La
morale contemporaine ne peut guère résoudre la crise environnementale dans
laquelle l’homme se débat depuis plus d’un demi-siècle. Les beaux discours, les
plans successifs, les nombreuses conférences ne semblent guère faire évoluer la
situation de manière probante. Des solutions techniques sont certes déployées
pour réduire la pollution avec l’aide précieuse des États mais elles ne font
que reporter le problème, voire l’aggraver. De belles initiatives locales, ingénieuses
et émouvantes, cherchent à faire évoluer les habitudes mais elles se montrent
bien impuissantes devant la gravité des dangers. Plus vifs et impatients,
sans-doute plus conscients de la catastrophe qui arrive, les plus jeunes, donc
les plus intéressés, manifestent leur colère dans la rue. Devant la menace qui grandit,
imperturbable, tout cela paraît bien illusoire. L’homme est bien faible et misérable devant la nature et les lois qui
la dirigent. Il apprend à ses dépens qu’à force de s’en moquer, il met sa vie en danger.
Mais
en même temps, dans l’indifférence de
nos contemporains, des hommes continuent
à jouer les apprentis-sorciers avec les lois de la nature, les traitant
comme s’ils en étaient les maîtres, sûrs de leurs pouvoirs. Ils manipulent les
gènes et les embryons, étendent leurs explorations dans les coins encore
indemnes pour assouvir leur faim insatiable, poursuivent les gaspillages les
plus insensés et élèvent des montagnes de déchets, numérisent encore plus son
environnement, avalant ainsi davantage les ressources d’une terre déjà bien
épuisée. Une telle contradiction révèle clairement la cause du drame.
La morale contemporaine, dite autonome
ou laïque, qui s’est développée et imposée depuis plus
d’un siècle dans la société moderne ne peut résoudre cette situation comme elle
a été incapable de l’éviter. Elle en est même la cause. Souvenons-nous en effet
d’où elle vient. Depuis plus d’un siècle, elle
s’est développée au détriment d’une autre, la morale chrétienne, au point de la
substituer et de régir désormais la société moderne. La situation dans
laquelle nous débattons soulève alors une question. La morale chrétienne aurait-elle pu éviter la situation dans laquelle
nous vivons ?
Des
bien-pensants lèveront sans-doute la voix pour rappeler avec force et conviction
les bienfaits qu’a procurés la société moderne et ils énuméreront sans
difficulté tout le progrès apporté par la morale autonome contre les maux du
temps passé, accusant la religion d’en être à son tour la responsable. Mais, la
situation a changé. Quand la morale autonome méprisait la morale chrétienne et
l’accablait de toutes sortes de fautes et de crimes, elle agissait comme un
jeune imprudent qui critique sans concession les fautes passées d’un vieil
homme. Avant même de vivre en homme responsable, l’adolescent naïf croit déjà
faire mieux que son grand aîné. Aujourd’hui, ce jeune vantard et méprisant a
grandi et assumé des responsabilités. Il est temps de le juger sur des faits.
Et ceux-ci sont incontestables. Car depuis
plus d’un siècle, c’est bien la morale autonome qui commande les comportements
et les esprits …
La morale chrétienne : le Décalogue, les béatitudes et la Croix
Lorsque
la morale chrétienne est évoquée, nos contemporains pensent peut-être d’abord aux
tables de la Loi sur lesquels sont frappés les dix commandements que Dieu a
donnés à Moïse, c’est-à-dire à un ensemble d’interdits et d’obligations qui
encadrent les comportements des chrétiens comme un code pénal, nous écartant du
péché et nous évitant ainsi l’enfer. Si
ces règles demeurent toujours valables et nous obligent, la morale chrétienne
ne se résume pas à ces commandements. Certes, elles nous indiquent les chemins à ne pas prendre et
les fautes à ne pas commettre, ce qui est très profitable dans les moments
d’incertitude, de doute et de faiblesse, mais la morale chrétienne nous montre surtout la voie à suivre, les vertus à
suivre, le modèle à imiter, c’est-à-dire Notre Seigneur Jésus-Christ.
Le
« sermon de la montagne », qui
comprend notamment les célèbres béatitudes, définit un enseignement moral positif
qui dépasse amplement tout code et toute autre morale. Notre Seigneur
Jésus-Christ nous éclaire sur les vertus à pratiquer et à cultiver. Et si ses
paroles ne suffisent pas, sa vie
illustre de manière admirable les exigences morales qui doivent être les nôtres.
Ce
discours admirable est surprenant par sa clarté et sa simplicité. Pourtant, il ne
suffit pas encore à décrire ce qu’est la morale chrétienne. Un signe encore
bien plus simple et pourtant plus profond complète merveilleusement ce que nous
avons pu dire. Il est par ailleurs étonnant qu’une si grande simplicité suffise
pour exprimer un si haut enseignement. Ce signe est la Croix. Tendue vers le Ciel et attachée sur la terre, elle porte
en fait deux vérités indissociables.
En
premier lieu, la Croix porte la
souffrance de Notre Seigneur Jésus-Christ et sa mort. Elle désigne le
renoncement de Notre Seigneur Jésus-Christ, un renoncement qui a commencé
depuis son incarnation jusqu’à son dernier souffle, un renoncement silencieux
durant trente ans, qui a abouti aux supplices de la flagellation, au
couronnement d’épines, à de terribles humiliations, à la lente et interminable
chemin du Calvaire et enfin aux dernières douleurs sur l’arbre maudit. Il a
renoncé à tout, y compris à se défendre, se laissant conduire comme un agneau.
Innocent, Il l’était. Il n’a fait que du bien autour de lui, guérissant les
malades, rendant la vue aux aveugles et ressuscitant les morts. Quand nous
songeons à ses œuvres et ses paroles, son renoncement prend encore une
dimension insupportable. La Croix fait alors peur, non parce que Notre Seigneur
Jésus-Christ y est mort, mais parce qu’elle témoigne d’un renoncement extrême. Que dit-Il pour se justifier ? Que la
volonté de son Père soit faite…
La
Croix porte aussi une autre vérité. Sur l’arbre maudit, tout a été consommé. Trois
jours après, le tombeau dans lequel a été déposé le corps de Notre Seigneur
Jésus-Christ est désormais vide. Il est ressuscité ! Pendant quarante
jours, Il se manifeste en effet à tous ses disciples, mangeant et buvant avec
eux. L’arbre maudit devient alors l’arbre de bénédiction. Par sa passion et sa
mort sur la Croix, Notre Seigneur
Jésus-Christ a consommé l’œuvre de la Rédemption. Il est mort pour notre
salut, et de la mort est née notre vie. Toutes les souffrances que Notre Seigneur
Jésus-Christ a librement acceptées prennent alors tout leur sens. Le sang qui a
tant coulé et devenu source de vie pour
nous.
Ainsi,
la Croix est « le divin témoignage
d’amour »[1].
Elle incarne admirablement l’amour que
Notre Seigneur Jésus-Christ porte à son Père et aux hommes.
Une
morale portée par l’amour
Quand
un docteur de la Loi Lui demande ce qu’il faut faire pour obtenir la vie
éternelle, Notre Seigneur Jésus-Christ lui répond en citant la Sainte Écriture :
il faut aimer Dieu et son prochain comme soi-même. Il donne la même réponse
quand un second docteur de la Loi lui demande de résumer la Loi et les
Prophètes[2]. Les
béatitudes évangéliques sont aussi remplies de ces deux exigences[3]. Et
comme nous venons de l’évoquer, la Croix témoigne concrètement de ce double
amour. L’amour de Dieu et l’amour de
notre prochain sont finalement les fondements de la morale chrétienne, fondamentalement
indissociables.
Si ces deux principes ne peuvent se dissocier
sans se ruiner ou perdre tout leur sens, il y a toutefois un ordre. L’amour de Dieu demeure premier. Comme
Dieu nous a aimés le premier, nous devons aussi L’aimer avant toute chose. Il
est et demeure le premier commandement de Dieu. En outre, c’est parce que nous
aimons Dieu de toutes nos forces, de toute notre âme que nous aimons notre
prochain. Le regard est donc élevé vers Dieu pour ensuite se tourner vers
l’homme. C’est alors que nous pourrons retourner vers le ciel.
Les béatitudes, l’esprit qui nous sauvera
Revenons
sur les béatitudes évangéliques. Le « sermon
sur la montagne » définit de manière très synthétique la morale
chrétienne comme nous l’avons déjà évoqué[4]. La
première béatitude porte sur la pauvreté
d’esprit, c’est-à-dire le détachement
des biens de ce monde sans orgueil ni vanité. Les pauvres d’esprit ne
voient pas leur richesse dans les choses terrestres. Ils ne veulent ni
capitaliser leur fortune, ni accumuler tout ce que le monde peut leur offrir.
Ils refusent de voir dans cette quête le but de leur vie. Leur regard est
ailleurs. Il est tourné vers Dieu, là
réside leur véritable trésor. Le royaume des cieux peut alors leur
appartenir. Ils n’attendent pas leur consolation dans ce que peuvent donner
l’homme ou la nature. Ils se contentent finalement de tout car ils savent où se
trouve leur véritable bonheur. « Bienheureux
les pauvres d’esprit… »
Le
bienheureux n’est donc pas un consommateur qui ne cherche qu’à satisfaire sa
faim et sa soif au travers de choses bien vaines, qui n’apportent ni nourriture
ni satisfaction. Il a soif et faim de la justice de Dieu. Il n’envie pas, ne
convoite rien ici-bas. Il ne veut qu’une
chose : la vie éternelle. Or celle-ci ne s’obtient pas par la
satisfaction de nos appétits bien sensibles. Le bienheureux sait où réside la
nourriture et l’eau vive qui apaiseront sa faim et sa soif. Comme il ne cesse
de le proclamer dans sa prière, il n’espère qu’une chose : que la volonté
de Dieu soit faite. Il se soumet à sa loi et à celle qu’Il a mise dans la
nature. Car il sait qu’aimer, c’est
d’abord se soumettre. « Bienheureux
ceux qui ont soif et faim… »
Le
bienheureux ne cherche pas non plus à jouir de la vie et à s’épuiser en
plaisir. Il ne cherche pas non plus à duper ou à tromper, ne voyant que son
intérêt au détriment des autres. Sa conscience est pure et droite. « Bienheureux ceux qui ont un cœur pur… »
Pourtant,
le bienheureux ne se désintéresse ni du
monde dans lequel il ne vit ni de son entourage. Par sa miséricorde, il
tourne ses yeux vers celui qui éprouve la misère et n’hésite pas à s’y
approcher pour porter les soins indispensables. Comme l’histoire le montre amplement,
les chrétiens ont soulagé bien des peines et des malheurs, inventant, innovant
pour réduire la misère tant physique qu’intellectuelle. C’est parce que leur
regard sont tournés vers Dieu qu’ils se penchent vers les plus faibles à
l’imitation de Notre Seigneur Jésus-Christ. « Bienheureux les miséricordieux… »
Le bienheureux n’est pas non pas plus
insensible comme le philosophe stoïque
ou le sage fermé du monde, impossible à émouvoir. Il sait pleurer ses fautes et
demander pardon. Il sait ce qui est la tristesse et le dur poids des épreuves
de la vie comme Notre Seigneur Jésus-Christ l’a montré devant Lazare mort. Il
sait éprouver de la peine comme il sait consoler. « Bienheureux ceux qui pleurent… »
Le bienheureux cherche encore la paix
autour de lui, calmant les discordes et
faisant taire les divisions. La trêve de Dieu en est une illustration. Mais
pour y arriver, doit-il aussi être en paix en lui-même. Il ne doit pas se
laisser emporter par la colère sourde, aveugle et mauvaise conseillère, et si
elle éclate, il cherchera à la maîtriser.
« Bienheureux les pacifiques… »
« Bienheureux ceux qui sont doux
… »
A-t-il
peur de supporter le regard de l’autre ? Cherche-t-il à changer d’attitude
de peur d’être méprisé, insulté, voire frappé ? Qu’importe s’il doit subir
cette sorte de persécution pour demeurer fidèle à l’égard de Notre Seigneur
Jésus-Christ ! Il refuse de suivre l’opinion
qui, sans visage ni voix, pourrait l’égarer comme il refuse aussi de marcher
derrière un aveugle qui l’éloignera de la lumière. « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la
justice… »
Les dix commandements, des obligations salutaires
Si
ses vertus ne sont pas suffisamment fortes ou s’affaiblissent pour diverses
raisons, le chrétien peut encore s’appuyer sur les dix commandements dont toute
violation peut devenir un obstacle à sa vie éternelle. Certains rient
sans-doute de la crainte salutaire qu’il peut éprouver en pensant aux
châtiments célestes, mais eux-mêmes, ne veulent-ils pas agir pour la planète
pour éviter les conséquences néfastes du dérèglement climatique ? La crainte en elle-même n’est pas une vaine
chose si elle conduit à un bien et manifeste un amour droit et pur. Lorsqu’elle
n’est pas servile, elle devient salutaire…
Or
que disent les commandements ? Comme nous l’avons rappelé, toute la loi de
Dieu se résume en deux préceptes : l’amour de Dieu et l’amour du prochain,
y compris de nous-mêmes. Un bon père doit parfois imposer des règles à son fils
comme lui-même en a reçu de son père. Il ne s’agit pas pour lui d’imposer sa
volonté pour satisfaire sa vanité ou pour faire sentir sa domination mais de préserver
son enfant des maux aux conséquences néfastes. Telle est la sagesse qui se
transmet de génération en génération au sein de la famille. Le gendarme punit
un conducteur imprudent non pour savourer un quelconque orgueil mais pour le
protéger et protéger les autres. La soumission à des lois n’est pas non plus
signe de faiblesse quand ses lois proviennent d’une autorité légitime qui œuvre
pour le bien. Si Dieu est l’auteur des
dix commandements, devons-nous hésiter à les suivre ?
L’œuvre divine, l’objet de notre amour
Revenons
sur l’amour de Dieu que nous impose le premier commandement de Dieu. Ce n’est
pas un vain mot. Si nous L’aimons réellement, de toutes nos forces, de toute âme,
de toute notre volonté, alors nous aimons aussi ce qu’Il a créé, c’est-à-dire l’œuvre de la création. Notons donc que
l’amour de Dieu n’est pas dissocié de notre foi en l’œuvre divine de la
création.
Notre
amour porte naturellement sur toutes les créatures qui peuplent le ciel, la
terre et les eaux, sur le spectacle de la vie qui déploie tant de beauté et de
richesses, sur tout l’Univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand,
proche et lointain. Comment pouvons-nous ne pas aimer toutes ces œuvres dont
chacune élève en nous émerveillement et
admiration ? L’œuvre divine témoigne aussi la présence de Dieu. Dans chaque brin de vie, nous accédons à un
mystère qui génère en nous louange et actions de grâces. Par la contemplation
de ses créatures, notre regard s’élève ainsi vers Notre Créateur.
Nous
n’aimons pas réellement Dieu si nous n’aimons pas ce qu’Il a fait et ce qui
manifeste si clairement sa présence. Par conséquent, nous ne pouvons que respecter et soigner l’œuvre de la création.
L’homme, aimé pour Dieu
Si
la Création est l’objet de tout notre amour, nous ne pouvons pas non plus
ignorer l’homme, créé à son image et à
sa ressemblance[5],
le chef d’œuvre de son ouvrage. Ne nous trompons pas. Notre place dans l’œuvre
divine n’est pas là pour satisfaire notre vanité. Bien au contraire. Objets de
tant de privilèges en dépit de nos faiblesses et de notre misère, nous ne
pouvons que louer notre Bienfaiteur et se montrer digne de la confiance qu’Il
nous accorde sans aucune raison.
Et
comme la Sainte Écriture nous l’apprend, Dieu nous a confié ce monde non à
titre de maître mais d’intendant. Par conséquent, nous avons des responsabilités à l’égard de Dieu sur notre façon d’agir
sur son œuvre. Nous aurons en effet des comptes à Lui rendre lorsque
viendra l’heure du jugement.
L’amour de Dieu ne s’arrête pas là. Il nous est pourtant suffisamment accessible pour remplir notre âme d’un amour sans limite. Mais le passé de l’homme montre qu’il en est bien incapable. Il oublie rapidement d’où il vient pour vivre comme s’il était dieu lui-même. Depuis le péché originel, notre histoire n’est en effet qu’une litanie de désolation et de malheurs. Même le peuple qu’Il a choisi s’est montré bien peu fidèle. Pourtant, son amour a dépassé toute notre misère. Notre Seigneur Jésus-Christ est mort sur la Croix pour tout restaurer. Et depuis ce jour, le Ciel nous est désormais accessible. Mais la bonne nouvelle ne se réduit pas à ce pardon. Comment cela ne suffit pas ? Que peut-Il encore faire ? Il a envoyé son Fils pour ce sacrifice sublime afin de nous faire enfants de Dieu ! L’âme se confond devant tant d’amours !
Quand
nous prenons conscience de cette réalité, nous ne pouvons pas ne pas aimer
Celui qui nous témoigne tant d’amour ! Or quel est le plus grand désir de
celui qui aime si ce n’est de s’unir avec l’objet aimé ? Il aime ce qu’Il
fait, ce qu’Il veut et ce qu’Il lui plaît. Il rejette tout ce qui pourrait
L’offenser ou Le déplaire. Il aime aussi tout ce qu’Il manifeste ou rappelle sa
présence. Toute la morale chrétienne est
ainsi habitée par ce désir d’union. Nous pouvons alors comprendre que
l’amour ne se satisfait pas d’être enfermé dans nos pensées ou encore dans nos
paroles, il explose en des actes bien concrets afin de parvenir à cette union.
Ainsi, l’amour de Dieu porte naturellement vers l’amour de notre prochain.
Les
béatitudes apparaissent alors d’une logique implacable. Nous ne pouvons prétendre nous unir à Dieu si notre regard n’est pas
tourné vers Lui, s’il reste attaché aux biens de ce monde, s’il ne porte
pas sur la misère humaine et sur sa propre misère. Les dix commandements
deviennent aussi éclatants de lumière. La Croix acquiert encore une force
incroyable. La morale chrétienne apparait dans toute sa beauté.
Nous
comprenons aussi aisément que la morale
chrétienne ne peut se passer de la foi. Si nous ne croyons pas en Dieu et
en ses œuvres, en Notre Seigneur Jésus-Christ et à ses mystères, comment
peut-elle tenir et donner des fruits agréables ? Nous ne pouvons pas aimer
ce que nous ne connaissons pas. Nous ne pouvons pas aimer l’objet de nos désirs
s’il n’existe pas une adhésion complète
de nos pensées à l’être aimé.
Conclusion
La nature et tout ce qu’elle comporte ainsi que l’homme dans tous ses états font l’objet de toute l’attention du chrétien en raison d’une morale centrée sur l’amour de Dieu et sur l’amour de son prochain. Et s’il ne comprend pas leurs exigences et ses devoirs en dépit de l’enseignement de l’Église, la morale chrétienne l’oblige à les respecter. Éclairée par sa foi, le chrétien ne peut admettre la moindre atteinte à l’œuvre de Dieu, dans la nature comme dans son prochain. Il est convaincu qu’une telle faute le conduirait à s’éloigner de son véritable bonheur. Comment pourrait-il alors abuser des biens que Dieu lui donne et détruire son œuvre sans se renier lui-même ?
La
morale chrétienne est ainsi contraire à l’orgueil, aux vanités, à l’égoïsme, à
l’indifférence et aux lâchetés, et à tous ces vices qui ont causé la ruine de
notre planète et aggravé la misère humaine. Elle rend aussi plus légitimes le renoncement et le
sacrifice quand ils portent sur l’objet tant aimé. Tout est en effet
possible quand nous savons que Dieu nous aime et ne cesse pas de nous aimer.
Car finalement, l’essence même de la
morale chrétienne ne repose pas sur l’homme mais sur Dieu…
Certes,
l’histoire montre que des chrétiens n’ont pas toujours été à la hauteur de leur
morale, comme cette même histoire recèle aussi de nombreuses merveilles, mais
la cause de ses infidélités ne vient pas de la morale chrétienne. Elle réside
essentiellement dans l’homme, dans ses faiblesses et ses lâchetés. Plus il se
détache de Dieu, plus il est influencé par ce qui Lui est contraire, plus la
vertu perd en lui de force et d’éclat. De nos jours, il lui est encore plus
difficile de demeurer fidèle à la morale chrétienne.
Le
désastre que nous connaissons actuellement est le résultat d’une morale qui met
l’homme au centre de toutes les préoccupations, ce qui conduit finalement à
exacerber ses vices, à le laisser exploiter la nature de manière éhontée et
sans limite, et dominer les plus faibles pour satisfaire ses intérêts ou ses
plaisirs. Si son regard change et
s’élève vers une autre réalité, son cœur changera, son comportement sera
davantage plus mesuré et raisonné. Il ne pourra plus agir sans songer à ses
responsabilités.
La
crise actuelle exige des renonciations et des sacrifices qui ne sont possibles
que si les morales individuelle et sociale les acceptent, les proposent et les
justifient, si elles sont suffisamment cohérentes et solides pour en imposer
les contraintes. Or, une telle morale,
si efficace et forte, ne peut provenir de l’homme. Elle doit le dépasser …
Notes et références
[1] Pape Pie XII, Summi
Pontificalis, 20 octobre 1939, vatican.va.
[2] Voir Émeraude,
juin 2020, article « La
morale et l'Évangile (1) : Le Bon
Samaritain ».
[3] Voir Émeraude,
juillet 2020, article « La Morale
et l’Évangile (5) : le sermon sur la montagne (2) - les huit béatitudes ».
[4] Voir Émeraude,
juillet 2020, « La Morale
et l’Évangile (4) : le sermon sur la montagne (1) , « La Morale
et l’Évangile (5) : le sermon sur la montagne (2) - les huit béatitudes » et « La Morale
et l’Évangile (6) : le sermon sur la montagne (3) : la
charte du chrétien. »
[5] Voir Émeraude,
octobre 2012, article « Qu'est-ce que l'homme ? ».