Lorsque nous songeons au
premier temps du christianisme, à ces trois premiers siècles de douleurs et de
souffrances, nous ne pouvons que nous étonner de sa rapide diffusion tant dans
l’Empire romain et au-delà que dans la société antique. Nous ne pouvons pas
croire que Dieu n’en soit pas la cause tant le monde s’est acharné à le
combattre. C’est pourquoi comme les apologistes, nous voyons dans sa rapide
propagation un solide argument en faveur de son origine divine.
Cependant, aucune graine ne peut germer et grandir sans une terre et un environnement propices. Des apologistes ont aussi insisté sur les circonstances qui ont favorisé la diffusion du christianisme et de l’admirable enchaînement des événements qui lui ont permis de grandir si rapidement. Mais certains adversaires de la foi ont vu dans ces conditions les véritables et seules causes de son expansion, réfutant par conséquent toute intervention divine et niant toute force à l’argument. Ainsi la question se pose. La diffusion rapide du christianisme dans les trois premiers siècles est-elle un miracle ou le résultat de circonstances toute naturelles ? Si nous répondons par l’affirmative, elle peut être alors évoquée comme un argument en faveur de son origine divine.
Cependant, aucune graine ne peut germer et grandir sans une terre et un environnement propices. Des apologistes ont aussi insisté sur les circonstances qui ont favorisé la diffusion du christianisme et de l’admirable enchaînement des événements qui lui ont permis de grandir si rapidement. Mais certains adversaires de la foi ont vu dans ces conditions les véritables et seules causes de son expansion, réfutant par conséquent toute intervention divine et niant toute force à l’argument. Ainsi la question se pose. La diffusion rapide du christianisme dans les trois premiers siècles est-elle un miracle ou le résultat de circonstances toute naturelles ? Si nous répondons par l’affirmative, elle peut être alors évoquée comme un argument en faveur de son origine divine.
Le judaïsme hellénique
Les Actes des Apôtres
racontent qu’au jour de la Pentecôte, quand les Apôtres « furent remplis du Saint Esprit et se mirent parler
diverses langues […] « il y
avait à Jérusalem des juifs pieux qui y résidaient, de toutes les nations qui
sont sous le ciel. » (Act. Ap., I, 4-5). Nous apprenons
qu’ils sont « Parthes, Mèdes,
Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, du Pont
et de l’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte, des contrées de la
Lybie voisine de Cyrène, Romains de passage ici » (Act.
Ap., I, 10). Ils précisent qu’ils sont « soit Juifs, soit prosélytes » (Act. Ap., I, 11). Les uns
sont juifs de naissance, d’autres, encore appelés les « craignant-Dieu », sont des païens
proches de la religion juive sans cependant y adhérer pleinement.
Parmi les Juifs, nous
distinguons deux catégories selon leur origine : ceux qui sont nés et vivent
en Palestine et ceux de la Diaspora. Lors des grandes fêtes juives, ils se
retrouvent à Jérusalem. Saint Pierre s’adresse donc aux Juifs palestiniens
comme à ceux qui séjournent à la cité sainte. Certains seront « transpercés par le discours » (Act.
Ap., I, 37) de l’Apôtre et seront baptisés. De retour dans leur ville
d’origine, les Juifs de la Diaspora colportent les événements qui ont marqué la
ville sainte et témoignent de ce qu’ils ont vu et entendu. Les Juifs de toutes
les nations apprennent ainsi ce qu’il s’est passé et reçoivent donc
indirectement l’enseignement des Apôtres. La diffusion du christianisme dans le
monde entier est ainsi facilitée par la présence des communautés juives
dispersées dans toutes les nations.
Rappelons ce que sont les
Juifs de la Diaspora. Depuis l’exil de Babylone, c’est-à-dire la fin des
royaumes juifs et la destruction du premier Temple de Jérusalem par les Perses,
des communautés juives se sont essaimées dans le monde gréco-romain et au-delà.
Elles sont présentes dans toutes les grandes cités comme Antioche, Damas,
Athènes, Rome et surtout Alexandrie. La cité égyptienne contient probablement
la communauté juive la plus importante. Sa population est estimée au Ier siècle
après J.C. à 180 000, soit le tiers de la population de la ville[1].
Les Juifs se sont aussi étendus hors de l’empire. Lorsque les Juifs ont pu
revenir en terre sainte, certains d’entre eux ont préféré rester en pays
étrangers. Les communautés juives de la Diaspora sont ainsi restées nombreuses.
Chaque communauté de la
Diaspora dispose d’une synagogue et mène une vie religieuse fortement attachée
à Jérusalem, aux institutions, aux cultes et aux espérances juives. Elle
préserve son identité et sa religion, évitant notamment tout contact avec les païens
dans le domaine religieux. La structure juive très répandue dans l’empire
permettra ainsi aux Apôtres de s’adresser aisément aux Juifs. Les synagogues
seront les lieux où ils pourront enseigner en toute liberté. Ce sont aussi ces
Juifs qui les accueilleront au cours de leurs voyages apostoliques.
Vivant plus au contact des
païens et de cultures différentes, les Juifs de la Diaspora sont moins enfermés
dans le messianisme patriotique ou national comme leurs homologues
palestiniens. Ils sont plutôt ouverts à la culture et à l’enseignement
intellectuel des païens tout en se préservant du paganisme. Ils parlent la
langue grecque, connaissent et enseignent la philosophie grecque. Dans les
synagogues d’Alexandrie, la lecture des textes sacrés se fait en grecque. La Sainte
Écriture utilisée est la version grecque de la Septante. Rappelons que
la Sainte Bible a été traduite en grecque car les Juifs d’Alexandrie ne
connaissaient probablement plus l’hébreu. Le juif Philon (vers 20, 40) est un
des grands philosophes du premier siècle. Par son exégèse, il tente de montrer
la compatibilité de la Sainte Bible avec la philosophie grecque. Il influencera
certains Pères de l’Église.
Les Juifs de la Diaspora
exercent une forte influence auprès des païens en quête de Dieu par l’élévation
de leur doctrine et de leur piété. Dans les Saintes Écritures, nous voyons des
« craignant-Dieu » qui, désabusés
par les religions païennes, semblent reconnaître le vrai Dieu mais hésitent à adhérer
pleinement à la religion juive et à se faire juifs tant les prescriptions mosaïques
semblent les rebuter. Leur abandon dans le christianisme facilitera leur
conversion pleine et entière.
Des Juifs en guerre
Néanmoins, cette ouverture
à la culture grecque connaît des limites. À partir du Ier siècle de l’ère
chrétienne, la coexistence entre les Juifs de la Diaspora, notamment ceux
d’Alexandrie, et les païens est de plus en plus difficile. Le paganisme se
heurte à la religion juive, parfois dans la violence. En l’an 38, une émeute
éclate à Alexandrie. L’empereur Caligula veut installer une statue le
représentant en Jupiter dans tous les temples et dans les Synagogues. Les Juifs
s’y opposent catégoriquement. « C’était
une guerre terrible, sans merci, qui se déchaînait contre notre nation. »[2]
Les Juifs doivent de plus
en plus défendre leurs croyances, leur identité et leur mode de vie face aux
différentes autorités qui veulent imposer l’hellénisme et la culture
gréco-romaine. Le particularisme juif est ainsi de plus en plus combattu. De
véritables guerres entre les communautés juives et les Romains finissent par
éclater…
Siège de Jérusalem par Titus Incendie du temple |
La pax romana
En dépit des émeutes sporadiques
qui ont éclaté dans certaines villes ou aux frontières, l’Empire romain a connu
globalement une ère de paix et de prospérité aux premiers siècles de l’ère
chrétienne. Le christianisme se répand au cours de la fameuse et célèbre « Pax romana », la paix romaine.
Certes, les armées romaines se battent encore sur les frontières contre les empires
adverses ou contre les tribus barbares mais
pendant trois siècles, dans les terres intérieures, ni ennemi ni soldat ne
vient troubler la paix. L’Empire connaît encore des crises, mais limitées et
brèves, sans la perturber profondément. Les Romains finiront par croire que Rome
est éternelle… « Les Romains chassés
[…] que verrait-on sur terre, sinon la guerre universelle ? Huit cent ans
d’intention réfléchie et de chance ont élevé cet immense édifice. Qui
l’ébranlerait serait écrasé par sa chute. »[4]
Cette période extraordinaire d’ordre et de paix garantit une stabilité
favorable à la diffusion et à la pénétration de toute religion ou doctrine.
Un État de droit
Comme dans toute société
ordonnée, marquée par la discipline, l’Empire romain garantit à tous ses
citoyens la protection de la loi. Le fait de posséder le titre de citoyen
romain assure des droits sur lesquels veille la discipline romaine. Saint Paul
en usera avec intelligence. Le proconsul d’Achaïe refusera d’entendre les
plaintes des Juifs puisque Saint Paul n’a commis ni délit ni infraction[5].
N’oublions pas que Ponce Pilate a innocenté Notre Seigneur Jésus-Christ. Des fonctionnaires
de César, soucieux de leur rôle, n’hésiteront pas à protéger des chrétiens contre
des Juifs zélés et à les contraindre au calme afin que la justice romaine se
fasse dans les règles de la loi romaine. Le christianisme se développe ainsi
dans un état qui garantit la légalité et la sécurité.
Une liberté de voyager
Ce temps de la
tranquillité et de prospérité est très favorable aux échanges et aux
déplacements. L’Empire romain dispose d’un système de moyens de communication
extraordinaires. Bien entretenu, le réseau routier maille le territoire et
dessert les cités. Selon le dicton, tous les chemins mènent à Rome. Œuvre
grandiose qui du Danube à l’extrême pointe de l’Armorique, en passant par Byzance
et les colonnes d’Hercule ! Les voies romaines étendent un filet
indéchirable sur les terres que Rome contrôle tant en Europe qu’en Afrique et
en Asie. La Mer Méditerranée est aussi sans danger depuis que Rome la contrôle
et l’a expurgée de ses pirates. Nombreux sont les compagnies de navigation qui font
partir des ports des navires de commerce. Il existe même des navires de
tourisme. Les grands ports sont effectivement en pleine prospérité :
Alexandrie, Smyrne, Éphèse, Séleucie d’Antioche, Ostie, Rome, Syracuse, Cyrène,
Carthage, Corinthe, Thessalonique, etc. Les Apôtres profiteront des voies
romaines et maritimes pour répandre la bonne parole. Dans les Actes
des Apôtres, nous les voyons parcourir l’Empire romain sans grande
difficulté.
La « pax romana » avec la légalité
romaine et la forte infrastructure des moyens de communication favorise donc
les voyages et les échanges entre les populations. Tout en développant les
échanges économiques et politiques, elle permet aux voyageurs de répandre les
doctrines, les histoires, les rumeurs. L’Occident entend ce qu’il se passe en
Orient. N’oublions pas non plus le rôle des esclaves qui exercent une influence
certaine et profonde sur leurs maîtres. Et aussi facilement que les décrets
impériaux, les lettres peuvent circuler dans tout l’Empire.
Un Empire propice à l’unification
Enfin, l’Empire romain se
caractérise par la constitution d’une unité tant monétaire que linguistique. Nous
sommes bien loin de l’Union européenne. Le grec fait office de langue
internationale. Le latin, langue des armées et des administrations, dominera
progressivement pour s’imposer au IIIe siècle. Les Chrétiens écriront et se
comprendront en grec, quelle que soit leur origine. L’Empire romain tend à
l’unification et à l’universalisme. Dans un tel cadre, il n’est pas étonnant que
les communautés chrétiennes s’implantent dans les grandes cités impériales et que
l’Église tend à modeler son organisation selon le modèle romain.
L’unité de l’Empire
romain, la paix universelle, les facilités de communication offrent nombres
d’avantages à la diffusion et à la pénétration du christianisme. Tout tend à
l’universalisation. Cette situation exceptionnelle dans l’histoire est vue par
les Pères de l’Église et leurs successeurs comme un temps providentiel pour le
christianisme.
Le regard des premiers
apologistes
Au IIe siècle, Saint Méliton de Sardes
relève la coïncidence entre la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ et
l’établissement de l’Empire romain. « Et
c’est une très grande preuve de son excellence que notre doctrine ait fleuri en
même temps que l’heureux commencement de l’empire et que rien de mauvais ne
soit arrivé depuis le règne d’Auguste, mais qu’au contraire tout a été
éclatant et glorieux, selon la prière de
tous. »[6]
Il veut montrer que le christianisme est un bien favorable aux
Romains sans chercher à expliquer la rapidité de la diffusion du christianisme.
« Elle est devenue surtout pour ton
empire un bien favorable, car depuis ce temps, la puissance des Romains s’est
accrue de façon grande et éclatante. »[7]
Selon Tertullien, les chrétiens contribuent
à la longue durée de l’Empire romain par leurs prières[8]. Pour défendre le christianisme, les premiers apologistes cherchent en effet à prouver aux Romains qu'il ne s'oppose pas à l'ordre et à la justice.
Origène a une présentation
différente de la situation. Le temps apparaît bien propice à la réception du
christianisme. L’unité des peuples facilite le travail des Apôtres. « Dieu préparait les nations à recevoir son
enseignement, en les soumettant toutes au seul empereur de Rome, et en
empêchant que l’isolement des nations dû à la pluralité des royautés ne rendît
plus difficile aux apôtres l’exécution de l’ordre du Christ. »[9]
Le temps est aussi plus propice pour entendre la parole de paix. « Comment donc cet enseignement pacifique, qui
ne permet pas de tirer vengeance même des ennemis, eût-il pu triompher, si la
situation de la terre, à l’avènement de Jésus, n’eût été partout changée en un
état plus paisible. » La pluralité des royautés est source de conflits
et de guerres qui mobilisent de l’énergie et rendent les esprits peu aptes à
entendre une doctrine si exigeante que celle du christianisme.
Au IV e siècle, Prudence
revient sur cette théorie. « Dieu
veut l’unité du genre humain, puisque la religion du Christ demande un
fondement social de paix et d’amitié internationales. Jusqu’ici toute la terre
a été déchirée, de l’Orient à l’Occident, par une lutte continuelle. Pour
dompter cette folie, Dieu a enseigné aux nations à obéir aux mêmes lois et à
devenir toutes romaines. Maintenant, nous voyons les hommes vivre comme le
citoyen d’une seule cité et comme les membres d’une même famille. Ils viennent,
à travers les mers, des pays éloignés, jusqu’à un forum qui leur est
commun ; les nations sont unies
par le commerce, la civilisation, les mariages ; du mélange des peuples
une seule race est née. Voilà le sens des victoires, des triomphes de
l’Empire ; la paix romaine a préparé la voie à la venue du Christ. »
La diffusion des religions
orientales
D’après une mosaïque, Mithra, Ier siècle
Possible provenance d’Égypte, art Romain
|
Dans l’Empire romain, les
différentes croyances et cultes semblent vivre en harmonie. Elles ne s’excluent
pas. Elles peuvent être pratiquées toutes à la fois sans que cela inquiète ou
dérange. Elles s’influencent mutuellement dans un syncrétisme surprenant. Les
vieilles religions gréco-romaines s’épurent au contact des nouvelles religions.
Cependant, il ne faut pas
se tromper. Le début de l’ère chrétienne est marqué par un temps où les hommes
aspirent à plus d’authenticité et d’élévation religieuses. Les religions
antiques occidentales s’avouent en fait incapables de répondre aux aspirations
des Romains. C’est finalement un temps favorable à la quête de Dieu. Ce n’est
pas un hasard si des païens sont attirés par la religion juive. Les hommes
ont un besoin évident de spiritualité.
Un besoin d’amour ?
Lorsque nous lisons
l’œuvre de Celse, nous sommes surpris par le peu de considération que l’élite
porte aux gens pauvres et démunis. Le temps est particulièrement dur pour ceux
qui vivent dans la misère, l’ignorance ou dans la maladie. « On chassait ceux qui commençaient à être
malade ; on jetait dans les rues les gens à demi-morts ; on mettait
au rebut des cadavres sans sépulture ; on se détournait de la transmission
et du contact de la mort »[10].
L’attitude des Chrétiens
fait alors l’admiration de certains païens. « Voyez, dit-on, comme ils s’aiment les uns les autres […] Voyez, dit-on, comme ils sont prêts à mourir
les uns pour les autres »[11].
La charité, le dévouement, la fraternité universelle, le pardon des injures,
etc. ne sont guère les principes d’une société plutôt portée vers
l’infanticide, l’abandon, la violence, etc.
Un
milieu dangereux et hostile
Au moment où Notre
Seigneur demande à ses Apôtres de répandre son enseignement, la terre semble
mûre pour recevoir la Parole de Dieu. Cependant, si effectivement les
conditions semblent être favorables à la diffusion du christianisme, la
situation est beaucoup plus complexe. Les obstacles sont en effet nombreux.
Si le christianisme est né
du judaïsme et s’est d’abord diffusé naturellement dans les communautés juives,
il ne faut pas oublier que rapidement, ces dernières ont manifesté une violente
opposition contre les Chrétiens. Les Apôtres sont expulsés des synagogues.
L’idée du messianisme que partagent la plupart des Juifs ne correspond guère à
Notre Seigneur Jésus-Christ. L’idée même du salut est différente. Nous voyons aussi
le christianisme menacé par le judéo-christianisme, plus attaché à l’ancienne
Loi et aux pratiques mosaïques qu’à la Parole de Dieu. Enfin, les Juifs ne sont
pas indifférents au progrès du christianisme. Ils s’efforcent de convertir les
Chrétiens. Les Pères de l’Église interviennent souvent pour protéger les
fidèles.
Le christianisme apparaît
aussi difficilement conciliable avec la pensée païenne. Le discours de Saint
Paul à l’Aréopage est plutôt un échec[12].
Les philosophes grecs ne peuvent comprendre la doctrine chrétienne. Celse
souligne parfaitement l’abîme qui sépare le christianisme du paganisme. Non
seulement, le christianisme s’oppose à la conception païenne de la divinité
mais aussi aux institutions. Contrairement aux cultes orientaux, il fait
l’objet de persécution. Ce n’est pas un hasard si les persécutions sont surtout
menées par des « bons » empereurs.
Ils ont pris conscience du danger que représentait le christianisme pour le
paganisme et l’Empire romain. De même que le judaïsme menace le christianisme
par la forte influence qu’il mène auprès des fidèles, le paganisme ne les
laisse guère indifférents. Le progrès du gnosticisme dans les communautés
chrétiennes en est une manifestation.
Conclusion
Nous ne pouvons pas ne pas
méconnaître le contexte favorable à la rapide diffusion du christianisme. Des
éléments ont en effet permis au christianisme d’être plus accessible et de
toucher un nombre important de juifs et de païens. Les Apôtres ont ainsi bien profité
des avantages que procurent la puissance et la stabilité de l’Empire romain
pour répandre le christianisme et implanter des communautés chrétiennes.
Cependant, il y a un véritable abîme qui sépare l’accès à l’enseignement des Apôtres et à son adhésion ! Ce n’est pas parce que les voies romaines sont nombreuses qu’elles ont permis la conversion des peuples. Elles ont favorisé le travail apostolique mais elles sont impuissantes à justifier la diffusion du christianisme. Aujourd’hui, au moyen des techniques modernes de l’information, l’enseignement de l’Église peut se diffuser sans difficulté dans le monde entier sans que ce dernier se convertisse…
Cependant, il y a un véritable abîme qui sépare l’accès à l’enseignement des Apôtres et à son adhésion ! Ce n’est pas parce que les voies romaines sont nombreuses qu’elles ont permis la conversion des peuples. Elles ont favorisé le travail apostolique mais elles sont impuissantes à justifier la diffusion du christianisme. Aujourd’hui, au moyen des techniques modernes de l’information, l’enseignement de l’Église peut se diffuser sans difficulté dans le monde entier sans que ce dernier se convertisse…
Il ne faut pas non plus
oublier le combat que mène le monde pour essayer de détruire le christianisme
et les dangers que présente une société aux multiples tentations. La puissance
de l’État, l’efficacité des voies de communication, l’attrait des religions
orientales sont certainement plus favorables aux ennemis du christianisme, aux
déviations doctrinales et aux divisions des chrétiens qu’aux succès de l’Église.
Le contexte dans le
christianisme naît et grandit facilite donc sa propagation mais il ne faut pas en
exagérer l’importance. Il est en effet impuissant à expliquer son succès tant les
conditions favorables sont contrebalancées par la grandeur des obstacles et la
petitesse des moyens employés. La rapide diffusion du christianisme peut ainsi être
considérée comme « l’un des faits de
l’histoire qui se dérobent le plus aux explications ordinaires »[13].
C’est pourquoi nous pouvons parler d’ « admirable propagation »[14].
Elle fait partie de « tous ces faits » qui « font si fortement resplendir l’éclat de la
sagesse et de la puissance divines, que l’esprit et la pensée de chacun peuvent
facilement comprendre que la foi chrétienne est l’œuvre de Dieu. »[15]
Notes et références
[1] Joseph Mélèze-Modrzejewski, Un judaïsme d’expression grecque, dans Aux origines du christianisme, Gallimard, 2000.
[1] Joseph Mélèze-Modrzejewski, Un judaïsme d’expression grecque, dans Aux origines du christianisme, Gallimard, 2000.
[2]
Philon d’Alexandrie, Légation à Caius, dans Wikipédia, article « Émeutes
antijuives d’Alexandrie ».
[3]
Voir Émeraude, article " Les Pères apologistes et le judaïsme", mai 2015.
[4]
Tacite
[5] Voir Actes des Apôtres, XVIII, 14, 15.
[6]
Méliton de Sardes, Apologie à Antonin, 8, écrit en 172 dans Histoire ecclésiastique,
IV, 26,7-11.
[7]
Méliton de Sardes, Apologie à Antonin, 7, écrit en 172 dans Histoire ecclésiastique,
IV, 26,7-11.
[8]
Voir Tertullien, Ad Nationes, 32, 1, écrit en 197.
[9]
Origène, Contre Celse, II, 3.
[10]
Mari-Françoise Baslez, Comment notre monde est devenu chrétien,
Points, 2011.
[11]Tertullien,
Apologétique,
XXXIX.
[12]
Voir Émeraude, article "Christianisme et paganisme : Saint Paul à Athènes", avril 2016.
[13]
P. Allard, Dix leçons sur le martyr dans Manuel d’Apologétique,
Abbé A. Boulenger, 1928, n°288.
[14]
Constitution dogmatique Dei Filius sur la foi catholique, 1er
Concile du Vatican, chap.3, 24 avril 1870, Denzinger 3013.
[15]
Pie X, encyclique Qui pluribus, 9 novembre 1846, Denzinger n°2779.
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