Il ne peut y avoir qu’un
seul Sauveur, qu’une seule Église. Et pourtant, que d’églises prétendues
chrétiennes ! Le message proclamé et la réalité de la division des
Chrétiens sont de véritables obstacles à la conversion de nombreuses âmes en
quête de Dieu. Le mouvement œcuménique tente de répondre à ce problème difficile.
Comme l’exprime si
fortement Saint Cyprien, évêque de Carthage, l’Église est par nature une et indivise
selon la volonté même de son fondateur, Notre Seigneur Jésus-Christ. Cette
vérité est reprise par d’autres Pères de l’Église et par les Papes, notamment
au XIXe siècle. Et dans notre profession de foi, nous proclamons cette unité.
Sa catholicité est une autre note de l’Église, que nous reconnaissons également
dans notre Credo. L’Église est accessible à tous, partout et en tout temps,
sans aucune discrimination. Elle est donc naturellement marquée par la
diversité. L’unité et la catholicité sont deux des signes[1]
qui nous permettent de reconnaître l’Église de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous
ne pouvons pas séparer l’une del’autre. C’est notamment par ces signes
associés que nous pouvons identifier la véritable Église.
Pour exprimer cette réalité, une et diverse dans ses membres, nous comparons souvent l’Église à un corps. Le corps est en effet composé de membres divers, et pourtant, il demeure un. De même, diverse dans le temps et dans l’espace, l’Église demeure une. Elle ne se réduit pas au temps présent comme à une contrée ou à une civilisation, encore moins à une culture. Nous appartenons donc à la même Église qu’à celle des premiers martyrs ou qu’aux lointains chrétiens australiens. Elle est une depuis que Notre Seigneur Jésus-Christ l’a fondée. Elle est une en dépit du temps et donc de son histoire. Elle est une malgré son expansion sur la terre.
L’unité de l’Église se
fonde notamment sur l’unité de foi. Cela signifie que tous les membres de
l’Église professent la même foi. Ainsi la foi ne peut évoluer ni avec le temps,
ni avec la langue ou la culture dans laquelle elle s’exprime, même si les
formules qui la portent peuvent évoluer sans jamais la trahir.
L’unité de l’Église se fonde aussi sur l’unité de gouvernement. Cette dernière n’est possible que par la succession légitime de Saint Pierre et des Apôtres et par la communion entre les évêques au Pape.
L’unité de l’Église se fonde aussi sur l’unité de gouvernement. Cette dernière n’est possible que par la succession légitime de Saint Pierre et des Apôtres et par la communion entre les évêques au Pape.
Cependant, devant la
multitude des églises et des communautés qui prétendent être l’Église du Christ
ou revendiquer leur véracité et leur légitimité, notre contemporain peut être
troublé et les rejeter toutes, ne sachant comment distinguer le vrai du faux. Ou encore il peut demeurer dans l'indifférence, ce qui revient au même.
L’autre attitude face la multiplicité des églises et communautés chrétiennes est de
les considérer toutes comme une des expressions de la véritable Église, chacune
étant finalement vraie selon un certain regard. Mais elles se différencient
tellement sur des choses essentielles que cette solution s’avère vite
insoutenable.
Nous pourrions aussi
croire que l’Église n’est finalement que l’ensemble de ces églises et
communautés. Que deviennent alors l’Unité et l’Indivisibilité de
l’Église ? Elles ne deviennent plus qu’un objectif et non une réalité déjà
présente. Telle est parfois l’idée de certains mouvements œcuméniques.
Remarquons qu’elle est adaptée à une œcuménicité perçue comme une union des
églises reconnues chacune sur un même pied d’égalité. Certains pensent qu’en
dépit de leurs différences, les différentes églises et communautés sont liées
par des liens spirituels, invisibles.
Une autre solution est de
voir chacune des églises ou communautés comme une réalisation plus ou moins
parfaite ou achevée de l’Église. Deux solutions sont alors possibles. Soit
l’Église est en fait une fin à atteindre, chacune tendant à la réaliser. Dans ce
cas, chaque église ou communauté est une réalisation plus ou moins proche d’une
Église à construire. Soit l’Église existe déjà de façon invisible au sens où
aucune église ou communauté ne parvienne encore à la réaliser pleinement. Chacune
des églises et communautés cherchent donc à l’atteindre. Dans les deux cas, il est
inutile de chercher à réintégrer des Chrétiens dans l’Église mais il est plutôt
nécessaire d’unir les églises et les communautés.
Enfin, la dernière solution
est de croire qu’il existe déjà une seule Église, bien visible et concrète, les
autres églises et communautés étant hors de l’Église. L’unité des Chrétiens
passe alors par leur réintégration dans l’Église. Cette dernière solution est
celle qu’enseignait clairement l’Église catholique avant le second Concile de
Vatican, l’Église catholique s’identifiant pleinement à l’Église du Christ.
Poursuivre l’œuvre de
Notre Seigneur Jésus-Christ
Rappelons les raisons qui
ont conduit à la fondation de l’Église. Elle a été fondée pour perpétuer la
mission de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est venu sauver tous les hommes
comme un pasteur à la recherche de ses brebis égarées. Après son Ascension, des
brebis restent encore à chercher, des fils prodigues à accueillir, des filles
de mauvaise vie à pardonner, des hypocrites à dénoncer. Son œuvre se perpétue alors
par l’Église. Pie XII nous rappelle que par son sacrifice sur la Croix, Il a
notamment voulu communiquer ses grâces aux hommes par l’intermédiaire d’« une Église visible, qui grouperait les
hommes ; et cela pour leur permettre d'être, par elle, ses coopérateurs dans la
distribution des fruits de la Rédemption. »
Pour mieux décrire ce
qu’elle est, l’Église catholique a développé une doctrine, celle du Corps
mystique de Jésus-Christ. Pie XII nous la rappelle dans son encyclique Mystici
Corporis Christi[2].
Soulignons que l'encyclique rappelle que « les communautés particulières de chrétiens, tant orientales que latines […] forment ensemble une seule Église catholique. » Il rappelle également que l’expression « corps mystique du Christ » n’est pas une innovation. Elle est déjà présente dans la Sainte Écriture.
Soulignons que l'encyclique rappelle que « les communautés particulières de chrétiens, tant orientales que latines […] forment ensemble une seule Église catholique. » Il rappelle également que l’expression « corps mystique du Christ » n’est pas une innovation. Elle est déjà présente dans la Sainte Écriture.
L’idée du corps porte
plusieurs réalités. Il exprime
L’Église est bien concrète et accessible aux sens. Cela s’oppose à l’idée d’une Église composée de plusieurs églises reliées par des liens invisibles, spirituels.
- l’unité des membres pourtant diverses ;
- la visibilité de l’Église.
L’Église est bien concrète et accessible aux sens. Cela s’oppose à l’idée d’une Église composée de plusieurs églises reliées par des liens invisibles, spirituels.
Dans un corps, la faiblesse
ou la souffrance d’un membre a des conséquences sur les autres membres. Nous
voyons régulièrement dans notre vie quotidienne l’interdépendance de nos
membres. « Si, dans notre organisme
mortel, lorsqu'un membre souffre, tous les autres souffrent avec lui, les
membres sains prêtant leur secours aux malades, de même dans l'Église, chaque
membre ne vit pas uniquement pour lui, mais il assiste aussi les autres, et
tous s'aident réciproquement, pour leur mutuelle consolation aussi bien que
pour un meilleur développement de tout le corps. »
L’idée du corps exprime
aussi l’idée de la diversité des fonctions des membres le constituant. S’ils ne
font pas tous la même chose, ils concourent néanmoins à une chose qui les
dépasse et qui fait que le corps fonctionne. « De même que nous avons plusieurs membres dans un même corps, et que
tous les membres n'ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs,
nous ne faisons qu'un seul corps dans le Christ, et chacun en particulier, nous
sommes membres les uns des autres. » Cette diversité s’exprime dans la
hiérarchie ecclésiastique et dans le choix de vivre sa foi (vie religieuse
contemplative, active, mariage, etc.).
Comme notre corps,
l’Église a besoin de ressources et de soin pour qu’elle se maintienne et se
développe. « Comme le corps humain
se trouve muni de moyens propres pour pourvoir à sa vie, à sa santé, au
développement de chacun de ses membres, de même le Sauveur du genre humain,
dans son infinie bonté, a pourvu son Corps mystique de moyens merveilleux en
l'enrichissant de sacrements qui doivent soutenir les membres, comme par des
degrés de grâce ininterrompus, depuis le berceau jusqu'au dernier soupir, et
subvenir de même abondamment aux nécessités sociales de tout le Corps. »
Les sacrements répondent aux nécessités de l’Église afin qu’elle poursuive son
œuvre dans le temps et l’espace.
Les membres de l’Église
Mais qui sont les membres
de l’Église ? « Au sens plein
de l'expression, seuls font partie des membres de l'Église
Ainsi croyons-nous en un seul baptême. Pie XII précise aussi qu’ils « ne se sont pas pour leur malheur séparés de l'ensemble du Corps, ou n'en ont pas été retranchés pour des fautes très graves par l'autorité légitime. » Un membre peut donc être séparé ou retranché du corps. Dans son encyclique, Pie XII nous rappelle donc qu’il y a deux possibilités de se détacher de l’Église, soit par séparation, soit par retranchement. Dans le premier cas, le membre se détache de lui-même. C’est le cas lorsqu’il adhère à une hérésie ou à un schisme ou lorsqu’il apostasie. Dans le deuxième cas, « l’autorité légitime » le punit en l’excluant de l’Église. Or comme l’expriment Notre Seigneur Jésus-Christ et ses apôtres, tout membre détaché du corps est voué à la mort.
- ceux qui ont reçu le baptême de régénération et
- professent la vraie foi ».
Ainsi croyons-nous en un seul baptême. Pie XII précise aussi qu’ils « ne se sont pas pour leur malheur séparés de l'ensemble du Corps, ou n'en ont pas été retranchés pour des fautes très graves par l'autorité légitime. » Un membre peut donc être séparé ou retranché du corps. Dans son encyclique, Pie XII nous rappelle donc qu’il y a deux possibilités de se détacher de l’Église, soit par séparation, soit par retranchement. Dans le premier cas, le membre se détache de lui-même. C’est le cas lorsqu’il adhère à une hérésie ou à un schisme ou lorsqu’il apostasie. Dans le deuxième cas, « l’autorité légitime » le punit en l’excluant de l’Église. Or comme l’expriment Notre Seigneur Jésus-Christ et ses apôtres, tout membre détaché du corps est voué à la mort.
Les membres de l’Église ne
sont pas tous saints. L’Église n’est pas en effet constituée de saints. « Qu'on n'imagine pas non plus que le Corps de
l'Église, ayant l'honneur de porter le nom du Christ, ne se compose, dès le
temps de son pèlerinage terrestre, que de membres éminents en sainteté, ou ne comprend que le groupe de ceux qui sont prédestinés par Dieu au bonheur éternel. »
Elle comprend aussi des pécheurs. Mais la vie qui anime le corps coule encore
en eux. Ainsi « tant que le membre
est encore attaché au corps, il ne faut pas désespérer de sa santé ; mais s'il
en est retranché, il ne peut plus ni être soigné ni être guéri. »
Rappelons encore que comme
un corps, l’Église est visible. « Le
Corps du Christ doit être un corps visible ». L’accord de tous ses
membres « se manifeste aussi extérieurement,
par la profession d'une même foi, mais aussi par la communion des mêmes
mystères, par la participation au même sacrifice, enfin par la mise en pratique
et l'observance des mêmes loi », sans oublier la manifestation visible
d’un même chef aux yeux de tous. Ce sont des liens, dits juridiques, bien
visibles et concrets. S’ajoutent aussi des liens supérieurs que sont la foi,
l’espérance et la charité, liens qui unissent les membres avec Dieu.
Notre Seigneur
Jésus-Christ, la tête de l’Église
Comme tout corps, l’Église
a besoin d’une tête. C’est Notre Seigneur Jésus-Christ. Pie XII rappelle dans
son encyclique les raisons qui légitiment son statut. D’abord pour une raison
historique, Notre Seigneur Jésus-Christ l’a fondée par l’œuvre de la Rédemption
qu’Il a réalisée, par sa mort offerte pour nous. « La mission dite juridique de l'Église, son pouvoir d'enseigner, de
gouverner et d'administrer les sacrements, n'ont de vigueur et d'efficacité
surnaturelle pour édifier le Corps du Christ que parce que le Christ sur la
Croix a ouvert à son Église la source des dons divins, grâce auxquels elle peut
enseigner aux hommes une doctrine infaillible, les diriger utilement par des
pasteurs éclairés de Dieu et les inonder de la pluie de ses grâces
surnaturelles. » Après son Ascension, Notre Seigneur Jésus-Christ l’a
ensuite consolidée le jour de la Pentecôte par la venue du Saint Esprit.
N’oublions pas non plus qu’Il a choisit Saint Pierre et les autres apôtres,
leur demandant de répandre son enseignement.
Par les œuvres qu’Il a
accomplies et par sa nature, Notre Seigneur Jésus-Christ mérite d’être à la
tête de l’Église. Durant sa vie ici-bas, Il a dirigé et enseigné ses Apôtres. Il
s’affirme comme notre Maître, notre Pasteur, notre Roi. Il leur a donné les
pouvoirs d’enseigner, de gouverner et de conduire les hommes à la sainteté. Et
ces pouvoirs, Il les garde encore. Il donne la lumière à toute l’Église et
infuse la lumière de la foi à toutes les intelligences. Il est l’auteur et
l’artisan de la sainteté. « De lui
dérivent dans le Corps de l'Église toute lumière par laquelle Dieu illumine les
croyants, et toute grâce qui les rend saints comme lui-même est saint. »
Il prend non seulement soin des individus mais aussi de l’Église. « Le divin Rédempteur gouverne son Corps
mystique visiblement et ordinairement par son Vicaire sur la terre. » Notre
Seigneur Jésus-Christ et son Vicaire, c’est-à-dire le Pape, ne forment qu’une
seule tête.
Notre Seigneur
Jésus-Christ est ainsi « la Tête,
dont tout le Corps, bien ordonné et composé, reçoit sa croissance et son
développement en vue de sa parfaite constitution. » Il est évident que
nous avons besoin de Notre Seigneur Jésus-Christ comme Lui-même a dit :
« sans moi vous ne pouvez rien faire ».
Et tout dérive de Lui. « Toutefois
il ne faut pas penser que le Christ étant la Tête, occupant une place si élevée,
ne requiert pas l'aide de son Corps. » C’est bien à ses membres qu’Il
a demandé de répandre la Parole de Salut. Un grand nombre d’âmes dépend aussi
des prières et des sacrifices des autres membres du corps.
Le Christ est l’Église
« Il ne faut pas expliquer cette expression de
Corps du Christ seulement par le fait que le Christ doit être appelé la Tête de
son Corps mystique, mais aussi par le fait qu'il soutient l'Église, qu'il vit
dans l'Église, si bien que celle-ci est comme une autre personne du Christ. [ …], en ce sens que notre Sauveur
communique à son Église des biens qui lui sont tout à fait propres, pour
qu'elle reproduise dans tout son mode de vivre, aussi bien visible que caché,
avec toute la perfection possible, l'image du Christ. […] C’est bien Lui qui, par l'Église, baptise, enseigne,
gouverne, lie, délie, offre, sacrifie. »
Ainsi Notre Seigneur
Jésus-Christ fait vivre l’Église de sa vie surnaturelle, la pénètre et alimente
chacun de ses membres. Il a lui-même exprimé cette réalité en évoquant la vigne
nourrissant les serments. Il Lui donne le Saint Esprit. « Son Esprit est communiqué à l'Église avec
profusion, pour qu'elle-même et chacun de ses membres soient de plus en plus
conformés à notre Sauveur. » Et cet Esprit relie les membres aussi
bien entre eux qu’avec la Tête. C’est Lui qui insuffle la vie surnaturelle dans
tous les membres. Il est ainsi le principe vital de toute action vitale et
vraiment salutaire. « Qu'il suffise
d'affirmer que, si le Christ est la Tête de l'Église, le Saint-Esprit en est
l'âme. »[3]
Ainsi « c'est par cette même communication de
l'Esprit du Christ qu'il se fait que l'Église est comme la plénitude et le
complément du Rédempteur ; car tous les dons, toutes les vertus, tous les
charismes qui se trouvent éminemment, abondamment et efficacement dans le Chef
dérivent dans tous les membres de l'Église et s'y perfectionnent de jour en
jour selon la place de chacun dans le Corps mystique de Jésus-Christ : ainsi
peut-on dire d'une certaine façon que le Christ se complète à tous égards dans
l'Église. »
Différences avec les corps
physique et moral
En outre, dans un corps
physique, les membres sont unis pour l’intérêt du corps. Dans une société, la
fin est l’intérêt de tous et de chacun. L’Église est ordonnée aux biens de ses
membres. « Comme le Fils du Père
éternel est descendu du ciel pour le salut éternel de nous tous, ainsi il a
fondé ce Corps qu'est l'Église et il l'a enrichi de l'Esprit divin pour donner
aux âmes immortelles le moyen d'atteindre leur bonheur. » L’Église est
aussi destinée à la gloire de Dieu.
Dans un corps moral,
« il n'y a pas d'autre principe
d'unité que la fin commune et, au moyen de l'autorité sociale, la commune poursuite
de cette même fin ». Dans l’Église, s’ajoute un autre principe, plus
excellent, présent aussi bien dans le tout que dans ses parties. Ce principe
d’unité est le Saint Esprit. Il est « un
et unique, remplit toute l'Église et en fait l'unité »[4].
« L'Église […] doit être regardée comme une
société parfaite en son genre ». Elle « n'est pas seulement composée d'éléments et de principes sociaux et
juridiques. Elle surpasse, et de beaucoup, toutes les autres communautés
humaines ». Et cette supériorité est de l’ordre surnaturel. « Ce qui élève la société chrétienne à
un degré qui dépasse absolument tout l'ordre de la nature, c'est l'Esprit de
notre Rédempteur qui, comme source des grâces, des dons et de tous les
charismes, remplit à jamais et intimement l'Église et y exerce son
activité. »
Certes, Notre Seigneur a
voulu que parmi ses membres se trouvent des pécheurs. « Ce n'est cependant pas à l’Église qu'il faut
reprocher les faiblesses et les blessures de certains de ses membres, au nom desquels elle-même demande à Dieu tous les jours :
Pardonnez-nous nos offenses, et au salut spirituel desquels elle se consacre
sans relâche, avec toute la force de son amour maternel. » Prenant conscience de la
nature de l’Église, ses membres doivent alors se rappeler les paroles de
Saint Léon : « Reconnais, ô chrétien, ta dignité ; et, entré en participation de la
nature divine, veille à ne pas retomber par une conduite indigne dans ton
ancienne bassesse : souviens-toi de quelle Tête et de quel Corps tu es le
membre ! »[5]
« C'est le Christ, en effet, qui vit dans son
Église, c'est lui qui, par elle, enseigne, gouverne et communique la sainteté ;
c'est le Christ aussi qui se manifeste de façon diverse dans les divers membres
de sa société. Dès lors donc que les chrétiens s'efforcent de vivre réellement
de ce vivant esprit de foi. »
Et les autres
églises ?
Pie XII n’oublie pas les
chrétiens séparés. Il prie pour leur retour à l’Église catholique. Il rappelle
que « même si, par un certain désir
et souhait inconscient, ils se trouvent ordonnés au Corps mystique du
Rédempteur, ils sont privés de tant et de si grands secours et faveurs
célestes, dont on ne peut jouir que dans l'Église catholique. » Il
rappelle clairement que les biens célestes ne peuvent être reçus que dans l’Église
catholique. Il parle en outre d’une possibilité d’ordonnancement à l’Église, et
non d’union ou de communion. Et cette réintégration ne peut que se faire
librement et de plein gré.
Dans l'encyclique Mysticis Corporis, Pie XII reprend la doctrine traditionnelle de l’Église définie comme le Corps, mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ. Cette définition
instructive et pertinente donne une idée claire de ce qu’est l’Église et de ce
qu’elle n’est pas. Elle a aussi l’avantage d’insister sur la visibilité de
l’Église et sur les relations concrètes qui doivent exister entre ses membres.
Elle s’oppose à l’idée d’une Église à atteindre ou à construire, d’une Église à
plusieurs faces ou réalisations. En outre, Pie XII identifie clairement
l’Église que Notre Seigneur Jésus-Christ a fondée et l’Église catholique.
Enfin, le Pape n’oublie pas de préciser les limites de l’image du corps.
L’Église est une société surnaturelle, la plus parfaite qui soit, fondée en vue
du salut des hommes et pour la plus grande gloire de Dieu. Par sa nature divine
et par sa fin, elle dépasse ce qui peut exister ici-bas.
Cette définition de l’Église a aussi le mérite de traduire l’unité et la catholicité de l’Église, deux notes qui permettent de la reconnaître. Ainsi elle est bien utile pour répondre aux questions que peut soulever la multiplicité des églises et communautés chrétiennes. Elle est enfin indispensable dans la recherche de l’unité des Chrétiens.
Notes et références
[1] Les
deux autres signes ou notes sont la sainteté et l’apostolicité.
[2] Toutes
les citations, sauf précision, sont tirées de l’encyclique Mystici Corporis Christi sur le
corps mystique de Jésus-Christ et sur notre union en lui avec le Christ, 29
juin 1943, www.vatican.va.
[3]
Léon XIII, encyclique Divinum illud. Voir Émeraude,
article
[4]
Saint Thomas d’Aquin, De Veritate,
q. 29, art. 4, c.
[5]
Saint Léon, Sermo XXI, 3, PL 54, 192-1.
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