Les prophéties et les miracles sont des arguments
apologétiques incontestables. Les œuvres accomplies par Notre Seigneur
Jésus-Christ prouvent la vérité de son témoignage. Ce sont des signes de la
manifestation de la volonté divine ou encore de la réalisation d’un plan divin.
Ils nous renvoient à un ordre surnaturel. Certes, notre foi ne prend pas sa
source dans les prophéties et les miracles mais ce sont des motifs de
crédibilité indéniables que nous ne pouvons pas négliger, notamment lorsque
nous devons défendre la foi.
Cependant, comme nous l’avons constaté, ces arguments
apologétiques sont souvent négligés, voire méprisés. La crainte d’être l’objet
de dédain ou de sarcasme de la part du monde explique probablement cette
attitude. Les pensées philosophiques contraires au christianisme n’y sont pas
non plus étrangères. Les prophéties et les miracles sont ainsi considérés de
manière générale comme anachroniques, dépassés, inutiles. Les oubliant consciemment
ou non, les discours et les sermons n’insistent finalement que sur
l’enseignement moral de Notre Seigneur Jésus-Christ ou sur le fait même de son
événement, présenté le plus souvent sous un aspect symbolique ou psychologique.
Ils ne cherchent même plus à prouver sa réalité historique. Ils ne songent qu’à
montrer l’importance du message évangélique dans notre vie présente.
Or les prophéties et les miracles ont une importance
essentielle pour le christianisme. Ce sont d’abord des faits historiques qui
ont lieu dans un environnement précis et concret, indépendant de notre volonté.
Le Chrétien ne vit pas dans un monde virtuel, fait de symboles ou de mythes,
d’où il pourrait extraire des idées et des valeurs pour éclairer son chemin. On
cherche plus aujourd’hui à donner du sens aux faits qu’à leur réalité même. Par
les prophéties et les miracles, nous sommes bien ancrés dans la réalité, certes
une réalité passée mais qui a bien existé et que nous ne pouvons pas effacer de
l’Histoire. Ils sont indéniables et indépendants de nos pensées, de nos
systèmes comme de nos rêveries. Nous ne pouvons pas dire ou agir comme s’ils
n’avaient pas existé.
Séparer le vrai du faux
Et ces faits historiques, prophéties et miracles,
présentent une caractéristique remarquable : ils séparent le christianisme
de toute autre religion. Ils sont fondamentalement discriminants. Ils
témoignent de la véracité du christianisme et par conséquent dénoncent la
fausseté du paganisme, du judaïsme, de l’islam et de toutes formes de
religiosité. Nous comprenons alors qu’ils sont bien inopportuns pour ceux qui
prônent le « dialogue interreligieux »
ou l’« œcuménisme » tel qu’il
est présenté aujourd’hui. Ce n’est pas un hasard si la prédication des Apôtres
ne cesse de revenir à ces faits. Les premiers défenseurs de la foi ont aussi
insisté sur les événements miraculeux et prophétiques de Notre Seigneur
Jésus-Christ. Car ce sont des signes qui ne trompent pas. Ils ont pour vocation
de séparer le vrai du faux. Ils montrent de façon claire la présence de Dieu.
Ainsi par les miracles et les prophéties, nous pouvons voir ce qui est de Dieu
et ce qui est de l’homme.
Parmi les prophéties et les miracles, l’un se démarque
nettement par sa force de discrimination. Il est même si essentiel que sans
lui, notre foi serait vaine. Il s’agit de la Résurrection de Notre Seigneur
Jésus-Christ. « Et si le Christ
n’est point ressuscité, notre prédication est donc vaine et vaine est aussi
votre foi ; nous nous trouvons même être de faux témoins à l’égard de
Dieu, puisque nous rendons ce témoignage contre Dieu qu’il a ressuscité le
Christ » (I. Cor., XV, 14-15). Notre foi s’appuie sur un témoignage et ce
témoignage porte sur un fait passé et concret qui s’est bien réalisé à une
époque précise. Notre foi s’appuie sur une réalité et non sur des concepts, des
idées, des symboles. Nous croyons en Notre Seigneur Jésus-Christ qui est né, a
souffert et est mort et ressuscité le troisième jour sous Ponce Pilate. D’ordre
surnaturel, la Résurrection est un fait historique.
La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, l’objet
de nombreuses attaques
Depuis l’origine du christianisme, depuis que les
premiers Apôtres ont témoigné de ce prodige, la Résurrection de Notre Seigneur
Jésus-Christ a été et continue d’être la cible d’innombrables attaques.
Aujourd’hui, le danger est peut-être plus subtil et dangereux en un temps où
notre ignorance est grande, les confusions multiples.
De beaux penseurs parlent plus de la signification de
la Résurrection que de sa réalité. Ils insistent plus sur le mystère proprement
dit que sur l’événement, plus encore sur son action dans notre présent que sur
sa réalité historique. Il n’est pas rare d’entendre que le récit évangélique qui
témoigne de la Résurrection ne serait que l’expression de l’expérience de la foi
des premières communautés chrétiennes. Selon cette thèse si en vogue de nos
jours, les apparitions de Notre Seigneur Jésus-Christ ressuscité n’auraient eu lieu
qu’en un sens subjectif et non en un sens objectif, portant sur un corps bien
physique.
Ce sont ces attaques, anciennes et récentes, que nous
devons identifier puis dénoncer et réfuter. Elles reprennent certaines thèses
que nous avons déjà rencontrées lorsque nous avons étudié les prophéties et les
miracles. Nous serons peut-être parfois dans l’obligation soit de nous répéter,
soit de nous reporter à des articles anciens. Mais avant toute chose, rappelons
le récit évangélique et l’enseignement de l’Église.
Notre Seigneur Jésus-Christ est mort sur la Croix et a
été enseveli
Sous Ponce Pilate, Notre Seigneur Jésus-Christ est
arrêté et condamné à mort. Après de multiples souffrances et abandonné par ses
disciples, Il meurt sur la Croix. Un certain Joseph d’Arimathie demande à
Pilate son corps. La demande est acceptée. « Ayant donc reçu le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul
blanc ; et il le mit dans son sépulcre neuf qu’il avait fait tailler dans
le roc. Ensuite, il roula une grande pierre à l’entrée du sépulcre, et s’en
alla. » (Matth., XXVII, 59-60)
Sur demande du prince des prêtres et des pharisiens,
Ponce Pilate leur commande de mettre des gardes auprès du sépulcre de peur que
les disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ ne viennent dérober son corps pour
dire ensuite qu’Il est ressuscité d’entre les morts car « ce séducteur a dit, lorsqu’il vivait encore : après trois jours
je ressusciterai. » (Matth., XXVII, 63) Le sépulcre est
donc scellé et gardé.
Notre Seigneur a prédit sa Résurrection
Effectivement, comme le rappellent le prince des
prêtres et les pharisiens, Notre Seigneur Jésus-Christ a prédit sa résurrection
à plusieurs reprises. Après avoir chassé les vendeurs du Temple, les Juifs Lui
demandent quel signe Il donne de son autorité pour agir ainsi. « Par quel signe nous montres-tu que tu peux
faire ces choses ? Jésus répondit
et leur dit : Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours. »
(Jean,
II, 18-19) Les Juifs qui l’entendent pensent qu’Il parle du Temple de
Jérusalem. Mais après la Résurrection, les disciples ont bien compris le sens
de ses paroles. « Jésus parlait du
temple de son corps. » (Jean, II, 21) Ces paroles seront reprises
au cours de son procès. Des témoins les rapporteront pour L’accuser. « Nous l’avons entendu disant : je
détruirai ce temple fait de main d’homme, et en trois jours, j’en rebâtirai un
autre non fait de main d’homme. » (Marc, XIV, 58) Et plus
tard sur la Croix, des passants se moquent de Notre Seigneur Jésus-Christ en
Lui rappelant ce qu’Il a dit : « Ah ! Toi qui détruis le temple de Dieu et le rebâtis en trois
jours, sauve-toi toi-même ! » (Matth., XXVII, 40) Ses
adversaires sont probablement les meilleurs garants de ses prophéties…
Dans un autre épisode, les scribes et les pharisiens
demandent à Notre Seigneur Jésus-Christ de leur montrer un prodige. « Une génération méchante et adultère demande
un miracle, et il ne lui sera donné que celui du prophète Jonas. Car comme
Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils
de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. »
(Matth.,
XII, 39-40)
Notre Seigneur Jésus-Christ annonce aussi à plusieurs
reprises à des disciples qu’Il doit ressusciter. « Il commença en même temps à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de
l’homme souffrit beaucoup ; qu’il fût rejeté des anciens, par le prince des
prêtres et par les scribes ; qu’il fut mis à mort, et qu’après trois jours
il ressuscitât. Et il en parlait ouvertement. » (Matt., VIII, 31-32)
Un tombeau vide…
Or le troisième jour, en allant voir le sépulcre, des
femmes, Marie-Madeleine et une autre Marie, courent « avec crainte et avec une grande joie » (Matth., XXVIII, 8). Elles
apprennent d’un ange que Notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité. Et en
sortant du sépulcre, Il se présente à elle. Saint Luc et Saint Jean nous
apprennent aussi que Saint Pierre, ne croyant pas aux femmes, court à son tour au
sépulcre et le voit vide, des linges et le suaire posés à terre.
Des apparitions…
Notre Seigneur Jésus-Christ apparaît ensuite à
plusieurs autres personnes et aux douze Apôtres avant d’être élevé dans le
ciel. Les récits évangéliques comptent une douzaine d’apparitions faites à des
individus ou à des groupes.
Dans ces apparitions, Notre Seigneur Jésus-Christ
montre qu’Il est bien le même, en chair et en os. L’Église nous enseigne qu’Il
« est ressuscité le troisième jour
avec la chair avec laquelle Il était né, avait souffert et est mort »[1].
Les disciples ont en effet une
expérience visible et palpable, fréquente du Seigneur, vivant d’une nouvelle
vie, comme du même homme exactement qui, avant sa mort, avait conversé et vécu
avec eux. Il n’apparaît pas en
esprit. Sa Résurrection est bien réelle. À Saint Thomas l’incrédule, Notre
Seigneur Jésus-Christ veut lui montrer la réalité de sa résurrection : « Mets ton doigt
là, vois mes mains ; approche ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois
pas incrédule, mais croyant » (Jean,
XX, 27).
L’enseignement de l’Église
L’Église nous enseigne que Notre Seigneur Jésus-Christ
est ressuscité par ses propres forces. « Relevé par sa puissance, Il a surgi du tombeau. »[2].
Son âme, « Il l’a reprise bientôt en
vertu de sa force singulière et de sa puissance admirable. »[3]
La Résurrection est accomplie par sa toute-puissance.
Toujours selon l’enseignement de l’Église, en
s’appuyant sur les paroles de Saint Paul, le corps de Notre Seigneur
Jésus-Christ a changé d’état. Il est doué de qualités nouvelles. C’est un corps
glorieux. Il possède quatre nouvelles qualités : l’incorruptibilité,
l’agilité, la subtilité et la clarté. Il est désormais incapable de souffrir et
de mourir. Il a la faculté de se déplacer avec la rapidité des esprits. Il a le
pouvoir de pénétrer les corps les plus durs. Enfin, il est resplendissant comme
le soleil.
Un témoignage évident
Lors de ses apparitions, Notre Seigneur Jésus-Christ
présente sa Résurrection comme signe de sa mission et de son témoignage. Les
prédictions de ce mystère ne sont donc pas accidentelles dans les Évangiles.
« Voilà ce que je vous ai dit,
lorsque j’étais encore avec vous ; qu’il fallait que fût accompli tout ce
qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les
psaumes. Alors il leur ouvrit l’esprit, pour qu’ils comprissent les
Écritures ; et il leur dit : Il est ainsi écrit, et c’est ainsi qu’il
fallait que le Christ souffrit, et qu’il ressuscitât d’entre les morts le
troisième jour » (Luc, XXIV, 45-46).
L’objet de la prédication apostolique
« Et les
apôtres rendaient témoignage avec une grande force de la résurrection de Notre
Seigneur Jésus-Christ, et une grande grâce était en eux tous. » (Ac.
Ap., IV, 33) La Résurrection est en effet l’objet de la prédication de
tous les Apôtres. « Hommes
d’Israël, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, homme que Dieu a
autorisé parmi vous par les miracles, les prodiges et les merveilles que Dieu a
faits par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-même, cet homme qui,
suivant le conseil arrêté et la prescience de Dieu, a été livré, vous l’avez
fait mourir, le tourmentant par les mains des méchants, Dieu l’a ressuscité le
délivrant des douleurs de l’enfer ; car il était impossible qu’il y fût
retenu. »(Act. Ap., II, 22-24)
Ancien adversaire des Chrétiens, Saint Paul témoignera
aussi de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, en particulier dans
son Épître
aux Corinthiens. Les Corinthiens se disputaient sur la question de la
résurrection des morts. Pour démontrer ce dogme, Saint Paul le rapproche de la
Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ pour montrer leur connexion. Nous
aussi nous devons ressusciter des morts car notre chef, Notre Sauveur, a
Lui-même montré la voie. La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ est
l’exemple et la garantie de la résurrection des morts. Saint Paul affirme qu’il
a appris des Apôtres la mort, la sépulture, la résurrection et les apparitions
de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il témoignera dans les Synagogues. « Dieu l’a
ressuscité des morts le troisième jour, et pendant un grand nombre de jours
il a été vu de ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, et qui sont maintenant ses témoins de devant
le peuple. » (Act.
Ap., XIII, 30-31). Il le proclamera aussi au milieu des païens à l’Aréopage.
Une vérité incontestée
La Sainte Écriture est si claire sur la Résurrection de
Notre Seigneur Jésus-Christ que les Pères de l’Église n’ont fait que
transmettre cette vérité. Certains ont cependant cherché à en expliquer la
raison, l’importance ou la cause. Ils ont aussi combattu ceux qui l’ont remise
en question directement ou non.
La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ est
aussi clairement affirmée dans les professions de foi des premières communautés
chrétienne avant qu’elle ne soit insérée dans le Symbole de foi défini par les
Conciles. Le Credo de nos messes le souligne enfin. « Il fut crucifié pour nous sous Ponce
Pilate : il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le
troisième jour suivant les Écritures. »
Très tôt, la piété chrétienne a exprimé cette vérité de
foi sous forme de symbole comme celui du soleil qui après avoir vaincu les ténèbres
de la nuit se lève le matin.
Enfin, contre les erreurs des modernistes[4],
Saint Pie X a dû rappeler que la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ
est un vrai fait historique.
La profession et la défense de la foi ne consistent pas
uniquement à enseigner cet article fondamental de notre Credo. Il s’agit aussi
de défendre ce que ce mystère représente et signifie. Il faut en effet
expliquer ses conséquences ou ses effets. Car la Résurrection de Notre Seigneur
Jésus-Christ n’est pas un fait historique vain, sans impact sur l’homme et sur
sa vie. Une mauvaise compréhension du mystère de la Résurrection implique
inévitablement des erreurs graves et une mauvaise conduite. C’est pourquoi
l’Église n’enseigne pas seulement le fait même de la Résurrection mais
également sa réalité historique, ses raisons, son contenu et ses effets.
La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ est d’abord
un argument indéniable de sa divinité et par conséquent de la vérité absolue de
son enseignement. Qui d’autre que Dieu est capable de prédire un tel prodige puis
de l’accomplir ?
Comme nous le rappelle Saint Paul, la Résurrection de
Notre Seigneur Jésus-Christ est aussi la cause de notre résurrection future,
autre article de notre foi.
Enfin, comme Notre Seigneur Jésus-Christ est mort puis
est ressuscité, nous devons être ensevelis pour renaître en Lui. Sans ce
mystère, point de baptême et de vie nouvelle. Renier la Résurrection revient en
fait à refuser d’y voir appliquer ses effets, c’est-à-dire rejeter la foi en
Notre Seigneur Jésus-Christ comme notre Sauveur. Elle entre pleinement dans le
plan de la Rédemption.
Conclusion
La Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ et sa
prédiction sont clairement contenues dans la Sainte Écriture et proposées par
l’enseignement de l’Église comme vérité de foi depuis le début du christianisme
et de manière continue. « Le
troisième jour, il est ressuscité des morts », comme nous le
confessons en récitant le Credo. C’est un article fondamental
de notre foi. Les Apôtres et leurs successeurs, comme tous les Pères de
l’Église et les fidèles, ont donc professé et professent clairement la Mort
et la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ comme une vérité de foi
indiscutable, fortement enracinée dans une réalité historique, sans lesquelles
l’œuvre de la Rédemption n’aurait aucun sens, ni efficacité.
Notes et références
[1]
Formule de foi, appelée « Fides Damasi », née
probablement au Ve siècle, Denzinger 72.
[2]
Canon 58, 2e Concile de Tolède, 675, Denzinger 539.
[3]
Canon 13, Lettre du Pape Hormisdas à l’empereur Justin, 26 mars 521,
Denzinger 369.
[4]
Saint Pie X, décret Lamentabili et encyclique Pascendi.
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