" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 13 août 2016

L'Eglise, corps mystique du Christ dans l'encyclique de Pie XII, Mysticis Corpis (1943)

Il ne peut y avoir qu’un seul Sauveur, qu’une seule Église. Et pourtant, que d’églises prétendues chrétiennes ! Le message proclamé et la réalité de la division des Chrétiens sont de véritables obstacles à la conversion de nombreuses âmes en quête de Dieu. Le mouvement œcuménique tente de répondre à ce problème difficile.

L’Église, une et catholique

Comme l’exprime si fortement Saint Cyprien, évêque de Carthage, l’Église est par nature une et indivise selon la volonté même de son fondateur, Notre Seigneur Jésus-Christ. Cette vérité est reprise par d’autres Pères de l’Église et par les Papes, notamment au XIXe siècle. Et dans notre profession de foi, nous proclamons cette unité. Sa catholicité est une autre note de l’Église, que nous reconnaissons également dans notre Credo. L’Église est accessible à tous, partout et en tout temps, sans aucune discrimination. Elle est donc naturellement marquée par la diversité. L’unité et la catholicité sont deux des signes[1] qui nous permettent de reconnaître l’Église de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous ne pouvons pas séparer l’une del’autre. C’est notamment par ces signes associés que nous pouvons identifier la véritable Église.


Pour exprimer cette réalité, une et diverse dans ses membres, nous comparons souvent l’Église à un corps. Le corps est en effet composé de membres divers, et pourtant, il demeure un. De même, diverse dans le temps et dans l’espace, l’Église demeure une. Elle ne se réduit pas au temps présent comme à une contrée ou à une civilisation, encore moins à une culture. Nous appartenons donc à la même Église qu’à celle des premiers martyrs ou qu’aux lointains chrétiens australiens. Elle est une depuis que Notre Seigneur Jésus-Christ l’a fondée. Elle est une en dépit du temps et donc de son histoire. Elle est une malgré son expansion sur la terre.

L’unité de l’Église se fonde notamment sur l’unité de foi. Cela signifie que tous les membres de l’Église professent la même foi. Ainsi la foi ne peut évoluer ni avec le temps, ni avec la langue ou la culture dans laquelle elle s’exprime, même si les formules qui la portent peuvent évoluer sans jamais la trahir. 

L’unité de l’Église se fonde aussi sur l’unité de gouvernement. Cette dernière n’est possible que par la succession légitime de Saint Pierre et des Apôtres et par la communion entre les évêques au Pape.

Face à la division des Chrétiens

Cependant, devant la multitude des églises et des communautés qui prétendent être l’Église du Christ ou revendiquer leur véracité et leur légitimité, notre contemporain peut être troublé et les rejeter toutes, ne sachant comment distinguer le vrai du faux. Ou encore il peut demeurer dans l'indifférence, ce qui revient au même.

L’autre attitude face la multiplicité des églises et communautés chrétiennes est de les considérer toutes comme une des expressions de la véritable Église, chacune étant finalement vraie selon un certain regard. Mais elles se différencient tellement sur des choses essentielles que cette solution s’avère vite insoutenable.

Nous pourrions aussi croire que l’Église n’est finalement que l’ensemble de ces églises et communautés. Que deviennent alors l’Unité et l’Indivisibilité de l’Église ? Elles ne deviennent plus qu’un objectif et non une réalité déjà présente. Telle est parfois l’idée de certains mouvements œcuméniques. Remarquons qu’elle est adaptée à une œcuménicité perçue comme une union des églises reconnues chacune sur un même pied d’égalité. Certains pensent qu’en dépit de leurs différences, les différentes églises et communautés sont liées par des liens spirituels, invisibles.

Une autre solution est de voir chacune des églises ou communautés comme une réalisation plus ou moins parfaite ou achevée de l’Église. Deux solutions sont alors possibles. Soit l’Église est en fait une fin à atteindre, chacune tendant à la réaliser. Dans ce cas, chaque église ou communauté est une réalisation plus ou moins proche d’une Église à construire. Soit l’Église existe déjà de façon invisible au sens où aucune église ou communauté ne parvienne encore à la réaliser pleinement. Chacune des églises et communautés cherchent donc à l’atteindre. Dans les deux cas, il est inutile de chercher à réintégrer des Chrétiens dans l’Église mais il est plutôt nécessaire d’unir les églises et les communautés.

Enfin, la dernière solution est de croire qu’il existe déjà une seule Église, bien visible et concrète, les autres églises et communautés étant hors de l’Église. L’unité des Chrétiens passe alors par leur réintégration dans l’Église. Cette dernière solution est celle qu’enseignait clairement l’Église catholique avant le second Concile de Vatican, l’Église catholique s’identifiant pleinement à l’Église du Christ.

Poursuivre l’œuvre de Notre Seigneur Jésus-Christ

Rappelons les raisons qui ont conduit à la fondation de l’Église. Elle a été fondée pour perpétuer la mission de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est venu sauver tous les hommes comme un pasteur à la recherche de ses brebis égarées. Après son Ascension, des brebis restent encore à chercher, des fils prodigues à accueillir, des filles de mauvaise vie à pardonner, des hypocrites à dénoncer. Son œuvre se perpétue alors par l’Église. Pie XII nous rappelle que par son sacrifice sur la Croix, Il a notamment voulu communiquer ses grâces aux hommes par l’intermédiaire d’« une Église visible, qui grouperait les hommes ; et cela pour leur permettre d'être, par elle, ses coopérateurs dans la distribution des fruits de la Rédemption. »

L’Église est un corps

Pour mieux décrire ce qu’elle est, l’Église catholique a développé une doctrine, celle du Corps mystique de Jésus-Christ. Pie XII nous la rappelle dans son encyclique Mystici Corporis Christi[2]

Soulignons que l'encyclique rappelle que « les communautés particulières de chrétiens, tant orientales que latines […] forment ensemble une seule Église catholique. » Il rappelle également que l’expression « corps mystique du Christ » n’est pas une innovation. Elle est déjà présente dans la Sainte Écriture.

L’idée du corps porte plusieurs réalités. Il exprime

  • l’unité des membres pourtant diverses ;
  • la visibilité de l’Église

L’Église est bien concrète et accessible aux sens. Cela s’oppose à l’idée d’une Église composée de plusieurs églises reliées par des liens invisibles, spirituels.

Dans un corps, la faiblesse ou la souffrance d’un membre a des conséquences sur les autres membres. Nous voyons régulièrement dans notre vie quotidienne l’interdépendance de nos membres. « Si, dans notre organisme mortel, lorsqu'un membre souffre, tous les autres souffrent avec lui, les membres sains prêtant leur secours aux malades, de même dans l'Église, chaque membre ne vit pas uniquement pour lui, mais il assiste aussi les autres, et tous s'aident réciproquement, pour leur mutuelle consolation aussi bien que pour un meilleur développement de tout le corps. »

L’idée du corps exprime aussi l’idée de la diversité des fonctions des membres le constituant. S’ils ne font pas tous la même chose, ils concourent néanmoins à une chose qui les dépasse et qui fait que le corps fonctionne. « De même que nous avons plusieurs membres dans un même corps, et que tous les membres n'ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous ne faisons qu'un seul corps dans le Christ, et chacun en particulier, nous sommes membres les uns des autres. » Cette diversité s’exprime dans la hiérarchie ecclésiastique et dans le choix de vivre sa foi (vie religieuse contemplative, active, mariage, etc.).

Comme notre corps, l’Église a besoin de ressources et de soin pour qu’elle se maintienne et se développe. « Comme le corps humain se trouve muni de moyens propres pour pourvoir à sa vie, à sa santé, au développement de chacun de ses membres, de même le Sauveur du genre humain, dans son infinie bonté, a pourvu son Corps mystique de moyens merveilleux en l'enrichissant de sacrements qui doivent soutenir les membres, comme par des degrés de grâce ininterrompus, depuis le berceau jusqu'au dernier soupir, et subvenir de même abondamment aux nécessités sociales de tout le Corps. » Les sacrements répondent aux nécessités de l’Église afin qu’elle poursuive son œuvre dans le temps et l’espace.

Les membres de l’Église

Mais qui sont les membres de l’Église ? « Au sens plein de l'expression, seuls font partie des membres de l'Église 

  • ceux qui ont reçu le baptême de régénération et 
  • professent la vraie foi ». 

Ainsi croyons-nous en un seul baptême. Pie XII précise aussi qu’ils « ne se sont pas pour leur malheur séparés de l'ensemble du Corps, ou n'en ont pas été retranchés pour des fautes très graves par l'autorité légitime. » Un membre peut donc être séparé ou retranché du corps. Dans son encyclique, Pie XII nous rappelle donc qu’il y a deux possibilités de se détacher de l’Église, soit par séparation, soit par retranchement. Dans le premier cas, le membre se détache de lui-même. C’est le cas lorsqu’il adhère à une hérésie ou à un schisme ou lorsqu’il apostasie. Dans le deuxième cas, « l’autorité légitime » le punit en l’excluant de l’Église. Or comme l’expriment Notre Seigneur Jésus-Christ et ses apôtres, tout membre détaché du corps est voué à la mort.

Les membres de l’Église ne sont pas tous saints. L’Église n’est pas en effet constituée de saints. « Qu'on n'imagine pas non plus que le Corps de l'Église, ayant l'honneur de porter le nom du Christ, ne se compose, dès le temps de son pèlerinage terrestre, que de membres éminents en sainteté, ou ne comprend que le groupe de ceux qui sont prédestinés par Dieu au bonheur éternel. » Elle comprend aussi des pécheurs. Mais la vie qui anime le corps coule encore en eux. Ainsi « tant que le membre est encore attaché au corps, il ne faut pas désespérer de sa santé ; mais s'il en est retranché, il ne peut plus ni être soigné ni être guéri. »

Rappelons encore que comme un corps, l’Église est visible. « Le Corps du Christ doit être un corps visible ». L’accord de tous ses membres « se manifeste aussi extérieurement, par la profession d'une même foi, mais aussi par la communion des mêmes mystères, par la participation au même sacrifice, enfin par la mise en pratique et l'observance des mêmes loi », sans oublier la manifestation visible d’un même chef aux yeux de tous. Ce sont des liens, dits juridiques, bien visibles et concrets. S’ajoutent aussi des liens supérieurs que sont la foi, l’espérance et la charité, liens qui unissent les membres avec Dieu.

Notre Seigneur Jésus-Christ, la tête de l’Église

Comme tout corps, l’Église a besoin d’une tête. C’est Notre Seigneur Jésus-Christ. Pie XII rappelle dans son encyclique les raisons qui légitiment son statut. D’abord pour une raison historique, Notre Seigneur Jésus-Christ l’a fondée par l’œuvre de la Rédemption qu’Il a réalisée, par sa mort offerte pour nous. « La mission dite juridique de l'Église, son pouvoir d'enseigner, de gouverner et d'administrer les sacrements, n'ont de vigueur et d'efficacité surnaturelle pour édifier le Corps du Christ que parce que le Christ sur la Croix a ouvert à son Église la source des dons divins, grâce auxquels elle peut enseigner aux hommes une doctrine infaillible, les diriger utilement par des pasteurs éclairés de Dieu et les inonder de la pluie de ses grâces surnaturelles. » Après son Ascension, Notre Seigneur Jésus-Christ l’a ensuite consolidée le jour de la Pentecôte par la venue du Saint Esprit. N’oublions pas non plus qu’Il a choisit Saint Pierre et les autres apôtres, leur demandant de répandre son enseignement.

Par les œuvres qu’Il a accomplies et par sa nature, Notre Seigneur Jésus-Christ mérite d’être à la tête de l’Église. Durant sa vie ici-bas, Il a dirigé et enseigné ses Apôtres. Il s’affirme comme notre Maître, notre Pasteur, notre Roi. Il leur a donné les pouvoirs d’enseigner, de gouverner et de conduire les hommes à la sainteté. Et ces pouvoirs, Il les garde encore. Il donne la lumière à toute l’Église et infuse la lumière de la foi à toutes les intelligences. Il est l’auteur et l’artisan de la sainteté. « De lui dérivent dans le Corps de l'Église toute lumière par laquelle Dieu illumine les croyants, et toute grâce qui les rend saints comme lui-même est saint. »  Il prend non seulement soin des individus mais aussi de l’Église. « Le divin Rédempteur gouverne son Corps mystique visiblement et ordinairement par son Vicaire sur la terre. » Notre Seigneur Jésus-Christ et son Vicaire, c’est-à-dire le Pape, ne forment qu’une seule tête.

Notre Seigneur Jésus-Christ est ainsi « la Tête, dont tout le Corps, bien ordonné et composé, reçoit sa croissance et son développement en vue de sa parfaite constitution. » Il est évident que nous avons besoin de Notre Seigneur Jésus-Christ comme Lui-même a dit : « sans moi vous ne pouvez rien faire ». Et tout dérive de Lui. « Toutefois il ne faut pas penser que le Christ étant la Tête, occupant une place si élevée, ne requiert pas l'aide de son Corps. » C’est bien à ses membres qu’Il a demandé de répandre la Parole de Salut. Un grand nombre d’âmes dépend aussi des prières et des sacrifices des autres membres du corps.

Le Christ est l’Église

« Il ne faut pas expliquer cette expression de Corps du Christ seulement par le fait que le Christ doit être appelé la Tête de son Corps mystique, mais aussi par le fait qu'il soutient l'Église, qu'il vit dans l'Église, si bien que celle-ci est comme une autre personne du Christ[ …], en ce sens que notre Sauveur communique à son Église des biens qui lui sont tout à fait propres, pour qu'elle reproduise dans tout son mode de vivre, aussi bien visible que caché, avec toute la perfection possible, l'image du Christ. […] C’est bien Lui qui, par l'Église, baptise, enseigne, gouverne, lie, délie, offre, sacrifie. »

Ainsi Notre Seigneur Jésus-Christ fait vivre l’Église de sa vie surnaturelle, la pénètre et alimente chacun de ses membres. Il a lui-même exprimé cette réalité en évoquant la vigne nourrissant les serments. Il Lui donne le Saint Esprit. « Son Esprit est communiqué à l'Église avec profusion, pour qu'elle-même et chacun de ses membres soient de plus en plus conformés à notre Sauveur. » Et cet Esprit relie les membres aussi bien entre eux qu’avec la Tête. C’est Lui qui insuffle la vie surnaturelle dans tous les membres. Il est ainsi le principe vital de toute action vitale et vraiment salutaire. « Qu'il suffise d'affirmer que, si le Christ est la Tête de l'Église, le Saint-Esprit en est l'âme. »[3]

Ainsi « c'est par cette même communication de l'Esprit du Christ qu'il se fait que l'Église est comme la plénitude et le complément du Rédempteur ; car tous les dons, toutes les vertus, tous les charismes qui se trouvent éminemment, abondamment et efficacement dans le Chef dérivent dans tous les membres de l'Église et s'y perfectionnent de jour en jour selon la place de chacun dans le Corps mystique de Jésus-Christ : ainsi peut-on dire d'une certaine façon que le Christ se complète à tous égards dans l'Église. »

Différences avec les corps physique et moral



Mais l’Église n’est pas un corps comme un autre. Dans un corps physique, les membres manquent de subsistance propre, les liens les unissant étant très forts. Ils ne vivent pas par eux-mêmes. Dans le Corps mystique, chaque membre jouit de sa personnalité propre même si les liens qui les relient sont profonds, « intimes ».

En outre, dans un corps physique, les membres sont unis pour l’intérêt du corps. Dans une société, la fin est l’intérêt de tous et de chacun. L’Église est ordonnée aux biens de ses membres. « Comme le Fils du Père éternel est descendu du ciel pour le salut éternel de nous tous, ainsi il a fondé ce Corps qu'est l'Église et il l'a enrichi de l'Esprit divin pour donner aux âmes immortelles le moyen d'atteindre leur bonheur. » L’Église est aussi destinée à la gloire de Dieu.

Dans un corps moral, « il n'y a pas d'autre principe d'unité que la fin commune et, au moyen de l'autorité sociale, la commune poursuite de cette même fin ». Dans l’Église, s’ajoute un autre principe, plus excellent, présent aussi bien dans le tout que dans ses parties. Ce principe d’unité est le Saint Esprit. Il est « un et unique, remplit toute l'Église et en fait l'unité »[4].

« L'Église […] doit être regardée comme une société parfaite en son genre ». Elle « n'est pas seulement composée d'éléments et de principes sociaux et juridiques. Elle surpasse, et de beaucoup, toutes les autres communautés humaines ». Et cette supériorité est de l’ordre surnaturel. « Ce qui élève la société chrétienne à un degré qui dépasse absolument tout l'ordre de la nature, c'est l'Esprit de notre Rédempteur qui, comme source des grâces, des dons et de tous les charismes, remplit à jamais et intimement l'Église et y exerce son activité. »

Certes, Notre Seigneur a voulu que parmi ses membres se trouvent des pécheurs. « Ce n'est cependant pas à l’Église qu'il faut reprocher les faiblesses et les blessures de certains de ses membres, au nom desquels elle-même demande à Dieu tous les jours : Pardonnez-nous nos offenses, et au salut spirituel desquels elle se consacre sans relâche, avec toute la force de son amour maternel. » Prenant conscience de la nature de l’Église, ses membres doivent alors se rappeler les paroles de Saint Léon : « Reconnais, ô chrétien, ta dignité ; et, entré en participation de la nature divine, veille à ne pas retomber par une conduite indigne dans ton ancienne bassesse : souviens-toi de quelle Tête et de quel Corps tu es le membre ! »[5]

« C'est le Christ, en effet, qui vit dans son Église, c'est lui qui, par elle, enseigne, gouverne et communique la sainteté ; c'est le Christ aussi qui se manifeste de façon diverse dans les divers membres de sa société. Dès lors donc que les chrétiens s'efforcent de vivre réellement de ce vivant esprit de foi. »

Et les autres églises ?

Pie XII n’oublie pas les chrétiens séparés. Il prie pour leur retour à l’Église catholique. Il rappelle que « même si, par un certain désir et souhait inconscient, ils se trouvent ordonnés au Corps mystique du Rédempteur, ils sont privés de tant et de si grands secours et faveurs célestes, dont on ne peut jouir que dans l'Église catholique. » Il rappelle clairement que les biens célestes ne peuvent être reçus que dans l’Église catholique. Il parle en outre d’une possibilité d’ordonnancement à l’Église, et non d’union ou de communion. Et cette réintégration ne peut que se faire librement et de plein gré.

Conclusion

Dans l'encyclique Mysticis Corporis, Pie XII reprend la doctrine traditionnelle de l’Église définie comme le Corps, mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ. Cette définition instructive et pertinente donne une idée claire de ce qu’est l’Église et de ce qu’elle n’est pas. Elle a aussi l’avantage d’insister sur la visibilité de l’Église et sur les relations concrètes qui doivent exister entre ses membres. Elle s’oppose à l’idée d’une Église à atteindre ou à construire, d’une Église à plusieurs faces ou réalisations. En outre, Pie XII identifie clairement l’Église que Notre Seigneur Jésus-Christ a fondée et l’Église catholique


Cette définition de l’Église a aussi le mérite de traduire l’unité et la catholicité de l’Église, deux notes qui permettent de la reconnaître. Ainsi elle est bien utile pour répondre aux questions que peut soulever la multiplicité des églises et communautés chrétiennes. Elle est enfin indispensable dans la recherche de l’unité des Chrétiens.

Enfin, le Pape n’oublie pas de préciser les limites de l’image du corps. L’Église est une société surnaturelle, la plus parfaite qui soit, fondée en vue du salut des hommes et pour la plus grande gloire de Dieu. Par sa nature divine et par sa fin, elle dépasse ce qui peut exister ici-bas. 








Notes et références

[1] Les deux autres signes ou notes sont la sainteté et l’apostolicité.
[2] Toutes les citations, sauf précision, sont tirées de l’encyclique Mystici Corporis Christi sur le corps mystique de Jésus-Christ et sur notre union en lui avec le Christ, 29 juin 1943, www.vatican.va.
[3] Léon XIII, encyclique Divinum illud. Voir Émeraude, article
[4] Saint Thomas d’Aquin, De Veritate, q. 29, art. 4, c.
[5] Saint Léon, Sermo XXI, 3, PL 54, 192-1.

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