" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


samedi 10 décembre 2016

Le protestantisme : l'histoire d'une rupture

L’hérésie ou l’orthodoxie ont-ils un sens aujourd’hui ? Cette question peut nous paraître légitime quand nous voyons le Pape François se rendre en Suède pour préparer la fête des 500 ans de la Réforme. À Lund, le Pape et un révérend de l’église luthérienne ont présidé la 31 octobre, jour de la fête de la Réformation[1], une célébration œcuménique. Le conflit laisse désormais sa place à une étrange communion après plus de 50 ans de dialogues, qui ont permis de « surmonter beaucoup de différences et ont approfondi notre compréhension et notre confiance réciproques. »[2]

Nous ne pouvons en effet qu’être scandalisés par la division des Chrétiens et les guerres de religion qui ont meurtri l’Église. On nous apprend que la division ne se serait « historiquement perpétuée plus par des hommes de pouvoir de ce monde que par la volonté du peuple fidèle »[3]. Guidés par de bonnes volontés, les efforts œcuméniques ont alors pour but de panser les plaies de l’histoire et de réunir les Chrétiens. « Luthériens et catholiques ont blessé l’unité visible de l’Église »[4], nous dit-on encore. Mais est-il bon de « forcer une unité en faisant violence à la conscience de la vérité »[5] ? Devons-nous surtout fêter une date qui marque la division ? Devons-nous nous associer à une cérémonie qui célèbre un fait historique annonciateur d’un drame terrible ? L’unité des Chrétiens est-elle à ce prix ?...

De tels signes venant de la plus haute autorité de l’Église catholique pourraient nous suggérer que le terme d’hérésie est véritablement suranné. Ce ne serait qu’un produit de l’histoire qui n’aurait plus sa place en notre temps d’œcuménicité. Cependant le Pape François nous informe aussi que « les théologiens poursuivent le dialogue dans le domaine doctrinal »[6], ce qui montre que la division ne relève pas simplement d’un conflit d’hommes. Elle est beaucoup plus profonde qu’on ose le dire. La solution ne repose donc pas sur des symboles ou des manifestations à grand effort médiatique. Car au-delà des scènes auxquelles nous assistons, célébrations et prières œcuméniques, discours communs, rencontres, …, le mouvement œcuménique comprend aussi des travaux théologiques.

L’hérésie est-elle donc un produit de l’histoire devenu de nous jours inutile ? Pour mieux répondre à cette question, nous allons étudier le protestantisme. Pour cela, revenons aux faits historiques, aux origines du dram. 

Le jour des 95 thèses

Revenons donc au 31 octobre 1517, la veille de la Toussaint. Sur la porte d’une chapelle, au château de Wittemberg[7], dans l’actuelle Allemagne, on peut lire une affiche. Elle expose quatre-vingt-quinze thèses qu’un moine augustin propose de défendre. Le document est intitulé « Dispute sur la puissance des indulgences ». Les thèses remettent en question la pratique des indulgences. Avant de les afficher, le moine les a envoyées à l’archevêque de Mayence. C'est ainsi que Luther (1483-1546) entre dans l'histoire...

L’affiche ne peut guère étonner les paroissiens. Avec l’approbation de son supérieur Johann von Staupitz, vicaire général de l’ordre des Augustins en Allemagne, Luther a commencé une série de sermons contre les abus de la pratique des indulgences, « les pires outils de la cupidité »[8]. Auparavant, l’un de ses étudiants a défendu ses pensées[9]. Lors d’une dispute d’école, il a fait défendre à un autre de ses étudiants 97 thèses qui ressemblent fort à celles affichées. En outre, le fait d’afficher des thèses pour proposer un débat correspond à un usage académique de cette époque. L’affichage des thèses n’a rien de révolutionnaire. Cependant, l’affiche se présente clairement comme un avertissement au nom de Dieu. « Mon but est moins d’incriminer leurs clameurs (car je ne les ai point entendues) que de détruire les imaginations erronées qu’ils font naître dans l’esprit de leurs auditeurs. »[11] 

Cependant, aujourd'hui et depuis quelques années, l’affichage des 95 thèses est contesté par certains historiens. Elles n’auraient été envoyées qu’à l’archevêque de Mayence. « Entre 1961 et 1968 plus de trois cents études ont abordé le sujet »[10]. Ce qui est certain est que le 31 octobre 1517, les thèses sont connues de l’archevêque de Mayence et de l’épiscopat. 

Qu’est-ce que la pratique des indulgences ?


Dans la doctrine catholique, l’indulgence est la remise, totale ou partielle, des peines du péché que chacun doit subir sur terre ou au purgatoire après que le sacrement de pénitence lui a valu l’absolution de sa faute et la remise du châtiment éternel. Elle correspond donc à la remise des peines temporelles, et non de la faute, qui restent encore passibles après la rémission du péché. Pour que cette remise soit efficace, il faut être dans l’état de grâce. La remise des peines temporelles se fait en vertu du pouvoir des clés que possède l’Église et en raison du trésor de l’Église, comme aussi des actions morales personnelles. Elle est obtenue en contrepartie d’un acte de piété tel que jeûnes, prières, aumônes, pèlerinages, etc.

La pratique de l’indulgence est très ancienne. Comme le rappelle la constitution apostolique Indulgentiarum Doctrina de Paul VI et que confirment des travaux[12], l’indulgence provient d’une tradition très ancienne, celle de la pratique pénitentielle du christianisme antique. Puis « à partir du XIe siècle […] on concède des indulgences, c’est-à-dire des proclamations générales, par lesquelles on promettait à tous les fidèles, moyennant certaines œuvres (aumône), une remise partielle de leur pénitence et, plus tard, une remise totale (indulgence de croisade). Le droit d’indulgence est exercé d’ordinaire par le Pape, alors que précédemment il l’était surtout par l’évêque. »[13]

Le premier document l’attestant formellement et de manière incontestable parle d’une indulgence partielle accordée en 1006 par l’archevêque d’Arles à des pénitents lors de la dédicace de la basilique du monastère de Mont-Majeur. En 1063, le Pape Alexandre III accorde une indulgence à ceux qui prendraient la Croix pour recouvrer la terre sainte.

Au XIème siècle, l’indulgence reçoit une première définition juridique dans les décrétales pontificales. Au XIIème et XIIIème siècle, les théologiens définissent et approfondissent la doctrine. Avec Saint Raymond de Pennaford, Saint Albert le Grand, Saint Thomas d’Aquin, elle devient claire au niveau théologique. Une doctrine sur l’indulgence a enfin été définie dans une bulle de Clément VI lors de la proclamation du jubilé de 1350. En 1476, elle peut être appliquée à l’âme d’un défunt cher, qui voit alléger ses souffrances de l’autre monde.

La pratique des indulgences, des abus et des condamnations




La pratique des indulgences a donné lieu dans le passé à des excès que l’Église a vivement condamnés. En échange d’une remise de peine temporelle, un pécheur pardonné peut laisser quelques pièces pour la construction d’une église. Elle est donc devenue une source de revenus et d’impôts. Elles profitent au Pape et à la curie romaine, aux évêques, aux prédicateurs, aux confesseurs, aux collecteurs et aux princes. Il est donc tentant d’abuser d’une pratique si rentable et de la détourner de sa fonction première.
La pratique des indulgences donnent lieu à un trafic scandaleux. En 1215, le 4ème concile de Latran dénonce les abus et tente de mieux la réglementer « parce que par suite d’indulgences indiscrètes ou superflues que ne craignent pas d’octroyer certains prélats, les pouvoirs de l’Église sont méprisés et la satisfaction pénitentielle est privée de sa force »[14]. En 1312, la décrétale Abusionibus stigmatise encore les excès.

Les abus ne sont pas seulement scandaleux. Ils sont particulièrement dangereux au niveau de l’âme. Ils s’accompagnent en effet d’un enseignement erroné qui remet en question la doctrine chrétienne. Des prédicateurs enseignent que l’indulgence possède une vertu magique qui assure une sorte d‘hypothèque sur le ciel. Le fidèle crédule et naïf peut croire qu’il est possible d’acheter son salut. En 1482 [15] puis en 1518, la Sorbonne condamne un prédicateur. Elle condamne fausse et scandaleuse la proposition suivante : « Toute âme du Purgatoire s’envole immédiatement au Ciel, c’est-à-dire est immédiatement libérée de toute peine, dès l’instant qu’un fidèle met une pièce de six blancs, par manière de suffrage ou d’aumône, dans le tronc pour les réparations de l’église Saint-Pierre de Saintes. »[16] 

Certains théologiens ont condamné la pratique de l’indulgence. Wicleff et Jean Huss s’y sont aussi fortement opposés. En 1484, Lallier, un prêtre, dénie au Pape le droit de remettre les peines de l’autre monde en octroyant l’indulgence. En 1488, un franciscain Vitrier affirme « qu’on ne doit point donner d’argent pour le pardon » [17]. « Prêcher que les âmes du Purgatoire sont rachetées par les indulgences est une absurdité. » [18] Bref, au XVème siècle, on pouvait croire que les indulgences consistaient à acheter une place au paradis…

Les 95 thèses contre la pratique des indulgences

En 1506 et en 1514, les Papes concèdent des indulgences extraordinaires aux chrétiens généreux qui verseraient de l’argent pour la construction de la basilique Saint-Pierre. L’ordre des dominicains se voit confier la publication des indulgences, excitant la jalousie des autres ordres religieux, notamment les Augustins. Des prédicateurs sillonnent alors le pays pour obtenir de l’argent. Il faut souligner que seules des régions précises peuvent prêcher cette indulgence. Ce n’est pas le cas pour Wurtemberg.

Quand en 1517, Luther affiche ses quatre-vingt-quinze thèses, l’un d’entre eux sillonne la terre allemande. « Voici des passeports pour mener l’âme humaine à travers une vallée de larmes et un océan déchaîné, dans la patrie heureuse, au paradis. Tous les mérites acquis par les souffrances du Christ y sont contenus, et quand il est certains que, pour un seul de ces péchés mortels qu'on commet plusieurs par jour, après confession et contrition, sept années d’expiation sont encore imposées soit sur terre soit au purgatoire, qui pourrait hésiter à acquérir pour un quart de florin une de ces lettres qui font pénétrer votre âme divine, immortelle, aux célestes béatitudes du paradis »[19].

Les 95 thèses s’attaquent contre les abus des indulgences, contre les Dominicains qui en sont les prédicateurs et contre le Pape qui s’arroge le droit de remettre des peines autres que celles infligées par lui et qui, « vu ses richesses aussi abondantes, devrait bâtir la basilique de Saint Pierre avec son argent plutôt qu’avec celui des pauvres fidèles ». Mais Luther ne s’attaque pas réellement aux abus mais à l’institution même des indulgences. Il remet en cause le droit du Pape de remettre des peines. « La remise des peines, c’est la grâce du Christ qui l’accorde, non le Pape. C’est dans la haine de soi-même et de son péché que l’homme peut espérer recevoir cette grâce, et non dans l’accomplissement de quelques gestes, dans le sacrifice de quelques monnaies. »[20] Plus exactement, il s’oppose à l’idée selon laquelle les fidèles peuvent obtenir leur salut par leurs œuvres. Les deux dernières thèses de son factum sont caractéristiques : « il faut exhorter les chrétiens à s’appliquer à suive Christ leur chef, à travers les peines, la mort et l’enfer. (94) Et à entrer au ciel par beaucoup de tribulations, plutôt que de se reposer sur la sécurité d’une fausse paix. »(95) Luther reproche aux autorités romaines de donner aux Chrétiens « une fausse paix ». « La peine dure aussi longtemps que dure la haine de soi-même »(4).

Des thèses retentissantes

En affichant ses thèses sur la porte d’une chapelle, Luther se propose de les discuter publiquement. Une copie est envoyée à l’archevêque Albert de Mayence accompagnée d’une lettre dans laquelle il proteste contre les abus que commettent les prédicateurs en prêchant les indulgences. Mais personne ne se présente pour l’affronter. Néanmoins, son factum se répand dans toutes les régions allemandes et au-delà. Le succès est retentissant. Les défenseurs de Luther présentent les thèses comme matière à discussion, destinées à fixer les limites d’un dogme qu’ils prétendent encore mal établi.

À l’occasion de sa thèse de doctorat en théologie, le prédicateur d’indulgence Teztel défend cent-six Antithèses opposées aux thèses de Luther et dans lesquelles il expose la doctrine traditionnelle sur le sacrement de pénitence et sur les indulgences. Des étudiants arrachent des mains du colporteur huit cents exemplaires apportés à Wittemberg et en font un feu de joie. Par un sermon sur les indulgences et la grâce et dans ses Résolutions[21], Luther répond à Tetzel. Il défend et accentue ses opinions. Par l’intermédiaire de Stauptiz, il remet aussi à Rome un traité justifiant sa position et une lettre pleine de soumission dans laquelle il réclame une enquête et un jugement, assurant que la voix du Pape sera écoutée comme celle du Christ. Mais furieux, l’archevêque de Mayence défère à Rome les thèses de Luther.

Vives et étranges réactions des autorités romaines

Le Pape Léon X ne mesure pas encore la gravité de la situation. Cependant, plus attentif, le cardinal Thomas de Vio de Gaete, surnommé Cajetan, étudie avec soin les thèses de Luther et y discerne les erreurs qui s’y cachent. Elles s’attaquent en fait à la doctrine de la justification par la foi et remettent en question la notion de mérite. Elles contestent aussi l’infaillibilité du magistère de l’Église. Les autorités romaines demandent alors au vicaire général de l’ordre des Augustins Gabriel della Volta d’amener à rétractation son subordonné au chapitre de 1518. La tentative échoue. Le Pape demande alors à Luther de s’expliquer à Rome.

Silvestre Prierias, au service de la curie romaine, publie aussi un mémoire au sujet des écrits de Luther[22]. Il défend l’autorité du Pape et de l’Église, de l’infaillibilité de l’Église, du concile général et du Pape dans des décisions doctrinales relatives à la foi et à la morale. Il défend enfin la doctrine des indulgences. Mais au lieu de montrer ses erreurs, il met uniquement l’accent sur l’attitude révoltante de Luther contre l’Église tout en exaltant la toute-puissance pontificale. Le document est aussi injurieux contre le moine. Ce dernier répond par un autre pamphlet, opposant l’infaillibilité du Pape à celle de la Sainte Écriture…

De nombreuses rencontres inutiles

En dépit de sa lettre de soumission, Luther ne se rend pas à Rome. Il craint l’influence des Dominicains dans les tribunaux romains. Il est soutenu par  Spalatin et par le prince électeur de Saxe, Frédéric dit le Sage. Le prince demande au Pape que le procès soit jugé en Allemagne. Léon X accepte sa proposition. Luther devra donc se présenter à son légat, Cajetan, en mission à Augsbourg, et rétracter ses erreurs. S’il y refuse, il sera condamné comme hérétique et remis au bras séculier.

Le 12 octobre 1518, Luther comparaît donc devant Cajetan à Augsbourg. La rencontre est courtoise. Le légat du Pape lui demande trois choses : la rétractation de ses erreurs, la promesse de ne plus les enseigner et l’abstention de tout ce qui pourrait troubler la paix de l’Église. À la demande de Luther, il précise les deux erreurs : « tu prétends que le trésor de l’Église ne renferme pas les mérites de Notre Seigneur Jésus-Christ et de ses saints et tu affirmes que les effets des sacrements dépendent de la foi de celui qui les reçoit »[23]. Le légat refuse toute discussion. Luther lui remet alors une Déclaration dans laquelle il proteste encore sa soumission à l’Église et propose de donner oralement ou par écrit une justification de sa doctrine. Il s’en remet en outre au jugement des Universités de Bâle, Louvain, Fribourg, voire de Paris. À la demande du légat, le 14 octobre 1518, Luther remet à Cajetan ses Éclaircissements portant sur les deux points contestés. Il admet que le trésor de l’Église soit constitué par les mérites du Christ mais nie qu’il soit à la disposition du Pape. Sur le deuxième point, c’est-à-dire sur la question de la justification, il reprend sa thèse : le pécheur est justifié par sa foi et non par ses œuvres. Cajetan lui demande de nouveau de se rétracter. Il lui défend de paraître devant lui s’il n’est décidé à le faire.

Luther refuse de se rétracter mais il est prêt à garder le silence sur la question des indulgences si ses adversaires font de même. Fuyant Augsbourg, craignant d’être arrêté et livrer au pouvoir civil, il rentre à Wittemberg. Le 21 octobre, il lance un appel « du Pape mal informé au Pape mieux informé ».

Une dernière rencontre avortée

Le 1er novembre 1518, Luther appelle à un concile œcuménique. Le prince Frédéric refuse de le livrer au Pape et demande qu’il soit jugé par quelques Universités. Le 9 novembre, Léon X publie une bulle où il expose la doctrine traditionnelle sur les indulgences et sur leur efficacité pour les vivants et pour les défunts. Cependant, le camérier Charles de Miltiz est envoyé auprès de Frédéric pour calmer l’agitation et pour que son protégé se rétracte. Conciliant et affable, connaissant bien le milieu allemand, il semble être l’homme de la situation.

Mais en arrivant en Allemagne, Charles de Miltiz découvre l’étendue et l’importance d’un mouvement antiromain qui soutient et encourage Luther. De nombreux professeurs religieux ont pris parti pour lui. En dépit de ses efforts et en dépit des marques d’amabilité à l’égard de Fréderic de Saxe, il ne parvient pas à faire évoluer la situation. Luther persiste dans son refus. Il promet encore son silence si ses adversaires font de même…

Remarquons qu’à plusieurs reprises, Luther exprime sa volonté de se soumettre au Pape. Dans ses Résolutions, il exprime toute son obéissance. « Approuvez ou désapprouvez : votre voix sera pour moi celui du Christ, et, si j’ai mérité la mort, je n’hésiterai pas à mourir. »[24] En mars 1519, il persiste. Il affirme « devant Dieu et devant les hommes : je n’ai jamais voulu et je le veux moins encore aujourd’hui, attaquer l’Église romaine ni Votre Sainteté. » [25]

La réaction catholique des théologiens

Mais comment est-il possible de garder le silence quand l’agitation est si grande et les questions soulevées si importantes ?! Les théologiens finissent par répondre aux thèses de Luther. L’Université de Louvain les censure durant l’hiver 1518-1519. L’Université de Cologne s’apprête à le faire. Les thèses de Luther font surtout l’objet d’une sévère critique de la part de Jean Eck, vice-chancelier de l’Université d’Ingolstadt, reconnu comme étant un des plus brillants théologiens d’Allemagne. Il publie les Obelisci[26] fin décembre 1518. Luther y répond par ses Asterici. Puis, Luther et Eck acceptent de se rencontrer pour se livrer à une dispute le 27 juin 1519 à l’université de Leipzig. En 1525, Eck publiera un manuel de polémique contre la doctrine de Luther, l’Enchiridion.

Les partisans de Luther

D’autres théologiens semblent appuyer Luther. Érasme ne voit pas dans ses thèses un danger de rupture. Il ne considère pas que Luther se sépare de l’Église. Sa seule erreur grave, selon lui, serait de donner une forme agressive à ses idées. Carlstadt, prieur du couvent augustin et professeur de théologie de Wittemberg, le soutient. Luther est surtout entouré d’un ensemble d’étudiants, de bourgeois, de nobles. Certains d’entre eux manifestant une véritable haine à l’égard de Rome. De nombreux hussites le suivent aussi. La réputation de Luther est suffisamment grande pour qu’elle le protège contre les condamnations pontificales. Il est devenu un véritable chef d’une communauté de pensée.

La dispute de Leipzig

Le 27 juin 1519, Carlstadt et Jean Eck, entourés de théologiens, se rencontrent à Leipzig. Le premier représente Luther. Pendant quatre jours, ils débattent sur la question de la grâce et du libre arbitre jusqu’au 3 juillet. Eck est un orateur puissant, un dialecticien remarquable, doué d’une mémoire extraordinaire. Il triomphe facilement de son adversaire. Carlstadt est obligé d’admettre qu’il y a dans le libre arbitre une activité qui consiste à adhérer à la grâce. Le sujet de la seconde semaine porte sur la primauté du Pape. Luther assiste au débat. Il défend sa thèse selon laquelle elle est contraire à la Sainte Écriture, les Conciles de Nicée et de Constance. Au cours des discussions, il finit par remettre en question l’autorité du Pape et celles des conciles. Seule compte, selon Luther, l’autorité de la Sainte Écriture. Eck démasque ainsi ses erreurs. Il le traite alors d’hussite, déclenchant en lui une colère furieuse et des propos incohérents. Le débat se poursuit sur la question des indulgences puis se termine par un retour sur le libre arbitre et la justification. Le 16 juillet, la dispute est clôturée. Les procès verbaux sont envoyés aux principales Universités. Louvain, Paris, Cologne prennent position contre Luther.

Comme nous pouvons nous attendre, les deux parties se déclarent vainqueurs. Mais l’intérêt n’est pas de désigner le vainqueur. Il est ailleurs. La dispute de Leipzig a en effet eu plusieurs conséquences. Les positions de Luther se sont clairement durcies et se sont radicalisées. Puis, ses ressentiments contre le Pape sont devenus publics. Sa notoriété est renforcée. Il ose tenir tête à la papauté ! En Allemagne, on est désormais pour ou contre lui.

Le renforcement de Luther

Les humanistes sont acquis aux idées du novateur. Pour eux, il est la victime des théologiens ignorants, ambitieux et cupides. D’autres le saluent comme un second Saint Paul. On le voit comme un « nouvel Hercule » combattant Rome, le « foyer de corruption ».

Luther regroupe aussi tous ceux qui s’opposent au Pape. Les nobles allemands soutiennent aussi son mouvement. Ulrich de Hutten (1488-1523) lui écrit que s’il se dresse contre la Papauté, les hobereaux l’aideront, notamment le puissant Franz de Sickingen. Silvestre de Schaumbourg lui met cent chevaliers à sa disposition pour le protéger. Luther est le héros qui « affranchit l’Allemagne de la tyrannie romaine »[27]. Dès 1518, un notaire de Nuremberg peut faire le constat suivant : « Luther est devenu l’homme le plus célèbre de toute l’Allemagne. Ses amis le célèbrent, l’adorent, combattent pour lui, sont prêts à tout endurer pour lui. On baise ses moindres écrits, on le surnomme le Héraut de la Vérité, le clairon de l’Évangile ; Saint Paul, à les entendre, parle par sa bouche. »[28] Frédéric de Saxe demeure un appui incontestable pour Luther.

Les villes libres de l’Empire accueillent avec joie son enseignement. Nuremberg, qui se distingue par sa haine contre la papauté et le clergé, entre dans le mouvement. Le peuple le considère comme un prophète envoyé de Dieu pour se dresser contre les prélats indignes et pour rétablir la vraie doctrine du Christ.

Ainsi Luther devient le symbole de tout un ensemble de ressentiments, voire de haine, contre Rome. Sûr d’une telle protection, Luther n’a plus rien à craindre. Son audace est sans borne. « Les dés en sont jetés, je ne veux plus de réconciliation avec Rome pour l’éternité »[29], écrit-il à Spalatin le 11 juin 1520. « Que les Romains me condamnent ou brûlent mes écrits, qu’importe ! En revanche, je prétends condamner et brûler publiquement tous les livres de droit papal, cette hydre de Lerne de l’hérésie… Sylvestre de Schaumbourg et Franz de Sickingen m’ont affranchi de toute crainte humaine… »[30] Luther assimilera désormais le Pape à l’Antéchrist.…

La rupture

Après la dispute de Leipzig, une première commission est mise en place à Rome pour mener le procès de Luther. Présidée par Cajetan, elle se compose des généraux des grands ordres et des théologiens romains. Puis elle est remplacée par une nouvelle commission composée des meilleurs théologiens. Cajetan, Dom Jacovazzi, Pierre de Accoltis d’Ancône, Gilles de Viterbe et Eck sont chargées d’extraire de ses écrits toutes les propositions hétérodoxes.

Le 15 juin 1520, Léon X publie la bulle Exsurge Domine. Luther est accusé d’hérésie. Les écrits contenant les 41 propositions jugées hérétiques doivent être détruits. Il lui est interdit de prêcher et d’enseigner la théologie. Il doit se rétracter dans les deux mois sous peine d’excommunication. La publication de la bulle ne connaît des difficultés qu’en Allemagne, à Leipzig, à Erfurt, à Viennes, etc. Il faut l’intervention de la force impériale pour la faire diffuser.





Le 3 octobre, la bulle de Léon X est connue à Wittemberg. Luther envoie d’abord une lettre au Pape pleine de déférence. À Louvain et à Liège, on brûle les écrits de Luther. Le 17 novembre, Luther diffuse un pamphlet terrible contre le Pape. Le message est clair comme l’indique son titre : Contre La bulle de l’Antéchrist. C’est une véritable déclaration de guerre. Il qualifie « le Pape d’hérétique errant et endurci, d’ennemi et d’oppresseur de l’Écriture, de blasphémateur de la Sainte Église et du Concile. »[31] Des désordres sont signalés en Allemagne. Le 10 décembre, Luther brûle solennellement la bulle avec les décrétales pontificales en disant : « puisque tu as affligé le Saint du Seigneur, sois affligé toi-même et consumée par le feu éternel ! »[32] Les farouches adversaires du Saint Siège se regroupent autour de Luther. Mais certains partisans des idées nouvelles, dont des juristes, sont épouvantés et le désapprouvent. Le 3 janvier 1521, la bulle Decet Romanum pontificem déclare Luther excommunié et interdites les villes qui lui donneraient abri.

La personnalité de Luther

Que pouvons-nous conclure de cette regrettable histoire ? Il ne s’agit pas de juger des personnes. Cela est bien trop facile cinq cents ans après les événements. Nous pouvons cependant constater certains faits historiques révélateurs. Il est clair que les thèses de Luther se radicalisent au fur et à mesure qu’il rencontre des résistances. Certes, les germes de sa pensée étaient bien présents dès les 95 thèses comme l’avait constaté Cajetan mais sa doctrine s’éclaircit, s’affermit, perd toute nuance lorsqu’elle est peu entendue ou combattue.

Comme le constatent tous les historiens, catholiques ou protestants, la personnalité de Luther est un facteur fondamental à prendre en compte dans cette histoire. Il n’y aurait pas eu certainement de protestantisme sans Luther. Comme l’a aussi noté Érasme, il s’exprime avec agressivité, ce qui peut expliquer l’attitude romaine. 

Son comportement ne correspond guère à ses écrits. Il a prétendu à plusieurs reprises se conformer aux décisions romaines mais chaque fois, il fait preuve d’insoumission. Certes, nous pouvons peut-être entendre ses désirs d’obéissance comme des formules de flatterie ou des marques de prudence en un temps où l’hérésie pouvait conduire à la mort. Mais nous voyons surtout un homme au double langage. Pendant qu’il montre publiquement du respect à l’égard du Pape, il le vomit dans son intimité. Pendant qu’il promet du silence en échange de celui de ses adversaires, il organise son mouvement en Allemagne. Depuis l’affichage de ses 95 thèses, Luther a réclamé une dispute publique sur ses idées puis un jugement des Universités sur leur orthodoxie. Il a promis de se taire si effectivement, on lui démontrait son erreur. Or la dispute de Leipzig puis la décision de principales universalités disent clairement qu’il est dans l’erreur. Mais au lieu de remettre en question sa doctrine, Luther la radicalise. Il n’accepte pas le refus. Nous voyons là un homme bien sûr de lui-même. Se croit-il inspiré ?…

Des adversaires bien maladroits

La radicalisation de ses idées peut aussi s’expliquer par l’attitude de ses adversaires. Ils font preuve de maladresse. « Légèreté d’un Léon X, lors des premiers éclats de Luther, et puis sévérité subite, où l’on voudrait que la hâte à condamner n’eût été le fruit que de l’amour ardent de la vérité catholique »[33], nous dit le révérend père Vicaire. Au lieu de montrer ses erreurs, les premières réactions des autorités romaines sont de condamner son attitude dans des formules bien peu charitables. Leurs réactions sont ensuite mêlées de flatteries, de superficialité, de sévérité. Elles n’ont guère compris tout l’enjeu des questions qu’a soulevées Luther et toute l’importance de l’écho qu’il reçoit de la population. Elles n’ont saisi ni la personnalité de Luther ni les besoins religieux de leur temps. « La réelle piété de Luther ne suffisait pas pour faire de lui un catholique, car elle ne garantissait pas son orthodoxie ; mais la rectitude de la foi chez ses adversaires s’alliait trop souvent à une totale indifférence aux besoins de la vie spirituelle. » [34] Les autorités romaines ont résisté aux erreurs mais leurs maladresses ont dressé contre eux tout un mouvement de résistance.

Les autorités romaines ont montré beaucoup de patience et de clémence. Elles ont aussi perdu beaucoup de temps, suffisamment pour que Luther prépare sa défense et regroupe ses forces. Cette perte de temps a aussi permis la diffusion des idées dans une population plutôt réceptive. La chance de Luther est de voir surgir les questions de succession au trône impérial au moment où il est encore peu réputé. La mort de l’empereur Maximilien et sa succession préoccupent Rome et la détournent de Luther. Elle ne peut guère se concentrer sur le problème doctrinal. Elle finit par retrouver sa liberté de manœuvre en 1519.

L’importance des circonstances historiques

La naissance du protestantisme ne peut pas non plus se comprendre sans saisir les circonstances historiques qui ont conduit une population à embrasser la cause de Luther. Autour de lui se sont regroupés tous les mécontents de l’autorité romaine, tous les fidèles qui ne supportaient plus l’indignité du clergé, tous ceux qui ont été poursuivis dans les mouvements hérétiques. Il a enfin rassemblé tous ceux qui voyaient en lui le représentant d’une nation allemande. Luther en a bien conscience. « Pas de nation plus méprisée que l’allemande ! L’Italie nous appelle des bêtes ; la France, l’Angleterre se moquent de nous ; tous les autres pareillement. »[35] Des raisons politiques se sont aussi mêlées à sa cause.

Conclusion

Au moment où Rome condamne Luther, le combat n’est plus seulement d’ordre théologique. Il regroupe trop d’éléments humains, politiques, sociaux pour qu’il ne demeure qu’une question de vérité ou d’erreur. Cependant, il est impératif de montrer que l’enseignement de Luther n’est point celui de l’Église, non seulement du XVIe siècle mais aussi de celle qui est née de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il provient de Luther, d’une véritable évolution ou innovation provoquée par des circonstances bien humaines.




Il est donc pertinent de présenter avec insistance, comme le font les Papes, le contexte historique comme une des causes de la désunion entre les Catholiques et Protestants. Il a favorisé le succès de Luther. Il est intervenu à un moment où une partie de l’Allemagne était opposée à Rome. Mais il est faux et imprudent de ne pas voir la véritable cause, c’est-à-dire la personnalité de Luther. Il est encore plus faux de ne pas voir dans cette rupture une rupture doctrinale. Il est donc nécessaire de « purifier » l’histoire mais pour aller à l’essentiel, au cœur du sujet. Il faut aussi avoir le courage de dénoncer Luther. Il n’est ni un héraut de la vérité ni un nouveau Saint Paul ! C’est à ce prix que l’unité se réalisera dans l’Église et la vérité. Il n’y a pas de communion dans l’erreur. Car Notre Seigneur Jésus-Christ est la vérité. Se contenter du premier pas, c’est-à-dire de « purifier l'histoire», est certes nécessaire mais bien insuffisant, voire illusoire…

L’histoire de l’origine du protestantisme révèle tous les facteurs qui érigent une erreur en une hérésie. La réduire à une décision officielle ou encore à une prétendue arme de pouvoir apparaît ainsi bien dérisoire. Elle révèle la nature même de l’homme qui, tenu par l’orgueil, s’affermit et se radicalise face à une résistance, et fort d’un appui de toute nature prend de l’audace au point de s’opposer à la voix de l’autorité. Un hérétique devient hérésiarque s’il est suffisamment soutenu par un contexte historique, social, politique, etc. Nous verrons alors que cet homme finit à son tour par se perdre par ceux même qui le soutiennent…






Notes et références
[1] Fête qui célèbre l’affichage des 95 thèses de Luther. C’est à partir de là que commence l’histoire de la Réforme.
[2] Déclaration conjointe à l’occasion de la commémoration commune Catholique-Luthérien de la réforme, 31 octobre 2016, w2.vatican.va.
[3] Pape François, Homélie, prière œcuménique commune dans la cathédrale luthérienne de Lund, 31 octobre 2016, w2.vatican.va.
[4]Déclaration conjointe à l’occasion de la commémoration commune Catholique-Luthérienne de la réforme, 31 octobre 2016, w2.vatican.va.
[5] Cardinal Gerhard Müller, entretien paru en espagnol Informe sobre la esperanza, rapport sur l’espérance, cité dans www.la-croix.com, A avril 2016.
[6] Pape François, Discours du Pape François aux participants du pèlerinage des luthériens, 13 octobre 2016, w2.vatican.va.
[7] Wittemberg, bourgade de 2 000 habitants au début du XVIe siècle. L’université de Wittemberg est fondée en 1502 par Frédéric de Saxe.
[8] Semons du 27 juillet 1516 et 24 février 1547 à la cathédrale de Wittemberg, dans Histoire générale de l’Église, Abbé A. Boulanger, tome III, Les temps modernes, volume VII, XVIe – XVIIème siècle, 1ère partie, La réforme protestante, I, n°15, librairie catholique Emmanuel Vitte, 1938.
[9] Bernhardi de Feldkirchen, des thèses de viribus et voluntate hominis sine gratia.
[10] M., Lienhard, Martin Luther : un temps, une vie, un message dans L'année Luther, Péronnet Michel dans Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance, n°18, 1984, www.persee.fr
[11] Luther dans Martin Luther, un destin, Lucien Fèbvre, End., I, 115.
[12] Voir notamment Les origines et la nature de l’indulgence d’après une publication récente, Henri Chirat, Revue des sciences religieuses,  Année 1954, volume 28, n°1, www.persee.fr.
[13] Mgr Bernard Burtmann, Précis de théologie dogmatique, Appendice, éditions Salvator, 1944.
[14] IVème concile de Latran, 1215, chapitre 62, Denzinger 819.
[15] Jean Laillier, prêtre, maître ès arts, licencié en théologie, qui proclamait, en 1484, que «  le pape n’avait pas le pouvoir de remettre aux pèlerins, par des indulgences, la totalité de la peine due par eux en raison de leurs péchés, même si ces indulgences étaient octroyées justement et sainement  » dans du Plessis d’Argentré,  Collectio Judiciorum de Novis Erroribus. Il ajoutait que les décrets et décrétales des papes n’étaient qu’attrapes et tromperies.
[16] Du Plessis d’Argentré, Collectio Judiciorum de Novis Erroribus, I, dans Martin Luther, un destin, Lucien Fèbvre.
[17] Daniel-Rops, L’Église de la Renaissance et de la Réforme, Tome I, Une révolution religieuse : la révolution protestante, V.
[18] Daniel-Rops, L’Église de la Renaissance et de la Réforme, Tome I, Une révolution religieuse : la révolution protestante, V, Fayard, 1955.
[19] Tetzel, prédicateur dominicain, dans Luther, Funck-Brentand, dans Histoire générale de l’Église, Abbé A. Boulanger, n°15.
[20] Voir Daniel-Rops, L’Église de la Renaissance et de la Réforme, Tome I, Une révolution religieuse : la révolution protestante, V.
[21] Luther, Resolutiones disputationum de indulgentiarum virtute, Résolution sur la vertu des indulgences.
[22] Dialogue sur les affirmations téméraires de Luther relative au pouvoir du Pape, publié en 1518.
[23] Abbé A. Boulanger, Histoire générale de l’Église, tome III, Les temps modernes, volume VII, XVIe – XVIIème siècle, 1ère partie, La réforme protestante, I, n°16.
[24] Luther, Résolution sur la vertu des indulgences, dans L’Église de la Renaissance et de la Réforme, Daniel-Rops, Tome I, Une révolution religieuse : la révolution protestante, V.
[25] Luther dans L’Église de la Renaissance et de la Réforme, Daniel-Rops, Tome I, Une révolution religieuse : la révolution protestante, V.
[26] Obelisci ou obèles est le terme qui désigne les signes typographiques dont on marque, dans les marges d’un livre, les passages suspects d’hérésie.
[27] Stauffer Richard, La Réforme, Introduction,  Paris, Presses Universitaires de France, Que sais-je ?, 2003,
URL : www.cairn.info/la-reforme
[28] L’Église de la Renaissance et de la Réforme, Daniel-Rops, Tome I, Une révolution religieuse : la révolution protestante, V.
[29] Luther dans L’Église de la Renaissance et de la Réforme, Daniel-Rops, Tome I, Une révolution religieuse : la révolution protestante, V.
[30] Luther dans Histoire générale de l’Église, Abbé A. Boulanger, tome III, Les temps modernes, volume VII, XVIe – XVIIème siècle, 1ère partie, La réforme protestante, I, n°17.
[31] Marc Lienhard, Martin Luther, Un temps, une vie, un message, Labor et fides, 4ème édition, 1991.
[32] Luther dans Histoire générale de l’Église, Abbé A. Boulanger, tome III, Les temps modernes, volume VII, XVIe – XVIIème siècle, 1ère partie, La réforme protestante, I, n°18.
[33] R.P Vicaire, Histoire ecclésiastique de l’Église, II, dans L’Église de la Renaissance et de la Réforme, Daniel-Rops, Tome I, Une révolution religieuse : la révolution protestante, V.
[34] Daniel-Rops, Histoire ecclésiastique de l’Église, II, dans L’Église de la Renaissance et de la Réforme, Tome I, Une révolution religieuse : la révolution protestante, V.
[35] Luther, Tischreden, W., II, 98, no 1428, année 1532 dans Martin Luther, un destin, Lucien Fèbvre.

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