" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


vendredi 12 février 2016

Les théories reniant la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ

Régulièrement, à la messe et dans nos prières, nous professons la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ. Après ses souffrances et sa crucifixion sous Ponce Pilate, après sa mort et son ensevelissement dans son sépulcre, le troisième jour, Il est ressuscité. Cet article de foi est essentiel, fondamental pour le christianisme. Il est omniprésent dans sa liturgie, sa spiritualité, son art. Tout nous rappelle cette vérité. Il est la base de notre foi. C’est pourquoi la fête de Pâques, jour où la Résurrection est solennellement célébrée, est au centre de l’année chrétienne. Sans la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, tout serait vain. Il est le véritable point discriminant entre le christianisme et toute autre religion. Ce n’est donc pas étonnant que ses adversaires ont toujours cherché à nier ce mystère ou à le relativiser. Après avoir décrit rapidement cette vérité de foi dans l’article précédent, nous allons désormais énumérer les arguments de ses adversaires.

Rappelons que la réalité historique de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ s’appuie sur deux faits : un tombeau vide et de nombreuses apparitions. Elle a été ensuite l’objet de la prédication constante de ses disciples et de l’Église. Évidemment, il ne peut y avoir de Résurrection s’Il n’a pas connu auparavant la mort et le tombeau. Enfin, il n’y a pas véritablement de Résurrection si le Ressuscité ne recouvre pas son corps. Tous ces aspects ont donc été l’objet de nombreuses attaques.

Une mort apparente

Selon la position commune de l’islam, Notre Seigneur Jésus-Christ n’a été ni crucifié ni tué [13] Au dernier moment, Dieu aurait utilisé un subterfuge pour déjouer le plan des Juifs. « [Nous les avons maudits] […] à cause de leur parole : Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d’Allah… Or, ils ne l’ont pas tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué »[1] Selon les interprétations, soit Notre Seigneur Jésus-Christ a demandé à l’un de ses disciples de Le remplacer, soit Dieu a fait en sorte qu’un sosie Lui a été substitué. La dernière hypothèse représente la thèse commune. 

Ces interprétations sont incohérentes et intolérables. Elles sont contraires à la personnalité de Notre Seigneur Jésus-Christ telle qu’elle est décrite dans l’islam lui-même. Elles semblent en effet entendre une duplicité de la part de Notre Seigneur Jésus-Christ. Comment en effet un « un prophète d’Allah » pourrait-il user d’un tel stratagème et mentir à ce point, n’hésitant pas à sacrifier un innocent à sa place ? De même, quel serait ce Dieu qui emploierait une telle ruse ? Nous sommes en pleine contradiction…

Il existe aussi une autre interprétation. « Les exégètes les plus anciens, depuis Hallâj jusqu’à Ghazali, n’ont jamais songé à nier la crucifixion du Christ, attestée par le témoignage concordant des juifs et des chrétiens »[2]. Selon la traduction que nous utilisons[3], le Coran semble seulement nier la certitude de sa mort et s’opposerait à tous ceux qui la professent. Mais, notons encore que « la plupart des commentateurs du [Coran] déduisent que ce n’est pas Jésus qui a été crucifié et qui est mort mais un sosie qui lui aurait été substitué. »[4]

Sans aller jusqu’à l’hypothèse d’une ruse de Dieu, au XIXe siècle, Gottlob Paulus émet à son tour l’idée que Notre Seigneur Jésus-Christ ne serait pas mort sur la Croix. Il aurait eu une syncope et Il se serait réveillé quelques jours plus tard avant de mourir définitivement. Cette idée sera combattue, y compris par les critiques les plus radicaux.



Le corps de Notre Seigneur aurait été enlevé

Les premières attaques contre la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ proviennent naturellement des Juifs. Selon Saint Matthieu, le Sanhédrin a corrompu les gardes du sépulcre pour faire croire que le corps de Notre Seigneur Jésus-Christ a été volé par ses disciples. Les princes des prêtres, « s’étant réunis avec les anciens, et ayant tenu conseil, donnèrent une grosse somme d’argent aux soldats, disant : dites : ses disciples sont venus de nuit et l’ont enlevé, pendant que nous dormions. Et si le gouvernement l’apprend, nous le persuaderont, nous vous mettrons en sûreté. » (Matth., XXVIII, 12-14) Mais comme le dira Saint Augustin, si les gardes veillaient, comment l’ont-ils permis et s’ils dormaient, comment l’ont-ils su ? Les Juifs accusent les Chrétiens d'avoir volé le corps de Notre Seigneur Jésus-Christ.

L’idée du vol du corps de Notre Seigneur Jésus-Christ est reprise dans l’argumentation juive. Au IIe siècle, Saint Justin en parle dans son œuvre Dialogue avec Tryphon. « Or, non seulement vous ne vous êtes pas repentis, après avoir appris qu'il était ressuscité des morts, mais, comme je l'ai déjà dit, vous avez choisi, en les élisant, des hommes qui furent envoyés par toute la terre habitée. Ils proclamaient qu'une hérésie qui détourne de Dieu et de la Loi avait été suscitée par la séduction d'un certain Jésus, Galiléen ; quand nous l'eûmes crucifié, disaient-ils, ses disciples le dérobèrent, pendant la nuit, du tombeau dans lequel il avait été placé après avoir été décloué de la Croix : et ils égarent les hommes en affirmant qu'il est réveillé des morts et monté au ciel. »[5]

L’idée d’un enlèvement du corps de Notre Seigneur Jésus-Christ par ses disciples expliquerait ainsi sa disparition au saint sépulcre. Cela signifie surtout que les Juifs ont aussi constaté le tombeau vide le troisième jour après sa mort. Leur témoignage, surtout provenant de farouches adversaires, attestent de sa réalité historique. Mais en accusant les disciples d’une telle fourberie, les Juifs décrivent la Résurrection comme n’étant qu’un pur mensonge destiné à accréditer l’enseignement de leur maître. Par conséquent, ils considèrent les apparitions comme étant aussi des mensonges. Tout ne serait que finalement supercherie.

Cette idée réapparait au XVIIIème siècle. Reimarius accuse en effet des chrétiens d’avoir volé le corps de Notre Seigneur Jésus-Christ et d’avoir inventé les apparitions. Enfin, au XXème siècle, Albert Réville, O. Holtzmann et Baldensperger affirment à leur tour que son corps a été enlevé, soit par les Juifs eux-mêmes, soit par ses disciples, soit encore par Joseph d’Arimathie.

Ainsi on cherche à expliquer par des raisons naturelles le fait que le tombeau ait été trouvé vide. Si une explication « raisonnable » parvient en effet à justifier ce fait, le reste devient alors explicable. Les apparitions ne seraient en effet soit des inventions, soit des illusions.

Les apparitions, des visions

L’idée d’un enlèvement du corps de Notre Seigneur Jésus-Christ est aussi reprise par les païens. Comme nous l’apprend Origène, Celse la reprend tout en la prolongeant afin de justifier les apparitions. Il veut « mettre les apparitions de Jésus au rang des visions, et ceux qui l'ont vu ressuscité au rang des visionnaires. »[6] Ce ne serait que pures fictions et illusions. Celse souligne notamment le fait que ce soit des femmes les premières à avoir annoncé sa résurrection. Or qui pourrait croire aux paroles des femmes ? Il ironise sur la qualité des témoins qui discrédite leur témoignage. « Vous dites qu'il ressuscita après sa mort, lui qui n'avait pu se garantir durant sa vie ; qu'il montra sur son corps les marques de son supplice, et dans ses mains les traces des clous. Mais qui les a vues ? C'est, si l'on vous en croit, une femme fanatique; je ne sais qui encore ; quelque autre de la même cabale ; soit qu'il ait pris ses songes pour des vérités, soit qu'ayant l'imagination prévenue, il ait formé lui-même l'objet de son illusion sur le plan de ses désirs, comme il est arrivé à une infini de personnes, soit enfin, ce qui est le plus probable qu'il ait voulu étonner les hommes par ce miracle supposé, et faire ainsi la planche à d'autres fourbes comme lui. » [7] Fanatiques, imaginatifs ou crapuleux, les témoins de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ ne méritent pas créance. Au XIXe siècle, on expliquera les apparitions en évoquant des phénomènes pathologiques.

Un mythe

David Frédéric Strauss affirme que la Résurrection n’est qu’un mythe élaboré sous l’influence des prophéties de l’Ancien Testament. À force d’attendre le Messie, des Juifs l’auraient finalement imaginé. Or, les Juifs n’attendaient pas la mort et la Résurrection de l'Envoyé de Dieu[8]. Le Messie est plutôt attendu comme un Seigneur écrasant les nations impies. Le malheur des Juifs est justement de ne pas avoir reconnu le Messie dans ses souffrances, dans sa mort et sa Résurrection. La thèse de Paulus est rapidement indéfendable.

D’autres évoqueront plutôt l’influence de l’Orient. Ils justifient leur thèse en comparant les mystères d’Osiris, d’Attis et d’Adonis avec le mystère de la Résurrection. Voltaire[9] avait déjà examiné les récits mythiques d’un dieu ressuscité. Mais cette thèse abuse des comparaisons historico-religieuses et ne sont que de pures affirmations sans fondement.

Les récits évangéliques et mythiques ne sont pas en effet comparables[10] lorsqu’ils sont étudiés avec sérieux et sans idées préconçues. Notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas un dieu qui doit affronter d’autres dieux et qui parvient, après des déboires, à réintégrer le monde des dieux. Les événements que décrivent les Évangiles sont bien inscrits dans le temps et dans le monde des hommes. Ils sont en outre l’objet de témoignages historiques et circonstanciés. Le sens même des récits évangéliques et mythiques est radicalement différent. « L’idée que le dieu meurt pour conduire ses fidèles à la vie éternelle n’existe dans aucune religion hellénique à mystères. […] La mort du dieu n’est pas un sacrifice expiatoire. Ce n’est pas elle qui procure le salut. » En outre, « la carrière des demi-dieux « morts et ressuscités » ne comporte […] ni passion, ni résurrection, au sens reçu des mots. Brisée par un accident tragique et involontaire, elle est suivie d’un redressement durable : là s’arrête l’analogie ; dès que l’on veut en presser l’un ou l’autre terme, tout se dérobe. »[11] Enfin, n’oublions pas que les Évangiles sont écrits et diffusés moins de cinquante ans après les événements qu’ils relatent, temps nettement insuffisant pour créer un mythe.

Comment pouvons-nous alors expliquer l’attitude de véritables païens comme Celse et Porphyre ? Ils refusent en fait catégoriquement le christianisme car les récits évangéliques présentent une conception de Dieu radicalement différente de leur propre conception. S’ils veulent une Résurrection, ils la veulent grandiose, extraordinaire, éclatante devant les grands de ce monde. Ils veulent une apothéose.

Toutes ces thèses qui expliquent l’origine du récit par l’influence des religions orientales ou par l’imagination populaire ont toute la particularité de lire les Évangiles de manière superficielle ou de très haut. Leur lecture est guidée, orientée, biaisée par leurs thèses elles-mêmes. Nous sommes loin des exigences scientifiques et mêmes des exigences d’honnêteté que réclame la recherche de la vérité. En un mot, ce ne sont que des supercheries. Et pourtant, elles resurgissent régulièrement dans les nombreuses publications.

Un symbole

D’autres commentateurs voient dans le récit de la Résurrection non pas le fait historique mais le sens qui est possible d’y extraire. Certains renient la réalité historique, d’autres s’en moquent. Nous avons longuement décrit une de ces thèses dans nos articles relatives à Bultmann[12].

Les thèses insistant sur le symbolisme sont aussi reprises par certains catholiques afin de souligner davantage la vie immortelle de Notre Seigneur Jésus-Christ auprès de Dieu. Selon leurs discours, la Résurrection ne serait plus un fait historique incontestable mais une expression d’une réalité supérieure.

Pour justifier leur thèse, les auteurs insistent sur le fait en lui-même, sur la foi en la Résurrection, indépendamment de toute réalité historique au point de les vider de tout contenu. Or la nature a horreur du vide. Un concept vide n’est guère fiable. Ainsi faut-il nécessairement le remplir, au moins par nos pensées et notre imagination. Les témoignages historiques permettent justement de ne pas livrer notre foi à ce que nous voulons croire mais à ce que nous devons croire. L’important n’est pas en effet de croire mais de croire selon la volonté de Dieu, c’est-à-dire de saisir la connaissance de la volonté de Dieu. La foi doit se reposer sur la volonté de Dieu et non sur la nôtre. Elle vient justement de Dieu. Ce n’est pas un hasard si ces thèses proviennent du protestantisme où la notion de foi est si malmenée et tend à se confondre avec la confiance.

Le rejet de l’historicité de la Résurrection

Certains experts confirment la réalité historique du tombeau vide et des apparitions de Notre Seigneur Jésus-Christ, rejetant ainsi toutes les thèses de fraude, de mort apparente, de mythes mais pour affirmer aussitôt que la raison est incapable de confirmer ou non l’hypothèse de la Résurrection. Devant l’échec des rationalistes à la justifier, ils en viennent en effet à rejeter toute rationalité, toute possibilité de preuves conformes aux normes de la recherche juridique et scientifique. Par conséquent, toujours selon leurs thèses, l’historien ne serait pas capable de déterminer si Notre Seigneur Jésus-Christ est réellement ressuscité. Il ne peut traiter que sur les causes de l’origine du christianisme et sur son évolution. Ce qui l’intéresse n’est donc pas le « Jésus de l’histoire » mais le « Jésus de la foi ». Nous sommes donc essentiellement et uniquement dans le domaine de l’irrationnel ou de la psychologie, c’est-à-dire sur l’expérience de la foi ou mystique. Prenons quelques exemples…

Selon la thèse de Geza Vermes, les Apôtres auraient reçu une telle expérience mystique de la présence de Notre Seigneur Jésus-Christ, le jour de la Pentecôte, qu’ils ont été convaincus de sa Résurrection. Saint Paul a ensuite amplifié cette conviction.

Selon Michael Goulder, Saint Pierre aurait éprouvé un tel sentiment de culpabilité après sa trahison qu’il aurait eu une hallucination. En la faisant partager aux autres disciples, ces derniers ont fini à leur tour par avoir des expériences de Jésus ressuscité. Avec le temps, les Chrétiens auraient embelli les récits. Nous retrouverions cette « hallucination collective » dans la croyance aux objets volants non identifiés. En faisant référence davantage à la psychanalyse, Gerd Lüdemann développe aussi cette thèse.

Selon John Dominic Crossan, la « Résurrection » ne serait qu’une manière d’exprimer la présence du Royaume de Dieu ici-bas au cours de l’existence de Notre Seigneur Jésus-Christ ainsi qu’après sa mort. Seul Saint Paul aurait eu une hallucination. L’auteur refuse d’interpréter littéralement le récit évangélique.

Selon Pieter Craffert, la réalité de la Résurrection n’est pas la même que la nôtre. L’auteur se fonde sur deux idées : la multiplicité du réel et les influences de la culture dans notre perception du réel. Il existe une réalité objective au sens qu’elle est indépendante de son observateur, c’est-à-dire une réalité physique, déterminable et descriptible au sens scientifique, et une réalité subjective au sens où elle est dépendante de son observateur et de sa culture. La réalité subjective ne serait qu’un état de conscience. La Résurrection appartiendrait à la réalité subjective. C’est une réalité qui s’inscrit dans une vision et non dans un monde physique. Nous sentons dans cette thèse l’influence d’une interprétation de la physique quantique.

Des hypothèses biaisées et partielles

En conclusion, les hypothèses ne manquent pas pour expliquer la Résurrection. Elles sont toutes marquées par le rejet de son aspect surnaturel ou dit autrement par le refus d’y voir un miracle. Dieu ne pourrait en être la cause ou n’existe pas. C’est un principe qui pousse leurs auteurs à trouver des raisons justifiant une réalité, c’est-à-dire le fait que les Chrétiens croient en la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ.  

Ces hypothèses ont aussi la particularité d’expliquer certains aspects du récit évangélique sans cependant englober l’ensemble du récit. Les uns justifient le tombeau vide par une fraude mais demeurent impuissants à expliquer les apparitions, la théorie de la fraude étant bien faible pour expliquer la multitude des témoignages. Les autres insistent sur les hallucinations et les illusions pour justifier les apparitions mais une telle thèse ne permet pas d’expliquer le fait bien réel du tombeau vide. Il est aussi bien difficile de réunir dans une même cause la fraude et les hallucinations.

Des hypothèses qui ne mènent à rien

De manière systématique, ces hypothèses dénigrent la qualité des témoignages. Elles leur refusent leur objectivité ou encore toute crédibilité. Les témoins sont soit médiocres et fourbes, indignes de toute créance, soit l’objet d’une expérience de la foi et de désirs si intenses qu’ils auraient finis par croire réels ce que leur conscience ou subconscience leur aurait présenté.

Mais de telles affirmations sont faciles. Comment peuvent-ils en effet affirmer de telles choses ? S’il est vrai que des témoins peuvent mentir ou se tromper comme l’atteste notre propre expérience, il n’est guère honnête d’appliquer cette possibilité bien humaine au récit évangélique sans apporter des éléments de preuves historiques. En un mot, nous devons toujours rester sur le terrain de l’histoire. Sans preuve historique, tout cela n’est que pure hypothèse ou raisonnement subtil. Nous avons donc besoin de témoignages. Or ces thèses refusent ou relativisent la valeur de tout témoignage historique. Nous arrivons donc à une impasse. Leur hypothèse n’est donc pas acceptable.

Des hypothèses, de pures spéculations intellectuelles

Une dernière catégorie d’hypothèses consiste à ne plus traiter l’aspect historique de la Résurrection pour n’y voir qu’un mythe ou un symbole afin d’en extraire des concepts et des idées propres à nous aider dans notre existence concrète. Mais si la Résurrection se vide de tout contenu concret et justifié, qui nous garantit de la véracité de nos interprétations ? Qui peut nous assurer qu’elles correspondent à une réalité ? Elles pourraient être à leur tour le fruit d’une expérience de la foi, un moyen de réduire nos scrupules, une fraude ou un mensonge, ou enfin l’heureux résultat d’une manipulation ? Nous revenons alors aux critiques précédentes. Nouvelle impasse…

Impossibilité d’un développement du mythe

Comme le conviennent les experts, l’hypothèse du mythe n’est guère envisageable compte tenu de l’âge des documents découverts attestant la croyance de la Résurrection. Un mythe exige du temps pour se développer afin que les témoins directs ne puissent plus jouer leur rôle. Or ce temps manque cruellement dans le cas du christianisme. Et la forte structure de l’Église, très tôt mise en place, permet d’encadrer la transmission et l’enseignement du récit. Les conditions ne sont donc pas requises pour qu’un mythe se développe.

Des hypothèses hors sujet

La thèse symbolique butte sur un problème. Elle ne répond pas à une question fondamentale : la Résurrection a-t-elle eu lieu ? Refusant toute dimension historique, elle ne veut pas traiter de cette question. Mais ne pas vouloir apporter une réponse ne fait pas disparaître la question. Elle est encore bien actuelle et fondamentale. Car de notre réponse notre vie actuelle sera profondément impactée. N’oublions pas en effet les conséquences et les effets de la Résurrection.

Conclusions

En dépit de leur multitude et de leur apparente diversité, les attaques contre la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ sont plutôt faibles. Ce sont généralement de beaux discours qui abusent de notre ignorance et profitent de notre silence comme de la faiblesse de notre foi. Elles buttent rapidement sur des impasses et sur des contradictions. Malheureusement, à force d’être répétées sans échos contraires, elles conduisent aussi certaines âmes à douter de leur foi, voire à la rejeter.

Pour combattre ces erreurs, il est impératif de revenir à une double réalité, celle de l’histoire et celle de l’Église. Nous devons en effet refuser de nous engager sur des terrains qui manquent de fondement et de solidité. On nous entraîne facilement dans un monde spéculatif ou virtuel, où tout semble possible même l’absurde, un monde fait de concepts et de mots étourdissants, un monde poétique parfois qui nous enchante et nous ensorcelle. Or notre foi repose sur des faits bien concrets, ancrés dans le passé, enracinés dans le réel. Certes, nous n’oublions pas que la foi ne vient pas de nous et qu’elle porte sur des faits surnaturels. Le mystère de la Résurrection reste une vérité de foi donc indémontrable tout en étant raisonnable. Mais nous pouvons apporter des motifs de crédibilité la justifiant avec sérieux et rigueur. Faut-il au moins les connaître et les présenter afin que des âmes ne soient pas privées de lumières et ne tombent pas dans l’obscurité…



Notes et références
[1] Le noble Coran et la traduction en langue française de ses sens, Sourate IV, 155-157, trad. Hamidallah.
[2] Frère Bruno Bonnet-Eymard, article Le Coran, traduction et commentaire systématique, T. III : Sourate IV et Sourate V, édition de la CRC, 1997, dans Études théologiques et religieuses, Abbé Bernard Lucien, t. 71, 8.3.1.2, fasc., 1996, dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, abbé B. Lucien.
[3] Le noble Coran et la traduction en langue française de ses sens, note 2, Sourate IV, 157, trad. Hamidallah.
[4] Maurice Glouton, Jésus, le Fils de Marie dans le Coran selon l’enseignement d’Ibn Arabî, Albouraq, 2006, dans Études théologiques et religieuses, Abbé Bernard Lucien, t. 71, 8.3.1.2
[5] Saint Justin, Dialogue avec Tryphon, 108, 1, vol. I, Philippe Bodichon.
[6] Origène, Contre Celse, livre premier.
[7] Origène, Contre Celse, livre premier.
[8] Voir Émeraude, avril 2015, article « L'idée du Messie au temps de Notre Jésus-Christ ». Les débats entre les Juifs et les Chrétiens, qui transparaissent dans le Dialogue avec Tryphon de Saint Justin, en sont aussi une confirmation. Voir les articles d’Émeraude, juillet 2015.
[9] Voir Voltaire, Dictionnaire philosophique.
[10] Voir Émeraude, janvier 2016, article « Les failles de la théorie mythique ».
[11] Léonce de Grandmaison, Jésus-Christ, sa personne, son message, ses preuves, II, 9èdition, Beauchesne, 1929, dans Apologétique, La crédibilité de la Révélation divine transmise aux hommes par Jésus-Christ, abbé B. Lucien.
[12] Voir Émeraude, décembre 2015, articles « Bultmann et la démythologisation » et « Contre Bultmann ».
[13] La croyance en la mort apparente de Notre Seigneur Jésus-Christ provient d'hérésies chrétiennes de tendance docétiste.

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