Nous
comprenons alors les avertissements de Notre Seigneur Jésus-Christ qui nous
demande avec insistance d’être vigilants et persévérants, d’être fidèles
jusqu’au bout afin qu’au moment où nous devons rendre l’âme, nous soyons prêts à paraître devant Lui et à
écouter sa sentence. Quel chrétien pourra Lui dire sans rougir qu’il ne le savait
pas ? S’il ne veut point entendre et examiner ses paroles, qu’ils écoutent
les paraboles qu’Il nous a laissées. Elles sont suffisamment claires et simples
pour qu’elles nous livrent sans difficulté ce que nous devons savoir…
La
parabole du riche et du mendiant Lazare
Quelque
part sur la terre, un homme richement vêtu mène une vie splendide comme toute
personne fortunée. Puis, au pied de sa porte, un pauvre, couché et affamé, rêve
aux miettes qui tombent de sa table. Personne ne l’aide. Il est comme ignoré.
Sa condition est bien misérable, son physique repoussant. Il est malade. « Les chiens venaient et léchaient ses lèvres. »(Luc,
XVI, 21) Il est comme un de ces sans-domiciles fixes qui parfois errent dans
les rues et que les passants cherchent à
ne pas voir…
Puis,
« il arriva que le mendiant mourût »,
et « le riche mourut aussi »
(Luc,
XVI, 22). À sa mort, Lazare est « porté
par les anges dans le sein d’Abraham. »(Luc, XVI, 22)
L’expression « sein d’Abraham »
désigne le séjour des justes, là où demeure le grand patriarche. La situation
de l’homme riche est toute différente. Il « fut enseveli dans l’enfer. »
(Luc,
XVI, 22) Il est alors tourmenté par les flammes.
Levant
les yeux, voyant Lazare au paradis, le riche s’écrie : « Père Abraham, ayez pitié de moi, et envoyez
Lazare, afin qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau pour rafraîchir la
langue ; car je suis tourmenté dans cette flamme. »(Luc,
XVI, 23) À cet homme qui crie sa souffrance, Abraham répond avec calme et
sérénité, lui rappelant son existence et celle de Lazare. L’homme riche a connu
son temps de bonheur ici-bas et ne peut pas prétendre aux félicités célestes
contrairement au mendiant qui a connu tant de maux. Chacun possède l’éternité qu’il a voulue. Chacun est donc dans
l’état qu’il mérite. Puis, Abraham rappelle l’abîme qui sépare de manière radicale et pour toujours le paradis de
l’enfer. Les justes ne peuvent donc pas adoucir le châtiment de ceux qui
résident en enfer.
Notre
Seigneur Jésus-Christ ne nous enseigne pas que l’homme riche est nécessairement
voué aux enfers alors que le pauvre est destiné au paradis. Cependant, il nous
rappelle que notre misère ou notre
richesse ne nous destinent pas nécessairement à un destin. La pauvreté
n’est pas signe de damnation comme la fortune, celui des félicités célestes. Il
nous apprend aussi que l’existence que
nous menons ici-bas a une fin, et qu’elle
se poursuit au-delà vers une autre vie qui, elle, ne connaît pas de fin,
une vie qui dépend de ce que nous avons été auparavant. Après la mort, les bons et les méchants sont ainsi définitivement
séparés. Ce destin irrévocable qui récompense ou punit les œuvres réalisées
ici-bas n’est pas une surprise. Il a été annoncé, prédit, enseigné. Celui qui
entend la parole de Dieu le choisit donc volontairement. Leur sort est donc parfaitement juste. Tant qu’il vit sur la terre, il
peut encore agir pour choisir l’éternité qu’il désire mais quand l’heure de
la mort est arrivée, tout est fini...
Prenons
deux autres paraboles aussi instructives, par exemple celle des talents puis des
dix vierges. Elles soulignent aussi la fin de toute espérance quand sonne l’heure
du jugement. Notre Seigneur Jésus-Christ
nous avertit que le temps nous est alors compté. « Veillez donc, parce que vous n’en savez ni le jour ni
l’heure. »(Matthieu, XXV, 13)
La
parabole des talents
Notre
Seigneur Jésus-Christ conclue la parabole par cet avertissement : « quand le Fils de l’homme viendra dans sa
majesté, et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra sur le trône de sa
majesté. Et toutes les nations seront rassemblées devant lui, et il les
séparera les uns d’avec les autres, comme le pasteur sépare les brebis d’avec
les boucs ; et il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa
gauche. » (Matthieu, XXV, 31-33) Puis, Notre Seigneur Jésus-Christ décrit
le jugement que chacun recevra selon les œuvres qu’il a réalisées à l’égard de leurs
prochains, séparant les justes et les méchants, ceux qui iront à sa droite,
c’est-à-dire dans le royaume de Dieu, « les bénis de mon Père » (Matthieu, XXV, 34), et ceux qui
iront à sa gauche, les « maudits »,
pour connaître le « feu éternel »
(Matthieu,
XXV, 42).
La
joie d’un maître est aussi celle de son serviteur. Elle est sans-doute une des
images de ce qu’est la béatitude. Notre
joie est celle même de Dieu. Les bons serviteurs font tout pour que leur
maître soit content d’eux et de la confiance qu’il leur a accordée. Quand
arrive le troisième serviteur, il n’y a pas de joie dans sa parole. Son verbe
est dur. Devant son maître qui lui demande ce qu’il a fait du bien qu’il lui ait
donné, il évoque ce qu’il estime son
droit. Il rend intact ce qu’il a reçu. Mais ce n’est pas de l’amour. Son attitude est stérile. Le bien qu’il
lui a donné ainsi que la confiance qui lui a été accordée ne lui ont servi à
rien. En effet, nous pouvons rendre inutiles les grâces et les bienfaits que
Dieu nous donne de manière à rendre
notre vie stérile. Le serviteur a rendu vaine la confiance que Dieu lui a
apportée. Mieux vaut pour nous de ne pas les avoir reçus !
La
parabole des vierges
Comme
les âmes purifiées par les eaux du baptême, les dix vierges sont toutes pures,
sans tâche ni souillures. Les lampes représentent la foi qui éclaire l’âme. Mais
au cours de notre vie, cette foi faiblie et la vie divine qui nous anime
décroit. Or quand des voix annoncent l’arrivée de l’époux, tant désiré et
espéré, elles veulent briller comme le visage éclairé par la foi et
resplendissant de lumière. Elles s’empressent de rejoindre celui qu’elles
attendaient. Mais, n’ayant plus de provisions, les cinq folles demandent alors aux
autres un peu de lumière, mais cela est bien inutile. Les mérites sont personnels. « Ni la vertu des autres, ni notre règle, ni notre profession même ne
nous sauveront sans notre travail. »[1] C’est
alors que les vierges folles doivent se séparer des sages pour aller acheter de
l’huile. Et lors de leur absence, l’époux arrive enfin…
La
remarque de Notre Seigneur Jésus-Christ donne le sens exact de la parabole. Il
demande de veiller sur notre âme, sur cette
lumière qui brûle et resplendit en nous puisqu’à tout moment, nous pouvons
paraître devant Lui. Or, « c’est le
travail de la vie entière qui amasse toute l’huile nécessaire, qui entretient
en nous la foi efficace, alerte, ardente, sans laquelle il est impossible de
plaire à Dieu. Il y aurait une imprudence infinie à escompter, pour notre
salut, les œuvres et les élans de la dernière heure : le drame de la mort
ne s’improvise pas. »[2]
Or,
pour entrer dans les noces, c’est-à-dire
au paradis, là où demeure Notre Seigneur Jésus-Christ, l’époux par
excellence, l’âme doit être encore
vivante lorsqu’elle doit se présenter à Lui. Il est toujours possible de
renaître quand l’âme connaît la mort spirituelle mais faut-il en avoir le
temps. C’est ainsi que les cinq vierges qui ne se préoccupent guère de l’huile
de leur lampe alors qu’elles attendent, c’est-à-dire qu’elles croient en Lui et
en ses paroles, sont appelées « folles »
alors que les autres sont des « sages ».
En dépit de leur foi, les « folles » ne se sont pas préparées à
leur mort.
Conclusions
Tous
n’ont pas reçu les mêmes grâces. Mais chacun devra rendre compte de la vie qui
lui a été donnée et des biens qu’il a reçus. Il est donc demandé à chacun de
bien user de ce que Dieu lui a donné et de le faire fructifier selon sa
volonté. Quand l’heure de la mort sera venue, il ne sera plus temps de
travailler. Avec la mort, s’achève le
temps du mérite et du démérite.
Tout
dépend donc de notre attitude envers Notre Seigneur Jésus-Christ et finalement
de nos œuvres qui témoigneront à notre place. Il faut donc vivre de la foi vivante. « Qui
croit en lui n’est pas condamné, mais celui qui ne croit pas est déjà
condamné » (Jean, III, 18) Celui qui croit en
Lui, « il a passé de la mort à la
vie. » (Jean, V, 24) Cela signifie que la condamnation ne vient que de l’homme. Il prononce son propre
jugement ici-bas. Mais lorsque survient la mort, ce jugement devient définitif.
La mort entérine ainsi ce que l’homme a
voulu.
« Veillez donc
parce que vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur doit venir. »
(Matthieu,
XXIV, 42)
Notes et références
[1]
Dom Paul Delatte, L’Évangile selon Notre Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu,
sixième partie, chapitre III, Maison Alfred Mame et fils, 3ème
édition, 1926.
[2]
Dom Paul Delatte, L’Évangile selon Notre Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu,
sixième partie, chapitre III.
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