Si un code règle
notre conduite sur cette voie étroite, Notre Seigneur Jésus-Christ ne nous
demande pas d’obéir à des règles comme si nous voulions gagner une récompense.
Il nous demande avant tout d’établir et de maintenir une relation intime
avec Dieu et notre prochain, une relation d’amour. Or l’amour ne se
commande pas. Il présuppose la foi. Sans la foi, point d’amour possible. Ainsi,
faut-il la recevoir de Dieu. Et forts de ce don, nous devons ensuite la rendre
vivante par des actes. Ce que Notre Seigneur Jésus-Christ nous demande, c’est donc
une foi vivante, qui anime notre âme par des œuvres. La charité ne se
confond donc pas avec l’altruisme, la compassion ou encore la bonté. « J’aurais beau distribuer toute ma fortune
aux affamés, s’il me manque la charité, cela ne me sert de rien. »(1ère
Lettre aux Corinthiens, I, 3)
C’est pourquoi, en
tant que chrétiens, l’attitude que nous avons à l’égard de ceux que nous
croisons dans notre vie n’est pas anodine. De même, en raison de sa mission, l’Église ne peut non plus être indifférente
à chacun d’entre nous ainsi qu’à notre famille et à toute autre forme de
société. Le sort des plus faibles fait naturellement l’objet de ses
préoccupations comme en témoigne son histoire. Nombreuses sont en effet les
œuvres de bienfaisance qu’elle a fondées ou relevées en faveur des indigents,
des orphelins, des veuves, des malades, des vieux et des étrangers, et de bien
d‘autres. Nombreuses sont les institutions sociales qu’elle a bâties pour venir
au secours des plus démunis. Ses efforts pour une meilleure justice sociale
n’ont point cessé tout le long de son histoire, faisant preuve de miséricorde,
de compassion et de bonté à l’image de Notre Seigneur Jésus-Christ. La
doctrine sociale de l’Église et les actions qui en résultent forment ainsi un
trésor d’une richesse inépuisable ...
L’ensemble de ces
œuvres est le plus beau témoignage d’amour qu’elle porte à l’égard de Dieu,
la plus belle preuve de ce qu’est Dieu, le plus puissant acte
apologétique qu’elle puisse présenter. Mais, ce précieux témoignage est
méconnu, déformé ou encore méprisé. Ainsi, faut-il inlassablement le rappeler
et le défendre, rappeler surtout ce qui l’anime et lui donne la force de
soulever des montagnes…
Les erreurs les plus
communes
Or, dans les
questions sociales, de nombreuses erreurs ont détourné des âmes de la vérité et
donc de la vie éternelle. Très tôt, de nombreuses voix ont défendu la doctrine
selon laquelle les pauvres sont les seuls sauvés et donc que les riches sont
irrémédiablement condamnés aux tourments de l’enfer s’ils ne renoncent pas
à leurs biens. Au contraire, d’autres prétendent que la richesse est une
bénédiction de Dieu, le signe d’une élection divine ou d’une
prédestination, quand la pauvreté est le signe d’une malédiction ou d’un
châtiment. Ces deux doctrines ont un point commun : elles donnent aux
biens, à leur abondance ou à leur manque, une valeur pour l’éternité, et, plus
précisément, elles en rapportent à l’homme les mérites.
Les discours et
théories qui veulent mettre la pauvreté matérielle au cœur de l’Évangile
revient aussi à donner aux biens une importance qu’ils n’ont pas. De nombreuses
sectes religieuses, hérésies chrétiennes ou encore des théologies de la
libération[1] ont
placé cette pauvreté au rang de valeur suprêmes au point de se détourner
de la foi. « Une âme qui te servira,
Seigneur, haïra le capital et rejettera l’argent », nous dit un texte
essénien[2]…
D’autres erreurs
portent sur les raisons de la pauvreté et plus largement sur l’inégalité
sociale et donc sur les solutions à apporter pour les réduire, voire les
supprimer. Des erreurs rapportent la richesse aux mérites et aux vertus, et la
pauvreté à la paresse et aux vices, prônent l’effort individuel et engagent
les hommes dans une sorte de combat dont il doit sortir vainqueur au
détriment des plus faibles. D’autres erreurs accusent les puissants d’être
responsables de la misère, par la violence et l’oppression, et dressent facilement
les pauvres contre les riches, ne voyant le remède que dans une autre violence,
celle d’une révolution, dans l’espoir de parvenir à une société où
tous seraient égaux. Et quand elle parvient à détrôner les maîtres, elle
finit par les remplacer par d’autres. Enfin, d’autres erreurs ne trouvent la
réponse que dans l’État
de providence, qui vient subvenir à tous nos
besoins, même les plus intimes, au point de pénétrer dans le sanctuaire de la
famille et de la conscience. Et, dans leur rêverie et leurs chimères, elles
prêchent la fin des injustices sociales…
L’Église s’est souvent levée pour dénoncer
ces erreurs et montrer leurs conséquences funestes pour l’homme et la société. Fort
de son enseignement et de sa connaissance tirée de Dieu et de son expérience, elle
a aussi proposé des solutions pour répondre aux problèmes sociaux. L’encyclique
de Léon XIII, intitulé Rerum novarum du 15 mai 1891, est le
texte majeur qui nous enseigne sur la doctrine sociale de l’Église. Elle n’hésite pas non
plus à dénoncer la détresse sociale et les pratiques qui l’entretiennent en
dépit des contraintes et des violences dont elle est aussi victime. C’est ainsi
que l’Église demeure fidèle à l’enseignement de Notre Seigneur Jésus-Christ,
que nous allons désormais rappeler au travers de ses paroles et de ses actions…
Les
« pauvres » sont évangélisés
Plusieurs passages
de l’Évangile pourraient faire croire que la pauvreté est au cœur de
l’enseignement de Notre Seigneur Jésus-Christ et pourraient confirmer sa valeur
suprême dans la quête de notre salut. Cependant, une lecture plus attentive nous
en donne une autre perception comme le
montre les exemples suivants.
Plus tard, quand,
envoyés par Saint Jean-Baptiste, deux de ses disciples demandent à Notre
Seigneur Jésus-Christ s’Il est celui qui doit venir. Il leur répond par l’accomplissement
de la prophétie d’Isaïe que nous venons d’entendre : « Allez, rapportez à Jean ce que vous avez
entendu et vu : des aveugles voient, des boiteux marchent, des lépreux
sont guéris, des sourds entendent, des morts ressuscitent, des pauvres sont
évangélisés. Et heureux est celui qui ne se scandalisera pas à cause de moi. »(Matthieu,
XI, 4-6)
Ainsi, à deux
reprises, Notre Seigneur Jésus-Christ déclare qu’Il accomplit une prophétie
d’Isaïe portant sur le Messie tant attendu, une première fois à la synagogue
pour inaugurer sa prédication et une seconde fois pour clôturer une série de
miracles. Et à deux reprises, il précise que les pauvres sont évangélisés ou
reçoivent la bonne nouvelle comme s’ils étaient les bénéficiaires privilégiés
de sa prédication.
La pauvreté au sens
d’« anawim »
Cependant, pour
éviter des malentendus sur les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ, revenons
plus longuement sur le terme de « pauvre »
qu’utilise Saint Luc.
Dans les passages des
Évangiles
que nous avons rapportés, le terme de « pauvre », qui traduit celui d’« anawim », doit donc être entendu au sens spirituel et moral,
et non matériel. Il désigne les humbles, les doux, les hommes de bonne
volonté. Ce sont eux qui sont l’objet de sa prédication contrairement à ce
que nous pourrions entendre.
Ainsi, dans les
paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ comme dans le Magnificat, il n’y a
point d’exaltation de la pauvreté matérielle. Ce ne sont pas les pauvres qui
sont évangélisés mais les hommes de bonne volonté, ceux qui sont disposés à
entendre son enseignement…
Notre Seigneur
Jésus-Christ auprès des « pauvres »
Heureux les pauvres
d’esprit
Si Notre Seigneur
Jésus-Christ n’exalte pas la pauvreté matérielle, comment pouvons-nous alors
comprendre la première béatitude du sermon sur la montagne[5] :
« heureux vous les pauvres, car le
Royaume est à vous »(Luc, VI, 20) ? Écoutons plutôt Saint Matthieu,
qui est plus précis dans ses termes. Selon son Évangile,
la première béatitude s’adresse aux « pauvres en esprit », à ceux qui ont faim et soif de la
justice. Saint Luc ne dit pas autre chose. Le sens de « pauvre » est encore celui d’« anawim ».
Dans son sermon sur
la montagne, Notre Seigneur Jésus-Christ ne cherche pas non plus à donner une
sorte de compensation aux pauvres et malheureux qui l’écoutent comme s’Il
voulait les flatter ou les amadouer comme savent faire nos populistes. Le
Royaume de Dieu appartient déjà à ceux qui se font humble et doux, y compris à ceux
qui sont méprisés et rejetés par les hommes et la société. La justice de
Dieu et sa miséricorde ne sont pas celles de l’homme. C’est ainsi que
contrairement aux coutumes, sans craindre les murmures des pharisiens indignés,
Notre Seigneur Jésus-Christ mange et boit avec les pécheurs et les collecteurs
d’impôt...
Dans le même sermon,
Notre Seigneur Jésus-Christ précise sa pensée sur la véritable richesse.
Il nous demande en effet de ne pas amasser de trésors sur terre, « où la rouille et les vers rongent, et où les
voleurs fouillent et dérobent »(Matthieu, VI, 19), mais de les
amasser dans le ciel, là où ils peuvent demeurer en toute sécurité, à l’abri de
toute convoitise. « Où est en effet
ton trésor, là est aussi ton cœur. »(Matthieu, VI, 22) Si
notre trésor est sur terre, alors notre pensée et notre amour y demeureront
aussi. S’il est au ciel, notre âme sera continuellement tournée vers Dieu.
Ainsi, l’emplacement de notre trésor, de ce qui nous est plus cher, définit la
direction de notre vie.
C’est par l’œil que
nous voyons notre trésor. Il est la lampe de notre corps. Notre vie s’ordonne
selon notre pensée, notre conscience, nos convictions, nos attachements. C’est
là où elle se détermine. L’œil n’est qu’une lampe. Il n’est pas la lumière. La
lumière vient d’ailleurs. Ainsi, notre pensée et notre amour sont les
lampes de la vie s’ils sont attentifs à la vraie lumière. « Si ton œil est simple, tout ton corps sera
lumineux. Mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera ténébreux. »(Matthieu,
VII, 22) En absence de lumière, que deviendra ton corps ? L’âme sera
plongée dans la nuit. « Si donc la
lumière qui est en toi est ténèbres, les ténèbres elles-mêmes que
seront-elles ? »
Servir Dieu ou
Mammon
Le nom de « Mammon » a fait l’objet de
nombreuses études. Pour certains interprètes, il désigne non l’argent ou
l’usage mais la puissance que donne l’argent, une puissance, « qui se veut comparable à Dieu, qui s’établit
en maître sur l’homme, et qui a un dessein spécifique. »[6] D’autres
évoquent plutôt la confiance que l’homme porte sur la richesse, qu’il considère
comme le fondement du bonheur. Mammon est aussi traduit par richesse injustes,
ou mal acquis comme nous pouvons le voir parfois dans la parabole de l’économe
infidèle. Pour Saint Augustin, il désigne plutôt le gain, c’est-à-dire la
convoitise ou l’esprit de lucre. Dans toutes ces hypothèses, Mammon
représente, moins la richesse en elle-même, que la soif de la richesse…
Or Mammon est un
dieu terrible, qui, à ses serviteurs, ne laisse de repos ni jour ni nuit. Le
pauvre d’esprit s’est affranchi de sa tyrannie pour pouvoir s’attacher à Dieu.
Parmi ses serviteurs, se trouve l’avare, qui, comme le nomme à plusieurs
reprises la Sainte Écriture, un « idolâtre »,
au sens qu’il préfère servir l’argent que Dieu. Il divinise en quelque sorte
l’argent qui, en s’y attachant, le pervertit.
Le bon usage de
notre richesse
La première parabole
raconte la condamnation d’un riche et ses tourments dans l’enfer. Il n’est pas
condamné en raison de sa richesse mais parce que, lorsqu’il était sur terre, il
n’a témoigné aucune charité à l’égard du pauvre couvert d’ulcère alors
que la Sainte Écriture ne cessait de l’exhorter à subvenir aux besoins des plus
démunis.
La deuxième parabole
raconte tout le secours que prodige un Samaritain à l’égard d’un homme blessé
par des voleurs, abandonné à demi-mort sur un chemin. De peur d’être
souillés, un prêtre et un lévite passent à côté de cet homme blessé. Le bon
Samaritain le soigne et le mène à une hôtellerie où il paie pour qu’elle prenne
soin de loin.
Notre Seigneur
Jésus-Christ ne condamne pas, dans ces deux paraboles, la richesse en
elle-même, mais l’usage que nous en faisons. Elles sont
une réponse claire et lumineuses pour les pharisiens moqueurs, au regard limité
et au cœur endurci. Ses paroles sont particulièrement dures contre leur
cupidité et leur hypocrisie.
Les périls de la
richesse
Revenons plus
attentivement sur la rencontre. La première fois, l’homme riche demande à Notre
Seigneur Jésus-Christ ce qu’il faut faire « pour avoir la vie éternelle ». « Garde les commandements », lui répond-Il. L’obéissance à
Dieu est la condition nécessaire et suffisante pour gagner l’éternité. Mais
le riche ne semble pas être satisfait de cette réponse. Il aspire à autre
chose. « J’ai observé tout cela
depuis ma jeunesse que me manque-t-il encore ? » Notre
Seigneur Jésus-Christ comprend le sens de sa question. « Si tu veux être parfait… » (Matthieu,
XIX, 18-27). Il cherche la voie la plus parfaite pour atteindre la vie
éternelle, celle qui n’est pas accessible à tous ses fidèles, non par
orgueil mais par un sens plus élevé d’amour et donc d’exigence. Pour
répondre à sa vocation, Notre Seigneur Jésus-Christ lui demande alors de tout
abandonner pour Le suivre. La renonciation à tous les biens ne concerne donc
pas tous les fidèles. Elle est un précepte et non une obligation. Si nous
voulons vivre de la perfection évangélique, alors, il faut se dépouiller de
tous nos biens pour suivre Notre Seigneur Jésus-Christ.
La réponse de Notre
Seigneur Jésus-Christ à l’homme riche étonne grandement ses disciples. En
effet, en son temps, la prospérité matérielle est plutôt vue comme une
récompense normale de la vertu ou une bénédiction[7]. Certes,
l’argent permet de vivre décemment et de supporter les épreuves de l’existence,
mais pour entrer dans la Royaume de Dieu et donc pour le salut, il est inutile,
voire dangereusement encombrant tant la porte pour y pénétrer est étroite.
Mais, comme le
suggère le proverbe qu’Il utilise, la richesse incline ordinairement au mal.
La fascination de l’argent ou du pouvoir, qui découle de la richesse, est une
force difficile à résister, surtout lorsqu’on possède beaucoup de biens. Un
riche est ainsi plus facilement possédé par Mammon. Cependant, par la grâce
divine, l’homme peut se détourner de son action maudite. Car « aux hommes, cela est impossible, mais à Dieu
tout est possible. »(Matthieu, XIX, 26) Cela ne signifie
pas qu’un riche ne peut pas gagner son salut ou qu’il est voué à la perdition,
comme le montre l’exemple du riche Zachée, qui décide de réparer ses exactions
et de distribuer la moitié de ses biens aux pauvres.
Et de toute autre forme
de richesse
Ce que Notre
Seigneur Jésus-Christ condamne sévèrement est donc de donner à des biens
terrestres une valeur ou une finalité qu’ils n’ont pas au point d’oublier
l’essentiel. Le danger pour l’homme est finalement de donner à la richesse
une place qui finalement revient à Dieu et de mettre sa confiance en elle,
c’est-à-dire en lui-même …
Le devoir
d’assistance
Notre Seigneur
Jésus-Christ rappelle aussi que nous serons jugés en fonction de l’aide que
nous aurons apportée à ceux que nous avons vu avoir faim et soif, nu et
étranger, malade et prisonnier. Serons-nous comme le bon Samaritain qui,
rencontrant un homme tombé à terre, fait le nécessaire pour le relever et le
soigner ou comme ceux qui s’en écartent, indifférents à la misère qu’ils
rencontrent ? « Toutes les fois que vous avez fait cela à
l’un de ces petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez faits. »(Matthieu,
XXV, 40) Ceux qui auront aimé leurs prochains iront à la droite de Notre
Seigneur Jésus-Christ pour vivre de la vie éternelle alors que les autres
seront maudits pour l’éternité. Il condamne ainsi toute forme d’égoïsme et
d’indifférence à l’égard de toute forme de misère. Chacun doit venir en
aide à celui qu’il peut aider pour l’amour de Dieu et comme Notre Seigneur nous
a aimés…
Un enseignement
révolutionnaire…
Et aux pauvres, aux
déshérités, aux veufs, aux esclaves, Notre Seigneur Jésus-Christ ne leur
demande pas de refuser leur état, de se révolter contre leurs oppresseurs ou
encore de mépriser ceux qui les persécutent comme le réclament déjà des
libérateurs de son temps. Il n’est pas venu non plus pour libérer le peuple
juif du joug des Romains. Ceux qui prônent aujourd’hui la libération des
peuples au nom de Jésus-Christ ressemblent à tous les Juifs de son époque qui veulent
le faire roi pour instaurer un royaume indépendant. La bonne nouvelle qu’ils
entendent est d’une autre dimension. Notre Seigneur Jésus-Christ leur annonce
que Dieu ne les juge pas selon leur état social et que, s’ils persévèrent dans
la foi vivante, ils auront une place dans le Royaume de Dieu. Le riche
comme le pauvre, l’homme libre comme l’esclave, le bien portant comme le
lépreux, … sont conviés à la vie éternelle si chacun, sans discrimination, suit
ses commandements. En un mot, la justice comme la miséricorde divine sont la
même pour tous…
Conclusions
Pour notre salut,
Notre Seigneur Jésus-Christ ne nous oblige pas à épouser dame pauvreté. Et
celle-ci n’est pas une condition pour entrer dans la Royaume de Dieu. À ceux
qui veulent vivre plus parfaitement, Il demande néanmoins de L’imiter dans
la renonciation et l’abandon. Mais cette voie n’est pas accessible à tous. Faut-il
y être appelé comme les apôtres…
De nombreux discours
sur l’enseignement de Notre Seigneur Jésus-Christ à propos de la pauvreté nous
semblent parfois très réducteurs, simplistes et même erronés. Notre
Seigneur Jésus-Christ n’exalte pas la pauvreté matérielle comme Il ne s’oppose
pas à la richesse. Son message est plus simple, plus profond, plus lumineux. Il
nous demande d’aimer Dieu de toute notre force, de tout notre cœur, et d’aimer
notre prochain, et par conséquent de vivre en cohérence avec cet amour, qui
n’est pas multiple mais unique, ce qui implique une vie sans péché, une vie
humble et attentive à notre prochain, et cela quel que soit notre état.
Dieu ne nous jugera que selon la mesure de notre amour, que nous soyons
riches ou pauvres. Néanmoins, Notre Seigneur Jésus-Christ nous avertit
clairement que plus nous sommes riches, plus il nous est difficile de ne pas
nous attacher aux biens. Si nous n’étions pas capables de les abandonner à la
demande de Dieu, notre amour à son égard serait finalement un mensonge.
Mais,
l’avertissement ne porte pas uniquement sur la richesse en argent et en biens
périssables. Nous pouvons dire la même chose pour tout autre attachement. La
société occidentale, une société d’abondance et de richesse, en est un parfait
exemple. Elle ne cesse en effet de tisser des liens afin de nous rendre
esclaves de choses qu’elle nous propose, choses souvent superflues, et de nous
enfermer dans une prison dorée : confort, sports, loisirs, réseaux sociaux,
modes, etc. Nous éloignant de Dieu
par ses chaînes innombrables, elle génère naturellement l’individualisme,
l’égocentrisme et l’indifférence, bref tout le contraire de l’amour de Dieu et
de notre prochain. Et ce n’est pas en participant à des actions
caritatives, en accumulant des dons au profit des pauvres ou en manifestant
pour des causes même justes que la situation changera. Il ne peut y avoir de
véritable amour envers notre prochain si l’amour de Dieu y est absent … « Ce ne sont pas tous ceux qui me
disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux, mais
celui qui fait la volonté de mon Père qui êtes au cieux, celui-là entrera dans
le royaume des cieux. »(Matthieu, VII, 21)
Notre Seigneur
Jésus-Christ nous demande donc finalement de nous libérer de toutes les
chaînes qui nous lient au monde et nous empêchent ainsi de rejoindre la cité de
Dieu. C’est par cette libération que nous pourrons nous appauvrir de
nous-mêmes pour nous laisser enrichir de la vie même de Dieu. Nous
devons donc cultiver l’esprit de pauvreté et l’humilité tout en résistant à
l’emprise grandissante de l’esprit du monde sur notre vie et notre foyer…
Notes et références
[1] Voir Émeraude, juin 2025, « Les dérives dangereuses de la théologie de la libération », https://emeraudechretienne.blogspot.com/2025/06/les-derives-dangereuses-de-la-theologie.html.
[2]
Rouleau
des hymnes, VIII, 10, 30 dans Richesse et pauvreté dans le judaïsme
intertestamentaire et talmudique, Emmanuel Friedheim, mise en ligne le
04/06/2014, cairn.info.
[3]
Isaïe promet la restauration de Jérusalem à Israël captif. Lors de l’année
salutaire, les Juifs qui étaient enfermés pour cause de dette étaient libérés.
[4]
Benoît XVI, Le Magnificat : Cantique de la bienheureuse Vierge Marie,
audience générale du 15 février 2006, vatican.va.
[5]
[6]
Ellul, dans Notes sur Mammon et la parabole de l’économe infidèle, R.
Martin-Achard, 1953 à propos de l’étude sur l’Argent, paru dans le n°4 1952 des
Études
théologiques et religieuses, persee.fr.
[7]
Voir Émeraude,
juillet 2025, article « La perception de la pauvreté avant Notre
Seigneur Jésus-Christ », https://emeraudechretienne.blogspot.com/2025/07/la-perception-de-la-pauvrete-avant.html.
[8]
Voir Émeraude, juillet 2025, article
« La perception de la pauvreté avant Notre Seigneur Jésus-Christ »,
https://emeraudechretienne.blogspot.com/2025/07/la-perception-de-la-pauvrete-avant.html.
[9]
Voir Émeraude, décembre 2015, article
« Julien l’Apostat, un exemple d’évolution religieuse », https://emeraudechretienne.blogspot.com/2015/12/julien-lapostat-un-exemple-devolution.html.