Nous avons tendance à
oublier que dans les premiers siècles de notre ère, l’Église n’était pas
réduite à l’Occident. Avant la conversion de l’empereur, elle s’étendait sur
tout l’Empire romain, dépassant même les frontières et allant au-delà de
l’Indus. Rome, Alexandrie, Antioche,
Césarée, Carthage, Éphèse, etc. étaient des foyers de christianisme plus ou
moins vigoureux. Certains de ces sièges épiscopaux ont été fondés par les apôtres.
Les Pères de l’Église viennent de ces villes ou s‘y rattachent.
Lorsque l'empereur Constantin
déplace sa capitale à Constantinople en 324, une nouvelle ville est née, de nouvelles ambitions également. Au
concile de Chalcédoine, elles commencent à s’affirmer. Si l’évêque de la
nouvelle Rome, le futur patriarche de Constantinople, reconnaît encore la primauté de l’évêque de Rome, il veut supplanter les autres
sièges apostoliques que sont Alexandrie et Antioche en raison de la place qu’occupe
Constantinople dans l’Empire. Le pape s’y oppose. Au fur et à mesure du temps, de
plus en plus séparés culturellement, l’Occident
et l’Orient s’éloignent et finissent par rompre leurs liens. De nos jours encore, le schisme d‘Orient perdure.
Aujourd’hui, des tentatives
sont faites pour en finir avec cette séparation. Le 21 septembre 2016, la
commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Église
catholique et l'Église orthodoxe[1]
a adopté un texte d'accord intitulé « Synodalité et primauté au premier millénaire
: vers une compréhension commune au service de l'unité de l'Église. »,
dit accord de Chieti. Ce texte fait suite à une déclaration dite de Ravenne du
13 octobre 2007. En dépit de certaines déclarations trop optimistes, ces textes
ne résolvent en rien les raisons qui ont conduit au schisme. Ils n’ont pas
encore véritablement abordé le point
fondamental qui les sépare, c’est-à-dire la primauté pontificale[2].
Les événements qui ont lentement
conduit au schisme d’Orient nous instruisent sur un fait : l’autorité qu’exerçait le pape dans
l’Église était reconnue en Orient au moins jusqu'au XIe siècle. Si « Dieu
se révèle dans l’histoire »[3],
celle-ci garde aussi la mémoire de la foi et des erreurs, leurs origines comme
leur développement. Dans ce présent article, nous allons suivre l’évolution des
relations entre Rome et Constantinople, relations qui aboutiront à des ruptures puis finalement au schisme.
La primauté pontificale
incontestable jusqu’au Ve siècle
Saint Damase Pape (366-384) |
La primauté pontificale est donc
une pierre de fondement inébranlable
pour l’élévation de l’Église. Lorsque l’évêque de Constantinople revendique
un rang égal à celui de Rome pour des raisons politiques, le pape Saint Léon (440-461)
rappelle à l’Empereur la hiérarchie instituée et qu’« il n’y a pas de construction solide en
dehors de la pierre que le Seigneur a posé comme fondement. »[7]
Ces déclarations
ininterrompues depuis les quatre premiers siècles ne font l’objet d’aucune
contestation tant en Occident qu’en Orient. Les grandes hérésies qui ont secoué
l’Église au lendemain de la conversion de l’Empire au christianisme ont été
l’occasion où cette autorité s’est exercée pour l’unité de l’Église et la
défense des vérités de foi. Selon Saint Basile, l’évêque de Rome est la seule autorité capable de dirimer une
controverse. Mais plus nous nous éloignons de ces premiers siècles, plus
les contestations contre Rome semblent gagner en virulence. La première grande
remise en cause de la primauté provient de l’Orient.
Le schisme d’Acace (484-519)
Au Ve siècle, un premier
schisme[8]
écarte Constantinople de Rome en raison de l’hérésie monophysite. S’opposant au
monophysisme que défend Acace, évêque de Constantinople en 471, et fidèle à l’enseignement des conciles œcuméniques, le pape Zéphyr
III rompt en effet toute communion avec Acace et
tous ceux qui adhèrent à cette erreur. Notons que cet exemple est une des preuves de
défectibilité de la foi du siège de
Constantinople. Il y en a d'autres. L'hérésie la plus célèbre provenant de ce siège épiscopale est sans-doute celle de Nestorius, qui a notamment renié la
maternité divine de Sainte Marie.
Dans cette controverse
dogmatique, Acace remet en cause la primauté pontificale. Sa pensée est simple. Résumons-là. L’évêque de
Rome a eu une prééminence dans l’Église au seul fait d’avoir été l’évêque
d’une ville qui était capitale de l’Empire. La capitale étant désormais
transférée à Constantinople, c’est donc naturellement au patriarche, qui en est l’évêque, de
détenir le premier rang. C’est la
reprise du fameux vingt-huitième canon de Chalcédoine[9]
que Rome a refusé de confirmer. Acace
conteste l’origine divine de l’autorité du pape.
Mais le pape Saint Gélase
lui répond : « autre chose est
la puissance de l’Empire séculier, autre chose la distribution des dignités
ecclésiastiques. Quelque petite que soit une ville, elle ne diminue pas la
grandeur du prince qui y réside ; même la présence de l’Empereur ne change
pas l’ordre de la hiérarchie. »[10] Il ne point confondre les pouvoirs religieux et politiques. Que dirait en outre aujourd’hui Acace, l’Empire n’existant plus ?
En 515, le pape Hormisdas adresse
à l’Église de Constantinople une lettre, intitulée Libellus fidei, plus
connue sous le nom de « formulaire
d’Hormisdas ». Elle affirme
nettement l’indéfectibilité de l’Église de Rome et indirectement la primauté du pape. « La condition première du salut est de garder la règle de la foi juste
et de n’écarter d’aucune façon des décrets des pères. Et parce qu’il n’est pas
possible de négliger la parole de Notre Seigneur Jésus-Christ qui dit : « Tu
es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église », ce qui a été dit
est prouvé par les faits ; car la religion catholique a toujours été
gardée sans tache auprès du Siège apostolique. »[11]
Après avoir condamné les hérétiques, le pape demande au patriarche de
Constantinople d’entrer en communion que « prêche le Siège apostolique, communion dans laquelle réside, entière et
vraie la solidité de la religion chrétienne »[12].
En signant ce formulaire en 519, l’Église d’Orient met fin au schisme. Au
septième concile de Constantinople, le pape Adrien II impose de nouveau le
formulaire d’Hormisdas auquel adhèrent les pères conciliaires.
Le titre « ambitieux »
de patriarche œcuménique
Saint Jean IV Le jeûneur |
Le
pape Pascal II conçoit les dangers que peut revêtir ce titre qui
considère comme « une offense aux
lois, aux conciles et aux préceptes du Christ ». Il proteste donc
naturellement contre cette usurpation et lui demande de renoncer à ce titre
provocateur. Sans rompre la communion, il demande alors à son apocrisiaire, c'est-à-dire son ambassadeur, présent
à Constantinople de ne plus assister aux offices religieux. Son successeur, Saint Grégoire le Grand,
est aussi intransigeant. À Constantinople, l’empereur et le patriarche
semblent entendre les protestations du pape, mais en dépit des promesses
faites, le patriarche continue de le porter.
Au même moment, une autre
affaire raidit encore davantage les relations entre Rome et Constantinople. Un
concile local condamne et dégrade un moine et un prêtre. Or ces deux condamnés
font appel au pape en 593 comme l’autorise l’usage[13].
Le pape demande alors les pièces du procès. En dépit de multiples réclamations,
Jean IV reste silencieux, voire manifeste une mauvaise foi. Il n’est pas au
courant de cette affaire, prétend-il. Tenace, Saint Grégoire le Grand finit par
obtenir les pièces et constate que Jean IV se discerne le titre d’œcuménique
presque à chaque ligne des documents. Il écrit alors à l’empereur pour dénoncer
cette imposture. Il rappelle aussi à l’empereur que Saint Pierre lui-même ne s’est
pas appelé apôtre universel alors qu’il a reçu la charge de gouverner toute
l’Église et il lui fait remarquer l’Église de Constantinople n’a guère brillé
par ses hérésiarques. Il termine sa lettre en menaçant de prendre des mesures
contre Jean IV s’il persiste dans son orgueil[14].
Dans une lettre adressée au patriarche, il attribue cette titulature à
l’orgueil et en pressent les conséquences. « Votre Fraternité n’a pas oublié quelle paix et quelle concorde
régnaient dans l’Église, lorsqu’elle fut élevée aux honneurs du sacerdoce. Je
ne sais pas quelle audace, écrit-il à l’évêque, et par quel orgueil elle s’est efforcée depuis de s’attribuer un nom
nouveau, qui pourrait provoquer le scandale dans le cœur de tous les frères. »[15]
Un titre absurde, dangereux,
injuste…
Saint Grégoire le Grand Pape (590 -604) |
Saint
Grégoire le Grand proteste aussi pour des
raisons d’humilité. Il considère le titre comme étant présomptueux,
orgueilleux, profane. Or, l’attribution d’un tel titre, c’est renoncer à la
mission de l’évêque et à l’idéal d’abaissement que lui a tracé son divin
modèle. Par cette renonciation, il provoque aussi un scandale et jette du
désordre dans l’Église.
Enfin, le titre œcuménique
du patriarche byzantin est une
usurpation et une injustice. C’est une usurpation car, selon Saint Grégoire
le Grand, il a été donné au pape Saint Léon au concile de Chalcédoine en 451
sans pourtant que ces successeurs n’ont voulu se l’attribuer. Il s’insurge
surtout contre l’injustice. Car par ce titre, le patriarche veut ravir l’épiscopat
à tous ses confrères. Nous revenons au fameux vingt-huitième canon du
Chalcédoine. Saint Grégoire le Grand craint probablement que le patriarche
byzantin s’annexe peu à peu les autres patriarcats d’Orient et tiennent les
autres évêques pour de simples subordonnés. Ce titre, qui finalement consacre
un usage, est probablement une conséquence logique du vingt-huitième canon de
Chalcédoine, que Rome n’a jamais voulu reconnaître.
Au-delà de l’ambition de
l’évêque de Constantinople, la querelle montre que les papes savent défendre leurs droits dès qu’ils y voient un devoir de
leur charge, « ne redoutant rien
de personne, si ce n’est du Seigneur tout-puissant »[18].
Tout le long de son pontificat, Saint Grégoire le Grand persiste dans sa protestation
et ne cède pas même s’il n’y a pas de divergence de foi. Par charité, il refuse alors de rompre avec l’évêque. Remarquons en
effet qu’aucune vérité dogmatique n’est en discussion. La primauté pontificale
n’est pas non plus remise en cause puisque l’autorité pontificale n’est pas
directement l’objet de cette querelle. Cet incident indique enfin une tension persistante entre Rome et
Constantinople.
Le concile Quinisexte ou in Trullo (691-692)
Le concile Quinisexte ou in Trullo (691-692)
Au concile de Chalcédoine,
Pierre a parlé par la bouche de son successeur Saint Léon dans sa lettre
dogmatique. Contre le monophysisme, le pape a en effet exposé avec fermeté et
précision la foi sur le mystère de l’Incarnation dans une lettre dogmatique
qu’il adresse au patriarche de Constantinople Flavien. Le pape intervient dans
les disputes dogmatiques qui secouent l’Orient et avec une autorité recherchée
et reconnue, il parle pour définir ce
qu’il faut croire sans que leur parole ne soit contestée.
La même chose se reproduit
avec l’hérésie monothélite. Le pape Agathon définit la doctrine christologique
des deux natures, des deux opérations, et des deux volontés dans le Christ, non
contraires, ni séparées, mais unies dans une même personne. « Telle était la foi de cette Église
apostolique de Pierre, qui ne peut jamais dévier de la vérité, parce que le
Christ a dit à Pierre : « confirme tes frères », ce qu’ont
toujours fait les papes nos prédécesseurs. » Le troisième concile de
Constantinople souscrit à la doctrine définie dans cette lettre. « C’est Saint Pierre qui parlait au travers du
pape Agathon. »[19]
Après avoir établi des décrets, le concile adresse une lettre à Rome demandant
au pape de confirmer ses décisions, Rome, « le
premier siège de l’Église universelle, établi sur la pierre solide de la
foi »[20].
Dans ces deux cas, la primauté pontificale sort fortement
agrandie des crises qui ont surtout secoué l’Orient. Elle est
incontestablement reconnue par les évêques réunis en concile. Mais elle commence à porter ombrage à l’empereur
Justinien, qui fort de son nouveau titre de chef religieux, veut jouer un
rôle dans l’Église comme défenseur de l’orthodoxie. Voulant poursuivre l’œuvre
dogmatique des deux précédents conciles œcuméniques, il convoque de lui-même un
concile pour élaborer des décrets disciplinaires. Ce concile est connu sous le nom de Quinisexte
ou in
Trullo.
Un grand nombre de canons
révèlent clairement la volonté de
l’empereur d’imposer les coutumes de l’Église byzantine à l’ensemble de
l’Église. Le treizième canon demande par exemple aux prêtres et diacres
mariés de continuer à vivre dans le mariage alors que dans l’Église romaine, le
célibat leur est proscrit. Il menace de déposer les clercs qui refusent de
cohabiter avec leur femme et ceux qui le leur interdisent. Cette menace remet
en question la coutume romaine. Le cinquante-cinquième canon proscrive le jeûne
les samedis de carême alors qu’à Rome, il est pratiqué. Le concile prétend
enfin de jouir des mêmes privilèges que celui de l’ancienne Rome tout en
demeurant second. Ainsi, le patriarche de Constantinople prend la seconde place
dans la hiérarchie, non plus de manière honorifique comme dans le
vingt-huitième canon du concile de Chalcédoine, mais d’une manière effective.
C’est un pas de plus vers la primauté en
Orient…
Le
pape Sergius refuse de souscrire aux actes du concile.
Furieux de sa résistance, l’empereur demande à l’exarque de Ravenne de
l’emprisonner et de le conduire à Constantinople. Les ordres ne sont pas
suivis. Le successeur de Justinien, Rinotmète, change de politique et demande
au pape Jean VII de réunir un concile et
de confirmer ou de condamner les canons du concile in Trullo. Jean VII comme
son successeur répondent par une fin de non-recevoir. Il faut alors attendre le
pape Adrien Ier pour qu’il donne son approbation
à ceux des canons qui ne sont pas en opposition avec la foi orthodoxe, les
bonnes mœurs et les décrets de Rome. La primauté de l’Église de Rome est de
nouveau affirmée…
La querelle iconoclaste
Une autre affaire dogmatique
va de nouveau enflammer les relations entre l’Occident et l’Orient. Voulant
sans-doute s’opposer aux abus auxquels
donne lieu le culte des images, l’empereur Léon III publie un édit
prescrivant la destruction des images religieuses. Le patriarche de
Constantinople Germain refuse de s’y souscrire, préférant se retirer. Son
successeur Anastase cède et entraîne à sa suite un certain nombre d’évêques du
patriarcat.
Ces destructions provoquent
des émeutes partout dans l’Empire. Le
pape Grégoire II proteste énergiquement contre la mesure impériale. Dans un
concile local, le pape Grégoire III proclame la légitimité des pratiques
iconophiles et condamne ceux qui détruisent les images. Saint Jean Damascène est sans-doute le plus grand des défenseurs de
la foi. Dans son exposé en faveur du culte des images, il rappelle qu’il n’appartient pas à l’empereur de
trancher ses questions de sa propre autorité.
Soucieux de réformes
religieuses, l’empereur Constantin V Copronyme veut vaincre la résistance des
iconophiles mais en obtenant de l’ensemble de l’épiscopat une condamnation du
culte des images. Il réunit un concile, à Hiera, qui publie des décrets
conformes à son programme. On brûle alors les images dans toutes les églises et
dans les palais. On barbouille de chaux les fresques et les mosaïques. On
couvre les murs de représentations d’arbres, de paysages, etc. Les évêques et
le clergé souscrivent aux décisions du concile. Seuls les moines refusent. Le patriarche de Constantinople fait partie
des iconoclasmes alors que ceux d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem
défendent le culte des images au concile de Jérusalem tenu en 767. Au
concile local de Latran, le pape Etienne
III condamne à son tour l’erreur iconoclaste.
Enfin, régente sous la
minorité de son fils, l’impératrice Irène, iconophile, veut rétablir le culte
des images. Un concile œcuménique est convoqué à Nicée en 787. Il prouve la légitimité du culte des images et définit le dogme sur la vénération
des croix et des images.
L’iconoclasme a pu être
développé et devenir officiel dans l’Église byzantine grâce aux empereurs et à
l’adhésion d’une bonne partie de la hiérarchie ecclésiastique. Il manifeste une docilité des évêques, y compris du
patriarche de Constantinople, à la volonté impériale. Le concile de Hieria
en est le parfait exemple. Il a réuni trois cent trente-huit évêques. Notons
l’absence des patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem. Le pape n’y
est pas représenté.
Cependant, à partir de 802
l’iconoclasme réapparaît avec violence et persécution après le reversement de
l’impératrice Irène. Il faut attendre la régence de Théodora, veuve de
l’empereur Théophile (829-842) pour voir le
triomphe définitif de l’orthodoxie. Nous voyons encore une fois que Rome a défendu l’orthodoxie face au
patriarche de Constantinople…
Retenons que la crise
iconoclaste a des impacts théologiques puisqu’elle atteint la christologie,
voire la doctrine sur la Sainte Vierge. Elle a encore montré que le patriarche
de Constantinople peut s’égarer dans l’hérésie. Elle a aussi entraîné une
nouvelle rupture entre Rome et Constantinople. Elle a surtout hâté leur
séparation.
Conclusion
La donation de Constantin Fresque du XIIIe siècle |
Mais en même temps, l’Église
de Constantinople montre des déviations dans la foi alors que l’Église de Rome
manifeste une indéfectibilité incontestable. Elle n’hésite pas à s’opposer à la puissance politique pour défendre la foi. La
controverse s’achève alors par la victoire de l’orthodoxie que représente
indiscutablement l’évêque de Rome. L’autorité pontificale s’affirme donc face
aux ambitions de Constantinople. Il est aussi bien difficile au « patriarche œcuménique » de
prétendre à une quelconque primauté quand il est tombé si souvent dans
l’hérésie.
Mais les victoires ne sont pas sans conséquence. La tension mêlée sans-doute d’aigreur chez les uns et d’indignation chez les autres ne cesse de monter entre Rome et Byzance. Or, par les difficultés de communication et l’éloignement culturel grandissant, le fossé ne cesse de grandir entre l’Occident et l’Orient, un fossé qui ne peut qu’engendrer l’arrogance, le mépris, la haine…
Mais les victoires ne sont pas sans conséquence. La tension mêlée sans-doute d’aigreur chez les uns et d’indignation chez les autres ne cesse de monter entre Rome et Byzance. Or, par les difficultés de communication et l’éloignement culturel grandissant, le fossé ne cesse de grandir entre l’Occident et l’Orient, un fossé qui ne peut qu’engendrer l’arrogance, le mépris, la haine…
Notes et références
[1] Instance officielle de dialogue entre ces deux Églises
[2] L’accord de Chieti
affirme que « l’évêque de Rome
n’exerçait aucune autorité canonique sur les Églises d’Orient. »
(n°19) Néanmoins, cette affirmation, qui n’est ni précisée ni justifiée, suit
un discours sur le droit d’appel au pape défini par le concile régional de Sadique
(343) et celui d’in Trullo (692), montrant ainsi une certaine supériorité de
l’autorité pontificale. Il n’y a pas de véritable et pleine reconnaissance de
la primauté du pape dans l’Église. Cela serait bien difficile sans la définir
et sans la justifier sur les mêmes fondements. Car là résident les divergences
et la véritable difficulté. Les travaux suivants de la composition devraient
s’intéresser aux relations entre la primauté et la synodalité, c’est-à-dire
l’autorité des conciles. Là apparaîtra probablement les principaux problèmes.
[3] Commission mixte
internationale pour le dialogue théologique entre l'Église catholique et
l'Église orthodoxe, Synodalité et primauté au premier millénaire : vers une compréhension
commune au service de l'unité de l'Église, n°6.
[4] Voir Émeraude,
décembre 2018 et janvier 2019.
[5] Pape Damase, dans Histoire
générale de l’Église, Fernand Mourret, Les Pères de l’Église, IV et Ve
siècles, 1928, Bloud and Gay, dans Mansi, t. VIII.
[6] Philippe dans Histoire
des conciles œcuméniques, Éphèse et Chalcédoine, 431 et 451,
Tome II, 1962, Fayard.
[7] Philippe dans Histoire
des conciles œcuméniques, Éphèse et Chalcédoine, 431 et 451.
[8] Schisme dit "schisme
d’Accace" du nom de l’évêque de Constantinople qui porte la responsabilité de la
rupture.
[9] Voir Émeraude,
janvier 2019, article "Le 28e canon de Chacéldoine: Constantinople, la nouvelle Rome s'élève".
[10] Collection Labbe, tome IV
dans Le
schisme de Photius, J. Ruinaut, Bloud & Cie, 1910.
[11]Pape Hormisdas
(514-523), Libellus fidei, envoyé à Constantinople le 11 août 515, 1,
Denziger n°363.
[12] Pape Hormisdas
(514-523), Libellus fidei, 4, Denziger n°365.
[13] Dans les accords de Chieti,
l’Église de Rome et l’Église orthodoxe reconnaissent
cet usage.
[14] Saint Grégoire le
Grand, Lettre à l’empereur Maurice, janvier 595, dans Saint Grégoire
le Grand et le titre de patriarche œcuménique, Siméon Vailhé, Échos
d’Orient, tome 11, n°70, 1908, https://doi/org. Les lettres se
trouvent dans Migne, P. L., t. LXXVII.
[15] Saint Grégoire, Lettre
à Jean IV,1er janvier 595.
[16] Saint Grégoire, Lettre
VII au patriarche d’Antioche Anastase Ier.
[17] Saint Grégoire, Lettre
IX.
[18] Saint Grégoire, Lettre
à l’impératrice Constantina, année 594.
[19] Mansi, XI, 666.
[20] Mansi, XI, 684.