Parfois,
nous entendons des âmes affirmer fièrement leur liberté. Pourtant, il suffit qu’elles
se posent et lèvent les yeux pour s’apercevoir qu’elles sont finalement de
malheureuses esclaves. Elles ne voient guère leurs chaînes encore moins leur
prison dorée. Elles servent des pensées qui ne sont pas les leurs. Elles sont
libres de parler mais pensent-elles ?
De
nos jours, il est de beau ton de critiquer l’autorité sous toute ses formes. Il
est louable aux yeux du monde de refuser toute hiérarchie. Nul n’est sérieux
aujourd’hui s’il ne manifeste pas de la méfiance à l’égard de toute institution.
L’air du temps est si imprégné de ce funeste mépris qu’il est difficile d’en
être préservé. Certes, de nombreux exemples justifient une certaine prudence
mais faut-il saper l’autorité elle-même parce que certains s’en montrent
indignes ? Mais le vide n’existant
pas, les uns sont chassés pour que d’autres puissent prendre leur place.
Atteintes
de ce mal, certaines âmes s’éloignent de
l’Église catholique ou refusent de s’y approcher, ne voyant en elle qu’une
institution comme tant d’autres. Ils songent sans-doute à une Église uniquement
spirituelle dans laquelle le croyant est libre de croire et de pratiquer comme
il le désire, sans contrainte ni obligation, n’y voyant qu’un moyen de
satisfaire ses sentiments religieux, bref une sorte de supermarché. Cette
vision de l’Église n’est pas nouvelle. Elle est à l’origine de nombreuses
confessions protestantes. Mais la nature de l’Église n’est pas le seul point
contesté. L’idée selon laquelle l’Église a été fondée par Notre Seigneur
Jésus-Christ est aussi niée, notamment depuis le début du XXème siècle.
Mais
des catholiques eux-mêmes ont une certaine vision de l’Église insoutenable ou
du moins incompréhensible. Par exemple, certains catholiques ne voient plus en
l’Église l’unique arche de salut. Ils croient probablement qu’elle n’est qu’une
voie parmi tant d’autres pour aller jusqu’à Dieu. Le salut serait possible,
disent-ils, en aimant Dieu de manière authentique tout en demeurant hors de
l’Église. Une certaine interprétation des textes du second concile de Vatican pourrait
certes justifier leurs croyances mais des déclarations de la congrégation de la
foi les démentiraient aussitôt. Cependant, se soucient-ils encore de ce que
disent les autorités romaines lorsqu’elles viennent contrarier leurs convictions ?
On ne quitte pas une prison lorsqu’imperceptible, elle offre jouissance et plaisir…
Un
des drames de notre époque est sans-doute l’incompréhension de ce qu’est
l’Église. Nombreuses sont les erreurs qui éloignent les âmes de ce qu’elle est.
Et peu nombreuses sont les âmes qui tentent d’enlever le voile épais qui la
recouvre. Une part de responsabilité revient certainement aux autorités de
l’Église. Contrairement à ses objectifs, le second concile de Vatican n’a pas
réussi à donner une définition claire de ce qu’elle est. Il a plutôt égaré bien
des âmes en voulant donner une nouvelle ecclésiologie, balayant naïvement et
avec un triomphalisme insupportable toute la doctrine passée. « Il est à peine exagéré de le dire : il a
fallu quasi deux mille ans pour pouvoir enfin construire, à Vatican II, une
vision quelque peu complète de la doctrine de l’Église. »[1] Pouvons-nous
entendre une telle arrogance sans crier au mensonge et à l’insupportable
injustice ? Nous souffrons aujourd’hui d’un discours qui manque de clarté
et de cohérence. Les mouvements œcuméniques ont apporté ambiguïtés et
confusions. Là se trouve l’échec d’une voie qui a vidé nos églises…
Pour
répondre à tous les discours qui remettent en cause ce qu’est l’Église, pour
mieux finalement saisir ce qu’elle est, il est indispensable de revenir aux
sources de notre foi, notamment à la Sainte Écriture.
L’origine
du mot
Le
terme d’église est tiré du grec « ekklêsia »
qui signifie « assemblée ».
Il désigne à l’origine une assemblée de citoyens convoqués par un crieur
public. Ainsi nous apprenons dans les Actes des Apôtres que les affaires à
régler, autres que les plaintes, sont décidées dans une assemblée générale (cf.
Actes
des Apôtres, XX, 39). Le nom
d’église est aussi appliqué à toute sorte d’assemblée comme celle des méchants
comme nous le lisons dans les Psaumes. « Je hais l’église des méchants, et je ne m’assiérai point avec les
impies. » (Psaumes, XXV, 5)
Dans
la Sainte Écriture, il est généralement utilisé par les traducteurs grecs de
l’Ancien Testament pour rendre l’hébreu « qahal » qui signifie « convocation », celle du peuple appelé à se rassembler sur
l’ordre de Dieu et des chefs qu’Il a choisis. Il est par exemple employé
lorsque Yahvé rassemble son peuple pour lui fait entendre ses lois sur le mont
Horeb : « assemble-moi le
peuple et je le ferai entendre mes paroles » (Deut., IV, 10) Comme dans
le cas précédent, l’église ne désigne pas une assemblée qui se forme
d’elle-même et sans but.
Le
terme « sunagôgè » a un sens très voisin. Il désigne l’action de
se réunir mais aussi, comme le terme d’« ekklêsia », le résultat de cette action, c’est-à-dire
l’assemblée réunie. À partir du IIIème siècle, il désignera aussi le lieu où
l’assemblée se réunit. Saint Jacques utilise ce terme dans son épître alors
qu’il s’agit d’une assemblée de chrétiens. Le terme « sunagôgè », ou synagogue, sera finalement employé au profit de
la seule religion juive.
L’Église
en tant qu’assemblée locale de chrétiens
La
Sainte Écriture applique parfois le terme d’Église à l’assemblée des chrétiens
qui se réunissent dans une maison particulière. Ils s’assemblent où ils
peuvent, chez celui qui peut mettre à leur disposition une salle suffisamment
grande. Ainsi Saint Paul salut l’Église qui se réunit chez Prisca et Aquilas (cf.
Romains,
XVI, 5) ou encore chez Nymphas (Colossiens, III, 15).
Le
terme peut aussi désigner l’ensemble des chrétiens d’une même cité ou d’une
même région. Dans les Actes des Apôtres, Saint Luc nous
parle par exemple de « la
persécution contre l’Église de Jérusalem » (Act. Ap., VIII, 1), de
l’Église d’Antioche qui accompagne les apôtres Saint Paul et Saint Barnabé (Act.
Ap., XV, 3), « des Églises
de Judée qui sont en Christ » (Galates, I, 22), des Églises de
Macédoine (II Corinthiens, VIII, 1), des Églises de Galatie (Galates,
I, 1), des Églises d’Asie (I Corinthiens, XVI, 19),
c’est-à-dire de la province romaine (ouest de l’Asie Mineure), dont Éphèse est
la capitale. Ainsi le terme d’Église peut désigner les Églises locales ou
groupe d’Églises.
Dans
ses épîtres, Saint Paul s’adresse à « l’Église
qui est à Corinthe » comme il s’adresse « à tous les saints […] dans l’Achaïe entière.
» (II Corinthiens, I, 1) ou encore « à l’Église des Thessaloniciens » (I Thessaloniciens, I, 1).
Dans l’Apocalypse, Saint Jean s’adresse « aux sept Églises qui sont en Asie » (Apocalypse, I, 4). Ce
sont les Églises « à Éphèse, et à
Smyrne, et à Pergame, et à Thyatire, et à Sardes, et à Philadelphie et à
Laodicée. » (Apocalypse, I, 11) Dans leur
salutation, Saint Paul et les autres Apôtres parlent aussi « à tous les bien-aimés de Dieu, les saints par appelés par
lui, qui sont à Rome» (Romains, I,
7), « aux fidèles sanctifiés en Jésus-Christ, aux saints appelés de Dieu »
(I
Corinthiens, I, 2), à ceux qui sont « élus selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de
l’Esprit, pour obéir à la foi et avoir part à l’aspersion du sang de
Jésus-Christ » (I Pierre, I, 2), « à ceux qui ont été appelés, qui sont aimés
en Dieu Père et gardés pour Jésus-Christ » (Jude, I, 1).
Dans ces adresses, les Apôtres parlent aux chrétiens qui ont été appelés ou élus par Dieu, ou encore aimés en Dieu, et qui demeurent dans le Christ. Le terme d’« Église » désigne l’ensemble des chrétiens qui répondent à un appel divin, à l’appel de la foi dans Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce sont aussi « ceux qui évoquent, en quelque lieu que ce soit, le nom de notre Seigneur Jésus-Christ » (I Corinthiens, I, 2). Enfin, ce sont « ceux à qui ont reçu avec nous une foi de même prix dans la justice de notre Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ » (II Pierre, I, 1).
Dans ces adresses, les Apôtres parlent aux chrétiens qui ont été appelés ou élus par Dieu, ou encore aimés en Dieu, et qui demeurent dans le Christ. Le terme d’« Église » désigne l’ensemble des chrétiens qui répondent à un appel divin, à l’appel de la foi dans Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce sont aussi « ceux qui évoquent, en quelque lieu que ce soit, le nom de notre Seigneur Jésus-Christ » (I Corinthiens, I, 2). Enfin, ce sont « ceux à qui ont reçu avec nous une foi de même prix dans la justice de notre Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ » (II Pierre, I, 1).
L’Église
en tant que l’ensemble des chrétiens
Notre
Seigneur Jésus-Christ emploie deux fois le terme d’Église et dans des
circonstances importantes. Le mot est utilisé une première fois quand Il nomme Saint
Pierre chef suprême de l’Église. « Et
moi je te dis que tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église [2] ;
et les portes de l’enfer[3]
ne prévaudront pas contre elle. » (Matth., XVI, 18) C’est sur la personne de Saint Pierre que
Notre Seigneur doit bâtir son Église.
Remarquons
deux choses. D’une part, c’est à cette occasion que Simon reçoit le nom nouveau
de Pierre. Ce changement de nom est d’une très grande importance dans la Sainte
Écriture. Il révèle une chose importante, c’est-à-dire sa place dans l’Église
ou encore sa mission. Il est la pierre fondamentale sur lequel doit s’élever
l’Église. Ce titre lui est directement attribué par Notre Seigneur
Jésus-Christ. D’autre part, notons que Notre Seigneur Jésus-Christ parle de son
Église et non d’une Église ou de l’Église. C’est bien son œuvre. Elle lui
appartient. Et elle est unique, universelle.
Lorsque
Notre Seigneur Jésus-Christ emploie une deuxième fois le terme d’Église, c’est
pour établir ses pasteurs. Il leur demande que « si ton frère vient à pêcher contre toi, va et reprends-le entre toi et
lui seul. S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux
personnes, afin que toute cause se décide sur la parole de deux ou trois témoins.
S’il ne l’écoute pas, dis-le à l’Église, et s’il n’écoute pas non plus
l’Église, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain. » (Matthieu,
XVIII, 15-17) Notons que Notre Seigneur parle à ses disciples comme si l’Église
existait déjà. Notons aussi qu’Il ne parle que d’une seule Église.
Et
ces deux passages se terminent par la même affirmation : « en vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez [4]
sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre
sera délié dans le ciel. » (Matthieu, XVIII, 18). La première
fois, Notre Seigneur parle à Saint Pierre (cf. Matthieu XVI, 19). Si le
pouvoir est accordé à ses disciples, Saint Pierre le reçoit à un titre éminent.
Non seulement Saint Pierre a une place fondamentale dans l’Église mais il a
aussi des fonctions essentielles. Comme un maître dans sa maison, il en a les
pleins pouvoirs.
Comme
nous l’avons noté, Notre Seigneur Jésus-Christ utilise le terme d’Église au
sens de société universelle des disciples du Christ. Ce sens est aussi employé
dans les Actes des Apôtres. « Et
Saul ravageait l’Église ; pénétrant
dans les maisons, il en arrachait les hommes et les femmes, et les faisait
jeter en prison. » (Act. des Ap., VIII, 2) Au
travers des chrétiens, c’est bien l’Église qui est malmenée, persécutée. Saint
Paul nous dira lui-même : « J’ai
persécuté l’Église de Dieu. » (I Corinthiens, XV, 9)
« L’Église était en paix dans toute la Judée, la
Galilée et la Samarie, s’édifiant et bâtissant dans la crainte du Seigneur, et
se multipliait, par l’assistance de Saint Esprit. » (Act.
des Ap., IX, 31) Cependant, dans ce dernier verset biblique, au
lieu d’« Église », certaines
versions bibliques portent plutôt « Églises »
comme dans le verset suivant : « les
Églises se fortifiaient dans la foi et croissant en nombre de jour en jour. »
(Act. des Ap., XVI, 5) Le terme prendrait donc le sens d’Églises locales.
Le
sens de société universelle est plus souvent utilisé dans les épîtres de Saint
Paul. Il demande aux chrétiens de ne pas être un « scandale ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’Église de Dieu. »
(I
Corinthiens, X, 32) Mais plus loin dans la même épître (XI, 16), nous
retrouvons aussi ce terme d’« Églises
de Dieu » pour désigner les églises locales.
Dieu
a donné le Christ pour « Chef
suprême à l’Église. » (Éphèse, I, 22) Le terme employé dans
ce verset a un sens incontestable. Plus loin, comparant le lien qui unit la
femme à son époux à celui qui unit le Christ à l’Église, il affirme de nouveau que
Dieu le Père « a tout mis sous
ses pieds et Il l’a donné pour chef suprême à l’Église » (Éphèse,
V, 22). Il est « la tête du corps de
l’Église » (Colossiens, I, 18). Ainsi, Saint
Paul présente l’Église comme étant une, sous la direction de Notre Seigneur
Jésus-Christ.
L’Église
comme Église céleste
Nous
trouvons une fois le terme d’« assemblée
des premiers nés » (Hébreux, XII, 23) pour désigner
l’Église céleste de ces fidèles « inscrits
dans les cieux ». Saint Jean la décrit comme « une foule immense, que personne ne pouvait
compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. »
(Apocalypse,
VII, 9)
L’Église
comme Corps mystique du Christ
Saint
Paul compare souvent l’ensemble des Chrétiens à des membres d’un seul corps,
marquant ainsi leur unité en dépit de leur diversité, et soulignant leurs liens
avec Notre Seigneur Jésus-Christ et avec eux-mêmes. « Car, de même que nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et
que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes
plusieurs, nous ne faisons qu’un seul corps en Jésus-Christ, et chacun en
particulier nous sommes membres les uns les autres. »(Romains,
XII, 4-5) Chacun a ses dons, sa fonction, sa place dans ce corps. Les Chrétiens
sont unis entre eux et sont dépendants les uns des autres.
Et
ce Corps est celui de Notre Seigneur Jésus-Christ. « Vous êtes le corps du Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa
part. » (I Corinthiens, XII, 27) Or ce corps est aussi l’Église. Dieu
« a tout mis sous ses pieds et il
l’a donné pour chef suprême à l’Église, qui est son corps, la plénitude de
celui qui remplit tout en tous. » (Éphésien, I, 22-23) Le
Christ est « le Sauveur de l’Église,
qui est son corps. » (Éphésiens, V, 23) Ce Corps est
« disposé et solidement assemblé au
moyen des nerfs et des jointures ». Du Christ dont Il est le chef, il
« tire l’accroissement que Dieu lui
donne. » (Colossiens, II, 19)
L’Église
comme Maison de Dieu
Saint
Paul écrit à Saint Timothée pour qu’il sache comment il faut se « conduire dans la maison de Dieu, qui est
l’Église de Dieu vivant, la colonne et le fondement de la vérité. » (I
Timothée, IV, 15) Or c’est en Notre Seigneur Jésus-Christ que tout
édifice « bien ordonné » s’élève
« pour former un temple saint dans
le Seigneur » (Éphésien, II, 21). Et « l’édifice de Dieu », « le champ de Dieu » (I
Corinthiens, III, 9), que Dieu fait croître, ce sont les Chrétiens.
Nous sommes « le temple de Dieu
vivant » (II Corinthiens, VI, 16). L’Église est le lieu du culte de Dieu
comme dans un Temple. Dieu en est le maître comme le maître de maison. Elle
désigne le lieu où nous pouvons Le connaître et Le rencontrer.
L’Église
comme une Épouse
Enfin,
Saint Paul utilise une dernière analogie pour désigner l’Église. « De même que l’Église est soumise au Christ,
les femmes aussi doivent l’être à leurs maris en toutes choses. » » (Éphésiens,
V, 24) Par cette image, il montre le lien qui unit le Christ et son
Église, c’est-à-dire l’amour de Notre
Seigneur pour son Église. C’est un lien intime et fort…
Et
dans une de ses visions, Saint Jean voit descendre du ciel « la ville sainte, une Jérusalem nouvelle, prête comme une épouse
qui s’est parée pour son époux ». Il entend alors une voix qui
dit : « voici le tabernacle de
Dieu avec les hommes : il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et
Dieu même sera avec eux comme leur Dieu. » (Apocalypse, XXI, 2-3) Et
avec l’Époux, l’Épouse dit : « Venez ! »,
« que celui qui a soif, vienne !
Que celui qui le désire, prenne de l’eau de la vie gratuitement ! »
(Apocalypse,
XXII, 17)
Dans
toutes ces images, analogies ou désignations, l’Église est fondamentalement liée
à Notre Seigneur Jésus-Christ. L’épouse n’existe pas sans époux, l’édifice sans
la pierre angulaire, le troupeau sans le pasteur, le corps sans la tête.
L’Église n’a pas de sens sans Notre Seigneur Jésus-Christ qui en est le chef.
Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même la nomme son Église. Elle est la sienne en
tant que maître. Il est la Tête du Corps. Mais ce lien est encore plus fort. Il
est aussi amour au point que parfois il y a identification entre Notre Seigneur
et son Église.
Si
dans les épîtres, elle désigne parfois ce qui deviendra la paroisse, le sens
d’Église une et universelle est nettement affirmé. L’image de l’Église comme un
Corps manifeste l’unité et l’universalité. Rappelons aussi le sens original de
l’Église. Elle est une assemblée qui est convoquée. Nous y entrons parce que
nous y sommes appelés par la foi. Avant le second concile de Vatican II,
« le catéchisme romain décrit
l’Église comme la réunion des fidèles qui ont été appelés à la lumière de la
vérité et à la connaissance de Dieu dans la foi »[5]. Et en y
entrant, nous entrons dans le Tabernacle.
Enfin,
Notre Seigneur Jésus-Christ emploie le terme d’Église pour définir le rôle de
Saint Pierre et des Apôtres. Nous sommes loin d’une Église sans direction ni
ossature ni structure, purement spirituelle, livrée aux membres. Ses membres
ont des fonctions diverses comme les membres d’un corps. Elle est donc visible
par ses chefs et par ses membres et en ses membres.
Finalement,
si la nature de l’Église n’est pas définie avec précision dans la Sainte
Écriture, tant elle paraît riche et difficilement saisissable en des
expressions simples, elle est néanmoins suffisamment discernable pour rejeter
certaines conceptions. Ses caractères de visibilité, d’unité, d’universalité y sont
nettement affirmés. L’idée selon laquelle l’Église serait uniquement
spirituelle ou encore née d’une initiative d’hommes ne résiste guère à une
lecture attentive de la Sainte Écriture.
Notes et références
[1] P. Tihon, Les Signes du Salut, tome III, 2ème partie, de l’Histoire des Dogmes, 1995, sous la direction de Bernard Sesboüé, Desclée.
[2] Pour être plus proche de l’araméen, nous pourrions encore traduire : « tu t’appelles Roc et sur ce roc, je bâtirai mon Église. » Ou encore « tu t‘appelles Pierre et sur Pierre, je bâtirai… » En araméen, le nom de Céphas que Notre Seigneur donne à Saint Pierre signifie exactement « roc ».
[3] Ou les Portes de l’Hadès. Elles désignent les puissances de mort, qui seront impuissantes contre l’Église. Les portes évoquent l’image de la puissance car c’est aux portes que les autorités rendaient la justice en Orient.
[4]Les termes de « lier » et « délier » signifient « défendre », « permettre », y compris dans le domaine doctrinale.
[5] Mgr Bernard Bartmann, Précis de Théologie dogmatique, Tome II, Livre 5, §137, éditions Salvator, 1944.
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