" La pierre précieuse, voire de grand prix aux yeux de certains, qu'est l'émeraude, se voit insultée par un morceau de verre habilement truqué, s'il ne se rencontre personne qui soit capable de procéder à un examen et de démasquer la faute. Et lorsque de l'airain a été mêlé à l'argent, qui donc, s'il n'est connaisseur, pourra aisément le vérifier ? "(Saint Irénée, Contre les hérésies)


dimanche 2 février 2025

Le "Jésus marxiste" de Barbusse, une arme de propagande

Dans une vidéo publiée sur le site d’information Blast, un soi-disant « exégète de l’histoire », ravive de vieilles doctrines. L’une d’entre elles consiste à opposer le Christ historique et le Christ tel qu’il est enseigné par l’Église, les apôtres et les Évangiles, ou encore Notre Seigneur Jésus-Christ et le christianisme. Ce dernier serait le récit « du détournement de la parole émancipatrice, révolutionnaire, d’un homme ou d’un dieu, afin de la faire servir à une mission exactement contraire, la reconduction de la domination impériale la plus exclusive jusque même l’intimité des cœurs et le secret des âmes, l’Église. »[1] Partisan du gnosticisme antique et brillant influenceur, il assume une vision de l’histoire qu’il juge personnelle. Ainsi, condamnant le soi-disant mensonge du christianisme, il en arrive lui-même à reconstruire l’histoire pour appuyer sa vision du présent. Son intention est de montrer que l’Église est une invention destinée à exploiter et à soumettre les hommes, liant ainsi la religion et la politique

L’image surannée d’un Christ révolutionnaire ou d'« un anarchiste qui a réussi »[2] est ainsi reprise après tant d’autres idéologues et écrivains depuis le XIXe siècle. Comme nous l’avions déjà évoqué dans le dernier article[3], les premiers marxistes et communistes pensaient que les principes originels du christianisme étaient communistes. Durant les émeutes de mai 1968, il était possible de lire des graffitis acclamant Jésus comme « le seul révolutionnaire ». Des chrétiens dits progressistes partagent plus ou moins cette image de Notre Seigneur Jésus-Christ. Plus récemment, en 2023, une revue de philosophie soulève de nouveau la question de son profil anarcho-communiste[4]. Le journal L’Humanité est aussi revenu sur l’image d’un « Jésus, une révolution »[5] Bref, la figure d’un Jésus marxiste reste encore d'actualité

Pourquoi des communistes cherchent-ils à  peindre Notre Seigneur Jésus-Christ comme révolutionnaire quand eux-mêmes sont fondamentalement antichrétiens et athées ? Pour  répondre à cette question, nous allons entendre une des anciennes personnalités du communisme en France, Henri Barbusse (1873-1935), l'un des premiers à construire un Jésus marxiste

Henri Barbusse (1873-1935), un fidèle communiste…

Adhérent du parti communiste en 1923, directeur de l’Humanité en 1929 et fondateur de la revue Monde, Henri Barbusse est écrivain, journaliste et militant français, d’origine protestante et admirateur de la révolution d’Octobre. Envoyé à Genève pour faire des études théologiques de pasteur, il en revient athée, républicain et homme de lettre. Après une expérience politique au sein du ministère de l’agriculture sous le gouvernement de Waldeck-Rousseau (1899-1902), il se consacre exclusivement au journalisme, à l’édition et à l’écriture, sans néanmoins oublier sa fidélité à l’égard du communisme. Porte-parole du parti communiste français, il est un ferveur défenseur du stalinisme. Lors de ses dernières années, il contribue activement à la propagande soviétique. Il meurt à Moscou…

Qui cherche à recruter Jésus…

La religion a très tôt influencé Barbusse. Dès son premier roman, intitulé Les Suppliants, publié en 1903, Barbusse raconte sa propre vie intérieure au travers de son personnage Maximilien. Ce roman est, selon ses propos, « une longue méditation sur l’idée de Dieu »[6] Mais, dans son roman aux accents religieux, son principale sujet de occupation porte sur Notre Seigneur Jésus-Christ comme en témoigne son épigraphe, une phrase tirée de L’Imitation de Jésus-Christ. Progressivement, dans ses écrits, il développe une image particulière de Jésus. En 1926, trois articles dans L’Humanité qui lui sont dédiés[7] ne laissent aucun doute sur l’idée qui le domine.

Barbusse finit par publier une trilogie littéraire[8] qu’il consacre à Jésus au sein de laquelle il esquisse la figure d’un Jésus marxiste. À partir d’un postulat aujourd’hui commun, il oppose le Jésus historique et le Jésus enseigné par l’Église, accusant Saint Paul d’avoir perverti les Évangiles. Puis, il interprète les livres saints selon la méthode dite matérialiste marxiste, c’est-à-dire la dialectique hégélienne adaptée au matérialisme[9] afin d’en dégager le portrait d’un Jésus désacralisé et marxiste, défenseur d’idées révolutionnaires. Enfin, il compare les premiers chrétiens aux bolcheviks, ce qui lui permet de donner plus d’éclats et de prestige aux révolutionnaires et de les faire entrer dans un mythe ou encore dans une continuité historique.

Dans le premier ouvrage de sa trilogie, intitulé « Jésus », paru en janvier 1925. Jésus raconte lui-même son existence au travers d’un texte découpé en versets. Comme Barbusse l’exprime dans une note du livre, il a pour ambition de rédiger un nouvel évangile, qu’il qualifie de restitution, afin de proposer un récit « sans contradiction et sans tâche »[10] et de mieux s’approcher de la réalité. Il précisera néanmoins dans L’Humanité que « malgré sa forme peut-être bien audacieuse, d’évangile ou, si l’on veut, de roman, mon livre n’est rien moins qu’une œuvre d’imagination et de fantaisie. »[11] Pourtant, pour justifier son portrait, il se sent obliger d’énumérer les livres qu’il a utilisé et dont il a extrait des citations, livres parmi lesquels nous trouvons des livres apocryphes, musulmans et juifs. Une lecture attentive de son roman remet en cause l’idée d’une œuvre purement fantaisiste et donc inoffensive.

Une œuvre de propagande...

Dans le deuxième volet de sa trilogie, intitulé Les Judas de Jésus, Barbusse revient sur son ouvrage Jésus. Il étaye notamment les analyses qui l’ont conduit à dresser le portrait de son Jésus afin de montrer que ce dernier s’appuie sur un travail sérieux, voire scientifique. Dans le romain même, le portrait qui s’y dessine est suffisamment bien construit et réaliste pour montrer qu’il n’est pas seulement une fiction. Selon un de ses commentateurs, « en somme, s’il a pu prétendre ne devoir Jésus qu’à son « imagination » et à sa « fantaisie », c’est sans doute pour mieux revendiquer et assumer, à travers Les Judas de Jésus, sa position de critique et d’exégète. »[12] C’est aussi un excellent moyen de désarmer les critiques

Pourtant, dans la note qu’il nous adresse dans son livre, Barbusse ose dire qu’il est de « ceux qui pensent que l’écrivain n’a pas le droit de traiter de tels sujets à sa fantaisie et selon son goût personnel » et « qu’il est tenu de vérifier scrupuleusement ce qui lui passe par la tête avant de l’exprimer »[13]. Subterfuge pour apporter encore de la confusion ?

Enfin, comme Barbusse l’écrira au bolchévique Lounatcharski (1875-1933), sa trilogie constitue une campagne contre la religion chrétienne : « ces trois ouvrages représentent, sous des formes littéraires et des modalités différentes, trois manifestations de la même idée, et plus exactement : de la même campagne. Il est bien évident que je n’aurais pas consacré tant d’efforts pour édifier trois œuvres sur un tel sujet s’il n’y avait pas là, à mes yeux une raison sociale et un objectif de propagande. »[14] Son idée est simple : les disciples de Jésus ont détourné l’enseignement du prophète, l’ont mis à mort [15] et réinventent sa vie pour construire une nouvelle religion.

Un crieur d'une nouvelle « bonne nouvelle »

En lisant le Jésus de Barbusse, nous découvrons en effet une autre histoire, mêlant des scènes évangéliques, des personnages et des paroles dans un ordre erroné et avec des interprétations radicalement différentes de l’enseignement de l’Église.

La « bonne nouvelle » qu’apporte le narrateur n’est pas le salut des hommes espéré ou encore le Messie tant annoncé et attendu. Elle est plutôt un appel à chaque homme et au peuple tout entier de se révolter contre l’injustice ou encore un cri qui doit les réveiller et soulever leur courage afin qu’ils se libèrent de leurs ennemis. « Sortez des chaînes, vous qui le voulez. Qu’attendez-vous pour vous mettre en colère. Et pour dire à ceux qui vous mènent dans leurs seuls profits : De quel droit ? Et pour changer le mal en bien. »(XXX, 40-43) La « bonne nouvelle » qu’il proclame est donc que le salut réside dans l’homme. Ce qu’annonce le Jésus de Barbusse, c’est bien la révolution. Et « les gens rêvent de la Révolution »(IV, 32), que tous l’attendent.

Le narrateur se considère comme « la voix des voix, le cri des cris »(X, 98) ou encore, proclame-t-il sur la croix, « le Messie du peuple et le Verbe des hommes »(XXXIV, 31) Il est venu non du ciel mais de la terre, nous pour entendre la voix de Dieu mais celle des hommes. Le narrateur joue en fait le rôle du crieur tel que l’a dessiné Barbusse dans une de ses nouvelles, intitulée Crieurs. Cette nouvelle montre « un « crieur » transmettre à des « suppliants » des vérités qu’il détient et qu’ils ne peuvent apercevoir, prisonniers qu’ils sont d’un univers d’habitudes et de préjugés »[16]. S’identifiant clairement à Jésus, Barbusse se prend certainement pour un messie politique selon des commentateurs[17].

« La colère de voir » (XXX, 102)

Comme ses contemporains sont « prisonniers d’un univers d’habitudes et de préjugés », le narrateur appelle d’abord à une « révolution de l’esprit ». « Faites d'abord la révolution dans vos têtes. La révolution est de l'esprit. »(XXX, 119-120) Il revient souvent sur l’esprit qu’il veut inculquer, un esprit divinisé, qu’il qualifie d’« immaculée conception » ou d’« un autre consolateur »(XXX, 47). « Cet esprit, c'est le miracle de nous, l'esprit et la vie, c'est le même miracle de nous, c'est la force qu'on a de saisir la vérité, et d'asseoir d'aplomb la forme des idées sur la forme des choses, et de tracer aussi, avec l'art de justice, la communauté des hommes, et d'aimer à force seulement de comprendre (la vie, c'est faire la vérité) il est en nous. Demande seulement où il va. »(XXIII, 9)

Le narrateur décrit en effet les hommes comme vivant dans un monde irréel « car l'homme a superposé au réel, à cause de la liberté folle des idées et des mots dans le vide, beaucoup de mondes imaginaires mêlés l'un à l'autre et où il est perdu. »(XI, 17) Il s’est créé des rêves comme Dieu et des idoles dont il est le prisonnier et dont il doit désormais s’en débarrasser. Parmi les idoles, se trouvent la religion qui l’enferme dans « des pratiques, des observances et des règles » et « des préceptes morts. »(XX, 37-38) ou encore l’argent, qui est « la loi du monde de la fiction, de la guerre et du mensonge »(XXIV, 13).

Le narrateur appelle donc ses auditeurs à revenir à la réalité, à la voir et à vaincre leurs « vrais ennemis », « que sont les riches et les puissants »(XXX, 76), ou encore leurs « exploiteurs », ceux qui abusent de leur travail et qui « ont dans les pans de leurs robes le sang des âmes des innocents »(XXX, 78), sans oublier les prêtres et les zélotes, c’est-à-dire les nationalistes ou patriotes.

Le crieur nous assure : « Le salut réside en nous »

Mais le retour à la réalité pour comprendre le monde et l’homme n’est que folie sans la vérité et la force. Or, le narrateur annonce que tout homme dispose en lui de la vérité et de la force pour briser cette apparence de monde et faire apparaître la réalité. « Alors il faut séparer parmi les choses celles qui ont la réalité et celles qui n'ont qu'un semblant de réalité. »( XI, 22) Le salut réside uniquement en lui. « Ayez du ciel en vous-mêmes »(XX, 47), dit-il à ses disciples. Ou encore, « croyez en vous-mêmes »(XX, 36). Ou encore « Dieu n’est qu’en nous » (XXII, 39). Rien ne vient donc du ciel mais de la terre.

Le peuple pourrait tout faire s’il pouvait, s’il savait. Mais « l’œuvre du savoir est ralentie et repoussée »(XXX, 20). Le narrateur est donc le crieur qui veut soulever le courage et la foi des hommes en eux-mêmes afin que, par eux-mêmes, ils se libèrent. « C'est l'espoir de l'homme qui est la chair de Dieu. Ceci est la bonne nouvelle de Dieu. »(XXII, 78-79) Cet espoir est ce qu’il appelle « la vie intérieure ». Ainsi, « chacun est son propre Christ. »(XXIII, 43)

Dans sa dernière rencontre avec le narrateur, Marie, « toute jeune femme de Magdala »(IX, 32), qu’il considère comme son vrai disciple, lui définit sa mission : « iI est venu un homme qui a élevé dans ses mains, pour les montrer, la souffrance, la misère, et la grandeur humaine. Tu as annoncé les choses qui étaient cachées depuis le commencement du monde. Tu as semé ceci. Croyez pleinement à vous-mêmes, refaites la vie selon votre image, et vous serez sauvés. Que chacun maîtrise son Dieu, que tous maîtrisent leurs rois. »(XXXII, 89-93) La révolution n’est donc pas donnée par le ciel. Elle vient de la terre pour le ciel. La révolte est finalement « la porte des cieux »(XVI, 35).

Le crieur en appelle à la révolution sanglante

Mais la révolution que la narrateur appelle de ses vœux n’est pas uniquement de l’esprit. Il veut véritablement une révolte. « Et ceux qui ont raison doivent avoir la force et la prendre, s'ils ne l'ont pas. »(XXX, 129) La force découle même de l’esprit. Elle « est la femelle de l’esprit. »(XXX, 130) Le narrateur annonce aussi qu’il ne peut y avoir de réveil sans souffrance ni cruauté. Il se fera « quand on aura mis l’abomination de la désolation. »(XXX, 133) Par la sueur et le sang, comme un Dieu, le peuple vaincra contre ses « vrais ennemis » afin de mettre en place un royaume qui appartient bien à ce monde, même s’il est conscient que le temps n’est pas encore venu. « Il est de ce monde, mais il n'est pas de ce temps. »(XXX, 46) Il s’agit de se battre contre les puissants et la religion couronnée. Ainsi, sur la croix, le narrateur annonce que le combat commence, une « guerre ouverte maintenant jusqu'à la fin, entre la chair de l'humanité et la convoitise de quelques grands complices. »(XXXIV, 27-29) Comme un messie politique, il prédit ainsi une révolution que mèneront au bon moment ses véritables disciples. Prophétise-t-il la révolution bolchévique ?

Un slogan : « Faire le juste. Défaire l'injuste. »(XXXIV, 14)

Épris de compassion ou de pitié pour les pauvres, le narrateur veut « être juste » et « combattre l’injustice » au point que dans sa narration, la justice écrase tout, y compris la bonté, bonté qu’il méprise. Celle-ci n’est qu’un « fantôme »(XXX, 50), un mot qui abuse le peuple ou une « démagogie ». Le précepte célèbre de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous demande, quand on nous frappe la joue, de tendre l’autre joue, n’est que l’enseignement « de faux prophètes, détourneurs de rêves, et des voleurs d’espérance. »(XXX, 45) Le narrateur abhorre en fait la charité. « On ne vous parle tant de bonté que pour se débarrasser de la justice, vous mobiliser dans les nuages, et vous empêcher de ne jamais rien faire pour changer la guerre en paix et le mal en bien. »(XXX, 54). Seule est réelle la justice. Elle justifie tout. Le narrateur veut le combat pour la justice, une justice quasiment déifiée, une justice qu’incarne aussi le peuple

Le narrateur voit le monde comme « une guerre ordonnée aux mortels sur la terre » (X, 53), entre les riches et les pauvres, ou encore comme une lutte engendrée par la convoitise. Après la révolution tant attendue, « tout serait à tous » et « il n’y aurait plus de maître ni d’esclave »(X, 63). Mais qu’entend-il par justice ? L’égalitarisme… Le monde de justice est un monde où, réellement, « chacun sera l'égal de chacun »(XXX, 86). Reprenant les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ, il déclare, pour son rêve égalitaire, « qui s'élève sera abaissé, qui s'abaisse sera élevé »(XXX, 86-87), faussant encore le sens des paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Contre le patriotisme et le christianisme

Le narrateur rencontre plusieurs personnes qui lui demandent de porter leur combat. D’abord des zélotes qui prônent la révolte contre les mêmes ennemis. Mais il refuse d’y participer et d’être l’étendard de leur lutte car leur « révolte n’est pas assez grande. »(XXVII, 77). Elle n’est qu’une revanche et non le combat pour la justice, ou encore une « révolte aveugle et gaspillée »(XXX, 21) Le narrateur n’apprécie non plus la lutte pour délivrer une nation. Il se déclare sans patrie. Les ragots que rapporte la mère du narrateur le décrivent comme « un sans-patrie » qui « ne respecte pas assez les gens en place et les propriétaires. »

Le narrateur rencontre ensuite Paul, qu’il qualifie de « génie » et de « pharisien immense »(XXVIII, 102). Celui-ci lui propose de profiter de l’enthousiasme qu’il suscite dans la foule pour créer une nouvelle religion afin de supplanter celle des Juifs à partir de son histoire qu’il falsifiera en l’assimilant au Messie des prophéties. Mais le narrateur ne veut pas de sa religion qu’il voit comme une nouvelle « démagogie » alors qu’il prône la fin de toute religion. « Tu as détruit l'idole d'Israël et n'en as laissé que la grande charpente humaine de justice, mais l'homme du chemin de Damas a mis un autre dieu à la belle place vide au lieu d'y mettre la vie. »(XXIX, 74-75). Le narrateur rie enfin des chimères de Paul, « le renouveleur de religion »(XXIX, 21) : « L'amour de Dieu nous rachètera, dis-tu. Ce sont là des amusements de princes. »(XXVIII, 69). Il prévoit enfin le détournement de son invention par les puissants. « Mais quand cette doctrine régnera solidement, avec son dieu cloué, elle sera la chose des riches et des bourreaux. »(XXIX, 83)

Le narrateur se rend alors compte « qu'en semant la vérité, j'avais semé des deux côtés le mensonge »(XXIX, 4-5), que sont le nationalisme ou le patriotisme et le christianisme, les deux dangers de son appel à la justice.

Un Jésus contre l’autorité et la religion

Dans son récit, le narrateur méprise toute forme d’autorité ou d’ordre établi. Il n’apprécie guère la famille qu’il juge comme « des étroites conjurations qui sont les unes contre les autres, et qu’il s’y enfouit la graine de la lutte et de l’envie. »(II, v.15). Quand on lui demande d’écouter un rabbi, c'est-à-dire un maître, il ne lui accorde aucune confiance. « Il faut que je donne par moi-même, et non par ouï-dire, l’autorité à mon maître. »(V, 4) L’image de l’autorité politique, que représente Ponce Pilate n’est guère flatteur. Il n’est que « le fonctionnaire qui ne pense qu'à sa responsabilité de fonctionnaire »(XXXIII, 14), « hypocrite et lâche comme tous les puissants. »(XXXIII, 17)

Le narrateur méprise la religion juive et la dénonce comme un aveuglement ou une oppression. Lorsqu’il est à la synagogue, écoutant un maître, la tête baissée, réuni serré avec d’autres enfants, il déclare que « la vertu du croyant est d’avoir peur de Dieu. »(IV, 8). Quand il visite pour la première fois le Temple, il rencontre « des scribes, des prêtres, des sacrificateurs, qui dogmatisent et discutent »(VII, 20). Le souvenir des sacrifices et des odeurs l’écœure. Pour lui, le véritable sacrifice est de « faire ruisseler la vérité en poignardant les symboles dans son cœur. »(VII, 66-67). Il se plait à décrire les signes de richesses qu'arborent les juges qui le condamnent.

Tout au long de l’histoire, le narrateur dénigre le christianisme qu’il voit comme une invention humaine. Ses descriptions ne sont pas sans arrière-pensée. Il fait croire insidieusement que ses pratiques et ses rites viennent du paganisme. Il décrit par exemple une statue païenne qui ressemble à celle de Notre Dame tenant l’enfant Jésus ou décrit un culte rendu à Mithra, équivalent au culte eucharistique. Pour lui, l’Église n’est pas une institution mais le peuple. Le narrateur rejette aussi toute idée de miracles et de mystère. « Le mal, c'est d'aimer avant de comprendre. Car il ne faut pas commencer à bâtir la maison par le haut. Comprendre d'abord, aimer ensuite. »(XXX, 21) Il parle alors de « l’amour de l’intelligence »(XXX, 5). Pour le narrateur, l’idée même de Dieu est une folie. C’est l’angoisse ou la peur de la mort qui soulève cette idée comme il l’expérimente avant de mourir.

Contrairement aux discours apologétiques, le narrateur dénonce la médiocrité des apôtres, y compris Jean, « qui ne sauvera pas mon souvenir »(XXX, 77), ainsi que leur manque de courage, après la Pentecôte.

Une figure défigurée du Christ

Comme nous l’avons déjà évoqué, le narrateur déteste la bonté qu’il considère finalement comme une duperie ou une faiblesse que profitent les « exploiteurs » pour dominer le peuple. Tout ce qui peut représenter la bonté ne lui suggère qu’un vif refus. Ainsi, le sacrifice de sa vie qu’il offre pour son combat, il ne le juge pas comme l’exemple même de la charité ou de la bonté. Il ne le réclame pas non plus à ses disciples. « Ne vous sacrifiez pas. Celui qui se sacrifie n’est pas assez bon. »(XXX, 48-49). Et sur la croix, il n’appelle pas à la miséricorde mais au combat. Les derniers mots du narrateur sont éloquents. C’est un cri révolutionnaire contre la domination des puissants pour la libération des exploités : « debout les damnés de la terre » (XXXIV, 45). Il annonce sa victoire non contre le monde mais contre les puissants. « Aujourd'hui où presque toutes les nations du monde sont entre les mains des hypocrites, mettez l'idée pure, sage, et juste, de la Révolution dans la grande âme religieuse de l'humanité. »(XXXIV, 50)

Le narrateur est un homme comme un autre. Il est un pécheur. Il avoue ainsi son désir pour Marie, « toute jeune femme de Magdala »(IX, 32) qui le refuse, et, en raison de ce refus, il vit le plaisir avec une autre. Après une autre déception amoureuse, il voit le monde différemment et découvre la réalité, qu’il définit comme « une guerre ordonnée aux mortels sur la terre »(X, 53), entre les riches et les pauvres, ou encore comme une convoitise.

La figure de Jésus que décrit Barbusse ainsi que son enseignement s’opposent radicalement à notre connaissance et à l’enseignement de l’Église. C’est bien un Jésus révolutionnaire et marxiste qui se révèle et justifie la violence bolchévique puis communiste. Son récit mêle des mots à résonnance communiste et des mots religieux. La narrateur s’intitule même « l’ouvrier des ouvriers »(X, 95).

Le Jésus de Barbusse, le messie du communisme

Le Jésus de Barbusse est un marxiste. Il ne s’en cache pas. Il compare son corps à un « un drapeau rouge »(XXXIV, 27-29). Les ragots que rapporte sa mère lui attribuent même le terme de « communiste » »(XXXII, 49). Un de ses articles de L’Humanité, publié le 11 août 1926, porte le titre de « Jésus, marxiste ». Dans le second ouvrage de sa trilogie intitulé Les Judas de Jésus, Barbusse justifie sa conception de Jésus.

Dans son livre Les Judas de Jésus, Barbusse étudie les débuts du christianisme puis analyse les Évangiles afin d’en retirer « la vraie leçon de Jésus » pour terminer par un parallèle entre les premiers chrétiens et les révolutionnaires des années 1920. Son objectif est bien de montrer que le combat que mène ces révolutionnaires rejoint celui du christianisme primitif et que finalement ce que Jésus a prophétisé arrive avec la révolution communiste. Dans son ouvrage Les Judas de Jésus, Barbusse « entreprend alors de débarrasser le Nouveau Testament de son enveloppe spirituelle, pour n’en conserver que le matériel »[18] pour ensuite défendre sa thèse : « il y a une distinction absolue entre le prophète Jésus qui était un révolutionnaire et le Christ qui n’est qu’une entité théologique abstraite. »[19] Il est convaincu que les disciples de Jésus ont falsifié son histoire et ses paroles afin de forger un Jésus plus apte à porter une nouvelle religion. Cette dichotomie entre le Jésus historique et le Jésus enseigné lui permet d’arriver à d’autres oppositions comme la religion et le politique, ou encore la révolution et Dieu.

C’est ainsi que Barbusse interprète la figure de Jésus dans un sens proprement politique en lui enlevant toute valeur spirituelle, tout en le rapprochant des révolutionnaires de son temps, qui, comme son Jésus, sont des crieurs, portés par une idée juste, une cause légitime, par une exaltation efficace. Par cette conversion, les communistes peuvent légitimement employer des mots autrefois réservés à la religion comme la foi, le sacrifice, le martyre. Ils entrent en quelques sortes dans un mythe.

Mais pour ne pas réduire son Jésus à un discours révolutionnaire, Barbusse finit par l’incarner dans la personne de Staline [20]. « C’est le vrai guide […], c’est le frère paternel qui s’est réellement penché sur tous. Vous qui ne le connaissiez pas, il vous connaissait d’avance, et s’occupait de vous. Qui que vous soyez, vous avez besoin de ce bienfaiteur. »[21] Contrairement à l’Église, que Barbusse considère comme un véritable Juda, l’URSS serait le vrai apôtre qui apporte la bonne parole. Dans d’autres œuvres de propagande, il« forge un canon qui, pour des décennies à venir, justifiera les crimes staliniens. »[22] Tel est celui qui nous peint un Jésus marxiste…

Suivre les traces des nouveaux exégètes

Pour se justifier encore, Barbusse nous apprend qu’il veut suivre les traces de ceux qui « ont transformé l’exégète chrétienne et l’ont fait entrer dans le domaine de la science » et cite : « Loisy, Charles Guignebert, P.-L. Couchoud, et tous les auteurs de la collection Christianisme »[23]. Revenons sur deux des références de Barbusse, Charles Guignebert (1867-1939) et Paul-Louis Couchoud (1979-1959). Ces exégètes reconstruisent une histoire de Jésus en rejetant ce qu’ils considèrent comme des préjugés ou des inventions.

Disciple d’Ernest Renan et imprégné des méthodes de Loisy, Charles Guignebert est un historien français des religions, spécialiste de l’histoire du christianisme. Il est l’un des premiers historiens à reconstruire l’histoire chrétienne à partir d’une méthode dit rationaliste et s’oppose à l’enseignement de l’Église ainsi qu’à l’apologie chrétienne. Il considère les Évangiles comme « des écrits de propagande, destinés à organiser et authentiquer, en la rendant vraisemblable, la légende représentée dans le drame sacré de la secte et à la conformer aux coutumes mythologie de l’époque. »[24] Par principe, il écarte tout ce qui considère comme légende, ne se concentrant que sur l’homme historique. S’il maintient l’existence historique de Jésus, il remet en question Jésus tel que l’enseigne l’Église. Mais « nous savons ne pas comprendre comment, si on a une fois accepté de placer la discussion sur le terrain de l’histoire, on pourrait aboutir à d’autres conclusions. »[25]

Paul-Louis Couchoud, philosophe, médecin et poète, défend la thèse mythiste, qui ne reconnaît pas l’historicité de Jésus. « Jésus appartient à l’histoire par son nom et par son culte, mais il n’est pas un personnage historique. »[26] Il défend donc l’idée que sa connaissance a été inventé par les croyants pour justifier leur croyance et le culte dont il fait l’objet. C’est pourquoi il parle de « réalité spirituelle ». Il défend l’idée que Paul est le véritable fondateur du christianisme.

Une arme communiste contre le christianisme

Il est facile d’imaginer Notre Seigneur Jésus-Christ à partir d’idées préconçues et de le justifier par des sources préalablement choisies, tronquées et falsifiées. Des phrases bien choisies, hors de leur contexte, permettent de leur donner un nouveau sens et de raconter une nouvelle histoire cohérente. Lorsque on veut interpréter les Évangiles uniquement par un regard rationaliste, on rejette nécessairement tout ce qui nous semble peu rationnel, c’est-à-dire les miracles et l’accomplissement des prophéties, sans lesquels il n’est guère possible de saisir Notre Seigneur Jésus-Christ. L’étude est ainsi biaisée dès le départ. Le but de Barbusse n’est pas de mieux connaître le personnage historique mais de « dépouiller Jésus de tout son attirail chrétien »[27] pour combattre le christianisme et renforcer le communisme.

En outre, hors du Nouveau Testament, il n’est guère possible de décrire Notre Seigneur Jésus-Christ tel qu’Il a été véritablement. Bien qu’utiles, les autres sources sont soit éphémères, soit susceptibles d’erreurs. Si nous refusons d’entendre ses premiers disciples, car jugées peu sûrs, nous perdons nécessairement des témoignages précieux et finalement nous concevons une personne telle que nous voulons qu'il soit, c'est-à-dire un Jésus mythique ou idéalisé. C’est justement, pour éviter cette erreur, que les évangélistes ont écrit. Qui aujourd’hui oserait raconter la vie d’un personnage historique sans entendre ceux qui l’ont connu ? Devons-nous par principe leur refuser toute créance de peur que leur témoignage soit biaisé ? Est-il encore cohérent de donner plus de crédibilités aux récits tardifs provenant d’hérétiques, de juifs et de musulmans ? Ce n’est ni sérieux ni honnête. Il est si facile de déconstruire un enseignement pour en construire un autre selon ses convictions, surtout en un temps où cette histoire est si peu connue…

En un temps où, affaiblie par nos lâchetés et notre ignorance, notre perception de la réalité est continuellement remise en cause par des idéologies,  il est devenu simple de mépriser la vérité qui nous a été transmise. Selon les discours des faiseurs de rêves, le passé n’est que mensonge alors que la nouveauté, surtout peu classique ou dérangeante, est nécessairement vraie. C’est oublier, d’une part, que l’enseignement est légitimé par une autorité et par le passé, et d’autre part, que le témoignage oculaire reste un des garants les plus sûrs contre la manipulation. Nous préférons croire à un témoin qui a vu les faits qu’il évoque et le décrit avec le langage de son temps qu’un idéologue qui perçoit une réalité veille de vingt siècles et imagine le passé avec son regard d'homme contemporain …

Déconstruire pour construire, telle est la méthode employée. Il s'agit d’abord de remettre en question des certitudes et de mépriser ceux qui enseignent la vérité puis, le cerveau nettoyé, de peindre une nouvelle figure de Jésus afin de rapprocher son image de celle des révolutionnaires des années 20. Ainsi, ces derniers deviennent plus favorables, notamment auprès des communautés chrétiennes tout en affaiblissant la force adverse que représente l’Église. Barbusse tente aussi de leur donner le souffle et l’enthousiasme religieux dont ils ont besoin et que donne une forte « capacité utopique »[28] comme l’avait aussi compris Julien l’Apostat[29]. Un mouvement qui porte le souffle religieux est d’une force prodigieuse. 

Conclusions

Par ses « fantaisies », Barbusse souligne le cœur de l’enseignement de Notre Seigneur Jésus-Christ et finalement, par opposition, la pensée profonde de ce communiste. Son Jésus se bat pour la justice sociale, ou plutôt l’égalitarisme, telle qu’elle est conçue au XIXe siècle alors que Notre Seigneur Jésus-Christ rappelle et défend une autre justice, celle qui s'appuie sur les deux commandements divins que sont l’amour de Dieu et l’amour de son prochain conformément à l’Ancien Testament. Or l’idée même de la charité, qu’il appelle bonté, heurte le narrateur comme elle a offusqué les païens. Comme eux, le narrateur la considère comme un signe de faiblesse et de médiocrité. Il ne comprend pas que la force puisse naître de la faiblesse. Ainsi récuse-t-il aussi toute espérance telle qu’elle est définie par les chrétiens. Son seul espoir réside dans l’homme et se limite à lui. Cela ne peut guère nous étonner quand il rejette toute idée de Dieu et du Verbe incarné. Le narrateur est peu différent des contemporains de Notre Seigneur Jésus-Christ. Finalement, le discours du Jésus de Barbusse, discours peu révolutionnaire pour son temps, est le contraire de celui de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Ainsi, le Jésus de Barbusse entre dans un cadre très humain. Certes, il crie fortement et clairement comme un homme moderne, mais son cri n’est pas différent de ceux qui se révoltent contre toute forme d’oppression. Ce n’est pas un hasard si dans son troisième ouvrage de sa trilogie, Barbusse compare son Jésus avec les révolutionnaires indiens qui luttent pour leur indépendance. Son idole est d’abord et avant tout un juge sévère et implacable qui ne peut concevoir la miséricorde. Sans-doute, est-ce pour cela qu’il rejette toute idée de Dieu. Car ici-bas, le soleil brille aussi bien sur les bons que sur les méchants. La plainte de Job se transforme en lui en une idéologie athée qui se ferme à toute idée d’amour. Barbusse est alors aveuglé par la justice humaine, son idole. Tout est alors permis en son nom, y compris la révolte sanglante contre tous ceux qu'il désigne comme adversaires de son dieu, ceux qui possède le pouvoir ou la richesse et qui constituent l’ordre établi. Nous savons aujourd’hui par l'histoire ce que cela signifie en réalité lorsque cette idole s’empare des révolutionnaires, la cruauté et la désolation…


Notes et références

[1] Tillement, vidéo Jésus contre le christianisme, épisode 2, youtube. Interprétation des Évangiles très littérale, voire simpliste, selon la pensée actuelle (antiraciste, anti-misogyne), selon une orientation révolutionnaire (antiétatique, antihiérarchique), par un choix habile des paroles et actions évangéliques et par des omissions. Le rappel partiel de la scène portant sur le paiement des impôts est symptomatique. L’absence d’évocation du péché en est un autre. Exemple de manque d’honnêteté intellectuelle et de duperie.

[2] Malraux, L'Espoir, 1937.

[3] Émeraude, janvier 2025, article "Sur la formule : "la religion est l'opium du peuple" ...".

[4] Voir Samuel Lacroix, article Jésus-Christ est-il anarcho-communiste ?, 22 décembre 2023, philomag.fr.

[5] Voir Maurice Ulrich, Jésus, une révolution, 23 décembre 2022, humanite.fr.

[6] Barbusse, Les Judas de Jésus, Paris, Flammarion, 1927.

[7] Barbusse, Jésus Christ a-t-il existé ?, 28 juillet 1926, Jésus marxiste,11 août 1926, À propos de Jésus marxiste, 9 octobre 1926.

[8] Jésus, 1927, Les Judas de Jésus, 1927 et Jésus contre Dieu. Mystère avec cinéma et musique, 1927.

[9] Ce qui apparaît comme un non-sens, la dialectique hégélienne s’appliquant sur l’idée.

[10] Barbusse, Jésus, Note, Flammarion, 1927, gallica.bnf.fr. Nos citations viennent de cet ouvrage.

[11] Barbusse, L’Exploitation de Jésus, L’Humanité, n°10305, 27 février 1927 dans Le Jésus marxiste d‘Henri Barbusse : l’impossible métamorphose du christianisme, Jérémy Camus, Schuwer (ed.), Actes de la Journée d’études Le Christ refiguré (1848-1949), 11 avril 2015, Centre André Chastel, Galerie Colbert, mis en ligne en juillet 2017, lu le 16 janvier, via le billet de Marie Planchot, Le Jésus marxiste d‘Henri Barbusse : l’impossible métamorphose du christianisme, 07/05/2021, 124-Sorbonne. Carnet de l’École Doctorale d’Histoire de l’art et Archéologie, consulté le 16 janvier 2025, 124revue.hypothèses.org,

[12] Jérémy Camus, Le Jésus marxiste d‘Henri Barbusse : l’impossible métamorphose du christianisme.

[13] Barbusse, Jésus, Note, Flammarion, 1927, gallica.bnf.fr.

[14] Barbusse, lettre, 25 novembre 1927, Archives nationales russes des arts et des lettres, RIGALI, F. 998, liste 1, n°3412 dans dans Henri Barbusse entre Jésus et Staline, Alexandre Stroev, Revue d’histoire littéraire de la France, 121e année, n°2, avril-juin 2021, jstor.org.

[15] Dans son deuxième ouvrage de sa trilogie, nous apprenons que le bourreau de Jésus l’a fait échapper mais fous de rage, ses disciples l’ont tué sans le reconnaître.

[16] Denis Perrot, Henri Barbusse : « suppliants » et « crieurs », dans Revue d’histoire littéraire de la France, 2015/4, vol. 115, cairn.info.

[17] Jean Relinger (1935-2018) et Philippe Baudorre (1954), professeurs d'universités.

[18] Barbusse, L’Exploitation de Jésus, L’Humanité, 27 février 1927.

[19] Barbusse dans Annette Vidal, Henri Barbusse, soldat de la paix, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1953, p.151, dans Le Jésus marxiste d‘Henri Barbusse : l’impossible métamorphose du christianisme, Jérémy Camus.

[20] Barbusse fera une biographie consacrée à Staline, en 1935, intitulé Staline, un monde nouveau vu à travers un homme, et a écrit un scénario de propagande en sa faveur, intitulé Créateurs, avant de mourir.

[21]Henri Barbusse, Staline, un monde nouveau vu à travers un homme, Paris, Flammarion, 1935 dans Le Jésus marxiste d‘Henri Barbusse : l’impossible métamorphose du christianisme, Jérémy Camus.

[22] Alexandre Stroev, Henri Barbusse entre Jésus et Staline dans Revue d’histoire littéraire de la France, 121e année, n°2, avril-juin 2021, jstor.org.

[23] Barbusse, L’Exploitation de Jésus, L’Humanité, n°10305, 27 février 1927.

[24] Guignebert, Jésus, 1933.

[25] Maurice Goguel, compte rendu sur La vie cachée de Jésus, Guignebert, Flammarion, 1921, dans Revue d’histoire et de Philosophie religieuses, année 1921, 1-6.

[26] Couchoud, L’énigme de Jésus, dans Mercure de France, T. 162, n°593, 1er mars 1923, Wikipédia, article Paul-Louis Couchoud, lu le 18 janvier 2025.

[27] Barbusse, Lettre du 2 février 1928, Archives nationales d’histoire politique et sociale, Moscou, RGASPI, F. 142, liste 1 n°791, f. 8-10 dans Henri Barbusse entre Jésus et Staline, Alexandre Stroev, Revue d’histoire littéraire de la France, 121e année, n°2, avril-juin 2021, jstor.org.

[28] Émeraude, janvier 2025, article "Sur la formule : "la religion est l'opium du peuple" ...".

[29] Émeraude, article "Julien l'Apostat, un exemple d'évolution religieux", décembre 2015.