Chaque
dimanche, le fidèle récite le Credo et affirme solennellement les
vérités auxquelles il adhère fermement. Parmi les articles de foi, qu’il énonce
debout, se trouve l’affirmation de l’Église une, sainte, catholique et
apostolique. Ce sont quatre notes qui la distinguent de toute autre communauté
qui se réclame à tort de l’Église de Dieu.
Le terme d'« apostolique » signifie que les éléments essentiels de l’Église,
c’est-à-dire la doctrine, le culte, les moyens du salut, les pouvoirs, proviennent des apôtres et sont transmis et
garantis par la succession apostolique ininterrompue, gardant ainsi son
unité. Ainsi fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ, l’Église provient de douze
hommes qu’Il a Lui-même choisis pour perpétuer son œuvre selon ses ordres et
sous sa protection. Voilà le fait historique, le commencement de l’Église. C’est par là également que nous pouvons la
reconnaître véritablement. Toute Église
qui ne proviendrait pas des apôtres ne serait qu’une imposture. Cette
marque indélébile ne doit pas être oubliée dans toutes les questions qui
traitent de l’œcuménisme.
Le
rôle des apôtres montre également que l’Église
n’a pas été instituée sans qu’elle ne soit gouvernée par des hommes bien
identifiés. Or la nature de ce gouvernement a souvent été remise en cause. Nous
l’avons longuement évoqué dans nos articles sur le conciliarisme. Le fait
qu’Elle soit même gouvernée est remis en question, notamment par Luther et le
protestantisme en général. C’est certainement un point d’achoppement pour toute
union véritable entre les chrétiens.
Enfin,
dans un monde où tout est remis en cause, y compris parmi les catholiques, il
est nécessaire de rappeler des fondamentaux et donc de retrouver la Sainte Écriture pour nous rappeler le rôle des apôtres…
Les
apôtres sont au nombre de douze comme les douze tribus du peuple élu : Simon, renommé Pierre, André, Jean et Jacques, Philippe,
Barthélémy, Matthieu, Thomas, Jacques, fils d’Alphée, Jude, Simon le Zélateur
et Judas l’Iscariote.
Notre
Seigneur Jésus-Christ les a librement choisis. « Étant monté sur la montagne, il appela à lui ceux que lui-même
voulut ; et ils vinrent à lui. Il en établit douze » (Marc,
III, 13-14) Dans une des instructions qu’Il leur livre, Il insiste
particulièrement sur sa liberté de choix.
« Ce n’est pas vous qui m’avez
choisi mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis » (Jean,
XV, 16). Il faut insister sur cette initiative
totalement, parfaitement libre. Elle montre en effet que l’Église ne s’est pas faite au
hasard ou par opportunisme. Ce ne sont ni les apôtres qui se seraient donnés un
rôle, par exemple pour faire face au succès de leur prédication, ni les fidèles
qui leur auraient demandé d’exercer une autorité comme une troupe à la recherche d’un
chef. Ils sont apôtres par volonté de
Notre Seigneur Jésus-Christ. Cette liberté de choix implique par conséquent
une intention. Soulignons aussi que s’ils sont choisis par le Verbe fait chair,
cela signifie incontestablement que leur
vocation est d’origine divine.
De
même, les apôtres ne choisissent pas celui qui
doit remplacer Judas. C’est par le sort qu’est choisi Saint Matthias « afin de prendre place dans ce ministère et
dans cet apostolat » (Actes des Apôtres, I, 25). Les
apôtres sont enfin rejoints par un treizième homme, Saint Paul, l’« apôtre des Gentils ». Lui-aussi est
choisi par Notre Seigneur Jésus-Christ sur le chemin de Damas et a reçu
directement des révélations.
La
mission des apôtres
Notre
Seigneur Jésus-Christ explique aux apôtres la nature de leurs missions. Il y
revient souvent. Saint Marc est plutôt bref tout en étant suffisamment clair.
Notre Seigneur Jésus-Christ « en
établit douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher, et il leur donna
le pouvoir de guérir les maladies et de chasser les démons. » (Marc,
III, 14-15) Leur mission est donc triple : enseigner, guérir et exorciser.
Saint Luc définit aussi leurs pouvoirs miraculeux. « Jésus, ayant appelé les douze apôtres, leur donna vertu et puissance
sur tous les démons, et le pouvoir de guérir les maladies. C’est ainsi qu’il les envoya prêcher le
royaume de Dieu, et rendre santé aux malades. » (Luc, IX, 1-2) Les douze
apôtres sont donc nettement au-dessus
des disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Le
terme même d’apôtres, que Notre Seigneur Jésus-Christ emploie pour les
désigner, est encore plus instructif. Ce sont des envoyés, des représentants,
des témoins ou mieux encore des ambassadeurs. Comme Dieu le Père L’a envoyé, de
même, Notre Seigneur Jésus-Christ les envoie dans le monde. « Comme mon Père m’a envoyé, ainsi moi je vous
envoie. » (Jean, XX, 21) Ainsi qui les écoute L’écoute et donc écoute
Celui qui L’a envoyé.
Il ne s’agit pas seulement de porter la parole de leur maître mais aussi d’agir en son nom. « En vérité, en vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié aussi dans le ciel ; et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans le ciel. » (Matth., XVIII, 18) Le terme de « lier » et de « délier » renvoie à la justice. Ce n’est pas seulement remettre les péchés. Plus tard, Il en parlera explicitement. Il s’agit même d’un pouvoir législatif. Tous leurs actes seront ratifiés dans le ciel. C’est un pouvoir considérable, mieux que cela encore, c’est le plus grand des pouvoirs. Ainsi les apôtres entrent dans l’œuvre de la Rédemption.
Il ne s’agit pas seulement de porter la parole de leur maître mais aussi d’agir en son nom. « En vérité, en vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié aussi dans le ciel ; et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans le ciel. » (Matth., XVIII, 18) Le terme de « lier » et de « délier » renvoie à la justice. Ce n’est pas seulement remettre les péchés. Plus tard, Il en parlera explicitement. Il s’agit même d’un pouvoir législatif. Tous leurs actes seront ratifiés dans le ciel. C’est un pouvoir considérable, mieux que cela encore, c’est le plus grand des pouvoirs. Ainsi les apôtres entrent dans l’œuvre de la Rédemption.
La
première mission des apôtres
Au
cours de sa vie publique, Notre Seigneur Jésus-Christ envoie pour la première
fois ses douze apôtres en mission : « Allez et prêchez que le royaume des cieux est proche. » (Matth.,
X, 7) Ils sont ainsi envoyés pour annoncer la bonne nouvelle. Mais que diront-ils ?
Quel sera le témoignage à apporter ? « Il n’y a rien de caché qui ne doive se révéler un jour, rien de secret
qui ne doive se connaître. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en
plein jour. Ce que vous entendez à l’oreille, prêchez-le au haut des
terrasses » (Matth., X, 16) Ils doivent donc prêcher son enseignement de manière ouverte dans le monde entier afin que tous l'entendent.
Certes, dans leur première mission, ils doivent s’adresser d’abord aux Juifs.
C’est bien plus tard que leurs paroles devront toucher tous les hommes.
Les
inquiétudes des apôtres
Mais
les apôtres sont inquiets. Leur crainte ne peut guère nous étonner. Qui
sont-ils en effet ? Ce ne sont point des savants ni des hommes illustres. Ils
n’ont ni culture ni éloquence. Au contraire, ce sont d’obscures personnages qui ne brillent guère par leur connaissance,
leur intelligence ou par leur éloquence. Nous pouvons même étonner qu’ils aient
été choisis. La plupart sont des
pécheurs, souvent incrédules. L’un d’eux trahira même le maître, un autre,
et pas n’importe lequel, le reniera. Pourtant, ce sont eux les apôtres qui
devront témoigner et annoncer la parole de Dieu. Ce sont eux les envoyés de
Notre Seigneur Jésus-Christ ! Le
choix ne réside pas dans la personne, dans leurs qualités ou encore dans leur
position sociale.
Leur mission d’apostolat peut aussi
surprendre ces pauvres gens. A-t-on
déjà entendu et vu de telles choses ? C’est bien une nouveauté. Mais quel
est le but de tout cela ? Que doivent-ils être ? Si ce n’est d’être
pécheurs d’hommes. Ce sont des semeurs de la Parole de Dieu. Ils doivent semer la bonne semence partout
quelles que soient les dispositions morales de leur auditeur. Et par la
grâce divine, la graine enfouie dans le sol germera et se développera, et selon
la volonté de Dieu, elle donnera naissance à de bons fruits, à des arbustes
immenses. Comme la graine de sénevé, ou encore le levain dans la pâte, leur
parole transformera le monde. Cela demandera du temps et donc de la patience,
mais Dieu est aux commandes, et nul ne
pourra y faire obstacle.
Une mission périlleuse
La mission des apôtres n’est pas sans
danger ni douleur. Ils sont envoyés
« comme des brebis au milieu des
loups » (Matth., X, 16) De nombreuses difficultés les attendent. Leur
maître ne leur cache pas les souffrances qu’ils devront endurer « pour rendre témoignage » (Matth.,
X, 16). Ils seront jugés et condamnés par le monde. Haïs, ils feront l’objet
d’une terrible persécution à cause de son nom. Ils devront donc être prudents
et vigilants. Ils seront aussi peu écoutés, peu entendus, et surtout incompris.
Tout
cela n’est guère étonnant. Les épreuves qu’ils devront endurer, les peines et
les souffrances qu’ils devront porter, tout cela ne peut guère les surprendre
et donc les inquiéter. Notre Seigneur Jésus-Christ leur rappelle à plusieurs
reprises. Lui-même a été mis à mort sur la Croix ignominieuse, alors comment
ses serviteurs pourront-ils échapper au même sort ? « Le disciple n’est pas au-dessus du docteur,
ni le serviteur au-dessus de son maître. » (Matth., X, 24) La haine
qui s’est abattue sur Notre Seigneur Jésus-Christ s’abattra aussi sur eux. Les mêmes causes produisent les
mêmes effets. Entre Lui et le monde, point de réconciliation, point d’entente,
le désaccord est complet, abyssal. Ce sera même un signe de leur attachement à
leur maître. Ce sera aussi un honneur.
Le monde les haïra donc comme il a haï
leur maître. Il sera secoué par leur
témoignage au point que l’impensable se déroulera devant eux. « Le frère livrera à la mort son frère, et le
père son enfant ; les enfants se lèveront contre leurs parents, et les
feront mettre à mort. » (Matth., X, 21)
Des
apôtres sous l’assistance et la protection divine
Qu’ils
ne s’inquiètent pas, leur dit et répète Notre Seigneur Jésus-Christ. Devant les
tribunaux, ils ne devront point craindre. Aux juges, ils sauront leur parler,
leur répondre, eux qui n’ont aucune culture, aucun diplôme, aucun soutien.
« Ne vous mettez pas en peine de ce
que vous aurez à dire ; ce que vous aurez à dire vous sera suggéré à
l’heure même. » Car « ce n’est
pas vous qui parlerez, c’est l’esprit de votre Père qui parlera en vous. »
(Matth.,
X, 20) Dieu les assistera dans leur
mission. Et pour vaincre encore leur timidité ou leur crainte, Il leur
promet aussi d’être avec eux tous les
jours jusqu’à la fin du monde.
Dieu veille en effet sur son œuvre, sur
ses envoyés. Une scène de l’histoire de
Notre Seigneur Jésus-Christ montre tout son pouvoir et par conséquent éveille
ou affermi la confiance de ses apôtres en Lui. En pleine tempête, la barque
dans laquelle ils sont est vivement secouée. Les apôtres ont peur, très peur.
Ils réveillent leur maître qui dormait tranquillement. En un mot, Notre
Seigneur Jésus-Christ apaise alors la tempête. Le vent cesse, la mer devient
calme. Que les apôtres ne craignent pas ! La barque dans laquelle ils sont
ne peut sombrer. Cette barque figure l’Église[1], la
tempête, toutes les épreuves qu’elle devra affronter. Notre Seigneur
Jésus-Christ veille sur son œuvre. Souvent, Il paraît dormir alors que ses
disciples sont en plein danger, craignant succomber aux éléments du monde. Mais
Il saura intervenir à l’heure qu’Il aura lui-même fixée. Il est le maître des
éléments de ce monde. Ainsi les Apôtres ne doivent pas être troublés. Ils
doivent avoir confiance en Lui. À
plusieurs reprises, Notre Seigneur Jésus-Christ apaise leur trouble et insiste
sur la confiance, affermissant leur sérénité. Ils ne sont pas seuls et ne le seront jamais. Telle est sa
promesse.
La
perpétuation de l’œuvre divine
Les
dernières paroles d’un maître qui s’adresse à ses disciples pour une dernière
fois sont souvent les plus importantes. Elles sont considérées à juste titre
comme une synthèse de tout son enseignement, une sorte de testament.
Rendons-nous alors en ce jour où Notre Seigneur Jésus-Christ est avec ses
apôtres avant de partir sur le chemin du Calvaire.
Imaginons
en effet ces apôtres lors de cette journée à jamais mémorable, lors de la dernière
Cène. Songeons à Notre Seigneur Jésus-Christ, la veille de sa Passion, connaissant
tout ce qu’Il va endurer. Songeons à Notre Maître voyant une dernière fois réunis
ses apôtres avant de subir l’ignominie de la Croix. Il sait que leur trouble va
être extrême, que le doute les écrasera. De nouveau, Il les réconforte, les
exhorte, leur révèle les derniers secrets, leur livre les dernières
recommandations. Il ne les dupe pas. De nouveau, ils leur annoncent qu’ils
seront haïs par le monde. Comme le maître, ils seront persécutés. Et ils
gémiront, ils pleureront. Mais leurs pleurs ne doivent pas les aveugler. Une
« femme, lorsqu’elle enfante, a de
la tristesse, parce qu’est venue son heure ; mais lorsqu’elle a mis
l’enfant au jour, elle ne se souvient plus de sa souffrance, à cause de sa
joie, de ce qu’un homme est né au monde. » (Jean, XVI, 21) Notre
Seigneur Jésus-Christ leur promet que leurs efforts ne seront pas vains, que leur apostolat sera fécond. Car ils
seront unis à Lui. Leur tristesse se
transformera en joie, leur cœur se réjouira. Tout ce qu’ils demanderont en son
nom sera exaucé.
Les
apôtres sont probablement surpris de son discours. Au cours des trois années
passées, ils ont souvent manifesté de la faiblesse, de la lenteur à croire et à
comprendre, d’un manque de confiance à l’égard de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il prie pour eux. Sa prière est ardente, émouvante. « Je prie pour eux […] Je vous demande […] que vous les gardiez du mal.
[…] Sanctifiez-les dans la vérité. […] » (Jean, XVII, 17).
Dans
sa prière sublime, levant les yeux au ciel, Il rappelle ce que les apôtres ont
reçu. Dieu leur a donné puissance sur toute chair. Ils ont connu leur maître et savent désormais d’où Il vient. Ils
ont reçu les paroles que Dieu le Père Lui a données. Certes, ils sont encore
dans le monde mais ils ne soient point du monde comme Lui-même n’est pas du
monde. Comme Dieu le Père a envoyé son Fils dans le monde, le Fils a envoyé ses
apôtres dans le monde. Et pourquoi
ont-ils reçu tant de faveurs ? Pour poursuivre et perpétuer l’œuvre de Notre Seigneur Jésus-Christ.
« Je leur ai fait connaître votre
nom, afin que l’amour dont vous m’avez aimé soit en eux, et moi en eux. »
(Jean, XVII, 26)
Pour
mener à bien leurs missions, Notre Seigneur Jésus-Christ leur définit
longuement les dispositions qu’ils devront avoir, c’est-à-dire le
désintéressement, la pauvreté, la confiance, ou encore des règles de conduite.
Il insiste sur les exigences chrétiennes et sur les précautions à suivre.
Certaines d’entre elles peuvent surprendre, voire remettre en cause leurs
pouvoirs.
« Vous savez que les princes des nations les
dominent, et que les grands exercent la puissance sur elles. Il n’en sera pas
ainsi parmi vous ; mais que celui qui voudra être le plus grand parmi
vous, soit votre serviteur ; et celui qui voudra être le premier parmi
vous sera votre esclave. » (Matth. XX, 24-27) Dans ces paroles,
il n’y a pas un refus de tout pouvoir de gouvernement. Notre Seigneur Jésus-Christ oppose en effet deux conceptions du
pouvoir, celui du monde et celui de son royaume. Lui-même l’exerce en
donnant ce commandement. Il ne s’oppose pas au pouvoir de gouvernement mais à
ses abus qu’Il proscrit. Il ne s’agit pas de dominer, d’écraser, d’asservir
comme le font les puissances de ce monde. Il demande au contraire de
l’humilité, de la douceur, de la modestie, de l’exemplarité. Il ne faut pas en
effet oublier ce pour quoi ils ont été choisis. « Comme le Fils de l’homme n’est point venu pour être servi, mais pour
servir et donner sa vie pour la rédemption d’un grand nombre. » (Matth.,
XX, 28) Les apôtres doivent donc imiter Notre Seigneur Jésus-Christ dans l’exercice
de leurs pouvoirs.
L’unité
des apôtres en Notre Seigneur Jésus-Christ
Notre
Seigneur Jésus-Christ est encore plus étonnant dans ses commandements. Ses
paroles sont extraordinairement déroutantes tout en étant sublimes. Quelques
mots suffisent. « Vous êtes mes amis »,
leur dit-Il. « Je ne vous appellerai
plus mes serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître.
Mais je vous ai appelé mes amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon
Père, je vous l’ai fait connaître. » (Jean, XV, 15) Les apôtres
sont intimement unis à Notre Seigneur
Jésus-Christ comme des amis sincères le sont. Ils ont partagé sa vie,
partagé ses repas. Ils n’ont pas cessé de L’entendre, de Le suivre. Il leur
parle ouvertement. Il n’y a plus de secrets entre eux. Or n’est-Il pas uni à
Dieu le Père ? Nous arrivons ainsi à une unité extraordinaire. Nous
pouvons alors affirmer que celui qui entend les apôtres entendent Notre
Seigneur Jésus-Christ et finalement Dieu lui-même ! Ce qu’ils ont en effet
entendus n’est pas de Lui mais de Celui qu’Il L’a envoyé. De même, ils devront
dire ce qu’ils ont entendus afin que la Parole divine se répande. Comme nous
l’avons déjà dit, les apôtres ont des pouvoirs extraordinaires, ceux de guérir
et mieux encore de remettre les péchés. Or un homme peut-il faire cela par
lui-même ?
Que
les apôtres ne s’enorgueillissent pas de tant de faveurs ! Ils n’en ont aucun mérite. C’est bien
Notre Seigneur qui les a choisis et établis comme Il leur rappelle. Pourquoi
encore tout cela ? Pour qu’ils soient les
sarments de sa vigne, pour qu’ils rapportent des fruits, pour donner la vie éternelle. Il les a
choisis « afin que vous alliez, et
rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous
demanderez à mon Père à mon nom, il vous le donne. » (Jean,
XV, 16)
Mais
« comme tous les sarments qui ne
portent pas de fruits en moi », Dieu le Père « les retranchera ; et tous ceux qui
portent du fruit, il les émondera, pour qu’ils portent plus de fruits
encore. […] Comme le sarment ne peut porter du fruit par lui-même, s’ils
ne demeurent unis à la vigne ; ainsi vous non plus, si vous ne demeurez en
moi. Moi, je suis la vigne, et vous les sarments Celui qui demeure en moi en
lui portera beaucoup de fruit ;
parce que sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jean, XV, 2-5) C’est en
étant unis à Notre Seigneur Jésus-Christ
que les apôtres pourront œuvrer efficacement, prier et être exaucés.
À
plusieurs reprises dans son discours de la dernière Cène, Notre Seigneur
Jésus-Christ demande à ses apôtres de s’aimer les uns les autres selon sa propre
mesure. Quel doux commandement ! « Voici mon commandement c’est que vous vous aimiez les uns les autres
comme je vous ai aimés. […} Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous
commande. » (Jean, XV, 12-14) C’est par cet amour
qu’ils resteront unis à la vigne. « Ce
que je vous commande, dit-Il encore, c’est que vous vous aimiez les uns les
autres » (Jean, XV, 17), contrairement au monde qui n’auront que haine et
mépris à leur égard. « Si quelqu’un
m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et
nous ferons notre demeure en lui » (Jean, XIV, 23). Ils
doivent donc œuvrer pour répandre cet
amour et ainsi fait grandir l’œuvre de Dieu. Notre Seigneur Jésus-Christ
explique ainsi les soins qu’Il leur a apportés : « Je leur ai fait connaître votre nom, et je
le leur ferai connaître encore, afin que l’amour dont vous m’avez aimé soit en
eux, et moi en eux. » (Jean, XVII, 26)
Toutes
ces recommandations sont instructives. Cela signifie clairement que l’unité des
apôtres en Notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas donnée ni assurée. Le danger de séparation est réel.
Ainsi, Seigneur Jésus-Christ prie pour qu’ils soient uns en Lui. Aujourd’hui,
nous pouvons comprendre ces paroles. Elles ont pleinement du sens. Un apôtre
qui n’est plus uni à Notre Seigneur Jésus-Unis et aux autres perd ce qu’il est.
Judas en est un exemple.
L’assistance
du Saint Esprit
Enfin,
avant de les quitter, Notre Seigneur Jésus-Christ leur annonce qu’ils ne seront point seuls dans leurs
missions. L’« Esprit de vérité »,
ou encore le « Paraclet »,
leur sera donné. Ils le connaîtront Celui que le monde ne peut connaître, ni
voir ni entendre. Mais ils le connaîtront « parce qu’il demeurera au milieu de vous, et qu’il sera en vous. »
(Jean,
XIV, 17) Il leur annonce le jour de son envoi, le jour de la Pentecôte.
Et
ce « Paraclet, l’Esprit Saint »
leur enseignera toutes choses car d’autres
vérités leur seront révélées, des vérités qu’ils ne peuvent encore entendre.
« Il vous enseignera toute
vérité. » (Jean, XVI, 13). Il les
illuminera leur intelligence. Il leur rappellera aussi tout ce qu’Il leur a
dit. L’« Esprit de vérité »
rendra témoignage de Lui. Il le glorifiera. Il est aussi celui qu’« Il convaincra le monde en ce qui touche le
péché et la justice. » (Jean, XVI, 8). Il l’accusera et le
condamnera. Le monde sera convaincu de son péché comme il sera convaincu de la
justice de Notre Seigneur Jésus-Christ, condamné à tort. Enfin, Il vous
annoncera aussi tout ce qui doit arriver.
Le
jour de la Pentecôte, l’institution de l’Église
Pourtant,
que les apôtres sont lents à croire ! Comme leur esprit est terriblement étroit.
La Sainte Écriture ne cesse de nous le dire. Ils n’ont pas encore compris les
paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ. Le jour de sa résurrection, ils ont en
effet bien du mal à y croire. Saint Thomas est sans-doute le plus incrédule. Il
veut Le voir et Le toucher pour croire. Les paroles ne suffisent pas.
Et
le jour où ils sont réunis, enfermés dans le Cénacle de peur d’être arrêtés par
les Juifs, Notre Seigneur Jésus-Christ leur apparaît. Il leur rappelle leur
mission. « Comme mon Père m’a
envoyé, ainsi moi je vous envoie. » (Jean, XVI, 21) Ils
doivent perpétuer son œuvre partout, dans le monde entier. « Allez dans tout l’univers, et prêchez
l’Évangile à toute créature. » (Marc, XVI, 15) C’est tout le sens de
leur vocation. Notre Seigneur Jésus-Christ leur prédit les miracles et les
prodiges, qui confirmeront ainsi leur parole.
Puis
plus tard, avant de les quitter, sur une montagne de Galilée, Il précise encore
leur mission : « allez donc,
enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit. » (Matth., XXVII, 19) Contrairement à
leur première mission, ils doivent faire
des disciples, les baptiser et les instruire dans le monde entier, sans distinction.
Il n’y a plus de limite à leur
prédication. Il leur rappelle enfin que jusqu’au dernier jour, jusqu’à la consommation
des siècles, Il sera avec eux. Il les
assistera de manière perpétuelle.
Avant de s’élever dans les cieux, Notre Seigneur Jésus-Christ rappelle une
dernière fois la promesse. « Vous
recevrez la vertu du Saint-Esprit qui viendra sur vous, et vous serez témoins
pour moi, à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux
extrémités de la terre. » (Acte des Apôtres, I, 8) Et comme Il
leur a promis, Il leur envoie le Saint Esprit, le « don promis », « la
force d’en-haut ». Ils sont tous remplis du Saint-Esprit. C’est le jour de la Pentecôte, le jour où
l’Église naît véritablement…
Conclusion
Ainsi,
choisis librement par Notre Seigneur Jésus-Christ et recevant de lui des
pouvoirs divins, les apôtres ont pour mission d'élever les premières
pierres de l’Église que le maître a fondée et de la gouverner. « L’éternel pasteur et gardien de nos âmes
afin de perpétuer l’œuvre salutaire de la Rédemption, a décidé de fonder
l’Église, dans laquelle, comme en la maison de Dieu vivant, tous les fidèles
seraient rassemblés par le lien d’une seule foi et d’une seule charité. […] Il
envoya les apôtres qu’ils s’étaient choisis dans le monde comme Lui-même avait
été envoyé par le Père »[2].
De
notre Seigneur Jésus-Christ, et emplis du Saint–Esprit, les apôtres reçoivent
l’ordre de répandre la bonne parole, de baptiser les hommes et de les
instruire, faisant ainsi croître l’Église sous leur direction. Qui les écoute
L’écoute, qui les rejette Le rejette. Les
apôtres sont nettement au-dessus des disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Leur mission ne se réduit pas à l’enseignement.
Ils disposent d’un véritable pouvoir
législatif et judiciaire. Ils ont un
pouvoir de gouvernement.
Notre
Seigneur Jésus-Christ a ainsi institué son Église par ses apôtres, qui, avec l’assistance
divine, vont planter la semence et la Croix partout dans le monde, perpétuant
l’œuvre de la Rédemption. Dans les premiers temps, eux-seuls ont le pouvoir et
l’autorité d’enseigner. Pour l’exercer légitimement, une exigence : l’unité. Ils doivent demeurer unis entre eux par les liens de la charité et en Notre
Seigneur Jésus-Christ. C’est à
l’ensemble des apôtres réunis qu’Il leur a confié cette charge.
Leur
autorité n’est pas fondée sur l’intelligence, sur les qualités humaines ou sur
le mérite. Ce n’est pas non plus parce qu’ils étaient témoins de la vie de
Notre Seigneur Jésus-Christ qu’ils sont devenus les gardiens de la parole
divine. Leur autorité se fonde sur celle
de Notre Seigneur Jésus-Christ qui les a choisis, formés et les a envoyés
dans le monde pour accomplir une mission qu’Il leur a donnée. Le Saint-Esprit
les a emplis de ses vertus. Ils sont sûrs
de l’assistance divine. Contrairement aux fondateurs de doctrines ou de
religions, les apôtres ne sont rien par eux-mêmes. Leur autorité dérive d’un commandement, d’une promesse et de moyens
divins pour l’exercer. Ainsi, conformément aux paroles de Notre
Seigneur Jésus-Christ, à partir des apôtres et gouvernée par eux, l’Église
s’est répandue et développée en dépit des persécutions. Quel plus bel argument
de crédibilité !
Notes et référence
[1] Voir Émeraude, octobre 2016, article "Qu'est-e que l'Église ? Réponses par les images."
[2]
Constitution dogmatique Pastor aeternus sur l’Église du
Christ, 1er concile de Vatican, préambule, Denz. 3050.
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