" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


lundi 21 septembre 2015

Prophéties et miracles, des arguments apologétiques de premier ordre

La Transfiguration
Nul ne peut contester l’antiquité et l’intégrité substantielle de l’Ancien Testament. Élaboré bien avant notre ère chrétienne, il a survécu au temps à l’abri des manipulations et des altérations. Pendant des siècles, un peuple particulier, le peuple juif, en était le dépositaire. Convaincu de son origine divine, il a protégé les livres sacrés qui composent la Sainte Bible. La Sainte Écriture transmet la Parole de Dieu. Elle contient l’origine de l’humanité, l’histoire des relations entre Dieu et les hommes, l’histoire d’un peuple, ses grandeurs et ses déchéances. Elle enseigne les commandements divins, définit l’interdit, les obligations, une morale. Elle est aussi prière, cantique, louange à Dieu. Mais elle n’est pas que passé et destinée au présent, elle est aussi avenir. Par ses Patriarches, ses Justes et ses Prophètes, Dieu a dessiné, parfois avec précision, ce qui va advenir. Au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ, le peuple de Dieu attend toujours la réalisation des promesses divines. Gardant jalousement les prophéties, il attend le Messie, Celui qui doit être envoyé par  Dieu, pour sa plus grande gloire. Il attend avec impatience ce moment où Dieu triomphera des impies et apportera la justice et la paix à tout l’univers. Il attend le renouvellement du monde. Au bout de la route tracée par Dieu se trouve le salut de tous. En dépit des siècles qui passent, cette attente est encore vive au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ. Est-Il Celui qui doit arriver ?

Nul ne peut non plus contester l’authenticité et la véracité des Évangiles. Ces livres ont aussi été préservés de l’usure du temps. Leur valeur historique est notamment indéniable. Ils apportent un témoignage fiable sur les événements qui se sont déroulés durant les premières années de l’ère chrétienne. Ils nous décrivent, parfois avec simplicité et tendresse, les faits et gestes de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils nous rapportent ses paroles, ses émotions, ses peines également.

Alors que l’Ancien Testament nous donne des signes, prophéties et figures, qui nous permettent d’identifier le Messie, le Nouveau Testament nous montre surtout leur réalisation en Notre Seigneur Jésus-Christ. Nombreux et parfois précis sont en effet les éléments qui nous permettent de reconnaître Celui qui doit être envoyé. Certains de ses éléments sont connus, d’autres plus voilés s’éclairent par leur réalisation. Les Apôtres rappellent ainsi les prophéties qui se rapportent à Notre Seigneur Jésus-Christ. Les Pères de l’Église ont également souligné la réalisation de leur accomplissement en Lui. Les signes demeurent encore convaincants.



Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même insiste souvent sur l’importance des promesses divines. Il montre clairement à ses interlocuteurs qu’Il les a accomplies en connaissance de cause. Avant de mourir sur la Croix, il conclue sa Passion par ces mots riches de sens : « tout est consommé. » (Jean, XIX 30) Cela ne peut guère nous surprendre. A plusieurs reprises, il affirme qu’Il doit réaliser ce que la Sainte Écriture a annoncé. Le jour de son arrestation, il interpelle ses gardes : « J’étais tous les jours parmi vous, enseignant dans le Temple, et vous ne m’avez point pris ; mais c’est pour que les Écritures s’accomplissent. » (Marc, XIV, 49) L’un des disciples de Notre Seigneur tente de s’interposer et frappe de l’épée un des gardes. Mais son Maître l’arrête aussitôt « Comment donc s’accompliront les Écritures, disant qu’il doit en être ainsi ? » (Matth., XXVI, 54) Il est nettement conscient qu’Il doit accomplir les prophéties divines. Parfois, ses gestes n’ont pas d’autres raisons d’être que de réaliser ce qui a été annoncé. Que la volonté de Dieu soit faite !

Insistons encore. Il est en effet important de rappeler que Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même nous affirme qu’Il réalise ce que la Sainte Écritures a annoncé il y a des siècles auparavant. « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures » (Matth., XXI, 42), dit-Il souvent à ses disciples. La Sainte Écriture témoigne véritablement de Lui. Il est donc Celui qui doit être envoyé. Il est le Messie. Pour le savoir, lisez les prophéties et jugez ses faits et gestes selon les paroles bibliques. Il réalise la volonté de Dieu. C’est évident. « Les œuvres que mon Père m’a données à accomplir, ces œuvres que je fais moi-même, rendent témoignage de moi, que le Père m’a envoyé. [...] Scrutez les Écritures, puisque vous pensez avoir en elles la vie éternelle, car ce sont elles qui rendent témoignage de moi. » (Jean, V, 36-39)

Il est donc faux de croire que tout cela n’est qu’une invention des Apôtres et de leurs disciples. Tout en accomplissant ce qui est annoncé, Notre Seigneur Jésus-Christ annonce et affirme hautement ce qu’Il est. Les œuvres qu’Il accomplit et les paroles qui les accompagnent sont donc de puissants arguments que nous devons ne pas oublier.

Mais ce ne sont pas les seuls signes que Notre Seigneur nous a laissés pour affirmer ce qu’Il est. Les miracles qu’Il accomplit nous indiquent qu’effectivement, Il est envoyé de Dieu. « Hommes d’Israël, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, homme que Dieu a autorisé parmi vous par les miracles, les prodiges et les merveilles que Dieu a faits par Lui au milieu de vous comme vous le savez-vous-mêmes […] » (Ac. Ap., II, 22) Les évangélistes nous rapportent en effet de nombreux miracles. Il prêche et confirme ses paroles par des prodiges. Saint Jean nous en donne une explication. « Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d’autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-ci ont été écrits afin que vous croyez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et afin que, croyant, vous ayez la vie en son nom. » (Jean, XX, 30-31)

Comme nous l’enseigne Saint Jean, les miracles participent grandement à la pédagogie divine. Ils doivent nous conduire à notre sanctification en nous apportant des motifs de crédibilité. Comme tout signe, ils portent une signification, un enseignement. La guérison de l’aveugle-né en est un exemple. Notre Seigneur Jésus-Christ nous apporte la lumière et nous permet ainsi de quitter l’obscurité dans laquelle nous sommes plongés. Mais il est tentant de réduire le miracle à cette dimension symbolique ou de le considérer uniquement sous son aspect révélateur au point d’oublier le fait concret qui se réalise et qui manifeste la puissance de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est en effet tentant d’oublier la force probante de cet argument apologétique. Le miracle est avant tout un signe de crédibilité.


Notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas simplement accompli des prophéties, ce qui est déjà une chose extraordinaire, ou encore réalisé des miracles, mais Il a aussi prophétisé des choses qui effectivement se sont réalisées. La connaissance de l’avenir est un signe puissant et efficace. Trois fois au moins, Il annonce sa Passion, sa Mort et sa Résurrection, de façon claire et avec certitude. « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les princes des prêtres et par les scribes, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour. » (Luc, IX, 22) Il nous donne en avance quelques détails particuliers : la trahison de Judas, l’abandon de ses disciples, le reniement de Saint Pierre. Il révèle aussi le martyre de Saint Pierre et la persécution de ses disciples. Parmi les autres révélations, rappelons enfin la prophétie sur la destruction de Jérusalem et du Temple. « Voyez-vous toutes ces choses ? En vérité je vous le dis : il ne restera pas là pierre sur pierre qui ne soit détruite. » (Matth., XXIV, 2)

Le plus grand des signes que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a donnés est sa Résurrection. Elle est le signe suprême de son autorité. Tout ce qui est extraordinaire est en effet réuni dans ce miracle prophétisé. Il accomplit ce qui était voilé dans la Sainte Écriture et ce qu’Il a annoncé, puis réalise une chose inédite et inimaginable. « Si le Christ n’est point ressuscité, notre prédication est donc vaine » (I. Cor., XV, 14) Notre Seigneur Jésus-Christ l’a souvent invoquée pour appuyer son enseignement. Alors qu’Il était sur la Croix, « les passants le blasphémaient branlant la tête, et disant : Ah ! Toi qui détruis le temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu es le Fils de Dieu, descend de la croix. » (Matth., XXVII, 39-40) Sur le chemin d’Emmaüs, Notre Seigneur Jésus-Christ dira à ses disciples : « il est ainsi écrit, et c’est ainsi qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscita d’entre les morts le troisième jour. » (Luc, XXIV, 46)


Prophéties accomplies et miracles réalisés, que de signes qui témoignent efficacement de Notre Seigneur Jésus-Christ ! Ce sont de véritables témoignages que nous devons méditer et utiliser à bon escient. Notre Seigneur Jésus-Christ  nous demande de Le juger selon ses œuvres. « Maintenant je vous le dis avant que cela arrive, afin que, quand ce sera arrivé, vous croyiez. » (Jean, XIV, 29) Ainsi pouvons-nous éviter les faux prophètes et tous ceux qui abuseront des fidèles par des prodiges. « Voilà ce que je vous ai dit : il fallait que fût accompli tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse dans les prophètes et dans les psaumes. » (Luc, XXIV, 44)

Si ces œuvres témoignent de Lui, nous devons alors L’écouter. La Sainte Écriture nous annonce en effet un Messie comme Docteur des nations et prédicateur de Dieu. « Venez et montons à la montagne du Seigneur, et à la maison de Jacob, et il nous enseignera ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers ; parce que de Sion sortira la loi, et la parole du Seigneur de Jérusalem. » (Is., II, 3) La Samaritaine de l’Évangile attend ainsi le Messie comme celui qui « nous apprendra toutes choses. » (Jean, IV, 25)

Naturellement, Notre Seigneur Jésus-Christ s’affirme être comme un Docteur et un Maître. « Vous m’appelez vous-même Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. » (Jean, XIII, 13) Il accepte aussi ce titre qu’on lui donne à plusieurs reprises. Mais Il n’est pas un Maître comme un autre.  « C’est moi qui suis la lumière ; qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » (Jean, VIII, 12) Il n’existe pas d’autres maîtres que Lui car Lui-seul nous guide vers Dieu le Père. « Moi je suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient à mon Père que par moi. » (Jean, XIV, 6)



Écoutons bien. Sa doctrine n’est pas la sienne. « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. » (Jean, VII, 16) Par conséquent, celui qui écoute son enseignement écoute celui qui L’a envoyé, c’est-à-dire Dieu le Père. Il rappelle en effet à plusieurs reprises qu’Il a été envoyé par le Père pour enseigner et répandre la vérité. « Il faut que je prêche aux autres villes le royaume de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé. » (Luc, IV, 43) Sa mission est très claire.

Notre Seigneur Jésus-Christ fait exactement la volonté de Celui qui L’a envoyé. Celui qui L’entend et Le suit, entend et suit Celui qui L’a envoyé. Recevoir son enseignement, c’est entendre Dieu. Croire en Lui, c’est s’unir à Dieu. En un mot, Il est la voie qui nous mène à la béatitude éternelle. « Mon père qui m’a envoyé lui-même m’a prescrit ce que je dois dire et ce dont je dois parler. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Ainsi ce que je dis, je le dis comme mon Père m’a commandé. » (Jean, XII, 49-50)

Croire en Lui est donc une obligation, une nécessité pour celui qui veut s’unir à Dieu et sauver son âme. Ce n’est ni une option, ni un plaisir, laissés au bon vouloir de chacun. Il est la Voie et non une voie parmi tant d’autres. Et n’oublions jamais le prix de cette enseignement : le sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ.. «Tout est consommé. » (Jean, XIX 30)

Saint Cyrille et saint Méthode
A son tour, Notre Seigneur Jésus-Christ envoie ses disciples pour diffuser son enseignement dans le monde entier. Il leur commande de prêcher en son Nom à toutes les Nations, c’est-à-dire à tous les peuples de la Terre. « Vous serez témoins pour moi à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Act. Ap., I, 8) Ceux qui les recevront recevront Notre Seigneur Jésus-Christ. « Qui vous reçoit, me reçoit, et qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. » (Matth., X, 40) Or « celui qui reçoit un juste en qualité de juste, recevra la récompense d’un juste. » (Marc, X, 41) Que dire alors si ce juste est Notre Seigneur Jésus-Christ ? Ainsi, « celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc, XVI, 16) Ou encore « Qui vous écoute, m’écoute, et qui vous méprise, me méprise, mais qui me méprise, méprise celui qui m’a envoyé. » (Luc, X, 16)


Nous aussi, nous devons témoigner par nos œuvres et par nos paroles puisque nous-mêmes nous avons reçu Notre Seigneur Jésus-Christ. Or de nos jours, la défense de la foi se réduit parfois à exposer la sagesse et la grandeur de son enseignement au point que certains finissent par Le considérer comme un grand Sage ou un moraliste extraordinaire. Sa vie est disséquée pour en extraire du sens et de grandes leçons morales. On parle plus de la signification de la Résurrection que de sa réalité historique et de sa nature miraculeuse. On évite de la voir comme une preuve de la véracité du témoignage de Notre Seigneur Jésus-Christ et de son caractère divin. Effectivement, cela fait désordre dans l’œcuménisme ambiant.

Imitons plutôt Notre Seigneur Jésus-Christ qui a souvent souligné la valeur et la portée de ses œuvres et de ses miracles. C’est par ces signes nombreux et différents que nous pouvons en effet « prouver » la véracité de son témoignage. Tout change quand nous savons d’où Il vient et ce qu’Il est venu faire. Les mots n’ont pas le même poids. Les enjeux changent radicalement. Le regard est différent…

Ainsi il n’est guère possible de défendre la foi sans montrer que Notre Seigneur Jésus-Christ est Celui qui a été envoyé par Dieu le Père pour être l’unique voie de notre salut. C’est pourquoi les prodiges qu’Il a accomplis ont une valeur apologétique de premier ordre…


« Celui-ci est mon Fils, en qui j’ai mis toutes mes complaisances. Écoutez-le. » (Matth., XVII, 5)

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