" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


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samedi 28 août 2021

Théorie sur l'origine de la vie : de la génération spontanée à la soupe primitive

Pour notre contemporain, tout a une fin, y compris ses rêves et ses souvenirs. Rien ne résiste à l’usure du temps. Son regard est ainsi enfermé dans un monde restreint. Pour le chrétien, l’immortalité ou encore l’éternité ont du sens. Son regard porte sur un horizon vaste qui ne connaît ni de limite ni de frontière. Est-ce pour cette raison qu’il a su bâtir une civilisation dont nous admirons encore la beauté et la grandeur dans ces prodigieuses cathédrales qui s’élèvent au ciel pour nous offrir l’éternité ? Une œuvre s’élève plus facilement quand le ciel est haut, quand le regard porte vers le lointain.

L’âme tournée vers Dieu, le chrétien sait que la mort n’est pas une fin mais un passage obligé, un col qu’il faut franchir. Le corps délaissé pour un temps sur le bord du chemin, l’âme quittera ce monde pour vivre un autre, la crainte se mêlant sans-doute à l’amour, source de confiance et d’espérance. La vie ici-bas n’est qu’une préparation à la mort afin qu’elle ouvre la voie à une vie éternelle. Tout change quand nous songeons à cette éternité qui peut s’ouvrir à l’homme. Notre vie ici-bas prend alors tout son sens. La mort n’est plus une fin…

La vie, un don de Dieu

« Le corps est mortel, parce qu’il peut être délaissé de toute vie et qu’il ne vit jamais par lui-même »[1]. Par ces quelques mots, Saint Augustin nous décrit une réalité que nous avons tendance à oublier. Nous vivons dans notre corps parce que celui-ci a reçu la vie et que cette vie perdure sans qu’il n’en soit la source. Certes, nous pouvons mettre fin à la vie comme elle peut s’éteindre en nous pour mille raisons mais cela ne signifie pas qu’elle nous appartienne ou qu’elle est aux mains d’un autre. Si un enfant peut naître d’une éprouvette, n’imaginons pas que la vie peut être un don de la science. La procréation médicalement assistée ou la gestation pour autrui désignent des techniques qui favorisent la naissance d’un enfant en détournant les règles de la nature auxquelles l’homme est pourtant soumis. Elles ne sont pas la cause de la vie. L’homme est-il même capable de concevoir ce qu’il ignore ? Les médecins les plus sages ont bien compris, et cela depuis bien longtemps, qu’ils collaborent à une œuvre qui les dépasse

Certains pourront encore prétendre, comme dans les civilisations antiques, que l’enfant est la propriété du père ou de la mère puisqu’ils l’ont conçu. De même, est-ce que parce qu’elle a collaboré, volontairement ou non, à la conception d’un être et qu’elle le porte de longs mois dans ses entrailles que la mère a droit de vie et de mort sur lui ? Les parents, pensent-ils en être les légitimes détenteurs, ou disons le mot, les heureux propriétaires? La loi humaine ou encore la volonté de l’homme n’ont aucune légitimité sur la vie. N’a-t-il pas appris à ses dépens qu’il ne peut user de la vie selon son bon vouloir sans se nuire à lui-même ? La vie sous toutes ses formes est un don de Dieu. Qui peut en effet donner la vie si ce n’est Celui qui a la vie en soi ?

Pour un chrétien, la vie humaine est sous la protection d’un commandement divin : « tu ne tueras pas ». Il sait en effet que toute vie est un don de Dieu dont il n’est pas propriétaire. Il ne peut disposer de la vie, et aussi de la sienne, comme il l’entend. Son origine divine implique un profond respect à l’égard de tout être humain. Toute atteinte à sa vie est alors intolérable, et donc condamnable. Le respect de la vie résulte donc de la foi en un Dieu créateur et en sa Parole. Le commandement divin n’est pas un vain mot inscrit sur une pierre. Il témoigne de la volonté divine et implique une justice elle-aussi divine. « Tu ne tueras pas ». Or, toute violation d’une loi implique sanction. La justice n’est pas propre à l’homme. Mais si le soleil comme la pluie, la fortune ou la misère n’épargnent ni les justes ni les injustes, comment la justice divine peut-elle s’appliquer ? Si  ce n'est après la vie...

Que devient la foi en un Dieu créateur de la vie devant une science qui prétend expliquer son origine par des réactions mécaniques ou chimiques ? Faisons un point de situation sur ces théories…

Les théories antiques de la génération spontanée

Une des théories les plus anciennes sur l’origine de la vie est celle de la génération spontanée. Selon cette thèse, la vie apparaîtrait à partir de matière inerte. Nous la retrouvons dans des légendes antiques. Des insectes pourraient naître de la sueur ou des ordures. Des abeilles viendraient parfois du sang corrompu des taureaux immolés. Ces récits cherchent à interpréter ce qu’ils observent sans fournir d’explication sur l’origine de la vie.

Des philosophes ont aussi traité de la génération spontanée. Aristote décrit parmi les modes de génération possible de certaines plantes et animaux celle consistant à naître de la terre et plus précisément de diverses excrétions. Il y a « des plantes qui naissent de semence ; d’autres poussent comme si la nature les produisait spontanément »[2], c’est-à-dire sans l’intermédiaire d’autres plantes. Certains insectes « naissent spontanément, à la façon de quelques plantes. »[3] Cependant, ne nous trompons pas. Aristote juge la génération spontanée possible d’après ses observations ou encore d’après l’apparence. Des êtres vivants naîtraient à partir des excrétions où se mêlent la terre et l’eau. « Ce n’est pas réellement aucun être puisse venir de la corruption : mais il naît de la coction »[4], c’est-à-dire de la digestion. Une chaleur psychique, c’est-à-dire la chaleur de l’âme au sens aristotélicien, réside dans l’eau et donne vie au corps qui se forme. D’autres auteurs grecs et latins comme Théophraste et Sextus Empiricus sont aussi persuadés que certaines plantes naissent par génération spontanée.

Pour Lucrèce (98-55 avant J. C.), « la terre a reçu le nom de mère, puisque c’est de la terre que toutes créatures sont nées. »[5] Cet auteur latin pense aussi que cette génération spontanée se poursuit encore, même si elle demeure plutôt rare. Cette qualité de spontanéité lui est essentielle car elle lui permet de récuser tout dessein dans la nature et donc toute divinité capable de la créer. Pourtant, Lucrèce lui attribue des marques évidentes d’intelligence tant elle est personnifiée. Elle est en effet « créatrice », « souveraine ». Elle « exige », elle délibère. Comme un artisan, elle « accomplit tout d’elle-même, spontanément, sans aucun secours divin » à partir de tentatives dont certaines produisent des structures fiables et stables. « Le monde est l’ouvrage de la nature, que d‘eux-mêmes, spontanément, par le seul hasard des rencontres, les atomes, après mille mouvements désordonnés et tant de jonctions inutiles, ont enfin réussi à former les unions qui, aussitôt, accomplies devaient engendrer ces merveilles : la terre, la mer, le ciel et les espèces vivantes. »[6] Lucrèce est convaincu que la vie résulte de l’organisation des atomes

Enfin, selon une thèse stoïcienne, que défend par exemple Posidonius (135-51), des êtres vivants peuvent naître de la matière car l’univers est un vaste corps unifié animé et structuré, qui contient en lui un germe vital, source de tout être vivant. Cette idée est développée par les néoplatoniciens. Notons que cette théorie réapparait de nos jours comme si elle était nouvelle…

De ces trois thèses bien différentes, nous pouvons conclure que la théorie de génération spontanée n’est pas unique. Pour certains, aristotéliciens et stoïciens, la génération spontanée est un des modes possibles de génération des êtres vivants. Néanmoins, la vie ne vient pas de la matière mais d’un germe qui donne vie à la matière. Pour d’autres, épicuriens, partisans de Démocrite ou de Lucrèce, la génération spontanée est la cause de la vie sur Terre. Il serait donc erroné de confondre la thèse d’Aristote qui interprète des faits observés pour expliquer des cas particuliers, et celle de Lucrèce, par exemple, qui fournit une explication de l’origine de la vie par la seule matière. Comment peuvent-ils être d’accord sur un point si important quand leur philosophie de la vie et de l’homme est bien différente ?

Les théories de la génération spontanée chez les auteurs chrétiens

Plus tard, instruits par les savants antiques, surtout par Aristote, des auteurs chrétiens sont aussi persuadés de la réalité de la génération spontanée. Dans son commentaire de la Genèse, Saint Basile (329-379) voit encore l’eau des marais comme lieu de génération des grenouilles et des insectes[7]. Il utilise cet exemple pour montrer que les eaux peuvent produire des êtres vivants, ayant reçu la faculté de les générer par la parole divine. Saint Basile utilise ainsi le savoir de son temps pour montrer la vraisemblance de l’œuvre de la Création selon la Sainte Écriture. Il ne peut guère en effet remettre en cause un savoir que valident les savants de son époque.

De même, Saint Augustin (354-430) n’ignore pas la théorie de la génération spontanée et tente de l’expliquer par la théorie des causes séminales. Il distingue en effet deux modes de génération, soit par des semences provenant d’un être vivant antérieur, soit de la matière inorganique qui possède depuis l’origine première de la création des provisions de germes créés pas Dieu et susceptibles d’engendrer des êtres vivants[8]. Dans la génération spontanée, la vie ne provient pas directement de la matière mais de semences cachée dès l’origine dans la matière et qui se développent en raison des conditions favorables. Ce sont « des forces actives provenant immédiatement de Dieu et ordonnées à produire directement tels et tels êtres vivants déterminés. »[9] Saint Augustin prend ainsi en compte la croyance de son temps en la génération spontanée dans son explication de l’œuvre divine de la Création. Notons que contrairement aux théories antiques des philosophes païens, qui impliquent l’intervention continue d’une chaleur ou d’une force active dans la génération spontanée, Saint Augustin préconise une intervention initiale et définitive de Dieu. Dieu est la cause première de toute vie ici-bas.

Au XIIe siècle, la découverte des traités d’Aristote et de ses commentateurs remet en honneur la théorie aristotélicienne de la génération spontanée, alors admise comme un fait scientifique. Saint Albert le Grand (1193-1280) puis Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) la prennent en compte et l’utilisent pour confirmer l’idée d’une intervention continue de Dieu dans la génération de la vie.

Dans leurs ouvrages, les Pères et les docteurs de l’Église ne cherchent donc pas à démontrer la théorie de la génération spontanée, à la confirmer ou à l’affirmer, à partir de la Sainte Écriture ou de la théologie mais s’en servent comme argument ou exemple dans leur démonstration, notamment pour montrer qu’elle ne s’oppose pas à la foi. Ils ne peuvent en effet l’ignorer puisqu’elle est admise par la croyance universelle de leur temps. Soulignons que seules les théories aristotéliciennes et stoïciennes sont admises.

Nous constatons de nouveau une diversité de thèses portant sur la génération spontanée, y compris chez les auteurs chrétiens. Cependant, ceux-ci sont unanimes pour défendre le dogme de la Création et cherchent à le concilier avec les théories aristotéliciennes et stoïciennes. Notons aussi que les théories défendues par les auteurs chrétiens s’opposent à l’apparition de la vie à partir de la matière seule.

La question de la génération spontanée à partir du XVIIIe siècle

             Diderot                 

Après cette rapide synthèse historique des théories de la génération spontanée, il est bien curieux d’entendre aujourd’hui que « le concept de génération spontanée est apparu en France à la fin du 18ème siècle. »[10] Notons plutôt un changement profond dans la croyance en la génération spontanée au XVIIIe siècle. La théorie aristotélicienne est vivement combattue soit par la doctrine augustinienne de la préexistence des germes, qui semble alors s’imposer, soit par la théorie matérialiste de Lucrèce qui réapparait, notamment avec Diderot. Enfin, le principe même de la génération spontanée ne fait plus consensus. Des expériences commencent à la remettre en cause. C’est ainsi qu’elle est le lieu d’un débat vif entre scientifiques, philosophes et théologiens, débat où se mêlent des arguments non seulement scientifiques mais aussi métaphysiques et religieux. Pour certains, il est l’occasion de remettre en cause l’aristotélisme et la philosophie thomiste puis l’influence de la métaphysique sur le discours scientifique. Pourtant, l’histoire montre que Saint Augustin comme Saint Thomas d’Aquin ont pris en compte les faits et croyances scientifiques de leur temps sans chercher à les confirmer ou à les affirmer afin de les intégrer dans leur doctrine et de vérifier la conformité des données scientifiques de leur époque avec la Sainte Écriture et leur foi. Si les thèses scientifiques s’avèrent erronées, cela ne remet pas en cause ni leur explication, qui devient alors inutile, ni leur théologie ou philosophie …

Est-il en effet possible pour un théologien ou un philosophe d’ignorer les théories scientifiques admises à leur époque si elles ont nécessairement un impact sur leurs thèses ou leurs doctrines ? Un croyant peut-il aussi les méconnaître au nom de l’impartialité de la science alors qu’elles remettent en cause ce qu’il croit et pratique ? C’est aussi oublié qu’une théorie portant sur la nature de l’homme ou sur la vie se fonde nécessairement sur une philosophie et sur des croyances. En fait, nous constatons que, de nos jours, une théorie n’est considérée comme scientifique que si elle entre dans une conception matérialiste de la vie comme l’affirme encore récemment un chercheur. « Le problème de l’origine de la vie, indissociable de celui de la nature des vivants, ne pouvait être appréhendé de manière scientifique avant que l’on s’affranchisse des croyances et des doctrines religieuses même si certains philosophes grecs de l’antiquité comme Démocrite, Épicure et Lucrèce s’efforcèrent d’élaborer une philosophie matérialiste »[11].

Une remise en cause de la génération spontanée

Les différentes théories de la génération spontanée sont en fait remises en cause dès le XVIIe siècle en raison d’une expérience d’un médecin italien, Francesco Redi (1626-1691). Celui-ci découvre dans un traité de William Harvey une proposition qui pourrait expliquer l’apparition d’insectes, de vers et de grenouilles dans de la viande en décomposition à partir d’œufs ou de graines trop petites pour être vues. Or, ce médecin croit en la valeur des expérimentations pour vérifier la véracité d’une thèse. Il a déjà mené des expériences pour confirmer certaines découvertes en toxicologie. En 1668, Redi mène alors des expériences qui confirment finalement la proposition de Harvey. Cependant, il ne rejette pas la génération spontanée dans le cas de certains parasites.

Souvent, cette expérience est mise en exergue parce qu’elle annoncerait la révolution scientifique en cours au XVIIIe siècle. Selon des articles, il voulait combattre les préjugés et s’opposer à la pensée dominante, voire à l’Église. Pourtant, « il n’y a chez lui nulle velléité de rupture avec quiconque, d’appel à faire table rase comme on trouve chez Descartes. Comme tous les médecins et naturalistes de l’âge classique (Harvey, Borelli, Swammerdam, etc.), Redi conteste sans arrogance le savoir et l’autorité des anciens, questionne respectueusement la littéralité des Écritures, et met en œuvre des raisonnements et des argumentations bien différents de ceux qui prévaudront avec Claude Bernard au milieu du XIXe siècle. »[12] En clair, ce serait une faute d’anachronisme de voir en cette expérience une annonce d’une prétendue révolution scientifique. Mais, pour certains historiens, cette expérience serait le point de départ des débats vigoureux portant sur la génération spontanée.

Cependant, il ne faudrait pas oublier que des médecins et alchimistes, comme Paracelse (1493-1541) ou Van Helmont (1579-1644), ont prétendu faire naître la vie à partir de la matière. Van Helmont est lui-aussi parfois considéré comme « le précurseur de la science moderne »[13]. Mais contrairement à ceux qui les ont précédés, c’est au nom de leur théologie et de leur cosmologie étrange qu’ils élaborent leur théorie de génération spontanée. Contrairement aux anciens, dont ils récusent l’autorité et brûlent les livres, ils mêlent différents types de connaissances sans distinction ni prudence, n’hésitant pas à s’appuyer sur la Sainte Écriture pour démontrer des théories dites scientifiques.

Les théories sur la génération spontanée comme leur remise en cause font intervenir de nombreuses personnalités, dont certaines ne sont pas scientifiques. Nous pouvons citer Buffon (1707-1788), Réaumur (1683-1757), Charles Bonnet (1720-1793), La Mettrie (1709-1751) sans oublier Voltaire et Diderot. 

Controverses scientifiques

La découverte des microorganismes par Van Leeuwenhoek (1632-1723) réveille le débat sur la génération spontanée grâce à un des microscopes qu’il a fabriqués. Il suggère qu’ils proviennent d’autres organismes. Deux expériences aux résultats contradictoires vont chercher à répondre à ces interrogations.

En 1750, John Turberville Needham (1713-1781), prêtre catholique et scientifique renommé, publie les résultats de ses expériences qui confirment la thèse de la génération spontanée des microorganismes. Après avoir réchauffé un bouillon de viande scellé de manière hermétique, il y découvre plusieurs jours plus tard de petits organismes alors que la chaleur aurait dû détruire toute contamination extérieure. Buffon (1707-1788), naturaliste français, utilise ces résultats publiés pour défendre l’idée de l’apparition de nouveaux organismes vivants par la réunion de molécules organiques provenant de la désagrégation des êtres vivants. Cette théorie apparait déjà au XVII siècle chez le père jésuite Athanase Kircher (1602-1680).

Dans la publication de ses travaux en 1765 et 1767, l’abbé Lazzaro Spallanzani (1729-1798), lui-même scientifique, réfute la thèse de Needham. Nous savons aujourd’hui que les conclusions de Neddham sont erronées en raison de conditions expérimentales insuffisantes. En effet, pour vérifier sa proposition, c’est-à-dire la génération spontanée des microorganismes, Needham stérilise un bouillon de culture et constate la présence de nouveaux microorganismes, concluant alors à leur génération spontanée alors qu’avec un autre protocole expérimental, Spallanzani constate leur absence après une stérilisation plus efficace. En fait, l’interprétation de Needham s’avère fausse. Le temps d’ébullition de son bouillon de culture s’est avéré trop court pour stériliser ses différents flacons. Cependant, Spallanzani reste perplexe puisqu’il constate aussi la présence de microorganisme en dépit d’une longue ébullition. Nous savons aujourd’hui que des microorganismes peuvent produire des « germes » capables de résister à une forte chaleur.

Au XIXe siècle, par de nouvelles expériences, Louis Pasteur (1822-1885) apporte enfin une réponse aux questions que soulève Spallanani. Il montre en effet que les microorganismes se trouvent en suspension dans l’air. Par conséquent, les microorganismes des bouillons de culture proviennent bien d’organismes semblables préexistants. Il démontre alors que « la génération des êtres microscopiques est une chimère. Chaque fois qu’on y a cru, on a été le jouet d’une erreur. »[14] Pasteur réfute en fait aux publications de Félix Pouchet (1800-1872) en faveur de la génération spontanée qu’il définit comme « la production d’un être organisé nouveau, dénué de parents, et dont tous les éléments primordiaux ont été tirés de la matière ambiante »[15]. Il qualifie ce mode de génération comme une création. Cependant, Pasteur ne réfute pas les théories de la génération spontanée. Il est convaincu qu’elles relèvent de la croyance. « Je pense donc, Monsieur, écrit-il à Pouchet, que vous avez tort, non de croire à la génération spontanée, car il est difficile dans une pareille question de n’avoir pas une idée préconçue, mais d’affirmer la génération spontanée. »[16]

Selon la plupart des commentateurs, Pasteur a mis fin au débat. À la fin du XIXe siècle, la communauté scientifique est alors désormais convaincue que tout être vivant provient d’un autre être vivant. Les théories de génération spontanée sont alors abandonnées. Mais une question demeure. D’où viennent les êtres vivants puisqu’ils proviennent eux-mêmes d’êtres vivants ? Une autre plus cruciale : d’où vient la vie, c'est-à-dire le premier être vivant ?

La théorie de la « soupe primitive »

Cependant, nombre de biologistes de l’époque tels Thomas Huxley (1825-1895), Ernst Haeckel (1834-1919), Eduard Pflüger (1829-1910), pour ne citer que les plus célèbres, affirment que l’apparition de la vie a dû être le résultat d’une évolution chimique de la matière. Des expériences sont aussi menées pour obtenir de la matière vivante dans des laboratoires. Ils reviennent ainsi à la théorie matérialiste de la génération spontanée. Mais la théorie porte un autre nom. Elle est connue sous le nom de « soupe primitive ».

Comme tout être vivant est composé de matière organique, des scientifiques vont chercher à montrer que les composés organiques peuvent être élaborés à partir de la matière. En 1828, Friedrich Wöhler (1800-1882) obtient de l'urée, c’est-à-dire un composée organique en chauffant du cyanate d'ammonium. Par la suite, toutes sortes de substances organiques vont être synthétisées au cours du XIXe siècle à partir de précurseurs inorganiques. Les composés organiques fabriqués sont de plus en plus complexes. La première enzyme est cristallisée en 1926 par James Sumner (1887-1955). Et c’est alors qu’il est proclamé que la vie provient d’une « soupe primitive ».

La théorie de la « soupe primitive » est même devenue une pensée dominante de nos jours. Dans une récente émission [17], elle est décrite comme une vérité incontestable. Cependant, elle présente deux faiblesses. Quels que soient les résultats de leurs expériences, les savants ne peuvent éviter que leur fabrication de matière organique demeure artificielle, c’est-à-dire l’œuvre des hommes. Rien ne permet de prouver qu’elle soit réalisable par la nature seule. Puis, elle se réalise toujours selon des conditions particulières, celles d’un laboratoire.

Vers la création de la vie ?

En 1924, Alexandre Oparin (1894-1980), un biochimiste soviétique, émet l’hypothèse selon laquelle les molécules organiques auraient pu se former à partir des conditions de l'atmosphère primitive telles qu’elles étaient définies à cette époque, c’est-à-dire un mélange de gaz particulier soumis à des éclairs, c’est-à-dire à de fortes décharges électriques. L’hypothèse est aussi émise par John Haldane (1892-1964). Des chimistes comme W. Groth et H. Suess et des biologistes comme A. Dauvilliers et E. Desguins proposent aussi dans les années 1930 des hypothèses photochimiques pour expliquer la synthèse des premiers constituants organiques. C’est ainsi que se développe et s’enrichit la théorie de la « soupe primitive ».

En 1953, sur proposition de son chef d’étude, le jeune doctorant Stanley Miller réalise une expérience pour mettre à l’épreuve l’hypothèse d’Oparin. Il reconstitue en laboratoire dans un ballon le mélange gazeux tel que l’imagine Oparin et lui soumet un arc électrique simulant les orages de la Terre primitive. Il découvre alors l’apparition d’acides aminés. Dans les années 60, d’autres travaux parviennent à synthétiser d’autres produits.

Cependant, de nos jours, les biochimistes savent qu’à l’origine, le mélange gazeux était différent et ne pouvait donner lieu à de tels résultats. Enfin, les découvertes sur la génétique remettent en cause ces théories réductrices de la vie. L’être vivant ne se réduit pas à un composé de matière organique. La fabrication de briques n’explique guère la construction d’une maison de briques. Et comme le remarquait déjà Saint Thomas d’Aquin, le cadavre est aussi un composé de matière organique, et pourtant, il n’est pas un être vivant. En dépit de plus d’un siècle d’efforts, le rêve de voir surgir la vie à partir d’une réaction chimique n’est toujours pas exaucé en dépit des promesses.

La théorie de panspermie

L'allemand Richter élabore une autre théorie sur l’origine de la vie au XIXe siècle en 1865. Selon cette thèse, la vie a toujours existé dans l’univers et se propage au moyen de germes. Plus tard, d’autres scientifiques expliquent la naissance de la vie sur Terre au moyen des météorites qui, contenant des germes de matières organiques, l’ont apportée en s’écrasant sur notre planète. L'idée est reprise et vulgarisée au tout début du XXe siècle par le savant suédois Svante Arrhenius (1859-1927) sous une forme plus élaborée connue sous le nom de panspermie. Mais, cette théorie ne résout pas le problème. Soit elle ne fait que le déplacer puisque qu’elle ne donne pas directement de réponse à la question de l’origine des éléments organiques, même si selon des scientifiques, ils pourraient provenir de l’explosion d’un soleil. Soit elle le rend caduque en prétextant l’éternité de la vie, qui demeure alors une croyance ou une opinion, par conséquent indémontrable, et donc ne peut prétendre être une vérité scientifique …

Conclusion

La théorie de la génération spontanée demeure encore vivace de nos jours, y compris dans les communautés scientifiques. Si son nom a changé et son contenu a évolué au cours des siècles, elle domine encore les esprits, notamment sous le terme de « soupe primitive ». Elle est même devenue un des socles sur laquelle repose l’évolutionnisme. Mais contrairement aux discours que nous entendons souvent et à l’enseignement fourni dans nos écoles, elle n’est ni démontrée ni démontrable. Si à l’origine, elle s’est développée en raison d’erreurs d’observation, faute d’instruments adéquats, de nos jours, comme ancrée par les âges, elle n’a plus de telles excuses. Elle reste une croyance chère à une idéologie puisqu’elle lui est indispensable.

Mais si la vie n’est qu’une évolution de la matière, pourquoi mérite-elle tant de respect et de protection ? Laissons-là aux mains des laboratoires et des chimistes afin qu’elle évolue encore selon nos intérêts ! Que les expériences se poursuivent et fassent progresser l’homme ainsi que les animaux et les plantes ! C’est alors que le chrétien proteste de toute son âme. Non, la vie n’appartient pas à l’homme. Elle est un don de Dieu. Mais nos contemporains n’aiment guère entendre un tel cri. Le courage leur manque pour admettre qu’ils se sont égarés depuis bien des années. Cependant, le temps lui est compté…

 

 

 

 

Notes et références

[1] Saint Augustin, La Cité de Dieu, livre XIII, II.

[2] Aristote, Traité de la génération des animaux, livre I, chapitre I, 10, Hachette 1887.

[3] Aristote, Traité de la génération des animaux, livre III, chapitre VIII, 7.

[4] Aristote, Traité de la génération des animaux, livre III, chapitre X, 10.

[5] Lucrèce, De la Nature, livre V, Flammarion, trad. H. Clouard, 1964.

[6] Lucrèce, De la Nature, livre II.

[7] Voir Hexaméron, Saint Basile le Grand, Homélie septième, trad. Abbé Auger, 1827.

[8] Voir De la Trinité, Saint Augustin, livre III, chap. 9, trad. par M. Devoile, bkv.unifr.ch.

[9] R. de Sinéty, Saint Augustin et le transformisme, dans Archives de philosophie, vol. 7, n°2, Études sur Saint Augustin, 1930, jstor.org.

[10] Pascal Charbonnat, La naissance du concept de génération spontanée en France au 18ème siècle, Colloque international Les Lumières et l’idée de nature, octobre 2008, archivage 7 juin 2020, dernières modifications 4mars 2021, lu le 18 juillet 2021, halshs.archives-ouvertes.fr.

[11] D. Pol, Université Pierre et Marie Curie, Une petite histoire des recherches scientifiques sur l’origine de la vie, mise à jour le 26juillet 2007, lu le 19 juillet 2021, acces.ens –lyon.fr.

[12] Pascal Duris, professeur en épistémologie et histoire des sciences, université Bordeaux 1, En finir avec la révolution scientifique, Génération spontanée et démarche expérimentale au XVIIe siècle, conférence à Poitiers, 6 mars 2013.

[13] Daily science, article Jean-Baptiste Van Helmont, un scientifique rebelle du XVIIe siècle, 26 janvier 2016, lu le 13 mai 2022. Une plaque érigée en 1889 au cœur de Bruxelles l’honore de ce titre.

[14] Pasteur, amphithéâtre de la Sorbonne, 1864.

[15] Pouchet, Hétérogénie, ou traité de la génération spontanée basé sur de nouvelles expériences, chapitre I, Paris, J.-B. Baillière et fils, gallica.bnf.fr.

[16] Pasteur, dans Pasteur et Pouchet, hétérogénèse de l’histoire des sciences, Bruno Latour, dans Éléments d’histoire des sciences, Bordas, 1989,  www.bruno-latour.fr.

[17] Voir L’odyssée interstellaire, série documentaire de la chaîne Arte, août 2021.

samedi 9 janvier 2021

Le New Age (4) et la théorie Gaïa

Notre planète Terre serait un être vivant. Elle porte même un nom, Gaïa[1], comme la déesse mère qui a engendré les Titans et les Cyclopes. C’est par ce terme venu de la Grèce antique que Lovelock, né en 1919, désigne une nouvelle théorie. Si au début, celle-ci n’a pas connu de véritables succès, elle demeure aujourd’hui très présente. En 2001, elle acquiert une véritable consécration quand l’Union européenne des géosciences[2] reprend l’hypothèse de Lovelock sans toutefois utiliser le nom controversé de Gaïa. Dans une conférence internationale tenue à Amsterdam, elle déclare que « le système Terre se comporte comme un système global autorégulé comportant des éléments physiques, chimiques, biologiques et humains. »[3] Elle a aussi donné naissance à une nouvelle science, dite « science du système terre ». Depuis, nous ne cessons de voir surgir Gaïa dans de multiples discours, ouvrages, manifestations, s’imposant alors comme une réalité. Elle est enfin une des idées fortes de nombreux mouvements, dont ceux du New Age. Cherchons alors à mieux la comprendre…

Gaïa, une planète vivante ?

De nos jours, quand nous songeons à la théorie Gaïa, nous imaginons d’abord à une théorie farfelue qui défend l’idée selon laquelle la Terre serait un être vivant. Il est étrange, voire incongru, d’appeler une théorie scientifique par le nom d’une déesse. L’appel à la mythologie pour désigner ce qui relève de la raison peut en effet nous surprendre. Pourtant, son auteur en est plutôt ravi : « Je ne regrette pas d’avoir choisi Gaia. Ce titre m’a été suggéré par William Golding [4] »[5]. La Terre serait-elle un être vivant, et plus précisément une mère ?

Les propos de Lovelock semblent aussi nous le faire croire. « La terre est plus qu’une simple maison, elle est un système vivant dont nous faisons partie. »[6] Elle voit à travers nos yeux, nous dit-il. Elle est consciente d’elle-même dans et par nos esprits. Songeons aussi aux titres de ces livres : La terre est un être vivant, l’hypothèse Gaïa[7] puis Gaïa. Une médecine pour la planète, publié en 2001. La médecine n’a de sens que pour un être vivant. Ce n’est pas alors étonnant que dans de nombreux esprits, la Terre est alors considérée comme un organisme vivant. Enfin, dans ses différents ouvrages, elle est considérée comme un être qui agit. Dans la biographie de la planète qu’il raconte dans le livre intitulé Les âges de Gaïa, publié en 1988, il nous informe que c’est elle qui modifie l’atmosphère afin qu’elle soit favorable à l’éclosion de la vie au cours d’un âge appelé puberté.

Cependant, selon ses déclarations, le terme de « Gaïa » n’est qu’une métaphore pour mieux souligner le fonctionnement systémique de notre planète. « Dans cet ouvrage, je parle souvent de l’écosystème planétaire, Gaïa, comme vivant, […]. Lorsque je fais cela, je ne me cache pas que le terme “vivant” relève de la métaphore et que la Terre n’est pas vivante comme vous et moi ou même une bactérie. Dans le même temps, j’insiste sur le fait que la théorie Gaïa elle-même est véritablement de la science et non une simple métaphore. J’utilise le terme “vivant” comme un ingénieur disant qu’un système mécanique est vivant, pour distinguer son comportement lorsqu’il est mis en marche ou arrêté, ou au point mort. » Selon sa théorie, l’ensemble des êtres vivants sur Terre réagirait comme un vaste organisme qui réalise l’autorégulation de ses composants pour favoriser la vie.

Lovelock, un « scientifique entrepreneur »

Pourtant, James Lovelock n’est pas vraiment un savant fou ou un scientifique qui chemine à travers un monde imaginaire, habitué à s’aventurer dans un univers de formules et de chiffre. Son domaine de prédilection est en effet bien réel. Technicien, chercheur et chimiste diplômé de l’Université de Manchester, il est avant tout un ingénieur dans le domaine biomédical. Il est même considéré comme un « scientifique entrepreneur »[8], responsable d’une entreprise de consultation et d’un laboratoire. Il invente et fabrique des instruments d’analyse chimique. Ses brevets et ses appareils ainsi que des articles publiés dans la revue Nature lui donnent une certaine notoriété dans les milieux scientifique à la fin des années 50. Il développe notamment un outil de très haute précision qui permet d’étudier la composition en gaz d’une atmosphère.

Après une vingtaine d’années de travail au sein d’un institut public, il devient indépendant comme consultant au profit de grandes entreprises chimiques et pétrolières, et d’institutions scientifiques. Il procède à des mesures de l’atmosphère et des océans à bord de navires océanographiques, d’avions ou à pied. Il travaille notamment pour inventer des dispositif de mesure permettant de repérer les fuites d’un pipeline, de mesurer les concentrations de composés chimiques dans l’atmosphère ou l’eau des mers et des océans, ou encore de suivre le trajet de masses d’air polluées dans l’air.

Le terme de « Gaïa » n’est donc pas l’œuvre d’un savant farfelu. Pourtant, Lovelock se présente parfois dans ses ouvrages comme un « personnage hors du monde » et « perdu dans les systèmes de pensée abstraits ». Il se décrit comme un scientifique qui refuse le conformisme et la rigidité de la science institutionnelle. Il en vient même à se dire artiste. Dans un entretien, il explique les raisons de son départ de l’institution étatique à laquelle il appartient. « La science était et est ma passion et je voulais être libre de la pratiquer sans l’entrave de la direction de qui que ce soit, pas même celle des contraintes légères d’un département universitaire ou d’un institut de science. Tout artiste ou romancier le comprendrait – certains d’entre nous ne produisent pas le meilleur d’eux-mêmes lorsqu’ils sont dirigés. »[9] La science est ainsi considérée comme une activité créatrice.

Pourtant, au-delà de cette image de « scientifique artiste » ou « scientifique philosophe », il est bien un entrepreneur sérieux et efficace, un pied dans le monde des affaires, un autre dans le monde académique, travaillant aussi bien pour l’industrie que pour l’État. Il crée des entreprises, dépose des brevets, signe des contrats tant privés que publics avec de grandes entreprises et institutions. En un mot, il fait fortune. Les images qu’il essaye de s’endosser ne masquent pas sa dépendance à l’égard du mondes des affaires et des instituts scientifiques.

Ainsi Lovelock est « au centre d’un réseau particulièrement dense couvrant des institutions décisives pour l’orientation des recherches en sciences de l’environnement et de la Terre […] mais aussi les industries chimiques et pétrolières […] et les acteurs des mouvements environnementalistes, de l’écologie politique et de la contreculture environnementale, jusqu’à des personnalités politiques. »[10] Sa crédibilité scientifique lui a permis sans-doute de donner une certaine crédibilité à sa théorie en climatologie et en chimie.

La théorie Gaïa

Fort de sa notoriété, Lovelock est recruté comme scientifique consultant par la NASA en 1961 au profit des projets d’exploration de la Lune et de Mars. À l’origine, il est impliqué dans les méthodes d’analyse du sol lunaire puis il participe à la quête de la NASA qui cherche à découvrir s’il y a de la vie sur Mars. Comment le savoir ? Imagine alors une planète sans vie en surface. Son atmosphère serait nécessairement déterminée uniquement par des phénomènes physiques et chimiques. Or, si la vie habite sur une planète, nécessairement, les organismes vivants utiliseraient son atmosphère comme ressources et dépôt de déchet, impliquant alors un déséquilibre chimique. C’est ainsi que la composition de l’atmosphère d’une planète peut nous informer de la présence d’une vie en surface. Par des mesures sur Mars et Vénus, Lovelock constate que l’atmosphère est proche de l’équilibre chimique contrairement à celle de la Terre. Par conséquent, il en déduit l’absence d’organismes vivants à la surface de ces deux planètes.

Mais, dans ses recherches, Lovelock s’interroge sur un fait surprenant. Comment la composition chimique de l’atmosphère terrestre peut-elle se maintenir loin de l’équilibre thermodynamique pendant plus de trois milliards d’années en dépit des perturbations externes ? Il en déduit alors que cela n’est possible que par l’action des organismes vivants sur leur environnement. C’est ainsi qu’il en vient à définir l’hypothèse selon laquelle la planète Terre est un système autorégulé capable de garder sa composition chimique favorable pour les organismes vivants qui l’habitent. Il mentionne son hypothèse en 1968 à la société astronautique américaine[11].

Selon sa théorie, la Terre serait en effet comme « une entité complexe comprenant la biosphère terrestre, l’atmosphère, les océans et la terre ; l’ensemble constituant un système de feedback ou cybernétique qui recherche un environnement physique et chimique optimal pour la vie sur cette planète. La préservation de conditions relativement constantes par un contrôle actif pourrait être décrite de manière satisfaisante par le terme homéostasie. »[12]

En 1972, la théorie Gaïa prend véritablement naissance par un article dont l’objectif est « de suggérer que la vie à un stade précoce de son évolution a acquis la capacité de contrôler l’environnement global de manière à répondre à ses besoins et que cette capacité a persisté et est toujours activement utilisée. Dans cette perspective la somme totale des espèces est davantage qu’un simple catalogue, « la biosphère », et comme d’autres associations en biologie, est une entité avec des propriétés qui sont davantage que la simple somme des parties. Une créature si grande, même si elle est seulement hypothétique […] a besoin d’un nom ; je dois à M. William Golging[13] la suggestion d’utiliser la personnification grecque de la Terre mère, Gaïa. »[14]

Cependant, en 1974, après quelques tergiversations sur sa définition, le terme de « Gaïa » est enfin défini. « Désormais, le mot Gaia sera utilisé pour décrire la biosphère et toutes les parties de la Terre avec lesquelles elle interagit activement pour former cette hypothétique nouvelle entité avec des propriétés qui ne peuvent prédites de la somme de ses parties. »[15]

Une théorie évolutionniste

Revenons sur le terme savant d’« homéostasie ». Il est capital. L’homéostasie est un phénomène par lequel un facteur clé d’un système est maintenu autour d’une valeur bénéfique pour ce système. Par exemple, la température interne du corps humain est stable autour d’une valeur constante. Ce terme ancien, notamment évoqué par Claude Bernard (1813-1878), était à l’origine employé dans la médecine et aux organismes vivants avant d’être utilisé dans les études de toute sorte d’organismes et de systèmes, y compris dans la cybernétique et dans les neurosciences. Il désigne alors un processus qui équilibre des fonctions vitales de la vie d’un système afin de maintenir la stabilité d’un état.

Le terme d’homéostasie s’oppose à un autre, à celui d’homéorhésie. Celui-ci est un autre phénomène qui permet à un système dynamique de revenir sur la trajectoire suivie avant d’avoir subi une forte perturbation. « On emploie le mot homéorhésie pour indiquer la stabilisation, non pas d’une constante », comme dans l’homéostasie, « mais d’une voie de changement particulière au cours du temps. Si un événement vient modifier le système homéorhétique, les mécanismes de contrôle ne le remettent pas au point où la modification est apparue ; mais à celui qu’il aurait atteint peu après[16] Alors que l’homéostasie porte sur l’équilibre d’un état stable autour de valeurs essentielles, l’homéorhésie porte sur une évolution ou un développement. Par conséquent, Lovelock défend un processus homéostasique au sein du système Terre au contraire d’autres savants, plutôt partisans d’un processus homéorhésique.

Les termes d’homéostasie ou d’homéorhésique ne sont pas anodins. Ils révèlent en fait la raison même de la théorie. Celle-ci cherche à expliquer l’évolutionnisme appliqué à la planète Terre. Dépassant l’évolution des espèces, il s’attaque désormais à la planète. « De même que les observations de Copernic avaient besoin d'un Newton pour les expliquer, nous avons besoin d'un autre Newton pour expliquer comment l'évolution darwinienne aboutit à une planète habitable. »[17]

Une théorie gênante pour l’évolutionnisme

Cependant, la théorie Gaïa peut aussi remettre en cause l’évolutionnisme. L’hypothèse de Lovelock soulève en effet un grave problème pour le darwinisme et le néodarwinisme. Ce ne sont plus en effet les êtres vivants qui évoluent pour s’adapter à leur milieu comme le proclament les théories évolutionnistes mais, selon la théorie Gaïa, c’est le milieu qui évolue au gré des êtres vivants. En outre, Lovelock repose sa théorie sur la stabilité quand l’évolutionnisme défend le développement continu ou par bond.

C’est pourquoi Dawkins a rapidement critiqué cette théorie qui s’oppose radicalement à l’évolutionnisme dans ses principes fondamentaux. Il ose même rappeler à Lovelock la condition essentielle à tout être vivant et à son évolution, celle de « l’opposition permanente à un milieu extérieur (proies et prédateurs), seule susceptible de le faire évoluer au fil du temps par le mécanisme bien connu de l’évolution naturelle. »[18] Or la planète n’a ni prédateur ni opposition. Elle n’évolue pas non plus dans un milieu permettant la compétition. Par conséquent, elle ne peut faire l’objet d’évolution au sens des théories évolutionnistes.

Lovelock se défend pourtant de remettre en question l’évolutionnisme. Il défend en effet l’idée que chaque espèce évolue pour poursuivre son intérêt propre tout en y ajoutant un autre phénomène selon lequel la combinaison des actions de l’ensemble des espèces pour perdurer tend à contrebalancer les effets du changement environnemental.

Une théorie pluridisciplinaire

Pour développer sa théorie, Lovelock n’est pas seul. Il est aidé par Lynn Margulis (1938-2011), biologiste connue dans le monde scientifique pour avoir formulé dans les années 60 la théorie endosymbiotique, qui explique le processus de l’apparition de la vie par la symbiose ou la synergie de formes de vie existante[19].

La collaboration de ces deux savants est caractéristique de la vision de Lovelock, une vision pluridisciplinaire des sciences. Il ne craint pas en effet de s’associer à un scientifique qui ne travaille pas dans son domaine. Alors qu’il est porté sur la science de la Terre, Margulis est tournée vers celle de la vie. Cette collaboration n’est pas anodine. Lovelock veut en effet « abolir des frontières interdisciplinaires ». De cette collaboration naîtra ainsi une nouvelle science, la géophysiologie. La régulation est le fruit d’une double évolution, l’évolution géophysique et l’évolution biologique..

Lovelock est aussi aidé par un autre savant, André Watson, lui-aussi spécialiste de l’atmosphère. Ensemble, ils développent un modèle mathématique et informatique, censé mettre en évidence l’évolution d’un système atmosphérique en fonction des conditions environnementales. Ce modèle est connu sous le nom charmant et problématique de « Daisy Word ». Mais un tel modèle aussi performant soit-il peut-il être une preuve comme le souhaite Lovelock ?

Comme le suggère un article, « Gaïa est un carrefour puissant des différentes facettes des activités de Lovelock : celles de consultant pour des entreprises privées mais aussi des institutions scientifiques »[20]. La théorie nourrit les questions de pollution, fonde une nouvelle science et de nouveaux programmes de recherche, propose une nouvelle façon de penser la Terre au point d’occuper aujourd’hui « une place décisive au sein des réflexions sur les changements globaux. » Elle est ainsi au centre de nombreuses préoccupations contemporaines, ce qui explique sans-doute son retour en grâce.

Science ou philosophie ?

Oberon Zell.

Toutefois, la théorie Gaïa présente un grave défaut qui explique aussi sa présence dans de nombreux domaines. Quel est en effet son statut ? Est-elle une théorie scientifique destinée à la recherche ou aux programmes de recherche, ou une philosophie de la nature ? La pluridisciplinarité des sciences que Lovelock recherche peut aussi cacher une autre réalité…

En effet, regardons les différents moyens que Lovelock utilise pour présenter sa théorie. Elle est décrite dans des revues scientifiques prestigieuses comme Nature mais également dans des livres de vulgarisation, à destination du grand public avec des titres très évocateurs, qui soulèvent des interrogations et excitent la curiosité. Elle s’expose aussi dans une presse généraliste, peu encline à la précision des termes et à de grands développements, ou encore dans des revues d’écologie politique marquées par l’activisme et l’idéologie.

La théorie Gaïa se présente donc sous différents aspects, mêlant différents registres, avec des exigences intellectuelles d’ordre différent, parfois difficilement conciliables avec celles de la rigueur et la prudence scientifiques. C’est ainsi que la théorie Gaïa est parfois abordée comme programme de recherche, prémisse d’une nouvelle science ou encore philosophie de la nature. « Lovelock a contribué à singulièrement brouiller les repères sur le statut de Gaïa. Tandis que certains scientifiques l’ont considérée tantôt comme une hypothèse qu’il faudrait confronter directement aux faits empiriques, tantôt comme une théorie qu’il s’agirait d’élaborer à l’aide de modèles mathématiques et computationnels, d’autres ont abordé Gaïa comme un programme de recherche très large comprenant des revendications méthodologiques et ontologiques pour les sciences de la Terre et de l’environnement. Les philosophes et acteurs des mouvements environnementalistes l’ont lue comme une philosophie de la nature, visant à nous dire ce dont le monde est fait, à reconfigurer des concepts centraux comme ceux de vie, de nature et d’environnement, et à offrir une conception de la nature alternative à celle de la modernité. »[21] Les critiques que la théorie Gaïa a suscitées ne s’expliquent donc pas uniquement par sa lecture superficielle et erronée.

Une vision holistique du monde

Le succès de la théorie Gaïa s’explique-t-il uniquement par cette diffusion tout azimut ? Sa force repose assurément sur sa vision holistique. « Il est difficile de trop souligner le caractère unifiant de cette vision du monde holiste, qui a brisé des barrières disciplinaires artificielles qui ont existé depuis la fin du 18e et le début du 19e siècle quand les Sociétés comme celle-ci ont été formées pour la première fois, et la formidable richesse des connaissances qui ont découlé de la multidisciplinarité qui a suivi. »[22] Comme les théories évolutionnistes, elle a la particularité de réunir sous une idée forte de nombreuses connaissances relevant de différentes disciplines, donnant ainsi à chacune un sens et une finalité. Ainsi, en 2001, la conférence d’Amsterdam conclut à la nécessité de fusionner les différentes disciplines en une approche unique et cohérente.

Ce n’est pas un hasard si le New Age, soucieux aussi d’une vision holistique de la vie, s’est emparé si rapidement de cette théorie. Les différents courants environnementalistes n’ont pas non plus hésité à s’en approprier. Elle dépasse donc les limites de la science. Cependant, ne limitons pas l’intervention de Lovelock dans la seule sphère de la science. Il demande en effet de repenser le sens de l’homme dans la nature. Il refuse de réduire la science à la matière. Sa théorie peut être lue comme « une nouvelle philosophie de la nature visant à reconfigurer certaines catégories importantes comme celles de nature, de vie, d’environnement et de pollution »[23]. C’est une théorie qui s’avère donc bien utile pour l’écologie politique.

Un nouveau paradigme

Pourtant, si nous étudions de très près la théorie Gaïa, rien ne la prédestinait à un tel succès auprès des écologistes. Si effectivement Lovelock reconnaît que les organismes vivants sont des régulateurs de la planète afin qu’elle demeure habitable, il rajoute que les effets que nous percevons dans l’atmosphère ne devraient pas nous effrayer. Il en déduit alors que la pollution n’est pas aussi nuisible que cela. « La pollution n’est pas, comme on le dit trop souvent, le produit d’une turpitude morale. C’est la conséquence inévitable de la vie à l’œuvre. Pour l’herbe, les scarabées et même les fermiers, la bouse de vache n’est pas une pollution mais un don précieux. Dans un monde raisonnable, les déchets industriels ne seraient pas interdits mais utilisés à bon escient. La réponse négative, non constructive, de l’interdiction par la loi semble aussi idiote que de légiférer contre l’émission de bouses par les vaches. »[24] La pollution est finalement un fait naturel. Sa théorie démontre finalement « changer l’environnement fait partie du jeu. »

Pourtant, Lovelock n’ignore pas les dangers que génère la pollution bien qu’il donne aux lois de l’évolution les moyens d’y remédier. Cependant, il tourne son regard vers deux causes : la surpopulation humaine et l’agriculture, détournant alors notre regard de l’industrie chimique. « Notre priorité en tant qu’espèce est de choisir parmi les nombreux moyens techniquement possibles pour limiter notre population ceux qui sont acceptables socialement en termes sociaux et moraux. »[25] Ainsi, il n’hésite pas à prôner les moyens de limiter la population et de réguler les naissances. L’agriculture est devenue polluante parce que les hommes sont trop nombreux à nourrir. Finalement, la croissance de l’agriculture et les causes comme l’usage d’engrais azoté malmène Gaïa. Elle est devenue « biocidaire ». « Je pense que de loin le plus grand dommage que nous faisons à la Terre, et par conséquent de loin la plus grande menace pour notre propre survie, vient de l’agriculture. »[26]

La solution que propose Lovelock est alors révélatrice. Son constat est terrible : « l'espèce humaine est une sorte de maladie planétaire. » Mais « c'est la civilisation qui nous rachète ». Or cette civilisation est en danger. Son ouvrage Médecine Gaïa a alors pour objectif de décrire la civilisation future. Ce n’est plus l’homme qui doit être au centre des préoccupations mais la Terre. « Dans cet ouvrage médical d’un genre nouveau, c’est la Terre qui est le patient. Oublions l’homme, ses droits, ses inquiétudes et ses souffrances, et préoccupons-nous plutôt de notre planète, qui est peut-être malade. Nous sommes partie intégrante de cette Terre et ne pouvons donc pas envisager nos problèmes séparément. Nous sommes tellement liés à la Terre que ses rhumes et ses fièvres sont aussi les nôtres. » En clair, il en appelle à un changement de paradigme…

Gaïa et New Age

Depuis le début, la théorie de Gaïa a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment de la part des évolutionnistes. Mais, selon ses partisans, ces oppositions ont parfois été injustifiées, voire calomnieuses. L’une des méthodes employées a été de la mêler aux différents mouvements du New Age afin de la discréditer, ce qui expliquerait son peu d’influence jusque dans les années 80.

Pourtant, cette vision nous paraît peut-être trop simple. N’oublions pas que Lovelock était membre de l’association Landisfarne[27], ce qui lui a permis de diffuser ses idées au sein du New Age au point qu’elles le caractérisent aujourd’hui. Sa théorie a aussi été largement diffusée au moyen du Whole Earth Catalog, un des ouvrages de la contre-culture. Nous pouvons aussi remarquer que la théorie s’intègre bien dans les différentes idées que porte le New Age.

D’abord, le terme de Gaïa ne peut qu’attirer tous ceux qui voient dans le New Age le retour à l’ésotérisme. Il nous renvoie en effet à la mythologie antique, la plus ancienne, que reprend et développe le New Age. L’idée de la déesse mère, source féconde, est un thème cher aux différents mouvements ésotériques comme aux religions orientales bien prisées par le New Age. Ralph Abraham en est notamment friand. Il est donc intéressant d’y associer une théorie scientifique pour apporter de la crédibilité à leurs thèses, surtout dans un monde où la rationalité demeure paradoxalement un critère dominant.

En outre, le New Age est préoccupé par l’état fragile de l’environnement. La théorie de Lovelock partage la même inquiétude et la conforte. « La conscience de la fragilité de la Terre est une préoccupation majeure du Nouvel Âge. L'Homme a pris conscience que son bien-être dépend de la santé de la planète. Cette constatation est accentuée par l'hypothèse Gaia qui entrevoit la terre comme un être vivant à part entière. »[28] Comme Lovelock l’envisage aussi, le New Age prône une nouvelle façon de considérer la Terre, ce qui permettra de la sauver.

En fait, dans de nombreux écrits des adeptes du New Age, la théorie Gaïa est rapidement résumée en une personnification réelle de la Terre : elle serait un organisme vivant auquel appartiennent les hommes et les animaux. Il est alors cohérent de lui accorder, comme tout être vivant, une vision consciente. Nous ne sommes pas encore très loin de l’idée de communion dont parle Lovelock. En effet, si elle dispose d’une conscience, il est alors possible d’instaurer des liens spirituels avec elle ou encore de se connecter à elle. La théorie s’intègre alors assez bien à l’idée d’une conscience de l’unité de l’humanité si prisée par les tenants du New Age. En effet, selon certaines personnalités du New Age, c’est l’ensemble des connections que forment les êtres vivants qui constitue la conscience de la Terre. « La Terre-Gaïa est notre mère, chacun de nous est un neurone du système nerveux central de la Terre. »[29]

Enfin, le caractère fortement holiste de la théorie Gaïa ne peut que plaire au New Age qui défend la pluridisciplinarité, c’est-à-dire la connexion de savoirs relevant de différents ordres. Parfois, Lovelock mêle spiritualité et science, endossant alors l’image d’un scientifique créateur comme un artiste qui s’écarte des carcans des institutions. L’image même que se donne Lovelock, une image à contre-culture, lui donne une certaine crédibilité aux yeux du New Age.

Conclusions

La théorie Gaïa est l'exemple même d'une volonté de mêler des connaissances d'ordre différent, des sciences de la matière à celle portant sur la vie sans oublier celles qu'apporte la poésie. Or, elles ne relèvent pas de la même rigueur et des mêmes lois comme elles ne présentent pas le même niveau de certitude. L'éclectisme ou la pluridisciplinarité présentent bien des dangers et nécessitent une très grande prudence. On érige facilement un système qui prétend tout expliquer au point que la théorie devienne réalité, c'est-à-dire idéologie.

En outre, en voulant toucher un vaste public, elle se présente sous des langages différents, souvent simplistes, qui génèrent et favorisent les confusions, et nourrissent bien des chimères. Est-ce pour mieux diffuser une nouvelle façon de penser, imposer un nouveau paradigme comme le souhaite le New Age, ou simplement par vanité ou intérêt ? Si l'objectif est de proposer une nouvelle conception du monde et de la vie, alors l'auteur n'est plus scientifique mais philosophe. Il est encore moins médecins.

Enfin, la théorie part d'un constat très simple : les êtres vivants influencent le milieu dans lequel ils vivent au point de faire évoluer l'environnement, ce qui remet clairement en cause l'évolutionnisme comme l'ont si rapidement compris ses partisans. Ils n'ont pas alors hésiter à profiter des faiblesses de la théorie et son langage particulier pour la dénigrer au lieu d'affronter leurs propres erreurs.



Notes et références

[1] Son nom vient du grec ancien qui signifie « terre ». 

[2] Société scientifique internationale qui réunit les scientifiques des sciences de la Terre et de l’espace.

[3] Déclaration d’Amsterdam sur la science du système Terre, 2001, dans Dictionnaire de la pensée écologique, Dominique Bourg, Alain Papaux, 2015, Presses universitaires de France.

[4] Prix Nobel de la Littérature et auteur de Lord of the Flies.

[5] James Lovelock, Qu’est-ce que Gaïa ?, 1979.

[6] James Lovelock, Qu’est-ce que Gaïa ?

[7] Publié en 1979, et 1999 en France.

[8] Régis Briday et Sébastien Dutreuil, Les multiples facettes de l’entrepreneuriat scientifique de Lovelock dans les années 1960-70 : développement d’instruments, consultance sur les pollutions et hypothèse Gaïa, Marché et Organisations, L’Harmattan, 2019, L’entrepreneuriat scientifique : institutions et innovation, archives-ouvertes.

[9] Lovelock, Homage to Gaia : the life of an independent scientist, autobiographie, 2001, dans Les multiples facettes de l’entrepreneuriat scientifique de Lovelock dans les années 1960-70 : développement d’instruments, consultance sur les pollutions et hypothèse Gaïa.

[10] Sébastien Dutreuil, Lovelock, Gaïa et la pollution : un scientifique entrepreneur à l’origine d’une nouvelle science et d’une philosophie politique de la nature.

[11] Lovelock, biographie par lui-même dans ecolo.org/lovelock.

[12] Lovelock, La Terre est un être vivant. L’hypothèse Gaïa, 1979, Flammarion.

[13] William Conrad Golding (1911-1993), auteur britannique connu surtout pour son livre Sa Majesté les Mouches, en 1954. Prix Nobel de la littérature en 1983.

[14] Lovelock, Gaïas as seen throught the atmosphere, Atmospheric environment, 1972 dans Lovelock, Gaïa et la pollution : un scientifique entrepreneur à l’origine d’une nouvelle science et d’une philosophie politique de la nature, Sébastien Dutreuil.

[15] Lovelock et Marguilis, Atmospheric homeostasis by and for the biosphere : the Gaia hyithesis, Tellus, vol. 26, n°1, 1974.

[16] Conrad Hal Waddington, The Evolution of an Evolutionist, Presse Université d’Edinburgh, 1975 dans Wikipédia, article homéorhésie, accessible le 8 décembre 2020, dernière modification le 27 novembre 2020.

[17] William Hamilton, dans revue Nature, vol n° 426 des 18/25 décembre 2003, http:/ / www. radioisotopos.ufrj.br.

[18] Dawkins, cité dans Wikipédia, « Théories Gaïa ».

[19] Plus précisément, la cellule eucaryote, structure cellulaire des principaux organismes du monde vivant (animaux, champignons, plantes, protozoaires) serait le produit de l’interdépendance et de la coopération de multiples organismes procaryotes, structures cellulaires qui ne comportent pas de noyau, comme les bactéries et les archées.

[20] Régis Briday et Sébastien Dutreuil, Les multiples facettes de l’entrepreneuriat scientifique de Lovelock dans les années 1960-70 : développement d’instruments, consultance sur les pollutions et hypothèse Gaïa.

[21] Sébastien Dutreuil,  Lovelock, Gaïa et la pollution : un scientifique entrepreneur à l’origine d’une nouvelle science et d’une philosophie politique de la nature, Sébastien Dutreuil.

[22] Société géologique de Londres, discours de remise de la médaille Wollaston de 2001, Wollaston medal, James Lovelock, www.geolsoc.org.uk/About/History/Awards-Citations-Replies-2001-Onwards/2006-Awards-Citations-Replies, 2006, consulté le 22 juin 2017, dans Lovelock, Gaïa et la pollution : un scientifique entrepreneur à l’origine d’une nouvelle science et d’une philosophie politique de la nature, Sébastien Dutreuil.

[23] Sébastien Dutreuil,  Lovelock, Gaïa et la pollution : un scientifique entrepreneur à l’origine d’une nouvelle science et d’une philosophie politique de la nature, Sébastien Dutreuil.

[24] Lovelock, Air pollution and climatic change, revue Atmospheric environment, vol.n°5, 6, 1971 Lovelock, Gaïa et la pollution : un scientifique entrepreneur à l’origine d’une nouvelle science et d’une philosophie politique de la nature, Sébastien Dutreuil.

[25] James Lovelock et Sidney Epton, The quest for gaia, New Scientist, 6 février 1975 dans Lovelock, Gaïa et la pollution : un scientifique entrepreneur à l’origine d’une nouvelle science et d’une philosophie politique de la nature, Sébastien Dutreuil.

[26] James Lovelock, Gaia : medicine for an ailing planet, London, Gaia Books, 2005 dans Lovelock, Gaïa et la pollution : un scientifique entrepreneur à l’origine d’une nouvelle science et d’une philosophie politique de la nature, Sébastien Dutreuil.

[27] Voir Émeraude, décembre 2020, article « Le New-Age (2) : l'association Lindisfarne, pour une nouvelle culture, planétaire, globale et holiste ».

[28] Melton dans Jésus-Christ le porteur d’eau vive, Une réflexion chrétienne sur le « Nouvel Age », Conseil pontifical de la culture, Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, 3 février 2003, vatican.va.

[29] David Spangler, Actualité des religions, nº 8, septembre 1999 dans Jésus-Christ le porteur d’eau vive, Une réflexion chrétienne sur le « Nouvel Age », Conseil pontifical de la culture, Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.