La
justice divine à l’égard du peuple de Dieu et des hommes
Comme
le raconte aussi la Sainte Écriture, le
peuple élu connait la prospérité ou le malheur selon sa fidélité à l’égard de
Dieu et de ses commandements. La victoire et le salut inespéré du roi
d’Ézéchias contre les redoutables Assyriens ou la chute finale des rois impies
de Juda manifestent la justice divine. L’obéissance à sa parole et la confiance
en sa puissance quand tout semble perdu, quand la situation paraît désespérée
apportent l’aide divine et la délivrance alors que le doute ou l’appui aux
seules forces humaines sont sévèrement punis par la défaite et les larmes. L’infidélité
ou l’abandon du véritable culte au profit des divinités étrangères causent la
destruction du premier Temple de Jérusalem et le long et terrible exil d’un
peuple déchu. Son bonheur comme son
malheur dépendent ainsi de son attitude à l’égard de Dieu comme en témoigne
la Sainte Écriture.
Cependant,
notons que les maux subis par l’homme sont les conséquences et les peines de
ses péchés. Y aurait-il en effet autant de misère et de pauvreté si l’homme
n’était pas aussi cupide ? Les catastrophes écologiques ne
viendraient-elles pas de nos envies et de nos vanités ? Plus l’homme
s’éloigne de Dieu, plus il court à sa perte. Et la plus grande misère est
justement le silence de Dieu. Abandonné à lui-même, l’homme ne peut que
souffrir…
Des
peines sans surprise
Comme
le révèle la Sainte Écriture, Dieu tient donc avec rigueur et constance ses
engagements et ses promesses. Il encourage, récompense et épargne les hommes
justes mais punit les peuples, les individus lorsqu’ils violent ses droits et
ses commandements. La justice divine témoigne donc la fidélité de Dieu…
La
justice est l’un des caractères de Dieu. Connaissant toute chose, sachant même
lire nos pensées et notre cœur, Il n’ignore pas nos intentions ni nos actions
bonnes et mauvaises. D’une puissance infinie, Il accomplit parfaitement ce
qu’Il veut, rien ne pouvant faire obstacle à ses desseins. Dieu est ainsi le Juste par excellence. Dans l’absolu,
Il est le seul Juste…
La
miséricorde divine
Cependant,
Dieu n’est pas sourd au pardon et aux véritables repentances. Il pardonne ceux
qui pleurent leur péché comme David au lendemain de son crime ou le peuple de
Ninive après l’appel du prophète Jonas. Dieu
est aussi Miséricordieux. La piété du roi Josias et ses œuvres réparent les
impiétés de Manassé et sa folie. La justice divine n’est pas froide comme une
sentence d’un tribunal d’hommes et de femmes qui tentent d’appliquer des lois
selon des témoignages parfois peu sûrs et des jugements faillibles. Et avant que
sa justice ne s’applique, Dieu avertit les coupables des événements qui vont le
châtier et cherche à les ramener sur le bon chemin avant que cela ne soit trop
tard. « Le Seigneur Dieu de leurs
pères s’adressèrent à eux par l’entremise de ses envoyés, se levant durant la
nuit et les avertissait chaque jour, parce qu’il ménageait son peuple et sa
demeure. Mais eux se moquaient des envoyés de Dieu, faisant peu de cas de ses
paroles et raillaient les prophéties, jusqu’à la fureur du Seigneur montât
contre son peuple, et qu’il n’y eût aucun remède. » (II, Paralipomènes,
XXXVI, 15-16).
La
même justice, la même Providence
Pour
le bien et le salut des âmes
Les
maux ne s’expliquent pas uniquement par la nécessaire justice qui frappe les méchants
et récompenses les bons. Comme le révèle l’histoire de Job, ce sont des
épreuves qui enseignent davantage les
vertus intérieures, qui, cachées aux yeux des hommes, éclatent dans la
souffrance et les douleurs, faisant ainsi taire les calomnies et les
médisances. L’exemple devient alors enseignement, souvent plus efficace que la
parole.
Ils
ne font pas que révéler ce qui est caché aux yeux des hommes. Les maux que
l’homme subit est une occasion pour lui d’exercer sa patience et tant d’autres
vertus, d’expier ses fautes et celles d’autrui, d’acquérir des mérites pour le
salut éternel. Dans chaque bien, il y a finalement un bien à retirer, et c’est
ce bien que Dieu a vu, un bien qui le concerne directement ou qui concerne
d’autres, le bien d’un ensemble plus vaste. Notre regard est bien trop restreint et étroit pour percevoir le
bien général et finalement la raison des maux que nous subissons.
La
souffrance, le prix de notre salut
Enfin,
comme nous l’enseigne Notre Seigneur Jésus-Christ de manière admirable, les
souffrances et les douleurs concourent à notre salut pour expier nos péchés et
nous purifier. Ils nous détachent des liens qui nous rattachent à la terre et qui
nous empêchent de nous élever vers le ciel. Elles sont aussi inévitables dans
un monde qui ne supporte guère les serviteurs de Dieu. Si le maître a fait
l’objet de persécution, ses véritables disciples ne peuvent espérer l’éviter.
Serait-il même juste que seul Notre Sauveur subissent outrages et coups ? Les épreuves douloureuses, qu’elles soient
justes ou injustes, sont donc inévitables puisque notre existence est le
lieu d’un combat et que tout combat implique souffrances et larmes.
Par
ses paroles et plus encore par son exemple, Notre Seigneur Jésus-Christ nous a
enseigné que la Croix n’était point un joug à rejeter ou à mépriser puisqu’elle
est désormais la voie par laquelle nous pouvons
obtenir la vie éternelle. Il ne s’agit donc plus de savoir s’il est juste
ou non de subir des maux comme si nous méritions d’être l’objet de toutes les
sollicitudes de Dieu mais de les supporter avec patience et de s’en servir pour
davantage nous rapprocher de Dieu…
Conclusion
Au
lieu de L’accuser, il serait en effet plus judicieux de nous examiner si nos
péchés n’en sont pas la cause. Quand les hommes s’écartent si honteusement de
la voie que Dieu leur a tracée, L’outrageant par des actes d’impiétés sans
nombre et par une vie d’impureté, devons-nous nous étonner que des maux s’abattent
sur eux ?
Enfin,
au lieu de subir nos souffrances comme écrasés par le poids de nos maux, nous
devrions plutôt les porter avec patience et résignation, le regard toujours
tourné vers Dieu, avec confiance et foi en sa justice et en sa miséricorde, en
son infinie bonté comme Notre Seigneur Jésus-Christ nous l’a enseigné par ses
paroles et son exemple. Elles sont bénéfiques pour le salut de notre âme. Il
faut parfois prendre le recul nécessaire pour y voir un moyen d’élévation et d’édification.
Cependant,
quand Notre Seigneur Jésus-Christ s’approche d’un malheur, de la mort de Lazare
ou du fils unique d’une veuve, Il n’est pas insensible aux douleurs. Lorsqu’Il voit sa sœur Marie pleurer sa mort, « il frémit en son esprit et se troubla lui-même » (Jean, XI, 33) au point
que les témoins y voient un signe. « Voyez
comme il l’aimait ! » (Jean, XI, 36) La douleur appelle à
la compassion. Au lieu de crier une colère inutile et injuste ou de discuter
sur le problème du mal à celui qui l’éprouve, il est plutôt préférable d’accompagner
ses larmes par les nôtres, de le soutenir et de lui apporter l’aide dont il a
besoin. Job avait besoin de compassion et non d’injustes récriminations. C’est finalement dans les maux que nous
vivons davantage la foi en Dieu…