateur n’est pas nécessairement péché dans l’ordre actuel, acte sans lequel l’homme ne peut ni se conserver ni se développer. Avant lui, Saint Bède avait déjà affirmé que Saint-Jean Baptiste, conçu miraculeusement, d’une mère stérile et d’un père avancé en âge, a été conçu sans immixtion de la concupiscence charnelle. La transmission du péché originel par l’acte générateur est ainsi remise en cause. Et s’il n’y a pas nécessairement concupiscence dans l’acte charnel, le terme de la génération active ne contracte pas automatiquement l’empreinte du péché. Finalement, Abélard peut conclure que la chair peut alors être sainte au sens le plus large, ce qu’il se produisit avec la Sainte Vierge. En dépit de ses avancées, la voie qu’il ouvre soulève de nombreuses contestations peu propices à l’éclaircissement de la question…

Au temps des grands scolastiques, nombreuses théories sur la sanctification de Sainte Marie

En effet, les débats portent désormais sur les relations entre la chair et le péché lors de la conception. La chair contient-elle le péché en ce sens qu’elle contient ce qui plus tard amènera le péché dans l’âme ? L’idée dominante du XIIIe siècle portant sur la sanctification de Sainte Marie est celle de sa purification par la grâce divine dans le sein de sa mère après l’infusion de son âme dans son corps, la sanctification ayant en effet pour objet l’âme. 

Comme le remarque Alexandre de Halés (1185-1245), « le péché n’est pas formellement dans la chair »[14]. Il est alors dit qu’elle contient le péché virtuellement. De même, la chair est dite sanctifiée virtuellement quand elle ne le contient pas. Ainsi, les scolastiques peuvent parler de sanctification en deux sens très différents.

Selon une théorie de Saint Albert le Grand (v. 1200-1280), Sainte Marie aurait contracté le péché originel virtuellement dans sa chair mais au moment de l’animation, le Saint-Esprit l’aurait purifiée pour qu’elle ne puisse pas infecter l’âme de la tâche originelle. Saint Albert le Grand distingue ainsi la contraction du péché par la nature humaine dans son origine et celle que contracte la personne après l’infusion du corps et de l’âme. L’acte générateur, considéré physiquement et dans sa vertu propre, et quelle que soit sa valeur méritoire, est alors considérée comme un acte de la nature corrompue et soumise à la loi de la concupiscence, acte qui transmet le péché originel. Or, selon la doctrine de Saint Bernard, la sainteté ne peut s’y trouver. Comme la chair peut être ordonnée à la gloire en vertu de son union avec l’âme et que c’est la grâce inhérente à l’âme qui dispose à la gloire, la chair ne peut être sanctifiée avant l’infusion de l’âme en elle. La chair prise en elle-même ne peut recevoir la grâce sanctifiante. Ainsi selon Saint Albert le Grand, Sainte Marie a été sanctifiée après l’animation mais avant sa naissance. Il suggère que le moment de sa sanctification dans le sein de sa mère est un mystère que seul Dieu peut révéler. Il suppose que l’attente n’a pas été de longue durée et qu’elle a suivi l’animation.

Selon une théorie signalée par Saint Bonaventure (v. 1217-1274), il y a sanctification directe de l’âme de Sainte Marie dès sa création avant d’être unie au corps. La grâce de la sanctification a alors prévenu dans son âme la tâche du péché originel, ce qui signifie que la sanctification de Sainte Marie a eu lieu avant l’union de l’âme et du corps. Cette grâce dépend et vient de Notre Seigneur Jésus-Christ d’une manière particulière. Cette théorie ne rallie pas Saint Bonaventure qui préfère une purification de Sainte Marie après contraction du péché originel, idée qui lui semble plus commune et raisonnable, notamment en raison de l’universalité du péché. Il est aussi attaché au lien qui existe entre concupiscence et péché. Cependant, il ne nie pas la possibilité d’une sanctification dès le premier instant et donc d’une réelle préservation mais il ne lui semble pas convenir qu’à de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Fidèle à l’enseignement de ses maîtres et celui de Saint Bernard, Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) maintient que la Sainte Vierge n’a pas pu être purifiée du péché originel avant l’infusion de l’âme raisonnable dans son corps puisque la sanctification s’applique uniquement et directement à la personne. Il considère aussi qu’elle n’a pas pu être préservée du péché originel puisque ce privilège est réservé à Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est rédempteur de tous sans avoir besoin lui-même de rédemption. Pourtant, dans certains de ses écrits, Saint Thomas d’Aquin proclame Sainte Marie toute pure, indemne du péché originel ! Mais ces écrits seraient apocryphes, mal interprétés, ou encore extrapolés. Sa position sur l’Immaculée Conception fait alors l’objet de vives controverses au XIIIe siècle et jusqu’à maintenant…

Les grands scolastiques, de réels progrès pour l’Immaculée Conception

Saint Thomas d’Aquin et les autres grands scolastiques ont-ils vraiment attaqué la doctrine de l’Immaculée Conception telle qu’elle est définie aujourd’hui ? En réalité, ils s’opposent à la doctrine telle qu’elle a été proposée au XIIe siècle, doctrine qui s’appuyait sur des propositions portant sur la sanctification de la chair et sur la transmission physique du péché héréditaire par l’acte générateur.

Par leur enseignement, ils ont en fait précisé ce qu’est le péché originel. Celui-ci ne consiste pas dans la concupiscence mais dans la privation de la justice originelle, considérée dans l’élément qui donne à notre volonté d’être soumis à Dieu d’une façon permanente. En outre, ils mettent en exergue la véritable difficulté que soulève l’Immaculée conception, c’est-à dire l’universalité de la Rédemption et donc du péché originel. Seul Notre Seigneur Jésus-Christ est exempt du péché originel. Par leurs éclaircissements, ils posent le problème dans de bons termes et ouvrent ainsi la voie à une véritable réponse. Cependant, ils considèrent le salut de Sainte Marie comme celui de toute personne selon la notion commune de la rédemption et restent attachés à des théories philosophiques ou théologiques connues de leur époque. Ainsi, ils ne peuvent encore apporter au problème une réponse satisfaisante…

La sanctification immédiate de Sainte Marie, le retour à la possibilité et à l’idée de convenance…

À la fin du XIIIe siècle, Guillaume de Ware (v. 1260-v. 1305) recense l’ensemble des positions sur l’Immaculée Conception et en distingue trois. La première affirme que la bienheureuse Marie a été conçue dans le péché mais qu’elle en a été purifiée immédiatement dans un seul et même instant. La seconde affirme aussi que la Sainte Vierge a été conçue dans le péché mais n’admettent pas une purification immédiate. Enfin, la troisième nie qu’elle ait contracté le péché originel. Il s’attache résolument à cette dernière hypothèse et tente de prouver sa possibilité et sa convenance en reprenant les arguments de Saint Anselme et de ses disciples. Selon Ware, il est convenable que Notre Seigneur Jésus-Christ ait voulu préserver sa Mère de toute souillure afin qu’elle soit aussi pure que possible. Et reprenant l’argument de Saint Eadmer, il conclut : ce qu’Il pouvait faire, ce qu’il était convenable de faire, Il l’a fait par piété filiale. Cependant, rajoute-il, Sainte Marie a eu besoin de la Passion et de la mort de son Fils pour obtenir la pureté qui lui est propre.

Raymond de Lull (v. 1232-1315), parfois appelé le « docteur de l’immaculée conception », enseigne formellement l’Immaculée Conception de Sainte Marie depuis le premier instant de son existence. Il s’appuie en particulier sur deux parallèles, celui de la Mère et de son Fils, et celui d’Ève et de Marie. Pour relier sa doctrine de préservation avec l’universalité de la Rédemption, il parle d’une action réparatrice, d’une préservation préventive.


Duns Scott, vers la résolution des apparentes contradictions

Duns Scot (1266-1308) défend l’idée de l’Immaculée Conception en utilisant deux arguments fondamentaux qu’emploient ses adversaires. Le premier est tiré de l’excellence de son Fils, considéré comme rédempteur universel. Étant un médiateur parfait, il convenait qu’il exerçât un acte de médiation parfait à l’égard de sa mère. Or, cet acte ne se réalise que s’il la préserve du péché originel. Donc, au lieu de la soustraire à l’influence rédemptrice de son Fils, un tel acte suppose une application plus noble en soi et plus efficace des mérites du Sauveur. Cela n’empêche pas la Sainte Vierge d’avoir besoin d’être sauvé comme les autres créatures. Elle aurait contracté le péché originel au moment de l’union du corps et de l’âme si la grâce du médiateur n’avait pas prévenu cet effet. Ainsi, la grâce intervient chez les autres créatures pour les délivrer du péché contracté[15], et chez elle, pour empêcher qu’il ne soit contracté.

Le second argument des adversaires est tiré des conditions auxquelles Sainte Marie nous paraît soumise. Elle a été conçue de la même façon que les autres créatures en vertu d’une génération soumise à la concupiscence. Par conséquent, selon la théorie portant sur la transmission du péché originel par sa chair, celle-ci a transmis la souillure à l’âme lors de leur union. Duns Scott oppose cette théorie à la doctrine de Saint Anselme selon laquelle la chair n’agit pas comme cause physique dans la transmission du péché originel en ce sens qu’elle ne contient pas la raison ou la condition pour laquelle Dieu ne confère pas la grâce sanctifiante à ceux qui naissent privés de l’intégrité primitive. En outre, comme l’infection de la chair qu’on suppose reste présente dans l’enfant après le baptême, elle n’est donc, par rapport au péché originel, ni cause suffisante ni cause nécessaire. Pourquoi Dieu n’aurait-Il pas alors infusé la grâce dans l’âme de Sainte Marie au moment même où Il la crée et empêcher de la sorte que la souillure de la chair n’entraîne avec soi la tache du péché proprement dit ? Cette raison reste valable si l’infusion de l’âme dans le corps se réalise au début de la génération. Dieu restant libre de faire une exception, Duns Scott la juge alors convenable.

Duns Scott distingue aussi l’immunité de Sainte Marie et celle de son Fils. Sainte Marie est exempte du péché originel par grâce en vertu d’une application spéciale des mérites de l’unique Rédempteur. Notre Seigneur Jésus-Christ est exempt de toute tache en droit et de par sa conception virginale en sorte qu’il ne peut être question ni de rachat ni de préservation, ni de purification quelconque. Là réside le privilège exclusivement personnel du Fils.

L’Immaculée Conception, la solution la plus convenable et la plus excellente

« Dieu a pu faire que Marie ne fût jamais soumise au péché originel ; il a pu faire qu’elle y fût soumise pendant un seul instant ; il a pu faire aussi qu’elle y fût soumise pendant un certain temps et purifiée ensuite […] Laquelle de ces trois hypothèses s’est réalisée, Dieu le sait ; mais si l’autorité de la Sainte Écriture et celle de l’Église ne font pas obstacle, il semble raisonnable d’attribuer à Marie  ce qu’il y a de plus d’excellent. »[16] Dans le même ouvrage, Duns Scott est plus catégorique quand il parle de la bienheureuse Vierge « comme n’ayant jamais encouru de fait l’inimitié divine par le péché soit actuel soit originel. »[17] Nous retrouvons dans son enseignement à l’université de Paris la prudence de Duns Scott mais aussi l’affirmation absolue de la sanctification de Sainte Marie indépendante de toute purification.

Malgré ses réserves, l’influence de Duns Scott est puissante et efficace. Il simplifie la question sur la sanctification de Sainte Marie et distingue et sépare nettement différentes notions autrefois mêlées, rejetant les questions secondaires à l’arrière plan pour ne s’occuper que de l’essentiel. Pour lui, dire que Sainte Marie est exempte du péché originel ou qu’elle est conçue sans péché, c’est affirmer que son âme, créée par Dieu et unie au corps pour l’animer, est au même instant ornée de la grâce sanctifiante. En d’autres termes, c’est affirmer que la Mère du Verbe incarnée n’est jamais, pas même un instant, atteinte de la souillure du péché.

L’autre mérite de Duns Scott est de supprimer l’obstacle que rencontraient les grands scolastiques du XIIIe siècle qui proclamaient la sainteté de la Vierge, sauf pour le premier instant de son existence. Ils le jugeaient en effet impossible dans l’ordre actuel où tout rejeton d’Adam est un racheté du Christ. Duns Scott a supprimé cet obstacle grâce à une solution plus glorieuse pour le Christ et plus honorable pour la Mère de Dieu tout en l’incluant dans l’œuvre de la Rédemption. Ainsi, l’Immaculée Conception devient un cas particulier, rentrant dans la croyance générale de l’Église en la pureté parfaite et la sainteté suréminente de la Mère de Dieu. Il parvient ainsi à concilier ce qui paraissait difficilement conciliable. « Le travail des siècles suivant consistera à mettre en relief la convenance du privilège et à en confirmer l’existence par l’étude et l’exploitation des éléments positifs du dogme, enveloppés dans les saintes Lettres et l’ancienne tradition. »[18]

Conclusions

Dans l’encyclique Ineffabilis Deus, le 8 décembre 1854, le bienheureux Pie IX proclame le dogme de l’Immaculée Conception après avoir rappelé les arguments de crédibilité en sa faveur et les déclarations successives des papes. Il précise que Sainte Marie, Mère de Dieu, a été préservée et exempte de toute tache du péché originel, par une grâce et un privilège spécial de Dieu en vue des mérites de Notre Seigneur Jésus-Christ. Cette doctrine est une vérité révélée à laquelle nous devons croire. Elle associe étroitement et sans contradiction la dignité suréminente de Sainte Marie et l’œuvre de la Rédemption à laquelle elle n’est pas exclue. Pour arriver à ce résultat, il a fallu beaucoup de temps pour le comprendre…

Comme nous l’avons évoqué, en raison de sa maternité divine et de sa place extraordinaire dans l’œuvre de la Rédemption, les grands docteurs de la scolastique ont cherché à définir le privilège extraordinaire de Sainte Marie, soulevant de nombreux problèmes et incompréhensions principalement en raison d’un enseignement imprécis sur différentes notions auxquelles ce dogme est associé. De nombreuses questions accessoires ont aussi parasité les débats et faussé les jugements. Cependant, tous ont été conscients qu’elle n’était qu’une opinion tant qu’aucune position n’avait pas été fixée par l’autorité pontificale, s’y soumettant en avance. Celle déclaration ne pouvait non plus se produire sans que les prétendues difficultés ne perdent de leur pertinence et que n’éclate la vérité.

Contrairement aux paroles du pasteur qui lèvent les obstacles pour ne point avancer, si ce n’est dans l’accusation, l’Église cherche à éclairer davantage les âmes en puisant dans l’inépuisable trésor que Dieu lui a confié toute la vérité qu’Il a bien voulu nous transmettre. C’est ainsi que croit la semence divine dans la réalité humaine, semence qui parfois se lève dans le cœur des fidèles avant même qu’elle ne donne lieu à un enseignement clair et précis, semence qui parfois se lève dans une terre difficile tant elle est travaillée par des pensées bien humaines … 


Notes et références

[1] Pasteur Jérémy Duval, Regard protestant sur Marie, conférence du 12 août 2014, arras.catholique.fr.

[2] Notre étude s’appuie sur le Dictionnaire de théologie catholique, article « Immaculée Conception »,  M. Jugie, sous la direction de Jean Michel Alfred Vacant et continué sous celle de E. Mangenot, 1902-1950. S’ajoutent aussi d’autres références.

[3] Voir Émeraude, mars 2013, articles « Le pélagianisme : son histoire » et « Le pélagianisme : sa doctrine ».

[4] Saint Augustin, De la Nature et de la grâce.

[5] Saint Augustin, De la Nature et de la grâce.

[6] Par exemple, R. P. Dom Prospet Géranger, abbé de Solesmes, dans Mémoire sur la question de l’Immaculée Conception de la Très-Sainte Vierge, Mgr Thomas Gousset, cardinal archevêque de Reims dans La croyance générale et constante de l’Église touchant à l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, A. Vacant et E. Mangenot dans leur Dictionnaire théologique catholique.

[7] Par exemple, J. Tixeront dans Histoire des dogmes, tome II, de Saint Athanase à Saint Augustin, B. Sesboue dans Les Signes du Salut, Troisième Partie, chap. XVIII.

[8] Saint Augustin, Oput imperf. contra Julianum, livre IV, chap. CXXII.

[9] Voir Émeraude, mars 2021, article « L'homme, l'union d'un corps naturel et d'une âme rationnelle. Il n'est ni un corps, ni une âme, encore moins deux entités juxtaposées qui s'ignorent... ».

[10] Saint Anselme, De conceptu virginaii, 18, PL 158.

[11] Voir Émeraude, décembre 2022, article « L’Immaculée Conception, une invention ? Non, une vérité révélée qui s’est éclaircie avec le temps ».

[12] Saint Eadmer, Traité sur la conception de Marie, n°10, 11 et 13.

[13] Osbert de Clare, Sermon de la sainte conception de Marie.

[14] Alexandre de Halés, Summa, 1, q. XI, m. III.

[15] Plus tard, les deux modes de rançon seront appelés « rédemption libératrice » et « rédemption préservatrice ». Le premier consiste à payer la rançon de quelqu’un quand il est déjà dans les fers, le second à la payer avant que le droit de servitude ne s’exerce bien qu’il soit acquis.

[16] Duns Scott, Commentaire sur les Sentences, Ad quaestionem dico, n°9-10.

[17] Duns Scott, Commentaire sur les Sentences, dist. XVIII, q. I, n°3, t. XIV.

[18] Dictionnaire théologie catholique, article « Immaculée conception ».

mardi 20 décembre 2022

L'Immaculée Conception (1/2), une invention ? Non, une vérité révélée qui s'est éclaircie avec le temps ...

« Je suis l’Immaculée Conception », répond la belle Dame à la jeune Bernadette. Nous sommes le 25 mars 1858 à Lourdes. Ce sont les dernières paroles qu’elle lui adresse. La bergère les répète à un prêtre qui accueille mal la voyante et la renvoie brusquement. Il est en fait un peu dérouté par l’étrangeté de cette phrase. « Je suis l’Immaculée Conception. »[1] La formule est brève, simple et claire. Elle renvoie au dogme de l’Immaculée Conception que le pape le bienheureux Pie IX a solennellement proclamé le 8 décembre 1854 dans l’encyclique Ineffabilis Deus

« Nous déclarons, nous prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la Bienheureuse Vierge Marie, a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi, elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles. »[2]

L’Église enseigne que Sainte Marie a été engendrée sans la tache du péché originel contrairement à tous les hommes. Son âme n’est donc pas dans un état d’aversion de Dieu et de privation de la grâce sanctifiante. Au contraire, elle jouit de la plus étroite unité et de la plus grande amitié avec Dieu dès sa conception Elle a été préservée du péché originel en raison des mérites de son Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ

L’Immaculée Conception n’est reconnue ni par les protestants ni par les orthodoxes qui accusent les catholiques de l’avoir inventée. Elle devient alors un élément de plus dans la division des chrétiens. Mais est-elle vraiment une invention des catholiques ?

Le refus des protestants et des orthodoxes

Les protestants « refusent de considérer la mère de Jésus comme une personne qui aurait échappé à notre condition humaine, c’est-à-dire pécheresse. »[3] Ils refusent tout privilège particulier à Sainte Marie, toute perfection et toute sainteté particulières. De même, les orthodoxes voient dans chaque homme les suites du péché d’origine et ils récusent l’idée de toute idée de pureté originelle en Sainte Marie. « La Vierge naquit comme tout le monde sous le péché, c’est-à-dire avec les suites du péché originel. Il parait impossible de faire une exception en sa faveur. Bien qu’elle ait été choisie dès le sein de sa mère, elle naquit néanmoins avec la nature viciée de l’homme déchu. »[4] Ils rejettent donc tout privilège à Sainte Marie bien qu’ils acceptent une certaine pureté en elle. « Elle fut conçue et naquit dans le péché originel, mais cela ne l’empêcha pas de se conserver immaculée et d’être l’instrument très pur du mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu. Telle est notre foi à nous, Orientaux ». Il distingue ainsi la pureté par nature et la pureté obtenue, l’innocence naturelle et l’innocence morale. Entre elles, il y a un abîme qui ne peut être comblé, y compris chez Sainte Marie. « Ce pont a été construit dans la suite dans l’Église latine. »[5]

La lumière de la Sainte Écriture 

Pour répondre aux accusations des protestants et orthodoxes, notre premier réflexe est de nous tourner vers la Sainte Écriture. Mais comme nous l’avons déjà énoncé, les doctrines portant sur Sainte Marie ne sont guère explicites dans les pages sacrées tant la Sainte Vierge y est discrète. Seule sa maternité divine est clairement formulée. Elle est comme une étoile que masque la lumière divine de son Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ. 

Néanmoins, plusieurs passages évangéliques nous éclairent sur quelques vérités se rapportant à elle comme son Immaculée Conception…

La Sainte Écriture exprime en effet implicitement ou indirectement la doctrine de l’Immaculée Conception. Nous pouvons citer deux passages, celui de la Genèse dit le « Protévangile »[6], dans lequel Dieu annonce au diable qu’Il mettra « l’inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne » (Genèse, III, 15) et celui de la salutation angélique (Luc, I, 28).

Le « Protévangile » fait l’objet de nombreuses interprétations des Pères de l’Église et peut porter à confusion. Cependant, elle évoque nettement l’union qui existe entre « la postérité» et « la femme » dans l’œuvre de la Rédemption et dans la victoire contre le diable. La victoire de cette postérité ne peut donc être complète si la femme est soumise, ne fut-ce qu’un instant, au diable. Or, selon l’interprétation messianique de l’Église, la postérité désigne Notre Seigneur Jésus-Christ, la femme, Sainte Marie. Cela implique donc que Sainte Marie ne peut être soumis au péché originel qui briserait cette union.

Dans la scène de l’Annonciation, l’ange Gabriel s’adresse à Sainte Marie en la nommant « pleine de grâces ». Cette salutation singulière, encore jamais employée dans la Sainte Écriture, nous la montre comme digne de toutes les faveurs divines. Le terme grec employé est équivalent comme un nom caractéristique qui tient lieu de nom propre. Elle se caractérise donc par une plénitude de grâces.

La lumière de la raison

L’encyclique Ineffabilis Deus revient sur la convenance de l’Immaculée Conception : « il convenait qu’elle resplendit toujours de l’éclat de sa sainteté la plus parfaite, qu’entièrement préservée même de la tache du péché originel, elle emportât ainsi le triomphe le plus complet sur l’antique serpent, elle, la Mère si vénérable à qui Dieu le Père avait résolu de donner son Fils unique, […] ; elle que le Fils de Dieu lui-même avait choisie pour en faire substantiellement sa Mère ; et dans le sein de laquelle le Saint-Esprit avait voulu et opéré que fût conçu et naquît Celui dont il procède Lui-même. »[7] C’est donc en raison de sa dignité suréminente de Mère de Dieu qu’elle fut conçue sans le péché originel afin que la demeure de Dieu ne soit pas atteinte un instant par la souillure originelle. Nous retrouverons cette argumentation chez des Pères et les Docteurs de l’Église.

Les premières lueurs

Depuis les premiers temps du christianisme, nombreux sont les Pères de l’Église qui proclament la sainteté de Sainte Marie tant chez les Orientaux que chez les Occidentaux. Écoutons par exemple la prière que Saint Éphrem de Nisibe (v. 306-373) adresse à Notre Seigneur Jésus-Christ. Les images qu’il emploie pour nommer Sainte Marie sont des symboles d’une pureté extraordinaire : « Pleine de grâce, […] toute pure, toute immaculée, toute digne de louange, toute intègre, toute bienheureuse, […] vierge d’âme, de corps et d’esprit, […] arche sainte […] belle par nature, tabernacle sacré que le Verbe […] a travaillé de ses mains divines, […] complètement étrangère à toute souillure et à toute tache du péché. »[8] Sa pureté dépasse « incomparablement même les puissances spirituelles ». Les Pères de l’Église occidentaux, surtout depuis Saint Ambroise, enseignent aussi la sainteté totale de Sainte Marie, ne lui admettant aucun péché en raison de sa maternité divine. Néanmoins, rien ne permet d’identifier dans leurs discours comment elle a obtenu cette sainteté et à quel moment …

Les premières illuminations

Il faut attendre le IVe siècle, en Orient, pour que des témoignages émettent clairement l’idée selon laquelle Sainte Marie est née sans souillure du péché. Tel celui de Théodote d’Ancyre (mort en 446) au concile d’Éphèse. « Celui qui a créé la vierge d’autrefois », c’est-à-dire Ève, « sans opprobre, a fait naître la seconde sans souillure. »[9] Elle n’a donc pas connu les malheurs provenant de la première femme. Nous trouvons ainsi la comparaison entre Ève et Marie qui illustre bien l’état premier de Sainte Marie.

De très bonne heure, les Pères de l’Église ont mis en parallèle ces deux femmes, la première qui conduit par désobéissance au péché du premier homme, la seconde ouvre par son obéissance la voie de son salut. Or cette comparaison n’est valable que si elles sont toutes les deux dans le même état et disposent de la même liberté, l’une l’usant pour le mal, l’autre pour le bien. Or comment Sainte Marie pourrait-elle être totalement libre si elle était soumise au péché originel ? Elle est comme Ève l’était avant de commettre sa désobéissance.

Deux siècles plus tard, au VIIIe siècle, Sainte André de Crète (v. 660 – 740) reprend ce parallèle. Il compare Sainte Marie à une terre pure et vierge avec laquelle Dieu avait formé Adam, et surtout sa naissance à la création de la première femme avant le péché. Ainsi, il estime non seulement que Sainte Marie est sans tache ni souillure mais surtout que cette sainteté est originelle. Il l’appelle alors « immaculée »[10] et honore « la sainte conception de la chaste Mère de Dieu »[11]. Elle est enfin dite « fille de Dieu » parce que, non seulement elle est fille d’une promesse mais aussi qu’elle est « une argile divinement façonnée par l’Artiste divin, un ferment saint pénétré de la vie divine, et que sa conception s’est produite par une intervention spéciale de Dieu. »[12]

Nous pouvons encore faire intervenir un Père de l’Église de son époque, Saint Jean Damascène (675-749), qui affirme aussi que, de part sa maternité divine, la conception de Sainte Marie est toute sainte et sans tache. Cependant, nous trouvons aussi dans ses homélies l’idée de purification de Sainte Marie lors de l’Annonciation[13], thèse généralement retenue dans l’Église d’Orient.

Si leurs discours ne proclament pas l’Immaculée Conception telle qu’elle est définie dans l’encyclique de Pie IX, ils nous rapprochent néanmoins de l’idée selon laquelle Sainte Marie est conçue sans souillure comme la première femme Ève en raison d’une intervention divine.

La clarté de la fête de la Conception de Marie

À la même époque, à la fin du VIIe siècle ou au début du VIIIe siècle, l’Orient connaît une fête en faveur de la conception de Sainte Marie. Célébrée le 9 mai, elle porte le nom de l’ « Annonce de la Conception de la Mère de Dieu », puis de la « Conception de la Mère de Dieu ». Elle a probablement été instituée pour compléter le cycle des fêtes mariales.

Comme l’indique le nom, la fête célèbre l’annonce de la naissance de Sainte Marie faite par un ange à ses parents Joachim et Anne, pourtant stérile. Cette fête ressemble fortement à celle de Saint Jean Baptiste. Elle est aussi et surtout la fête de la conception de la Mère de Dieu comme le montrent des titres d’homélies.

La naissance de Marie tient beaucoup de place dans les textes liturgiques de cette fête et dans les sermons. La liturgie parle continuellement de la conception de la Mère de Dieu, de la conception de la Vierge toute-immaculée, ou encore de la vénérable conception de la seule pure. Délaissant alors le miracle de l’annonce, elle perçoit dans la naissance de Sainte Marie son Fils et son œuvre rédemptrice. Les homélies « parlent alors d’une intervention toute spéciale de la Trinité sainte pour préparer le palais du Verbe fait chair. »[14] C’est au cours de cette fête que Saint André de Crète et Saint Jean Damascène prononcent leurs homélies en faveur d’une conception immaculée de Sainte Marie. Elles fêtent ainsi la Vierge immaculée, exempte de toute souillure dès le premier instant de son existence.

Une lumière qui s’étend en Europe

Cette fête apparaît ensuite en Occident, d’abord en Italie Méridionale au IXe siècle puis en Irlande, en Angleterre et en Espagne au XIe siècle, et enfin en France, à Lyon au XIIe siècle. Au XIVe siècle, les papes l’autorisent finalement puis y participent lors de leur séjour à Avignon. En 1476, Sixte IV étend la fête à toute l’Église latine. Enfin, par la bulle Commissis nobis du 6 décembre 1708, le pape Clément XI l’impose à toute l’Église et l’insère au nombre des fêtes que les fidèles sont tenus d’observer.

Une lumière qui s’affermit et se précise

Revenons sur le cas de l’Angleterre. À la fin du XIe siècle, après une certaine éclipse, sans-doute en raison de la conquête de l’Angleterre par Guillaume de Conquérant, la fête de la Conception de Marie renaît dans l’île grâce à des bénédictins, notamment à Elsin, moine de Saint-Augustin qui l’a rétablie dans son abbaye. C’est ensuite Saint Anselme qui œuvre pour son rétablissement avec ses disciples dont Saint Eadmer, futur archevêque de Cantorbéry. Un concile tenu à Londres en 1129 approuve la restauration de la fête de Conception immaculée de Marie qui s’étend dans tout le royaume avant de toucher d’autres contrées.

Cependant, si Saint Anselme déclare convenable que Sainte Marie brille de la plus haute pureté sans aller affirmer sa conception immaculée comme l’entend le dogme, Saint Eadmer va plus loin. Il ne trouve pas convenable d’admettre pour la demeure de la divine sagesse quelque péché que ce soit, ce que déclarait déjà Saint Augustin, y compris le péché originel. « De la sainte Vierge Marie, pour l’honneur du Christ, je ne veux pas qu’il soit question lorsqu’il s’agit de péchés. Nous savons en effet qu’une grâce plus grande lui a été accordée pour vaincre de toutes parts le péché par cela même qu’elle a mérité de concevoir et d’enfanter celui dont il est certain qu’il n’eut aucun péché. »[15] Ainsi, Eadmer défend l’idée d’une sainteté originelle de Sainte Marie.

Dans son traité De la Conception de Sainte Marie, Eadmer répond ceux qui prétendent que « la Mère de Dieu a été soumise au péché originel jusqu’au moment de l’Annonciation et purifiée ensuite par sa foi à la parole de l’ange selon la parole de l’Écriture »[16]. Il s’oppose à cette idée tenue surtout en Orient. En Occident, l’idée qui semble prédominer est la sanctification ou la purification de Marie dans le sein de sa mère comme à l’image de Saint Jean Baptiste. Eadmer s’oppose à ces thèses et peut le faire puisque l’Église ne l’enseigne pas et que « des raisons supérieures me détournent de cette opinion. » Cela reste donc en effet une opinion.

Si sa pensée dépasse celui de son maître, elle en est toutefois une conclusion logique. « En considérant l’éminence de la grâce divine en vous, ô Marie, je remarque que vous êtes placée d’une façon inestimable, non parmi les créatures, mais, à l’exception de votre Fils, au-dessus de tout ce qui a été fait. D’où je conclus que dans votre conception, vous n’avez pas été enchaînée par la même loi connaturelle aux autres hommes, mais que vous êtes restée complètement affranchie de l’atteinte de tout péché, et cela par une vertu singulière et une opération divine impénétrable à l’intelligence humaine. »[17]

Contrairement à la sanctification de Saint Jean-Baptiste dans le sein de sa mère, Eadmer précise clairement que Sainte Marie a été remplie de grâce dès le commencement de sa conception. Sa conception est comme la première pierre du fondement du temple où le Fils de Dieu doit venir habiter. Si cette base est viciée par le péché, toute la structure de l’édifice en est ébranlée. Si la racine de la tige de Jessé est souillée, toute la plante et sa fleur en sont condamnées. Par conséquent, il n’y a pas deux instants à distinguer dans la conception de Sainte Marie, un premier moment où elle a été souillée, un second où elle en a été purifiée. À aucun moment, elle n’a été sous l’emprise du démon. Cependant comme le déclare aussi Eadmer, « si la foi catholique l’enseigne, je m’y soumets ».

L’éclat définitif au XIVe siècle par le Docteur subtil

Au XIVe siècle, le bienheureux Jean Duns Scot (1266-1308), dit docteur subtil, est le « chantre du Verbe incarné et défenseur de l’Immaculée Conception »[18]. Renouant avec Saint Eadmer, il la justifie par la même argumentation : « Marie ne contracta pas le péché originel justement à cause de l’excellence de son Fils, dans ce sens qu’Il est rédempteur, réconciliateur et médiateur. »[19]

Mais, sur deux points, Duns Scott approfondit la doctrine. D’une part, comme le note un de ses élèves, il parle de préservation : « la perfection du Médiateur demande […] la préservation de toute faute, même originelle »[20]. Il n’y a donc ni sanctification ni purification. D’autre part, il met en avant l’argument de la rédemption préventive. L’Immaculée Conception est alors décrite comme le chef d’œuvre de la rédemption opérée par Notre Seigneur Jésus-Christ. Par conséquent, Sainte Marie n’est pas exclue du plan divin. Elle a aussi été rachetée par son Fils mais de manière spécifique…

Duns Scott établit son argumentation théologique à partir des relations de Sainte Marie et de son Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ, et de sa maternité divine, et en dernière analyse dans la christologie. La pureté du Fils implique celle de sa Mère. La preuve relève de la théologie et non de la Sainte Écriture.

La voix de l’autorité

La première proclamation de l’Immaculée Conception date de 1429. Le concile de Bâle la définit en des termes proches de ceux du bienheureux Pie IX et institue la fête le 8 décembre pour toute l’Église. Cependant, comme ce concile était déjà schismatique et condamné en raison de ses thèses conciliaristes, cette proclamation n’a aucune valeur magistérielle.

Au XVème siècle, à deux reprises, Sixte IV (1414-1484), pape en 1471, déclare que l’Immaculée Conception est un point de doctrine libre qui ne peut faire l’objet d’aucune condamnation[21]. La fête de la conception de l’Immaculée Conception que l’Église de Rome célèbre solennellement et publiquement est aussi défendue et favorisée. Le concile de Trente renouvelle les décisions de Sixte IV dans le décret traitant du péché originel tout en y excluant la Sainte Vierge comme si celle-ci en était une exception possible. Il. « Ce même concile déclare qu’il n’est pas dans son intention de comprendre dans ce décret, où il est traité du péché originel, la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, mais que l’on doit observer les constitutions de Sixte IV, d’heureuse mémoire, sous la menace des peines qui y sont contenues et il les renouvelle. »[22] D’autres papes renouvellent la décision de Sixte IV et exigent de ne pas attaquer la doctrine de l’Immaculée Conception tout en s’abstenant de prêcher et d’enseigner que Saint Marie ait été conçue dans le péché originel.

Enfin, en 1661, Alexandre VII reprend l’ensemble des décisions de ses prédécesseurs dans une Constitution apostolique[23] en faveur de l’Immaculée Conception, qu’il désigne comme une pieuse croyance. Il approuve formellement l’Immaculée Conception et reconnaît l’ancienneté de son culte sans néanmoins l’imposer.

Conclusions

Afin d’examiner avec soin la question de l’Immaculée Conception, Pie IX institue une congrégation formée de cardinaux, consulte de nombreux théologiens puis demande aux évêques du monde entier de faire connaître par écrit leur position à l’égard de ce point. Et c’est à partir de leurs réponses qu’il décide de définir et de proclamer le dogme de l’Immaculée Conception le 8 décembre 1854 par l’encyclique Ineffabilis Deus.

Il faut convenir que le dogme ne s’appuie pas explicitement sur la Sainte Écriture ou sur des traités des Pères de l’Église, insuffisants à eux-seuls. Il a fallu du temps pour que leurs interprétations scripturaires et leurs écrits s’éclairent mutuellement entre la cohérence du mystère de l’Incarnation et le rôle qu’y joue Sainte Marie. Comme l’écrit Pie IX, l’Immaculée Conception est une des vérités qui se trouvent à peine ébauchée, à l’état de semence déposé par la foi des Pères. C’est alors le rôle de l’Église de « s’appliquer à les éclaircir, à les développer pour donner à ces dogmes de la céleste doctrine, l’évidence, la lumière et la netteté, sans toutefois qu’ils perdent rien de leur plénitude, de leur intégrité, de leur propriété, et qu’ils croissent mais seulement dans leur genre, c’est-à-dire dans les limites de dogme, de sens et de doctrine qui les constituent. »[24]


Notes et références

[1] Par ce terme abstrait, Notre Dame nous révèle quelque chose d’essentiel à son être. « Elle nous dit l’acte qui la constitue. […] Elle s’identifie purement et simplement à la grâce de son immaculée conception. » (Jean-Marie Hennaux, La formule de Lourdes : « Je suis l’Immaculée Conception », dans Nouvelle revue théologique, 2008/1, tome130, cairn.info.)

[2] Pie IX, constitution apostolique, Ineffabilis Deus, 8 décembre 1854, Denzinger 2803.

[3] Elian Cuvilier, Marie, qui es-tu ?, Cabédita, 2015.

[4] A. Leredev, Différences entre l’Église orientale et l’Église occidentale sur la doctrine relative à la Très Sainte Marie, Mère de Dieu. De l’Immaculée Conception, 2ème édition, Saint Pétersbourg 1903, dans Le Dogme de l’Immaculée Conception d’après un théologien russe contemporain, Jugie Martin, Échos d’Orient, tome 19, n°117, 1920.

[5] A. Leredev, Différences entre l’Église orientale et l’Église occidentale sur la doctrine relative à la Très Sainte Marie, Mère de Dieu. De l’Immaculée Conception.

[6] Voir Émeraude, septembre 2013, article « Le Protévangile, première bonne nouvelle ».

[7] Ineffabilis Deus, Denzinger 2801.

[8] Saint Éphrem de Nisibe, Prières à la Très Sainte Mère de Dieu, œuvre de saint Éphrem, édition Rome, tome III.

[9] Théodote d’Ancyre, Homélie IV sur la mère de Dieu, dans Histoire des dogmes, tome II, de Saint Athanase à Saint Augustin, B. Sesboue.

[10] Saint André de Crète, Homélie pour la fête de la nativité de Sainte Marie, P. G., tome XCVII, dans Saint André de Crète et l’Immaculée Conception, Martin Jugie, dans Échos d’Orient, tome 13, n°82, 1910.

[11] Saint André de Crète, Homélie pour la fête de la nativité de Sainte Marie.

[12] Saint André de Crète, Homélie pour la fête de la nativité de Sainte Marie.

[13] Saint Jean Damascène, Exposé précis de la foi orthodoxe, 46.

[14] Maria, Études sur la Sainte Vierge, sous la direction d’Hubert du Manoir, S. ., tome I, Beauchesne et Fils, 1949.

[15] Saint Augustin, De la Nature et de la grâce.

[16] Saint Eadmer, Traité de la conception de Marie, c.13 dans La Conception Immaculée de la Vierge Marie, La première apologie du dogme de l’Immaculée Conception par Eadmer, moine de Cantorbéry (1124), introduction et traduction par DOMB. Del Marmol, moine de Maredsous, 1923.

[17] Saint Eadmer, Traité de la conception de Marie, c. 12.

[18] Benoit XVI, audience générale du 7 juillet 2010, vatican.va. C’est aussi par ses mots que Jean-Paul II l’a défini le 20 mars 1993 en le déclarant bienheureux.

[19] Bienheureux Duns Scot, En III sententiarum, d3, q 1.

[20] Reportatio parisiensis, III, d. 3, q. 2 dans Duns Scot et l’Immaculée Conception, René Laurentin, site Web 30giorni.it.

[21] Sixte IV défend l’Immaculée Conception dans deux constitutions : Cum praexcelsa, 27 février 1477, Denzinger 1400 et Grave nimis, 4 septembre 1483, Denzinger 1425.

[22] Décret sur le péché originel, Concile de Trente, 5ème session, §6, 17 juin 1546, Denzinger 1516.

[23] Voir Sollicitudino omnium ecclesiarum, 8 décembre 1661, Denzinger 2015-2017.

[24] Constitution Ineffabilis Deus, Pie IX, Denzinger 2802.