Pourtant,
les prophètes ont évoqué clairement le sort qui nous est réservé comme nous
l’avons évoqué dans le précédent article[1]. Devons-nous
ne plus les entendre parce que leurs paroles sont dures à entendre ?
Croyons-nous qu’elles soient vaines depuis que Notre Seigneur Jésus-Christ est
venu apporter le salut à toute l’humanité ? Laissons Notre Seigneur
Jésus-Christ répondre à ces questions…
Le
tri entre les justes et les méchants
Notre
Seigneur Jésus-Christ reprend l’image du travail de la terre. « Tout arbre qui ne produira point de bon
fruit sera coupé et jeté au feu. »(Matthieu, VII, 19) Or
comment pouvons-nous distinguer le bon et le mauvais arbre si ce n’est en
jugeant ses fruits ? La parabole de l’ivraie dans le bon grain est
aussi très claire. De peur d’arracher le froment en voulant arracher l’ivraie,
mieux vaut attendre la moisson. Les moissonneurs lieront d’abord l’ivraie et le
liera en gerbes afin de brûler alors que le froment sera rassemblé dans le
grenier. Dans son explication, Notre Seigneur Jésus-Christ explique qu’à la
consommation des siècles, « ceux qui
commettent l’iniquité » seront jetés « dans la fournaise du feu alors que les justes resplendiront comme le
soleil dans le royaume de leur Père » (Matthieu, XIII 42-43) Il viendra
donc séparer les justes des méchants, et les méchants seront
tourmentés dans un feu éternel. Or, il n’y a pas de séparation s’il n’y
a pas de jugement.
La
parabole du filet est encore plus
explicite. Qui peut ne pas entendre les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ ?
Les pécheurs ont récupéré un filet plein de toutes sortes de poissons. Retirés,
ils s’asseyent sur le rivage et « choisissent
les bons, les mettant dans des vases, et jettent les mauvais dehors. »(Matthieu,
XIII, 48) Or ce tri se réalisera « à
la consommation des siècles : les anges viendront et sépareront les
méchants du milieu des justes, et les jetteront dans la fournaise du feu. Là
sera le pleur et le grincement de dents. Avez-vous bien compris tout
ceci ? » (Matthieu, XIII, 52)
Cette
parabole ne suffirait-elle pas encore ? Notre Seigneur Jésus-Christ nous
donne encore une autre image de ce qu’il nous attend. C’est la parabole du
festin des noces. Voyant ses invités refuser son repas, le maître demande à
ses serviteurs de rassembler tous ceux qu’ils trouvent, bons et mauvais, dans
la salle des noces. Mais parmi ceux qui étaient à table, « il aperçut un homme qui n’était point revêtu
de la robe nuptiale. » (Matthieu, XXII, 11) Alors ses pieds
sont liés et il est jeté dans les ténèbres, « là sera le pleur et le grincement des dents. » (Matthieu,
XXII, 13) L’enseignement est alors effrayant : « beaucoup sont appelés, mais peu d’élus. » (Matthieu,
XXII, 14) Parmi ceux qui sont invités à entrer dans le royaume, certains seront
exclus en raison de leur manque de pureté…
Le
jugement particulier
Le
rapport entre les dettes est colossal. Ce n’est pas sans raison. Il nous
rappelle l’écart abyssal qui existe entre Dieu et les hommes, entre les
fautes qu’ils commettent à son encontre et celles que nous nous faisons entre
nous. Il n’y a pas de commune mesure entre les dettes envers Dieu et les torts
du prochain envers nous. Cette parabole était en effet destinée à illustrer à
Saint Pierre la nécessité de pardonner indéfiniment. Ceux qui ont besoin de
beaucoup d’indulgence et qui l’espèrent du Seigneur doivent d’abord témoigner
beaucoup d’indulgence à l’égard de ses prochains. Et un jour, il sera jugé
selon la mesure de charité qu’ils ont en effet montrée. Ils seront jugés
comme ils ont jugé leurs prochains.
Nous
retrouvons aussi cette idée de jugement dans d’autres paraboles, celles des dix
vierges (Matthieu, XXV, 1-13), des talents (Matthieu, XXV, 14-30) et
des dix mines (Luc, XIX, 11-27).
Le
jugement général
Ceux
qui seront à sa droite sont les bénis de Dieu alors que ceux qui sont à gauche
sont maudits au feu éternel. Chacun sera jugé selon la mesure de leur charité à
l’égard du prochain. Car, comme Il nous l’a déjà rappelé, les premiers
commandements, ceux qui nous demandent d’aimer Dieu et d’aimer notre prochain
comme nous-mêmes, sont équivalents. Nous ne pouvons pas aimer Dieu si nous n’aimons
pas notre prochain et nous-mêmes et toute charité qui n’est pas fondée sur Dieu
est vaine.
Au
jugement général, les méchants iront donc à un supplice éternel, les justes à
une vie éternelle. Lorsque nous
paraîtrons devant lui avec toutes les nations rassemblées, nous entendrons de
ses lèvres la sentence qui, pourtant, se fait dès maintenant, ici-bas, dans
notre vie présente. « Si quelqu’un
me sert, qu’il me suive, et où je suis là sera aussi mon serviteur. Si
quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. » (Jean, XII, 26) Ou encore
« que quiconque voit le Fils et
croit en lui ait la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »
(Jean,
VI, 40)
L’enfer,
là où demeurent les tourmentés
Au
lieu d’avoir peur de ceux qui tuent le corps, Notre Seigneur Jésus-Christ nous
demande plutôt de craindre « celui
qui peut précipiter l’âme et le corps dans la géhenne. »(Matthieu,
X, 28) Il est même préférable de se couper la main ou le pied, ou encore de
s’arracher l’œil s’ils sont une occasion de chuter pour éviter
d’aller « dans la géhenne »
(Marc,
IX, 44). Car Dieu, qui a le pouvoir de retirer la vie à chacun, a aussi « le pouvoir de jeter dans la géhenne. »(Luc,
XII, 5) Notre Seigneur Jésus-Christ est suffisamment clair et insistant pour
comprendre la réalité de l’enfer. Aux scribes et pharisiens hypocrites, Il
prononce ces paroles redoutables et effrayantes : « Serpents, races de vipères, comment
fuirez-vous le jugement de la géhenne ? »(Matthieu, XXIII, 33)
Notre
Seigneur Jésus-Christ nous décrit l’état de ceux qui demeurent dans l’enfer.
Comme nous venons de l’évoquer, il y règne un feu qui ne s’éteint jamais. Ils
seront tourmentés dans les flammes (Luc,
XVI, 24). Il est le lieu « des
pleurs et des grincements de dents » (Luc, XIII, 28), le lieu
où règne « la perdition » (Matthieu,
XII, 13 ; Jean, XVII, 12). Mais les tourments seront inégaux. Celui qui
aura péché alors qu’il connaît la volonté de Dieu y recevra « un grand nombre de coups » (Luc,
XII, 48) Celui qui « a fait des
choses dignes de châtiment recevra peu de coups. » Les
châtiments en enfer varieront en fonction des talents produits à partir des
dons fournis. Le jugement sera plus ou moins rigoureux. « À celui qui on a donné beaucoup, on
demandera beaucoup ; et de celui à qui on a confié beaucoup, on exigera beaucoup. »(Luc,
XII, 48)
Notre
Seigneur Jésus-Christ rappelle aussi que ce châtiment n’a pas de fin. Le feu
est « inextinguible » (Matthieu,
XIII, 12) comme le supplice est éternel (Matthieu, XXV, 46). Ainsi, comme
Judas, « faudrait-il mieux pour cet
homme qu’il ne fût pas né. » (Marc, XIV, 21)
Le
ciel, là où demeurent les bienheureux
Le
Purgatoire
Les
âmes qui ne sont pas encore suffisamment pures pour entrer dans le ciel doivent
encore se purifier. C’est la doctrine du purgatoire. Elle résulte d’une
évidence déjà présente dans l’Ancien Testament. À quoi servirait en effet la
prière des morts si elle était inutile ? Or, ceux qui entrent dans l’enfer
ou dans le ciel ne peuvent en sortir. Il est vrai, néanmoins, que la Sainte
Écriture ne semble pas être très explicite sur ce point. La Sainte Tradition
apporte en fait plus de lumière sur ce sujet. Ce point de doctrine refusée
par le protestantisme nécessiterait à lui-seul un article…
La
vie et le jugement
Puis
Notre Seigneur Jésus-Christ en vient à expliquer les modalités du jugement.
« Ne vous en étonnez pas parce que
vient l’heure où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du
Fils de Dieu, et en sortiront, ceux qui auront fait le bien, pour ressusciter à
la vie ; mais ceux qui auront fait le mal pour ressusciter à leur
condamnation. »(Jean, V, 28-29) La résurrection
ne concerne donc pas seulement les justes mais tous les morts.
Les
paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ relient donc la vie et le jugement. Or, ici-bas, quand nous sommes conçus dans le sein de
notre mère, nous ne faisons que recevoir la vie sans que nous ayons le moindre
mérite. La vie dont Il parle n’est donc pas notre vie corporelle mais bien
celle que nous recevons, celle de l’âme et celle qui perdure après la mort. Nous
pouvons en effet perdre notre âme ou la sauver. « Car le Fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père avec ses
anges, et alors il rendra à chacun selon les œuvres » (Matthieu,
XVI, 27), nous précise-t-Il.
Conclusions
Mais
contrairement aux prophètes, Notre Seigneur Jésus-Christ nous indique une
voie claire et sûre à suivre pour parvenir à la vie éternelle. Il insiste
sur l’état moral qui doit nous rendre digne du ciel comme il condamne celui qui
nous envoie en enfer. En outre, Il nous enseigne aussi que Dieu est le « Dieu des vivants », qu’il est aussi
le « pain de vie » et que
celui qui Le suit sauve son âme. Il est comme le pasteur qui recherche la
brebis perdue pour la ramener au bercail. Mais sa lumière n’a pas été reçue par
le monde. Le monde l’a condamné et il condamne tous ceux qui le suivent. Devant
Notre Seigneur Jésus-Christ, les hommes se divisent entre ceux qui sont du
monde et ceux qui ne le sont pas. Jusqu’au dernier souffle, ils peuvent choisir
l’un ou l’autre puisque nous ne pouvons pas choisir deux maîtres à la fois
mais ce choix n’est pas sans conséquence. Cependant, ne savons pas quand
la mort viendra nous prendre. Rares sont ceux qui, comme le bon larron, ont eu
la grâce de la conversion avant de rendre l’âme. Mais quand la nuit arrive,
tout est fini, nul ne peut travailler, tout est consommé…
Tout
cet enseignement souvent répété et insistant dans les Évangiles, toutes les
exhortations de Notre Seigneur Jésus-Christ à la vigilance et à la persévérance,
seraient-ils inutiles ? Si l’enfer n’est qu’un lieu vide, pourquoi Notre
Seigneur Jésus-Christ insisterait-Il autant ? Pourquoi devrions-nous
rester vigilants ? Il est vrai que Juda, « le fils de la perdition » (Jean, XVII, 12) est le
seul réprouvé que nous connaissons avec le diable. Nous savons aussi qu’il y a
beaucoup d’appelés et peu d’élus….
Notes et références
[1] Émeraude,
septembre 2021, article « La mort sous la lumière de l’Ancien Testament ».
[2] Dictionnaire de Théologie
catholique, article « Enfer »,
édition numérique par Jean-Marie W. et JesusMarie.com.
[3] Voir Émeraude,
juillet 2020, articles « La morale et l'Évangile (4) : le sermon sur la
montagne (1) », « La morale et l'Évangile (5) : le sermon sur
la montagne (2) - les huit béatitudes » et « La morale
et l'Évangile (6) : le sermon sur la montagne (3)-la charte du chrétien ».
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