" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 18 juin 2016

Le Bon Pasteur


Dans son traité sur l’unité de l’Église, Saint Cyprien nous rappelle les fondements de l’Unité de l’Église : elle est par nature une et indivise comme la tunique sans couture de Notre Seigneur Jésus-Christ. La division naît uniquement dans l’âme du chrétien. C’est donc à ce niveau que le combat pour la réconciliation doit se dérouler. 

Comme tant d’autres Pères de l’Église, Saint Cyprien puise son enseignement dans la Sainte Écriture, dans celui des Apôtres et de leurs successeurs. Il utilise aussi une des paraboles les plus célèbres de l’Évangile, celle du Bon Pasteur. Il n'est en effet guère envisageable de parler de l'Unité de l'Église sans l'évoquer...



La parabole du bon pasteur

Écoutons d’abord Notre Seigneur Jésus-Christ. Ses paroles sont d’une grande clarté. Elles nous éclairent encore, plus de deux mille ans après. Dans une célèbre parabole, Il se présente comme la porte des brebis, le seul bon pasteur. « En vérité, en vérité, je vous le dis, c’est moi qui suis la porte des brebis. […] Moi, je suis le bon pasteur […] et je donne ma vie pour mes brebis. Mais j’ai d’autres brebis qui ne sont point de cette bergerie ; et il faut que je les amène, et elles entendront ma voix, et il n’y aura qu’un bercail et qu’un pasteur. » (Jean, X, 7-16)

En quelques mots, Notre Seigneur Jésus-Christ définit sa mission. Il est venu pour le peuple juif, en attente de l’accomplissement des promesses et des prophéties divines, et pour tous ceux qui n’en font pas partie, c’est-à-dire les Gentils. Circoncis et incirconcis, tous doivent être réunis dans une même bergerie sous la protection d’un seul et bon pasteur. C’est Lui qui va rechercher toutes les brebis égarées. Et aucune ne peut être sauvée si elle ne passe par Lui. Car Lui-seul est la porte des brebis. « Si c’est par moi que quelqu’un entre, il sera sauvé, et il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages. » (Jean, X, 9)

Plus loin dans l’Évangile selon Saint Jean, Il précise que des hommes peuvent ne pas être ses brebis. « Vous ne croyez point parce que vous n’êtes point de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix, moi, je les connais et elles me suivent ; et je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main » (Jean, X, 26-28). Pour qu’une brebis fasse partie de son bercail, il faut impérativement qu’elle Le suive. Car Il est la seule porte. Et pour le suivre, faut-il d’abord L’entendre et L’écouter, et Le reconnaître.

Basilique Saint-Appolinaire
Ravenne, Ve.
Le pasteur du peuple d’Israël

Le terme de « pasteur » n’est pas nouveau dans la Sainte Écriture. Dans l’Ancien Testament, Dieu est souvent comparé à un pasteur qui conduit ses brebis, là où il est bon d’y être, là où la nourriture est abondante. À plusieurs reprises, le peuple d’Israël apparaît sous la figure des brebis ou d’un troupeau qu’une main puissante guide vers de bons pâturages. Les deux figures sont en effet indissociables. Un pasteur n’existe que parce qu’il existe des brebis. « Nous sommes le peuple de son pâturage, et les brebis de sa main » (Psaume XCIV, 7).


« Vous, mes troupeaux, les troupeaux de mon pâturage, vous êtes des hommes, et moi, je suis le Seigneur votre Dieu » (Ézéchiel, XXXIV, 31). Le peuple d’Israël est en quelque sorte la propriété de Dieu comme les brebis appartiennent au berger. Cette image rappelle aussi le long périple des Hébreux dans le désert après leur fuite d’Égypte. Le pasteur est celui qui guide et dirige son troupeau. Il paisse les brebis.

Dieu est celui « qui conduit, comme des brebis, votre peuple par les mains de Moïse et d’Aaron » (Psaume LXXVI, 21). Il a donné des pasteurs au peuple d’Israël pour qu’ils gardent son troupeau en son nom et le conduisent là où Il a décidé. Il a en effet institué des prêtres pour une mission précise : veiller sur son troupeau comme un berger envers ses brebis. Ce sont des pasteurs qui paissent son troupeau en son nom. Ils ont donc une autorité sur l’ensemble du troupeau et sur chacune des brebis.

Confiance envers le bon pasteur

Le terme de « pasteur » évoque aussi les sentiments d’une âme qui suit son maître comme une jeune brebis, animée d'une grande confiance. « Le Seigneur me conduit, et rien ne me manquera ; c’est dans un lieu de pâture qu’il m’a placé ; c’est auprès d’une eau fortifiante qu’il m’a élevé » (Psaume, XXII, 1-3). Le pasteur connaît sa bête et la soigne en lui donnant ce dont elle a besoin. Dieu agit de même envers son peuple et envers chaque âme. 



La figure du pasteur traduit donc la souveraineté de Dieu sur son peuple et sa bonté envers lui. Cette image exprime aussi la confiance du fidèle dans la main divine toute puissante. Ainsi mérite-t-Il toutes nos louanges : « Pour nous, votre peuple, et les brebis de votre pâturage, nous vous louons toujours » (Psaume, LXXVIII, 13).

Les mauvais pasteurs

Dans la parabole du Bon Pasteur, tout en définissant sa mission, Notre Seigneur Jésus-Christ nous prévient aussi du danger des faux pasteurs. À plusieurs reprises, par la voix des prophètes, Dieu stigmatise aussi les faux pasteurs pour leur mauvaise conduite et leur infidélité. Ils « ont agi en insensés », « ils n’ont pas cherché le Seigneur» (Jérémie, X, 21). « Vous l’avez chassé et vous ne l’avez pas visité » (Jérémie, XXIII, 2). Les effets de leur indignité sont terribles. « À cause de cela, ils ont été dispersés » (Jérémie, X, 21).  « Et mes brebis ont été dispersées […] Mes troupeaux ont erré sur toutes les montagnes et sur toute colline élevée […] » (Ézéchiel, XXXIV, 2-6). En se dispersant, les brebis s’égarent et courent de graves dangers. « Mes troupeaux sont devenus une proie, et mes brebis la pâture de toutes les bêtes des champs » (Ézéchiel, XXXIV, 8). Et qui vient les rechercher ?! Les pasteurs « n’ont pas cherché mon troupeau ».

Les mauvais pasteurs sont ceux qui divisent le peuple de Dieu et l’égarent dans les erreurs et l’infidélité. Les fidèles se perdent dans l'orgueil et dans l’idolâtrie. Ils finissent par suivre d’autres dieux dont les cultes se font sur les hautes montagnes. 

« Malheur aux pasteurs qui perdent et déchirent le troupeau de mon pâturage, dit le Seigneur Dieu » (Jérémie, X, 1). Les mots sont terribles dans la bouche du Tout Puissant. « Hurlez, pasteurs, et criez, couvrez-vous de cendres, vous les chefs du troupeau […] La voix de la clameur des pasteurs et les hurlements des chefs du troupeau se feront entendre parce que le Seigneur a dévasté leur pâturage » (Jérémie, XXV, 34-36). Malheur en effet au mauvais pasteur qui sera frappé dans ce qu’il a de plus cher. « O pasteur et idole, qui abandonne le troupeau, un glaive tombera sur son bras, et sur son œil droit ; son bras sera entièrement desséché ; et son œil droit sera tout couvert de ténèbres » (Zacharie, XI, 17).

Les méfaits des mauvais pasteurs : division et danger

Si le chef ne guide pas son troupeau dans le droit chemin, les brebis se perdent dans les ténèbres et risquent le châtiment divin. Le pasteur tient donc un rôle essentiel dans le salut des âmes. Les brebis sont sous sa responsabilité et il devra être jugé en conséquence. 

Dieu interpelle le mauvais pasteur. Par la voix de Jérémie, Il dénonce leur nuisance et leur indifférence. Au lieu de réagir, ils ont accentué la dispersion. Par la bouche d’Ézéchiel, Il insiste sur leur égoïsme et sur leur orgueil. Ils ont abusé du troupeau que Dieu leur a confié pour leur propre intérêt au lieu de le soigner et de le chérir, le laissant dans un état lamentable. Par leur négligence, ils l’ont laissé périr. En outre, ils ont abusé de leur autorité sur ses brebis. « Malheurs aux pasteurs d’Israël qui se paissaient eux-mêmes ; n’est-ce pas le troupeau que les pasteurs font paître ? Vous mangiez le lait, et vous vous couvriez des laines, et ce qui était gras, vous l’égorgiez mais mon troupeau, vous ne les paissiez pas. Ce qui était faible, vous ne l’avez pas fortifié ; et ce qui était malade, vous ne l’avez pas guéri ; et ce qui a été brisé, vous ne l’avez pas lié ; et ce qui était égaré, vous ne l’avez pas ramené ; et ce qui était perdu, vous ne l’avez pas cherché, mais vous leur commandiez avec rigueur et avec empire. Et mes brebis ont été dispersées […] Mes troupeaux ont erré sur toutes les montagnes et sur toute colline élevée […] Et il n’y avait personne qui les recherchât » (Ézéchiel, XXXIV, 2-6). 

La bonté du bon pasteur

Par opposition, Dieu rappelle au pasteur ce qu'il doit êtreLe bon pasteur est celui qui se dévoue pour ses brebis. Vigilant et attentif, il les soigne et les garde dans le bercail. Si l’une d’entre elles se perd, il s’épuise à la rechercher. Il se bat pour préserver son troupeau.





Notre Seigneur Jésus-Christ nous donne une autre parabole sur les sentiments qui doivent guider le bon pasteur. Lors d'une ses visites auprès d'hommes considérés impurs, Notre Seigneur Jésus-Christ entend les murmures des pharisiens. Comment ? Il ose manger avec des pécheurs allant à l’encontre des proscriptions de Moïse ! Il leur répond. « Quel est celui d’entre vous qui a cent brebis et qui, s’il en perd une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert, et ne va après celle qui est perdue jusqu’à ce qu’il la trouve ? Et lorsqu’il l’a trouvée, il la met sur ses épaules, plein de joie ; et, venant à sa maison, il appelle ses amis et ses voisins, leur disant : Réjouissez-vous avec moi, parce que j’ai trouvé ma brebis qui était perdue. » (Luc, XV, 4-6) Le Bon Pasteur est celui qui court anxieusement après le pécheur et se réjouit de l’avoir retrouvé. La brebis égarée absorbe toute sa pensée. « Ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’un seul de ces petits périsse » (Matthieu, XVIII.14). 

Notre Seigneur ne délaisse personne. Il veille sur toutes ses brebis, sans exception. Notre Seigneur Jésus-Christ montre toute la sollicitude divine à l’égard des brebis égarés et la joie qui provoque son retour. Un bon pasteur est celui qui ne compte pas les efforts pour rassembler et protéger son troupeau. Car la brebis égarée est désormais sauvée. Cette parabole nous ramène à celle de l’enfant prodigue.

Le retour du fils prodigue
Palma le Jeune (1595)
Des pasteurs au secours du peuple de Dieu

Par la faute des mauvais pasteurs, le peuple de Dieu est dispersé. C’est l’exil, la captivité de Babylone. Mais si Dieu châtie les mauvais serviteurs et les brebis égarées, Il ne délaisse pas son troupeau. Il demeure son chef. Ainsi, annonce-t-Il l’envoi d’autres pasteurs pour rassembler son peuple. « Et moi-même je rassemblerai les restes de mon troupeau, de toutes les terres dans lesquelles, je les aurai jetés, et je ferais retourner à leurs champs, et ils croîtront et ils se multiplieront. Et je leur susciterai des pasteurs ; et ils paîtront, ils ne craindront plus et aucune brebis ne manquera au nombre, dit le Seigneur » (Jérémie, X, 3-4).

Dieu annonce au peuple d’Israël que Lui-même interviendra encore pour le salut de son peuple. « Voilà que moi-même, je rechercherai mes brebis, et que je les visiterai. Comme un berger visite son troupeau au jour où il est au milieu de ses brebis disséminées, ainsi je visiterai mes brebis  […] Et je les rassemblerai de divers pays, et je les amènerai dans leur propre terre, et je les ferai paître sur la montagne d’Israël […] dans les pâturages les plus abondants.» (Ézéchiel, XXXIV, 11-14). Dans le sens littéral, ces prophéties annoncent le retour de l’exil par Zorobabel et Jésus, fils de Josédech, qui ramèneront le peuple d’Israël sur la Terre promise, mettant ainsi fin à la captivité de Babylone. Mais, dans un sens spirituel, Il annonce les apôtres du Christ. Dieu enlèvera l’autorité aux prêtres de la loi antique et la donnera à ceux de la nouvelle loi.

Dieu apparaît toujours comme le bon pasteur, préoccupé du bien de ses brebis. « Ce qui était perdu, je le rechercherai […] et ce qui était faible, je le fortifierai ; et ce qui était fort et gras, je le conserverai, et je le ferai paître avec discernement » (Ézéchiel, XXXIV, 15-16).

Mosaïque
Saint-Laurent-hors-les-Murs
Le Messie comme bon pasteur

À plusieurs reprises, Dieu rappelle et précise une prophétie qu’Il avait énoncée dès les premiers jours de l’humanité concernant la venue du Messie. « Et je susciterai sur elle un pasteur unique qui les paisse, mon serviteur David » (Ézéchiel, XXXIV, 23). David ayant déjà vécu et étant mort, il ne s’agit évidemment pas de lui dans cette annonce. David est la figure du Messie comme il est son ancêtre. 


De la famille de David naîtra le Pasteur. Dieu précise qu’il est unique. Il est le Pasteur, le seul Pasteur. « Et mon serviteur, David sera leur roi, un seul pasteur sera pour eux tous » (Ézéchiel, XXXVII, 24). Il sera roi et donc il aura une entière autorité sur le troupeau. Et « comme un pasteur, il paîtra son troupeau, et avec son bras, il rassemblera les agneaux, et il les prendra dans son sein, il portera lui-même les brebis pleines » (Isaïe, XL, 11). 

Dieu sera de plus en plus précis dans sa révélation. « Je te rassemblerai certainement, tout entier, ô Jacob, je réunirai les restes d’Israël, je les mettrai tout ensemble comme une bergerie, comme un troupeau au milieu de son parc […] Car celui qui ouvrira le chemin, montera devant eux […], et le Seigneur sera à leur tête » (Michée, II, 12-13).

Catacombes Praetexta, Rome. IVe.

Prenant à témoin la Sainte Écriture, Notre Seigneur Jésus-Christ accomplit parfaitement son rôle de pasteur. « Vous tous, vous prendrez du scandale à mon sujet et pendant cette nuit ; car il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée » (Matthieu, XXVI, 31-32).




Comment reconnaître le bon pasteur ?

Dans la parabole du Bon Pasteur, Notre Seigneur Jésus-Christ précise les éléments qui permettent de distinguer le bon du mauvais pasteur.

Le Bon Pasteur s’oppose au voleur qui doit escalader le mur du bercail pour faire le mal alors que Lui, Il entre par la porte. « Moi je suis venu pour qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient abondamment » (Jean, X, 11). Celui qui entre comme un voleur se trahit par ses actes. Regardons comment agit Notre Seigneur, et ses procédés montrent par eux-mêmes ce qu’Il est. Il ne se cache pas. Il est désigné, prophétisé, connu d’avance. Il entre par la voie normale, une voie longuement préparée. Le portier Lui ouvre la porte. Il est reconnaissable.

Le Bon Pasteur n’est pas non plus un mercenaire qui sert seulement pour obtenir un salaire. Il ne s’enfuit pas devant ses Juges et devant la mort. Il donne sa vie pour ses brebis.

Enfin, le Bon Pasteur n’est pas un étranger. Sa voix est connue des brebis et les brebis le suivent comme un pasteur. « Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, […], et je donne ma vie pour les brebis » (Jean, X, 14-15).

« Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leur synagogue, prêchant l’Évangile du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Or en voyant cette multitude, il en eut compassion, parce qu’ils étaient accablés et couchés comme des brebis n’ayant point de pasteur : la moisson est abondante, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson » (I Pierre, VI.25).

Le Bon Pasteur en acte

Catacombes de Sainte-Priscille, Rome.
Comme le constatent avec effroi les pharisiens, Notre Seigneur Jésus-Christ est auprès de toutes les brebis égarées du peuple d’Israël mais aussi de l’humanité. Effectivement, Il ne fait pas que parler. Il montre par des actes concrets et visibles ce que ses paroles signifient dans la réalité.

Notre Seigneur Jésus-Christ n’hésite pas à rencontrer une Samaritaine près du puits de Jacob alors que les Juifs considéraient les Samaritains comme des gens stupides, possédés du démon, équivalents aux païens. Assis sur le bord du puits, fatigué, Il lui demande à boire. « Comment toi, qui est Juif, me demandes-tu à boire, à moi, qui suis une femme samaritaine ? Car les Juifs n’ont point de commerce avec les Samaritaines. » (Jean, IV, 9)


Les publicains font aussi partie de ces brebis égarées que détestent les Juifs. Agents du fisc, ils reçoivent en particulier les droits de douane à l’époque romaine. Sans être des fonctionnaires de l’empire, ils représentent l’autorité occupante. En outre, ils appliquent les tarifs de manière arbitraire. Également, fréquenter des publicains est aux yeux des Juifs un scandale. Et pourtant, Notre Seigneur Jésus-Christ se met à table avec eux. Un de ses disciples, Saint Matthieu, était un publicain. « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. […] Car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Matthieu, IX, 12-13)

Bien qu’Il soit venu d’abord rassembler le peuple d’Israël, Notre Seigneur Jésus-Christ n’oublie pas les païens. Une Cananéenne lui demande de guérir sa fille. D’abord indifférent, sa réponse est dure à entendre. « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » (Matthieu, XV, 24). Mais constatant sa foi, Il la guérit. « O femme, grande est votre foi ; qu’il vous soit fait comme vous désirez. » (Matthieu, XV, 28)

L’exemple de la pécheresse qu’évoque Saint Luc dans son évangile est encore plus significatif. Alors que Notre Seigneur Jésus-Christ est à la table d’un pharisien, une pécheresse notoire arrose ses pieds de ses larmes, les essuie avec ses cheveux, les baise puis les oigne de parfums. Connaissant la réputation de cette femme dont Notre Seigneur Jésus-Christ se laisse approcher et faire, le pharisien qui l’a invité réprouve son attitude. « Votre foi vous a sauvé ; allez en paix. » (Luc, VII, 50)

« Pais mes brebis »

Après la Résurrection, Notre Seigneur Jésus-Christ confie ses brebis à Saint Pierre. En son nom, l'Apôtre pourra guider, enseigner, soigner le troupeau comme chacune des brebis. Comme il l’a renié trois fois avant la crucifixion,  trois fois également, il atteste son amour pour Lui. « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? ». « Pais mes agneaux » (Jean, XXI, 16). À la troisième fois, Notre Seigneur lui répond « Pais mes brebis » (Jean, XXI, 17). Trois fois donc, Saint Pierre atteste sa charité que Notre Seigneur provoque. La charité est une condition préalable à l’exercice de sa mission. Le pasteur est celui qui se dévoue pour ses brebis. La foi est évidemment nécessaire. Avec une touchante humilité, il s’en remet à la science du Maître.

Conclusion

Catacombes Saint-Calixte. Rome. IIe.
Lorsque Notre Seigneur Jésus-Christ utilise l’image du Bon Pasteur, soit pour indiquer sa mission, soit pour montrer la sollicitude divine, les Juifs qui l’écoutent ne peuvent pas ignorer ce qu’elle signifie et évoque tant elle est utilisée dans l’Ancien Testament et notamment dans les prophéties messianiques. L’image du Bon Pasteur, du troupeau et de la brebis décrivent les relations qui existent entre Dieu et ses fidèles, relations de bonté, de soumission et de confiance. Le serviteur que Dieu envoie en son nom pour le bien des âmes doit se dévouer et veiller au salut et à l’unité de son peuple et de chacun de ses membres comme un bon pasteur auprès de son troupeau et de ses brebis. Sans eux, les brebis s’égarent et se perdent. Fustigeant les mauvais pasteurs, Dieu a annoncé la venue du Bon Pasteur, Notre Seigneur Jésus-Christ, qui viendra rassembler les fidèles et leur ouvrir un chemin vers de meilleurs pâturages.

Durant sa vie publique, Notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas cessé de secourir les brebis égarées jusqu’à souffrir la mort de la Croix. Il est en effet le seul Pasteur, celui qui a livré sa vie pour guider et sauver les brebis, pour les ramener dans la Maison de Dieu. « Il n’y aura qu’un bercail et qu’un pasteur. » (Jean, X, 7-16).

Ainsi, Notre Seigneur est le Bon Pasteur qui veille sur ses brebis, les rassemble, les soigne et recherche celles qui se perdent pour les ramener dans son bercail qu’est la Sainte Église. Dans les catacombes, les chrétiens ont souvent figuré Jésus-Christ sous les traits d'un berger. Il apparaît comme celui qui ramène sur ses épaules une brebis égarée ou qui veille au milieu de son troupeau. « Vous étiez comme des brebis égarées, mais vous êtes retournées maintenant au pasteur » (I Pierre, X, 25). Notre Seigneur Jésus-Christ a institué l’Église afin de perpétuer son œuvre. Elle est cette bergerie vers laquelle Il guide ses brebis. Elle est une comme il y a qu’un seul Pasteur.






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