Dans son discours d’ouverture,
le Pape Jean XXIII souhaitait que le second concile de Vatican clarifie
l’enseignement de l’Église pour favoriser l’unité des Chrétiens dans un
contexte favorable au rapprochement. La constitution dogmatique Lumen
Gentium [1]
définit notamment ce qu’est l’Église. En effet, il n’est guère possible de
parler de l’unité des Chrétiens sans définir ce qu’est l’Église et des
relations qui existent entre l’Église et les communautés dites séparées. Le
texte conciliaire distingue l’Église du Christ, l’Église catholique et les
autres communautés.
Le second concile de Vatican ne définit pas l’Église en fonction de sa nature ou de ses membres mais en fonction des instruments de salut qu’elle possède. Il est dit que l’Église catholique possède seule en plénitude les moyens de salut que Notre Seigneur Jésus-Christ a fournis à l’Église alors que les autres communautés les possèdent partiellement. Ainsi ces dernières possèdent des moyens de salut même si leur force est tirée de l’Église catholique. De même, l’Église catholique possède seule en plénitude la vérité, les autres églises les possédant partiellement. C’est dans ce sens que l’Église « subsiste dans » l’Église catholique[2].
L’objectif de
clarification voulu par l’initiateur du concile ne nous semble pas atteint,
bien au contraire. La doctrine que nous venons de résumer nous semble trop
succinctement définie dans la constitution dogmatique et soulève de nombreuses
questions. L’ambiguïté des termes employés et le manque de précisions ont ainsi
obligé la congrégation de la foi à intervenir à plusieurs reprises pour définir
le sens du texte. Aujourd’hui encore, elle désoriente les catholiques. Elle
semble en effet remettre en cause l’enseignement traditionnel de l’Église au
point de favoriser le relativisme ou l’indifférence religieux. Que devient en
effet l’adage : hors de l’Église, point de salut ? Doit-il être
abandonné pour suivre l’orientation du second concile de Vatican ? Notre
article revient sur cette citation célèbre...
Selon Saint Cyprien de
Carthage
La phrase est tirée d’une
œuvre de Saint Cyprien de Carthage, intitulée De l’Unité de l’Église. Elle
a été écrite pour s’opposer à des schismatiques[3].
L’Église est l’« épouse du Christ »,
nous dit-il. « Elle nous garde pour
Dieu, elle met au monde des enfants pour son Royaume. » Ainsi,
continue-t-il, celui qui quitte l’Église commet un adultère. « Il ne pourra pas obtenir ce que l’Église
promet. Celui qui abandonne l’Église du Christ ne recevra pas les récompenses
du Christ. » Par conséquent, « c’est un étranger, un adversaire et un ennemi. » En effet,
« on ne peut pas avoir Dieu pour
Père quand on n’a pas l’Église pour mère. » Comme seul le bateau de
Noé a pu sauver l’humanité du déluge, « personne ne peut se sauver en dehors de l’Église. »[4]
La position de Saint
Cyprien est claire. Les textes post-conciliaires reviennent souvent sur son
ouvrage pour légitimer le mouvement œcuménique sans évoquer sa doctrine de
l’exclusivisme salutaire. Notons qu’elle donnera lieu à un conflit avec le Pape
car elle s’inscrit dans son refus de reconnaître la validité des baptêmes
conférés par des prêtres schismatiques.
Saint Cyprien soutient en
effet qu’ils font rebaptiser ceux qui ont reçu le baptême par des hérétiques ou
des schismatiques. Dans une lettre qu’il adresse à Quintus, il justifie sa
position : « il est manifeste que
ceux qui ne sont pas dans l'Église du Christ sont au nombre des morts, et qu'on
ne peut recevoir la vie de celui qui n'est pas lui-même vivant, attendu qu'il
n'y a qu'une Église qui, ayant obtenu la grâce de la vie éternelle, tout
ensemble vit éternellement, et vivifie le peuple de Dieu. »[5]
La citation est explicite dans deux des lettres de Saint Cyprien[6].
Selon Origène
Toujours au IIIe siècle, en
Orient, Origène a le même discours : « que personne donc ne s’illusionne, que personne ne se trompe
lui-même : hors de cette demeure, c’est-à-dire hors de l’Église, personne
n’est sauvé. » Ainsi « celui
qui en sort est lui-même responsable de sa mort »[7].
Le texte est tiré d’une homélie sur le récit historique de Josué et de l’installation
des Juifs en Palestine. Il interprète la conquête de la Terre promise sous la
conduite de Josué comme l’image charnelle de la conquête spirituelle du Royaume
des Cieux sous la conduite de Jésus, le chef du nouvel Israël qu’est l’Église.
L’homélie daterait de 239-242. Origène évoque aussi le récit de Rahab. Sa
maison, figure de l’Église, est seule sauvée de la destruction de Jéricho[8] car elle-seule a recueilli les envoyés de
Josué. Tous ceux qui y demeurent sont sauvés de la mort. Hors
du bercail, dont Notre Seigneur Jésus-Christ est la seule entrée, aucune brebis
ne peut être sauvée.
Deux remarques
Saint Cyprien et Origène
parlent essentiellement de ceux qui ont quitté l’Église en rompant l’unité de
foi ou l’unité de gouvernement en adhérant à une hérésie ou à un schisme. Ils
traitent aussi des apostats et des excommuniés, c’est-à-dire ceux que l’Église
a retranchés de son sein. Mais ils ne traitent pas du cas des incroyants et des
croyants des autres religions sans oublier les chrétiens qui, sans jamais avoir
appartenu à l’Église, ne vivent pas en communion avec elle.
La deuxième remarque
concerne le terme de l’Église. Saint Cyprien et Origène évoquent l’Église comme
étant visible et non d’une éventuelle Église invisible ou spirituelle. Leurs
discours traitent de problèmes concrets, ancrés dans une réalité bien comprise.
Sens de l’adage « Hors de l’Église, point de salut »
L’adage exprime que, hors
de l’Église, l’homme ne peut pas se sauver. Il n’existe pas d’autres portes de
salut, d’autres voies pour gagner son éternité. Saint Cyprien compare l’Église
à une mère qui par définition donne la vie. Certes elle n’est pas cause de la
vie mais plutôt le canal par lequel elle se donne. Mais il ne suffit pas de renaître
pour vivre, encore faut-il garder cette vie. L’Église donne donc aussi les
moyens de la préserver, de la développer, de la fortifier. C’est pourquoi Saint
Cyprien compare les hérétiques et les schismatiques à des morts. Ils ont reçu
la vie mais ils ne l’ont plus. Le salut appartient à ceux qui possèdent la vie
que seule l’Église peut donner et maintenir…
L’adage définit donc l’Église
comme seule dispensatrice du salut. Il s’oppose donc clairement à l’idée selon
laquelle d’autres religions détiennent des moyens de salut. Face au monde, elle
affirme son exclusivité.
Si Saint Cyprien ou
Origène sont les premiers auteurs chrétiens connus à avoir explicitement formulé
l’adage « Hors de l’Église, point de
salut », la vérité qu’elle exprime est nettement plus ancienne.
Rappelons d’abord qu’à
plusieurs reprises, Notre Seigneur Jésus-Christ s’affirme comme seul Sauveur et
unique Pasteur. Il est « le chemin,
la vérité et la vie », nous dit-Il (Jean, XIV, 6). Hors de
lui, point de salut. Sa mission est justement de sauver les hommes. Il est le
Messie tant attendu qui doit établir le Royaume de Dieu. Il est le Pasteur qui
doit rassembler le troupeau. « Je suis la
porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jean, IX, 9). Il est l’unique Sauveur…
Les Apôtres prêchent la
même nécessité, la même exclusivité. « Le
salut n’existe pas en aucun autre ; car il n’y a pas sous le ciel un autre
nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. »(Actes
des Apôtres, IV, 12)
L’Église, institution de
salut
Avant son Ascension, Notre Seigneur Jésus-Christ avertit les Apôtres qu’Il doit les laisser. Puis, il « fut enlevé au ciel » (Marc, XVI, 19). Il ne les laisse pas seuls. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles. » (Matthieu, XXVIII, 20) Pour poursuivre son œuvre, Il fonde l’Église. Selon la doctrine catholique, Notre Seigneur Jésus-Christ « a résolu de construire la Sainte Église dans laquelle, comme dans la maison du Dieu vivant, tous les fidèles seraient réunis par le lien d’une seule foi et d’une seule charité » afin de « rendre durable l’œuvre du salut de la Rédemption »[9].
Notre Seigneur Jésus-Christ a acquis les moyens de salut au profit de l’homme. L’Église doit désormais les appliquer. Ainsi les Apôtres sont les « serviteurs du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu. »(I Épître aux Corinthiens, III, 11). Elle est bien une institution de salut. Elle précède la communauté, la fonde et la maintient. Elle est ensuite la société des fidèles. Cela ne signifie pas qu’elle n’est qu’institution de salut…
Notre Seigneur Jésus-Christ a acquis les moyens de salut au profit de l’homme. L’Église doit désormais les appliquer. Ainsi les Apôtres sont les « serviteurs du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu. »(I Épître aux Corinthiens, III, 11). Elle est bien une institution de salut. Elle précède la communauté, la fonde et la maintient. Elle est ensuite la société des fidèles. Cela ne signifie pas qu’elle n’est qu’institution de salut…
L’ordre de mission que
reçoivent les Apôtres est une conséquence de la mission dévolue à l’Église.
L’évangélisation n’a pas de sens si elle n’est pas liée à l’idée du salut. « Allez par tout le monde et prêchez
l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ;
celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc, XVI, 15-16) Les
paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ signifient d’une part que le baptisé
peut être sauvé. Mais cela ne suffit pas. Pour être sauvé, il y aussi une
deuxième condition, l’obligation de croire. Cette dernière est si importante
que celui qui n’a pas la foi est nécessairement perdu. « Celui qui ne croira pas sera condamné. »
Mais que croire ? Ce
qu’enseignent les Apôtres. À ses disciple, Notre Seigneur leur dit bien :
« celui qui vous écoute, m’écoute,
et celui qui vous méprise, méprise celui qui vous a envoyé. » (Luc,
X, 16) Sodome et Gomorrhe, qui ont été détruites par Dieu pour leur immoralité,
seront mieux jugées que ceux qui ont repoussé la prédication chrétienne. Dans
leurs lettres, les Apôtres rappellent alors aux différentes communautés
qu’elles doivent demeurer fidèles à leur enseignement. Saint Paul prévient aux
Galates que, « quand nous-mêmes,
quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre Évangile que celui que
nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! »(Galates,
I, 8) Saint Jean avertit du danger des séducteurs. « Prenez garde, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail,
mais que vous receviez une pleine récompense. Quiconque va au-delà et ne
demeure pas dans la doctrine du Christ, n’a point Dieu : celui qui demeure
dans cette doctrine a le Père et le Fils.» (II Jean, 8).
Il faut demeurer dans la
lumière pour vivre de la lumière. « Si
ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurez
aussi dans le Fils et dans le Père. »(I Jean, II, 20) Car Notre
Seigneur Jésus-Christ est la lumière, « la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jean,
I, 9) Et l’Église porte cette lumière et la répand. Tout l’enseignement de
Saint Jean tourne autour de cette fidélité à Notre Seigneur Jésus-Christ et à
son enseignement afin qu’Il demeure en nous. « Nous savons que le Fils de Dieu est venu, qu’il nous a donné
l’intelligence pour connaître le vrai Dieu, et nous sommes en ce vrai Dieu,
étant en son Fils Jésus-Christ. C’est lui qui est le Dieu véritable et la vie
éternelle. » (I Jean, V, 20)
Mais l’évangéliste ne
s’arrête pas là. Il demande de ne pas recevoir celui qui répand la mauvaise
parole, c’est-à-dire le séducteur et le faux docteur. « Si quelqu’un vient à vous et n’apporte point
cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas :
Salut ! Car celui qui dit : Salut ! participe à ses œuvres
mauvaises. » (II Jean, 10-11) Nous retrouvons
l’idée de Saint Paul. Nous devons rompre avec les chrétiens qui sont indignes
de leur titre de peur de les encourager dans le péché et de diminuer la gravité
de leur faute. Ce qui est vrai dans la moralité l’est aussi dans la vérité.
Accueillir le mensonge, c’est favoriser sa diffusion ; c’est encourager
les hommes à donner confiance aux séducteurs et aux faux docteurs. Ainsi l’Église
a le devoir de dénoncer le mensonge et l’erreur, et d’exclure ceux qui pervertissent
la doctrine de Notre Seigneur Jésus-Christ.
L’Église est donc la continuation de l’action de Notre Seigneur Jésus-Christ dans le temps et dans l’espace. Certains saints verront même une pleine identification entre l’Église et Notre Seigneur. Selon Bossuet, « c’est Jésus-Christ, mais Jésus-Christ répandu et communiqué. »[10]
Enfin, Notre Seigneur
Jésus-Christ ne veut « qu’un seul
troupeau et un seul pasteur » (Jean, X, 16). Il prie « pour que tous soient un » (Jean,
XVII, 21). L’Église est une et indivisible par nature. Saint Paul définit
précisément l’Église comme un corps dont la tête est Notre Seigneur
Jésus-Christ. Les membres qui forment ce corps vivent de sa vie tant qu’ils
restent attachés à la tête. Lorsqu’ils se détachent, ils meurent. La parabole
de la vigne en est aussi une belle illustration. Le sarment qui n’est plus
rattaché au cep n’en reçoit plus la sève et meurt. La vie n’y circule plus.
Hors de l’Église, il n’y a plus de vie. Il
est nécessaire d’appartenir à l’Église pour être sauvé.
La grâce sanctifiante
Dieu peut nous communiquer
sa vie divine dans une certaine mesure. La vie surnaturelle est cette
participation à la vie divine. Le moyen de la verser en nous est la grâce.
C’est un don surnaturel que Dieu nous accorde à cause des mérites de Notre
Seigneur Jésus-Christ. C’est donc par la grâce que Dieu nous conduit à la vie
éternelle. Elle est le seul moyen d’atteindre le ciel. Elle est aussi un don,
c’est-à-dire une chose gratuite. Elle est enfin surnaturelle puisqu’elle
dépasse les exigences de notre nature.
La doctrine catholique
distingue deux sortes de grâces : la grâce actuelle, de caractère
transitoire, et la grâce habituelle, de caractère permanent. La grâce
habituelle réside dans notre âme et la rend juste et sainte aux yeux de Dieu.
Elle est ainsi appelée grâce sanctifiante. C’est par elle que Dieu nous fait
enfants adoptifs. Par le péché mortel, nous perdons toute grâce. Sans la grâce sanctifiante, il n’est point possible de vivre de la vie divine.
La question d’appartenance
Par le
baptême, le fidèle appartient à l'Église mais s'il ne possède pas la grâce sanctifiante ou s'il n'a pas la foi, il n'appartient qu'extérieurement à l’Église ou encore au corps de
l’Église. Il est incorporé à l’Église mais sans avoir la vie divin qui lui
assure le salut.
Revenons aux paroles de
Notre Seigneur Jésus-Christ. « Celui qui
ne croira pas sera condamné. » Remarquons qu’Il ne dit
pas « celui qui ne sera pas baptisé
et ne croira pas sera condamné ».
D’autres fidèles de Dieu, comme les Justes de l’Ancien Testament, sont
justifiés tout en n’ayant jamais reçu le baptême. Des enfants qui meurent sans
baptême sont-ils damnés ? Des hommes n’ayant connu que leur île, sans
aucun contact avec le monde extérieur, comment peuvent-ils être baptisés ? Selon
la doctrine catholique, nous pouvons en effet gagner le salut sans connaître
l’Église, notamment dans le cas de l’ignorance invincible[11].
Ces hommes appartiennent en fait intérieurement à l’Église ou encore à l’Âme de
l’Église. L’Âme de l’Église comprend tous ceux qui vivent de la grâce
sanctifiante.
Enfin, des hommes peuvent
appartenir extérieurement et intérieurement à l’Église. Ils appartiennent au
Corps et à l’Âme de l’Église. Cette règle est une nécessité de moyen pour tous
ceux qui ont une connaissance suffisante de l’Église ou pourraient l’avoir mais
restent dans une ignorance volontaire.
Rappelons encore un point
essentiel : Dieu peut sauver qui Il veut. Il pourrait conduire l’humanité
au salut sans Église. Mais ce n’est pas la voie normale qu’Il a choisie et
qu’Il nous a donnée. Par ailleurs, personne autre que Dieu ne sait qui est hors
de l’Âme de l’Église ou hors de l’Église. Il est donc inutile de vouloir
traiter ces cas particuliers.
Appartenir à l’Âme de
l’Église
Pour être sauvé, il faut donc
appartenir à l’Âme de l’Église. C’est une nécessité de moyen. « Le moyen doit être saisi tout au moins en
désir par celui qui veut atteindre le but auquel est ordonné ce moyen. »[12]
Cela signifie que nul ne peut se sauver s’il n’appartient pas à l’Âme de
l’Église. Cette loi ne souffre d’aucune exception.
Ceux qui sont dans
l’erreur invincible, ceux qui observent leur religion de bonne foi et qui
s’efforcent de plaire à Dieu selon les lumières de leur conscience peuvent
appartenir à l’Âme de l’Église alors qu’ils ne font pas partie de son corps, du
moins extérieurement et implicitement. Selon Pie IX, « nous savons et vous savez qui souffrent
d’une ignorance coupable invincible à l’égard de Notre sainte religion, et qui,
observant avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le
cœur de tous, et disposés à obéir à Dieu, mènent une vie honnête et droite,
peuvent, avec l’aide de la lumière et de la grâce divine, acquérir la vie
éternelle ; car Dieu, qui voit parfaitement, scrute et connaît les
esprits, les âmes, les pensées et les habitudes de tous, ne permet pas, dans sa
souveraine bonté et clémence, que celui qui, n’est pas coupable de faute
volontaire soit puni par les supplices éternels. »[13]
Ceux qui sont dans
l’ignorance volontaire, qui refusent d’entrer dans l’Église, d’accepter sa
doctrine et de pratiquer ses commandements ne peuvent être sauvés. « Il est aussi très connu, ce dogme
catholique : que personne ne peut se sauver hors de l’Église catholique,
et que ceux-là ne peuvent obtenir le salut éternel qui sciemment se montrent
rebelles à l’autorité et aux définitions de l’Église, ainsi que ceux qui sont séparés
de l’unité de l’Église et du Pontife romain, successeur de Pierre, à qui a été
confiée par le Sauveur la garde de la vigne. » [14]« Ils peuvent donc se sauver car Dieu les
jugera sur ce qu’ils auront connu et accompli, non sur ce qu’ils auront ignoré
la loi. »[15]
Conclusion
« Hors de l’Église, point de salut »
ne doit donc pas être considéré comme une application stricte à tous les cas. L’adage
ne peut englober toute la Miséricorde divine. Aucune expression. Il doit être
vu comme un principe. « À nouveau
nous devons mentionner et blâmer la très grave erreur dans laquelle
malheureusement se trouvent certains catholiques qui pensent que des hommes
vivant dans l’erreur et loin de la vraie foi et de l’unité catholique peuvent
parvenir à la vie éternelle. Or cela est contraire au plus haut point à la
doctrine catholique. »[16]
Il signifie aussi que selon la volonté divine, quiconque reconnaît l’Église
comme une institution divine a le devoir d’y entrer et qu’il ne lui est pas
loisible de chercher son salut soit isolément soit dans une autre religion. Celui
qui enseigne la Parole de vie doit donc prévenir son auditeur. Qui peut en
effet être agréable à Dieu et L’aimer véritablement s’il laisse l’homme
demeurer hors de l’Église en toute connaissance de cause ? Là est la véritable charité…
Notes et références
[1] Voir Émeraude, "Le Concile de Vatican II : Lumen Gentium, source d'interrogations et d'inquiétudes", juillet 2017.
[1] Voir Émeraude, "Le Concile de Vatican II : Lumen Gentium, source d'interrogations et d'inquiétudes", juillet 2017.
[2]
Voir Émeraude, "Mouvement œcuménique : expression "subsistit in" dans Lumen Gentium", juillet 2017.
[3]
Voir Émeraude, "La Tunique sans couture", Juin 2017.
[4]
Saint Cyprien, De l’unité de l’Église, n°6, texte latin du Corpus
Christianorum, séries Latina III, Brepols, 1972, trad. Pierre de
Labriolle, www.patristique.org, mise en ligne 2004.
[5] Saint Cyprien, Lettre
71.
[6] Voir Saint Cyprien,
Lettre
4,
4 et Lettre 73, 21,2
[7] Origène, Homelia in librum Jesu nave, III, 5.
[8] cf. Juges,
II, 17-19.
[9]
Concile de Vatican I
[10]
Bossuet dans Histoire de l’Église, Dom. Ch. Poulet, chapitre préliminaire,
Tome I, Beauchesne, 1935.
[11] L’ignorance est
dite invincible lorsque l’ignorant n’a pas les moyens d’être instruit ou de
s’instruire.
[12] Précis
de théologie dogmatique, Tome II, §139.
[13] Pie IX, encyclique Quanto
conficiamur moerore aux évêques d’Italie, 10 août 1863, Denzinger 2866.
[14] Pie IX, encyclique Quanto
conficiamur moerore, Denzinger 2866.
[15] Abbé Boulanger, La
Doctrine catholique, 1ère partie, Le Dogme (Symbole des Apôtres),
n°130, 7ème édition, 1925.
[16]
Pie IX, encyclique Quanto conficiamur moerore, Denzinger 2865.
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