Notre
contemporain ne cesse de nous étonner. Lors d’une discussion, un
de nos collègues nous a affirmés qu’il était chrétien puis sur
le même ton, il nous informe que sa fille s’était convertie à
l’islam. Sans la moindre gêne en apparence, il acceptait cet état
de fait et il semblait être content de cette situation puisque,
proclamait-il solennellement, chacun avait le droit de choisir sa
religion comme il l’entendait, l’important étant que chacun
trouvât sa voie et son bonheur. Par ailleurs, déclarait-il avec la
même certitude, nous avons tous le même Dieu. Un autre collègue,
musulman sans être pratiquant, confirmait ses propos en précisant
que toutes les religions étaient légitimes tant qu’elles ne
perturbaient pas l’ordre public et n’imposaient pas ses pratiques
par la violence et la coercition…
Ce
n’est pas la seule personne que nous rencontrons habitée par les
mêmes contradictions. Des proches, de sincères pratiquants,
revendiquent aussi la pleine et entière liberté à l’islam ou à
toute autre religion. Elle prétend que tous peuvent suivre leur
religion tant qu’elle n’est pas guidée par le fanatisme et la
violence. Telle est la leçon qu’elle répète d’un ton
monotone : chacun peut suivre sa voie religieuse ou spirituelle
tant qu’elle ne gêne pas celle des autres puisque encore,
affirme-t-elle, chacun adore le même Dieu mais de manière
différente. L’important résiderait dans l’authenticité de leur
foi. Puis ses déclarations achevées, son regard attend de nous une
confirmation ou du moins un acquiescement silencieux. En vain. Il
n’obtient finalement que notre désapprobation. Elle finit par
changer de sujet…
Comment
une même âme peut-elle vivre avec de telles contradictions ?
Comment en effet un même cœur peut-il affirmer aux cieux et à la
face du monde qu’il croit en Dieu, Créateur du ciel et de la
terre, et en Jésus-Christ, son Fils unique, et au Saint Esprit, puis
à la Sainte Église catholique tout en proclamant que toutes
les religions servent le même Dieu et donc sont légitimes ?
Pourtant, dans notre société d’informations, il ne faut pas
beaucoup de temps pour comprendre que le « Dieu »
des chrétiens, celui des musulmans ou encore celui des bouddhistes
ne se ressemblent pas vraiment. Sont-elles ignorantes de leur propre
foi ? Pourtant, la profession de foi qu’elles récitent
régulièrement est claire, sans ambiguïté. Justement, c’est sa
finalité. Est-ce donc vraiment par ignorance que certains proclament
la légitimité de toutes les religions ?
Une
telle position révèle plutôt un profond aveuglement, voire même
du mépris à l’égard des croyants. Certains chrétiens répètent
machinalement des phrases qu’on leur a martelées depuis des années
sans véritablement prendre conscience de leur sens et de leur
portée. Cherchent-elles même à les entendre réellement ? Ou
plutôt à se protéger en cloisonnant leur foi dans une sphère
soi-disant privée de peur de soulever des questions lourdes de
conséquences ? Ou enfin, sont-ils convaincus que la foi ne
concerne qu’eux-mêmes, enfermées qu’ils sont dans leur égoïsme
abêtissant ? Que devient alors l’universalité de la foi
qu’ils proclament pourtant sans hésitation ?
La
catholicité de l’Église
« Je
crois à la Sainte Église catholique. »
Le mot « catholique »
peut être entendu de trois façons correspondant à une triple
universalité.
Au
sens géographique, elle désigne la diffusion effective de l’Église
dans tous les pays du monde ou du moins sa capacité à s’étendre
à toutes les contrées de la terre, à rayonner partout avec sa
doctrine et à se développer physiquement dans toutes les régions
du globe.
Au
sens temporel, elle désigne l’existence de l’Église sans
interruption, elle comme sa doctrine et son gouvernement, jusqu’à
la fin du monde.
Extension géographique du christianisme au XXIe siècle.
Carte des pays dont la communauté chrétienne
représente plus de 50 % de la population.
Wikipedia
|
L’Église est en effet catholique car Elle a reçu de son fondateur la faculté interne et la mission de se répandre dans tous les peuples de l’Univers. Elle a, dès le commencement de son activité, fait consciemment effort, conformément à sa vocation, pour devenir une Église universelle.
Si
elle possède la « catholicité
morale »,
c’est-à-dire la puissance de s’étendre en tout lieu et de durer
sans discontinuité, elle l’obtient physiquement, concrètement de
manière successive et progressive, par la réalisation d’œuvres
humaines, c’est-à-dire par l’apostolat. L’Église catholique
aurait-elle touché tous les continents sans les Apôtres et
leurs successeurs, sans les missionnaires ?
L’universalité de la foi et de l’Église prophétisée dans la Sainte Écriture
La
catholicité de l’Église n’est guère une surprise pour les
lecteurs de la Sainte Écriture tant la Parole de Dieu a prédit que
son peuple s’étendra sur toute la surface de la planète.
Dieu
prédit d’abord à Abraham qu’Il le fera « père
d’une grande nation »
et en lui « seront
bénies toutes les nations »
(Genèse,
III.3).
Père du peuple élu, il sera cause de la bénédiction des autres
peuples. Cette promesse sera renouvelée à Isaïe et à Jacob. La
terre qu’Il donne au peuple élu, « la
terre sainte, elle sera ta postérité comme la poussière de la
terre, et tu l’étendras à l’occident et l’orient, au
septentrion et au midi ; et en toi et en ta postérité seront
bénies toutes les tribus de la terre »
(Genèse,
XXVIII.14).
La promesse divine ne se limite pas à Jérusalem. Elle concerne tous
les peuples et toute la terre.
Dieu
précise davantage sa pensée à Isaïe lorsqu’il décrit le Messie
et annonce son arrivée. « En
ce jour-là viendra la racine de Jessé qui est comme l’étendard
des peuples ; c’est lui à qui les nations adresseront leurs
prières, et son sépulcre sera glorieux »
(Isaïe,
XI.10).
Dieu sera reconnu et adoré par tous. Son culte sera universel.
L’universalité de son culte est aussi prophétisée par Malachie.
« Depuis
le lever du soleil jusqu’à son coucher, grand est mon nom parmi
les nations, et en tout lieu l’on sacrifie, et une oblation pure
est offerte à mon nom, parce que grand est mon nom parmi les
nations, dit le Seigneur des Armées »
(Malachie,
I, 11).
Le Messie viendra pour toutes les nations. Il sera la « lumière
des nations »
(Isaïe,
XLIX, 6).
La
prophétie peut nous surprendre tant elle nous semble difficile à
réaliser. Au moment où Isaïe l’entend, le monde est en effet
païen et rien ne semble remettre véritablement en cause le
paganisme. Le discours des philosophes grecs demeure même inefficace
pour faire changer les esprits. Limité à un petit peuple sans
envergure, la religion juive est enfermée dans un royaume menacé
par ses ennemis, prêt à s’effondrer.
Pourtant la Sainte Écriture annonce et propose le salut à tous. « Convertissez-vous à moi et vous serez sauvés, vous tous, confins de la terre » (Isaïe, XLV.22). Car Dieu est le seul Dieu et « il n’y en a point d’autre ». Et si le salut est ouvert à tous les hommes, c’est aussi parce que tous ont besoin du salut. L’universalité du salut sous-entend le péché universel…
Pourtant la Sainte Écriture annonce et propose le salut à tous. « Convertissez-vous à moi et vous serez sauvés, vous tous, confins de la terre » (Isaïe, XLV.22). Car Dieu est le seul Dieu et « il n’y en a point d’autre ». Et si le salut est ouvert à tous les hommes, c’est aussi parce que tous ont besoin du salut. L’universalité du salut sous-entend le péché universel…
Dieu
nous avertit donc que la mission du Messie est universelle car
personne ne sera écarté du salut. Il concernera tous les hommes, y
compris ceux qui étaient exclus des synagogues comme le fils de
l’étranger ou l’eunuque. « Et
le fils de l’étranger qui s’attachent au Seigneur, afin de
l’adorer et d’aimer son nom,
[…],
je
les conduirai sur ma montagne sainte,
[…] parce
que ma maison sera appelée maison de prière pour tous les peuples »
(Isaïe,
LVI, 6-8).
Dieu annonce ainsi non seulement la mission universelle du Messie,
qui viendra sauver tous les hommes, mais aussi celle de l’Église,
de sa maison, qui apparaît comme celle de tous les hommes.
Ramener tous les hommes à la Maison de Dieu
Pourtant,
les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ peuvent nous surprendre.
« Je
n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël »
(Matthieu,
XV,
24).
Il réaffirmera plus tard aux Apôtres que sa mission est limité au
peuple juif.
Revenons
de nouveau aux prophéties. Elles annoncent en effet deux temps : le
Messie doit d’abord chercher à ramener les Juifs à Dieu avant de
songer à convertir les nations. « Et
maintenant, le Seigneur parle, lui qui m’a formé dès le sein de
ma mère pour le servir, afin que je ramène Jacob à lui, et Israël
ne sera pas rassemblé, et j’ai été glorifié aux yeux du
Seigneur, et mon Dieu est devenu ma force. Il a donc dit :
« C’est
peu que tu me serves à relever les tribus de Jacob, et à convertir
les restes d’Israël. Voici que je t’ai posé en lumière des
nations, afin que tu sois mon salut jusqu’à l’extrémité de la
terre »
(Isaïe,
XLIX, 5-6).
Le salut est d’abord proposé à ceux qui ont été préparés pour
le recevoir avant d’être proposé à tous les hommes. Mais comme
nous le prédit Isaïe, dans leur grande majorité, les Juifs
n’écouteront pas l’Envoyé et n’entreront pas dans la Maison
de Dieu.
S’Il
se tourne d’abord vers les enfants de Jacob, Notre Seigneur
Jésus-Christ ne délaisse pourtant pas les Gentils. Devant des Juifs
stupéfaits, Il prédit en outre leur foi vive. Mieux encore. Son
attitude à l’égard de la Cananéenne ou du centurion qu’Il
renvoie d’abord avant de les entendre en est un exemple…
La
première mission de Notre Seigneur Jésus-Christ est donc de toucher
le peuple juif avant que sa parole n’atteigne toutes les nations.
« Mais,
j’ai d’autres brebis qui ne sont point de cette bergerie ;
et il faut que je les amène, et elles entendront ma voix, et il n’y
aura qu’un bercail et qu’un pasteur »
(Jean,
X, 16).
Tous les hommes sont destinés à entrer dans une même « bergerie ».
Dans son enseignement sur le salut, Il ne fait aucune exception. Elle
concerne tous les hommes. La Rédemption est universelle. Dieu le
Père « a
tellement aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique, afin que
quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie
éternelle »
(Jean,
III.16).
L’annonce d’un culte universel
Sous
l’ancienne Loi, le Temple de Jérusalem est le seul lieu où le
culte de Dieu est permis. Notre Seigneur Jésus-Christ lui voue une
très grande vénération. Devant les vendeurs, Il rappelle la
sainteté du lieu. « Il
est écrit : Ma maison sera appelé une maison de prière »
(Matthieu,
XIX, 13). N’est-il pas écrit non plus : « le
zèle de votre maison me dévore »
(Jean,
II, 17) ?
Pourtant,
Notre Seigneur Jésus-Christ annonce sa destruction et la fin de son
monopole. Le culte que nous devons rendre à Dieu s’étendra
partout, au-delà des murs de Jérusalem et de la Terre Sainte. À la
Samaritaine, Lui demandant le lieu où il faut L’adorer, Il répond
que « vient
une heure où vous n’adorerez le Père ni sur cette montagne ni à
Jérusalem
[…] Vient
une heure, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs
adoreront le Père en esprit et en vérité »
(Jean,
IV, 21-23).
Le culte divin n’aura plus de frontière et ne sera plus renfermé
entre quatre murs. Il concerne toutes les âmes éprises de Dieu et
pourra se déployer en tout lieu. Le culte sera lui-aussi universel…
Un enseignement destiné à toutes les nations
Reste
désormais à étendre la Parole du Salut. Notre Seigneur
Jésus-Christ envoie en effet les Apôtres prêcher dans le monde
entier. « Toute
puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez
donc, enseignez toutes les nations les baptisant au nom du Père, du
Fils et, du Saint Esprit ; leur apprenant à garder tout ce que
je vous ai commandé »
(Matthieu,
XXVIII, 18-19).
Les Apôtres et leurs disciples se sont alors efforcés de répondre
à cet ordre en faisant de cette universalité morale et théorique
de l’Église une universalité réelle, effective.
Notre
Seigneur Jésus-Christ a par ailleurs prédit que la Bonne Parole
sera répandue partout et s’étendra jusqu’à la fin des temps.
« Cet
évangile du royaume sera prêché dans le monde entier, en
témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin »
(Matthieu,
XXIV, 14).
La fin du monde viendra en effet le jour où sa Parole aura atteint
toutes les contrées. Et « je
suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation des
siècles »
(Matthieu,
XXVIII, 20). « Tous
les peuples que tu as créés viendront et tomberont à genoux devant
toi, Seigneur, et glorifieront ton nom. »
(Psaume,
LXXXV, 9). Ainsi parlant au Messie, Dieu dit : « il
ne suffit pas que tu sois un serviteur pour moi, pour relever les
tribus de Jacob et ramener le levain d’Israël. Voici que je
t’établis la lumière des Gentils, afin que tu sois mon salut
jusqu’aux extrémités de la terre. »
(Isaïe,
XLIX, 6) L’ordre de mission de Notre Seigneur Jésus-Christ vaut
pour le monde entier. Le Royaume de Dieu transcende donc les
frontières et les temps, les peuples et les catégories
sociales. Notre Dieu veut « que
tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de
la vérité. Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur
entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ »
(I.
Timothée,
II, 4-5).
Conclusion
L’enseignement
de Notre Seigneur Jésus-Christ et les ordres qu’Il a donnés aux
Apôtres affirment clairement l’étendue universelle de la
Rédemption à tout le genre humain. Il a demandé à ses Apôtres
d’étendre la Maison de Dieu et de la développer dans toutes les
contrées jusqu’à la fin des temps. Il lui a aussi donné les
moyens dont elle aura besoin pour accomplir la volonté de Dieu. Et
nous savons aujourd’hui combien cet ordre de prêcher la bonne
nouvelle à toutes les nations furent fidèlement suivi par les
Apôtres et leurs successeurs. L’extension de l’Église à partir
des douze Apôtres depuis Jérusalem demeure un prodige
extraordinaire ! Elle est un signe qui ne trompe pas celui qui
sait entendre et voir. Qui aurait pu croire à une telle destinée le
jour où Notre Seigneur Jésus-Christ est mort sur la Croix dans le
dénuement et l’abandon total, abandonné de tous ? Quelle
plus belle et véritable prophétie accomplie !
L’universalité
de la foi et du salut, que la Sainte Écriture a prédite et que
Notre Seigneur Jésus-Christ a réalisée, fonde l’œuvre
apostolique et missionnaire de l’Église. Mais que devient cet
apostolat et finalement l’universalité du salut si toute religion
se vaut, si tout chemin conduit à Dieu, si tout homme trouve la
paix dans toute religion ? Car à quoi bon de s’étendre en
Chine si le bouddhisme garantit le salut de l’âme ? Pourquoi
tant de souffrances et de martyres si la foi en Notre Seigneur
Jésus-Christ est finalement inutile puisque Mahomet, Bouddha et bien
d’autres la donneraient aussi ? Le sang des martyrs lève une
terrible objection à cette idée funeste et inconséquente. Car s’il
est inutile, c’est l’ordre même qui devient insensée, c’est
Notre Seigneur Jésus-Christ qui est condamné…
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