" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


mardi 29 novembre 2011

La nation (3 ) : position du chrétien...

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Et nous, chrétiens ?

Et nous chrétiens, nous pouvons être un peu troublés par l'idée de la nation. Car elle s'oppose fortement à l'universalité de notre foi. Ce n'est pas un hasard si des nationalistes se sont opposés fortement à la valeur universelle du christianisme. L'apparition des nations a aussi marqué la fin de la chrétienté et compliqué la tâche des Papes. Parallèlement, parmi les dix commandements, nous avons le culte de la patrie.

Néanmoins, cette apparente contradiction ne doit pas nous inquiéter car la réponse est toujours identique à tous les problèmes que nous rencontrons. Il s'agit de mettre les bonnes priorités et donc de ne pas confondre la fin et les moyens.

L'Eglise est « totalement hostile à toute conception politique qui voit dans le pays ou l'Etat une fin ultime et se suffisant à elle-même » (Pie XI, 14 décembre 1925).

« Il semble qu'on popularise de nouveau cette notion de la Cité et de l'Etat qui est en contradiction formelle avec la doctrine catholique : une Cité ou un Etat qui est à lui-même sa dernière fin, un citoyen qui n'est ordonné qu'à la Cité, une cité à laquelle tout doit se rapporter et qui doit tout absorber » (Pie XI, 20 décembre 1926).

Mais, a-t-on le droit de se sacrifier pour la nation ? Nous pouvons décomposer cette difficile question par trois autres plus simples. Qui personnifie la nation puisqu'elle n'est qu'une idée, une construction imaginaire ? S'agit-il d'un régime politique, du chef de l'Etat, de l'Etat lui-même ou de la patrie ? Est-ce un sentiment exagéré qui pousse au sacrifice, la nation devenant un absolu, une fin en soi ? Quel est cet amour qui porte vers le sacrifice ?

Dans la Cité de Dieu, Saint Augustin emploi le terme de patrie pour désigner cette cité céleste, la seule véritable patrie du chrétien. Est-ce cet amour qui nous conduit au sacrifice ou un autre absolu qui n'est pas Dieu ? C'est au fond de la conscience qu'il faut chercher la réponse...

La nation est plus une perception, une construction imaginaire, qu'une réalité, douée d'une force émotionnelle incroyable et puissante. Elle sous-entend une conscience qui se forme, évolue et transforme l'homme, sa conscience et sa volonté. Elle doit donc nous interroger sur les connaissances et les valeurs qu'elle contient. Les valeurs que la nation véhicule sont-elles bonnes ? Coïncident-elles avec les valeurs chrétiennes ? En effet, puis-je appartenir à une nation qui porte des valeurs différentes à celles que j'adhère ? …

En clair, la question qui est derrière celle de l'idée de la nation, est celle de la civilisation...



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