" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


lundi 18 mai 2015

Les Pères apostoliques et le judaïsme

Les Évangiles présentent clairement la position de Notre Seigneur Jésus-Christ à l’égard de la foi juive et du pharisaïsme. Notre Seigneur ne se présente ni comme un conservateur ni comme un fondateur de religion innovante. Comme l’ont bien souligné certains critiques, il ne se revendique pas comme porteur d’une nouvelle religion. Mais de manière un peu hâtive, ils en concluent à tort que le christianisme n’est pas son œuvre. Il aurait été conçu et développé de manière consciente ou non par les chrétiens eux-mêmes. Il serait ainsi un mouvement judaïque qui aurait évolué selon les besoins des fidèles ou en se confrontant au paganisme et à l’hellénisme. Pour s’opposer à une telle erreur, il est nécessaire de revenir au temps où le christianisme s’est affirmé devant le judaïsme.

Rappel de nos précédents articles


La Transfiguration du Christ
Duccio di Buoninsegna

Notre Seigneur est venu accomplir la Loi et réaliser la volonté de Dieu. Depuis Adam jusqu'à Lui, il n’y a pas de rupture mais continuité. Il n'a pas inventé au sens propre une nouvelle religion. Mais Il a inauguré un temps nouveau qui nécessite un esprit nouveau. Autrefois, nous étions esclaves, désormais nous sommes libres. La Loi est devenue obsolète. Elle est en outre inefficace à l'âme puisqu'elle ne peut nous apporter le salut. Notre Seigneur Jésus-Christ a fondé ce qui est désormais nécessaire à la vie surnaturelle et à son développement en nous. Par sa mort et sa résurrection, Dieu a instauré une nouvelle alliance.

En refusant Notre Seigneur Jésus-Christ et les signes qui témoignent de sa mission, les Juifs ont rompu avec une histoire dont ils étaient pourtant les porteurs. Ils ont fait sécession. Ils se sont séparés de Dieu. Ancrés dans leur certitude, ils sont demeurés aveugles et fermés à toute pénitence et conversion. Ils ont refusé la Parole de Dieu et persécuté les chrétiens, croyant anéantir une œuvre humaine.

Cependant, conformément aux ordres de Notre Seigneur Jésus-Christ et à leurs privilèges de peuple de Dieu, les Apôtres ont d’abord apporté la bonne nouvelle aux Juifs, obtenant alors de nombreuses conversions. Mais conduits par la Providence et les circonstances souvent miraculeuses, les Apôtres l’enseignent également aux Gentils, réalisant ainsi les prophéties sur la vocation des nations ...

Le christianisme n’est pas une invention destinée à répondre aux attentes des hommes ou à satisfaire leurs besoins mais il est véritablement une œuvre divine dont les hommes ont besoin pour répondre à de nouvelles nécessités, introduites par Dieu Lui-même selon un plan déterminé. Certes, en un sens, nous pouvons dire que le christianisme répond aux nouveaux besoins du genre humain, mais contrairement aux affirmations erronées de certaines thèses, ces besoins ne sont pas commandés par l’homme mais par Dieu. Le temps nouveau nécessite un esprit nouveau. Ainsi l’homme doit s’adapter à cet esprit et se convertir au christianisme qui répond parfaitement à cet esprit. Notre Seigneur Jésus-Christ a fondé le christianisme pour fournir à ses fidèles les moyens efficaces pour s’unir à Dieu selon la propre volonté divine.

Dans les articles précédents, nous avons rappelé l’enseignement des Apôtres sur la « continuité » et la « nouveauté » du christianisme et décrit leurs positions sur le « judaïsme », nous allons désormais nous  intéresser à l’enseignement des Pères apostoliques, c’est-à-dire des disciples des Apôtres.

Les Pères apostoliques

Les Pères apostoliques ont connu les Apôtres. Ils les ont suivis alors que le judaïsme se construisait et que le christianisme quittait définitivement les synagogues. Leurs textes nous apprennent alors ce que l’Église chrétienne confessait entre les années 100 et 150. Ils représentent la première génération de chrétiens.

Nous comptons aujourd'hui huit Pères apostoliques : 
  • Saint Clément de Rome, pape et auteur de deux lettres qu’il a écrites aux Corinthiens ; 
  • Hermas, l’auteur d’une œuvre étrange intitulée le Pasteur ; 
  • Saint Ignace, évêque d’Antioche, auteurs de nombreuses épîtres aux Magnésiens, aux Smyrniotes, aux Philadelphiens, à Polycarpe, évêque de Smyrne ; 
  • Papias dont nous n’avons que des fragments d’un traité ; 
  • l'auteur de la Didaché, dite encore la Doctrine des douze Apôtres, un auteur qu’on croyait autrefois être Saint Barnabé ;
  • Polycarpe dont nous avons son Martyre.
Ce ne sont pas des auteurs inspirés. Ce ne sont pas non plus de brillants théologiens. A part Saint Ignace d’Antioche, ce ne sont pas de grands penseurs. Ce sont des témoins des premières années de l’Église.

Continuité dans la Sainte Écriture

La Sainte Écriture est la source principale d’où les Pères apostoliques puisent leur enseignement et l’autorité sur laquelle ils prétendent l’asseoir. Leurs écrits citent de très nombreux versets bibliques. Ils mettent les textes du Nouveau Testament au rang des écrits sacrés. Saint Clément introduit les Évangiles par une expression propre à ce qui deviendra l’Ancien Testament. Les trois évangiles synoptiques sont appelés « Écriture »[1] ou littéralement « l’autre Écriture ». 

Cependant, les judéo-chrétiens refusent de leur donner la même autorité que celle de l’Ancien Testament. « J’en ai entendu qui disaient : si je ne le trouve pas dans les archives, je ne crois pas dans l’Évangile. »[2] Ils en viennent à opposer l’Ancien Testament aux Évangiles. Leur principe est simple : ce qu’ils ne trouvent pas dans l’Ancien Testament, ils ne le croient pas, même s’ils le trouvent dans les Évangiles. Ils refusent aussi de voir dans l’Ancien Testament une annonce de l’Évangile. Saint Ignace oppose aux judéo-chrétiens le témoignage de Notre Seigneur Jésus-Christ : « pour moi, mes archives, c’est Jésus-Christ »[3]. Dans son Épître aux Smyrniotes, il met les Évangiles au rang des textes sacrés. Il demande en effet aux fidèles de s’attacher aux prophètes, et spécialement à l’Évangile[4].

Finalement, les Pères apostoliques « regardaient la parole des apôtres, aussi bien que celle de Jésus-Christ, là où ils pensaient la posséder, comme une autorité décisive établissant irréfrégablement la doctrine et la foi. »[5]

Christianisme vs judaïsme

Dans ses épîtres, Saint Ignace d’Antioche oppose le christianisme et le judaïsme. Il est le premier écrit qui stipule clairement cette opposition. Certains[6] y voient la consommation de leur rupture. Des changements dans la vie des fidèles témoignent clairement de cette rupture. Par exemple, le jour saint n’est plus le sabbat mais le jour du Seigneur, c’est-à-dire le premier jour de la semaine, dimanche. Saint Jean est le premier à le mentionner (Apoc., I, 10). Saint Ignace d’Antioche nous parle aussi du jour de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, « le jour du Seigneur, jour où notre vie s’est levée par lui et par sa mort »[7]. Il l’oppose au sabbat. Les jours de jeûne sont aussi changés. « Que vos jeûnes n’aient pas lieu en même temps que ceux des hypocrites. »[8]

Nous retrouvons en fait une opposition entre deux esprits. « Ne priez pas non plus comme les hypocrites ; mais comme le Seigneur l’a ordonné dans son évangile »[9]. L’auteur choisit sciemment le terme d’« hypocrite » pour désigner le Juif comme Notre Seigneur l’a aussi utilisé pour désigner le Pharisien (Voir Matth., VI, 16).

Nous voyons aussi une opposition dans la lecture et l’interprétation de la Sainte Écriture comme dans la compréhension des prescriptions de la Loi. Les Chrétiens ont donc bien conscience des différences fondamentales qui existent entre le christianisme et le judaïsme. Tout en ayant la Sainte Écriture comme fondement de la foi, ils se différencient par l’esprit qui guide sa lecture et son interprétation. Cet esprit n’est pas nouveau comme l’indiquent clairement les Pères apostoliques mais les Juifs se sont égarés et se sont obstinés dans une compréhension littérale de la Parole de Dieu.

La réalisation des promesses

Dans leurs lettres, les Pères apostoliques usent souvent des versets messianiques pour des raisons apologétiques ou pastorales. Sans oublier les extraits qui dessinent un Christ glorieux, ils s’attachent surtout à en montrer son aspect souffrant. Il ne s’agit pas seulement de prouver systématiquement que Notre Seigneur Jésus-Christ est le vrai Messie mais de décrire davantage l’esprit qui doit habiter le Chrétien. Les Pères apostoliques usent aussi de ces prophéties pour montrer les erreurs du peuple juif et ceux qui guettent les Chrétiens. Elles apparaissent comme une leçon toujours d’actualité. Il s’agit donc plus d’affermir la foi des Chrétiens, notamment contre le judéo-christianisme, que de dénoncer le judaïsme.

L’Histoire sainte, un exemple pour les chrétiens

Dans une épître du Ier siècle, le Pape Saint Clément de Rome, juif helléniste converti, s’adresse aux Corinthiens pour faire cesser une querelle. Il évoque sans cesse la Sainte Écriture pour ramener la paix et leur donner la voie à suivre. Par cet exemple, nous voyons combien l’Histoire sainte demeure une réalité bien vivante pour les Chrétiens. Les grandes figures de l’Histoire sainte restent des exemples à suivre. Il cite Abraham, Moïse, Job, David : « tous ces personnages si grands et si saints par leur humilité et leur abaissement sont pour nous des maîtres dans l’obéissance, et non pas pour nous seulement, mais aussi pour les générations qui nous ont précédés, pour tous ceux qui ont accueilli les paroles de Dieu dans la crainte et la vérité. »[10]

Saint Clément de Rome montre d’abord que la jalousie a sans-cesse contrecarré le plan de Dieu comme le montre la Sainte Écriture à plusieurs reprises. Les Apôtres en ont aussi été victimes. Il la définit comme la cause de nombreuses séditions. Pour ne pas y succomber, il demande aux Chrétiens de fixer leur regard sur la religion depuis le commencement.

De même qu’il a parcouru l’Histoire sainte pour montrer la nuisance de la jalousie, Saint Clément de Rome parcourt aussi les âges bibliques pour montrer les qualités que doivent acquérir et cultiver les Chrétiens en citant de nombreux exemples de la Sainte Écriture. Il puise dans la Sainte Bible ses justifications pour demander à ses fidèles la patience, l’obéissance, l’humilité. Mais le plus parfait modèle qu’il décrit est bien Notre Seigneur Jésus-Christ. Pour cela, il rappelle les versets bibliques qui l’annoncent. Ce modèle s’inscrit parfaitement avec les autres exemples bibliques. Les exemples bibliques à suivre atteignent même leur perfection dans Notre Seigneur Jésus-Christ. Mais Saint Clément fait plus que les citer : il donne aussi le véritable sens des faits bibliques et l’unité qui les relie tous. Nous voyons ainsi dans la Sainte Écriture une même volonté, un même esprit, une même foi. Le Chrétien doit y demeurer fidèle.

Saint Clément rappelle aussi la cause de la justification des Justes de l’Ancien Testament. Leur salut ne provient pas en soi de leurs mérites, notamment de leur obéissance scrupuleuse de la Loi : « Tous ont reçu de la gloire et de la grandeur, non à cause d’eux et de leurs œuvres, ou de la justice qu’ils auraient pratiquée, mais bien par le bon plaisir de Dieu. »[11] Dieu en est bien le véritable auteur. Tous les hommes ont été justifiés par la foi depuis le commencement. Cependant, une foi sans les œuvres est vaine, « manifestant notre justice par des actes, et non par des paroles »[12]Il souligne enfin qui est leur ennemi : « les méchants qui s’opposent à la volonté de Dieu. » [13] Le point fondamental du christianisme est bien l’union à Dieu…

Un nouvel ordre du monde

Dans son Épître aux Magnésiens, Saint Ignace, évêque d’Antioche, s’oppose à une hérésie qui tente d’introduire dans le christianisme l’observance de la Loi juive et des spéculations juives. Il décrit les juifs comme vivant « dans l’ancien ordre des choses » [14], un temps que Notre Seigneur Jésus-Christ a achevé, un temps révolu dans lequel les prophètes étaient déjà « ses disciples par l’esprit », qui « l’attendaient comme leur maître » [15]. Ainsi devons-nous ne plus observer le sabbat mais le jour du Seigneur. Saint Ignace demande donc de rejeter « le vieux levain, vieilli et aigri » et de se transformer « en un levain nouveau » [16]. Il rejette donc le judaïsme comme étant dépassé et désormais inutile. Nous retrouvons l’enseignement de Saint Paul.

Dans son Épître aux Philadelphiens, Saint Ignace est encore plus clair. Si un converti juif ou païen ne parle pas de Notre Seigneur Jésus-Christ, « ils sont pour moi des stèles et des tombeaux de morts » [17].

Le judaïsme converti au christianisme

Le christianisme est la religion de Dieu, une religion à vocation universelle, à laquelle doit se convertir le juif. « Il est absurde de parler de Jésus-Christ et de judaïser. Car ce n’est pas le christianisme qui a cru au judaïsme, mais le judaïsme au christianisme, en qui s’est réunie toute langue qui croit en Dieu. »[18]

Dans son Épître aux Smyrniotes, Saint Ignace revient encore sur la vocation universelle du christianisme. Les Chrétiens ont vocation de « rassembler ses saints et ses fidèles, venus soit des Juifs soit des gentils, dans l’unique corps de son Église » [19].

Dans son Épître aux Philadelphiens, il demande aussi de ne pas interpréter la Sainte Écriture selon le judaïsme. Il est aussi inutile de revenir à la Loi et aux pratiques juives. L’espérance se trouve désormais en Notre Seigneur Jésus-Christ, notre seul maître. Nous devons donc nous adapter au nouvel esprit.

Une mauvaise interprétation de la Loi

Plaque d'ivoire (Metz)
La Synagogue s'éloigne du Christ.
Elle doit laisser sa place à l'Église.
Dans la Lettre de Barnabé, l’auteur rappelle que Dieu a parlé clairement « par tous les Prophètes qu’il n’a que faire des sacrifices, des holocaustes ou des offrandes »[20]. Il ne s’agit pas en effet d’immoler des animaux mais d’avoir la contrition de ses fautes. Citant de nombreux versets bibliques, il nous montre combien les Prophètes ont cherché à éclairer les Juifs. « Le sacrifice que Dieu désire est un esprit brisé de douleur. Vous ne dédaignerez pas, ô Dieu, un cœur contrit et humilié. » (Ps., L, 19) Les prescriptions de la Loi étaient donc déjà inutiles et inefficaces s’ils n’étaient pas associés aux sentiments décrits par les Prophètes. La Loi est donc impuissante en soi.


Il s’agit donc de « comprendre, si nous ne sommes pas sans intelligence, l’intention toute de bonté de notre Père et [...] le vrai moyen de nous approcher de lui. »[21] Or le juif n’a pas compris le vrai sens de ces sacrifices. Il a pris à la lettre les prescriptions de la Loi. Infidèle à l’esprit de la Loi, il devient alors infidèle à la Loi elle-même.


Premiers disciples des Apôtres, les Pères apostoliques reprennent fidèlement leur enseignement. Ils ne s’opposent pas aux Juifs en tant que tels mais cherchent à consolider la foi des chrétiens et à leur expliquer le nouvel ordre des choses que Dieu a promis puis a inauguré par Notre Seigneur Jésus-Christ, un temps qui nécessite un nouvel esprit. Dans leur écrit, la Sainte Écriture est bien présente. Il n’y a pas de rupture avec le temps ancien. Il y a plutôt perfectionnement. Ils se battent aussi contre ceux qui tentent d’imposer le joug de la Loi, pourtant devenu inutile. Le judéo-christianisme n’aura cependant aucune influence sur le christianisme.




Références

[1]Saint Clément, II, Épître aux Corinthiens, II, 4.
[2] Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Philadelphiens, VIII, 1.
[3] Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Philadelphiens, VIII, 2.
[4] Voir Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Smyrniotes, VII, 2.
[5] Tixeront, Histoire des Dogmes, Tome I, La Théologie antinicéenne, chapitre III, Gabalda, 1909,.
[6] Voir Naissance d’un vocabulaire chrétien, article « Christianisme », Les Écrits des Pères apostoliques, les éditions du Cerf, 1962.
[7] Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Magnésiens, IX, 1.
[8] Didaché, VIII, 1 dans Les Écrits des Pères apostoliques, les éditions du Cerf, 1962.
[9] Didaché, VIII, 1.
[10] Saint Clément de Rome, Lettre aux Corinthiens, XIX, 1 dans Les Écrits des Pères apostoliques.
[11] Saint Clément, Lettre aux Corinthiens, XXXII, 3.
[12] Saint Clément, Lettre aux Corinthiens, XXX, 1.
[13] Saint Clément, Lettre aux Corinthiens, XXXVI, 6.
[14] Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Magnésiens, IX, 1 dans Les Écrits des Pères apostoliques.
[15] Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Magnésiens, IX, 2.
[16] Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Magnésiens, X, 1.
[17] Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Philadelphiens, VI, 1 dans Les Écrits des Pères apostoliques.
[18] Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Magnésiens, X, 3.
[19] Saint Ignace d’Antioche, Épître aux Smyrniotes, I dans Les Écrits des Pères apostoliques.
[20] Lettre de Barnabé, I, 1 dans Les Écrits des Pères apostoliques. L’auteur cite Isaïe, I, 11-13.
[21] Lettre de Barnabé, II, 9.

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