" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


jeudi 7 août 2025

« Tous ceux qui croyaient étaient ensemble, et ils avaient toutes choses en commun.»

Les premiers chapitres de l’histoire chrétienne s’ouvrent sur une page admirable, celle d’une communauté unie, où chacun met spontanément tout en commun au service du plus grand nombre. « Tous ceux qui croyaient étaient ensemble, et ils avaient toutes choses en commun. Ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et les distribuaient à tous, selon que chacun avait besoin. »(Actes des Apôtres, II, 44-45) C’est ainsi que « tout ce qui y avait de possesseurs de champs ou de maisons, les vendaient, et apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu ; et le déposaient aux pieds des apôtres ; on le distribuait ensuite à chacun selon qu’il en avait besoin. »(Actes des Apôtres, IV, 34-35) Et ainsi, cette communauté toute naissante ne connait pas la pauvreté. « Il n’y avait aucun pauvre parmi eux »(Actes des Apôtres, IV 34) Cette « multitude de croyants » vivent ainsi des préceptes de Notre Seigneur Jésus-Christ qui les mènent à la perfection. « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor au ciel, viens ensuite, et suis-moi. »(Marc, X, 22)

Cette image est gravée dans l’histoire de tout chrétien, et au-delà du christianisme. Pourtant, si elle demeure dans les esprits, elle ne porte pas le même sens. Comme les paraboles qui éclairent les uns et égarent les autres, elle fait l’objet de nombreuses interprétations. Le chrétien y voit l’exemple de la cité de Dieu, animée d’un même esprit, d’une même foi. Pour certains interprètes, elle témoignerait du communisme originel du christianisme, qui prônerait le refus du droit de la propriété privée. Pour d’autres, elle serait l’exemple d’une fraternité qui exclut l’inégalité et l’injustice sociales. Et, pour tous, elle serait le témoignage d’une société idéale à reproduire. Quelle que soit la leçon que nous tirons de cette image, nous accordons au christianisme un enseignement éminemment social et attractif.

Pourtant, la religion chrétienne est écartée de la société. Elle n’est tolérée que si elle veuille bien demeurer une affaire privée. Ainsi, discrète entre quatre murs ou resplendissante dans de belles églises, elle est devenue un mystère inaudible pour nos contemporains, alors que ces derniers ont tant besoin de lumière et de repères. Et, si elle ose s’affirmer au sein de la société, peut-elle encore être comprise par le plus grand nombre quand sa parole est si éloignée de ce qu’ils peuvent entendre et ne cessent d’entendre ? La société d’abondance et de consommation dans laquelle ils vivent est en effet terriblement bien éloignée de la communauté chrétienne qui a vu le jour à Jérusalem au lendemain de la Pentecôte. Condamne-t-elle finalement tout retour au christianisme ?

Notre rapport avec les biens ou avec l’argent, ou plus globalement avec la pauvreté et la richesse, constitue sans-doute un des points d’achoppement entre le christianisme et la société actuelle. Il était déjà un obstacle au temps des premières communautés chrétiennes. Revenons donc au début de l’ère chrétienne afin d’en tirer des enseignements dans le cadre de notre étude apologétique.

La pauvreté volontaire

Dans les Actes des Apôtres, Saint Luc décrit en quelques mots puissants la première communauté chrétienne de Jérusalem au lendemain de la Pentecôte, entre les années 60 et 64. L’image de ces premiers chrétiens présente un enseignement différent selon le regard que nous y portons.

Nous pouvons d’abord porter notre attention sur leur vie communautaire. Les chrétiens partagent librement leurs biens propres et les distribuent à l’ensemble des membres de la communauté selon leurs besoins et sous l’autorité des Apôtres. Ils abandonnent à ces derniers la propriété de leurs biens au profit de toute la communauté. Ils se dépossèdent donc de leur fortune et s’appauvrissent volontairement. Cependant, ils n’aliènent pas leurs biens qu’ils gardent comme propriété légale. Chacun « ne regardait comme étant à lui rien de ce qu’il possédait, mais toutes choses leur étaient communes. »(Actes des Apôtres, IV, 32) C’est en raison de la libéralité dont usent leurs propriétaires que les biens personnels deviennent communs. Cependant, cette communauté est plus que morale puisque ceux qui possèdent des terres les vendent pour partager ensuite le produit de la vente.

Ainsi, par cette mise en commun des biens, les chrétiens témoignent d’un détachement réel à l’égard des biens de ce monde. Notre attention est alors portée vers la pauvreté volontaire.

Le secours des plus faibles

Notre regard peut aussi se porter sur la distribution des biens dans le but de secourir les indigents et les plus faibles comme les veuves et les orphelins. Les chrétiens abandonnent leur bien pour secourir ceux qui vivent dans la pauvreté comme le montre de manière exemplaire Barnabé. « Comme il avait un champ, le vendit, et en apporta le prix, et le déposa aux pieds des apôtres. »(Actes des Apôtres, IV, 36-37) Comme en témoigne Saint Paul, le secours n’est pas restreint à la communauté. Les chrétiens de Macédoine, d’Achaïe ou encore de Corinthe ont collecté des biens pour venir au secours de ceux de Jérusalem. Cette générosité n’est pas non plus réservée aux seuls croyants, ce qui soulève par ailleurs l’étonnement des païens, voire leur admiration. La communauté n’est finalement pas indifférente à la société qui l’entoure et à ses maux. Elle applique encore ce que demande Notre Seigneur Jésus-Christ.

Notons que les chrétiens remettent les biens à toute la communauté pour que celle-ci les distribue aux membres selon leurs besoins et non selon une part égale jugée arbitrairement. Il n’y pas de volonté d’établir l'égalité sociale mais plutôt un équilibre par le partage.

Ainsi, par la mise en commun de tous les biens, les chrétiens de Jérusalem témoignent de la pauvreté volontaire tout en venant au secours auprès des plus faibles. Le témoignage de Saint Luc révèle aussi l’autorité des Apôtres. Ce sont eux qui reçoivent les biens de tous et les font distribuer.

Signes de bénédictions et authenticité

La communauté naissante de Jérusalem nous renvoie à l'Ancien Testament. « Et il n’y aura aucun indigent et aucun mendiant parmi vous [...] »(Deutéronome, XV, 4). Tel est l’objectif des mesures que Dieu demande à son peuple d’appliquer. « [...] Afin que Dieu te bénisse dans la terre qu’il va te livrer en possession. » Telle est la promesse divine s’il obéit à ses préceptes. 

La vie commune que décrit Saint Luc fait ainsi écho à la parole de Dieu qui s’accomplie au sein de la communauté de Jérusalem. Elle est plus qu'un signe de sa bénédiction, elle est un signe d’authenticité.

Une même foi ...

Nous devrions néanmoins ne pas nous focaliser sur la pauvreté volontaire ou sur le secours des plus pauvres. En effet, ce que nous devons particulièrement retenir de la description de Saint Luc est plutôt l’unité des premiers chrétiens. « Tous ceux qui croyaient étaient ensemble », nous précise Saint Luc. « La multitude des croyants n’avaient qu’un esprit et qu’un cœur. », insiste-t-il encore (Actes des Apôtres, IV, 32) Cette unité ne s’exprime pas uniquement dans la prière et les repas. Elle s’incarne aussi dans leurs œuvres.

Saint Luc emploie le terme grec de «  koinwnίa » pour exprimer cette communion d’esprit et d’âme. Ce terme dérive de l’adjectif « koinά » que nous retrouvons trois lignes après quand l’évangéliste écrit que tout était en commun. Selon des interprètes, Saint Luc rappelle une maxime très courante de la philosophie grecque : « Entre amis tout est commun ». Comme l’écrit Aristote, « rien, en effet, ne caractérise mieux l’amitié que la vie en commun »[1]. Il ne peut y avoir de véritable amitié entre deux hommes si l’un ne met tout ce qu’il possède à la disposition de l’autre.

Cependant, Saint Luc ne fait pas reposer leur unité sur une amitié mais sur la foi. Ils insistent en effet à deux reprises qu’ils vivent ensemble et se partagent leurs biens parce qu’ils sont croyants et qu’ils vivent de la même croyance. L’idéal de l’amitié tel qu’il est décrit par les philosophes païens se réalise en raison de leur foi commune.

Un même cœur...

L’unité de l’âme et du cœur qui se manifeste dans la vie commune va donc au-delà de l’amitié des philosophes. Le terme « cœur », qu’emploie Saint Luc, est en effet étranger à leur vocabulaire. Il appartient plutôt à celui de la Sainte Écriture. Nous retrouvons l’exigence de l’unité dans d’autres écrits du Nouveau Testament. Saint Paul demande aux Philippiens de demeurer « animés d’un même esprit, travaillant de concert pour la foi de l’Évangile »(Philip., I, 27), et ne cesse de les exhorter à avoir « la même charité, la même âme, la même pensée »(Phil., II, 2). Et comme témoignage de cette unité, Saint Paul leur demande alors que chacun ait « égard, non à son propre intérêt, mais à ceux d’autrui. » (Phil., II, 4). Et aux Corinthiens ou aux Romains, il ne dit pas autre chose. Les fidèles doivent être « unis de sentiments les uns aux autres selon Jésus-Christ ; afin que d’un même cœur et d’une même bouche, vous rendiez gloire à Dieu et au Père de Notre Seigneur Jésus-Christ. »(Rom., XV, 5-6) Et, continue-t-il, « c’est pourquoi, soutenez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a soutenus pour la gloire de Dieu. » Le soutien mutuel est le témoignage de l’unité des croyants.

Unanimité devant Dieu

L’unité de la communauté de Jérusalem se manifeste aussi par l’unanimité dont elle témoigne lorsqu’elle se rassemble dans le Temple de Jérusalem. « Tous les jours aussi, persévérant unanimement dans le Temple, et rompant le pain, ils prenaient leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur. »(Actes des Apôtres, II, 46).  Les chrétiens se tiennent « tous unis ensemble […] dans le portique de Salomon. »(Actes des Apôtres, V, 12) Cette unité se retrouve dans la prière. Les chrétiens « persévéraient unanimement dans la prière »(Actes des Apôtres, I, 14) ou encore « élevèrent unanimement la voix vers Dieu »(Actes des Apôtres, IV, 24). 

Les chrétiens sont donc unanimes quand ils sont rassemblés dans la maison de Dieu ou lorsqu’ils s’adressent à Dieu. Il ne peut avoir de discordance quand leurs voix montent au ciel. Cela signifie qu’avant de s’adresser à Dieu par la prière ou le sacrifice, ils doivent se mettent d’accord et mettre fin à toute discorde.

Sans acception de personne

Dans son épître, Saint Jacques nous apporte un élément qui nous permet de mieux comprendre la jeune communauté chrétienne. « Mes frères, ne jugez pas l’acception des personnes à la foi que vous avez en Jésus-Christ, le seigneur de la gloire. » (Jacques, II, 1) L’Apôtre nous demande d’agir avec notre prochain de manière juste, qu’il soit riche ou pauvre, puissant ou faible. Le rang ou la fortune d’un homme ne doit pas conditionner l’attitude du chrétien à son égard. Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même a « choisi les pauvres de ce monde pour être riche dans la foi, et être héritiers du royaume que Dieu l’a promis à ceux qu’ils l’aiment. »(Jacques, II, 5) En outre, comme le déclare encore Saint Jacques, s’il élève les uns et méprise les autres selon leur rang social, le chrétien agit comme les riches et les puissants qui l’oppriment et rejettent Notre Seigneur Jésus-Christ. En agissant cela, il « a déshonoré le pauvre ». Le commandement de la charité, qu’est l’amour de son prochain comme soi-même, implique de ne faire acception de personne.

La réalité humaine et ses péchés

Cependant, la vie de la première communauté chrétienne n’est pas sans ombre. Le récit de Saint Luc témoigne aussi de la triste réalité humaine. Il nous raconte notamment le châtiment que subissent deux chrétiens. Ananie vend son champ et ne rapporte qu’une partie à la communauté, en mentant sur le prix de la vente, avec la complicité de son épouse. Mais Saint Pierre s’aperçoit de sa supercherie. « Ananie, pourquoi Satan a-t-il tenté ton cœur, pour mentir à l’Esprit Saint, et frauder sur le prix du champ »(Actes des Apôtres, V, 3). Saint Pierre lui montre alors gravité de son mensonge. « Tu n’as pas menti aux hommes, mais à Dieu ». Ananie est alors frappé d’une mort subite. De même, après avoir menti de nouveau à Saint Pierre sur le prix de la vente, Saphire, son épouse, connaît le même sort. Leur mensonge, qui cause leur châtiment, ne peut cacher leur cupidité et leur avarice. Si Saint Ambroise voit dans le geste d’Ananie la trahison d’une promesse et donc une fraude[2], Saint Luc ne retient que le mensonge puisque « restant en tes mains, ne demeurait-il pas à toi ? Et vendu, n’était-il pas encore en ta puissance ? »(Actes des Apôtres, V, 4). En y adhérant, ils s’étaient engagés à mettre en commun leurs biens. Ils rompent ainsi l’unité d’esprit et de cœur. Ils constituent ainsi un contre-modèle.

Saint Luc rapporte un autre incident. « Il s’éleva un murmure des Grecs contre les Hébreux, de ce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution de chaque jour. »(Actes des Apôtres, VI, 1) Les chrétiens hellénistes craignent en effet d’être traités en chrétiens de seconde zone par les autres chrétiens d’origine hébreu. Pour éviter notamment que cela se reproduise et apaiser leurs inquiétudes, les Apôtres instituent l’ordre des diacres, qui veilleront en particulier à l’équité entre les deux groupes de chrétiens. Ce détail montre toutes les difficultés d’ordre pratique que soulèvent la vie communautaire. De nouveau, Saint Luc ne cache pas la réalité humaine et ses péchés, donnant, par ses détails, une crédibilité à son témoignage…

Une même exigence pour les Pères apostoliques

Nous retrouvons l'esprit communauté de la communauté de Jérusalem dans l’un des premiers écrits du temps apostolique. Tout en revenant sur le regard que doit porter le chrétien sur les pauvres, la Didaché rappelle que les biens dont il dispose sont à partager avec les pauvres. « Ne te détourne pas de l’indigent, mets au contraire tout en commun avec ton frère, et ne dis pas que tu possèdes des biens en propre, car si vous entrez en partage pour les biens immortels, combien plus devez-vous y entre pour les biens périssables ? »[3]

Dans une de ses épîtres, le pape Saint Clément se tourne vers les « forts », c’est-à-dire ceux qui ont des biens et du pouvoir, pour leur rappeler deux exigences, qu’il met en parallèle. « Que le fort prenne souci du faible, que le fort respect le faible. »[4] Celui qui dispose du pouvoir ne doit pas être indifférent aux pauvres ni montrer de l’irrespect à son égard. Il établit aussi une double relation entre le riche et le pauvre, ou entre le puissant et le faible, le premier répond aux besoins du second quand celui-ci lui est reconnaissant auprès de Dieu. « Que le riche secoure le pauvre, que le pauvre rende grâce à Dieu de lui avoir donné quelqu’un qui advienne à ses besoins. » Saint Clément insiste particulièrement sur le soin que doit porter le riche auprès du pauvre. Dans une autre homélie, qui lui est généralement attribuée, il nous demande aussi de « prendre part à la peine des autres », et, comme l’amour de l’argent semble être un frein à la compassion, il nous demande aussi de « ne pas trop aimer l’argent. »[5] C’est ainsi, par les œuvres, que nous confessons Notre Seigneur Jésus-Christ, en agissant selon ses préceptes et non en faisant le contraire.

Conclusions

Les premiers chrétiens de Jérusalem forment une véritable communauté dans laquelle chacun se sait solidaire de tous. Ils en sont parfaitement conscients. Cette unité se fonde sur une unité de foi et d’espérance. Elle se traduit par une union des esprits, par une unanimité devant Dieu. La mise en commun de leurs biens n’est alors qu’une conséquence de cette unité d’âme et de cœur. Par leur soutien mutuel, il ne peut avoir de place pour la pauvreté. Chacun accepte de s’appauvrir pour répondre aux besoins des nécessiteux, sachant se détacher des choses de la terre pour partager les bienfaits célestes. Mais, plus encore, comme le rappelle Saint Paul, le partage ne consiste pas uniquement en biens spirituels. Finalement, l’unité des chrétiens s’incarne aussi dans la mise en commun et le partage des biens, y compris spirituels…

Cette unité implique aucune acception de personne. Sans perdre leur personnalité et leurs différences, les chrétiens demeurent unis en dépit de leurs différences sociales. Ces dernières ne sont pas source de division ou de déchirement. Au contraire, elles permettent de renforcer leurs liens. 

Mais, la foi n’est pas comme enfermée dans la communauté. Les regards des chrétiens portent aussi sur ceux qui n’y appartiennent pas et qui ont besoin d’aide. Ainsi, viennent-ils aux secours des faibles et des pauvres qui ne relèvent pas d’une même foi et de mêmes sentiments. Ils témoignent de leur foi par leurs œuvres puisqu’ils suivent les paroles et l’exemple de Notre Seigneur Jésus-Christ. « Si celui qui a des biens de ce monde voit son frère dans le besoin, et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurent-ils en lui ? »(I Jean, III, 17)

Néanmoins, cette communauté n’est pas sans faiblesse comme le montrent le mensonge d’Ananie et de son épouse ou la méfiance qui subsiste entre les chrétiens hellénistes et hébreux. Elle demeure une réalité humaine avec ses lumières et ses ombres

Telles sont donc les leçons que nous pouvons tirer de cette première communauté chrétienne. Saint Luc nous décrit ce qu’est finalement en pratique la communion des saints qui demeurent encore ici-bas. Celle-ci s’incarne dans la communauté naissante de Jérusalem, ce qui expliquent notre admiration et notre regret

Une étude attentive des Actes des Apôtres nous éloigne aussi de nombreuses erreurs d'interprétation. Contrairement aux réclamations de notre temps qui, pour une apparente justice, ne cessent de vouloir l’égalité sociale, la véritable communion se fonde et se réalise dans la vérité car elle naît avant tout de l’unité de l’âme. Contrairement aussi à des marxistes qui voient dans la communauté naissante de Jérusalem la réalisation apparente de leurs idéaux, il n’y a point de communisme parmi les premiers chrétiens mais la manifestation concrète de l’amour de Dieu et de son action. La description que nous donne Saint Luc sur cette communauté nous élèvent en effet vers un monde où les âmes et les cœurs sont unis par une même foi, une même espérance, témoignant ainsi, de manière vivante, leur union à Notre Seigneur Jésus-Christ. « Tous vous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »(Jean, XIII, 35)

 

 

 

 

 

 

Notes et références

[1] Aristote, Éthique à Nicomaque, chapitre VI.

[2] Saint Ambroise, De officii, traité sur les devoirs, livres-mystiques.com.

[3] Didaché, Doctrine transmise par les douze Apôtres, IV, 5, traduction R.-F. Refoulé, o. p., Les Écrits des Pères apostoliques, Les éditions du Cerf, 1963.

[4] Saint Clément de Rome, pape, Épître aux Corinthiens, XXXVIII, 2, trad. Suzanne-Dominique, o.p.  dans Les Écrits des Pères apostoliques.

[5] Saint Clément de Rome, Homélie du IIe siècle, dite anciennement Deuxième épitre de Clément de Rome aux Corinthiens, IV, 3, trad. Suzanne-Dominique, o.p. dans Les Écrits des Pères apostoliques.

[6] Voir Émeraude, juillet 2025, article « La perception de la pauvreté avant Notre Seigneur Jésus-Christ.»