" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 5 février 2016

La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ

Les prophéties et les miracles sont des arguments apologétiques incontestables. Les œuvres accomplies par Notre Seigneur Jésus-Christ prouvent la vérité de son témoignage. Ce sont des signes de la manifestation de la volonté divine ou encore de la réalisation d’un plan divin. Ils nous renvoient à un ordre surnaturel. Certes, notre foi ne prend pas sa source dans les prophéties et les miracles mais ce sont des motifs de crédibilité indéniables que nous ne pouvons pas négliger, notamment lorsque nous devons défendre la foi.

Nous attacher à la réalité historique

Cependant, comme nous l’avons constaté, ces arguments apologétiques sont souvent négligés, voire méprisés. La crainte d’être l’objet de dédain ou de sarcasme de la part du monde explique probablement cette attitude. Les pensées philosophiques contraires au christianisme n’y sont pas non plus étrangères. Les prophéties et les miracles sont ainsi considérés de manière générale comme anachroniques, dépassés, inutiles. Les oubliant consciemment ou non, les discours et les sermons n’insistent finalement que sur l’enseignement moral de Notre Seigneur Jésus-Christ ou sur le fait même de son événement, présenté le plus souvent sous un aspect symbolique ou psychologique. Ils ne cherchent même plus à prouver sa réalité historique. Ils ne songent qu’à montrer l’importance du message évangélique dans notre vie présente.

Or les prophéties et les miracles ont une importance essentielle pour le christianisme. Ce sont d’abord des faits historiques qui ont lieu dans un environnement précis et concret, indépendant de notre volonté. Le Chrétien ne vit pas dans un monde virtuel, fait de symboles ou de mythes, d’où il pourrait extraire des idées et des valeurs pour éclairer son chemin. On cherche plus aujourd’hui à donner du sens aux faits qu’à leur réalité même. Par les prophéties et les miracles, nous sommes bien ancrés dans la réalité, certes une réalité passée mais qui a bien existé et que nous ne pouvons pas effacer de l’Histoire. Ils sont indéniables et indépendants de nos pensées, de nos systèmes comme de nos rêveries. Nous ne pouvons pas dire ou agir comme s’ils n’avaient pas existé.

Séparer le vrai du faux

Et ces faits historiques, prophéties et miracles, présentent une caractéristique remarquable : ils séparent le christianisme de toute autre religion. Ils sont fondamentalement discriminants. Ils témoignent de la véracité du christianisme et par conséquent dénoncent la fausseté du paganisme, du judaïsme, de l’islam et de toutes formes de religiosité. Nous comprenons alors qu’ils sont bien inopportuns pour ceux qui prônent le « dialogue interreligieux » ou l’« œcuménisme » tel qu’il est présenté aujourd’hui. Ce n’est pas un hasard si la prédication des Apôtres ne cesse de revenir à ces faits. Les premiers défenseurs de la foi ont aussi insisté sur les événements miraculeux et prophétiques de Notre Seigneur Jésus-Christ. Car ce sont des signes qui ne trompent pas. Ils ont pour vocation de séparer le vrai du faux. Ils montrent de façon claire la présence de Dieu. Ainsi par les miracles et les prophéties, nous pouvons voir ce qui est de Dieu et ce qui est de l’homme.

Parmi les prophéties et les miracles, l’un se démarque nettement par sa force de discrimination. Il est même si essentiel que sans lui, notre foi serait vaine. Il s’agit de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ. « Et si le Christ n’est point ressuscité, notre prédication est donc vaine et vaine est aussi votre foi ; nous nous trouvons même être de faux témoins à l’égard de Dieu, puisque nous rendons ce témoignage contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ » (I. Cor., XV, 14-15). Notre foi s’appuie sur un témoignage et ce témoignage porte sur un fait passé et concret qui s’est bien réalisé à une époque précise. Notre foi s’appuie sur une réalité et non sur des concepts, des idées, des symboles. Nous croyons en Notre Seigneur Jésus-Christ qui est né, a souffert et est mort et ressuscité le troisième jour sous Ponce Pilate. D’ordre surnaturel, la Résurrection est un fait historique.

La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, l’objet de nombreuses attaques

Depuis l’origine du christianisme, depuis que les premiers Apôtres ont témoigné de ce prodige, la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ a été et continue d’être la cible d’innombrables attaques. Aujourd’hui, le danger est peut-être plus subtil et dangereux en un temps où notre ignorance est grande, les confusions multiples.

De beaux penseurs parlent plus de la signification de la Résurrection que de sa réalité. Ils insistent plus sur le mystère proprement dit que sur l’événement, plus encore sur son action dans notre présent que sur sa réalité historique. Il n’est pas rare d’entendre que le récit évangélique qui témoigne de la Résurrection ne serait que l’expression de l’expérience de la foi des premières communautés chrétiennes. Selon cette thèse si en vogue de nos jours, les apparitions de Notre Seigneur Jésus-Christ ressuscité n’auraient eu lieu qu’en un sens subjectif et non en un sens objectif, portant sur un corps bien physique.

Ce sont ces attaques, anciennes et récentes, que nous devons identifier puis dénoncer et réfuter. Elles reprennent certaines thèses que nous avons déjà rencontrées lorsque nous avons étudié les prophéties et les miracles. Nous serons peut-être parfois dans l’obligation soit de nous répéter, soit de nous reporter à des articles anciens. Mais avant toute chose, rappelons le récit évangélique et l’enseignement de l’Église.

Notre Seigneur Jésus-Christ est mort sur la Croix et a été enseveli

Sous Ponce Pilate, Notre Seigneur Jésus-Christ est arrêté et condamné à mort. Après de multiples souffrances et abandonné par ses disciples, Il meurt sur la Croix. Un certain Joseph d’Arimathie demande à Pilate son corps. La demande est acceptée. « Ayant donc reçu le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul blanc ; et il le mit dans son sépulcre neuf qu’il avait fait tailler dans le roc. Ensuite, il roula une grande pierre à l’entrée du sépulcre, et s’en alla. » (Matth., XXVII, 59-60)

Sur demande du prince des prêtres et des pharisiens, Ponce Pilate leur commande de mettre des gardes auprès du sépulcre de peur que les disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ ne viennent dérober son corps pour dire ensuite qu’Il est ressuscité d’entre les morts car « ce séducteur a dit, lorsqu’il vivait encore : après trois jours je ressusciterai. » (Matth., XXVII, 63) Le sépulcre est donc scellé et gardé.

Notre Seigneur a prédit sa Résurrection

Effectivement, comme le rappellent le prince des prêtres et les pharisiens, Notre Seigneur Jésus-Christ a prédit sa résurrection à plusieurs reprises. Après avoir chassé les vendeurs du Temple, les Juifs Lui demandent quel signe Il donne de son autorité pour agir ainsi. « Par quel signe nous montres-tu que tu peux faire ces choses ? Jésus répondit et leur dit : Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours. » (Jean, II, 18-19) Les Juifs qui l’entendent pensent qu’Il parle du Temple de Jérusalem. Mais après la Résurrection, les disciples ont bien compris le sens de ses paroles. « Jésus parlait du temple de son corps. » (Jean, II, 21) Ces paroles seront reprises au cours de son procès. Des témoins les rapporteront pour L’accuser. « Nous l’avons entendu disant : je détruirai ce temple fait de main d’homme, et en trois jours, j’en rebâtirai un autre non fait de main d’homme. » (Marc, XIV, 58) Et plus tard sur la Croix, des passants se moquent de Notre Seigneur Jésus-Christ en Lui rappelant ce qu’Il a dit : « Ah ! Toi qui détruis le temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ! » (Matth., XXVII, 40) Ses adversaires sont probablement les meilleurs garants de ses prophéties…

Dans un autre épisode, les scribes et les pharisiens demandent à Notre Seigneur Jésus-Christ de leur montrer un prodige. « Une génération méchante et adultère demande un miracle, et il ne lui sera donné que celui du prophète Jonas. Car comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. » (Matth., XII, 39-40)

Notre Seigneur Jésus-Christ annonce aussi à plusieurs reprises à des disciples qu’Il doit ressusciter. « Il commença en même temps à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrit beaucoup ; qu’il fût rejeté des anciens, par le prince des prêtres et par les scribes ; qu’il fut mis à mort, et qu’après trois jours il ressuscitât. Et il en parlait ouvertement. » (Matt., VIII, 31-32)

Un tombeau vide…

Or le troisième jour, en allant voir le sépulcre, des femmes, Marie-Madeleine et une autre Marie, courent « avec crainte et avec une grande joie » (Matth., XXVIII, 8). Elles apprennent d’un ange que Notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité. Et en sortant du sépulcre, Il se présente à elle. Saint Luc et Saint Jean nous apprennent aussi que Saint Pierre, ne croyant pas aux femmes, court à son tour au sépulcre et le voit vide, des linges et le suaire posés à terre.

Des apparitions…

Notre Seigneur Jésus-Christ apparaît ensuite à plusieurs autres personnes et aux douze Apôtres avant d’être élevé dans le ciel. Les récits évangéliques comptent une douzaine d’apparitions faites à des individus ou à des groupes.

Dans ces apparitions, Notre Seigneur Jésus-Christ montre qu’Il est bien le même, en chair et en os. L’Église nous enseigne qu’Il « est ressuscité le troisième jour avec la chair avec laquelle Il était né, avait souffert et est mort »[1]. Les disciples ont en effet une expérience visible et palpable, fréquente du Seigneur, vivant d’une nouvelle vie, comme du même homme exactement qui, avant sa mort, avait conversé et vécu avec eux. Il n’apparaît pas en esprit. Sa Résurrection est bien réelle. À Saint Thomas l’incrédule, Notre Seigneur Jésus-Christ veut lui montrer la réalité de sa résurrection : « Mets ton doigt là, vois mes mains ; approche ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois pas incrédule, mais croyant » (Jean, XX, 27).

L’enseignement de l’Église

L’Église nous enseigne que Notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité par ses propres forces. « Relevé par sa puissance, Il a surgi du tombeau. »[2]. Son âme, « Il l’a reprise bientôt en vertu de sa force singulière et de sa puissance admirable. »[3] La Résurrection est accomplie par sa toute-puissance.

Toujours selon l’enseignement de l’Église, en s’appuyant sur les paroles de Saint Paul, le corps de Notre Seigneur Jésus-Christ a changé d’état. Il est doué de qualités nouvelles. C’est un corps glorieux. Il possède quatre nouvelles qualités : l’incorruptibilité, l’agilité, la subtilité et la clarté. Il est désormais incapable de souffrir et de mourir. Il a la faculté de se déplacer avec la rapidité des esprits. Il a le pouvoir de pénétrer les corps les plus durs. Enfin, il est resplendissant comme le soleil.

Un témoignage évident

Lors de ses apparitions, Notre Seigneur Jésus-Christ présente sa Résurrection comme signe de sa mission et de son témoignage. Les prédictions de ce mystère ne sont donc pas accidentelles dans les Évangiles. « Voilà ce que je vous ai dit, lorsque j’étais encore avec vous ; qu’il fallait que fût accompli tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l’esprit, pour qu’ils comprissent les Écritures ; et il leur dit : Il est ainsi écrit, et c’est ainsi qu’il fallait que le Christ souffrit, et qu’il ressuscitât d’entre les morts le troisième jour » (Luc, XXIV, 45-46).

L’objet de la prédication apostolique

« Et les apôtres rendaient témoignage avec une grande force de la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, et une grande grâce était en eux tous. » (Ac. Ap., IV, 33) La Résurrection est en effet l’objet de la prédication de tous les Apôtres. « Hommes d’Israël, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, homme que Dieu a autorisé parmi vous par les miracles, les prodiges et les merveilles que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-même, cet homme qui, suivant le conseil arrêté et la prescience de Dieu, a été livré, vous l’avez fait mourir, le tourmentant par les mains des méchants, Dieu l’a ressuscité le délivrant des douleurs de l’enfer ; car il était impossible qu’il y fût retenu. »(Act. Ap., II, 22-24)

Ancien adversaire des Chrétiens, Saint Paul témoignera aussi de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, en particulier dans son Épître aux Corinthiens. Les Corinthiens se disputaient sur la question de la résurrection des morts. Pour démontrer ce dogme, Saint Paul le rapproche de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ pour montrer leur connexion. Nous aussi nous devons ressusciter des morts car notre chef, Notre Sauveur, a Lui-même montré la voie. La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ est l’exemple et la garantie de la résurrection des morts. Saint Paul affirme qu’il a appris des Apôtres la mort, la sépulture, la résurrection et les apparitions de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il témoignera dans les Synagogues. « Dieu l’a ressuscité des morts le troisième jour, et pendant un grand nombre de jours il  a été vu de ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, et qui sont maintenant ses témoins de devant le peuple. » (Act. Ap., XIII, 30-31). Il le proclamera aussi au milieu des païens à l’Aréopage.

Une vérité incontestée

La Sainte Écriture est si claire sur la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ que les Pères de l’Église n’ont fait que transmettre cette vérité. Certains ont cependant cherché à en expliquer la raison, l’importance ou la cause. Ils ont aussi combattu ceux qui l’ont remise en question directement ou non.

La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ est aussi clairement affirmée dans les professions de foi des premières communautés chrétienne avant qu’elle ne soit insérée dans le Symbole de foi défini par les Conciles. Le Credo de nos messes le souligne enfin. « Il fut crucifié pour nous sous Ponce Pilate : il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour suivant les Écritures. »

Très tôt, la piété chrétienne a exprimé cette vérité de foi sous forme de symbole comme celui du soleil qui après avoir vaincu les ténèbres de la nuit se lève le matin.

Enfin, contre les erreurs des modernistes[4], Saint Pie X a dû rappeler que la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ est un vrai fait historique.

Conséquences et effets de la Résurrection

La profession et la défense de la foi ne consistent pas uniquement à enseigner cet article fondamental de notre Credo. Il s’agit aussi de défendre ce que ce mystère représente et signifie. Il faut en effet expliquer ses conséquences ou ses effets. Car la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas un fait historique vain, sans impact sur l’homme et sur sa vie. Une mauvaise compréhension du mystère de la Résurrection implique inévitablement des erreurs graves et une mauvaise conduite. C’est pourquoi l’Église n’enseigne pas seulement le fait même de la Résurrection mais également sa réalité historique, ses raisons, son contenu et ses effets.

La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ est d’abord un argument indéniable de sa divinité et par conséquent de la vérité absolue de son enseignement. Qui d’autre que Dieu est capable de prédire un tel prodige puis de l’accomplir ?

Comme nous le rappelle Saint Paul, la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ est aussi la cause de notre résurrection future, autre article de notre foi.

Enfin, comme Notre Seigneur Jésus-Christ est mort puis est ressuscité, nous devons être ensevelis pour renaître en Lui. Sans ce mystère, point de baptême et de vie nouvelle. Renier la Résurrection revient en fait à refuser d’y voir appliquer ses effets, c’est-à-dire rejeter la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ comme notre Sauveur. Elle entre pleinement dans le plan de la Rédemption.

Conclusion

La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ et sa prédiction sont clairement contenues dans la Sainte Écriture et proposées par l’enseignement de l’Église comme vérité de foi depuis le début du christianisme et de manière continue. « Le troisième jour, il est ressuscité des morts », comme nous le confessons en récitant le Credo. C’est un article fondamental de notre foi. Les Apôtres et leurs successeurs, comme tous les Pères de l’Église et les fidèles, ont donc professé et professent clairement la Mort et la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ comme une vérité de foi indiscutable, fortement enracinée dans une réalité historique, sans lesquelles l’œuvre de la Rédemption n’aurait aucun sens, ni efficacité.



Notes et références

[1] Formule de foi, appelée « Fides Damasi », née probablement au Ve siècle, Denzinger  72.
[2] Canon 58, 2e Concile de Tolède, 675, Denzinger  539.
[3] Canon 13, Lettre du Pape Hormisdas à l’empereur Justin, 26 mars 521, Denzinger 369.
[4] Saint Pie X, décret Lamentabili et encyclique Pascendi.

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