" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


lundi 8 octobre 2012

L'homme créé dans un jardin de délices

[Suite du précédent article]

La Genèse nous présente une vie extraordinairement harmonieuse. Adam et Ève vivent dans un jardin, marqué par la beauté et la douceur. Leur nudité ne pose aucune gêne. Ils sont d'une sublime innocence. « Ils ne rougissaient pas » (Gen., II, 25). Tout est parfaitement ordonné. 

Adam et Eve sont aussi exempts de toute incorruptibilité, de toute maladie, de toute infirmité, de toute peine. « L'homme vivait dans le paradis comme il voulait, tant qu'il conformait sa volonté au commandement divin. Il vivait, jouissait de Dieu, et bon de sa bonté. Il vivait sans besoin, et il dépendait de lui de vivre toujours ainsi. […] Aucune corruption en son corps, ou dont le corps fut l'origine, n'affligeait d'angoisse cruelle sa sensibilité » (1). Ils sont en amitié avec Dieu. 

La mort n'a pas non plus d'emprise sur Adam et Ève. « Dieu a créé l'homme inexterminable » (Sag., II, 23). En effet, Dieu donne à Adam un seul commandement : « Le Seigneur Dieu prit donc l'homme et le mit dans le jardin de délices, pour le cultiver et le garder. Et il lui commanda, disant : « mange des fruits de tous les arbres du paradis ; mais quant aux fruits de l'arbre de la science du bien et du mal, n'en mange pas ; car au jour où tu en mangeras, tu mourras de mort » (Gen., II, 15-17). La désobéissance entraînera la mort... Certes, Adam pouvait mourir mais ce n'était pas une nécessité. « Il ne devait pas mourir, si, au mépris des prédictions et des menaces de Dieu, ce crime ne l'eût précipité dans le châtiment » (2). La mort est alors devenue une nécessité. « La mort et la nécessité de mourir sont une peine affligée à l'homme pour le péché qu'il a commis » (3). L'immortalité originelle d'Adam et d'Ève est donc un don de Dieu et non une disposition naturelle. 

Leur désobéissance les conduira ainsi hors de ce paradis. La terre qui était douce et généreuse dans le paradis produira désormais des épines et des chardons. « Tu es poussière et tu retourneras en poussière » (Gen., III, 19). Par la désobéissance, tout devient éprouvant. Il n'y a plus d'harmonie... 

Les conséquences de la désobéissance nous éclairent finalement sur la paix et la parfaite innocence de la vie originelle d'Adam et d'Ève. Cet état de véritable bonheur est un don de Dieu, un privilège, non définitif. Ils étaient dans un état de justice et de sainteté. Dieu les a établis ainsi comme le déclarent les conciles de Trente et de Vatican II 4. L'homme sort pur et parfait des mains du Créateur. Il est créé « très bon », « à l'image et à la ressemblance de Dieu ». 

La Sainte Écriture nous éclaire finalement sur ce qu'est homme, sur sa dignité et ses spécificités. Par conséquent, elle nous apprend sur ce qu'il doit faire. Son destin est de se tendre vers Dieu pour atteindre la parfaite ressemblance. Et comme Dieu est notre Créateur, nous devons aussi être emplis de reconnaissance et de gratitude. « Il y a deux voies, l'une de la vie, l'autre de la mort, mais la différence est grande entre ces deux voies. Or, la voie de la vie est la suivante : d'abord, tu aimeras Dieu qui t'a fait » (5). Car Dieu nous a donné une capacité qui dépasse toute raison, celle de Le connaître et de L'aimer... 





1 Saint Augustin, La Cité de Dieu, tome II, XIV. 
2 Saint Augustin, La Cité de Dieu, tome II, chapitre XIII. 
3 Saint Thomas d'Aquin, Somme contre les Gentils, livre III, chapitre IV, 50, 3. 
4 Concile de Trente, 5ème session, canon 1, Denz.1511, et Concile de Vatican II, Gaudium et Spes, 12, Denz. 4313. 
Didaché, I, 1-2.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire