Ces questions ont fait
l’objet de nombreux débats au XVIIe et XVIIIe siècle en Angleterre et en
Écosse. Les progrès accomplis en science, le développement des pensées déistes et
athées ainsi que la remise en cause de l’enseignement religieux ont sans-doute
facilité l’émergence de nouvelles théories morales et ainsi soulevé de
nouvelles disputes. L’idée selon laquelle elle n’est qu’égoïsme et conventionnelle ou encore utilitariste s’est développée avec Hobbes puis Locke. Leur théorie
est bien pratique pour imposer une autre idée, plus politique, celle du contrat
social. Néanmoins, dans leur système philosophique, la morale n’est plus qu’un instrument au profit de l’État.
Face à ces théories « liberticides », ont alors réagi
d’autres penseurs, d’autres philosophes, qui ont cherché à montrer le caractère inné ou naturel de la morale en centrant leurs discours sur le sens
moral, les sentiments, ou sur la bienveillance. L’ensemble de ces pensées se
regroupent dans les théories dites de
sentiment que nous allons désormais de décrire …
La « conscience
naturelle » selon Burnet
Contre la thèse de Locke
selon laquelle la morale ne serait pas innée mais conventionnelle, Burnet
suggère en effet l’idée d’une conscience morale naturelle qui manifeste et
supporte « une distinction naturelle
entre le bien et le mal, le juste et l’injuste, turoe et honestum, la vertu et
le vice. […] parmi ceux qui n’ont pas comme parmi ceux qui ont des lois
externes. »[1]
La « conscience naturelle »
est conçue comme un organe de perception
d’une qualité morale d’une action avant tout jugement. « J’entends par conscience naturelle une
sagacité naturelle pour distinguer le bien et le mal moraux, c’est-à-dire une
perception ou un sens respectif du bien et du mal, qui fait naître une
affection respective de l’esprit. Et ce d’une manière si immédiate qu’elle
prévient et anticipe toutes les lois externes et tout raisonnement. »
Ces quelques lignes résument peut-être le principe qui porte toutes les
théories de sentiment. La morale est une perception d’une valeur morale perçue
au travers des actions de manière
immédiate avant tout raisonnement, et donc indépendamment de toute
convention, loi ou coutume et de toute activité de raison. Burnet refuse en
fait que la moralité dépende d’un législateur que ce soit Dieu, la raison, un
souverain, un gouvernement, une assemblée, etc.
Burnet ne réduit pas la
« conscience naturelle » à
une faculté de percevoir la qualité morale des actions. Cette « conscience » est aussi un motif des actions ou encore une
direction de l’action. En effet, il faut distinguer deux processus moraux
différents : l’appréciation morale
d’une action, consistant à la qualifier d’une valeur morale, et la motivation morale d’une action. La « conscience naturelle » ou le
« sens moral » peuvent être
la faculté d’appréciation morale d’une action sans qu’ils ne gouvernent
l’action vertueuse. Les théories des sentiments se distinguent selon qu’elles attribuent
à une seule faculté les deux processus ou différencient les facultés selon le
processus.
Burnet n’explique pas ce
qu’il entend par « conscience
naturelle », ne faisant qu’évoquer la notion en commentant l’Essai
de Locke à partir d’une de ses affirmations. Celui-ci parle en effet de « tendances naturelles imprimées dans l’esprit
des hommes » bien qu’il ne lui ait donné aucune signification morale
comme il l’explique à Burnet dans sa réponse à ses critiques. Notons que c’est
en réaction des thèses morales de Locke qu’il est venu à parler de « conscience naturelle », ouvrant
ainsi la voie à la théorie de sentiment.
Shaftesbury, l’inventeur du
sens moral
Shaftesbury s’élève contre
les thèses d’Hobbes suivant lesquelles l’homme n’agirait que pour ses intérêts
particuliers, par pur égoïsme, sous couvert de morale. Il défend alors l’idée d’un sens moral naturel, qui,
certes, se parfait en s’exerçant et en se développant, mais demeure naturel. Dans
un de ses ouvrages, il remarque aussi que l’homme peut perdre beaucoup de son
sens moral naturel par la coutume, des pratiques licencieuses ou par la
religion. Il s’oppose à l’idée selon laquelle l’athéisme en serait aussi
responsable.
Dans un autre ouvrage cette
fois-ci destiné à réfuter Mandeville[4],
Shaftesbury défend une morale qui ne se réduit pas à une recherche d’intérêt. Stoïcien, il détermine le bien moral dans
l’ordre ou l’harmonie. Il ne nie pas que la vie morale ait des conséquences
sur la vie sociale et la prospérité de la société mais l’utilité ne constitue
pas le seul critère de moralité. Le bien moral consiste seulement dans la vertu
elle-même. Il n’est finalement que l’exercice
parfait du sens moral. Notons que pour décrire la vie morale dans les
rapports avec l’autre, il met en scène un compagnon intérieur qui intériorise
le rapport social[5]
sous forme de discours intérieur, comme le logos stoïcien, entre un soi
passionné et un soi raisonnable.
En outre, sans-doute déiste
ou du moins de tendance déiste, Shaftesbury cherche à montrer la réalité des notions morales antérieures
à l’institution des religions et donc indépendante d’elles. Celles-ci
influencent la morale mais en tant que disposition pratique. C’est pourquoi
Diderot est certainement intéressé par son Enquête sur la vertu au point de le
traduire et de le commenter.
Ainsi, Shaftesbury recourt à
un sens moral naturel comme un
instrument destiné à défendre sa conception stoïcienne et déiste de la morale.
Il réagit contre ceux qui la remettent en cause. Dans ses ouvrages, il ne
distingue pas l’appréciation et le jugement moral. Dans son système, le sens
moral semble être plus qu’une faculté d’une perception mais « un principe véritablement et directement
pratique », ou encore « une
disposition de la raison à l’égard des représentations qui l’affectent »,
une « disposition critique »[6].
La morale naturelle de Hutcheson
Hutcheson est reconnu comme une autorité incontestable de l’époque.
Philosophe empiriste, il est
influencé par le stoïcisme impérial, celui
de Cicéron puis celui de Marc-Aurèle, stoïcisme
qu’il christianise. Il défend l’idée selon lequel le monde est ordonné par
un Dieu bienveillant qui demande aux hommes d’agir pour accomplir le plus grand
bonheur pour un plus grand nombre, qu’il considère comme un critère d’action
politique. Plus tard, Jeremy Bentham (1748-1832) développera à son tour une
morale fondée sur « le plus grand
bonheur du plus grand nombre d’individus
». Il écrit de nombreux ouvrages sur la philosophie morale, ouvrages qui
connaissent de grands succès[7].
Il n’hésite pas à modifier l’enseignement traditionnel, y mêlant les fondements
de la morale presbytérienne avec son stoïcisme christianisé. Il expose dans ses
cours une philosophie spirituelle et une
théologie naturelle, et y introduit des notions économiques et politiques,
sans oublier la doctrine du contrat. Enfin, il apporte aussi des innovations dans
les méthodes pédagogiques[8].
Contrairement aux « philosophes de la Lumière », Hutcheson
ne donne pas le premier rôle à la raison dans la morale. Elle ne fournit à
l’homme que des outils pour qu’il atteigne les buts qu’il s’est fixé et qui
sont conformes à ce qui est moralement bon. Ainsi l’homme détient en lui-même et de manière innée un sens interne qui lui
permet de juger de la moralité d’un acte, le sien comme celui des autres.
Le « sens moral »,
une faculté de jugement
Hutcheson tente donc de
montrer l’existence d’un sens moral en l’homme qui le rend capable d’apprécier
le vice et la vertu antérieurement à toute réflexion personnelle ou
raisonnement, et donc indépendamment d’une recherche d’intérêt. Dans ce
système, le sens moral n’est pas
seulement la faculté passive qui donne accès aux perceptions du bien et du
mal moral mais elle est aussi celle qui saisit
et identifie naturellement nos devoirs et nos droits.
La bienveillance, le moteur
de la motivation morale
Cependant, dans son système,
le sens moral demeure et reste une faculté passive. Par conséquent, il ne peut
expliquer à lui-seul la motivation morale. Hutcheson introduit alors la notion de bienveillance, une
bienveillance désintéressée, naturelle en l’homme, un instinct de la nature
humaine ou encore une affection qui motive l’action morale. « Tous les hommes sont naturellement obligés
d’avoir de la bienveillance. »[10]
Il défend l’idée d’un instinct qui nous
porte à aimer autrui, « instinct
antérieur à tout raison », à toute considération d’intérêt, « affection désintéressée »[11].
Cet instinct peut perdre de l’influence mais ne pas s’éteindre complètement.
Cet instinct nous obligerait au sens où il nous déterminerait à agir et nous
laisserait dans le mécontentement lorsque nous agissons à son encontre. Cette
détermination serait alors identifiée au sens moral. C’est ainsi que « les raisons incitatives présupposent des
instincts et des affections, et que les justifications présupposent un sens
moral. »[12]
Le sens moral est alors la
faculté de former une idée du bien et du mal qui nous permet d’évaluer une
action accomplie ou une action à accomplir. Il y a bien une relation entre
l’évaluation morale et la motivation morale au travers du sens moral.
La moralité des actions
selon Hutcheson
Si la bienveillance est un
sentiment que tout le monde peut éprouver parce que tous les hommes sont dotés
naturellement d’un sens moral et qu’elle n’est que la réception passive d’un
désir et non le désir lui-même, la bienveillance en tant que motivation morale doit
être volontaire. L’appréciation morale
est donc involontaire, la motivation morale volontaire. Elle n’est pas la seule motivation morale possible. Hutcheson parle
aussi de l’intérêt personnel et d’autres désirs. Le désir qui a accumulé le plus de force déclenche en fait l’action.
Mais contrairement à Hobbes ou Mandeville, Hutcheson ne considère pas l’intérêt
personnel comme le seul motif.
Si la morale est naturelle,
il est possible d’acquérir l’idée de
vertu par apprentissage. L’idée
de vertu se forme à la suite d’une perception de notre sens moral en réaction à
des manifestations réelles de ce que nous associons automatiquement à la vertu
de bienveillance. Le sens moral donne
lieu à un sentiment de plaisir lié à l’idée de la vertu et un sentiment de
peine liée à l’idée du vice. C’est à force d’avoir des exemples d’actions
bienveillantes, perçues de manière involontaire et immédiate qu’il est possible
de rendre la bienveillance motivationnelle ou de renforcer sa force en nous au
détriment de la recherche de l’intérêt personnel. Finalement, la bienveillance
produite a la capacité de se communiquer
et de toucher les observateurs. Pour cela, Hutcheson pose trois
conditions : l’attention à apporter aux perceptions du sens moral, le
détachement de soi et la recherche de son propre bonheur.
Si
la raison ne domine pas le processus, elle ne reste pas inactive.
Dans sa théorie, elle détient en effet un rôle qui se précise au fur et à
mesure de l’évolution de la pensée d’Hutcheson. Si elle apparaît d’abord comme
secondaire, n’intervenant que dans le jugement donc après le sentiment, il
finit par l’introduire dans son système. Elle dégage les objets à partir de
l’observation afin de les donner au sens moral. Celui-ci ne fait finalement que
réagir, c’est-à-dire ressentir un
plaisir ou une peine, à ce que lui présente la raison. Hutcheson peut alors
expliquer les différences ou les erreurs en matière morale par les inférences
de la raison dans le processus. Néanmoins, le sens moral reste l’instance
morale qui juge a posteriori de la conformité d’une action avec la moralité. Il
devient conscience quand il accompagne le jugement.
David Hume : une
théorie morale pour un autre objectif et par une autre méthode
La méthode de Hume et son
objectif sont donc différents de ceux d’Hutcheson. Alors que ce dernier étudie
ce qui est vertueux ou vicieux, ce qui est bon ou mauvais afin de faire aimer
la vertu pour qu’elle soit pratiquée, Hume s’interroge plutôt sur la nature des
valeurs morales, leur signification et les mécanismes mis en œuvre. Contrairement
à Hutcheson, qui ne cherche pas à expliquer comment agit le sens moral, puisque
cela lui paraît inutile, Hume refuse de le voir comme une « qualité occulte »[14].
Il « entame la dissection du sens
moral jusqu’à en révéler, ce qui, pour lui, en est l’ossature. »[15]
Ainsi, deux systèmes s’opposent :
l’un s’intégrant dans la nature,
dans laquelle les éléments sont ordonnés harmonieusement, l’autre conçu par l’esprit humain et donc relevant de nous. Pour
l’un, la vertu est aimable, pour l’autre, elle n’est qu’un instrument.
Cependant, ces oppositions ne sont pas si simples et tranchantes…
En outre pour Hume, les
perceptions de l’esprit humain se ramènent à deux genres distincts, les impressions et les idées, deux
genres qui se distinguent par le degré de force et de vivacité avec lequel
elles frappent l’esprit. L’idée dérive d’une impression. Elle en est une copie.
C’est pourquoi les idées ne sont que particulières. Elles deviennent générales
quand elles sont liées à un terme général, c’est-à-dire à un grand nombre
d’idées particulières qui s’associent, par ressemblance, contiguïté dans le
temps et l’espace ou encore selon la relation de cause à effet, qui ne sont
finalement que la forme d’un seul principe, celui de l’habitude.
La sympathie, le principe de
la théorie morale de Hume
Hume distingue en fait les vertus artificielles qu’il appelle
justice, et les vertus naturelles,
qu’il nomme bienveillance. L’approbation ou la désapprobation morale résulte alors
de causes différentes selon la nature des vertus dont elles relèvent. Au regard des vertus artificielles,
elles dépendent des conséquences de l’action, c’est-à-dire de son utilité. Une vertu artificielle
peut donc apporter du bien-être à une communauté et ainsi être aimable, même si
elle n’est qu’un instrument de la raison. Au
regard des vertus naturelles, elles sont causées par la sympathie, qu’il définit comme le partage de plaisirs ou de
douleurs qu’éprouve l’individu affecté par l’action.
En fait, selon les deux
points de vue, c’est toujours la
sympathie qui explique qu’une chose soit moralement approuvée ou désapprouvée.
Dans le cas de la vertu artificielle, la sympathie est alors en rapport au
bien-être de la société. Donc l’approbation ou la désapprobation morale résulte
finalement d’un sentiment, c’est-à-dire d’une sorte de réaction instinctive ou
d’un sens moral, donc irrationnelle, y compris dans un mécanisme qui fait
intervenir l’intérêt personnel, c’est-à-dire dans un mécanisme rationnel. Il
s’agit alors pour Hume d’expliquer les
relations entre l’irrationnel et le rationnel dans le fonctionnement de
l’esprit humain.
L’apprentissage du sens
moral
Dans sa théorie morale, Hume
définit la sympathie comme un principe
de communication des passions d’un individu à un autre. Cette communication
est donc à l’origine de nombreuses passions. Selon sa méthode, il décrit le
processus qui permet à une impression de nous-mêmes de s’étendre sur d’autres
individus en fonction des relations de contiguïté et de ressemblance. Les
actions d’autrui sont aussi interprétées selon les signes des passions qui les
animent, des passions que nous interprétons selon des signes qui « nous parlent ». Nous imaginons les
émotions, douleurs ou plaisirs, qu’il éprouve au travers de ces signes, ce qui
conduit à des impressions sur nous-mêmes. Le partage des passions entre nous et
un individu est alors tel que nous nous intéressons à lui, c’est-à-dire à une
autre personne que nous-mêmes. Il s‘agit alors d’une extension de notre propre intérêt jusqu’à celui des autres. La
sympathie est alors étendue à toute l’humanité. C’est une sympathie dégagée de toute partialité.
Comme ce mécanisme de
communication nous est caché et se déroule de manière instantanée, nous ne le
percevons pas. Il nous paraît comme une sensibilité particulière. Le mécanisme
devient même un automatisme qui vient de l’expérience, c’est-à-dire par la force de l’habitude.
C’est ainsi que cette sympathie étendue à toute l’humanité
devient un sens moral. Dans la pratique, elle finit par nous échapper, par
être immédiat et involontaire. « En
s’habituant à interpréter les signes, à observer les caractères et les actions
avec attention, en s’habituant à prendre de la distance vis-à-vis de notre partialité, de notre intérêt personnel, en
s’habituant à corriger notre vision des choses pour essayer de prendre en
considération un point de vue général, celui de l’humanité entière, on parvient
à rendre naturel ce qui ne l’était pas forcément et à se constituer un sens
moral, dont l’origine et les principes n’altèrent pas ce qu’il est. »[18]
Par conséquent, le sens moral n’est pas inné mais résulte
de l’expérience. En outre, Hume ne considère pas le sens moral comme seul
principe en jeu dans la moralité, même s’il en demeure un des principes
fondamentaux.
Conclusions
Si leurs théories se
ressemblent dans leur réaction contre les conceptions utilitaristes de la
morale et dans leur défense d’une conception d’une morale désintéressée ou
portée vers les autres, influencée par le stoïcisme impérial et l’empirisme,
elles se diffèrent sur les notions qu’elles utilisent, sur les mécanismes mis
en œuvre et sur leur finalité. Pour Shaftesbury, la morale s’explique par
l’harmonie ou l’ordre naturel, Hutcheson par la bienveillance, Hume par la
sympathie. Pour le premier, les principes de jugement et de motivation sont
confondus quand pour les seconds, leurs sources se distinguent, ce qui par
ailleurs soulève bien des questions. Enfin, ces théories se diffèrent par leur
but. En dépit de ces différences, ces théories forment un ensemble marqué par le même esprit.
Mais là ne réside pas l’essentielle
pour nous. Ces théories défendent le
caractère naturel des facultés morales. L’homme détient la faculté
d’apprécier et de juger moralement des actions comme de motiver et de gouverner
les siennes indépendamment de tout législateur et de tout raisonnement. Notons
que, selon Hutcheson, cette faculté naturelle a été implantée en nous par Dieu
mais il n’y insiste pas et cela n’implique pas un sentiment de devoir ou
d’obéissance. Ses théories conduisent alors nécessairement à deux conclusions…
La première est l’indépendance de la morale à l’égard des
croyances religieuses. La morale est antérieure à toute révélation. La morale peut même se passer de Dieu.
Diderot s’apercevra rapidement de l’utilité de cette philosophie dans son combat
contre l’Église. À son tour, Darwin n’y sera pas insensible dans ses études sur
l’évolution morale de l’homme et ses théories serviront aux moralistes
britanniques pour séculariser les
fondements de la morale.
La deuxième conclusion est
l’absence d’impartialité dans le jugement moral : chacun est juge et partie en matière de moralité. Elles révèlent
ainsi la faiblesse de ces théories, voire leur absurdité. Les théories
confondent en fait la règle morale avec l’appréciation subjective, ce qui ne
peut être tenable. Cette faille n’a pas échappé à Locke qui la découvre très
vite. Cette subjectivité inhérente à ces théories conduit alors à un paradoxe.
Alors qu’elles sont censées s’opposer à la théorie morale de Hobbes, qui doit
justifier l’absolutisme en politique, elles parviennent à fonder l’absolutisme en moral : chacun se fait juge.
Notes et références
[1]
Thomas Burnet, Third Remarks, 1699, troisième remarque sur l’Essai
de l’entendement humain de Locke, cité par Laurent Jaffro, Le
Sens moral : une histoire de la philosophie morale de Locke à Kant,
Presses universitaires de France, 2000.
[2]
Notons que « le vrai et le faux »
portent sur la vérité alors que la morale s’occupe du bien et du mal.
[3]
Voir Diderot, Principes de la philosophie morale ou Essai de M. S** sur le mérité et
la vertu, publié en 1745.
[4] Voir
Shaftesbury, Essai sur le mérite et la vertu, 1998.
[5] Voir Shaftesbury, Solilquy or Advise to an Author,
1710.
[6]
Jaffro, Le sens moral : une histoire de la philosophie morale de Locke à
Kant, Presses universitaires de France, 2000.
[7]
Nous pouvons citer Recherche sur l’origine de nos idées de la beauté et de la vertu (1725),
Essai
sur la nature et la conduite des passions et affections (1728), Illustrations
sur le sens moral (1728), Système de philosophie morale (1755).
[8]
Voir Lisa Broussois, Anatomie du sens moral : Hume et
Hutcheson, 15 novembre 2013, Philosorbonne, année 2012-2013, OpenEditionsjournals,
http ://
journals.openedition.org.
[9]
Odile Rochon, La philosophie morale dans l’œuvre d’Adam Smith : retour sur le
Das Adam Smith Problem, chap. I,
Mémoire présentée comme exigence partielle de la maîtrise en économique,
décembre 2009.
[10]
Hutcheson, recherche sur l’origine de nos idées de la beauté et de la vertu, I,
II, 7, trad. par Balmès, Vrin, 1991, dans Anatomie du sens moral : Hume et
Hutcheson, Lisa Broussois.
[11]
Hutcheson, Recherche sur l’origine de nos idées de la beauté et de la vertu,
I, II, 2.
[12]
Hutcheson, Recherche sur l’origine de nos idées de la beauté et de la vertu,
I, II, 7.
[13]
Hutcheson, Système de philosophie morale, V, 1, 1.
[14]
Hutcheson, Recherche sur l’origine de nos idées de la beauté et de la vertu,
II, 7.
[15]
Lisa Broussois, Anatomie du sens moral : Hume et Hutcheson
[16]
Hume, Traité de la nature humaine, III, iii, 6, 3,
[17] Hume, Traité de la nature humaine, III, i, 1, 6.
[18]
Lisa Broussois, Anatomie du sens moral : Hume et Hutcheson.
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